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Vers l’amour/La violette

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La violette




Pauvre petite fleur, si mignonne et coquette,
Ta grâce se dérobe au regard indiscret
Du passant, dont la main viole ta cachette
Et ravit sans pitié ton arôme secret
Et ton calice noir que la brise caresse.
Ton prestige n’a rien de vainqueur, mais, vers toi
On se laisse attirer par ta douce simplesse
Et, soudain, on ressent l’impérieux émoi
Du désir qui surgit à ta légère haleine.
Les bois sont embaumés d’une aube de printemps.
Et lorsque les amants, dans une heure de haine,
Oubliant leurs aveux, trahis depuis longtemps,

Se quittent sans verser une suprême larme
Et découvrent, flétrie ainsi qu’un doux regret,
Cette modeste fleur d’où se dégage un charme,
Ils se sentent faiblir, en songeant qu’un bouquet
Est oublié, là-bas, dans la chambrette close,
Et qu’il fut le témoin des ébats amoureux,
Des serments prononcés par une lèvre rose,
Des longs enlacements, des baisers chaleureux.
Sur leur pâle tombeau naîtra la violette,
Lorsqu’ils s’envoleront sur l’aile d’un soupir,
Elle se penchera vers la douleur muette,
Fidèle dans la mort et sœur du souvenir.