Utilisateur:Mathieugp/Brouillons/Pétition de l'Association des travailleurs de Londres en faveur du peuple du Canada

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Que vos pétitionnaires sont fortement convaincus que la politique coloniale de l'Angleterre est depuis plusieurs siècles entachée de tyrannie et d'injustice à l'endroit de la masse du peuple.

Que, pour le plus grand nombre d'entre elles, nos colonies tirent leur origine de procédés qui ne sont en aucune façon justifiables sur le plan moral; et qu'elles ont été établies et préservées au prix de millions en argent gaspillé et au sacrifice de millions de nos frères condamnés à une mort prématurée.

Qu'une fois qu'elles nous ont été acquises par de tels sacrifices, au lieu de les considérer comme des auxiliaires servant au progrès de la civilisation, et au lieu de leur enseigner les moyens les plus efficaces de développer leurs ressources naturelles afin de favoriser le bien-être général de l'humanité, il semble que nous les ayons considérées comme de légitimes récompenses de chasse, ou comme des endroits où les créatures et les suppôts du despotisme pourraient pratiquer leur oppression, sans scrupule et indépendamment des conséquences.

Que l'histoire de notre gouvernement colonial dans les Canadas est remplie de désordres nés d'une telle source; et à l'heure actuelle, après des années de plaintes et de pétitions réclamant la justice, nous voyons votre honorable Chambre sur le point d'étouffer leurs supplications par un acte de despotisme aussi dévergondé et flagrant que celui qui a autrefois été imposé aux Américains et les a amené à proclamer leur célèbre Déclaration d'indépendance.

Que, considérant les Canadiens comme nos frères d'intérêt, nous avons étudié attentivement leurs réclamations, dont nous soumettons respectueusement un aperçu à votre honorable Chambre, pour que les classes ouvrières de l'Angleterre puissent juger jusqu'à quel point elles voudront sanctionner l'outrage sur le point d'être infligé à leurs frères canadiens par votre Chambre telle qu'elle est présentement constituée, à quel point elles souffrirons qu'un peuple courageux et opprimé soit asservit pour nourrir l'appétit de fonctionnaires affamés ou de délinquants dilapidateurs issus d'un parti insignifiant.

Les Canadiens nous informent que, bien qu'ils possèdent un suffrage presque universel, et ont dans la Chambre d'assemblée des représentants cherchant honnêtement à favoriser le bien-être et le bonheur du peuple entier, ces bénédictions inestimables sont rendus pratiquement inutiles par le despotisme intolérable des Conseils législatif et exécutif, dont les pouvoirs égoïstes sont continuellement exercés pour contrecarrer les demandes et les souhaits du peuple.

Que les membres du Conseil législatif sont désignés à vie par le roi d'Angleterre! qu'il est principalement composé d'officiers du gouvernement, de leurs commis et autres personnes à charge, du clergé de l'Église officielle et de quelques négociants qui ont réussis; et que ce Conseil n'est redevable à personne sauf au roi de d'Angleterre, agissant par l'entremise des fonctionnaires du Bureau colonial. Ils se plaignent que ce Conseil est un corps factieux qui s'oppose aux désirs et aux volontés du peuple; que c'est le bastion de l'oppression et des abus; et que toutes les mesures salutaires de la Chambre d'assemblée sont mises en échec par ce corps irresponsable.

Ils se plaignent également que les membres du Conseil exécutif, ou du Conseil privé du gouverneur, qui se composent de juges et d'officiers du gouvernement et ne sont redevables à personne mis à part le roi (ou plutôt le Bureau colonial), ont accaparé toutes les terres en friche de la colonie, tout comme le bois de construction se trouvant sur celles-ci, dont ils disposent pour l'avantage personnel de leurs membres, de leurs amis et suppôts, de même que pour corrompre la représentation du peuple, en prétendant injustement que ces terres sont des possessions héréditaires du roi, privant ainsi les Canadiens des moyens de développer leur pays ou d'instruire leurs enfants.

Ils se plaignent que leurs juges ne sont pas responsables devant le peuple, et qu'ils ne peuvent être mis en accusation pour leur mauvaise conduite par la Chambre d'assemblée, comme peuvent l'être les juges anglais par la Chambre des communes du Parlement; qu'ils ne sont responsables que devant le Conseil exécutif, dont ils font eux-mêmes partie, et que par cette irresponsabilité la source de la justice est empoisonnée, et que les affaires de détournement et de délinquance les plus grossières ont reçu l'encouragement et l'appui de ce corps.

Ils se plaignent qu'en dépit du fait que les quatre cinquièmes des habitants sont de religion catholique, et que des hommes de toutes les croyances et opinions religieuses vivent harmonieusement parmi eux, qu'une église dominante fut établie, et que l'on cherche à engendrer des préjugés religieux par l'application d'un septième des terres de toute la colonie pour soutenir le clergé de l'Église établie d'Angleterre.

Ils se plaignent que le parti officiel cherche à fomenter d'absurdes préjugés de naissance et de religion parmi eux; que toute l'administration du gouvernement en est une de favoritisme et d'injustice; que les revenus de leur pays sont utilisés et gaspillés par des personnes irresponsables devant le peuple; qu'ils sont incapables d'obtenir des comptes exacts sur les recettes ou les dépenses, et que quand la délinquance est détectée, on refuse d'exercer le pouvoir de punir ou de prévenir les abus.

Et aujourd'hui, après avoir soutenu ces insultes et cette oppression pendant presque qu'un demi-siècle; après que tant d'efforts pour améliorer leur pays par des lois sages et salutaires aient été frustrés par ces pouvoirs aristocratiques unis; et après tant de demandes réitérées et de pétitions pour obtenir justice, ils ont presque unanimement déclaré qu'il n'y a aucun espoir de faire adopter des lois sages et obtenir un gouvernement juste, tant que le Conseil législatif ne sera pas élu par le peuple — le revenu entier placé sous le contrôle du peuple — et leurs juges rendus responsables devant leur propre législature, au lieu du roi d'Angleterre.

Ces demandes raisonnables ayant été dédaignées et méprisées par ceux au pouvoir, le peuple canadien a, au cours des trois dernières années, refusé de sanctionner, par la voix de son Assemblée, l'application du revenu public pour le paiement des salaires de ces fonctionnaires qui continuent de gâcher leurs bienveillants efforts de promotion du bien public.

Cependant, au lieu d'enquêter sincèrement sur ces réclamations ou d'accéder à ces justes et raisonnables demandes, nous voyons votre honorable Chambre sanctionner les ministres de Sa Majesté en écartant complètement le peuple et leurs représentants; se dispenser du vote nécessaire, tel que garanti par leur charte, et payer les salaires de ces fonctionnaires malgré le peuple canadien.

Vos pétitionnaires jugeant cette conduite hautement tyrannique — car elle implique la question de la liberté pour le plus grand nombre, ou le gouvernement despotique du plus petit nombre — une injustice, nous en sommes certain, à laquelle le peuple canadien ne se soumettra jamais docilement, particulièrement lorsque l'histoire récente et l'exemple lumineux de l'actuelle démocratie de l'Amérique leur met sous les yeux ce qui peut être accompli par un peuple uni, une fois libéré de l'emprise stipendiaire du gouvernement aristocratique ou royal. Vos pétitionnaires prient donc votre honorable Chambre de céder aux réclamations des Canadiens, et de leur permettre d'élire le Conseil législatif, de placer le revenu de leur pays à leur disposition, et de permettre que leurs juges soient rendus responsables devant leur propre législature, au lieu du roi d'Angleterre.