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Vers l’amour/La Chambre d’amour

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La Chambre d’amour




Chambre des douces rêveries,
Chambre empreinte de souvenir,
Où, dans de longues causeries,
Qu’on ne voudrait pas voir finir,
L’âme, avec langueur, se repose ;
Les meubles semblent attristés,
Prostrés, désabusés ; leur pose
Et leur air sont désenchantés.
Les gazes, cascades neigeuses
Sur les fenêtres et le lit,
Paraissent être les berceuses
D’un amour vaguement contrit.
Sur cette couche, en souveraine,
La pâle idole de jadis
Dormait ; et sa suave haleine
Se mêlait au parfum du lis,

Des œillets, de la violette,
Au bruit sourd du feu qui s’éteint,
À son âme tendre et muette.
Et mon cœur meurtri palpitait ;
Je rêvais aux chères caresses
Dont la vision me hantait,
Ma chair réclamant des tendresses.
À travers mes larmes, je vois
Le charmant et divin visage,
Et le voluptueux minois
Dont je subissais le servage
Je tends les mains vers ce portrait,
D’où se dégage tant de charme ;
Il a pour moi le sombre attrait
Du bonheur troublé par l’alarme.
Adieu, chambre du souvenir,
Chambre des douces rêveries.
Je ne veux plus te revenir,
Nid gazouillant de causeries.