Utilisateur:Madehub/Brouillon

La bibliothèque libre.
Madehub
Quelques poètes (p. 99-100).

disait quelquefois à lui et à d’autres : « Mes enfants, défendez votre mère de ceux qui veulent faire servante une damoiselle de bonne maison. Il y a des vocables qui sont français naturels, qui sentent le vieux, mais le libre français… Je vous recommande par testament que vous ne laissiez point perdre ces vieux termes, que vous les employiez et défendiez hardiment… »

L’on voit bien contre qui il en a, et il enferme son opinion dans une lettre, où il recommande de « lire et relire » Ronsard : « C’est lui qui a coupé le filet que la France avait sous la langue, peut-être d’un style moins délicat que celui d’aujourd’hui, mais avec des avantages auxquels je vois céder tout ce qui écrit de ce temps, où je trouve plus de fluidité, mais je n’y vois point la fureur poétique, sans laquelle nous ne lisons que des proses bien rimées… » Malherbe avait coutume de dire que de Maynard et de Racan on ferait un grand poète : d’Agrippa d’Aubigné et de Malherbe quel poète eût-on donc fait ? Mais, dans la réalité, ils étaient tellement différents qu’ils se sont montrés radicalement incapables de se comprendre l’un l’autre.


Toutes les fois que sous Louis XIII on s’attaque ou l’on paraît s’attaquer au XVIe siècle, à sa langue et à ses modes, il faut s’attendre à distinguer dans la mêlée cette Amazone déjà mûre, qui vole avec ardeur sur les divers points d’attaque.

touchante et un peu ridicule dans son attitude chevaleresque de pieuse admiratrice du passé. S’étant vouée dans sa jeunesse au culte de Montaigne et ayant été déclarée par lui sa « fille d’alliance » Mlle  de Gournay emploie dans sa vieillesse sa vive humeur gasconne et sa chaleur communicative à défendre tout ce qui fut contemporain de son père adoptif. En 1626 elle publie l'Ombre de la demoiselle de Gournay : ce titre plutôt obscur réunissait la plupart des petits traités qu’elle avait publiés auparavant et dont certains avaient eu du succès : Du langage françois, La Version des poètes antiques ou les Métaphores, Sur les Rimes, Sur les diminutifs françois, Défense de la Poésie et du langage des Poètes, etc…, autant d’apologies des vieux auteurs de l’âge précédent et d’escarmouches souvent pénétrantes sur le terrain de la nouvelle école ; elle entendait protéger, à la barbe des novateurs, la grâce, l’abondance et, comme elle disait, « l’uberté » de la langue contre « leurs regratteries » perpétuelles, qui l’appauvrissaient, et, poussant les choses à l’absurde, elle déclarait plaisamment : « Bientôt, à en juger d’après ces écrivains décharnés, il eût fallu croire que c’était ce qu’on retranchait des vers, et non pas ce qu’on y mettait, qui leur donnait du prix, en sorte que le nom d’excellent poète eût de préférence été dû à qui n’y disait rien ou même à qui n’en fait point du tout. »

L’Ombre eut un assez vif succès de ridicule. Boisrobert, le grand amuseur de Richelieu, voulut