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Utilisateur:Émile/Méditations cartésiennes

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Méditations cartésiennes
Introduction à la phénoménologie 1929

Table des matières

  • Introduction : 1, 2
  • Première méditation : 3 - 11

Introduction[modifier]

§1. Les Méditations de Descartes comme prototype de la réflexion philosophique[modifier]

J'ai une raison particulière d'être heureux de pouvoir parler de la philosophie transcendantale dans cette vénérable demeure de la science française. René Descartes, le plus grand penseur français, a donné, par ses Méditations, de nouvelles impulsions à la phénoménologie transcendantale : l'étude des Méditations a directement influencé la transformation d'une phénoménologie déjà en développement en une nouvelle sorte de philosophie transcendantale. On pourrait presque appeler la phénoménologie transcendantale un nouveau cartésianisme, bien qu'elle fut obligée - par son développement radical des thèmes cartésiens - de rejeter la quasi totalité du contenu doctrinal de la philosophie cartésienne.

Dans ces circonstances, je puis déjà être assuré de votre intérêt si je commence avec ces thèmes des Meditationes de prima philosophia qui ont, je le crois, une importance éternelle, et si je caractérise ensuite les transformations et les nouveautés dans lesquelles la méthode et les problèmes de la phénoménologie transcendantale trouvent leur origine.

Tout débutant en philosophie connaît la remarquable suite de pensées que l'on trouve dans les Méditations. Rappelons leur idée directrice. Le but des Méditations est une réforme complète de la philosophie pour en faire une science reposant sur un fondement absolu. Pour Descartes, cela implique une réforme correspondante de toutes les sciences, car, dans son idée, elles ne sont que des membres qui ne se suffisent pas à eux-mêmes d'une science unique incluant tout le reste, qui est la philosophie. C'est uniquement dans l'unité systématique de la philosophie qu'elles peuvent devenir des sciences véritables. Mais, dans leur développement historique, il leur manque cette authenticité scientifique qui consisterait à les fonder complètement et ultimement sur des intuitions absolues, intuitions au-delà desquelles on ne peut aller. De là, la nécessité d'une reconstruction radicale qui satisfasse l'idée de philosophie conçue comme l'unité universelle des sciences reposant sur un fondement de caractère absolu. Avec Descartes, cette exigence donne naissance à une philosophie tournée vers le sujet lui-même. Cette orientation se réalise à deux niveaux importants.

Tout d'abord, quiconque veut sérieusement devenir philosophe doit, « une fois dans sa vie », se retirer en lui-même, et tenter, en lui-même, de renverser et de construire à nouveau les sciences qu'il a acceptées jusqu'ici. La philosophie - la sagesse - est l'affaire toute personnelle du philosophe. Elle doit se constituer comme sa sagesse, sa connaissance acquise par lui-même, bien qu'elle tende à l'universalité, une connaissance dont il peut répondre de l'origine et pour chaque étape par le moyen de ses propres intuitions absolues. Si j'ai décidé de vivre avec ce but - décision qui est la seule à pouvoir me conduire sur la voie d'un développement philosophique - j'ai ainsi choisi de commencer par une pauvreté absolue, un dénuement absolu de connaissance. Dès lors, l'une des premières choses que je dois faire est de réfléchir à la manière dont je pourrais découvrir une méthode pour avancer, une méthode me promettant de me conduire au savoir véritable.