Utilisateur:SyB~Anicium/Pline/II/1

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Traduction par Émile Littré.
Dubochet, Le Chevalier et Cie (p. 99).
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Livre II — § 1

I.

1(I.) Le monde, ou, ce que l’on est convenu d’appeler d’un autre nom, le ciel, qui embrasse tout dans ses replis, doit être considéré comme une divinité éternelle, immense, sans commencement et sans fin. Rechercher ce qui est en dehors est sans intérêt pour les hommes, et au-dessus des conjectures de leur esprit. Le monde est sacré, éternel, immense, tout dans tout, et, à bien dire, il est lui-même le tout ; infini, il semble être fini ; possédant la certitude de toutes choses, il semble livré à l’incertitude ; au dehors, au dedans, il renferme tout en soi ; il est à la fois l’œuvre de 2la nature et la nature elle-même. Ce fut une folie à quelques-uns de s’être occupés à en chercher l’étendue, et d’avoir eu la prétention de l’indiquer ; ce fut une folie à d’autres, qui s’appuyèrent de ces essais ou qui y donnèrent lieu, d’assurer qu’il y avait une infinité de mondes ; de sorte qu’il faudrait croire ou à une infinité de natures, ou, si une seule nature présidait à tout, à une infinité de soleils, à une infinité de lunes, et autres astres, qui seraient, comme ils le sont déjà dans notre seul monde, immenses et innombrables. Est-ce que la pensée arrivée au terme ne se fera pas toujours la même question, par le désir de toucher à une limite ? ou, si l’on peut accorder l’infini à la nature artisan de tout, n’est-il pas plus facile de concevoir cet infini dans une seule œuvre, surtout si l’on se représente combien elle est grande ? 3Folie, pure folie, de vouloir sortir du monde et d’en scruter l’extérieur, comme si l’intérieur en était déjà tellement connu ! Et d’ailleurs, comment un être qui ne connaît pas sa propre mesure pourrait-il mesurer quoi que ce soit ? ou l’esprit de l’homme voir des choses que le monde lui-même ne renferme pas ?