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Une visite au musée et à l’école de South Kensington

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Une visite au musée et à l’école de South Kensington
Revue pédagogique, premier semestre 1884 (p. 15-33).

UNE VISITE AU MUSÉE ET À L’ÉCOLE DE SOUTH KENSINGTON


Le Musée.

Le musée et l’école de South Kensington occupent à Londres des bâtiments considérables, aux abords d’un terrain très étendu et formant parc.

Le musée et l’école ne font qu’un, si bien qu’une seule porte de l’école s’ouvre au dehors et que toutes les autres donnent accès aux différents étages du musée, où les élèves pénètrent librement.

Une belle cour intérieure, décorée de peintures murales et de bas-reliefs, ouvrages des élèves de l’école, est le seul point remarquable de ces nombreuses constructions, en pierre grisâtre et en briques ternes, élevées successivement pour abriter les collections, toujours grandissantes, d’objets d’art apportés chaque année de tous les points du globe. Les moulages des sculptures les plus célèbres, des morceaux d’architecture comme la chaire de Pise, la colonne Trajane, encombrent des halls immenses ; la colonne Trajane, coupée en deux tronçons à cause de ses dimensions, offre tout près du regard ses énormes enroulements de sculpture qui apparaissent monstrueux et frustes. Chaque âge de la statuaire est représenté. Aussi est-on étourdi, ébloui au milieu de cet entassement. Si l’on passe aux vitrines, on est encore forcé d’admirer les armes, les joyaux, les tissus précieux. Ceux-ci viennent de France, d’Italie, d’Allemagne, et d’Orient ; ceux-là arrivent tout nouvellement de l’Inde.

Dans les vitrines réservées aux produits de l’art hindou s’étalent des étoffes éclatantes, de miraculeuses broderies faites il y a des siècles, représentant des fêtes religieuses, des dieux inconnus, des combats, des animaux fantastiques ; plus loin, ce sont des vêtements de mariée tissés par la petite fille de dix ans, pour le jour de ses noces ; à douze ans, son œuvre est terminée, elle la revêt et se marie. Les dessins sont toujours spéciaux et d’un goût original. Quelquefois, de nombreux petits fragments de glace, sertis de broderies, ornent et font briller les corsages flottants et les jupes rouges ou bleues. On m’a fait remarquer une pièce d’étoffe brun sombre couverte de petites palmettes effacées dans un fond terne. C’est l’étoffe d’un vêtement destiné au chah de Perse : des existences d’homme s’épuisent à la tisser, tant les laines sont ténues. Cette pièce coûte mille francs le mètre. Mais entre toutes ces curiosités artistiques, la plus complète, la plus merveilleuse est certainement la sculpture sur bois. De nombreux spécimens sont réunis dans une salle : j’ai eu le plaisir de les admirer, guidée par l’artiste voyageur, ancien élève de l’école de South Kensington, qui est allé dans l’Inde, à la découverte, et en a rapporté des merveilles, il y a quelques mois à peine : des plafonds fouillés profondément, ornés de dieux grimaçants, et peints de rouge, de jaune et de noir : de merveilleuses portes, en palissandre blanc, finement ciselées ; des façades de maisons dressées de la hauteur de leurs trois étages, avec des balcons à jour colorés harmonieusement de teintes claires, échantillons d’une architecture adorable, qui élève des maisons pour y loger des habitants sans doute, mais surtout pour le plaisir des yeux.

Une chambre, dont le mobilier est d’une couleur vive, réjouissante, est reconstruite dans ses proportions et occupe un angle de salle : le lit soutient des courroies sur lesquelles on doit poser les coussins. Ce lit, formé par des colonnes, est coloré de rouge et de bleu, ainsi que les sièges très bas. Au milieu de la pièce est le rouet de la ménagère. Quelle élégance dans la simplicité rustique de cette chambre d’une maison de cultivateur !

Un tombeau de faïence blanche et bleue attira mes regards. C’était un immense sarcophage. Mais grâce à la qualité et à la couleur de son enveloppe, il ne manquait pas d’une certaine gaîté. Des fragments de pierre sculptée ont permis de reconstruire la muraille à jour qui entoure un autre monument funéraire : c’est une merveille de finesse, d’élégance et de solidité.

Si j’ajoute sommairement, aux détails qui précèdent, que l’art de l’Égypte, l’antiquité, classique l’art byzantin, tous les maîtres de la Renaissance, ceux du temps de Louis XIV et tout le xvie siècle} sont représentés par de nombreuses collections de poteries, de statues, de monuments entiers, de meubles, d’ornements, de costumes ; que les faïences de Limoges, les émaux anciens et modernes abondent, et si nous répétons que l’élève est là chez lui, ainsi que dans les bibliothèques qui sont réunies au musée et lui offrent leurs curieuses richesses, nous devons conclure que nos voisins, qui passaient en France pour dépourvus de goût, ont pris le bon moyen pour en acquérir ; et ils le puisent, depuis longtemps déjà, à des sources trop riches, trop pures, trop élevées, pour qu’une si bonne éducation artistique n’ait pas porté ses fruits.

L’École.

Dès les premiers jours de mes visites au musée de South Kensington, j’avais hôte de pénétrer dans l’école.

Mes recommandations me servirent à merveille, et M. Cole, secrétaire attaché à la direction, me présenta à M. Sparkes, principal, qui voulut bien m’accompagner dans chacune des treize salles où les élèves étaient réunis. Nous étions dans l’école des jeunes gens, qui est située au-dessus de l’école spéciale des jeunes filles. Cependant un grand nombre de ces dernières assistaient à un cours oral. Elles occupaient les premiers bancs près du tableau noir, devant les élèves hommes qui se pressaient en rangs nombreux dans l’immense salle. C’était un cours d’ostéologie ; le professeur, entre un squelette et un écorché, maniait des os, dont il dessinait les formes grossies sur le tableau. Non loin de l’estrade était une image de squelette avec l’enveloppe qui le recouvre lorsqu’il a ses muscles, réservée en blanc sur un fond noir. Cent cinquante personnes environ écoutaient la leçon. Notre entrée ne dérangea personne, ni élèves ni professeur : nous étions bien en Angleterre.

Nous passâmes dans d’autres salles : c’étaient des ateliers où des élèves s’exerçaient à copier l’ornement au trait simplement et avec une grande pureté de lignes ; d’autres, arrivées à un degré supérieur, ombraient à l’estompe d’après des modèles en relief. Dans une salle voisine, un cours de géométrie venait de finir : le tableau noir gardait les traces des figures et des lignes d’un commencement d’architecture élémentaire.

Les salles se succédaient, communiquant entre elles et s’ouvrant toutes sur une large galerie ornée de dessins, de gravures et de sculptures, œuvres des étudiants, offrant aux regards le travail des différents degrés d’études permis successivement aux élèves. Passant des salles que remplissent les plus belles statues de l’antiquité aux salles où le modèle qui posait pour la tête était immobile au milieu des copistes, nous arrivâmes à l’atelier où l’architecte professeur corrigeait les dessins d’un concours : cette fois c’était la reproduction mathématique du clocher de Saint-Paul. On avait conduit les élèves à la célèbre église, ils avaient fait l’ascension du clocheton supérieur, pris des mesures, et, les réduisant, ils avaient exécuté un lavis très réussi de cette portion du monument. Enfin cinq ou six ateliers de modelage occupés par de jeunes garçons me parurent donner d’excellents résultats. M. Sparkes, voulant bien répondre aux questions que je lui adressais, me dit que cinq années suffisent en moyenne aux études des jeunes professeurs, qui ne gravissent les échelons calculés des études progressives qu’après des examens qui leur méritent l’admission à un degré supérieur.

Enfin je visitai la section spéciale des jeunes filles. Dans une immense galerie pleine de modèles variés travaillaient les élèves ; des salles, semblables à celles de l’étage supérieur, s’ouvraient sur cette galerie ; elles étaient aussi occupées par des jeunes personnes copiant l’ornement au trait, le dessin plat, la tête d’après la bosse, des pieds, des mains, enfin des statues antiques, puis le modèle vivant. Des fleurs groupées, des objets d’art, des draperies, organisés sur de petits théâtres transportables, servaient de modèles pour des aquarelles poussées très loin comme exécution, et aussi pour des études à l’huile, que l’on commence toujours par apprendre à modeler en grisaille. Chaque élève à ce moment quittait son travail, l’heure du repas dispersait les groupes. Je redescendis dans le musée, où trois belles salles réservées à des buffets sont fréquentées par les professeurs, les élèves, et par le public visitant l’établissement. Il faudrait décrire ces décorations de faïence peintes, ces vitraux coloriés ornant les baies qui servent de fenêtres, puis les colonnes revêtues de faïence ; mais South Kensington est un monde, et cette partie du musée n’inspire qu’un intérêt relatif, parce que le style en est très moderne ; mais les dessins de ces faïences sont dus aux élèves de l’école. L’effet en est heureux, les couleurs vives, le fond clair, les aspérités et les reliefs accrochent parfois un rayon de lumière et font vivre l’intérieur toujours si morne des habitations anglaises. Cet aspect ranime un peu les visiteurs exténués, quoique émerveillés, qui ont parcouru des kilomètres entre deux rangées de chefs-d’œuvre. Je me plaignais de la brume des salles qui enveloppe et assourdit l’effet des plus beaux morceaux de sculpture. « Attendez, me dit-on, à ce soir à cinq heures ; tout sera illuminé à la lumière électrique, et vous pourrez vous promener jusqu’à dix heures pour mieux voir. » Mes forces ne me permirent pas de faire cette promenade le soir même, mais j’eus d’autres fois l’occasion de jouir de cet effet très heureux dans les salles de sculpture et d’objets d’art.

Je retournai chaque jour à l’école de South Kensington ; j’avais la curiosité de l’artiste, et le désir d’informer l’administration qui m’avait envoyée de tout ce qui contribuait à l’ordre remarquable des études.

Le directeur d’art, M. Armstrong, revenait d’un voyage ; il m’accueillit avec la même courtoisie que les deux personnes que j’avais vues avant lui. Il m”expliqua un peu chaque jour le but que se proposait l’école.

« Notre tâche essentielle, disait-il, est de former des professeurs d’art. Nous les envoyons dans les provinces de l’Angleterre et dans les colonies ; nous avons déjà de bonnes écoles qui toutes suivent la méthode de South Kensington ; nous devons cela aux souvenirs que gardent nos anciens élèves et aux concours qui obligent tous les élèves de nos différentes provinces à copier le même modèle au même moment ; les meilleurs dessins nous reviennent et nous voyons ainsi le résultat des efforts faits dans chaque école. Beaucoup d’élèves du dehors, ayant commencé leurs études dans des villes de province, deviennent boursiers et obtiennent de travailler à South Kensington ; et à ceux-là se joignent encore beaucoup d’amateurs, qui ont le droit d’étudier ici, mais en payant les cours. L’organisation est la même pour l’école des dames, qui nous fournit des professeurs, des artistes ; et vous verrez beaucoup de ces dernières dans des fabriques de porcelaine, dans une école de sculpture sur bois, et à l’école de Mlle Gann (protégée par la reine, qui y donne des prix considérables), où elles font des éventails, des dessins de dentelle, etc. » J’avais hâte d’aller visiter ces écoles d’application, que j’avais cru d’abord réunies à l’école de South Kensington. Mais auparavant M. Armstrong voulut me montrer une série de dessins variés, qui donnent l’idée très précise des différentes épreuves que subit l’élève avant d’obtenir son diplôme de professeur. Ces dessins devaient partir pour le Canada, où la princesse Louise protège des écoles qui suivent la même méthode que celle de Londres. Voici la nomenclature de ces études :

Une esquisse du buste de Laocoon, dont le torse et la tête, très purement dessinés au trait, ressemblaient pour la facture aux dessins de Flaxman. — Le Gladiateur, académie terminée, ombrée à l’estompe, d’un modelé très fin et très précis. — Quatre études très bien comprises et très bien exécutées : d’abord, étude de squelette, et, dans le même mouvement, étude de l’écorché ; puis une figure humaine, académie d’après nature, dans la même attitude que les deux précédentes études ; enfin la même figure sous les plis drapés d’un manteau. — Suivaient trois études peintes, la première en grisaille, la seconde une tête coloriée, et enfin un ensemble peint. — Une collection de dessins au trait d’après nature et sans ombre, très purs, d’après des fleurs et des branchages. — Des peintures à Paquerelle très distinguées comme composition et exécutées d’après des fleurs, des fruits, des ornements copiés dans le musée de South Kensington ; des objets d’art reproduits avec une fidélité et un effet remarquables. — Composition avec fond et sans fond ; nombreux cartons des styles d’ornement étudiés dans les musées ; fleurs transformées en ornements, fleurs aplaties comme dans l’herbier, servant à composer des ornements plats, comme pour des mosaïques indiennes. — Composition d’ornements pour décoration de plats, style Renaissance, reproductions d’architecture et compositions des élèves de South Kensington, etc., etc.

Je dois une mention spéciale aux travaux de modelage, où les jeunes filles comme les hommes ont de réels succès, ainsi qu’au cours de composition d’ornement, auquel j’ai assisté plusieurs fois, cours oral fait avec clarté, démonstrations simples, dessins improvisés sur le tableau noir avec une facilité merveilleuse par un très habile professeur, M. Llewellyn. Il est chargé de faire deux cours par semaine ; dans le second il emprunte les motifs de ses compositions au règne végétal, et chaque mois les élèves sont obligés de composer eux-mêmes sur un motif donné par le professeur.

Tous ces efforts ne restent pas sans résultat pour les élèves, qui deviennent graduellement boursiers, puis obtiennent avec des médailles d’or le brevet de professeur. Mais les épreuves sont rudes, car on exige une véritable perfection dans chacun des ouvrages de concours. J’ai vu dans d’autres écoles d’art à Londres des jeunes gens travaillant sérieusement, qui n’avaient pu se soumettre à ces lois inexorables et avaient renoncé aux bénéfices sérieux que l’école de South Kensington réserve à l’avenir de ses bons élèves.

Une seule critique peut être faite, non pas à l’art enseigné, qui est excellent, mais à l’uniformité de facture des œuvres. Il semble qu’un élève passé maître ait été le seul auteur de tous les dessins terminés, accrochés aux murs, et qui servent de spécimens des travaux de l’école. Le résultat est parfait, mais c’est de la monotonie que cette perfection ! Pas la moindre liberté d’allure, pas la moindre originalité dans tous ces travaux ! Cependant, l’école n’a-t-elle pas raison de donner une éducation uniforme à chacun des élèves qu’on lui confie ? Les qualités individuelles de l’artiste ne se transmettent pas ; elles servent peu dans l’enseignement ; c’est la supériorité de la méthode qui a toute l’importance. Si l’artiste, une fois parti, se dégage des liens qui l’enchaînaient, il aura toujours en lui-même le souvenir de la science acquise, et il la transmettra avec la conviction de la certitude de ses principes, ce qui est la supériorité du professeur.

Mais à quoi donc doit-il cette supériorité ? Est-ce au tempérament national ? on ne sera guère tenté de le prétendre. Est-ce donc à la succession invariable des mêmes exercices ? Un peu sans doute, parce que l’Anglais sait s’ennuyer avec profit. Est-ce aussi aux cours oraux, bien parlés, bien démontrés et fidèlement suivis ? Un peu aussi, c’est vrai. Mais la grande supériorité de l’enseignement tient au musée, qui est la véritable école. Les élèves vivent dans cet air, n’ont sous les yeux que des merveilles ; les leçons qu’ils reçoivent sont l’explication des beautés qu’ils connaissent. Ce n’est point seulement l’atelier qui les forme, c’est le goût supérieur qu’ils puisent dans la variété d’objets d’art qui les entoure. Toutes ces richesses leur appartiennent, ils en jouissent pendant des années, ils se pénètrent de beautés qui les éloignent à jamais de la vulgarité ; une porte toujours ouverte leur donne accès auprès de ces trésors. Quelles reproductions ravissantes j’ai vues ! On tire de sa vitrine la ciselure la plus merveilleuse pour que le copiste la voie mieux, on la porte sous ses yeux, dans l’atelier. Le futur catalogue du musée sera illustré par les graveurs élèves de l’école.

Aussi n’est-ce point une simple école d’art, c’est une école de style que South Kensington. En voyant copier dans le musée de délicieuses statuettes d’ivoire, des émaux reproduits aussi à l’aquarelle, des statuettes de bronze, des coupes Renaissance, des marteaux de porte artistiques fidèlement et très brillamment exécutés je me disais que ces élèves, obligés chaque mois de composer à leur tour, pourraient donner à leurs œuvres un reflet de celles qu’ils connaissent si bien ! Voilà donc la cause réelle de cette supériorité incontestable.

J’allai, avant mon départ de Londres, revoir le directeur du musée, sir P. Cunliffe Owen, qui, par son extrême obligeance, avait rendu mes visites très utiles en me donnant pour guides les conservateurs des collections.

Il me demanda à quelle conviction j’étais arrivée après cette longue étude ; je lui communiquai ma pensée très arrêtée au sujet de l’influence tutélaire du musée sur l’école.

« Vous avez deviné juste, me dit-il ; notre école ne serait rien sans le musée ; dites-le à Paris ; c’est là la véritable cause du succès de nos élèves. »

Pourquoi n’aurions-nous pas, en France, l’équivalent de ce que l’Angleterre a créé à South Kensington et dans les écoles qui en dépendent ? Une école d’art appliqué à l’industrie, où se formeraient des professeurs des deux sexes, répondrait en ce moment à un véritable besoin. Les jeunes filles surtout accueilleraient avec reconnaissance une institution semblable où des talents restés jusqu’à présent presque sans emploi trouveraient l’occasion de se produire au grand avantage de tous[1].

Ne possédons-nous pas des richesses artistiques dont nous sommes fiers ? sans compter notre Louvre, consacré au grand art, où trop d’étudiants sans guides se sont perdus jadis par l’enthousiasme et aujourd’hui par le dédain, nous avons Cluny, nous avons le Trocadéro, nous avons l’hôtel Carnavalet. Puisque la raison majeure, la plus frappante, de la supériorité de l’école de South Kensington est son musée, plaçons notre école dans le voisinage immédiat de l’un de ces musées, dont les portes seront toujours ouvertes ; mettons dans ce musée tout ce qui peut instruire, éclairer, diriger des élèves mieux doués que les Anglais ; obligeons-les à se plier aux études nouvelles, et, avant peu, nous aurons, nous aussi, une foule de professeurs habiles dont l’instruction sera sérieuse ; ces professeurs sont attendus dans les provinces, souhaités, nécessaires.


Annexe : traduction des chapitres VI et VII de l’Art Directory

Pour que le lecteur puisse se former une idée exacte de l’organisation de l’école et du musée de South Kensington, nous donnons ci-dessous la traduction des chapitres VI et VII de l’Art Directory publié par le Département anglais des sciences et arts pour l’année 1883 ; ils contiennent le règlement de l’école et du musée. Nous y joignons les deux programmes de l’école : 1° le programme des cours destinés à la préparation des professeurs (Art Form n° 758) ; 2° le programme du cours d’études suivi par les élèves qui ne se destinent pas au professorat (Art Form n° 758 a).

L’école normale nationale d’art (National Art Training School) et les certificats de capacité artistique du troisième degré (Third grade Art Certificates).

(Chapitre VI de l’Art Directory.)

§ 57. — L’école normale nationale d’art de South Kensington (Londres) a pour but de former des professeurs d’art des deux sexes (masters and mistresses) pour le Royaume-Uni, et d’instruire des étudiants dans les arts du dessin d’imitation et d’ornementation (drawing and designing) et du modelage (modelling) en vue de l’application de ces arts aux besoins des métiers et manufactures.

§ 58. — Le programme de l’enseignement est comme suit[2] :

Stage I. Dessin linéaire à l’aide d’instruments.

a. Dessin linéaire géométrique ; — b. Dessin graphique et industriel (machine drawing) d’après le modèle imprimé, d’après le tracé au tableau noir, ou d’après des solides élémentaires ou des détails de machines ou de constructions ; — c. Dessin linéaire de perspective ; — d. Détails d’architecture d’après des copies ; — e. Sciographie (projection des ombres au lavis).

Stage II. Dessin d’imitation au trait de formes rectilignes d’après des modèles plats ou imprimés.

a. Objets ; — b. Ornement (avec les principes élémentaires du tracé graphique).

Stage III. Dessin d’imitation au trait d’après le relief et la bosse.

a. Modèles et objets ; — b. Ornement.

Stage IV. Projection des ombres d’après des modèles plats et imprimés.

a. Modèles et objets ; — b. Ornement.

Stage V. Projection des ombres d’après le relief et la bosse.

a. Modèles et objets ; — b. Ornement ; — c. Draperies ; — d. Esquisses exécutées dans un temps limités esquisses exécutées de mémoire.

Stage VI. Dessin de la figure humaine ; et dessin d’animaux, d’après des copies.

a. Au trait simple : — b. Dessin ombré.

Stage VII. Dessin de fleurs, feuillage, objets d’histoire naturelle, d’après des modèles plats.

a. Au trait simple ; — b. Dessin ombré.

Stage VIII. Dessin de la figure humaine ou dessin d’animaux d’après la bosse ou d’après nature.

a. Au trait d’après des moulages ; — b. Avec ombres, dessins partiels (détails) ; — b bis. Dessins d’ensembles ; — c. Études de tête d’après le modèle vivant ; — c bis. Le corps humain d’après le nu ; — d. Étude de draperies sur le corps humain, soit d’après des moulages d’antiques, soit d’après le modèle vivant ; — e. Esquisses avec temps limité et esquisses faites de mémoire.

Stage IX. Études d’anatomie.

a. Figure humaine ; — b. Animaux ; — c. Études modelées en relief.

Stage X. Dessin de fleurs, de feuillage, de détails de paysage et d’objets d’histoire naturelle d’après nature.

a. Au trait ; — b. Avec ombres.

Stage XI. Peinture d’ornement, d’après des modèles plats.

a. En grisaille, à l’aquarelle, à la détrempe ou à l’huile ; — b. Polychrome, idem.

Stage XII. Peinture d’ornement d’après la bosse, etc.

a. En grisaille, à l’aquarelle, à la détrempe ou à l’huile.

Stage XIII. Peinture d’ensembles (general painting), d’après des modèles plats, des copies, des fleurs, des natures mortes, etc.

a. Fleurs ou objets naturels, à l’aquarelle, à l’huile ou à la détrempe ; — b. Paysages ou vues de constructions.

Stage XIV. Peinture d’ensembles, d’après nature.

a. Fleurs, natures mortes, à l’aquarelle, l’huile ou la détrempe, sans fond ; — b. Paysages ou bâtiments ; — c. Draperies.

Stage XV. Peinture d’après nature de groupes, fleurs, natures mortes, etc., comme compositions de coloris.

a. À l’huile ; — b. À l’aquarelle ou à la détrempe ; — c. En grisaille ou clair-obscur.

Stage XVI. Peinture de la figure humaine ou d’animaux en grisaille d’après la bosse.

a. À l’huile, à l’aquarelle ou à la détrempe.

Stage XVII. Peinture de la figure humaine ou d’animaux en couleur.

a. D’après des modèles plats ou des copies ; — b. La tête d’après nature ; — c. Le nu d’après nature ; — d. Ébauches en couleurs avec temps limité.

Stage XVIII. Modelage d’ornement.

a. Élémentaire, d’après des moulages ; — b. Modelage d’après des modèles plus avancés ; — c. D’après des dessins ; — d. Modelages exécutés dans un temps limité, soit d’après des modèles, soit de mémoire.

Stage XVIX. Modelage de la figure humaine ou d’animaux.

a. Élémentaire, d’après des moulages de mains, pieds, masques, etc. ; — b. Modelage plus difficile d’après des moulages ou corps réels ; — c. D’après des dessins ; — d. Modelage de têtes d’après nature ; — e. Du nu d’après nature ; — f. Draperies.

Stage XX. Modelage de fruits, fleurs, feuillage et objets d’histoire naturelle d’après nature.

Stage XXI. Ébauches (avec temps limité) de figures ou d’animaux d’après nature.

Stage XXII. Dessin graphique élémentaire.

a. Études traitant des objets naturels ornementalement ; — b. Composition d’ornements pour remplir des espaces donnés, soit exécutés en grisaille, soit modelés en relief ; — c. Arrangement d’ornements pour remplir des espaces donnés, exécutés en couleur ; — d. Études des styles historiques d’ornement, dessinées ou modelées.

Stage XVII. Tracé de plans, dessin technique et études diverses.

a. Machines et mécanique, tracé de plans, d’après des mesures de machines ou de constructions, cartes, cadastre, etc. ; — b. Dessin architectural : — c. Dessin ornemental applique à l’art décoratif ou industriel ; — d. Composition de figures et d’ornement avec figures, etc. ; — e et f. Comme les paragraphes c et d, mais en relief.

§ 59. — Des certificats de capacité pour l’enseignement des sujets compris dans les 23 stages ci-dessus mentionnés sont délivrés aux candidats qui subissent avec succès les examens nécessaires ; ces certificats sont désignés par les termes : a. Certificat d’aptitude à l’enseignement d’art ou certificat du degré intermédiaire (art class teachers or intermediate certificate) ; — b. Certificat d’art du troisième degré (art certificate of the third grade)[3].

§ 60 et 61. — Les examens pour l’obtention des certificats du troisième degré ont lieu annuellement à South Kensington, en février… Ils ont lieu devant le Directeur d’art, assisté d’autres examinateurs, et se composent à la fois d’exercices écrits et d’études à exécuter dans un temps limité.

§ 62. — Ceux des élèves de l’école normale nationale d’art qui ne touchent pas de subsides recevront des prix quand ils auront obtenu la note excellent pour leurs compositions aux examens du troisième degré. Il sera aussi accordé, outre le remboursement des frais de route (aller et retour, en seconde classe par chemin de fer), une indemnité de séjour de 10 shillings (12 fr. 50 c.) par jour aux candidats venus des écoles provinciales et qui auront obtenu des certificats.

§ 63. — Les élèves de l’école normale nationale d’art se préparant à devenir professeurs, dessinateurs de manufactures ou de mécanique, ou artisans, et qui auront acquitté les rétributions scolaires pendant deux termes consécutifs, auront droit :

a. Après avoir passé l’examen complet du second degré, à une remise de la moitié des frais d’études pour l’année suivante.

b. À la continuation du même privilège pour une seconde année, s’ils obtiennent dans le courant de la première un prix du troisième degré, soit à l’examen annuel, soit au concours national.

c. Après avoir obtenu le certificat du degré intermédiaire ils auront le droit de suivre gratuitement, pendant un an, les cours de l’école normale d’art : ce privilège sera renouvelable pour une deuxième année, s’ils obtiennent le certificat du groupe I du troisième degré, ou une médaille, ou un prix au concours national.

Les étudiants qui ont acquitté les frais d’études pendant deux sessions consécutives dans une école d’art soumise à l’inspection seront aussi admis à concourir pour l’admission gratuite à l’école normale d’art aux conditions énoncées en cet article et en l’article 54[4].

d. Après avoir obtenu le premier certificat, ou une bourse nationale (national scholarship), ils auront droit à une continuation du privilège de l’admission gratuite pourvu qu’ils obtiennent annuellement un prix ou une médaille au concours national, ou qu ils passent avec succès un examen sur deux au moins des sujets du deuxième groupe.

e. Trois admissions gratuites (free studentships). valables pour un an, au cours de modelage, seront mises au concours annuellement : pourront concourir tous les élèves de l’école normale nationale d’art qui auront exécuté avec succès le modelage d’une tête d’après l’antique. Ces admissions gratuites seront renouvelables pour une seconde année si ceux qui les auront obtenues obtiennent le certificat d’aptitude du degré intermédiaire ou un prix au concours national.

§ 64. — Les étudiants des écoles d’art ayant obtenu 1er certificat du 3Me degré et se préparant à l’enseignement seront admis à concourir pour l’admission gratuite aux cours normaux avec subsides hebdomadaires de 10, 45 et 20 shillings (12 fr. 50 c. ; 18 fr. 75 c. ; 25 fr.) Ces sommes pourront même être élevées jusqu’à 35 shillings (38 fr. 75 c.) par semaine, suivant le rang des étudiants à l’école, en retour de quoi ils pourront être requis de remplir certaines fonctions d’enseignement et devront s’engager à accepter les postes pour lesquels ils seront recommandés [par le principal].

§ 65. — Ces subsides sont accordés aux étudiants des cours normaux pour une session seulement, mais sont renouvelables au gré du Département en considération des progrès et de la conduite de l’étudiant, et suivant les besoins du recrutement du personnel enseignant. Aucun étudiant ne pourra continuer à suivre les cours normaux quand il aura obtenu cinq certificats.

Ces étudiants seront admis à l’épreuve pour une session, pendant laquelle ils seront requis de donner des leçons dans les écoles élémentaires et les écoles d’art de district, en vue de leur formation à l’enseignement, et ils pourront être requis de continuer ces devoirs pendant toute la période de leurs études professionnelles.

§ 66. — Les étudiants de l’Académie Royale des Arts qui auront suivi pendant six mois à cette Académie la classe de modèle vivant, ou la division supérieure de la classe d’architecture, seront admis à concourir pour l’admission à l’école normale d’art de South Kensington, avec subside de 15 shillings (18 fr. 75 c.) par semaine. Ce subside sera retiré si le candidat ne réussit pas à obtenir le certificat du degré intermédiaire et à compléter les travaux du premier certificat du 3Me degré dans le cours de trois termes. Ils pourront aussi être admis à concourir pour les bourses nationales avec les étudiants des écoles locales.

§ 67. — Les travaux exécutés par des élèves des cours normaux et des boursiers nationaux, et par d’anciens élèves des cours normaux et d’anciens boursiers nationaux (pendant les cinq années qui suivent leur sortie de l’école), seront admis à concourir pour les récompenses d’honneur du concours national.

§ 68. — Les demandes d’admission aux cours normaux doivent être faites le 20 février ou le 20 septembre d’après la formule n° 488.

§ 69. — Pour aider les élèves du sexe féminin à obtenir des certificats de professeurs d’art, elles sont admises aux cours normaux aux conditions qui précèdent.

Elles peuvent recevoir pendant deux ans un subside de 5 à 16 shillings (6 fr. 25 c. à 18 fr. 75 c.) par semaine, pour leur faciliter l’obtention de certificats du 3me degré. Le subside peut être continué pour une troisième année, pourvu qu’elles aient obtenu dans l’intervalle le certificat du second groupe, et que leurs progrès justifient cette faveur.

§ 70. — Les élèves des cours normaux devront, dès qu’ils auront obtenu le certificat du groupe I (3Me degré), se tenir prêts à accepter les postes de maîtres dans les écoles d’art pour lesquelles ils seront désignés.

Les §§ 71-73 concernent les bourses nationales, donnant droit à un subside de 20 à 40 shillings (25 à 50 fr.) par semaine, qui peuvent être accordées à un nombre limité d’élèves des écoles d’art provinciales dûment qualifiés, pour leur permettre de venir suivre à Londres les cours normaux.

Le musée et la bibliothèque de South Kensington.

(Chapitre VII de l’Art Directory.)

§ 74. — Le musée de South Kensington contient des objets réunis dans le but de servir à l’histoire, à la théorie et à l’application pratique des arts décoratifs.

§ 75. — On forme au musée d’art des collections pouvant convenir aux écoles locales de science et d’art (local schools) et aux musées d’art dépendant du Département des sciences et arts ou qui sont administrés d’après les actes du Parlement concernant les bibliothèques publiques (Public libraries Acts).

§ 76. — Il peut être fait des choix spéciaux suivant les besoins particuliers de chaque localité.

Le musée d’art contient des objets subdivisés comme suit :

I. Sculpture en marbre, pierre, etc. — II. Mosaïques. — III. Objets sculptés d’ivoire, d’os, etc. — IV. Ouvrages en bois. — V. Ouvrages de métal. — VI. Monnaies et médailles. — VII. Armes et armures. — VIII. Bijouterie d’argent. — IX. Bijouterie générale. — X. Métaux émaillés. — XI. Poterie et porcelaines. — XII. Verrerie. — XIII. Vitraux. — XIV. Ouvrages de cuir, reliure. — XV. Fabrication textile. — XVI. Dentelles. — XVII. Instruments musicaux. — XVIII. Peinture décorative.

§ 77. — Les séries suivantes sont encadrées :

Photographies : Mobilier — Détails d’architecture — Miniatures — Portraits nationaux — Dessins de grands maîtres des diverses écoles — Dessins de Raphael — Cartons de Raphael et études d’après ces cartons — Dessins de Michel-Ange — Esquisses de Watteau — Portraits par Holbein de la collection royale — Diverses photographies données par M. H. Vaughan — Architecture ecclésiastique d’Espagne et de Portugal. — Argenterie d’Espagne et de Portugal — Photographies coloriées de modèles de broderie ayant figuré à l’exposition spéciale d’objets prêtés en 1873 — Autres photographies coloriées d’émaux, cristaux, objets précieux, poteries, etc.

Eaux-fortes : Eaux-fortes originales par divers membres du club des aquafortistes et par d’autres artistes — Paysages à l’eau-forte de C. P. Slocombe — Gravures à l’eau-forte d’objets exposés au musée de South Kensington par des élèves de la classe des aquafortistes, dirigée par feu M. R. J. Lane.

Gravures diverses.

Dessins : Originaux des dessins de l’ouvrage intitulé Grammar of Ornament — Dessins d’élèves, etc.

Aquarelles et tableaux à l’huile : Choix de tableaux à l’huile tirés des collections Sheepshanks, Townshend, et Parsons — Séries historiques d’aquarelles depuis 1710 — Paysages des Indes, aquarelles par W. Simson — Dessins au crayon, à la sépia, à l’encre de Chine, etc. — Dessins originaux faits pour les publications de la Société Arundel — Quarante dessins d’architecture par feu M. Godfrey Sykes — Dessins originaux par M. E. J. Poynter de l’Académie royale des arts — Dessins pour la décoration du musée de South Kensington — Illustrations de l’Histoire de la dentelle, par mistress Palliser et du livre Designs for lace making, par mistress Hailstone — Chromolithographies d’objets exposés au musée de South Kensington — Dessins originaux, motifs d’ornementation tirés du règne végétal, par F. E. Hulme.

Ces séries s’accroissent de temps en temps suivant les acquisitions faites par le Département et les besoins de l’école normale d’art.

§ 78. — Des vitrines sont fournies quand il y a lieu pour la protection des objets du musée.

§ 79. — Chaque objet exposé est accompagné d’une étiquette descriptive.

§ 80. — Les conditions auxquelles les collections circulantes du musée sont expédiées en prêt aux écoles locales de science et d’art ont les suivantes :

a. Le comité de l’école locale aura pris les dispositions requises par le Département pour l’exposition diurne et nocturne des objets de la collection circulante.
b. Le Département des sciences et des arts, en fournissant ces objets, n’entend pas organiser une exposition, mais seulement aider à compléter des collections déjà commencées par les comités des écoles d’art et les localités où ces écoles sont situées. Il est de grande importance qu’en pareille circonstance on réunisse tous les objets d’art ayant un intérêt local.
c. Les ouvriers (artisans) qui sont élèves de l’école devront être admis gratuitement ; toutes les autres personnes paieront une entrée modique. (2 soirs par semaine le prix d’entrée n’excédera pas 10 centimes par personne.).
d. Dans le cas où les recettes excéderaient les dépenses, tous frais payés, le surplus devra être employé du profit de l’école à laquelle l’exposition sera rattachée.

§ 81. — Les arrangements relatifs au transport des objets exposés seront pris par les comités locaux, mais le Département se réserve le droit de choisir la voie d’expédition qui lui conviendra. Le comité local paiera le port d’envoi, et le Département le retour. Quand il y aura lieu d’envoyer un employé pour la garde des objets prêtés, le comité local devra contribuer 3 shillings et 6 pence (4 fr. 40 c.) par jour pour sa rétribution.

§ 82-83. — (Règlement concernant les formules de demande de prêt de collections circulantes.)

§ 84. — Il est formé des collections de tableaux à l’huile, d’aquarelles et d’études à la détrempe, etc., que les écoles d’art locales peuvent emprunter pour les employer comme modèles destinés aux élèves des classes d’art. Il peut être prêté de 2 à 6 modèles à la fois pour une période de 12 semaines.

§ 85-87. — Le principe de circulation est étendu aux objets d’art, reproductions, modèles, etc., qui ne doivent pas être constamment exposés au musée central ; ils peuvent être prêtés en dépôt aux écoles locales d’art, groupés dans des vitrines ; ils sont délivrés au commencement de la session d’hiver et doivent être retournés à l’époque des vacances d’été, au plus tard dans la dernière semaine de juillet, au musée pour y être examinés, et réarrangés s’il y a lieu.

Ces objets d’emprunt sont divisés en cinq classes A, B, C, D, E, répondant à l’installation plus ou moins favorable des écoles d’art qui désirent ces emprunts.

§ 88. — Certaines collections peuvent même être prêtées aux localités n’ayant pas d’école d’art, à des conditions qui seront déterminées pour chaque cas particulier.

§ 89. — La bibliothèque d’art est une collection contenant environ 60,000 volumes, 24,000 dessins et plans, 96,000 gravures, 59,000 photographies.

§ 90. — L’objet de la bibliothèque est : 1° de servir à l’instruction spéciale des étudiants de l’école normale nationale d’art ; 2 de servir à l’usage du public en général pour l’étude de tous les sujets se rattachant à l’histoire et à la pratique de l’art. Plusieurs catalogues par ordre de matière, qui facilitent les recherches sur chaque catégorie d’ouvrages, ont été publiés ; d’autres sont en cours de préparation.

§ 91. — La collection de dessins originaux et de gravures sert à l’illustration de l’art ornemental. La collection de photographies renferme des sujets d’architecture, des exemples d’ornement et des spécimens d’art, pris dans diverses collections publiques et privées de la Grande-Bretagne et de l’étranger.

§ 92. — Le Département accorde aux écoles locales d’art du Royaume-Uni le privilège de faire des emprunts à cette bibliothèque d’art.

§ 93. — II sera prêté des livres à chaque école d’art pour des périodes n’excédant pas quatre semaines. Aucun livre d’une valeur inférieure à 10 shillings (12 fr. 50 c.) ne sera expédié en circulation. Les écoles peuvent emprunter à la fois 1 volume in-folio, 4 in-4° ou 8 in-8°.

§ 94. — Les personnes pouvant obtenir du secrétaire du Département des sciences et arts des billets d’admission permanente au musée et à la bibliothèque d’art de South Kensington sont : a. Les membres de l’enseignement, ayant obtenu des certificats d’art du 2° ou du 3° degré ; b. Les instituteurs et institutrices primaires ayant obtenu le certificat de mérite du Département d’éducation ; c. Les étudiants de l’Académie royale des arts ; d. Les étudiants des écoles locales d’art, ou les élèves des écoles normales, qui ont obtenu le certificat du 2° degré, ou des médailles ou autres distinctions délivrées par le Département ; e. Les personnes qualifiées pour recevoir des primes pour les résultats de leur enseignement scientifique.

Programme de l’école normale nationale d’art de South Kensington, mars 1883.

(Art form n° 758.)

Visiteur : M. E. J. Poynter, de l’Académie royale des arts.

Directeur pour l’art : M. T. Armstrong.

Principal de l’école : M. J. C. L. Sparkes.

Professeurs : Dessin mécanique et architectural, M. H.-B. Hagreen.
Professeurs : Géométrie et perspective : M. E.-S. Burchett.
Professeurs : Modelage : MM. É. Lanteri, F. M. Miller, R. Stark.
Professeurs : Peinture, dessin d’ornement, figure et anatomie, composition ornementale : MM. T. Clack, F.-M. Miller, W.-P. Watson, S. H. W. Llewellyn, W. Norris.

classes réservées aux femmes

Directrice Miss Trulock.

Professeurs : Mrs. F. Casabianca, Miss Channon.

Surveillante : Miss A. Simpson.

conférences

Art décoratif, M. H.-H. Stannus ; Ornement historique, Dr Zerffi ; Anatomie, M. E. Bellamy.

Administrateur : Colonel Sussex W. Lennox.

1. — L’enseignement de l’école a pour but de former méthodiquement des professeurs des deux sexes dans la pratique de Part et ans la connaissance de ses principes scientifiques, en vue de recruter pour les écoles d’art un personnel de maîtres et maîtresses capables de contribuer au développement de l’art dans son application aux usages de la vie et aux besoins des métiers et des manufactures. L’enseignement comprend les sujets suivants : dessin d’imitation, dessin d’architecture, dessin de mécanique ; géométrie pratique, perspective ; peinture à l’huile, à la détrempe, à l’aquarelle ; modelage, moulage. Les classes de dessin, de peinture et de modelage comprennent l’ornement architectural et autre, la fleur, la nature morte, la figure d’après l’antique et d’après nature, et l’anatomie applicable à l’art.

2. — Le public est admis à ces cours moyennant le paiement d’une rétribution. Les classes pour hommes et pour femmes sont séparées. Le prix d’admission est comme suit :

Classes ayant lieu cinq jours entiers par semaine, soirées comprises : 5 livres st. (125 fr.) pour cinq mois, et droit d’entrée de 10 shill. (12 fr. 50 c.).

Classes du soir seulement : Pour hommes, 2 livres st. (50 fr.) par terme ; pour femmes, 1 livre st. (35 fr.) par terme (3 fois seulement par semaine).

Les instituteurs, institutrices, et pupil teachers des écoles primaires peuvent suivre deux fois par semaine, à leur choix, les cours du soir en payant 5 shillings (6 fr. 50 c.) par terme. Les gouvernantes et institutrices enseignant dans des écoles privées ou des familles sont admises aux cours du jour, pendant une durée de trois mois, en payant 1 livre st. (25 francs) par mois, sans droit d’entrée. Dans la salle des cours élémentaires est organisé un cours du soir pour les ouvriers ; admission : 40 shillings (12 fr. 50 c.) par terme ou 3 shillings par mois. Les étudiants de cette classe peuvent passer dans les salles d’étude générales au même prix quand ils ont passé avec succès les examens dans les quatre branches du dessin de 2e degré.

Classes spéciales. Un cours spécial d’architecture a lieu les mardis ; admission : 1 livre st. 4 sh. (26 fr. 25 c.) par terme de 5 mois, avec droit d’entrée de 10 shillings (12 fr. 50 c.). Un cours spécial de dessin graphique (tracé de plans, etc.) a lieu le mardi ; admission : 1 livre st. 1 sh. (26 fr. 25 c.) par terme et droit d’entrée de 10 shillings.

3. — Aucun étudiant ne peut être admis à ces cours avant d’avoir passé l’examen de dessin d’imitation du 2e degré. Ces examens ont lieu toutes les semaines au début de chaque terme, et à espaces rapprochés dans le courant de l’année. Ils ont lieu à l’école normale d’art les mardis à 14 h. 45 m. du matin et à 6 h. 45 m. du soir, (à 5 h. 45 m. du soir dans les mois de mai, juin, et juillet). Les candidats doivent acquitter un droit d’examen de 2 shillings et 6 pence (3 fr. 10 c.) s’ils suivent les cours du jour, et de 6 pence (0 fr. 60 c.) s’ils suivent les cours du soir. Les candidats doivent apporter des crayons de mine de plomb et de la gomme à effacer. Les candidats ajournés ne peuvent se présenter de nouveau qu’après un mois d’intervalle.

Les personnes ayant déjà passé un examen du 2e degré en dessin d’imitation sont admises sans examen ultérieur.

4. — La session annuelle consiste en deux termes de cinq mois chacun, commençant respectivement le 1er mars et le 1er octobre, et finissant le dernier jour de juillet et le dernier de février.

Les étudiants qui ont passé les examens prescrits par le paragraphe 3 peuvent commencer à suivre les cours à toute époque de la session, en acquittant le prix d’un terme entier (cinq mois). Les mois d’août et septembre étant ceux des vacances ne comptent pas dans les cinq mois. Les cours sont aussi interrompus pendant une semaine, à Noël, à Pâques et à la Pentecôte. L’école est ouverte à l’étude tous les jours (samedi et dimanche exceptés), à 9 heures du matin : les classes d’étude d’après nature et les conférences commencent à 10 heures : les étudiants doivent tous se trouver à leur place à 10 heures précises et rester à l’école, à moins de permission spéciale, jusqu’à 3 h. 30 m. de l’après-midi. Un intervalle d’une demi-heure, de 1 heure à 1 h. 30 m. pour les hommes et de midi et demi à 1 heure pour les femmes, est réservé au déjeuner. Les classes du soir pour hommes sont ouvertes tous les soirs de 7 à 9 heures, et de 6 à 8 heures pendant les mois de mai, juin et juillet ; les classes pour femmes les mardis, jeudis ou vendredis de 6 h. 30 m. à 8 h. 30 m., et de 6 heures à 8 heures du 1er mai au 31 juillet.

5. — Les étudiants dûment qualifiés sont admis à consulter les collections du musée et de la bibliothèque, et à y prendre des copies ; ils peuvent aussi suivre les conférences organisées par le Département des sciences et arts.

6. — Il est tenu à l’école un registre de présence, que les parents ou tuteurs des étudiants sont admis à consulter.

7. — Les professeurs et élèves de l’école normale d’art et des écoles d’art dépendant du Département, désireux d’étudier dans les galeries d’art de l’étranger et ayant obtenu au moins un certificat du 3° degré, peuvent obtenir, sur leur demande adressée au secrétaire du Département, une attestation de compétence qu’ils peuvent présenter avec leur certificat soit au consul britannique, soit aux directeurs des galeries en question.

Conférences de South Kensington.

Une série de douze conférences sur l’anatomie dans son application aux arts a lieu pendant chaque terme. Les conférences du printemps sont accessibles aux dames ; admission : 6 shillings (7 fr. 50 c.) pour les douze conférences, 1 shilling (1 fr. 25 c.) pour une seule.

Une série de quarante leçons sur le développement historique de l’art ornemental a lieu chaque année. Le public y est admis en acquittant un droit d’entrée de 15 shillings (18 fr. 75 c.) pour l’ensemble du cours annuel ; de 140 shillings (12 fr. 50 c.) pour une série de vingt leçons, ou de 1 shilling (1 fr. 25 c.) pour une seule leçon.

D’autres conférences auront lieu occasionnellement et seront dûment annoncées.

Écoles d’art de district actuellement établies à Londres.

Londres possède seize écoles d’art de district.

Il y a des classes de femmes et des classes du soir à presque toutes ces écoles. S’adresser, pour les renseignements et prospectus, à ces écoles mêmes.

Il y a dans toutes les écoles d’art un examen annuel avec distribution de prix, et un concours national.

Programme du cours d’études destiné aux élèves qui ne reçoivent pas de subsides et ne se préparent pas à l’obtention des certificats du Département.

(Art form n° 758 a, mars 1883.)

Ce cours a pour but d’enseigner le dessin de l’ornement et de la figure en vue de son usage ultérieur pour le dessin d’invention et la composition (design and composition), et comprend l’étude des plantes et fleurs, la peinture des natures-mortes et le dessin et la peinture de l’ornement et de la figure.

Dans le cours de leur instruction, les étudiants doivent passer successivement, avec l’approbation du principal, par les stages suivants :

Cours I. Paysage, nature morte, fleurs.

1. Cours élémentaire préparatoire à toutes les études de ce cours :

Stage II b. Dessin au trait d’après les modèles plats (modèles Dyce et Jacobsthal).
Stage III b. Dessin au trait d’ornement d’après la bosse.
Stage XI a. Dessin à la sépia d’après les modèles plats.

2. Cours préparatoire à la peinture d’après nature (peinture à l’huile et aquarelle) :

Stage X a. Dessin au trait de feuillage d’après nature.
Stage V a et b. Dessin ombré à la craie d’après modèles, moulages d’ornement, de fruits, etc.
Stage XII a. Dessin à la sépia, ou en grisaille, ou peinture à la détrempe d’après les mêmes modèles que ci-dessus.
Stage XIII a. Peinture de fleurs d’après le modèle plat.

3. Cours supérieur :

Stage XV a et b. Peinture de fleurs, groupes de nature morte, d’après nature, à l’aquarelle ou à l’huile. Paysage d’après des copies.
Les étudiants de ce cours assistent aux conférences sur le dessin d’après le modèle et sur les formes végétales (modeldrawing and plant-form).
Cours II. Figure humaine.

1. Cours élémentaire préparatoire à toutes les études de ce cours :

Stage II b. Dessin au trait d’après le modèle plat.
Stage VIII a. Dessin au trait des détails de la tête humaine d’après la bosse.
Dessin au trait de têtes, mains, pieds et du corps humain tout entier d’après la bosse.
Stage V a et b. Dessin ombré à la craie d’après des modèles et moulages d’ornement.

Avant d’être admis au cours préparatoire suivant, les étudiants doivent suivre la classe de model-drawing et de perspective.

2. Cours préparatoire au dessin d’après le modèle vivant :

Stage VIII b 1. Dessin ombré à la craie de têtes, pieds, mains, d’après des moulages.
Stage VIII b 2. Dessin ombré du corps humain d’après l’antique.
Stage IX a. Dessin au trait du squelette et de la figure anatomique avec le nom des os et des muscles.

Les étudiants doivent suivre les conférences et passer l’examen d’anatomie.

3. Cours préparatoire à la peinture (à l’huile et à l’aquarelle) d’après le modèle vivant :

(Outre les exercices ci-dessus) Stages XII a et XVI a. Peinture à la sépia, à la détrempe ou en grisaille de la figure humaine d’après les moulages.

4. Cours supérieur.

Stage c et d. Dessin ombré à la craie d’après le modèle vivant nu ou drapé.
Stage XVII b. Peinture d’après le modèle vivant (huile et aquarelle), étude de draperies dessinées ou peintes.
Stage XXII c. Compositions avec figures.
Cours III. Dessin d’invention décorative (design).

Les étudiants en dessin d’invention décorative devront commencer par le degré élémentaire du cours I, à moins qu’ils n’aient obtenu le certificat de 3Me degré ou ne s’y préparent.

La classe avancée est dirigée par M. Stannus. Les étudiants doivent suivre ses conférences ainsi que le cours élémentaire d’architecture de M. Hagreen.

Le cours comprend :

1. Dessin au trait et en grisaille d’après les ouvrages de Jacobsthal, Meurer, Teirich, Grüner et autres, qui devront être employés non seulement pour apprendre la pratique du dessin (drawing), mais aussi comme un cours méthodique de dessin d’invention décorative (design).
2. Stage XI b. Peinture d’ornement d’après des modèles plats.
2. Stage XI a Peinture d’ornement en grisaille d’après des moulages.
2. Stage XIV a. Étude de plantes d’après nature.
3. Dessin d’invention d’après des exemples donnés, à imiter ou à compléter.
4. Dessin d’invention original. Stages XX b, c et e.
Cours IV. Modelage.

Avant d’entrer dans la classe de modelage, les étudiants doivent passer par les stages élémentaires du cours II, et suivre les conférences sur le dessin d’après le modèle et la perspective.

Cours V. Gravure à l’eau-forte.

Les étudiants désireux de suivre la classe de gravure à l’eau-forte doivent prouver qu’ils sont suffisamment avancés en dessin pour profiter des leçons de cette classe.


  1. Je dois dire à ce propos quelques mots sur l’origine de ma mission à Londres.

    Il y a vingt ans, en étudiant le rôle spécial de l’ornementation dans l’art, j’eus entre les mains un livre très connu des ornemanistes, un recueil de gravures publié à la fin du xviiie siècle par deux sœurs, Mlles Cauvet. La vigueur et la beauté de ce travail me frappèrent : aucune femme à notre époque ne serait capable d’exécuter une œuvre de cette valeur. Je pensai alors qu’il y aurait lieu d’aider, par des écoles publiques, le développement non seulement des carrières artistiques, comme la gravure, mais d’autres où il est plus facile de réussir, celles des industries où s’appliquent les arts du dessin (faïences, émaux, camées, etc.), carrières très abordables pour les femmes. Je m’informai, et j’appris que rien n’existait, que rien n’avait même été tenté pour atteindre un but qui me semblait si utile. Je fis alors un plan d’école d’application de l’art du dessin à l’industrie pour les jeunes filles, pensant que la ville de Paris serait frappée de l’utilité de cette création. M. Haussmann, alors préfet de la Seine (1863), approuva l’idée, qu’il trouva même excellente, mais prématurée : il fallait attendre, dit-il, qu’un plus grand nombre d’élèves sortit des écoles subventionnées nouvellement ouvertes.

    Trois années s’écoulèrent. M. Thiers, qui s’intéressait à man projet, en écrivit à M. J.-B. Dumas, alors président de la commission du dessin de la ville de Paris. M. Dumas voulut bien s’occuper de mon plan d’école d’application et le soumettre à la commission ; il me donna le conseil de fournir, à l’appui de mon projet, des études critiques sur les envois des écoles à l’exposition universelle qui s’ouvrait (1867). Je fis avec conscience ce travail considérable, et la commission du dessin, par la bouche de son président, voulut bien l’approuver.

    En admirant les envois de l’école de South Kensington à l’exposition universelle, et en causant avec son représentant, M. Burchett, j’avais pu me convaincre que les jeunes filles et les jeunes gens y suivaient à peu près le même programme d’études. Je signalai ce fait dans le plan de l’école d’application. Cependant mon idée, mûrie et complète, languissait encore dans les cartons de la ville en 1870.

    Enfin, en 1883, le hasard m’ayant fait parler un jour de mon projet devant — le ministre de l’instruction publique et M. le directeur de l’enseignement primaire, ils me demandèrent de le leur communiquer. Je rassemblai mes notes, le plan fut recréé ; et comme j’avais exprimé le vœu de revoir l’école de South Kensington, je reçus la mission d’aller à Londres étudier cette école modèle, que je n’avais pas revue depuis 1872.

  2. Il doit être entendu que l’ordre dans lequel les différents stages sont rangés ici n’est pas un ordre progressif. — Note du Département des sciences et arts.
  3. Les certificats dits du premier et du second degré, dont il n’est pas question ici, sont délivrés, le premier, aux élèves des écoles primaires qui ont subi avec succès l’examen de dessin dit du premier degré ; le second, aux pupil teachers, aux élèves des écoles normales et aux instituteurs qui ont subi avec succès l’examen dit du second degré, soit dans une école normale, soit à South Kensington même. Le certificat du degré intermédiaire est délivré aux candidats qui ont subi l’examen de dessin géométral et perspectif du second degré, et l’examen des stages 1 a, 3 b, 5 a et 5 b du troisième degré. Les certificats du troisième degré sont au nombre de sept, correspondant à sept groupes de sujets d’enseignement entre lesquels sont répartis les 23 stages énumérés ci-dessus. Un même candidat peut obtenir successivement plusieurs certificats du troisième degré. — Note du traducteur.
  4. L’article 54 dit qu’ils recevront un subside hebdomadaire de 15 shillings, qui pourra être élevé jusqu’à 20 shillings ; leurs frais de voyage leur seront remboursés. — Note du traducteur.