Une acquisition de la bibliothèque du Musée pédagogique : L'introduction à la physique d’Aristote, de Lefèvre d’Etaples
UNE ACQUISITION DE LA BIBLIOTHÈQUE
DU MUSÉE PÉDAGOGIQUE [1]
La bibliothèque du Musée pédagogique vient d’acquérir un livre d’écolier du commencement du xvie siècle, d’une édition extrêmement rare, et qui est en même temps un document précieux pour l’histoire de l’enseignement à une époque de crise. C’est un mince in-quarto, imprimé en 1510 en caractères gothiques, à Cracovie, chez Jean Haller. Il contient deux opuscules de Lefèvre d’Etaples qui font partie de l’ensemble de ses travaux pour les candidats à la licence ès arts, et qui font connaître sa méthode d’enseignement. Le premier est un Dialogue dont l’objet est d’expliquer une courte Introduction à la physique d’Aristote qu’il avait auparavant composée ; le second est cette Introduction elle-même.
Je commencerai par donner la description détaillée que les deux pièces imprimées par Haller méritent à cause de leur rareté. Il faudra dire ensuite quelques mots sur l’université de Cracovie, pour les écoliers de laquelle a été faite l’édition qui nous occupe, et sur l’imprimeur Haller qui a rempli auprès de cette université un rôle considérable et qui n’en a pas moins été oublié dans la Biographie universelle et dans la Nouvelle Biographie générale. Enfin (et ce sera l’objet principal de cette étude), j’examinerai nos deux petits livres au point de vue pédagogique, en ne craignant pas de donner sur leur auteur et sur les études de son temps les renseignements sans lesquels on ne pourrait avoir une idée claire de son œuvre.
I
1° Le dialogue. — Après un feuillet blanc : Dialogus Jacobi/Fabri Stapulensis in/phisicam introdu/ctionem. Au-dessous de ce titre une gravure sur bois achève de remplir la page et en occupe au moins les trois quarts. La moitié supérieure de cette gravure présente l’aigle de Pologne sur un écu soutenu à gauche par un lion et à Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1885.djvu/425 Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1885.djvu/426 Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1885.djvu/427 Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1885.djvu/428 Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1885.djvu/429 Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1885.djvu/430 Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1885.djvu/431 Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1885.djvu/432 Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1885.djvu/433 Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1885.djvu/434 Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1885.djvu/435 Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1885.djvu/436 Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1885.djvu/437 Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1885.djvu/438 Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1885.djvu/439 Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1885.djvu/440 Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1885.djvu/441 sophes au milieu desquels il vit, l’université, tout lui paraît (et cependant il était arrivé à l’âge mûr) un modèle d’amabilité et de concorde[2]. Il est bon de passer quelques moments avec lui, de feuilleter encore ses modestes ouvrages. On regrettera peut-être que nos deux opuscules imprimés aux frais de Haller n’aient pas passé, à cause de leur rareté, à la réserve de la Bibliothèque nationale. Mais il est bien à sa place au Musée pédagogique, ce petit monument d’une réforme modérée dans l’histoire de nos études ; de la méthode d’un maître à la fois habile et aimant ; et enfin de l’influence française en matière d’enseignement, par delà l’Allemagne, dans une université généralement mal connue de l’Europe Orientale.
- ↑ L’article ci-après sort un peu du cadre dans lequel la Revue pédagogique s’est enfermée jusqu’à présent. Toutefois, comme la bibliothèque du Musée pédagogique comprend des ouvrages scolaires de toutes les époques et de tous les ordres d’enseignement, il nous a semblé qu’une étude consacrée à un livre classique du xvie siècle — bien qu’il s’agisse d’un livre latin (il n’y en avait pas d’autres alors) — ne serait pas déplacée dans ce recueil. — La Rédaction.
- ↑ Voir la préface du Dialogue, et dans l’édition de 1504, une dédicace à un dignitaire de l’université, que je ne puis désigner avec plus de précision, n’ayant pas le livre entre les mains.