Vers les saules/Dédicace

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Alphonse Lemerre, éditeur (p. np).

À MADAME UGALDE


Pendant que de jeunes comédiens récitaient avec une malicieuse bravoure, devant les hôtes du Casino de Vichy, cette violente fantaisie rimée, je regardais, moi, avec reconnaissance une personne en qui tout révélait la noblesse de l’esprit et du génie, et qui daignait battre des mains en écoutant des vers romantiques.

Poëte errant, depuis longtemps exilé de Paris et des théâtres d’opéra, son visage ne m’était pas connu. Oui, j’ignorais que la charmante femme qui applaudissait une comédie écrite ou, pour mieux dire, rêvée à vingt ans, fût la grande artiste qui est Galathée comme elle est Virginie du Caïd et Élisabeth, reine d’Angleterre.

Vous vous rappelez quelle fut ma joie lorsque j’appris votre nom ! Ce nom glorieux, je l’écris aujourd’hui, pour qu’il me porte bonheur, en tête du petit livre, — qui me rappellera la soirée heureuse entre toutes où cet honneur m’a été donné de serrer votre main pour la première fois.

Acceptez ces quelques rimes frivoles, je vous en prie, et croyez-moi, chère et grande artiste,

Votre admirateur fervent,
Albert Glatigny.