Véritable déclaration de la découverte des mines et minières de France

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VERITABLE
DECLARATION
DE LA
DESCOVVERTE DES MINES
ET MINIERES DE FRANCE, PAR LE
MOYEN DESQVELLES SA MAIESTÉ ET SES
Subjects ſe peuuent paſſer de tous les Pays eſtrangers.
Enſemble des proprietez d’aucunes ſources & eaux Minerales, deſcouuertes depuis peu de temps à Chaſteau-Thierry.
par Dame MARTINE DE BERTEREAV,
Baronne de Beau-Soleil.
A tres haut & puiſſant Seigneur Mre. ANTOINE DERVZÉ
Pair & Mareſchal de France, Marquis Deffiat, de Cheilly,
Longiumeau, &c. Chevalier des Ordres du Roy, Conſeiller
en ſes Conſeils d’Eſtat & Privé, &c. Surintendant
general de ſes finances, & des Mines
& Minieres de France.
M. VIC. XXXII.


A
HAVT ET PVISSANT
SEIGNEVR MESSIRE ANTHOINE
DE RVZÉ, PAIR ET MARESCHAL DE
France, Marqvis Deffiat, de Cheilly,
Longiumeau, Baron de Sainct Mars, Seigneur de Gannat, & du Meſnil Moley, Cheualier des Ordres du Roy, Conſeillier en ſes Conſeils d’Eſtat & Priué, Gouuerneur & Lieutenant general pour ſa Majeſté en Anjou, Sur-intendant general de ſes finances, & des Mines & Miniéres de France.


M


ONSEIGNEVR,

Pluſieurs cauſes vous donnent droict ſur ce petit traicté : Deux principalement. L’une la qualité & le pouuoir abſolu que vous auez ſur le ſujet : Et l’autre l’eſtroite obligation que le Baron de beau Soleil mon Mary & moy vous auons du pouuoir particulier qu’il vous à pleu nous donner, & en vertu duquel nous auons recognu les Mines & Minieres de ce Royaume : Et les Metaux & Mineraux qu’elles cõtiennent. Je vous l’adreſſe & le vous deſdie donc, (Monſeigneur) auec vne tres humble ſupplication de l’auoir agreable. Vous cognoiſſant en ce fait, tres prudent & iudicieux, vous en ſçaurez tres bien iuger : Et par voſtre bõté excuſer les deffaults d’vne femme, ſur vne matiere ſi eſpineuſe & peu cogneuë : Seulement vous aſſeureray-je (Monſeigneur) que ſi vous daignez vous ſeruir de nos cognoiſſances, & des moyens certains que nous auons en main de faire valoir ce que nous n’auons que deſcouuert. Vous vous pourez promettre de voir voſtre adminiſtration plus glorieuſe que de tous ceux qui vous ont precedé, auec le moyen de rendre le Roy le plus puiſſant Monarque de la terre : le Royaume riche & tres-abondant : Et les François les plus heureux de tous les peuples : dont nous ſeront à touſiours preſſez de rendre les preuues lors que vous nous ferez l’honneur de nous le commander, ſans alterer les finances du Roy, & ſans que nous vous importunions d’autre choſe que du pouuoir : Et ſeullement à des conditions plus que ciuilles. I’attendray l’honneur de vos commandemens, eſtant


MONSEIGNEVR,


Voſtre tres-humble & tres-obeiſſante ſeruante
MARTINE BERTEREAV,
Baronne de beau Soleil.

VERITABLE DECLARATION
DE LA DESCOVVERTE DES MINES ET
MINIERES DE FRANCE, PAR LE MOYEN DESQVELLES
ſa Majeſté & ſes ſubjects ſe peuuent paſſer de tous les Pays eſtrangers. Enſemble des proprietez d’aucunes ſources & eaux Mineralles deſcouuertes depuis peu de temps à Chaſteau-Thierry.

Par Dame MARTINE DE BERTEREAV, Baronne de Beau Soleil.


P Luſieurs voyant au frontiſpice de ce diſcours le nom de Femme, me iugeront a meſme temps pluſtoſt capable de l’œconomie d’vne maiſon, & des delicateſſes accouſtumées au ſexe, que capable de faire percer, & creuſer des montagnes, & tres-exactement iuger les grands threſors, & benedictions, enfermés & cachés dans icelles : Oppinion vrayment pardonnable à ceux qui n’ont leu les Hiſtoires anciennes, où il ſe void que les Femmes ont eſté non ſeullement tres-belliqueuſes, vaillantes & courageuſes aux armes, mais encores tres-doctes en la Philoſophie, & qu’elles ont enſeigné aux Eſcholles publiques, parmy les Grecs & les Romains. Ie confeſſe ingenuëment la congnoiſſance des Mines eſtre tres-occulte, l’experience tres dificile, & la practique tres-perilleuſe, & que pour paruenir à vne parfaicte cognoiſſance de toutes les particularitez neceſſaires en cét Art, vne longue ſuite d’années eſt requiſe, la demeurance de deſſus les lieux, & vne continuelle deſcente dedans les Puits, & Canaux des Mines, auec vn quotidien exercice aux Officines des fontes, ſeparations & eſpreuues : Ce qu’ayant faict depuis trente années auec les plus honorables charges qui ſoient parmy les Offices de cét Art, tant du S. Siege Apoſtolique, de la Sacrée Majeſté Imperiale, qu’autres grands Princes Chreſtiens : Enfin mon inclination, & celle de mon Mary, portée au ſeruice du Roy tres Chreſtien, des Miniſtres de ſon Eſtat, & de tous ſes ſubjects, nous fit reſoudre à le venir ſeruir, eſtant aſſeurée par pluſieurs voyages que ie y auois fait auec mon Mary, que le Royaume de France eſtoit plein de tres bonnes Mines, & de toutes ſortes de Metaux, & Mineraux, où eſtant arriuée i’eu l’honneur d’auoir vne Commiſſion de Monſeigneur le Mareſchal Deffiat, Sur-intendant general des finances & des Mines & Minieres de France, ſoubs laquelle i’ay voulu à mes propres fraiz & deſpens m’aſſeurer des lieux où eſtoient les Mines, les meilleures & les plus facilles à ouurir, & qui apporteroient plus de profit à ſa Majeſte : Pour cét effect i’ay voyagé ſix années continuelles par toutes les Montagnes du Royaume, & dans les lieux ou i’ay iugé y pouuoir rencontrer quelque choſe, i’ay trouué quãtité de bonnes Mines, remplyes de Metaux, & de tres bons & excellents Mineraux, capables eſtant bien trauaillées, de rendre ſa Majeſté le plus puiſſant Monarque de la terre, en Or, & en Argent, & en toutes ſortes de Metaux & Mineraux : I’en ay tiré de toutes des matieres ſuffiſamment, qui ſont auec moy, Et de toutes eſt fait les aſſay en bonne quantité, pour recongnoiſtre le degré de leur bonté, & quelle vtilité en pourroit retirer ſa Majeſté, leſquels ont eſté portés & monſtrés aux Miniſtres de l’Eſtat, & à ſon Conſeil, ſi bien qu’il ne reſte plus que de commencer les ouuertures & mettre l’ordre requis à telles entrepriſes, que ie feray quand il plaira à Monſeigneur le Mareſchal : Mais voyant que ſa Majeſté à eſté iuſques aujourd’huy trompée par pluſieurs perſonnes qui ont prins des Commiſſions pour deſcouurir leſdites Mines, & s’en ſont tres-mal acquitez, au prejudice de ſes ſujects & au meſpris du Royaume, lequel en eſt fourny auec plus d’abondance qu’autres Pays, ie veux faire voir en ce petit Diſcours que l’ignorance de ces gens là à apporté vne grande perte aux finances de ſa Majeſté, ſoit de la perte du temps qui ne ſe recouure iamais, ſoit de la mauuaiſe croyance qu’ils ont donnée aux eſtrangers, & aux ſujets, que les Mines de France eſtoiẽt de peu de valeur, & qu’elles couſteroient beaucoup plus à les trauailler qu’elles ne rapporteroient de profit, ce qui eſt neantmoins tres faut & digne de punition : Mais pour faire voir clairement & ouuertement à vn chacun le manquement de ces gens là, & le moyen d’éuiter leur fineſſe & recognoiſtre leur capacité, i’en diray mes ſentiments en ce petit Diſcours, fondée ſur mes experiences.

Pluſieurs diſcourent des Mines, des Metaux & Mineraux qui s’y peuuent trouuer dedans, mais comme les Aueugles iugent des couleurs, par le raport d’autruy, qui n’en ont eù non plus qu’eux la cognoiſſance, ou par des memoires delaiſſés de ceux qui n’ont peu paruenir à leur cognoiſſance, ny ouuerture, & ſoubs ces imaginations ſe forment des idées Platoniques, & propoſent ce qu’ils ne ſçauroient faire, & ce qu’ils n’ont iamais veu faire, deſquelles propoſitions quelques vnes eſtant tombées entre mes mains, examinées & recogneuës, i’euſſe iugé eſtre coulpable de la punition diuine, & des hommes capables en ce meſtier, de les laiſſer courir plus auant ſans en monſtrer les deffectuoſitez, puis qu’elles importent au Roy & au public.

Premierement leur propoſitions font clairement voir & paroiſtre qu’ils ne parlent que par autruy & par des memoires de perſonnes mortes, leſquels n’ont iamais eſté recognus, ny eù aucunes charges, ny Offices dans nos diuines fodines, ſoubs quelque Prince de la terre que ce ſoit, ſi bien que de les croire ce ſeroit s’embarquer dans vn long voyage, laborieux, & de tres-grande deſpence ſur vne ſimple planche de fondement, & abuſer de l’immenſe grandeur de ſa Majeſté, & prodiguer ſes finances trop legerement.

Ils parlent des lieux où ils n’ont iamais eſté, ils trauerſent les entrailles de la terre dans l’imagination de leur eſprit, & s’ils ne furent iamais au fond d’vne mine, qui fait ſouuent fremir les plus hardis eſprits, ſi vne longue pratique ne les à aſſeurez, au peril de leur vie à toute heure du iour.

En premier lieu ils diſent que dans les Montagnes de France il y à d’innumerables threſors, mais qui le leur à dit, ce n’eſt pas par ſcience qu’ils ayent appris dans les Mines, ny moins par leurs inſtruments, neceſſaires à telles recherches, car ils ne les ont point, & quand ils les auroient, ils ne les entendent pas, & par la ſeulle veuë cela ne ſuffit pas.

En ſecond lieu ils diſent que les Romains dans la ſplendeur de leur Empire en ont tiré tous les ans quatre milions d’Or, ſans ce qu’ils tiroient de l’Argent, & d’vn nombre infiny des autres Metaux & Mineraux : Comme du Cuiure, de l’Eſtain, du Plomb, du Fer, & du Fer propre à reduire en Acier, du vif Argent, ſoit en Cinabre ou autrement, de l’Aſur, du vert d’Aſur, du Vitriol, de l’Allun, de l’Ocre, du Saffre, de l’Emery, de l’Orpimant rouge & jaulne, de l’Antimoine, du Bol, de la Calamine, du Talc, du Soulphre, & de toutes ſortes de Marcaſſites, du Marbre de toutes couleurs, du Porphire, de l’Albaſtre, du Criſtal, des Turquoiſes, des Amatiſtes, des Agates, des Lapis, & autres Mineraux : Mais qui leur à dit, ou ſont les procés verbaux qu’ils en ont faict deſſus les lieux, & les eſſays qu’ils en ont tiré, en preſence de qui, & ou ſont tant de ſortes de Mines & Mineraux, que ne les à-on apportées au Conſeil de ſa Majeſté, ou à Monſeigneur le Mareſchal, ils diſent le tenir des Hiſtoires, & principalement de Pline, qui à eſcript la plus grande partie de ſon Hiſtoire, ſur des memoires, & par ouït dire comme eux : Eſt-ce pas choſe digne de riſée de faire telles propoſitions, il falloit auoir veu, obſerué, recognu, & experimenté. Et s’ils l’auoient fait, ils auroient dit pluſieurs choſes ſur ce ſubject deſquelles ils ne parlent point.

Ils diſent en troiſieſme lieu, que les memoires qu’ils en ont leur à apris, mais les particularitez qu’ils rapportent de ceſte multitude de Montagnes, (ſi promptement couruës) & l’adjouſtement des enſeignements qui leur en ont eſté donnez, iuftifient clairement qu’ils n’en ont aucune practique, puis qu’ils ne parlent pas dans les termes de l’Art.

Ie laiſſe ſoubs ſilence, & cõme choſe inutile, leurs diſcours pour perſuader ce trauail & ces belles objections qui ſe font à deſſein.

Comme auſſi ces facilitez de parfaire leur entrepriſe, me contentant de dire la deſſus qu’ils parlent trop generalement, trop legerement, & trop hardiment, d’vn fait du tout important : mais ils ne diſent pas le pouuoir faire, & n’en donnent aucunes preuues, qui ſeroient neanmoins tres vtiles & neceſſaires pour les faire croire capables d’vne ſcience où la practique & la cognoiſſance leur defaut. Ie les conſeille chariblement d’aller ſeruir les Officiers des Mines d’Hongrie, à Scheminis, & là faire leur apprentiſſage dans la Mine du Bibertollen, qui à huict cens toiſes de profondeur.

Il eſt certain & aduoüé de tous ceux qui ont la cognoiſſance des Mines, qu’il n’y à aucun Metail dans ſa matrice ſans meſlange letorogene, eſtant touſiours meſlée auec lomogene : & qui le contredira ie m’offre à le vaincre par demonſtration. Ie dis donc qu’il ne ſe treuue que tres rarement du Plomb qu’il ne tienne d’Argent & n’en eſt iamais treuué qu’en Pologne, à la mine de Kakaray, duquel les eſproueurs aux Officines de Cremis, Scheminis, & Neuſol en Hongrie, s’en ſeruent pour faire leur eſſay : auſſi il n’y a point de Cuiure qui ne tienne d’Argent, & bien ſouuent d’Or, & d’Argent : Comme la Mine de Neuſol, qui depuis quinze cens ans eſt trauaillée, & rend encores chaſque année tous frais faits deux mil Richedales à ſa Sacrée Majeſté Imperialle, comme ie feray voir par les Cedulles de la Chambre dudit Neuſol, Signé Rozé Lieutenant du Baron de Beau-Soleil pour ſa Majeſté Imperialle, ſi biẽ que ceux qui ignorent le principe des Metaux, leur flus, & ſeparation dans le Fourneau du grand Teſt, perdent vn grand bien, & vendent le fin Or & Argent auec leur Plomb & Cuiure, & auec les autres metaux meſlangez, & au lieu de trouuer du profit, ils trouuent de la perte : Et au contraire ceux qui par vne longue experience ſçauent ſeparer Letorogene de l’Omogene, ils trouuent vn grand profit, & font rapporter de grandes commoditez dans les Finances de leurs Princes.

De ces choſes il ſe peut conclure que les vrays imitateurs de Nature, ont vn grand aduantage à la tranſmutation des Metaux, comme en tranſmuant le Fer en Acier, l’Acier & le Fer en Cuiure, le Cuiure en Argent, & l’Argent en Or, le Plomb en Mercure & en Eſtain, & meſme en Or & Argent, & en tirent vne Medecine vniuerſelle pour guarir toutes maladies, par la cognoiſſance qu’ils ont de leur Mercure vif, & de leur Soulphre incombuſtible : Auſſi ceux la font la vraye tranſmutation, & ceux cy la ſeule ſeparation.

Quant à la quantité & qualité des Mines de France, elles ſont en grand nombre, & en diuerſes Prouinces, comme dans la Prouence, & Daulphiné, dans l’Auuergne, Languedoc, Viuares, Foreſt, Vellay, au Maine, Normandie, Comté de Foix, Monts-Pirenées, en Bretagne haute & baſſe (ou i’ay trouué le Procureur General pluſtoſt porté à la ruine & à la deſtruction des Mines du Roy, & de ſes Officiers, qu’à l’augmentation de ſes Finances, & vtilité du bien public) dans le Lionnois, & Beaujolois, Comté de Bourgongne, en Champagne & Poictou, Giuaudan, & Bigorre, comme d’Or & d’Argent, de Cuiure d’Eſtain, de plomb, de Fer, de Mercure, auſſi bon que celuy d’Eſpagne, du Vitriol, meſme du blanc, auſſi bon que celuy de Hongrie, des trois eſpeces d’Antimoyne, auſſi bonnes qu’en Allemagne, du Soulphre vif, iaulne & rouge, du Cinabre Mineral contenant quantité de Mercure, quantité de Bol, auſſi bon que la terre Sigelée, des cinq eſpeces d’Ocre, de ſix eſpeces de Talc, du Saffre, & du Iayet, en bonne quantité de marbres, & de toutes couleurs, Porphire & Albaſtre, du Criſtal de Roche, des Emeraudes, Amatites, & Agates, de la Houlle, auſſi bonne à bruſler que celle de Liege, des Tourbes, auſſi bonnes au feu que celles de Holande. Et de toutes ces choſes i’en ay auec moy, auec les Arreſts des Parlemẽs de Frãce, où i’ay eſté, les Atteſtations & Procez verbaux des Iuges des lieux ou ie les ay tirez, & deuant qui les eſpreuues ont eſté faictes : afin de faire voir aux Miniſtres de l’Eſtat que i’ay procedé en ma Cõmiſſion, methodiquement & Religieuſement aux recherches de la France, comme i’ay faict dans l’Hongrie, Boëme, Tirolle, Saxe, Sileſie, Morauie, Maſcouie, & Italie, auec de tres honorables charges des Princes Souuerains, deſquels nous auons reçeuz tous les honneurs qui ſe pouuoient eſperer, meſme que l’Empereur preſent à faict l’honneur à mon Mary de le qualifier ſon Cõſeillier & Commiſſaire General des trois Chambres d’Hongrie. Le Pape l’à faict General des Mines de tout l’Eſtat Apoſtolique. L’Archiduc Leopolde, de celles de Tirolle, & de Trente, le Duc de Bauieres des Siẽnes, & le Duc de Neubour de celles de Norgouia & Cleues, ce que ie feray voir quant i’en ſeray requiſe. Neantmoins i’entend tous les iours parler dans la France des hõmes qui croyent eſtre tres capables dans la cognoiſſance de la Nature, & dans les Lettres humaines, qui ne peuuent croire qu’il y aye des Mines, ny que les hommes les puiſſent trouuer, ſi ce n’eſt par la conferance des Demons : mais s’ils auoient deſpençez deux cent mille liures, comme moy, aux recherches de celles de France, ils changeroiẽt leur propoſition à vne ferme & Saincte croyance : mais ce n’eſt pas d’aujourd’huy que l’ignorance eſt accompagnée de malice, & que le poltron hay le vaillant.

Pour concluſion, ie ſupplie tous les Miniſtres de l’Eſtat & des Finances de ſe garder de ſes gens là, qui demandent de l’argent pour aller chercher les Mines qui n’ont iamais cogneuës, & n’apportent aucuns teſmoignages des Princes & pays où ils ont faict leurs apprentiſſages, des Mines qu’ils ont deſcouuertes, ny des ouuriers qui les ont ſeruis : car ie craindrois que l’argent deſpencé leur rapport fuſt que les Mines couſteroient plus à les ouurir qu’elles ne rapporteroient de profit, bien que ie ſouſtiendray touſiours, au peril de ma vie, que ce mal procederoit de leur propre ignorance, & offre de faire voir à mes frais & deſpens que les Mines de France ſont auſſi bonnes que celles d’Espagne & d’Hõgrie, & plus faciles à trauailler, à moins de frais, & de peril.

Et quoy que la deſpence y ſoit requiſe, ie m’y ſoubzmets derechef, encore qu’iniuſtement, & en ſeruant fidellement ſa Majeſté i’aye eſté deſpouillée d’vne grande partie de mes biens, Bagues, Pierreries, Inſtruments propres à cét effect, Papiers, & Memoires, Or, & Argent, Mines, & Eſpreuues de tous les lieux cy deſſus nommez, par Tovche, Grippe Minav, ſans iuſqués à preſent auoir peu auoir ſatisſaction, bien que depuis ſix mois ie ſois à la pourſuite, auec vne grande despence, & ſans conſideration du retardement de noſtre trauail, & auec des incommoditez ſi grandes, que ie n’oſerois les exprimer. I’eſpere en peu de temps mestre ſoubz la Preſſe vn volume entier de la ſçience & cognoiſſance des Mines, le moyen de les cognoiſtre, leurs differances, & les flux propres pour leur fonte, auec l’ordre des poix de fin & d’eſſay, enſemble l’economie des Mines &c. L’ordre de leur Officines (Si Dieu m’en faict la grace) & que la France me recognoiſſe ce que ie ſuis, le bien & l’vtilité que ie luy apporte. Pour la fontaine Mineralle de laquelle i’ay promis de parler, continuant en l’affection du ſeruice du Roy, reuenant du voyage de Mets, me ſeruant par tout, & touſiours de mes Inuentions, pour deſcouurir & recognoiſtre ce qu’il y à eù en chaſcun lieu. Approchant de Chaſteau-Thierry, poſant le Compas Mineral dãs la Charniere Aſtronomicque pour recognoiſtre s’il y auoit là quelques Mines, ou Mineraux, ie trouua y auoir quelques ſources d’eaux Mineralles qui s’y rendoient, de faict, m’y eſtant tranſportée, cherchant là dedans le lieu de ce Courant, & entrée caſuellement en l’Hoſtellerie, dite la Fleur de Lys, ie trouuay des Sources : Surquoy ayant appellé les Officiers de la Iuſtice, les Medecins, & les Apoticquaires de la ville, pour voir la preuue de mon experience, & recognoiſtre la qualité de ces eaux. Poſãt de rechef le Compas Mineral dans ſa charniere ſur les Sources, & en leur preſence, ie leur fiſt voir occulairement (& par Eſpreuue certaine) que ceſte Fontaine & vne eau qui eſt en la Maiſon de la vefue Guiot eſtoient Mineralles, & tiroient leurs qualitez Medecinalles, paſſant par quelque Mine d’Argent, tenant d’Or, & par quelque Mine de fer, où le Vitriol eſtoit aſſez abondant, & par conſequent tres propres pour deſ-opiller les obſtructions du Foye & de la Ratte, chaſſer la Pierre & Grauelle des reins, arreſter la diſſenterie & tous flux de ſang, & apaiſer les grandes alterations. &c.

Ceſte deſcouuerte eſt vne benediction de Dieu, dequoy ie luy en rend graces, & croy qu’il n’y à François qui ne ſoit obligé d’en faire autant à mon nom, & le remercier, tant de cét eau Medecinalle, que des autres grandes commoditez par moy deſcouuertes, pour le bien general de la France.