Utilisateur:Émile/La Théorie de la connaissance et la physique moderne

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LA THÉORIE DE LA CONNAISSANCE ET LA PHYSIQUE MODERNE

Il n'y a plus de doute aujourd'hui que la philosophie théoréthique n'a de consistance qu'en liaison étroite avec les diverses sciences, qu'elle y cherche une base sur laquelle elle continue à édifier, ou que celles-ci ne forment pour elle que l'objet de ses propre analyses par lesquelles elle découvre elle même les premiers principes de la connaissance. Et c'est surtout vrai si la philosophie (comme je suis convaincu) n'est autre chose que l'activité par laquelle nous éclaircissons nos notions scientifiques. Il n'est pas plus douteux que, parmi toutes les sciences la Physique se trouve en tête à ce point de vue. La physique, on le sait, prend une position insigne parce qu'en elle se trouvent réunis deux facteurs que l'on ne retrouve que séparés dans les autres sciences, son exactitude d'abord, la détermination quantitative de ses lois par quoi elle se distingue de toutes les autres sciences de la réalité et surtout des sciences historiques ; et ensuite le fait qu'elle a pour objet la réalité et par là se distingue des mathématiques.

Même si l'on ne suit pas Kant qui n'accorde la valeur de connaissance qu'à la connaissance absolument certaine, exacte, on n'en est pas moins persuadé qu'elle représente dans tous les cas le point le plus élevé, de sorte qu'une philosophie qui pourrait tenir complètement compte de la connaissance exacte, aurait en menu temps résolu par là-même le problème total de la connaissance. Or cela n'est vrai que s'il s'agit non seulement de connaissance rigoureuse, mais aussi de connaissance de la réalité, car, à des objet simplement rêvés, imaginés, le philosophe n'apporte que peu d'intérêt ; le monde du réel est celui qui lui pose les grands problème.

Par là, les sciences physiques sont assurées d'avoir une importance unique pour la philosophie, importance dont les philosophe aux diverses époques n'ont pas toujours eu conscience au même degré. Après quelques essais contemporains (déjà insuffisants du


point de vue méthodologique) de coordonner les sciences historiques aux sciences ezaotes an point de vue philosophique, le •veloppcmeiit moderne de la physique qui n rattachement aux sciences exactes d'expérience, y na^nc-t-ellc nu critérium meilleur de sa j)ropre vérité! l'our un théorème de physique, on sait comment on peut, en principe, établir sa vérité: il doit être confirmé par l'expérience. Mais la question: A quoi reconnalt-on vraiment la vérité d'un système philosophique! avail -i peu trouvé une réponse généralement satisfaisante que, bien souvent, elle n'était posée que dans le bol de railler la philosophie.

Aujourd'hui qu'on a acquis des connaissances sur l'eut reln- ■iiiciit, allant jusqu'au détail, de la philosophie et des diverses sciences, on pourra, et l'on devra, dire au moins de la Thi'or'w de lu ronnais»anee: nous ajoutons foi i> celle qui se confirme dans le progrès de la recherche physique.

Cette façon de formuler le critère de vérité est au premier nbord si indéterminée et si générale qu'elle a encore besoin d'é clajreissemeni très précis pour que l'on en comprenne exactement le sens, et e'est seulement la physique actuelle qui nous apporte s cas de connaissance nécessaires a une explication et â une récision complètes.

Avant de considérer les cas particuliers, il nous faut d'abord nous demander en quel sens on peut, « priori, s'attendre à trouver < es énoncés de la théorie de la connaissance vérifiés en physique. La philosophie peut-elle prévoir un résultat spécial quelconque de "cherche des sciences d'expérience;' On ne peut cotes pas l'admettre, car, par la, elle entreprendrait sur le rôle de la physique et ; Brsonne aujourd'hui ne croit plus que l'on puisse atteindre des ■ 'suitats physiques par une voie purement philosophique. La tache la théorie de la connaissance n'est pas de prévoir ce (pie l'on "hservera dans la nature, mais elle prévoit seulement comment se lacera la science xi l'on observe ceci ou cela. l'.lle ne prophétise 'loue pas des résultats d'expérience, elle prophétise l'influence des 1 -allais d'expérience sur le système de la physique.

Cependant, le cas limite de beaucoup le plus significatif de '■s énoncés, consiste a établir des principes définis en pensant que 'ii science s'y tiendra toujours fermement quelles que soient les ob-

servations futures. Bref, la théorie de la connaissance donne des énoncés sur la dépendance et, dans le cas limite, sur l'indépen. (lance du système de la physique d'avec les observations possihl- -. Les énoncés sont exacts lorsque, dans le cas de l'entrée enjeu rie ces observations, la science physique prend liien la forme prévue. Voici précisément l'exemple le plus important de la physiu moderne: la théorie de la connaissance, travaillée par les grands mathématiciens du xix° siècle, Gauss, Kiemann, Efelmholtz, avail pensé qu'on pouvait imaginer un certain écoulement déterminé des processus naturels (un certain comportement de rayons lumineux et d'étalons) et que, par son observation, la physique en passerait à l'application des géométries non-euclidiennes. On sait que cette prédiction s'est vérifiée de la façon la plus brillante parla Théorie de la Relativité Générale et, par là, les prémisses sur la base desquelles cette prophétie avait été faite ont montré leur valeur -!> vérité. Mais quel est le rôle de ces prémisses dans la théorie de la connaissance de ces mathématiciens,' Forment elles le, noyau !r plus intime de leur philosophie, déterminant le caractère de l'édifice entier de leur pensée, ou sont-elles d'un genre tenant moins des principes, de sorte (pie, peut-être, elles pourraient aussi bien trouver place dans une théorie de la connaissance d'un tout autre genre! Il faut répondre il cette question pour savoir dans quelle mesure et à quel point île vue la physique moderne peut être vraiment considérée comme une confirmation de cette théorie particulière de, la connaissance qui, on le sait, était l'empirisme.

On fait un pas important dans le sens d'une décision si l'on établit si, ou jusqu'à quel degré, la théorie opposée à l'empirisme, celle de l'a-priorisme kantien, était également en état de justiti■ i les principes de la physique moderne. Cet a-priorisme maintient, on le sait, que la science île la nature s'en tiendra toujours à de-règles générales certaines, quelles que soient les observations faites par un expérimentateur quelconque. Ces règles fondamentales de; vent être synthétiques, c'est-à-dire ne pas exprimer de simples tautologies et, de plus, elles doivent être a priori. Ce dernier point a, dans le système de Kant, un double sens: tout d'abord, elles forment (h-présuppositions logiques de la science, sans elles on ne pourra i donc édifier sur la nature nue construction de vérités cohérente-. mais, en second lieu, ces règles fondamentales sont pour nous C dentés; nous ne pouvons donc absolument pas nous représenter leur invalidité, notre conscience représentative leur est, par conséquent, inévitablement liée. De ces deux éléments, e'est le premier sur lequel insiste l'interprétation kantienne, dite logique (École de Marbourg), tandis que la conception psychologique appuie sur -second. La lutte entre les deux manières de voir est étrange, car, sans aucun doute, les deux acceptions sont, chez Kant, liées l'une i

l'autre; les principes synthétiques a priori sont en même temps I, s hypothèses nécessaires À fa science, aftectés aussi de la con-: ainte psychologique de l'évidence. Quel sont donc, d'après la théorie de l'a-priorisinc, !«>s ingénient s synthétiques fondamentaux de toute science de la naturel" Chez Kant, il faut y ranger les axiomes de la géométrie euclidienne que ii physique moderne, comme nous venons de le voir, prouve n'être pis a priori an premier sens, alors qu'on avait déjà clairement vu qu'ils ne le sont pas au sens second (psychologique). Dana ce dernier sens, on sait que l'a-priorisme, en eu qui concerne la géométrie euclidienne, est déjà rétaté par des considérations psychologiques, ce. que bien des philosophes semblent encore ne pas saisir. Ainsi, en ce qui concerne cette relation de certains axiomes géométriques, la physique moderne décide de t'iteon univoqiteen faveur de l'empirisme. Mais l'a-priorisme est susceptible de différentes tonnes, son principe est élastique et n'a pas besoin d'être défendu sous hi forme kantienne. 11 ne serait réfuté d'une façon tout à fait générale que si l'on établissait qu'il n'y a mu-un principe a priori en sciences. Qui suppose leur existence, doit naturellement pouvoir -■s préciser, l'a n-pi'iori.sme qui ne pouf énoncer réellement un seul principe fondamental a priori a, par là-même, prononcé sa propre condamnation à mort. Aussi, ai-je pose il y a quelques uinées déjà );i question1 des jugements scientifiques qu'un a-prio-isme moderne pouvait dresser vis-à-vis do la physique contemporaine comme des hypothèses absolument nécessaires de toute science, indépendantes de tontes les observations possibles.

L'étude moderne de la nature semble donner à cette question nie réponse dans le même sens (pie pour ht géométrie analytique: ille montre (pie la science physique refuse de considérer un seul '1rs principes qui pourraient être nus ici en question comme seule, hase possible. Pour nous en persuader, parcourons les diverses propositions qui ont été faites pour maintenir l'a-priorisme.

On a d'abord essayé, lorsqu'il a fallu laisser tomber mie partie de la géométrie euclidienne, de tirer des autres axiomes de la géo-inétrie un complexe et de le proclamer la base inébranlable de unie description scientifique de l'espace. En a'arrètant à une idée énoncé dès longtemps, on a voulu donner ce rôle aux axiomes de l'analysis situa, c'est-à-dire aux principes qui décrivent les rapports le relation purement qualitatifs de l'espace, sans considérations de apports de grandeurs, bref ans axiomes de l'espace « topologique ».* nais il y a des signes dans la physique moderne qui montrent qu'elle n'est pas disposée à se laisser enchaîner pour toujours par ' RriliaigtUohe Oder emptrittitohe Deutvng der neuen Phgiik (ha phy- liqui nouvelle a-l-elle un Sens criliciste on empirist»?), «Kanlstudien •. \ "(■ K. 2 Voir R. Cahnap, Der Jlaiini (L'espace), Supplément aux « KaiUstmlien «.

ces axiomes. II. Wey] ' a déjà esquissé une théorie particuliè de In nature d'après laquelle les derniers constituants de la nu Mère, les électrons seraient en dehors de l'espace. Il en résultera pour celui-ci des relations topologiques si particulières qu'il sera par exemple impossible do s'imaginer une sphère spatiale où m-trouvent des électrons diminuant de façon constante jusqu'à dî venir un point. Des constructions plus hardis encore sont scien tili(|ueiuent possibles et il est absolument impossible de savoir h-hypothèses que nécessiteront les laits surprenants que déeouvi la recherche moderne. Ainsi, l'aspect de la physique présente nous avertit nettement de ne pas essayer de considérer les axiome topologiques comme un noli me tanyere.

En second lieu, la physique nouvelle s'exprime encore plus nettement vis-à-vis de l'effort pour retenir la continuité de la natui connue une condition nécessaire et toujours remplie qui trouve son expression dans des règles synthétiques, déterminées et a prier;. Ku effet, après que Uiemanu eut, il y a plusieurs dizaines d'années. examiné la possibilité physique d'un espace discontinu, formé d pointe discrets, la théorie des quanta de l'Ianck a, de nos jours, bien acclimaté dans notre conception de la nature l'idée de la dis continuité, que notre physique ne combat à aucun point de vue la possibilité de discontinuités. L'a-priorisme ne peut donc s fixer ici.

Enfin, en troisième lieu, nous parlerons de la position prise par la physique actuelle vis-a:\is de ce principe qui, chez, Kani. apparaît comme le principe synthétique a priori le plus importun' et qui souvent, aujourd'hui encore, est maintenu comme tel: o'esl le principe <fe c««s<tii<«. Si l'on, comme il est opportun, désigne dv mot de causalité l'existence de la régularité dans la nature, elle représente certainement une hypothèse nécessaire de la science, 1" connaissance de la nature n'étant pas possible sans causalité, ea-cette connaissance consiste précisément il trouver des lois. Bien des gens partant de ce simple fait ont voulu conclure que le priii cipe de causalité dorait Être considéré comme un principe a prioii dans le sens le plus caractéristique. Mais c'est la, sans aucun doub une idée complètement erronée, ou tout au moins un abus de tei ininologie. En effet, on ne base pas ainsi un a-priorisme de la théori de la connaissance. Celui-ci n'est donné que si l'on y ajoute l'idée que nous supposons le principe de causalité garder toujours s> validité pour tous les phénomènes naturels, quels que soient les faits de la nature, que nous montrerait la science. On voit combien l'a priori logique est inséparable de l'a priori psychologique s'il doi caractériser une position déterminée de la théorie de la connai- 1 H. Wfyl, ira» Ut Materie? (Qu'est ce que ta matière?). 192i, p. 57 tg.

a.ice, à savoir la pensée «le lvan(, que notre raison lionne ses lois i la nature. Si, partant de là, E. Oassirer exprime l'idée que, comme principe synthétique a priori il reste toujours l'idée de loi naturelle générale, ou si J. WLutemitz ' désigne le principe de causalité •inuine principe constitutif de la science au sens de kaut, la façon i voir de ces défenseurs d'un a-priorisme modifié ne peut être m nprise que comme la considération que la possibilité de la science - absolument assurée et le fait qu'ils tiennent une nature qui ne pourrait manifester aucune loi à l'homme comme une absurdité.

De nouveau, de l'état actuel do la physique, on peut déduire que la science ne reconnaît pas de liens u priori de ce genre et oppose à cette manière de voir le scepticisme sain de l'empirisme. Le déroulement des phénomènes à l'intérieur de l'atome suivant la théorie des quanta a amené bien des physiciens à considérer 'il y ii là. dans certaines limites, niais au sens strict, des procossus 9 cause: le principe de causalité ne peut trouver d'application Sttr eux.

.Mémo si. comme l'auteur, on n'aperçoit dans le matériel de - aucune base suHisante à cotte conclusion, elle pourrait devenir absolument légitime lorsque ce matériel augmenterait et ce • as nous apprend que, quoique la physique sache très bien que urincipe «le causalité ou la dépendance réciproque des phénomènes naturels entre eux constitue une hypothèse nécessaire à sa propre existence, elle n'admet cependant en aucune façon que cette hypothèse est réalisée u t>ii<iri partout, ou seulement même dans ttu domaine déterminé, mais elle parvient elle-même à l'aide de *«■* w'thodex propres et avec le degré de précision qu'elles comportent i savoir si ce cas est vérifié et jusqu'il quel point, c'est-à-dire qu'elle pose elle même les limites de son propre domaine. Que les méthodes des sciences de la nature soient on ,'otat de l'aire un examen semblable, c'est ce que vérifie une analyse ultérieure de leurs procédés. Tout cela est en contradiction avec l'a-prioiïsmc ■l'.-iprès lequel le principe de causalité ne peut pas être une Uii empiriquement examinable.

Naturellement, l'empiriste sait très bien qu'en principe il serait jours possible, par des hypothèses appropriées, de maintenir le principe de causalité, de même qu'il sait que l'on pourrait oonsi-ilérer la géométrie euclidienne comme valable sans exception si on !l voulait absolument, mais il nie que l'esprit humain doive le faire "ans conditions, et il nie de plus que l'application des méthodes " eutiflques puisse toujours conduire il une vérification du principe 'le causalité. An contraire, on peut très bien imaginer des obser- 1 Itelativitûtsthéorie ami l-'rkenntnislehre (Théorie de la Relativité et Théorie de ta Connaissance). Teuhner, 1923, p. 206.

vations pour lesquelles le maintien du principe de causalité serait possible que par une attaque de ces méthodes: par l'intn,. duction d'hypothèses, toujours nouvelles, construites ad hoc. i,r physicien moderne conlirine les prédictions de l'einpiriste ù l'insi;..,• où il croit réellement avoir devant lui des observations de ce geiuy. A::>si, un coup d'œil d'ensemble sur l'état de la physique moderne nous apprend qu'elle présente en ans surprenante succession une série de cas dans lesquels les conceptions empiri.M,, et a priori de la connaissance de la nature peuvent s'affronter, que, sans exception, elle prend le chemin ouvert par l'empirisme et nr reconnaît à aucune de ses lois ces qualités qui représentent un jugement synthétique a priori au sens du kantisme. '

Nous pouvons donc dire: la physique moderne nous montre que, pour la théorie de la connaissance elle aussi, il y a une espèce de confirmation par l'expérience, un critère objectif <li. la vérité, et que ce critère décide en faveur de la théorie empiriste de la connaissance.

Ajoutons encore une remarque pour éviter que l'on ne tire ilei conclusions erronées de ce que nous avons exposé.

La relation que nous avons décrite entre la physique modferiu et la philosophie pourrait faire regretter que la théorie de la connaissance jette l'ancre de son critérium de vérité dans la science expérimentale et, par suite, participe à son incertitude et il ses variations. Mais s'il faut ainsi renoncer a l'espoir de pouvoir fonder la philosophie sur un sol plus solide que celui de l'expérience et de la logique, (et il n'y a jamais eu là plus qu'une espr rience), il faudrait aussi tenir compte de l'avantage d'avoir acquis un critère objectif. Il est très remarquable que mCme un défensnr. de l'n-prioiisiiie. Klsbach, dans son livre Knnt et Einstein, expi -in-l'opinion que l'on ne peut demander) à la théorie de la connaissance que de justifier l'état actuel, mouvant de la science, imiis 1 Pour éviter îles malentendus, il nous faut encore insister sur ce qu'en fait, pour l'empirisme lui aussi, la science contient des propositions qui ne -tint pas acquises par l'expérience, les délinitions, parmi lesquelles les plus inl..... santés Sun celles qui sont dissimulées. Parmi celles-ci il faut compter ce qu'on appelle les -conventions». Elles sont, comme Unîtes les définitions, en priti-ipe arbitraires et ne contiennent aucune connaissance; aussi ne sont-elles pa-B] ni hé tiques au sens de Kant. On les choisit de façon qu'elles apparaisse^ le mieux appropriées au but de la science (décrire l'univers à l'aide ii un minimum de concepts) et elles peuvent être remplacées par d'autres avev les progrès de la recherche. Elles sont naturellement a priori dans le sons où louU définition, tout jugement analytique est a priori. La reconnaissance de leur existence est tout simplement évidente et n'a absolument rien à voir ai. kantisme.

non pas la science elle-même. Ce point de vue n'est plus du kantisme (Einstein dit dans sa critique de l'ouvrage d'EIsbach qu'il n'est d'accord ni avec Mahomet ni avec le prophète), il est plus empiriste que l'empirisme. Car l'empiriste ne peut pas donner son approbation à ceux qui, loin du sujet, se plaignent des changements continus de la physique, déplorent que ses théories aient ).! vie si courte et que des lois, jusqu'à présent tenues pour exactes, puissent être frappées à chaque instant par de nouvelles découvertes. Il sait au contraire que, jusqu'à présent, il n'existe aucune loi qui, dans le sens et avec la précision avec lesquels elle a été nue fois établie, ait jamais du être rejetée. Ce qu'il y a de changeant en physique, ce ne sont pas les relations de dépendance qui, une fois établies, se vérifient toujours à nouveau, mais les représentations intuitives qui servent à l'interprétation et à l'interpolation. La séparation entre le contenu purement conceptuel el établi empiriquement d'une science et les représentations iutui-(ives qui illustrent ce contenu, mais n'en font pas partie, cette séparation est une des plus importantes acquisitions dues à la théorie moderne de la connaissance. Une philosophie qui sait partout les séparer à l'état de pureté peut, avec raison, considérer une vérification par la physique moderne dans le sens exposé plus liant comme une vérification par la science tout simplement.

U'iVii, IUiii-f,-siliil, l'hilostipltiscltes Institut.

M. SOHLICK

(Traduit par M. MarcelThiers, ancien élève de l'École Polytechnique, Paris).