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Une voix dans la foule/Le Palais

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Une voix dans la fouleMercure de France (p. 23-24).

LE PALAIS

Les cours de mon palais étaient pleines de fous
Jouant du bilboquet, de l’arc et de l’épée.
La reine leur riait, en ma pourpre drapée,
Et saccageait les fleurs des juillets et des aoûts.

Les cors au loin chantaient la chasse et l’épopée.
Les lourds carrosses d’or écrasaient les cailloux
Dans le parc où l’eau pleure au fond des marbres roux.
On allait voir l’armée à mes portes campée.


Une meute jappait à l’appel des varlets.
Parmi les ifs taillés les paons faisaient la roue.
Tout le soir embaumait comme un cœur qui s’avoue.

Mais tourné tristement vers mon trop beau palais
Où la reine riait toujours avec les pitres,
Je regardais mourir le soleil dans ses vitres.