Vers, 1894/Le paysan

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VersOllendorff, éditeur (p. 77).

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Le paysan le soir vient de la foire et toutes
ses brebis marchent avec lui le long des routes.
Il y a des veaux qui ne veulent pas marcher
et il est obligé, pour les faire avancer,
de les tirer par le cou avec une corde.
Mais les veaux aux museaux blancs et morveux la mordent.
Les brebis se mettent à courir fort parfois
et le chien de l’homme, qui a l’air d’être en bois,
qui est jaune, les poursuit, aboie en arrière
et sur la route cela fait de la poussière.
Il y a la haie après la route — et les champs
après la haie et après des prés — on entend
le gave de là ; plus loin les coteaux paraissent
avec de grands carrés verts, jaunes, roux. Où cessent
les coteaux, par dessus eux, mais bien plus loin,
des montagnes, puis, après elles, l’air sans fin.