Utilisateur:Lebd/honnert

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SEUL ET MOINS JEUNE...[modifier]

Seul et moins jeune et l’âme plus humaine Dans mon secret je chante à demi-voix; Nul ne m’entend, je connais seul ma peine; J’ai bien changé, que dirais-tu de moi. Une lumière est en moi descendue: Elle a brûlé ce que tu n’aimais pas ; Tant de plaisirs, de jeunesse perdue: Je m'en vais seul, une ombre dans les bras. 3 QE

En er ar—

       O toi ma vie et flamme de ma vie,

Je n’ai rien dit quand je pouvais parler ; Levons les yeux, notre page est finie, Pour voir au ciel les nuages voler.

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                                                     À PEINE ARRIVES-TU...

La saison qui dévêt les bois M’emporte encore loin de toi; Je n’aurai pas vu ton visage; , Tu ne connais plus mon regard ; À peine arrives-tu, je pars; Nous habitons d’autres rivages; Je crois que tu n’en souffres pas; Mais moi je n’ai plus de courage ; Et je sais pourtant qu’il faudra Passerlerestedemonâge À te perdre en de tels voyages Où jamais tu ne me joindras. a dEue == TTL

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                PEU D'IMAGES... ==
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   Peu d'images, mais le bruit De mon sang dans mes artères Vont seuls remplir cette nuit Où je veille solitaire.

La fièvre du souvenir Mebrûledanslesilence, Et je l'écoute grandir En sa nocturne puissance :

Des heures passent sans fruit Dans une morne paresse[modifier]

Où suivre une ombre qui fuit, Est tout ce qui m'intéresse. == LED

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ne TRA du == 2MER

LE VENT TIÈDE[modifier]

Le vent tiède aujourd’hui sentaït déja la mort ; J'écris ; si je n’écris, que fais-je sur la terre ? Lesmotssontdoux ;j'apprendsàvivreseul;toutdort; Ettoi, tu l'as rejoint, celui que tu préfères: Tu parlais ;chaque mot trahissait son pouvoir ; Ton cœur rêvait ailleurs ;tu m’as vu par devoir Et c’est en t’observant que j'ai compris l’absence! Unsourire, des mots, l’heure a vite passé; Tu n'as rien dit de toi ;plus une confidence; Je savais tout jadis, c’est un autre qui sait ; enAD

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                Tu t’enfuyais déjà ;je voulus après l’heure,

Avec un mouvement câlin, comme autrefois Te retenir encor ;mais une autre demeure Joyeuse préparait ton retour et pour moi Et pour nous tu n'avais plus un instant :Lu l’aimes Ainsi que tu m’aimais ;aime-t-il comme j'aime ?

                                    — 15 —

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SUR TES FLANCS NUS...[modifier]

      5 4
       Nesens-tupasquandlecieldort A la fin lourde des journées Sur tes flanes nus brûler encor Nos caresses mal terminées ?

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         Doux corps à qui j'ai renoncé, Est-ce la paix où tu Le plonges. Ou quandle soleil a cessé,

Me désires-tu dans tes songes ? ‘

              Ne te soulèves-tu jamais,

Les yeux vacillants de folie, Pour briser tout ce qui te lie Loin de ce corps que tu aimais ?

SAT ee[modifier]

                           Dans la chaude, la irouble rue

Les yeux abandonnés j'attends ; Toute ma force est disparue ; Je m’appuie aux longs murs brûlanis; Ah! cette angoisse, cette attente, Front incliné, gorge battante, Ces yeux de leurs larmes honteux, Toute cette triste tempête Àpeineamismoncielenfeu Qu’abandonné comme une bête snAO

                 DANS LA CHAUDE, LA TROUBLE RUE...
    Serrant les dents, craquant des os, Je te vois qui pars et t’effaces Tandis que d’une marche lasse Je m’en retourne de nouveau.

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              AMIS, PROTÉGEZ-MOI...

Si je sais maintenant composer mon visage, Si mes yeux inquiets ne me trahissent plus, Si mon cœur clos voit seul s’élancer mes orages Et qu’on parle de moi comme je l’ai voulu, Ah! pourtant, dévoré sous ma paix qu'on admire, Las de couvrir toujours des combats ténéhreux, Quej'aurais done aimé me oondlier ot dire : Anis, protégez-moi quand je me din houroux ! 20

            en|
                                                                             mm 94 2e

== sas C'EST UN ACCENT PLUS DOUX... == C’est un accent plus doux et plus sourd à la fois Que la tristesse donne aux vers que je compose Depuis que pour toujours tu t’éloignes de moi. J'écris toujours des vers, les vers seuls me reposent ; Ilssontdoux;j'aibesoindedouceur; jet'attends. Tuneréviendrasplus,jelesais,etpourtant J'écris pour toi, j'écris pour que tu sois encore Dans ma vie, et qu’un jour, quand tu liras ceci, Tun’évitesdedire:«Iln’avaitpoursouci Que de rester fidèle au seul cœur qu'il adore ;:

Aucun jour n’a passé sans qu’en son souvenir

Mon, ombre n’ait régné ;vivre lui fut pénible ; Maisiln’ajamaisplusmontréqu’unfrontpaisible; Même iltint à l’honneur d'apprendre à l'avenir Combien une infidèle a pu donner de joies. Tant que j'étais présente,il se fût contenté D'un sort modeste, mais afin que chacun voie La grandeur de sa perte et ce qu’il a quitté, On l’a vu désireux des plus belles victoires Car iln’a rien de bas dans son cœur abrité Etpourtoutevengeanceilavoulumagloire». Voilà ce que J'écris doucement cet été, Seul dans cette maison qui nous a, l’autre année L'un et l’autre accueillis ; la course est terminée ; 2 J'écrisdanslesoleiletc’estd’unmême choc Quelavaguebrillanteéclatesurlesrocs; Le temps calme mon cœur ;lamer brunit mes joues ; Des enfants demi-nus creusent le sable et jouent : Lesbarquesdes pêcheursdéjàsortentdu port Œ es p j ) La marée en montant se joint à leurs efforts J Et le vent, engouftré dans leurs sombres mâtures, Les pousse vers le large et vers les aventures. _ 99 — == Rtenus QUE CE VENT ORAGEUX... Que ce vent orageux qui se déchire aux pins == Te rappelle ce soir mon âme dévorante; Nemecroispassurtoutsijeteladépeins, Lasdetoujoursmeplaindre,heureuse,indifférente: Tu l’as connue assez du temps que tu m’aimais Pour savoir qu'avant tout c’est la paix qu’elle haït; Mais toi, qui ne vis pas au milieu des orages : Dès qu’il semble calmé, tu crois vrai mon visage. LA È DRE

COMME JE TAIMAIS MAL[modifier]

Commejet’aimaismalquandjet’aimais;jevois À quel point te cherchant je ne trouvais que moi: Je ne m'inventais pas :je t’ai vite lassée; Jememontraissisûrdetoncœurquejet’ai, Entel’affirmanttrop,àlalongueblessée, Je parlais ;je n’ai pas assez su t’écouter.. BDLE

Le2

a 25e, A LA MER Je viens auprès de toi continuer le rêve Dont l’invisible maille emprisonne mes.jours; Je repose aujourd’hui sur le sel de tes grèves, Et suis, les yeux fermés, la même ombre d'amour, Qui ne cesse jamais de verser comme un astre Son obscure lumière au ciel de mon destin. Si j'ai pu, près de toi réêvant tant de matins, Suivre d’un œil distrait tes jeux et tes désastres, Insaisissable mer, ne t’en offense pas. Tu roules comme moi tes secrets en silence; — 25 — | À LanGE À

Les hommes anxieux en vain portent leurs pas Surle sable facile où l’écumé s’élance ;

Is écoutent en vain ton bruit et ta cadence Etfixent leurs regards en vain sur l’horizon: Ta déroute éternelle échappe à leur raison, Ton esprit consumé se meut loin de leurs songes. Laisse-moi donc chérir d’un cœur inattéentif, Bercé par les reflux et par les flux plaintifs, Les longs rêves muets que j'aime et qui me rongent; Assez d’autres rendront l'hommage qu’on te doit, Laïsse-moi te quitter et me poursuivre en moi. == SZ ENIVRÉ DE RUISSEAUX... == Enivré de ruisseaux, de vagues et de barques, Mon regard lentement se tourne vers mon cœur Pour y voir s’eflacer les douloureuses marques. __ Maïs non, carje n’écoute au milieu des vapeurs, O vagues, vos chansons que pour y mieux entendre Une lointaine voix qui ne résonne plus, Et je n'ai désiré sur la grève m'étendre, Entré les mille bras des flux et desreflux, Que pour mieux te nourrir, ma chair abandonnée, Au mirage brûlent d’une autre destinée. | pi | ESSè Rs == meER MAIS UNE TÊTE BRUNE... == Je songe que j'avais montré peu d’exigence Lorsque j'avais vingt ans, Et malgré mes efforts, même cette humble chance N'a pas duré longtemps. Plus que la gloire alors et plus que la fortune Je ne voulais vraiment, Auprès de toi perdu dans les ombres communes Que vivre ton amant. —98

Je méprisais alors tous les bruits de la terre Que je cherche aujourd’hui,
Et n’imaginais pas qu’en un art volontaire On pût chercher l’oubli.

Mais une tête brune entre mes mains posée Etait tout mon bonheur ; Ses yeux avaient alors un éclat de rosée; Je sentais sa chaleur. J’écoutais longuement sur ses lèvres mouvantes Comme un lointain appel Et la paix succédait aux soudaines tourmentes Qui brûlaient notre ciel. Etla sombre couleur des paupières baissées Me troublait sourdement Et pâle tu rêvais, contre mes reins glissée, Sans faire un mouvement ; Parfois une lueur entre tes cils parue Me venait caresser; Parfois un léger bruit s’élevait de la rue Pour aussitôt cesser ; ilag

[it nous sentions sur nous la fatale envolée D'on ne sait quoi de grand,

Et nos formes d’un jour s’abattaient emmêlées Ainsi que deux torrents. ag

> £ BisnsioD0,0TNnnme

O LIEUX D’AMOUR... O lieux d'amour, d’où l'amour s’est enfui, Me voici seul dans les odeurs marines ; Je vois glisser aux abords de la nuit Sous le ciel clair les voiles qui s’inclinent; Et les yeux las attachés sur la mer Où chaque flot expire et recommence, Je m’abandonne à l'éternel silence Qui sourdement gonfle mon cœur amer. euAU |

UN CRI, UN SEUL...

Uncri,unseul— non,tun’entendraispas. Nuit, sombre lac, j’erre sur vos rivages; Les flots obscurs s’y lamentent tout bas. Ah !que vos chants soient calmes ou sauvages, Qu'importe à l’homme en son mortel voyage, Sitôtoutardilvoittoujoursauloin Sur l’autre bord fondre le seul visage Qu'il chérissait et ne reverra point.

EN REVOYANT TES YEUX SANS TREMBLER...[modifier]

En revoyant tes yeux sans trembler, j'ai compris Ce que c’est que la vie humaine Et sur quel flot rapide, en dépit de nos cris, La sourde barque nous entraîne Et glisse, en un élan qui ne peut s’attarder. Les villes, les monts, les ramures Echappent à nos yeux, à peine regardés; Un coup de rame, l’eau murmure; Et de nouveau, jaillis du fond de l’horizon Flambent les hautes cathédrales, Laee | H' \RÀeDereenonsneemirPSPRTERRERS*SEREREPENENTEPSERSESRREEE

Lesjardinsombragésetlescalmesmaisons; La barque plus vite dévale,

Etdéjàlaisseauloinlerivageet lejour Inondés de joyeux aromes Oùj'avaisenpassantdésirépourtoujours D’échouer mon vaisseau fantôme. DE

SR[modifier]

] 1 | MAIS J'ABORDERAI SEUL... Et lentement porté dans l’ombre et la lumière, Le visage incliné je vais à mon destin Sans savoir de quel ciel mes pesantes paupières Découvriront les feux à mon dernier matin. J'avais longtemps rêvé qu’un unique visage M’apparaîtrait encore au delà du tombeau ; Mais j’aborderai seul nos rivages nouveaux; Et le temps, quiternit nos plus chères images, A sur ces sombres traits si bien posé ses doigts Que je reste muet quand je les entrevois. — 25 naines sf

À TRAVERS TOUT, DE BONNE HUMEUR...

À travers tout, de bonne humeur, Je vais, je ris et je m'amuse ; Je feins d’avoir changé mon cœur ; Le monde se prend à mes ruses, Et j'y veux croire aveuglément Quoique dans l’ombre je mesure De quelle subtile blessure Meurt l’âme à chaque apaisement.

TES YEUX, TES SOMBRES YEUX...

Tout a glissé, les mois, les prières, les cris, Les saisons et les aventures; En proie au même amour et toujours plus meurtri, Je n’ai pu changer ma nature. Tes yeux, tes sombres yeux gardentseuls le pouvoir, Quandilesttantd’amoursaumonde, D'éveiller à la fois la détresse et l’espoir Dans mon âme la plus profonde. Et prisonnier je vois autour de ma prison Battre le vol des jours stériles Qui dirigent vers moi des bords de l’horizon Leurs aïles mortes et tranquilles. Hip ie

J'AI DÉSIRÉ LA MORT, CE SOIR...

J'ai désiré la mort, ce soir, l’as-tu senti ? La nuit était voilée, harmonieuse et douce; À peine un air léger glissait-il sur les mousses; Sous les phares d’autos et les oiseaux de nuit Les amants aux yeux lourds suivaient les avenues; Je passais lentement et leurs voix se sont tues; Les lacs luisaient au loin, et les sentiers du soir Sous l'étrange clarté des globes électriques De longsreflets laiteux doublaient leurs rameaux noirs Et l’air muet, chargé de fièvre et de musique, LR Le

Dans mes membres déserts jouait avec mon sang, Et dans cette heure trouble où l’âme se délivre, Jesentaisquel’amourmêmelepluspuissant

Pour la seconde fois me laisserait moins ivre. C’est alors que perdu dans ce soir de juillet, Si loin déjà de l'heure où mon bonheur brillait, J’ai compris malgré moi par quel sombre mystère, Quand on marche si seul, désaccordé. si las, Ondésireforcerlesportesdelaterre Et plonger dans la paix d’où l’on ne revient pas. ZE

QUAND JE DEVRAI MOURIR...[modifier]

Quand je devrai mourir, je veux que tu reviennes. L'image que je veux emporter d’ici-bas, Après avoir souffert dans l’ombre, c’est la tienne j Tous mes amis feront silence ; alors ton pas Frappéra mon oreille ;au milieu de la porte, Je te verrai debout, tu n’auras pas changé, Les autres s’en iront comme des étrangers ; Etmoijetrouverai,dansma chairbientôtmorte, Assez de force encor pour soulever les yeux Et sourire;un instant je me sentirai mieux: Lg2

Sans doute à mon côté pleureras-tu penchée: Je te consolerai ; tu ne t’enfuiras plus ;

Je te raconterai ce que tu n’as pas su : Ton âme sera douce et, peut-être touchée; Tun’empêcherasplusquejeprennetamain, — J'avaistropcraintlamort:rienneserafunèbre, Et même mon visage, à cause des ténèbres, Rayonnera toujours de son éclat humain ; Tuferas un effort ;tu parleras de vie : J'écouterai ta voix, tu parleras d’espoir ; Bientôtjesentiraimapaupièrealourdie; Je t’entendrai pleurer ;ce sera près du soir “ Et Dieu, qui ne laura jamais rendue heureuse, Détachera de moi mon âme douloureuse. 1926. CRSAD RE,mp ER 2.* NTRE à Lu

J'ÉCRIVAIS AUTREFOIS...[modifier]

J’écrivais autrefois dans un jour de douleur: Quand je devrai mourir je veux que tu reviennes, Et voilà qu’aujourd’hui cette plainte ancienne N’éveille même plus un écho dans mon cœur. S'ilnetenaitqu’àmoidetefaireapparaître Et de recommencer notre cruel passé, Si l’amour d’autrefois pouvait encor renaître, Si trois ans de douleurs se laissaient effacer, Urois-moi, je me clouerais les bras sur la poitrine Plutôt que de refaire un appel insensé ; Ag

Même siton image était aussi divine, Mêmesitondouxcorpsmetenaitembrassé.

Non, rentre dans cette ombre immobile et profonde Où le bruit de tes pas a longtemps retenti; Tu m'as trop laissé seul parmi l'immense monde; La douleur est usée et l’amour est parti. Avec l'amour j'ai vu s’enfuir bien d’autres choses. L'enfant fidèle et doux que je serais encor; Son cadavre est enfoui sous de lointaines roses: Paix à ce qui n’est plus ;respect à ce qui dort| Maispuisquec’estlaloidetraverserlavie Avec le cœur désert et les deux poings fermés, Et puisque entre les corps que nous aurions aimés L'un est notre ennemi et l’autre nous oublie, Ne nous acharnons plus à poursuivre l’amour; Assez de jeunes corps viennent s’offrir en proie, Les doux seins inconnus recèlent trop de joie ; On n’aime qu’unefois, on peut jouir toujours. 1929. A0ge, . a

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AVANT TOUT, J'AI DU PUR LANGAGE... | A M. André Bellessort. Avant tout, j'ai du pur langage Toujours chéri la dureté Et reconnu dès mon jeune âge Les mystères de la clarté. il Dans mon ciel je veux pour étoile Le mot juste seul triomphant; Les auteurs ceints d’un triple voile Dès aujourd’hui vont s’étouffant. — 47 —

Je veux des mots et des cadences Si clairs que tous à demi-voix, Les retrouvent dans leur silence, En oubliant qu’ils sont de moi.

Je veux, surgi hors des ramures Comme un elfe rapide et bon, Montrer du doigt la source pure Et fuir dans l’air d’un léger bond. ARE == À M. Gaston Gallimard. CES VERS IMPURS... == Ces vers impurs qu'après chaque pensée Je laisse en héritage au temps, Seront la proie infime et dispersée De coquillages miroitants, De varechs pourpres, d'algues rousses, De ruisselets salés ét clairs Éparpillés entre les mousses, Alors que, fille de la mer, La lourde vague verte et grise Roulant avec tous ses éclairs S’écrase au loin hors de la prise. Ü Le 40 LT

IL VAUT PEUT-ÊTRE MIEUX...

A André Fraigneau. Ilvaut peut-être mieux que dans ma sombre vie Rien n’ait duré De ce que je voulais avec le plus d'envie Me procurer. J'aurais peut-être omis d’alimenter la flamme De mon destin; O sort, qui mieux que moi sais gouverner mon âme, Tu m'as atteint Afin de préserver ma gloire véritable ;: Car sans effort, sage

Une œuvre s’engloutit à l'instant redoutable Qui suit la mort.

Mais quel ardent orgueil ou quelle confiance Ne faut-il pas Pour se mettre à chanter au milieu du silence Quand tout s’en va ? NW2 == DANS LES OMBRES DE MA RAISON... A Maurice Bayen. == Dans les ombres de ma raison Queldieumurmureetm’encourage? Ma pensée est comme l’image D’une pensée encor plus sage Qui luit derrière l'horizon. La sourde voix qui me conseille Dira le mot essentiel, Car c’est au bord obscur du ciel Que je recueille tout mon muel Sans jamais voir glisser l’abeille. La

JE NE CHOISIRAI PAS...[modifier]

À M. Charles-Henry Hirsch. Je ne choisirai pas pour modèles ces vers Qui pour tout charme n’ont que d’étranges images ; Ils perdent leur secret, le livre à peine ouvert : La Muse que je sers vit sur d’autres rivages; Je sais qu’on peut troubler à force de clarté Et que les ruisseaux purs ont le plus de mystère ; J'évite les récifs, dans les flots projetés, Qui rompent un courant limpide, et je préfère Laisser par le seul jeu de l’ombre et des reflets Sous les yeux attentifs l’enchantement se faire. meDe à

ààamineàRe:

N'ÉCOUTE PLUS LE BRUIT DES MOTS... À André David. N’écoute plus le bruit des mots, mais sens l’ardeur Qui roule sourdement à l’abri de ces pages; Avance-toi sans crainte :au début nulle image Ne surprendra tes yeux, et même la couleur En sera d’abord grise :uneligne légère, Une ombre, m'ont toujours suffi pour tout fixer. Mais si sur chaque page, ainsi qu’une étrangère Tu laisses ton regard avec ennui glisser Lt songes que bientôt tu fermeras le livre D'uncœurégaletlentcommetul’asouvert; 2Né

Tutetrompes: n’as-tu,durantlesnuitsdegivre, Jamais surpris soudain dans ton foyer d’hiver, Alors que nonchalant près des cendres paisibles Tu veilles sans danger, une flammeflexible Etsanglantequifuseetcouronnelefeu

Et tout à coup te force à détournerles yeux ? aUS == MON CŒUR DEMEURE OBSCUR... À Jean Cocteau. == Mon cœur demeure obseur si ma phrase est limpide ; J'aime que la clarté baigne mes flots sans ride; Que des chants ingénus s'élèvent de mes eaux Et qu’une brise pure incline mes roseaux ; Mais malheur au passant esclave de ces charmes Quisurmarivedortsansprudenceetsansarmes, La fièvre sourde et lente erre à travers les vents Monlitsecreuseetchangeetmesbordssontmouvants, LME NE

MEMEQUANDJELAFUIS,

MA GRANDEUR ME TOURMENTE... A Madame Aurel. Même quand je la fuis, ma grandeur me tourmente; Delacollineenvainjeveuxposermesyeux Sur les ruisseaux, les bois, les avoines dormantes, Je m’évade aussitôt de ces modesteslieux : Je respire, je vis et j'aime sur la terre; Jem'yveuxattacher,jefaistoutdemonmieux; Mais ce n’est point par là que se vit mon mystère ; Il n’admet pour abri que des lieux désolés, Reconnus seulement par des héros ailés Etmême sijeveuxjen’enpourraiparler, Car le sort de quiconque y désire voler Est d’abord de brûler ici-bas solitaire. ENT

é *

A PEINE APPARUS... À M. Paul Reynaud. À peine apparus nous glissons Entre les hommes de la terre; Nos formes scintillent, légères, Un éclair entre deux buissons, Et ce sont les plus passagères Qui laissent le plus de chansons. su BR ce Î sf 4 3 % i

2:

LES SIÈCLES QUI VIENDRONT... A Jacques Chabannes. Je suis semblable au fleuve à travers la montagne Qui ne peut dansles rocs épanouïir son cours ; Je m’élance, mais mal, mon tourment m’accompagne, Et je ne vois au loin que le désert des jours. Nul regard amoureux n'ira sur cette page S'assurer doucement que j'ai fait des progrès; La foule même ignore et mon nom et mon âge, Je marche sans appui, je travaille en secret. suME nm62 0 A a+Realoi Le 2e 2. D”

ont m'offrent tout mon refuge ; je les choisis pour juges ;

Les siècles qui viendr Je les veux pour amis, Ils nous pèseront tous, et de loin nous verrons Quipouvaitdulauriersecouronnerlefront.

OUI, JE SAIS CE QUE JE PEUX...

| Oui, je sais ce que je peux ; 3 À { 11 A fi 11} 41 | 1| À 3 4 4 1 1KR Î Maistoutcequ’ilme fautdire Nesepourrabientraduire {|| Quesil’onmerendheureux. De ma pure intelligence Je n’attends pas de secours Et ce n’est que dans l’amour Que je trouve ma puissance. — 61 — 4 | | 1 !

{

î { { { == M Te Be. == ‘ Û é d / “: Je ne vis que lorsque j'aime ; J'interroge l'avenir ; Qui, sachant me retenir, Viendra me rendre à moi-même ? Fi Se perdre tant de journées Oùma vieabandonnée Ne connaît qu’ombres ou pleurs. Ps Aussivois-jeaveedouleur

POÈME, O FILS DE LA PRIÈRE... î

itsMr A Mlle J. Douillard. Poème, à fils de la prière, Quand tu parais dans ta lumière Comment pourrais-je être orgueilleux ? Tu viens de Dieu, tu vas à Dieu. Quand les derniers mots sont écrits, Si le poète sait se taire, La route est ouverte à l’esprit Qui veut échapper à la terre. ia ESS ALtimge2ePsHg Pt neni2 == Et l'âme dans sa vérité Déjà transperce la matière Qui composait une frontière Entre elle et son éternité.

MES VERS NE CROYEZ PAS...

À Frédéric Lefèvre. == Mes vers, ne croyez pas que je vous abandonne: Je souffre du silence où je suis condamné; Tout arrête ma plume et pourtant je suis né Pourvous; letempstoujoursm'estdérobé;l'automne Va commencer demain, qu’ai-je faitde l’été ? Je vais de soir en soir, poursuivant le silence ; De soir en soir, il fuit, par les bruits écarté. Devrai-je donc toujours, sans gloire et sans défense, Poursuivre obscurément d’inutiles efforts, Me serais-je trompé dès le seuil de l’enfance Etdois-jeàmondestinmêlerl’ombredelamort? me

MUSE[modifier]

Toujours tu gardesta douceur; Las de tout, ta me plais encore, Et toi seule, Ô paisible sœur, Un instant calme la douleur Auxplisdetonmanteausonore. Tu ne viens plus me voir souvent; Je t'aime encor, tu m’abandonnes, Selon l'usage des vivants: Et je résiste seul aux vents Au désespoir et à l'automne.

ttà[modifier]

Gomm+ O POÈME, O REFUGE... L ot À Mme laComtesse A. de Chabannes La Palice. / O poème, à refuge, Ô bois silencieux Dont j'entends aujourd’hui courir les mille sources, Ta mouvante clarté seule est douce à mes yeux | Et ta mousse profonde offre seule à mes courses Uné ombre de douceur où tromper mon corps las ; Et lorsque au vent du soir nous poursuivons nos pas, Quand la vaine espérance est tremblante dans l’âme Et que les yeux perdus nous regardons au loin, | Écho de notre appel, lueur de notre flamme, O poème, c'est toi qui nous trompes le moins. LL RE 2

POUR PEU QU'APRÈS MA MORT...[modifier]

ÀMmelaComtesseJeandePange. Pour peu qu'après ma mort on songe à mon destin, On n’y trouvera pasde quoitenterl’envie:

y J'aurai deviné plus qu’atteint Ce qu’ilfautconquérir pourunebellevie: q ; J'aurai,sansêtregrand,mesuréla grandeur: ?. & Etsuce qu’estaimeralors quenulnem’aime2 Et, n'ayant révélé mes secrets qu’à moi-même, J'aurai dû parcourir comme un vain enchanteur Cet univers aux mille routes, Seul, toujours seul;-sans qu’on m’écoute.. (2/48 2

A Jacques Maritain.[modifier]

— Doncàl’affûtd’uneuniquebeauté, Toute mon œuvre est un guet dans la brume. T'ai-je saisie, Ô lointaine clarté, { | | | | Quidansmoncieldenuitennuitt’allumes? | Douce clarté, je ne sais rien de toi; LE08 | DONC A L’AFFUT D'UNE UNIQUE BEAUTÉ... Monpouvoirmeurtsijeveuxtedécrire; Ton existence ou ton ardeur à luire, Étoile unique, est tout ce que je vois ; Et je le vois à des heures étranges L Que sur mon gré je ne puis rappeler; | |

Lors l’âme vole et les feux se mélangent: Tout l’univers pour ces instants aïlés. Mais retombé de ces brusques batailles, Le sol humain me recueille ébloui; L’ange qui part est de trop hautetaille, Je suis brisé quand je lutte avec lui. Pourtant je l’aime et le guette, fidèle,

Je chante seul et j’aspire à l'instant Où fugitif, en sa flamme éternelle, Au vol atteint par mes doigts hésitants, Esprit et corps, l’immuable modèle, Rien qu’un éclair à mes yeux se révèle, Avant de fuir dans les gouffres du temps. LL

RIEN D'AUTRE ;SUR MON LIT JE NE VEUX QUE DES VERS...

Riend’autre:surmonlitJ;eneveuxquedesvers; Venez vous y poser, ô brûlantes abeilles; Que par onde jailli des feuillets entr’ééerlé, Votre bourdonnement adoucisse mes veilles. — Voicisurlesdrapsclairs,apportésauhasard, Racine, Du Bellay, Madame de Noailles; Voici Villon, Chénier, Vigny, voici Ronsard » On a pu 7 Slanger les siècles et les tailles Au point qu’en les voyant j'ai souri tout d’abord. Mais voici que soudain s’élèvent les murmures, A Mlle Suzanne Tromeur. Le=

Que tout l'étrange chœur grandit, se transfigure, Et que je n’entends plus qu’un surprenant accord Des poètes chantant avec leur voix de France. Sur vos lèvres les mots, les tendres mots français,

Si transparents, si purs, de si douce apparence, Dégagent, au milieu de vos divers succès, Une telle lumière, un si merveilleux charme Qu’ivred’amourjerisetjeversedeslarmes En songeant que j’aurai peut-être le bonheur, Sij'oseme fierauxespoirsdemon âge, Puisque je parle aussi votre divin langage, D’ajouter une voix aux voix de votre chœur. PEEn7|PENTERRE Pr

JOURS[modifier]

/ en = RE REencr

O TEMPS QUE J'AI CONNU... F[modifier]

Otempsquej'aiconnudansmaprimejeunesse, Si lent à fuir, Ô témps dont jai maudit alors Le cours si sage, arrête !Ah, qu'est-ce qui te presse, ’étais fou de vouloir ta fuite ; quel effort, Quels cris te suspendront dans ta rude vitesse, O temps qui sans pitié nous ravis aux caressés Et qui si promptement nous jettes dans la mort? usAD

À Robert Sébastien.[modifier]

Mon cœur percé. TOES LE JOUR N’EST QUE SILENCE... Lejourn’estquesilenceetl’âmen’estquefeu ; La vie à l’ombre dort :l'oiseau suspend ses jeux; Alors je vais farouche et baissant la paupière, D'’espérance étourdi, de mystère oppressé, Et je sens d’un long trait d’angoisse et de lumière == O MA CHAIR DE VINGT ANS ROSÉE... À ma mère. == O ma chairdevingtansrosée, Si mêlée avec l'univers, O compagne de la rosée, Mouvante sœur des rameaux verts; Toi qui dans ton sang pur recèles Toute l’ardeur universelle, Omoncorpsdontleslargesbras Comme une ceinture profonde Tournent autour desfleurs du monde, Est-ce donc vrai, tu périras? Lier

4 |\ TaEEBE272 4 a RMS

O matin doré, je ris, j'aime,

Que mes jeunes membres sont beaux! — Mais les morts sous les chrysanthèmes, N’en glissent pas moins au tombeau ; Le vent chasse, le vent rapproche Le terrible glas de vos cloches, Et sur le bois luisant jeté, Chaque sonore grain de sable Rappelle à la chair périssable L’inévitable vérité! À ces mots sourds, à ces images, Frémissant je serre les poings; Je lutte avec les jours et l’âge, Ils volent, je ne les tiens point: Mais si dans l’ombre où vont mes pères Vousmenoyez,flotsdelaterre, Je veux du moins que nul d’entre eux Du gouffre triste de ses mœælles N’ait fait jaillir jusqu'aux étoiles Un hurlement plus douloureux. Dans un bruit de tempête et d'ailes, Poème, viens à mon secours; J’ai soif de cris et d’étincelles, J'ai soif de feu, j’ai soif de jour ; PEL ——

7

Isolé sur la chaude grève, J’étouffe d’un excès de rêves Et comme sur l'éclair des flots, Les lumineuses mouettes volent, Je laisse battre mes paroles Entre l’écume des sanglots. Et plus que les déshérités, Je me promène tourmenté Ayant pour sœur la mer dorée Qui, sans connaître son pareil, N'est que le miroir du soleil Et la captive des marées.

JE SUIS LE VIN NOUVEAU...[modifier]

Je suis le vin nouveau, triste au cœur des barriques, Qui gémit sourdement dans l'ombre du cellier À l'heure printanière où de troubles musiques Sur les pas du printemps montent dansles halliers. Assezd’un long hiver pour mûrir ma puissance! Sur la douve moussue assez de cercles durs! Que le vin d’aujourd’hui dans la coupe s’élance Et que son libre feu bondisse dans l’azur! 00 Le == deSEie PETITEPPT == Ab, qu’une lèvre rouge ait goûté son écume. Qu'un corps voluptueux ait chéri son ardeur Avant que les saisons de silence et de brume Ne lui viennent ravir cette brûlante fleur!

UNE BRUME NOUVELLE...[modifier]

Une brume nouvelle enveloppe mon cœur; Je ne sais quels cristaux lourds s’y forment ;la terre Et le flot des désirs s’écoulent sans me plaire; J’incline mon front las sous un ciel sans couleur Et vois au loin glisser dans la lumière blanche Le cortège muet des ombres du dimanche.

| AUTREFOIS, JE COURAIS A TRAVERS LES PRAIRIES...

| | | | Autrefois, je courais à travers les prairies; Le ciel lustrait les peupliers É N | Je ne songeais à rien, je jouais dans les sources, Je me contentais d’être heureux, | | | J'étais pris tout entier par l’ardeur de mes courses Et la fatigue de mes jeux. Et le vent qui descend des collinesfleuries Avait l'odeur des espaliers : Commetoutestchangé!Ilfautdechaquegeste Prévoirles cercles de remous; LS

| | |

Nosappels,nosespoirs,nosdiscoursmêmerestent Et servent d’armes contre nous. La famille au regard trop tendre est remplacée Par la file des noirs guetteurs Qui du moindre abandon de notre âme blessée S'empare et pousse des clameurs. == RSR TROUBLE JEUNESSE... == Trouble jeunesse, Ô secret des aurorés, Tout a passé, je te possède encore. Couleur du ciel, un vol de mots légers Font et défont l’histoire de mon âme ; Et d’un œil calme, à moi-même étranger, Je vois s’inscrire entre l’ombre et la flamme, Indéchiffrable et pourtant obstiné, Ce sourd récit à Dieu seul destiné. == O CAPTIVE SECRÈTE... A M. Pierre de Nolhac. == O captive secrète et douce dans tes larmes, Mon âme, l'esclavage est le fardeau d’un jour ; Courage, tu t'en vas vers la paix sans retour ; L'ange des grands départs t'offre déjà ses charmes. Par toi-même blessée et toujours par tes armes, Tucroisrépandreenvainlebeausangdel’amour; Tu fuisetcroisfuirseuleentesmilledétours, La distance du ciel augmente tes alarmes; — 9 — +

RE[modifier]

Mais ne vois-tu déjà derrière l'horizon Émerger le soleil des amours éternelles Qui vient blanchir les murs de la triste maïson ? N’entends-tu pas déjà parmi les étincelles Gémir le vent du large aux souffles embaumés Qui porte jusqu’à Dieu ceux qui ont trop aimé. 2Rs20ebananema + Li QT ui

SUR MON CORPS DÉLAISSÉ...[modifier]

Sur mon corps délaissé s’acharne le printemps Et je fuis, au travers des ardentes Journées ; Seuls d’obscurs souvenirs en mon cœur hésitant Se déroulent encore et j'aime ces nuées; Elles sont mon seul jeu ;je m'y livre en secret ; Et je m’obstine encore à suivre d’heure en heure Une ombre de plaisir au milieu des regrets. Amour, passant perdu, ton image demeure ; Mais dans le long sentier que tes pas ont tracé, Une seconde fois te revoit-on passer ? LuPR

> FeS

‘ J'ai peur qu'un sourd espoir malgré moi ne renaisse ; Vivrais-je encore én proie à l’avide Jeunesse Qui des pires douleurs compose sa santé ? Ab,c’estelle!Jevoiscommehiersonvisage, J'entends grandir le bruit de son pas enchanté ; Me voici rejeté sur son fatal passage, Etles bras étendus je retombe à genoux : « Ô jeunesse, sois-moi cette fois favorable; À l'enfant incertain que ton retour soit doux ! Tu sais, tu sais assez que je suis vulnérable, Qu'un triomphe déjà suffise à ton orgueil! Mets tes mains sur mon front, adoucis ton accueil; Laisse un plus tendre feu briller dans ta prunelle ; Éclatante toujours, sois aussi maternelle, Puisquejesuissoumiscommetupeuxlevoir, Puisque je viens t’attendre au détour de l'allée Et n'ai d’autre désir que de pleurer ce soir Auprès de tes beaux flancs dans ma chambre étoilée. » Sens =, LH QQ ss

PLUS RAPIDE BAT L'HORLOGE...[modifier]

Plus rapide bat l’horloge, Plus traîtres s’enfuient les jours, Et tremblant je m'interroge : « Quel visage, quel amour Dans l’ombre vont apparaître ? Quand luiront à ma fenêtre Ces yeux troubles que j'attends Dans l'ivresse du printemps ? » — Puisquemalgrémasouffrance Et malgré ton abandon, \| 90

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Voici que je recommence À poursuivre d’autres dons; De nouveau pris par la ronde Qu’à travers tous les chemins Vient dérouler sur le monde Le désespoir des humains. a LL k

L'ILE TRISTAN[modifier]

A Mme Colle-Adorjan. Le vent du large a chassé les nuages, Mais les douleurs, quand les chassera-t-il ? Et quel esquif, en ses rouges cordages, Saura me rendre un espoir juvénil ? O mer paisible et pourtant tourmentée, J’aime songer au bord desflots nouveaux ; Et longuement je vois l’île enchantée Où dans ses bras Tristan reçut des eaux Iseult penchée à l'avant du vaisseau ; Muets tous deux, sombres, brûlants et tendres, Ne formant plus qu’une flamme et qu’un corps, Et quand viendront les souffles de la mort, Se rejoignant dans une même cendre. “ssOui

pe[modifier]

4 : / an AINSI COMME UN PASSAGER.. Ainsi, comme un passager, Dans chaque maison humaine, À peine ai-je pu songer Que déjà l'heure prochaine Me contraint de repartir Vers une autre destinée; Et mon âme exténuée Aspire au doux avenir Où, par les anges menée, Loin des mois et des années, Elle pourra se blottir Dans la demeure étonnée, Que nul vent ne faitfléchir. Mau == E f fl Ne == |nu: NOURRI D'ESPACE ET DE VENT... Nourri d’espace et de vent Je melivre à la nature ‘Qui referme ma blessure À chaque soleil levant ; Je soupire sur le sable, Je m’endors, j'ouvre les bras ; Cequisembleirréparable Un beau matin s’oubliera; Mais pour ce trait de lumière Qui jadis m’a déchiré, is94:

ÀmrPmeorremCr[modifier]

Mêmeenfermantlespaupières Je sais que je le verrai; Et je berce ma tristesse, En imaginant ce ciel Qui centuple la jeunesse Dans un amour éternel. == ÀMmeLeFerdelaMotte. VOICI TOUS LES GLAIEULS... == Voici tous les glaïeuls du jardin sur l'autel. Je sais par quelle main vigilante, au parterre Qui borde le manoir, ils furent pour Vous plaire Soigneusement coupés :neigeux ou pourpres, tels Qu’après avoir fleuri le salut, ils demeurent Epanouis et droits pour éclairer encor La messe du matin. La main, durant des heures, À dans les vases bleus où courent des fils d’or Redressé chaque tige et lustré chaque feuille ; I faut que pour Vous brille un logement parfait di 0G nd sion

QuandVousviendrezsouscetoitclairquiVousaccueille, Etsurlelingeblancdevotreautel,onmet

Les vases lumineux et leur moisson humide Dont la clarté marine exalte les couleurs. Pour moi je ne pourrai, secouant mes mains vides, Que murmurer des vers le soir entre vos fleurs, A l’heure où sous un ciel plein de Votre présence, Quand la mer chante au loin et que la maison dort, Les poèmes légers dans l’espace s’élancent Et montent s’enrouler à votre trône d’or. Le Ris, août 1926.

LE CIMETIÈRE DE TRÉBOUL[modifier]

À Mme laPrincesseHenridePolignac, Aupieddupinfunèbreerreleflotmarin; La descente est légère et rose le terrain ; Dans leurs fidèles bras serrantles véroniques Les veuves au soleil déposent lentement Deleurgesteéternelsurlegrésgaélique Leur fragile moisson couleur du firmament : Un silence d'oiseaux et de tremblants feuillages, Une brise enfantine, une tendreclarté Impriment dans le tempsleur lumineux sillage ; Le golfe au mille fleurs meurt de sérénité. LR

ÉCRIT A PANGE[modifier]

À M. le Comte Jean de Pange. # Quand j'entr'ouvris mes yeux aux brumes de l’aurore, Les fantômes flottaient encore entre mes bras, Je parcourus sans bruit, le regard lourd encore, La chambre gris delin où tremble chaque pas. Etlentementjemeglissaiversl’aubedouce. Sous le soleil naissant commençait à briller, En ses eaux sans remous près du perron rouillé, La Nied, verte, sans voix, entre ses lentes mousses, ses nénuphars jaunis et ses calmes roseaux, Berçant, sur les reflets immobiles des eaux, 21@9Q

TSTes[modifier]

Æ IT — 100 — Leur longue feuille aiguë et leur couronne rousse ; Plus loin, sur l’autre bord, c’est vous, étrange pré, De rosée éclatant et d’arbres entouré, Qui vousélargissez en un cercle tranquille, Où meurent doucement les vapeurs de la nuit ; Où debout à l’orée en un geste immobile; Un marbre blanc semble sortir du bois jauni ; Oui, c’est vous, large pré pâle et mélancolique Que l’automnelégère a fleuri de colchiques, C’est vous que, longuement, à l’heure du départ, Je viens revoir avec les gerbes de vos rêves ; De vous, le temps fatal, le temps déjà m’enlève: Maïs vos pures couleurs restent dans mon regard ; Elles seront longtemps chères à mes fantômes; Ils aimeront longtemps errer sur votre chaume Et,parlantàmi-voixcommeilsparlentausoir, Glisser dans l’air de la fleur mauvé au lent flot noir. J’ai vu les formes légères Que le soleil du matin Soulève entre la lumière Et les brumes du lointain.

Filles d’une songerie

Que de l’aurore à la nuit Toute l'étrange prairie Dans le silence poursuit ; Blanc cortège qui des arbres Se déroule dans le pré, Hésite autour des vieux marbres Et fond dans le ciel doré. À quel cœur pur et tranquille, O fantômes effacés, Demandez-vous un asile Lorsque vous disparaissez ? Pr Vous y glissez, tels les feuilles Sur un gazon jaune et doux, À ce cœur qui vous accueille, Fantômes, qu’apportez-vous ? Au jeu de quelles images Avez-vous su l’enchanter Pour donner à son visage Untelairdefixité? — 101 —

De quelle famille d’anges Etes-vous, vous qui naîtrez

De ces doux brouillards que Pange y Voit mourir sur ses grands prés.

IL EST DES HEURES DE SILENCE...[modifier]

Il est des heures desilence Oùlatêteinclinéeetlesyeuxentr'ouverts Je suis le royaume où s’élancent Tous les désirs obscurs épars dans l'univers; À toutes ces forces sans nombre Qui cherchent sourdement un poète et des vers ‘ Pour les tirer hors de leur ombre, Je tends mes jeunes mains, je propose ma voix,, Car à ces anges misérables Qui donc voudrait, si ce n’est moi, Offrir un cœur imépuisable ? — 103 — == TEAAg sl l À ==

nd: Nous écartons souvent sur terre De pauvresêtres sans mystère Qui sans compter d’humblesefforts S'en vont dans l'ombre vers la mort : Jamaisils n’ont sous leurs paupières Surpris ces éclats de lumière li Fe . Qui savent étourdir les cœurs; Jamaisundecescrisvainqueurs Quifrappentla fouleetlatouchent N’a jailli de leur faible bouche: Dé h NOUS ÉCARTONS SOUVENT SUR TERRE... ÀMmelaVicomtesseCurial. FA SLA—

Les plus sauvages sentiments Chez eux agitent vainement Leurs courtes ailes mutilées ; Mais dans la grande ombre étoilée, Quand Dieu nous emportera tous, Qui verra-t-il d'un œil plus doux De ces esclaves ou de nous ?

— 4105 —

CES MOUVEMENTS D'AMOUR[modifier]

A: TL-G: Guerdan. Ces mouvements d’amour vers les cœurs affamés, Ces mains timidement ouvertes parmi l’ombre Pour y toucher les fronts en sueur, pour calmer Les longs appels muets et les combats sans nombre Qu’abrite avec pudeur le plus déshérité ; Ces phrases dans la nuit sourdes et maladroites Où l’on ne cherche plus le sens des mois, porté Par une impulsion plus secrète et plus droite, Où le son de la voix est tout, où l’on ne peut 4 Tant Pâmefraternelle est alors dégagée, AE

l'aire le moindre mal à l’âme protégée ;

Cette minute pure où le plus malheureux Sait trouver des accents pour rendre l’espérance ; Cette communion dans un ciel de malheurs De deux frères obscurs dont l’un est sans défense Ft l’autre pour l’aider cache ses propres pleurs, -Pour nous qui sans savoir allons de peine en peine C'est la seule clarté dans nos ombres humaines. made — 107 —

J'AI TROP OUVERT A TOUS, A TOUTES...

néant | :# £ _ AA J’ai trop ouvert à tous, à toutes, O mon âme, toutes tes routes ; Tel qu’un poète et qu’un enfant, J’eus le don d’être confiant ; Maisqu’a-t-onfaitdemesmystères! MISE: Frèreingénudessourcesclaires = Qui chantent entre les roseaux, J’offrais à tous le ciel et l’eau ; Hélas ! la foule inattentive A rendu troubles et captives E k à A Madame LucieDelarue-Mardrus. — 108 —

Pnau,

Les lumières que je roulais; Elle a trouvé ce qui lui plaît, Au cœur de ma course laboue; On m’aime, on me quitte, on me loue Pour des attraits ou pour des biens Qui n’ont jamais été les miens, Etmonâmetrompelavue De ceux qui l’ont le mieux connue. enr cr sé100

CHAUMIÈRE[modifier]

Dans le trouble où je suis, Seigneur, inspirez-moi. Daignez”vous incliner sur la lampe quifume Et blanchir de clarté les solives du toit ; Cette basse demeure au-dessus de l’écume, Qui dans les soirs d’orage en ses murs craquelés Doitsubirtourà tourl’assautdesventssalés Et des longs ouragans déchaînés sur les terres, Si vousl'avez, Seigneur, acquise pour maison, Empêchez que ces chocs ne brisent pierre à pierre La chétive muraille esclave des saisons, — 110 —

Ne rongent les volets, ne fendillent la porte,

Ne moisissent les draps dans le lit délabré, Sinon vous n'aurez plus qu’une chaumière morte À l'heure inattendue où vous arriverez, == J'AI VOULU VIVRE UN JOUR... A Mme la Princesse de Ligne. == J'ai voulu vivre un jour entre des formes grises : La rue était légère et pâle ; les jardins, Où les dahlias roux se meuvent sous la bise, Longs et déserts; au creux des poiriers secs soudain, Dans Fombre, aux coups de vent, quelques poires [pesantes Tombaient ; d’un toit luisant s’envolait dans le vent Unefuméeintimeetbleue;— unesoirée Paisible a commencé ;la lune se levant Domine une maison doucement éclairée ; Pasunbruit;lesoirclairdesilenceestnoyé: Ceux qui ne sont pas seuls sont rentrés au foyer. — 1192—

L'AIR SENT LA PLUIE...[modifier]

Le vent tiède, le vent bleu d'hiver, tout humide À soufilé longuement sur le gazon : le bruit Des feuilles est moins sec, moins fier ;un peu d’eau luit Sur des cailloux le cieltremblant dort moins Hmpide; L'airsentlapluie;ilfaitlourd;onbâille,onattend On ne sait quel orage, et l’heure lentement Passe et la journée est passée et la lumière Brusque et dure n’a pas déchiré les paupières. — 113 —

DANS MON SOMBRE FIRMAMENT...[modifier]

Dans mon sombre firmament Se lève une lente aurore ; Je fais voile lentement Vers une île que j'ignore, È Les oiseaux avant-coureurs Autour de mes voiles errent 1£] Et le vent venu de terre M’apporte le goût des fleurs. | —M4—

RETOURNER EN TON SEIN..[modifier]

Retourner en ton sein, malgré l'horreur humaine, Ne me fait plus souffrir. Etj'accepteaujourd’huiquemonsangdansmesveines Cesse un jour de courir. Si je songe à la mort, j'ai l'âme d’une source Échappée à l’hiver Et sais que les détours n’empêchent point la course D’aboutir à la mer. — 115 —

Mais de quel cœur brülant j'espère éntendre encore Un murmure d’appel

Et m'’enivre toujours des nuits et des aurores De ce monde mortel. J'ai trop tôt appelé le céleste silence; Qu'il ne règne encor pas ; Que j'ose un jour encor porter ma vigilance Sur les chants d’ici-bas! Oui, je sais, dans nos jeux tu t’en vas et nous laisses Muets d’étonnement: Mais que je puisse encor te donner, ô jeunessse, Un peu d’attachement ! Oui, toutes les amours qui semblent les plus sûres Ont pour sort de périr ; Mais qu'importe, je veux, à ces chaudes blessures, Une heure encor n’offrir. ee J'irai, j'irai plus tard adorer vos mystères, Ô divine clarté, Laissez-moi vivre encor ce beau soir de la terre Avant l'éternité ! — 116 — | | À |

IL M'EST DOUX DE CHANTER..[modifier]

Il m'est doux de chanter longuement à voix basse Et de laisser les mots se rejoindre à leur gré. D’étranges mendiants, ayant à travers pré Traîné sous le soleil leurs légères besaces, Se retrouvent ainsi quand le soir va tomber A l’ombre d’un château d’où nul bruit ne s'élève : Ils font halte dans l'ombre, et de leurs doscourbés Détachent lentement leurs guitares : ils rêvent Puis, les yeux demi-clos, ils chantent sous les murs, Insoucieux de voir si quelque ombre se penche, À André Paudrat. — 117 —

1 Blottisdanslefossésouslesdonjonsobscurs, Éclairés par la lune et cachés par les branches ;

Leur voix sauvage monte à travers l’air du soir; Leurs doigts glissent, touchant les cordes sans les voir hf Puis, de nouveau debout, dans la nuit immobile, S’éloignent des créneaux où rien ne veut bouger, nr. Îlss’envont,collevé,d’unemarchetranquille, Dans les champs de rosée et d’ombre, à pas légers. — 118 —

ri DOTprREASRECUTTOATEEELA[modifier]

NOTRE DESTIN, A COUPS SECRETS... ÀMmelaVicomtessedeGaigneron. Chaque journée en ténèbres féconde Müûrit le cœur pour d’éclatants matins ; Notre destin, à coups secrets, émonde; Dans l’ombre il touche, 1l incline, il atteint. Il va tarir les sources de la vie, Ïl nous détruit ; du moins nous le croyons, Lents à savoir de quels feux est suivie Cette nuit lourde et sous quels beaux rayons La branche neuve, humide encor de sève, D'un jet ardent s'échappe, se soulève Et dans l’azur creuse son pur sillon. = 119 —

SI CEUX QUE NOUS AIMONS...[modifier]

| À ceux qui marchent dans les chaînes re Etqu’undestinfatalentraîne Siceuxquenousaimonssongeaientcombienleurvoix Leurs gestes, leurs silences même Vont soulever en nous de surprise et d’émoi; De S'ilssavaientcommelorsqu'onaime Un regard dur longtemps demeure dansle Cœur ; S'ils sentaient par quelle humble peine Battent les yeux blessés pour contenir les pleurs, Ils connaîtraient le prix de la tendresse humaine, Ils souriraient avec douceur À l’inutile don du cœur. — 120 —

Se[modifier]

MONTE, MONTE, BRUIT DU TONNERRE... Monte, monte, bruit du tonnerre, Vite l’orage, il fait trop chaud ; Que les cieux étouffés desserrent Leur sombre, leur ardent manteau; Que les lourds arbres immobiles Sortent de leur pesant sommeil : Et que sur l’anxieuse ville, Comme un tourbillon de soleils Entre la pluie et les poussières, Les mille éclairs libérateurs Fassent trembler sous leurs lumières Toutes les brûlantes paupières Qui se baissaient dans la tiédeur. — 12 — Î Î / |

QUI DONC CHÉRIT PLUS QUE MOI.[modifier]

Qui donc chérit plus que moi Le sourd appel des visages Et cherche avec plus de rage Leur inépuisable émoi ? Qui done à ces troubles lèvres, À ce profil inconnu, À l'éclat de ce cou nu, Se livre avec plus de fièvre ? _ 19 —

Qui ressent plus de regret Avoirfuirquandlanuittombe Comme un envol de colombes Ces doux corps pleins de secrets ?

RSetES Le A

TOI QUI ME BERCERAS..[modifier]

Toi qui me berceras lorsque je serai mort, Qui seul rassasieras mon corps insatiable Et qui feras peser sur ce lugubre corps Le seul baiser durable : Toi qui, m'ayant un soir saisi dans tes bras sourds, Appuieras sur mes flancs ton souffle que |j'ignore Et qui préserveras nos ténèbres d'amour D’importunes aurores: — 194 —

x[modifier]

Toi qui, nouant à moi tes muscles ténébreux, T’avoueras si jaloux d’une si belle proie Et qui feras chanter dans ton gazon pierreux Ta maîtrise et ta joie ; Toi qui, si mes amis entourent mon tombeau, Engloutiras leurs pleurs, astres de mon silence, A Pour que rien ne me trouble, Ô mon ami nouveau, Dans mon appartenance; A Je te salue, Ô sol infaillible des morts Que ne peuvent cacher ni les fleurs ni les branches, Athlète dont le doux et fatal corps à corps N’admet point de revanche; Je te salue en ton visage de printemps, À cette heure limpide où tu veux me séduire Par les bois lumineux et les airs transparents Quicouvrenttonempire}; Par les vents incertains, merveille de midi, Dont ce front printanier aime les mille bouches; Par le sommeil léger des jardins engourdis Dans leurs sentiers farouches; — 195 —

Le[modifier]

Par l’haleine des buis et des fleurs de pêchers Par le voile neigeux de chansons indécises Que tissent doucement douze bouvreuils nichés | | l 2h Auxbranchesencorgrises; | Par l’orient secret de ce tranquille jour Où la tendre lumière est sœur de l'espérance, Où le monde léger sous les cieux suit son cours h| — 126— Etfleurit en silence, Par ta robe de vie, à sol qui sais mentir, T’embellis de rameaux, de lumières et d’ailes, Afin de me montrer douces à pressemtir Nos amours immortelles. == SSSRES eS == SSSRSESERERE — QUAND LA ROSÉE ÉCLATE.. Quand la rosée éclate aux tiges des fougères Et que le merle court des hêtres aux bouleaux, Quand souffle sur la lande une brise légère Et que l’aurore en feu se lève sur les flots ; Quand j'’avance si jeune et si doux aux caresses; J’appelle près de moi mes frères les parfums Qui savent tant bercer ma vivante paresse Et qui me veilleront quand je serai défunt, — 1927—

Et libre, environné d’azur et de bruits d’ailes,

Je me sens trop l’ami de ce joyeux matin, Pour ne pas découvrir que mon âme immortelle Comme un oiseau des mers s’est perdue au lointain.

J'ÉCRIS À MA FENÊTRE... |

J'écris à ma fenêtre et je vois le village Sous l’averse ; déjà l’arc-en-ciel miroitant Chasse l'ombre et le feu de ces jeunes orages Qui montent si fougueux au début du printemps ; Quel démon m’a poussé dans cette calme terre Qui dès qu’elle aura bu cette belle eau, Sur son placide sein bercera fraîche et fière Ses grands champs de blé vert pleins de coquelicots. Cette simplicité, cet azur, ce village rritent mon ennui plus qu’ils ne le soulagent ; — 199 —

!

— 130 — Je feins de les aimer ;je me dis leur ami, Mais c’est faux, je ne puis me plaire que parmi Vos lumières, 6 bars, que je revois si douces, Vos lourds fauteuils de cuir préférables aux mousses Et plus que la clarté trop limpide des cieux, J'aime un cerne d’amour qui grandit sous les yeux. == ON VOIT DE MA FENÊTRE UN ÉTROIT PAYSAGE.. A Marcel Augagneur. == On voit de ma fenêtre un étroit paysage : Des fourrés, puis un pin tout contre la maison : Une route, et plus loin les toits roux du village ; Enfin des peupliers découpent l'horizon. Le jour d’été sommeille en un demi-silence; On entend un ruisseau, dans des saules caché; Un coup de vent :le pin murmure et se balance: Dans un carré de choux parlent deux maraîchers. — 131 —

D'avance, on connaît tout de cette simple terre; Onlecroit;maïssoudain,toutchange,toutsurprend De la simplicité naît un autre mystère

Et l’étroit horizon semble infiniment grand. ip

———

QUE FAIS-JE DONC ICI. Que fais-je donc ici et que fais-je sur terre ? — La campagne est si belle après l’orage, on voit Une ombre de nuée à la cime des bois, Et dans l’air vif chaque arbre scintillant s’éclaire; Au loin les jeunes blés au-dessus des sentiers Plus lumineusement roulent leurs vagues vertes ; Pour écume elles ont les clairs bleuets mouillés Et les coquelicots dont la fleur entr’ouverte À peine épanouie incline et meurt déjà, Car tout vient rappeler que chaque renaissance À pour sort d’être vaine, et qu’en vain l’on changea L’heure contre laquélle il n’est point de défense. — 133 —

|

| | l JAILLIS COMME UN SOUPIR... À Mme Helen Mackay. Jaillis comme un soupir ou comme une prière, Mes vers de ce matin puissent-ils vous porter Un peu de cette verte et brillante lumière Qui répand sur mon corps ses longs flots enchantés, Je me suis éveillé si docile à l’aurore, Si vif à percevoir tous les secrets du jour, Et ma vie emportée ainsi qu’un chant sonore Vers la terre et les cieux s’élance tour à tour. — 134 —

Sous le soleil naissant des chaudes matinées S'évapore dans l'air ton ombre, à destinée;

Je regarde monter la lumière, et j'attends Ce que le ciel voudra faire de mon printemps. — 135 —

NARCISSE[modifier]

Je n’aime cette nuit que le cercle enchanté De ce pur horizon où la lune immobile Verse limpidement sa lumière tranquille Sur les sapins obscurs et les blés argentés; Un lac brillant reflète à travers le feuillage La campagne dormante et les astres des cieux ; Une source légère y trace son sillage Par un frémissement long et silencieux; Des oiseaux d’un vol lourd tombant de branche en [branche Font brusquement craquer les rameaux endormis; — 136 — À Max Joly.

|

Ettenommeàvoixbasse,Ôfrère,enfantdessonges, Qui suivais sur les flots ton mobile mensonge Narcisse, et ne connus ni l’adieu ni la mort. Et dans la clarté calme où me plonge la nuit, Le long des bords muets je me glisse et me penche Pour surprendre sur l'eau les éclairs de mon corps, | | | — 137 — tmunmmelime

RSEs—

ADONIS ÀMmelaComtesseMelchiordePolignac. Doux comme un étranger. J'apporte sur ta tombe D’un pas léger La paire de colombes. Je veux mêler encor | À ces dons funéraires Des fruits du Nord, Des présents de ma terre, f — 138 —

sé ; En

Car mon sol fabuleux À sur sa neige grise Les renards bleus Et les aigres cerises. Adonis, ton beau sang Ne court plus dans tes veines, Tout innocent, Plus doux que la verveine. Consacré le plus beau Par l’amour de Cythérée Voici donc sous un tombeau Ta dépouille enterrée. Ton sang rougit à flots Les lys où l’on te couche; Loin d’une ardente bouche, Tescils purs se sont clos. Amis, pleurons sur le sable Où voici tous nos plaisirs, Les dieux sont inexorables Puisqu’un beau corps peut mourir. — 139—

À M. Henri de Régnier.[modifier]

Pour soutenir dans mes bras nus la charge D'un corps tremblant, Farouche encor, et des embruns du large Tout ruisselant; POUR SOUTENIR DANS MES BRAS NUS... Pour l'emporter, sans que son poids ne pèse À mes doigts secs Loin de la vague, à l'ombre des falaises, | Sur le varech ; — 140 —

Pour l’y coucher encor toute surprise En ses attraits,

Longue, légère et respirant la brise A larges traits; Pour m'enivrer à loisir à la vue : De ces bras blancs Entrecroisés en armure ingénue Des seins aux flancs; Pour étoufter sur sa lèvre captive Un cride peur Qui deviendra sous ma bouche attentive Chant de bonheur; Pour me serrer dans un brûlant silence, Les yeux mi-clos, Contre son corps qui sent mourir l'enfance Et son repos, A L'heure est venue, Ô mon enfant lointaine, Qui doucement M'ose rêver, d’une audace non vaine, Moi, ton amant. — All — RemeàmèneÉD == PR EnLT == Mystérieuse et pourtant animée, Les vents plus forts Te vont pousser d’une haleine embaumée 4 Jusqu'à ces bords ; J Et frémissant au sable du rivage, Je suis debout, Mon sang gémit, j'invente ton image Dans les remous.

L’'UN DES FILS, LES DERNIERS...

A François Lang. L’un des fils, les derniers de l’ancienne Europe, Perdu sur mon îlot, Je vois la jeune mer qui monte et m’enveloppe De son vivace flot. Les arbres les plus beaux et les plus profitables, Au choc des vents nouveaux, Ainsi que des géants s’abattent sur le sable, Effrayant les échos; Les plus secrètes fleurs et les plus lumineuses Qu’au fond de nos jardins — 143 — \ |

Croisèrent lentement des mains ingénieuses, Mourront sans lendemain,

Et toute âme amoureuse, à jamais exilée De ces étranges lieux, Ira porter ailleurs d’une sombre envolée Sa lumière et ses dieux. hsdRR

PRIEEEETPSMNDREaTPRPETPERFe2eme

camgesDaeaeaeaes AMANT DE LA LUMIÈRE ABSENTE... D’une ombre toujours renaissante Ainsi mes pas sont entourés; Amant de la lumière absente, Je m’avance le front barré Et saisis dans mes mains obscures Unflot de fleurs et de “amures Que dans le doute et dans le soir Je disperse au vent sans savoir. — 145 — 10

SUR VOS FLOTS AMBIGUS..[modifier]

Sur vos flots ambigus je me laisse porter, O vie, et les yeux clos, l'ombre sur mon visage, Je glisse mort d'amour et lourd de volupté; Je ne demande plus à connaître au passage Quelsboisouquelscoteauxtremblentdanslaclarté; Le cœur le plus ardent s'endort dans le voyage, Et ce n’est plus qu’en songe, Ô mes beaux paysages, Que j'aime à vous revoir, par une ombre habités; — 146 — == ee SNS A F J'AI TOUJOURS SUR LA LÈVRE UN GOUT SOURD DE DÉSIR... == ) J'ai toujours sur la lèvre un goût sourd de désir EL mes yeux sont flottants sur des formes humaines; Dans mes cils obscurcis dort l’ombre du plaisir ; Comme une plainte humide erre dans mon haleine; Les sourds aveux du corps ne me délivrent pas ; Dans le silence, obscurs, glissent mes tristes bras Dont la vaine douceur se referme sans proie ; Je ne sais plus pourquoi, ni si je vis encor | Ltjedouteensongeantsilejourdemamort Nesera pas le jour de ma première joie. — 147 —

Lénains)

= QUI VÉCUT PLUS SENSIBLE... Qui vécut plus sensible à la beauté des êtres, Plus vif à savourer, plus sûr à reconnaître L’harmonie onduleuse et flexible d’un corps ? — Amants, si dans vos cœurs l’âpre désir s'endort, Quand vos regards noyés suivront dans la pénombre Les fantômes légers, fils de la volupté, Quand vos bras engourdis se chercheront dans l’ombre Et que vous rêverez heureux et abrités, Songez parfois à moi qui serai sous la terre Et ne connaîtrai plus le moment des baisers; — 148 —

Songez, vous dont battra le flanc mal apaisé,

À mon corps dans la nuit qui sera solitaire ; Puis, ayant soupiré, serrez-vous sans tristesse; Emmêlez de nouveau la chaleur de vos doigts Et songez en vivant votre ardente jeunesse

  1. Que vous n’auriez pas eu meilleur ami que moi.

LME

| LÉ

k | L | Î | JE TE FUIS, VOLUPTÉ... Je te fuis, volupté, je te fuis, mais je t’aime. Je ne suis pas de ceux qui sentiront ce soir Une fuyante chair se glisser contre eux-mêmes, Et verront, au travers de quelques beaux cils noirs, La flamme du désir briller dans la nuit douce. Maistefuir,insensé,quelscrupulemepousse À fuir un corps facile et sa tendre beauté ? Mon désir s'est-il tu? Mon corps est-il de pierre? Ah! viens encor ce soir sur mes sombres paupières Appuyer doucement tes lèvres, volupté! — 150

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\ SI POUR TROUVER LA JOIE. Si pour trouver la joie on quitte le plaisir, Seigneur, j'aime encor mieux le poids de la jeunesse; Qu'elle demeure, avec les farouches désirs, Que de ses mains encor s’envolent les caresses Que ses brûlants soupirs sur mes cheveux dorés Se répandent toujours durant les nuits d'automne, Que, dans l’ombre du soir mollement éclairé, Àl’ardeurdenosjeuxmoncorpstoujoursfrissonne; Que chaque nuit son flanc si tiède sous les doigts Comme une mer sé gonfle et s'écrase sur moi. — 151 —

MON DÉSIR, C'EST FINI.

Mon désir, c’est fini, que reste-t-il de toi? Je tremble, le front chaud et la bouche fiévreuse ; La sombre volupté, glissant entre nos doigts, Regagne d’un vol sa terre mystérieuse. Et toi, pâle dans l'ombre et prête à sommeiller, J’ignore les appels qui peuplent ton silence; Tes larges yeux ouverts luisent sur l’oreiller ; Ton corps semble rêver d’impossibles défenses; — 152 —

==

Rêvons;tunaslivrétaplussecrètechair, ? LETe Et j'ai posé sur toi ma dure convoitise ; Le temps de notre accord n’a duré qu’un éclair Et te voici perdue, à peine t’ai-je prise. 2 , oneà Va\ DA0UNDUCNe ee s _ — 158 —

O FAIBLESSE DU CORPS...[modifier]

O faiblesse du corps, patience des cieux ! Comment donc le Sauveur peut-il jeter les yeux Sur la futile créature S1 prête à replonger dans l’humaine aventure, Et comment sans rougir l’homme peut-il penser Au ciel qui l’aime encore et qu’il court offenser ? == h DES PLUS ARDENTS BANQUETS... == Des plus ardents banquets, l’âme sort altérée; Un sourd, un long désir traîne jusqu’au matin ; La figure vieillit, par la lampe éclairée ; Connaîtrai-je jamais les innocents festins ? Quel est le chant du cœur aux aurores sans honte ? J'aimerais découvrir la nouveauté du jour À l’heure où les vapeurs entre les maisons montent Et que le printemps meurt de courage et d’amour. 1 7%

Je suis las du sinistre éclat des verres vides Et d'entendre rouler les vases effeuillés; Mesyeuxdevingt-cinqsefanentetserident, Ilesttempsdedormirsurunautreoreiller.

Rejoindre les enfants qui n’ont pas l’habitude D’entendre les désirs de leurs veines chanter, Qui parcourent sans peur leur propre solitude Et ne chérissent pas tout ce qu'ils ont quitté.

JE VOULAIS FUIR LA VOLUPTÉ...[modifier]

Je voulais fuir la volupté : Une sourde voix entendue Au téléphone m'a jeté Dans une ivresse trop connue; Les yeux baissés et chancelant, Je viens me remettre à pas lents À mon travail à cette table ; Mais un obscur bonheur m’accable: Et je sens hors de mon pouvoir; Malgré mon désir d’être sage, D'écarter et de ne plus voir Vos flancs nus et votre visage. ==457 ee jiha

|

ASTRES IMPÉTUEUX... Ah! que je suis las d’être emprisonné sur terre Dans les saisons, dans les orages, dans la chair, Par des fleuves portant leurs vagues moutonnières Entre de mêmes bords jusqu’à la même mer. Aucun lait nourrissant pour mon âme affamée | N’a pu couler du sein des terrestres brebis; J’ai toujours mal dormi sous les chaudes ramées Dans l’appel et la faim je consume mes nuits. — 158—

Jaillissez donc enfin de vos lentes ellipses, {| Astres impétueux des résurrections, il Mon cœur n’aspire plus qu'aux jours d’Apocalypse {| Où je verrai flamber les nouvelles Sions;

Où les vents éternels se levant dans l’espace Rouleront dans leurs plis les roses et les bois, {| Où trouvant à mes pieds leslongsliens de ma race, J'entrerai dans des lieux assez larges pour moi. PRGCA DeLe PErl man),see R — 159 — 0 1 ÀneAmemanemt

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AFIN QU'A CHÂQUE ENFANT... À Mine la Comtesse de Nouailles. J'ai laissé, dans les lieux où j'ai dû respirer, Je ne sais quelle ardeur attachée à la terre; Que ce soit en mes jeux sur mon sol préféré, La Touraine, aux vapeurs flottant sur des parterres, Où me fut révélée, à l’Age de seize ans, La saveur du désir et le goût du printemps ; Que ce soit en foulant les sentiers et les grèves Où ma jeunesse ardente a poursuivi son rêve, Le sol rose d’Alsace ou les bosquets du Ris, Les lacs étincelants des Alpes ou Paris, — 160 —

Dans le calme du ciel monte parfois encore[modifier]

La lueur des foyers que j'y vins allumer ; Sans savoir de quels feux une âme s’y dévore, La vierge aux longs cils purs, enhardie, ose aimer; Et ce soir, où la nuit d’avril brille si belle, Où les vergers en fleurs tremblent laiteusement Sous la fraîche clarté de la lune nouvelle, Où je sens, enivré, dans un seul battement À mon sang printanier s’unir toutes les sèves Et toute ma puissance aux puissances du soir, Je rêve que partout où j'ai vécu se lève, Doué d’un plus aigu, d’un plus brûlant pouvoir, Le désir merveilleux qui grandit et transporte, Afin qu’à chaque enfant soit donné son émoi, Et que longtemps après que ma voix sera morte, Tous, m’ignorant ou non, ne vivent que par moi.

Image, efface-toi : tes ruses sont trop lourdes;

D L’elfe aux mille trésors fuit dans des lieux secrets D Ilyrêve,ilychante,àl’abridetesrets; if Tes pas sont trop bruyants pour ces cavernes sourdes. À

Le fleuve à sa naissance est semblable au ruisseau ; Longtemps on le confond avec ses sœurs les sources; Mais à peine luit-il hors des premiers roseaux,

Le plus aveugle a vu la splendeur de sa course. — 203 — == ra Een UE ==

Trop faible encor pour aimer ce que j'aime, Je ne sais voir que ce que j’ai perdu,

Je suis blessé, je me blesse moi-même, Et sombrement je vis et ne vis plus. — 205 —

En proie au messager de la mort, au désir,

Je suivais en secret les ombres du plaisir = - 4 | a Dans les lourds Yeux humains où s’est Joué mon J'y épie aujourd’hui les battements [drame: de l’âme,

Muette, la jeunesse passe, Elle a mesuré le danger Des confidences : l’âme lasse Apprend à mieux se protéger.

— 9207 —

TU[modifier]

Ne dévoile jamais tout ce qui pleure en toi ; Un cœur triste et secret attire seul la chance ; Poursuis ta longue route entre les bois immenses ; Parfois on y rencontre un loup, jamais un toit. — 998— . 3 “210 s. "7

| 2 | ‘14

Plus ou moins fièrement nous vivons tous blessés ;

Mon regret n’est pas mort, mais je fais le silence; | Seigneur, puisqu'il faut vivre, à notre cœur percé, À défaut de la paix donnez la patience, — 909— 14

Nulle perle ne luit surles lèvres humides[modifier]

Des magiques boissons que l’enfance entrevoit De l'amour à la gloire erraient tes yeux avides: Frère, ne cherche plus ; la vie a fait son choix.

Comme vous mesurez, voluptés de la terre,

Votre rapide lait au passantsolitaire Qui las du jour et déjà las du lendemain Boit, et d’un pas traînant retourne au grand chemin. gd —

H. Entre la joie et la’douleur

A Frémit l’âme encore incertaine ; La lumière paraît: lointaine, On songe encore au goût des pleurs. — 219— GEESSETNTTRE

La jeunesse, un pied sur le monde, Voit les douleurs et les désirs ;

La vie humaine bat et gronde; Le cœur blessé ne peut mourir. — 213 — 14*

Les cœurs qui ne sont pas, dès l’âve de vingt ans, Éclairés par un Dieu qui les aime et les broie,

Sans doute échappent-ils à de brüûlantes joies, Mais combien n’ont-ils pas évité de tourments! UE

nsv1

Quelle obscure tendresse erre sur le visage Même longtemps après la mort des voluptés St fait baisser les yeux du plus pur, du plus sage, Qui soupire et revoit tout ce qu’il a quitté. MG

Que tu t’es donc trompée, 6 ma tendre jeunesse, En cherchant ces plaisirs que l’homme n’atteint pas, Qui fuient avec l’année, avec l’âge, mais laissent Je ne sais quel parfum si triste sur leurs pas.
Tout n’est pas mort, tout n'est pas triste Dans ce cœur jeune et déserté,

Au cœur des ombres ilsubsiste L'amour de Votre volonté. — 217 —

Aucune lourde larme au bord de nos paupières Ne roule dans la nuit si vous ne la voulez ; Notre âme se découvre en toute sa misère ; Vous êtes là dans l’ombre, attentif et voilé.

res

Non plus la volupté, mais simplement la paix ; La paix de chaque jour que j'ai tant méprisée ; Et le bonheur obscur de songer : désormais

Ce toit recueillera ma jeunesse brisée. — 219 — == ET ee == “#4 Je sens à certains instants Sans savoir d’où vient la flamme Comme une clarté dans l’âme; L’angechante:ilestcontent. REa — 220 — NAS tesdotéeéptere-eréerroi

O temps nouveau que j'ai payé de tant de larmes,

J’ai reconnu ce soir ton premier flamboïement; L’air est bleu ; les lilas s’endorment doucement; Mon cœur a secoué de lui les mauvais charmes. A — 92 — |

Que! chant devrait jaillir du cœur que Tu visites, Si, libérant le cœur Tu libérais la voix,

Et délivrais d’un coup de toutes ses limites Celui qui ne veut vivre et ne vit que par Toi. ‘| 1 | : £>.903 — } |

Homme, je suis borné aux humaines victoires;

Ce n’°es r d'avril périt sans Survivre au printemps; t que suspendue aux ailes de Ta gloire Qu’une œuvre Peut franchir les frontières du temps,