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Une demi douzaine de lettres inédites adressées par des hommes célèbres au maréchal de Gramont/0

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UNE

DEMI-DOUZAINE DE LETTRES INÉDITES


M. A. Communay, le fondateur de la Revue historique du Béarn et de la Navarre, revue qui ne vécut, hélas ! que ce que vivent les roses, l’espace d’un matin, avait formé le projet d’y insérer une longue série de documents inédits relatifs à l’histoire de la maison de Gramont. Comme, de mon côté, j’avais recueilli bon nombre de pièces qui complétaient son dossier, il avait été convenu que nous réunirions fraternellement nos trouvailles et que, cette fusion faite, nous publierions ensemble les Lettres inédites du maréchal de Gramont et de divers membres de sa famille, suivies de quelques lettres écrites au maréchal. Tel était le titre que nous voulions donner à notre publication, déjà préparée en grande partie. La brusque disparition du recueil sur lequel nous avions établi tant d’espérances, m’a laissé maître des documents que mon malheureux collaborateur avait eu la patience de rechercher et de transcrire. Après une longue attente, comprenant que l’association, si tristement brisée, ne pourra jamais se reconstituer, je me décide à détacher des copies qui m’ont été remises par M. Communay, quand il a quitté la France, six lettres, dont les originaux lui avaient été communiqués par M. le comte de Gramont d’Aster, lequel en avait autorisé la mise en lumière. Ces lettres, adressées au plus illustre de tous les Gramont, Antoine III, d’abord comte de Guiche, puis (novembre 1648) duc de Gramont, ont pour signataires des écrivains aussi élégants que Voiture (no i, ii) et que Balzac (no iii), un magistrat aussi éminent que Lamoignon (no iv), un homme du monde aussi distingué que le duc de Richelieu (no v), un orateur aussi éloquent que Bourdaloue (no vi)[1]. En publiant ces documents, si précieux à divers titres, je tiens à payer deux dettes, une dette de reconnaissance à M. le comte de Gramont d’Aster, qui s’est montré si gracieux et si libéral pour nous, une dette de sympathie à M. Communay, qui avait si vaillamment travaillé, pendant plus de dix années, à recueillir d’innombrables pièces pour servir à l’histoire du Béarn et de la Navarre et qui, par ce noble zèle dans lequel se confondaient l’amour de la science et l’amour du pays natal, comme par ses grandes qualités de cœur, méritait une meilleure destinée.

Philippe Tamizey de Laroque.

Gontaud, 1er décembre 1883.
  1. Tous ces personnages sont si connus, que je croirais faire injure à mes chers lecteurs en les leur présentant. Rappelons seulement leur âge en regard de l’âge de leur spirituel correspondant. Antoine III de Gramont naquit à Hagetmau en 1604 ; Vincent Voiture, à Amiens, en 1598 ; Jean-Louis Guez de Balzac, à Angoulême, en 1597 ; Guillaume de Lamoignon, à Paris, en 1617 ; Armand Jean Du Plessis, duc de Richelieu, à Paris, en 1629 ; Louis Bourdaloue, à Bourges, en 1632.