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150 ncnms pela auprès de lui sa femme et ses enfants qui résidaient encore sur le territoire français. Lorsqu’il se présenta au jour dit devant la police, sa famille étant déjà arrivée, et demanda qu’on la comprit dans son autorisation personnelle, il lui fut répondu qu'on avait changé d‘avis et que le permis était refusé, même · pour lui—mème. C’est là un trait. entre mille, de cette persécution; maisce qui ‘ la rend plus inexplicable encore, c'est qu'il est à notre connais- sance personnelle, et que nous savons de science certaine que la majorité des membres du gouvernement fédéral (eten particu- - lier le président) sont favorables à Pémancipation, qu‘ils sem- blent disposés à se laisser faire une violence apparente, et parais- sent n'attendre qu‘une intervention énergique pour la faire pré- valoir dans la diète, voyant là le moyen le plus efûcace_de vain- cre les répugnances ou les jalousies d’une partie de leurs confé- /Iérés. Nous venons d'exposer la situation telle qu’elle est. Il ne faut point de trève jusqu'à ce qu’elle soit modifiée, et pour y arriver, chacun doit faire son devoir : les israélites suisses en concentrant ' leurs efforts par l’unité hiérarchique, le consistoire central en r insistant auprès du gouvernement, la presse israélite en enregis- trant les faits et en stimulant les autorités compétentes; le succès n’est qu'à ce prix. C’est à la fois pour nous une question d’hon· neur et d’intérêt. L'opiniâtreté proverbiale qu’on attribueà la race juive a déjà surmonté d’autres obstacles! IS. CAHEN.


MÉMOIRE SUR LES JUIFS D'ABYSSINIE OU FALASHAS.[modifier]

Suite (Voy. Archives 1851, p. 548).

Dogmes religieux des Falashas.[modifier]

Je dois avertir ici le lecteur que s'il croit trouver dans ce paragraphe un traité complet sur la dogmatique falasha, il se trompe- tout à fait; cette partie de mon mémoire doit rester beaucoup au-dessous des autres, et en particulier de celles qui traiteront des fêtes, des jeûnes, des cérémonies, des pratiques, en un mot,




MÉMOIRE SUR LES JUIFS D'ABYSSINIE OU FALASHAS.

Suite (Voy. Archives 1851, p. 548).

Dogmes religieux des Falashas.[modifier]

Je dois avertir ici le lecteur que s'il croit trouver dans ce paragraphe un traité complet sur la dogmatique falasha, il se trompe- tout à fait; cette partie de mon mémoire doit rester beaucoup au-dessous des autres, et en particulier de celles qui traiteront des fêtes, des jeûnes, des cérémonies, des pratiques, en un mot, ISRAÉLITES. 151

de tout ce qui concerne l'extérieur de la religion ; ce qui est d'ailleurs plus que suffisant pour nous donner la certitude que les Falashas professent la religion judaïque.

Cette différence dans nos connaissances relatives aux dogmes et aux pratiques des falashas, s'explique facilement en considérant que les secondes tombent sous le domaine de l'observation, tandis que les premiers n'étant représentés par aucune image extérieure, du moins dans le Judaïsme, échappent facilement à l'observateur.

Le seul moyen de connaître à fond les dogmes des Falashas serait celui de puiser à leurs livres religieux et de passer quelque temps parmi eux, car quant à faire des questions par écrit à des personnes dont je ne connais pas le degré de culture, je ne pouvais y penser, puisque cela pouvait donner lieu à plusieurs inconvénients, entre autres à celui d'être pris pour hérétique par les Falashas mêmes, ce qui aurait pu contribuer à rompre mes relations avec eux, dan&le moment même où je voulais les entamer; ou à celui de froisser l'amour-propre religieux des Falashas en semblant douter, par exemple, de leur croyance ou de leur amour pour Dieu; ou enfin à celui, le plus naturel de tous à cause de mon ignorance de leur manière de traiter les questions religieuses et de haute métaphysique, de ne me faire point comprendre d'eux, à cause des affreux quiproquos, et de ne rien pouvoir débrouiller dans leurs réponses.

Voilà pourquoi, dans mes questions à Abba-Ishaq, je me suis tenu principalement aux pratiques.

Néanmoins, j'ai été assez heureux pour ramasser quelques notices sur les principaux dogmes falashas, que je vais coordonner et mettre sous les yeux du lecteur, en commençant par

L'existence, l'unité et la providence de Dieu.[modifier]

Les Falashas adorent un Dieu auquel ils donnent le nom de Dieu créateur ; c'est ainsi que Zaga-Amlak, après avoir fini de répondre à mes questions, conjura M. d'Abbadie, parle Dieu créateur, de prendre note des paroles qu'il allait lui dicter pour ses frères lointains (1).

Le Dieu des Falashas est le créateur de toutes choses, puisque Ya-Aynii-Misa, un autre Falasha qui dicta à M. d'Abbadie une adresse pour ses frères de Jérusalem, le conjura de publier cette adresse par le créateur des juifs et des chrétiens, de tout ce qui a été et de tout ce qui sera (2).


(1) Réponses des Falashas, p. 20.

(2) Ibid. p. 23. 152 ARCHIVES

Un autre Falasha, nommé Badjar-ound-Ishag, après avoir appris l'existence d'autres juifs que les Falashas, entonna un hymne de remerciement à Dieu, hymne qu'il finit par les paroles :

"Dieu d'Abraham, je te rends grâce (1)."

La croyance des Falashas à l'existence et à l'unité de Dieu me parait suffisamment démontrée par ces citations, mais je vais en ajouter une autre, tirée du journal du missionnaire Gobat, laquelle montrera comment les Falashas croient à l'unité et à la providence de Dieu. Je cite textuellement les paroles de M. Gobat (page 327) : " Un prêtre qui était chez moi a dit à deux Falashas que tous les membres de leur secte sont des boudas (des sorciers). De pauvres Falashas en ont été un peu fâchés, et l'un d'eux a répondu gravement : "Nous ne sommes point des boudas, et supposé même que nous le fussions, vous n'eu avez aucune preuve; c'est pourquoi vous affirmez une chose que vous ne savez point; c'est un faux témoignage. S'il existe des boudas, vous êtes obligés de croire qu'ils ne peuvent rien faire contre la volonté de Dieu , par conséquent ils ne peuvent point faire de mal à ceux qui ont une véritable foi en Dieu ; ainsi la crainte sans fondement que vous avez des boudas ne prouve que votre manque de- foi au Dieu d'Israël. "Puis, se tournant vers moi, il s'est écrié : " Maintenant, vous qui connaissez Dieu, jugez si je n'ai pas raison... "J'ai été étonné de son éloquence, et j'ai été obligé de lui donner raison en présence de » tous les autres. "

Il résulte clairement du discours du pauvre Falasba qu'il reconnaît un Dieu unique qui peut tout et qui sait tout, car si ce Dieu n'était pas omniscient, les boudas ou sorciers pourraient faire du mal à ses adorateurs sans qu'il en sût rien, ou bien en se prévalant d'un moment de négligence de sa part; s'il n'était pas tout-puissant, les sorciers pourraient faire du mol à une personne contre la volonté de Dieu; et s'il y avait plus d'un Dieu, il pourrait se faire qu'un homme eût pour soi un Dieu et un autre contre soi, et que le sorcier se prévalût de la haine du dernier pour causer du mal à cet homme.

La dénomination de Dieu d'Israël par laquelle le Falasha indique son Dieu, est celle qu'ils emploient dans la formule qui commence leurs prières, qui est : Béni soit Dieu, le Seigneur d'Israël...

Les Falashas nient, comme les autres juifs, la divinité de Jésus et son caractère de Messie, ainsi que le prouve surabondamment le récit suivant, tiré, comme le précédent, du journal du -

(I) Journal do Débats, 6 juillet 1815, p. 3, col. 5.


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missionnaire Gobat (p. 320) : " Ce matin, j'ai eu la visite d'une femme Falasha, qu'on regarde à Gondar comme la reine des boudas ou sorciers. Elle a toute l'activité et tout l'attachement d'une ancienne femme juive pour son peuple et pour la loi.... I l y avait plusieurs personnes à la maison ; un homme qui se croit assez savant a commencé une controverse avec elle, mais elle loi a fermé la bouche. Je n'ai pas cru devoir entrer dans la discussion de peur de m'assimiler aux erreurs des Abyssins; mais quand la juive a été dehors, j'ai fait voir au chrétien qu'il B n'avait été confondu que parce qu'il ne connaît point la parole de Dieu. La juive avait fait an discours sur Jésus-Christ, et je ne l'aurais pas rapporté s'il ne servait à faire voir ce que l'inimitié contre l'oint de l'Éternel invente dans tous les pays du monde, se modifiant selon la diversité des intelligences. Voici quel était le sens de ce discours : la vierge Marie était, dès sa tendre jeunesse, renfermée dans un appartement du temple ou de la synagogue. L'archange Michel, dans tous les temps gardien du temple, vit cette pauvre fille ainsi renfermée, et en eut pitié. Il se transforma en homme et alla habiter avec elle. Quand on s'aperçut qu'elle était enceinte, on la chassa du ' temple. Elle voulut entrer dans une grande maison, mais on la ). chassa encore avec insulte, et comme on la poussait pour l'éloigner de la maison, elle tomba, accoucha de Jésus-Christ au milieu du chemin, et mourut aussitôt après. L'enfant étant . couché tout seul, il vint un grand aigle blanc qui l'emporta. Une grande multitude de gens le voyant ainsi transporté en l'air, furent saisis de crainte et dirent que c'était un Dieu. Depuis lors on l'a appelé Christ (Messie), et on l'a adoré comme un Dieu. "

Comme les paroles avec lesquelles M. Gobat accompagne ce récit font supposer qu'il est d'origine tout à fait falashienne, c'est- à-dire juive, je dois désabuser le lecteur à cet égard, car le fond du discours fait par la femme falasha est entièrement chrétien,ses principales circonstances, étant consignées dans des livres chrétiens, écrits dans les premiers siècles de l'Église. C'est ainsi que, d'après ['Histoire de Joseph, l'époux de Marie, les parents de celle-ci l'amenèrent, dès l'âgc de trois ans, au temple de Jérusalem, où elle resta pendant l'espace de neuf ans (1).

L'Évangile de la Naissance de Maria s'exprime encore plus clairement à cet égard. Il y est dit qu'à l'âge de trois ans, la Vierge fut placée pnr ses parents dans l'enceinte du temple de

(I) Voyez Codicis Beudepigraphi Veteris Talamenti volumen alterum, Joh. Alb. Fabricii, Hamburgi, 1723, p. 315, Historia Josephi fabri lignarii, caput. 3.

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Dieu, pour qu'elle y reçût son éducation avec les filles de son âge. La Vierge, dit le susdit Évangile, avançant en âge, avançait aussi dans les vertus, et, selon le Psalmiste, ses père et mère l'ayant abandonnée, Dieu l'avait recueillie. Chaque jour elle recevait les visites des nnges, chaque jour elle jouissait de la vision divine qui la gardait de tous les maux et la faisait jouir de tous les biens. Parvenue à l'âge de quatorze ans, elle fut renvoyée à sa maison. Dans ces jours , poursuit l'Évangile, c'est-à-dire dans les premiers temps de son arrivée en Galilée, l'ange Gabriel fut expédié vers elle, pour lui faire part de la conception de Dieu, et pour lui exposer la manière et l'ordre de la conception. Entré chez elle, i! remplit sa chambre à coucher, où elle se trouvait, d'une immense clarté, et, en la saluant gracieusement, lui dit : salut, ô Marie, vierge très-acceptée deDieu (AveMaria,viryoDominogratissima), lui annonça qu'elle était destinée à le porter dans son sein, de quelle manière elle devait le concevoir, etc., etc. (1)

Il est évident que ce récit, porté en Abyssinie dans les premiers siècles de-l'Église, par les apôtres de ce pays, est celui-là même qui a dû servir de point d'appui à la fable des falashas, fable qui avait l'avantage de ne point être en désaccord avec les idées juives, comme celle de l'incarnation de Dieu, puisque la Bible parle plusieurs fois d'anges envoyés par Dieu aux hommes sous forme humaine, et qui ne pouvait être entièrement rejetée par les chrétiens, puisque la base même, celle de l'apparition d'un ange à Marie, pour lui annoncer sa grossesse, était un fait qu'ils ne pouvaient pas refuser, même d'après leurs dogmes.

PHILOXÈNE LUZZATTO.

(La suite à un prochain numéro.)

(1) Voyez Codex apocryphus Veteris Testamenti, collectus a Joh. Alb- Fabricio, Hamburgi, 1719 (édit. 2°), Evangelium de Nativitate Mariæ, § VI, p. 26. et $ IX, p. 33.