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Une voix dans la foule/Vers d’automne

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Une voix dans la fouleMercure de France (p. 45-46).
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VERS D’AUTOMNE

Le soleil n’est qu’un souvenir,
Les feuilles ont caché la terre,
Les derniers oiseaux vont se taire
Et les chansons d’amour finir.

Les jeunes femmes, où sont-elles,
Qui cueillirent baisers et fleurs ?
Écoute le passant en pleurs :
Amours et roses sont mortelles.


Va fermer la porte à l’hiver,
Ô pauvre que plus pauvre envie !
Ris à la mort, pleure à la vie ;
C’est l’heure où l’on ne voit plus clair.

Vers quels pays bleus va la route
Où veille, obscure, ta maison ?
Las ! tu ne vois plus l’horizon :
La pluie au bord du toit dégoutte.

Personne n’ira plus dehors.
Attends donc, seul, à la fenêtre,
Que ce long jour ait cessé d’être,
Et pense un peu, dans l’ombre, aux morts.