Utilisateur:LeBret/Lune Ed1657
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a Lune eſtoit en ſon
plein, le Ciel eſtoit
découuert, & neuf heures
du ſoir eſtoient ſonnées,
lors que reuenat de
Clamard pres de Paris (où Monſieur
de Cuigny le fils, qui en eſt Seigneur,
nous auoit regalez pluſieurs de mes
amis & moy) les diuerſes ponſées
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[modifier]que nous donna cette boule de ſafran, nous défrayerent ſur le chemin : De ſorte que les yeux noyez dans ce grand Aſtre, tantoſt l’vn le prenoit pour vne lucarne du Ciel ; tantoſt vn autre aſſeuroit que c’eſtoit la platine où Diane dreſſe les rabas d’Apolon; vn autre, que ce pouuoir bien eſtre le Soleil luy-meſme, qui s’eſtant au ſoir dépoüillé de ſes rayons, regardoit par vn trou ce qu’on faiſoit au monde quand ul n’y eſtoit pas : Et moy, leur dis-ie, qui ſouhaite meſler mes antouſiaſmes aux voſtres, ie croy, ſans m’amuſer aux imaginations pointuës dont vous chatoüillez le temps pou le faire marcher plus vite, que la Lune eſt vn monde comme celuy-cy, à qui le notre ſert de Lune. Quelques vns de la compagnie me regalerent d’vn grand éclat de rire. Ainſi peut-eſtre, leur dis-ie, ſe moque t’on maintenant dan la Lune de quelque autre, qui ſouſtient que ce globe cy eſt vn monde. Mais i’eus beau leur alleguer que pluſieurs grands Hom-