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Vers l’amour/Le facteur rural

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Le facteur rural




Le messager qui vient, qu’on attend, qu’on espère,
Porteur, souvent, hélas ! d’alarmes, de chagrins,
Fait tressaillir le cœur oppressé de chimère.
On l’aperçoit marchant de son pas lent. Enfin !
Son bâton à la main, son sac aux destinées
Fièrement sur l’épaule, en précieux fardeau,
Il sourit aux passants, car, depuis tant d’années,
Le matin et le soir, du village au château,
Ne se plaignant jamais, d’un air malin et crâne,
Il remet avec soin les missives d’amour,
Les épîtres de deuil et l’arrêt qui condamne,
Les nouvelles d’exil et l’espoir du retour.

Il frappe à la maison, les fenêtres sont closes ;
Il sait quel vrai plaisir, quel bonheur sans pareil
Auront les vieux parents lorsqu’ils liront les choses
Que leur grand fils, au loin, écrit pour leur réveil.
Hélas ! les pauvres vieux ne sont plus de ce monde.
Ils ont dû s’en aller sans revoir leur enfant
Qui sera bien surpris que nul ne lui réponde,
Lui qui suit, plein d’espoir, son chemin triomphant.