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GUIDE
DANS LES
CIMETIÈRES
DE PARIS






Le cimetière du Père Lachaise.



GUIDE
DANS LES
CIMETIÈRES
DE PARIS


CONTENANT


L’esquisse descriptive et topographique de ces lieux
des notices biographiques sur les personnages illustres,
des aperçus artistiques sur les principaux monuments,
avec les plans des cimetières
du Père Lachaise, de Montmartre et du Montparnasse.







PARIS
a. faure, éditeur
166, rue de rivoli, 166




1865
Tous droits réservés


AVIS IMPORTANT


Cet ouvrage sera augmenté, chaque année, des noms appartenant aux célébrités décédées et de notices sur les monuments qui leur seront élevés.



Les familles qui désireraient faire des communications, fournir des renseignements ou demander des rectifications, sont priées de s’adresser rue de Rivoli, 166, à M. Faure, éditeur.


PRÉFACE




Le souvenir des morts, en exaltant l’imagination des vivants, développe en eux les émotions les plus vives, et réveille en leur cœur le culte des tombeaux.

La religion de la mort a eu dans tous les âges ses manifestations et ses coutumes :

Les Égyptiens gardaient chez eux les momies et les asseyaient à leurs festins ;

Les Grecs brûlaient les corps pour en conserver la poussière dans des urnes[1] ;

Les Calatiens les mangeaient afin de les faire revivre en eux ;

Les Romains les enterraient,

Ainsi faisons-nous.

Les Romains plaçaient les tombeaux à l’entrée des villes, en les isolant les uns des autres, comme on le voit de nos jours, en arrivant à Pompéï.

Cette coutume fut abolie par l’empereur Léon ; alors vint l’usage d’enterrer dans les églises. Les catacombes de Rome furent la première église et le premier cimetière des chrétiens.

La fureur d’enterrer dans les églises amena l’abus, et le pape Urbain IV eut à défendre l’église de Saint-Pierre, à Rome, contre l’envahissement des sépultures qui confondaient « les impies avec les personnes pieuses, les criminels avec les saints. »

De vastes enclos destinés aux sépultures furent établis près des églises ; on les appela cimetières.

Au xiie siècle, sous le règne de Philippe-Auguste, fut ouvert à Paris le Cimetière des Innocents.

Situé sur l’emplacement actuel des halles, ce cimetière effrayant était entouré d’une enceinte de pierre.

Au milieu, s’élevait un large pilier supportant une lanterne.

Les hommes et les animaux erraient à leur gré dans cette enceinte de mort.

Une galerie voûtée, appelée charnier, pourtourait l’enclos, servant de lieu de sépulture aux familles riches, et de promenade aux Parisiens.

La partie parallèle à la rue de la Ferronnerie était décorée d’une fresque représentant la Danse macabre, ou Danse des morts ;

Dans un angle se dressait l’échafaud destiné aux prédicateurs.

En 1720, par suite d’inhumations trop nombreuses, le sol s’y était élevé de huit pieds au-dessus du sol des habitations voisines.

En 1785, le cimetière et le charnier furent fermés.

Déjà Paris renfermait dans son enceinte dix-huit cimetières ;

On les abandonna en 1789 pour en établir de plus vastes en dehors du mur d’octroi.

On compte actuellement à Paris trois grands cimetières :

Celui du Nord ou du Montmartre,

Celui du Sud ou de Montparnasse,

Et celui de l’Est ou du Père-Lachaise (le plus important).

Les cimetières ont perdu aujourd’hui la hideur d’autrefois.

Placés dans des sites pittoresques,

Convertis en jardins magnifiques,

Coupés par des allées ombreuses,

Ces lieux, stations mélancoliques posées entre les limites de deux mondes, loin d’inspirer de la frayeur, portent à l’âme une volupté sérieuse.

Des statues et des bustes ciselés par les grands maîtres,

Des bas-reliefs habilement fouillés,

Des médaillons rappelant des visages aimés, des coupes et des urnes élégantes dans leurs contours, complètent la magnificence des monuments[2].

Grâce à un meilleur goût et à la surveillance de l’administration[3], le style lapidaire, subissant une réforme nécessaire, a été purgé des exagérations enfantées par la douleur.

Mais l’œil se perd à travers ces champs parsemés de curiosités, et le corps se lasse dans des courses investigatrices.

Pour venir en aide au visiteur, nous avons songé à lui servir de guide, et nous avons entrepris le travail que nous lui offrons ;

Travail immense, à peine tenté auparavant, et qui, pour être exact et complet, a exigé que nous visitions une à une des milliers de sépultures[4]


L’esprit garni de souvenirs biographiques et les mains pleines de descriptions artistiques, nous nous sommes décidé à ne fournir que des notices très-courtes, afin de laisser au visiteur la liberté d’étendre ses impressions et de régler sa marche.

Plus réservé qu’un cicérone ordinaire, mieux renseigné surtout, le Guide dans les Cimetières de Paris obtiendra-t-il les sympathies et les encouragements du public ?

Puisse-t-il au moins être considéré comme un hommage pieux rendu à la dépouille de ceux qui ont illustré leur siècle et leur pays, et aussi comme un ardent désir de mettre en saillie une des splendeurs du nouveau Paris.

Th. A.

Paris, 1865.


RÈGLEMENTS




Les cimetières de Paris sont soumis à des règles particulières comprises dans l’ordonnance du 6 décembre 1843.

Pour le visiteur des cimetières les principales défenses sont :

— D’amener des chiens ;

— D’entrer avec des paquets (il y a un bureau pour les déposer) ;

— De fumer dans les cimetières ;

— De toucher aux fleurs.

Le Code pénal de 1810, article 358 et suivants, punit les infractions concernant les inhumations.


Moyens de transport.


Des omnibus portent les visiteurs auprès des cimetières. Ces omnibus sont indiqués en tête de chaque cimetière.



Entrée.


Les cimetières chrétiens sont tous les jours ouverts au public.

Les cimetières israélites et musulman sont fermés, les premiers, le samedi seulement, mais le second l’est d’habitude, et il faut une autorisation pour le visiter.

L’entrée est gratuite.


Heures d’ouverture.


De sept heures à six heures en hiver ;

De six heures à sept heures en été.



CIMETIÈRE DE L’EST
ou du
PÈRE-LACHAISE



Situation. — À l’extrémité de la rue de la Roquette, sur le boulevard d’Aulnay, à 15 minutes de la Bastille.

Destination. — Ce cimetière est destiné aux IIIe, IVe, Xe, XIe, XIIe et XXe arrondissements. Il reçoit aussi les morts pour lesquels on achète des concessions perpétuelles de terrain.

Omnibus. — Couleur jaune, lettre P. — Ligne de la Madeleine à la Bastille, avec correspondance pour Charonne (omnibus partant tous les quarts d’heure.)




Londres a Kensall-green, Pise, le Campo santo, et Paris, le Père-Lachaise, qui vaut en splendeurs et richesses ses rivaux funèbres réunis.

Située sur le sommet le plus élevé des collines qui s’étendent de Belleville à Charonne, la grande cité des morts domine le faubourg Saint-Antoine. Nul site de la capitale n’offre un aspect plus pittoresque, aucun ne jouit de points de vue plus étendus, plus riches ni plus variés.

À droite, les colonnes de l’ancienne barrière du Trône ; à gauche, le donjon de Vincennes ; dans le lointain, les rives de la Marne et les bords de la Seine ; et l’œil, planant sur un vaste horizon, tantôt entrevoit les flèches, les tours et les dômes qui hérissent la cité des vivants, tantôt se perd dans la campagne qui étincelle au soleil ou s’ensevelit dans un brumeux linceul.

De longues et majestueuses allées, des chemins sinueux, des arbres antiques, des bosquets jetés ça et là sur le haut du coteau, des monuments groupés en masse ou symétriquement rangés le long des allées, comme des maisons bordant les rues d’une ville, font oublier la destination du lieu.

Nulle émanation putride ne s’exhale de ce séjour, toujours embaumé, durant l’été, du parfum des plus douces fleurs.

Cet endroit porta d’abord le nom de Champ l’Évêque, parce qu’il appartenait à l’évêque de Paris.

Frappé de la beauté du site, un riche épicier y fit bâtir, en 1347, une maison de plaisance, superbe sans doute ou peut-être disproportionnée à la fortune du possesseur, car le peuple lui donna le nom de Folie Regnaud ou Regnault, Cependant l’enclos ne contenait que six arpents.

Les Jésuites de la maison professe en firent l’acquisition en 1626.

Ce fut, dit-on, de cet endroit que Louis XIV, enfant, vit le combat livré le 2 janvier 1652, dans le faubourg Saint-Antoine, au grand Condé, alors chef des Frondeurs, par le maréchal de Turenne, commandant l’armée royale.

Ce lieu, illustré par la présence du roi dans cette importante affaire, fut alors nommé Mont-Louis.

En l’an 1675, le roi Louis XIV, pour délasser de ses travaux son confesseur le père Lachaise, qu’il affectionnait singulièrement, voulut lui procurer une agréable retraite.

Par ordre, royal l’enclos de Mont-Louis fut agrandi, la maison reconstruite, on l’éleva de deux étages ; sa façade, tournée vers Paris, fut établie sur une terrasse à laquelle on parvenait en traversant un parterre rafraîchi par des bassins et orné d’arbrisseaux, dont les fleurs embaumaient l’air, en réjouissant la vue de Sa Révérence.

Au bas était une orangerie.

De son habitation élevée, le père jésuite, qui avait joint au fardeau de la conscience royale le poids de la direction des affaires ecclésiastiques, promenait son regard sur la capitale, qu’il dominait par son royal pénitent.

Mont-Louis devint le rendez-vous des personnages les plus élevés de la cour et de la ville ; on y accourait pour solliciter la faveur du révérend père confesseur, ou détourner les dangereux effets de sa disgrâce.

Après la mort du père Lachaise, Mont-Louis devint la maison de campagne des pères Jésuites.

Lors que fut expulsée de France la puissante compagnie, Mont-Louis fut vendu par décret du 31 août.

Plusieurs propriétaires se succédèrent rapidement dans ce domaine tout de luxe, dont la dépense, près de Paris, suffisait seule pour ébranler les fortunes les plus considérables.

En 1804, ce domaine, qui avait conservé le nom du père Lachaise, fut acheté 160,000 francs par M. le préfet du département de la Seine, et conformément à un décret de l’empereur Napoléon Ier, converti en un cimetière.

M. Brongniart, architecte célèbre, fut chargé d’approprier ce lieu à sa destination nouvelle.

Forcé de détruire beaucoup, son habile crayon sut conserver ou créer tout ce qui pouvait contribuer à rendre plus magnifique cet asile mortuaire. D’après les plans, une pyramide colossale servant, dans les distributions de son énorme base, aux cérémonies de tous les cultes chrétiens, devait remplacer la maison du révérend père[5].

Les travaux de Brongniart allèrent si vite que, le 24 mai de la même année, les restes mortels de Molière, de Lafontaine et de Beaumarchais furent transportés dans le cimetière.

L’entrée, qui date de 1820[6], forme un hémicycle décoré de sabliers et de torches renversées.

À droite et à gauche, on lit les inscriptions suivantes :

SPES ILLORUM IMMORTALITATE PLENA EST

(Sapient, iii, iv.)

QUI CREDIT IN ME ETIAMSI MORTUUS FUERIT VIVET

(Jean, xi.)

Et sur les battants de la porte :

SCIO QUOD REDEMPTOR MEUS VIVIT

ET IN NOVISSIMO DIE DE TERRA SDRRECTURUS SUM

(Job., xix.)

À l’entrée, à droite, se trouvent le corps de garde et le pavillon des conducteurs ; à gauche, la loge du concierge.

Plus loin, sur la droite, encore dans l’avenue du Conservateur, les bureaux du conservateur.

Plus haut enfin, faisant angle à l’avenue de l’Orangerie et à l’avenue du Puits, l’habitation des gardes.

Le cimetière comprend trois divisions principales formant chacune un cimetière distinct :

Le cimetière des chrétiens,

Celui des israélites,

Et le cimetière musulman.

La partie consacrée aux chrétiens embrasse la presque totalité des terrains et est occupée par trois genres de sépultures :

1o Les sépultures à perpétuité,

2o Les fosses temporaires,

3o Les fosses communes placées dans la région septentrionale du cimetière, et dans lesquelles les indigents sont gratuitement inhumés.

Quinze grandes avenues sillonnent le sol.

La chapelle, au-dessous de laquelle passe une avenue et le grand carrefour du Rond, sont les deux points auxquels aboutissent la plupart des avenues.


Nomenclature.


De l’entrée à l’avenue de la Chapelle.

1o Avenue principale : part de rentrée, forme bientôt deux sentiers, lesquels entourent une immense corbeille, longent un massif nouvellement tracé et aboutissent, par une pente ardue, à l’avenue de la Chapelle. Cette voie divise naturellement la partie basse du cimetière en deux côtés : celui de droite et celui de gauche.

Côté droit

2o Avenue du Conservateur : parallèle à l’avenue principale.

3o Avenue du Puits : transversale par rapport à l’avenue principale, fait face à l’avenue Dufourmantel jusqu’à l’avenue Périer.

4o Avenue Casimir Périer : de l’avenue du Puits au carrefour du Rond.

5o Avenue de l’Orangerie : allant de l’avenue du Conservateur à l’avenue de la Chapelle, par des séries d’escaliers.


Côté gauche.


6o Avenue Thirion : parallèle à l’avenue principale ; va du côté gauche de l’entrée à l’avenue Dufourmantel.

7o Avenue Dufourmantel : transversale par rapport à l’avenue principale, allant de l’avenue principale à l’avenue circulaire.

8o Avenue circulaire ; suite de l’avenue Dufourmantel à l’avenue de la Chapelle, extrémité gauche.

9o Avenue Bruix : continuation de l’avenue Thirion, arrivant à l’avenue de la Chapelle par des séries d’escaliers.

10o Avenue de la Chapelle : s’étend à droite jusqu’au grand carrefour du Rond, à gauche jusqu’à l’avenue circulaire.




De l’avenue de la Chapelle à la grande avenue transversale des Marronniers, limite supérieure de la partie de cimetière consacrée aux concessions perpétuelles.


Côté droit.


11o Avenue Saint-Maurice, en face l’avenue de l’Orangerie : de l’avenue de la Chapelle à l’avenue des Marronniers.

12o Avenue des Acacias : du carrefour du Grand-Rond à l’avenue des Marronniers.

13o Avenue Delavigne : de l’avenue circulaire à l’avenue transversale.

14o Avenue Feuillant, en face l’avenue Bruix : de l’avenue de la Chapelle à l’avenue des Marronniers.

Enfin,

15o Avenue transversale des Marronniers.

Cette avenue montre dans le haut toute la largeur du cimetière.


Massifs.


Le cimetière contient, en y comprenant les enclos des israélites et des musulmans, quatre-vingt-onze massifs.

Soixante-deux renferment les monuments qui figurent dans le Guide.

Afin de donner au visiteur le moyen de se reconnaître promptement au milieu des divisions nombreuses qui couvrent le plan général du cimetière, nous avons partagé ce plan en cinq grandes divisions, limitées chacune par les avenues principales, dont les arbres les plus élevés indiquent les contours[7].

Première division. — Est comprise dans la partie droite du cimetière entre le mur de clôture et les avenues Principale, du Puits, Casimir-Périer, le carrefour du Grand-Rond et l’avenue des Acacias.

14 massifs : 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 14, 12, 13, 14.

Deuxième division. — Placée entre l’avenue de la Chapelle, le carrefour du Grand-Rond et les avenues des Acacias, des Marronniers et Feuillants,

24 massifs : 15, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 25, 26, 27, 28, 29, 30, 31, 32, 33, 34, 35 ; 36, 37, 38.

Troisième division. — Enclavée dans :

Au nord, l’avenue des Marronniers ;

Au sud, l’avenue de la Chapelle ;

À l’ouest, les massifs qui atteignent l’avenue circulaire ;

À l’est, l’avenue Feuillant.

8 massifs : 39, 40, 41, 42, 43, 44, 45, 46.

Quatrième division. — Limitée par :

Au nord, la Chapelle ;

À l’ouest, le massif nouveau du dessus de la chapelle ;

Au sud, l’avenue du Puits ;

À l’est, l’avenue Casimir-Périer.

9 massifs : 47, 48, 49, 50, 51, 52, 53, 54, 55.

Cinquième division. — Est bornée :

Au nord, par l’avenue de la Chapelle ;

À l’est, par le massif de la Chapelle et l’avenue Principale ;

Au sud, par le boulevard d’Aulnay ;

À l’ouest, par l’avenue Circulaire et le mur d’enceinte.

5 massifs : 56, 57, 58, 59, 60.


Sépultures.


Le premier corps enterré dans les fosses communes fut celui du porte-sonnette de l’un des commissaires de police du faubourg Saint-Antoine ; il y fut apporté le 21 mai 1804, jour de la translation, dans le cimetière, des ossements de Molière, Lafontaine et de Beaumarchais.

Le premier monument de marbre, érigé dans ce même lieu, fut celui de M. Lenoir-Dufresne, placé au pied de la terrasse, vers la gauche, où on le voit encore ; Et le premier monument de pierre, celui de la dame Frémont ; c’était une pyramide triangulaire de douze pieds d’élévation.


CIMETIÈRE CHRÉTIEN.


première division.


Allée du Conservateur.


Tardieu. m. 1.

Graveur de talent, membre de l’Institut de France.

Signification des signes employés :

m. massif,

r. rang.

c. d. côté droit.

c. g. côté gauche.




Lenormand.
1772 — 1844.

Cartomancienne, auteur d’un ouvrage où elle expose les résultats merveilleux de son art. Eut une grande vogue sous le premier empire.

Chapelle ornée à l’intérieur du buste de mademoiselle Lenormand.



CIMETIÈRE ISRAÉLITE.
Avenue du Puits (côté droit).


À droite en entrant.


Rachel.
1820 — 1858.

Admirable tragédienne. Fut pendant dix-sept ans la gloire du Théâtre-Français, et opéra par son talent une réaction littéraire en faisant refleurir dans toute leur beauté les vieux chefs-d’œuvre de notre scène, si rudement traitée par l’école romantique.

Monument en forme de chapelle, garni à l’intérieur d’une tablette sur laquelle figurent des objets autrefois chéris par la grande artiste

À gauche.
Rothschild.

Sépulture de famille.

Monument dans le même style que celui de mademoiselle Rachel, mais dans des proportions plus grandioses.

À l’intérieur et au centre, sur la pierre du caveau, repose une corbeille contenant des fleurs rares ; dans un coin, une chaise basse attend le visiteur qui viendra réfléchir dans ce logis des morts. Une tablette destinée à porter des livres de prières ; des tentures disposées pour amortir la clarté du dehors achèvent cet ameublement de circonstance.


À gauche encore.
Roblès (Jacob).

Monument original, orné au fronton d’une tête qui grimace sons l’étreinte de la mort. Les lèvres sont closes par un doigt qui commande le silence.

Au fond.


Singer.

Sépulture de famille. Monument de forme élégante.



Madame Fould.
Décédée en 1818.

1,500 pauvres suivirent son cercueil.

Vaste mausolée, orné au sommet d’un médaillon contenant le visage en relief de cette dame charitable.



Bernheim Allegri.

Obélisque antique décoré d’étoiles d’or.



En sortant du cimetière israélite.


REPRISE DU CIMETIÈRE CHRÉTIEN.


Didot Firmin (le père), m. 4.

Grand éditeur.



Reicha (Antoine-Joseph), m. 4.
Prague, 23 fév. 1770 — Paris, 28 mai 1836.

Professeur de contre-point au conservatoire de Musique, membre de l’Institut.

Bas-relief.



De Colbert (Charles), m. 5.
24 décembre 1758 — 2 février 1820.

Contre-amiral.

Épitaphe :

« Honnêtes gens, priez pour lui. »


Héloïse et Abeilard. m. 4.

Héloïse, nièce du chanoine Fulbert, fut l’élève et l’amante d’Abeilard, qui la rendit mère d’un fils et l’épousa.

Après le terrible attentat de son oncle sur son mari, elle se fit religieuse au couvent d’Argenteuil et fonda ensuite celui du Paraclet, dont elle fut la première abbesse.

Les deux époux, séparés par la religion, s’écrivirent tendrement Les lettres d’Héloïse sont des chefs-d’œuvre où respire tout ce que l’éloquence du cœur peut avoir de plus passionné. 1101 — 1104.

Abeilard, une des plus vastes intelligences du moyen âge, devenu encore plus célèbre par sa passion pour Héloïse et par son malheur que par ses talents. Ne en 1070, au Palet, près Nantes, mort à l’abbaye de Cluny, en 1142.

Chapelle gothique dont l’élégance antique semble appartenir au meilleur temps de l’architecture arabe en France. Monument érigé en 1779 à l’abbaye du Paraclet, transféré au musée des Petits-Augustins pendant la Révolution, et porté au Père-Lachaise en 1819.

Le dais, de style ogival, qui couvre les statues couchées des deux amants, a été construit sous la direction de M. Lenoir, architecte, avec des débris de sculpture de l’ancienne abbaye de Nogent-sur-Seine.



Lepaute, m. 5
1770 — 1846.

Horloger et mécanicien distingué.



Marjolin (Jean-Nicolas), m. 5.
6 déc. 1780. — 4 mars 1850.

Docteur, professeur de la Faculté de médecine de Paris, chirurgien de l’Hôtel-Dieu, membre de l’Académie de médecine.

Chapelle fort simple.



Serré (Louis), m. 6.

Capitaine de cavalerie.

Monument d’un goût équivoque.



Dumont (Laurent), m. 7.
Déc. 4 oct. 1853.

Membre de l’Institut, secrétaire perpétuel de l’Académie des beaux-arts.



Maison, m. 7.
Épinay, 1771 — Paris, 1840.

Général de division et comte de l’Empire en 1812, pair et marquis de la Restauration, reçut le bâton de maréchal en 1829, après son expédition de Morée, et devint sous Louis-Philippe ambassadeur, puis ministre de la guerre.



Fresnel (A. Jean), m, 6.
Broglie, 1788 — Paris, 1827.

Physicien célèbre, inventeur des phares lenticulaires, membre de l’Institut.



Mérimée (François-Léonore).
25 déc. 1836 — 79 années.

Peintre d’histoire.



Delvincourt. m. 6.

Ancien doyen de la Faculté de droit de Paris, auteur d’ouvrages estimés.



De Visconti (chevalier), m. 6.

Savant antiquaire romain.



Lauriston (marquis Law de), m. 6.
1768 — 1828.

Général et ambassadeur sous l’Empire, pair et maréchal sous la Restauration.



Le Brun, duc de Plaisance, m. 7.
1739 — 1824.

Secrétaire du chancelier Maupeou, membre de la Constituante, du conseil des Cinq-Cents, troisième consul de la République, duc et architrésorier de l’Empire, grand maître de l’Université dans les Cent-Jours, pair de France avant et après cette époque, déploya dans tous ces emplois de grands talents administratifs ; ils se distingua dans les lettres par ses traductions de l’Iliade, de l’Odyssée et de la Jérusalem délivrée.


Monument placé à la tête d’un beau parterre et élevé par la ville de Paris aux soldats et aux gardes nationaux tués dans l’insurrection de juin 1832. m. 6.



Gambey. m. 8.
Troyes, 8 oct. 1789 — 27 janv. 1847.

Membre de l’Institut et du bureau des longitudes.



Desbassayns (baron), m. 8.

Mausolée de marbre blanc.

Une femme accroupie auprès d’une colonne surmontée d’une urne funéraire (de Ricci, de Florence).



Amussat. m. 9.
Décédé 13 mai 1856.

Membre de l’Académie impériale de médecine.

Grande pyramide de pierre grise, décorée d’un médaillon de bronze.



Laya. m. 9.
1761 — 1833.

Littérateur et auteur dramatique, membre de l’Acad. franc., fit preuve d’un noble courage en faisant jouer, quelques jours avant le jugement de Louis XVI, la comédie de l’Ami des lois, où il attaquait les iniquités de l’époque.


Beugnot (le comte), m. 9.
1761 — 1835.

Conseiller d’État sous l’Empire, ministre et pair sous la Restauration.




Hersent, m. 10.
10 mars 1777 — 2 oct. 1860.

Membre de l’Institut, professeur à l’École impériale des beaux-arts.

Beau mausolée de marbre blanc, richement orné de deux médaillons rappelant les traits d’Hersent et de sa femme. Deux grands bas-reliefs, reproduisent la copie de deux compositions du maître : Las-Cases malade, soigné par des sauvages, exposition de 1808, et Ruth et Booz, exposition de 1822.



Portes (marquis de), m. 9.
Toulouse, 22 janv. 1790 — 22 déc. 1852.

Sénateur, membre du conseil général de l’Ariège, ancien pair de France, ancien conseiller d’État, ancien député.



De Beauvoir Roger, m. 13.

Sépulture de famille.

Jeune fille âgée de 15 ans.

Des méchants la mort te délivre,
Dans sa splendeur Dieu te reçoit ;
Tu ne meurs pas : tu vas revivre
Pour tout le bonheur qu’il te doit.
Roger de Beauvoir.



Hoche (veuve de). m. 13,

Général des armées françaises.

Morte le 10 mai 1859, après 62 ans de veuvage,



Mounier. m. 13.

Membre de l’Assemblée constituante ; caractère d’une grande honnêteté.



La Bédoyère (Huchet de), m. 13.
1786 — 1815

Fut le premier colonel qui conduisit son régiment à Napoléon revenant de File d’Elbe, obtint le grade de général et la pairie dans les Cent-Jours, et périt fusillé comme coupable de trahison à là deuxième rentrée des Bourbons.

Bas-relief de marbre blanc très-finement sculpté, représentant une femme agenouillée près de laquelle est un enfant qui essaie de la consoler. Sur le dernier plan, une urne funéraire, à côté une épée, un bouclier et une couronne.



Poirson. m. 13.
Décédé 15 oct. 1846.

Membre de l’Académie royale de médecine.



Bail (sépulture) m. 13.

Magnifique statue de femme accoudée sur un mausolée.



Couchery (Victor). m. 13.
Décédé 20 nov. 1855 — 65 années.

Sculpteur.

Beau médaillon de bronze de Faillot.



A droite.
De Marson (comte d’Eu). m. 14.
Arrigny, 5 janv. 1777 — 12 déc. 1848.

Colonel d’infanterie.



Parent du Chatelet. m. 14.
Décédé 7 mars 1836 — 45 ans.

Docteur en médecine, membre du conseil de salubrité de Paris.



Victor (Perrin dit), duc de Bellune. m. 14.
Lamarche, 1766 — 1841.

Maréchal de l’Empire, se signala au siège de Toulon, en Italie et en Allemagne, reçut ses dignités après la bataille de Friedland (1807), détruisit en Espagne l’armée de l’Infantado, prit une part glorieuse à l’expédition de Russie et à la campagne de France,

se rallia aux Bourbons, les suivit à Gand, et devint ministre de la guerre en 1821.

Monument élevé, mais sans caractère.



Côté opposé.


Foulon, baron de Doué. m.
Décédé 11 nov. 1839 — 81 ans.

Maréchal de camp des armées françaises.



Bourbon Conti (princesse de), Stéphanie-Louise. m. 14.

Sépulture préparée par elle-même !

« Pour y trouver le bonheur durable et un refuge où l’injustice et les persécutions que l’on éprouve sur la terre ne puissent plus l’atteindre. »

Petite pyramide brunie par le temps.



Mercœur (Élisa). m. 14.

Jeune fille et poëte ! tombeau chargé devers, entre autres ceux-ci :

Mon cœur ressemble au ciel, lorsqu’il est sans nuage,
Il n’a pas un remords.


Sur l’allée des Acacias.
Clarke (duc de Feltre). m. 14.

Sépulture de famille.



Agasse. m. 14.

Imprimeur-libraire, propriétaire du Moniteur.



Périer (Casimir).
1777 — 1832.

Homme d’État d’un grand caractère, président du conseil sous Louis-Philippe. Il mourut dans la deuxième année de son ministère, signalé par une expédition contre don Miguel, par la prise d’Anvers et par l’occupation d’Ancône, malgré l’opposition des cabinets étrangers.

Superbe monument dont les frais furent couverts par une souscription nationale ; trois côtés sont ornés de bas-reliefs représentant l’Éloquence, la Justice et la Force ; au-dessus reposera statue en pied de Casimir Périer, dont la main gauche est posée sur la charte de 1830 ; le quatrième côté porte cette inscription :

« La ville de Paris, pour consacrer la mémoire d’un deuil général) a donné à perpétuité la terre où repose un grand citoyen. »

(Architecte, Ach. Leclerc ; statuaire, M. Cortot.)



Taileyrand-Périgord (de), m. 11.

Famille et duchesse de Beauvilliers.

Sépulture de famille.

Pierres tumulaires de marbre noir à peine au-dessus du sol.



Biré (de), m. 11.

Sépulture de famille.

Chapelle dans laquelle on aperçoit la résurrection du Christ. — Belle œuvre taillée dans un marbre éclatant de blancheur.



Lavalette (Chamans, comte de), m. 11.
1760 — 1830.

Conseiller d’État et directeur général des postes sous l’Empire ; condamné à mort après les Cent-Jours, il s’évada de sa prison sous les habits de sa femme restée à sa place, et fut conduit en Belgique par trois officiers anglais.

Magnifique mausolée nouvellement restauré, décoré d’un buste de bronze et d’un bas-relief représentant la scène de la prison et le dévouement de sa femme.



Odillon-Barrot. m. 12.

Sépulture de famille.



Fleury (de Chamboulon). m. 12.

Secrétaire de l’empereur Napoléon Ier ; conseiller d’État, député de la Meurthe.

« Il était plein de feu et de mérite. »

(Napoléon à Sainte-Hélène.)


Schickler. m. 12.

Sépulture de famille.

Belle chapelle. — Deux statues voilées soutiennent le fronton.

Au-dessous de ce monument, dans le creux et l’espace approchant le mur.


Arcet (d). m. 5.
Décédé le 2 août 1844.

Joli buste de bronze.

Chapuis (Claude), m. 5.
Décédé 19 juillet 1859.

Engagé volontaire. — Officier général.

Buste en marbre blanc de Dieudonné.



En remontant près la chapelle Schickeler, massif 12.


Rigny (comte de), m. 12.
Toul, 1783 — Paris, 1835.

Vice-amiral, commanda l’escadre française à Navarin et devint, sous Louis-Philippe, ministre de la marine et ministre des relations extérieures.



Bruix (de), amiral m. 12.
Saint-Domingue, 1759 — Paris, 1805.

Se distingua dans la campagne d’Amérique ; devint, en 1794, major général de la marine à Brest, d’où il sortit glorieusement avec ses vaisseaux, malgré le blocus des Anglais ; fut ministre, et mourut commandant en chef de la flottille réunie a Boulogne pour la descente en Angleterre.



deuxième division.


(Région des gloires du premier empire).


Belliard (Auguste, comte), m. 29.
1769 — 1832.

Lieutenant général, pair de France.



Pajol (comte), m. 29.
1772 — 1844.

Un des plus brillants généraux de cavalerie de l’Empire, commanda la division de Paris sous les Bourbons et passa à Napoléon dans les Cent-Jours, après lesquels il resta sans emploi jusqu’en 1830. — La révolution de Juillet, dont il fut un des héros, le fit rappeler à son ancien commandement par Louis-Philippe qui le nomma pair de France.



Estampes (marquis d’). m. 29.

Sépulture de famille.

Belles armoiries admirablement gravées dans la pierre.



Boissy-d’Anglas (comte), m. 29.
Décédé 12 octobre 1850.

Ancien pair de France, fils du président à la Convention qui sauva cette assemblée le 1er  prairial an III.



Dalmatie (marquise de), m. 29.

Belle chapelle d’une architecture élégante.



Rovigo (duc de), m. 29.
Décédé 2 juin 1833.

Suivit l’empereur Napoléon Ier sur le Bellorophon l’Angleterre l’empêcha d’aller à Sainte-Hélène. — La duchesse de Rovigo est près de lui.



Gérando (Joseph-Marie, baron de), m. 29.
Lyon, 29 fév. 1772 — Paris, 10 nov. 1842.

Pair de France, conseiller d’État, membre de l’Institut, professeur à la Faculté de droit de Paris.



Chaptal. m. 29.
Nogaret (Gévaudan), 1756 — 1832.

Chimiste et homme d’État, propagea, l’étude de la chimie et son application aux arts et à l’agriculture, fut ministre de l’intérieur sous le Consulat, sénateur et comte de Chanteloup sous l’Empire, pair de France sous la Restauration.



Houtou de la Billardière. m. 29.
Décédé 8 janv. 1834.

Voyageur naturaliste, membre de l’Institut.



Vaudemont (de). m. 29.

Nièce du duc de Lorraine, mariée à Reims le 14 fév. 1575 à Henri III, roi de France et de Pologne. Elle fut déposée dans ce mausolée par les soins du préfet de la Seine, après que son cercueil, sur lequel était gravé son nom, eut été trouvé par dés ouvriers qui démolissaient l’église des Capucines fondée par elle. Depuis, ses restes ont été de nouveau transportes dans l’ancienne église de l’abbaye de Saint-Denis, où ils sont aujourd’hui.


Dans le tombeau du père Lachaise repose maintenant :

Rouillé du Coudras, m. 29.

Lieutenant général qui fit des prodiges de valeur à Fontenoy, sous les yeux du maréchal de Saxe.

  1. Voir sur l’emploi de ce mode et ses avantages le livre intéressant de M. Feydeau, directeur général des cimetières de Paris.
  2. Il se fabrique en moyenne chaque année à Paris pour 2 millions 700,000 francs de monuments (Statistique de la Chambre de commerce de Paris).
  3. Les cimetières, en France, sont la propriété de l’État ou des communes, tandis qu’en Angleterre ils appartiennent à des entreprises particulières.
  4. En 1820, on comptait dans le seul cimetière du Père-Lachaise 15,000 monuments, dont plus de 2,000 à perpétuité. On peut porter à 17,000 environ le chiffre actuel des mausolées.
  5. Ce monument, qui n’a pas été exécuté, a été remplacé par une chapelle funéraire, d’après les dessins de M. Godde ; la caisse municipale en fit les frais en partie, le surplus fut couvert par le legs considérable de la veuve du docteur Bosquillon.
  6. On entrait, avant cette époque, par la porte située près au cimetière Israélite.
  7. Ces arbres forment, autour du visiteur et au-dessus de sa tête, des barrières naturelles que l’œil doit consulter souvent.