Vers les sommets/03

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Chez l’auteur (p. 46-61).

III

Jules LeBrun, devenu le Prince Charmant de Françoise, commençait d’être célèbre dans toutes les paroisses du Comté d’Olier. À Saint-Paul-du-Gouffre, sa petite ville natale, il y avait longtemps que son nom volait de bouche en bouche. Pour ceux qui le connaissaient intimement, il était l’homme que la Providence suscitait à leur région. Ils étaient sûrs que de sa personne se dégageraient des rayons de lumière qui éclaireraient et guideraient ses compatriotes. Et comme l’âge et les circonstances l’avaient tenu à l’écart jusqu’ici, les envieux ne s’étaient pas encore ligués contre lui. Il y avait donc unanimité de sentiments et d’opinions autour de sa déjà belle renommée. On entendait souvent cette juste réflexion :

— Il ira loin, cet enfant prédestiné. Il fera brillamment sa marque !

Ce grand jeune homme vivait modestement avec sa mère. Celle-ci, dix années auparavant, devenait veuve, alors que son mari, dans la fleur de l’âge, mourait subitement, lui laissant son idole de fils et une jolie fortune. Jules avait fait de brillantes études supérieures. Reçu avocat depuis trois ans, il ne venait toutefois que de s’inscrire au barreau de sa ville natale. Bien pris, grand, élancé, cheveux blonds ondulés, imberbe. On avait fêté tout récemment son vingt-sixième anniversaire de naissance.

Jetons un coup-d’œil sur les années antérieures, sur le passé, sur le berceau de Jules, puis aux jours où il franchit le seuil de l’âge viril, après avoir été tour à tour enfant-prodige et adolescent-étoile.

Vers l’année 190…, demeurait, sous le toit d’une luxueuse villa, en plein centre de Saint-Paul-du-Gouffre, un tout jeune couple heureux de vivre : le notaire Louis LeBrun et sa charmante épouse. Tous deux jouissaient d’une grande estime de la part de la population. Au fond d’une large terrasse où, l’été, s’harmonisaient le vert tendre des pelouses, le gris argent des allées, les tons multicolores des arbustes et massifs de fleurs, la maison, toute de blanc drapée, reposait doucement sur une légère élévation du sol. Une grande véranda s’étendait sur la façade, dont l’extrémité gauche se terminait en une fenêtre à baie surmontée d’une tourelle.

En arrière de cette coquette demeure, la vue donnait sur une colline boisée où chantait à l’année la symphonie de mille couleurs. À mi-chemin entre la maison et cette minuscule forêt, les ondes paisibles de la rivière LeBras formaient comme un étroit et long ruban flottant dans l’air calme d’un beau soir. De l’autre côté de la rue, un demi-arpent à droite, se dressait la maison des Boisclair, dont le chef était un industriel de l’endroit, l’homme en politique le plus influent de la région. Presque à la sortie du village, s’érigeait un autre foyer, celui des Maltais. Ces trois familles étaient inséparables. C’était entre les mains des deux dernières surtout que dépendait le sort politique du comté. Pour mieux comprendre le récit qui va suivre, il est bon de lire une page de notre histoire économique, au moment où ces trois familles s’unissaient, et pendant toute l’enfance de Jules.

Il y a un quart de siècle, le Canada entrait dans une ère de grande prospérité. Grâce à la bonne politique des chefs des gouvernements, il commençait à dénouer les derniers cordons qui nous attachaient encore à l’Angleterre. Mais les progrès de notre autonomie et de notre indépendance ne s’accusaient guère encore, tant de féroces impérialistes les entravaient.

À cette époque, à peine quelques automobiles roulaient sur nos routes impraticables alors. Le cinéma était muet dans son berceau. L’aviation et la radio ne figuraient pas au domaine des faits accomplis. Mais le travail ne manquait pas et les produits se vendaient bien. La production et la consommation s’équilibraient grâce à un libre-échange raisonnable, à une juste protection, et aussi à un machinisme moins développé qu’à l’heure actuelle.

C’était l’époque de la construction du pont de Québec, merveille mondiale, et du Grand-Tronc-Pacifique ; l’époque de la fixation des frontières de l’Alaska et de la création des provinces d’Alberta et de Saskatchewan. C’était presque l’âge d’or canadien !

Au début du vingtième siècle, dans chaque comté rural, s’observait une rigoureuse discipline quant au choix des candidats qui devaient briguer le suffrage populaire lorsqu’avaient lieu des élections, soit complémentaires, soit générales. Trois ou quatre chefs décidaient d’amener un homme et tous se ralliaient à cette décision. Il sortait toujours victorieux de la convention, qui n’était tenue que pour la forme.

Avez-vous remarqué, à l’heure actuelle, la vie de nos très petites villes aussi bien que celle de nos gros ou minimes villages ? À cause probablement de la peur du qu’en-dira-t-on, puis à cause de profonds sentiments égoïstes que le cœur humain possède, l’individualisme, le familialisme règnent en maître. On y est curieux, sévère, jaloux, injuste. On s’abrite derrière quelque chose, mais toujours de façon à voir sans être vu.

Le moindre petit événement est su de tout le monde en quelques minutes et aussitôt commenté, grossi, exagéré, déformé, classé parmi les crimes affreux. Personne, à peu près, ne veut rien faire pour la communauté et tous se plaignent que personne ne fait rien. Sans doute, il y a cinq ou six femmes d’œuvres qui, en se querellant, en s’attribuant tous les mérites, font preuve de réel dévouement. Sans doute, il y a quelques hommes qui acceptent de se laisser élire présidents ou directeurs de quelque chose, les uns pour opérer le bien, les autres pour la gloriole ou leurs intérêts.

Au point de vue religieux et moral, deux à trois mille âmes dépendent du curé et de ses vicaires. C’est dans l’ordre. La paroisse catholique a fait notre force dans le passé et elle est le rempart de l’avenir. Je la veux gardienne de nos destinées éternelles, mais je n’aime guère que certains curés deviennent rois et maîtres de toutes les vies de leurs paroissiens. Le fait d’être gardiens absolus de la foi et de la morale dans leurs paroisses respectives ne leur confère pas nécessairement la juridiction totale sur les initiatives d’ordre intellectuel et profane que leurs fidèles aiment à prendre, pourvu que ces dernières ne compromettent en rien les intérêts de la religion et n’empêchent pas l’accomplissement des devoirs qui en découlent. Dans le domaine civil, cinq ou six hommes se partagent toutes les influences : municipales, scolaires, politiques. Les faits et gestes qui s’y accomplissent sont inspirés par eux.

Maintenant revenons à la famille de Jules. Le couple LeBrun avait eu une fille dans trois ans de mariage, mais il avait espéré longtemps avoir un garçon. Au papa il semblait que le trait d’union conjugal ne s’était pas encore posé tant qu’un être de lui ne l’eût assuré de la continuation, de la perpétuation de son nom. Du reste, leur fillette mourut à l’âge de deux ans. Ils en étaient restés longtemps inconsolables. Cependant, en 190…, le ciel combla ses vœux : le six avril, sous un monticule léger de couvertures soyeuses, les parents et amis avaient pu apercevoir une petite tête blonde, au visage rose rouge, et deux petits poings crispés qui s’agitaient. Grande était la joie au foyer. Dans sa bonne foi naïve, le notaire, depuis qu’il l’espérait et depuis deux jours qu’il le contemplait, rêvait d’en faire un homme remarquable. Il s’était promis, peut-être mille fois, de lui fournir tous les moyens d’acquérir d’une façon parfaite les connaissances humaines. Il est temps, se dit-il, qu’un homme surgisse et que, par son savoir, sa science et son érudition, il s’impose à ses semblables pour les diriger vers les sommets. Il n’avait pas foi au présent.

Non, jamais un père n’avait si ardemment désiré un fils, ni, après l’avoir eu, rêvé d’en faire un homme si complet. Ce désir de gloire pour son garçon, ancré chez le notaire à l’état d’idée fixe, le hantait du matin au soir, et, la nuit troublait son sommeil, au point que, souvent il ne pouvait dormir, même une heure. On ne sait pas combien de fois il s’était dit qu’il n’épargnerait rien pour le faire instruire, afin qu’il pût prendre son essor, son vol vers les hautes sphères, où il planerait sûrement. Dans son imagination chauffée à blanc par le feu que lui communiquait cet être si cher, il apercevait sa destinée, son ascension sur le sommet d’une grande échelle dont l’extrémité touchait tous les horizons. Il était certain qu’il verrait loin et qu’il saurait voir. Plus de doute pour lui : un génie habitait sous son toit.

Mais il avait quelquefois des perplexités au sujet du nouveau-né. Il se surprenait en flagrant délit de scepticisme ! Son cher fils ne serait rien !

— S’il fallait, disait-il à ses amis, qu’il ne fût qu’ordinaire, qu’une bonne fée ne lui eût rien décerné à sa naissance, qu’il ne brillât d’aucun lustre, ah ! que je serais déçu et misérable ! On ne sait jamais : un stupide accident, un manque de milieu propice à sa culture, une absence de puissants dons naturels peut anéantir mes plus ardents espoirs. Moi-même, je peux partir avant de pouvoir admirer mon œuvre !

— Nous le veillerons et surveillerons, sa mère et moi, ajoutait-il. Jusqu’à l’âge de six ans, il n’aura pas d’autres éducateurs que nous deux. Seule une bonne de tout premier choix sera notre collaboratrice. Et au temps de sa scolarité, un bulletin nous renseignera chaque jour sur sa conduite, son travail et ses succès.

Les jours, les semaines, les mois passèrent ; les années aussi. À cinq ans, une Sœur qui était en visite chez le notaire, ayant été frappée de tant de précocité chez le bambin, avait dit aux parents :

— Je vous conseille de l’envoyer au couvent dès septembre prochain.

Il y avait bien les écoles des Frères, mais on était convaincu que l’enseignement des religieuses valait mieux que celui des hommes pour les garçonnets de six à dix ans. C’est surtout pendant cette délicate période que leur faiblesse a besoin de protection, que s’apprennent la gentillesse, les manières polies, etc., que seules les femmes savent donner.

Et depuis, rien ne vint entraver son essor. Il forçait les religieuses à déborder pour lui seul les cadres des programmes. Son activité ne se lassait pas. La portion d’enseignement que chacune d’elles distribuait ne le rassasiait pas. Sa curiosité allait de l’autre côté des bornes. Entré au cours préparatoire, il montait d’une année quatre mois plus tard et arrivait le premier de cette classe à la fin de juin. Il apprenait ce qu’il voulait, mais il travaillait ardument et d’une façon persévérante.

La directrice s’imposait l’agréable devoir de venir souvent exprimer à la famille son admiration et tous les autres sentiments de joie et de satisfaction qu’elle et ses collaboratrices éprouvaient à l’endroit du cher Jules. On en parlait comme d’un prodige.

— C’est un phénomène, cet enfant-là. Peut-être aime-t-il le jeu plus qu’il ne faut, disait-elle, mais aussitôt assis à son pupitre, il s’attaque à la besogne comme s’il engageait un combat. Depuis vingt ans que je dirige des classes, je n’ai jamais rencontré un élève si bien doué à tous points de vue. Si vous le voyiez ! Il devine ce qu’on va lui enseigner, il devance, il commande. Souvent il pose des questions et donne des réponses qui dénotent un fonds d’aptitudes extraordinaires, qui nous jettent dans l’émerveillement.

Chaque année de sa scolarité primaire, comme plus tard chacune de ses études secondaires, provoquait de la part de ses maîtres les mêmes enthousiastes et flatteuses appréciations. Et l’on sait que l’école ne prodigue des louanges qu’à bon escient.

Au foyer, il connut les meilleurs traitements, mais on ne le gâta pas. Son regard curieux et perçant n’a été témoin que d’exemples de paix, de bonne conduite, d’harmonie, d’autorité et de respect. Jamais il n’y a vu le spectacle amollissant de flâneries, de laisser-aller déprimant, de choses équivoques qui rendent hypocrite. Contrairement à tant d’autres, dès l’aube de sa vie, il a semblé déjà convaincu de la nécessité des efforts et du travail, du danger des douceurs, des conséquences graves de trop de bien-être. Il admirait les DuGuesclin et les Bayard, les Montcalm et les Salaberry, etc… Quand on lui parlait de ces héros, un frémissement le secouait longtemps.

À onze ans il avait complété sa sixième année de l’école primaire. Il aurait même pu la finir l’année précédente, si l’on n’avait pas craint de le voir se surmener. On le ralentit donc à dessein, convaincu qu’on était qu’il n’avait pas besoin de parcourir autant de chemin en une si courte période. Il possédait une somme de connaissances supérieure à celle de ses camarades de septième année. Il écrivait le français et l’anglais d’une façon impeccable et les histoires et l’arithmétique n’avaient plus de secrets pour lui, ni aucune autre matière de son cours.

À dix-huit ans, le titre de bachelier couronnait ses études secondaires. Il était arrivé le premier, et cela avec une marge inconnue jusqu’alors. Jamais des correcteurs d’épreuves d’examen n’avaient rencontré des compositions aussi parfaites de tenue, de fond et de forme, ni été aussi unanimes à décerner une palme. Pour tous, il était un être d’exception.

Et chose encore plus rare, sa constitution n’avait en rien souffert d’avoir servi si bien son intelligence et sa volonté. D’instinct, il lui répugnait de manquer à l’ordre, à la discipline, de rompre le bel équilibre qui doit nécessairement régner entre l’âme et le corps. Il avait étudié d’une façon systématique jusqu’à l’âge de vingt-cinq ans.

Et jusqu’à ce moment, rares furent les personnes qui le virent dans des réunions mondaines. Parti dix mois de l’année, d’abord pour le collège, puis pour l’université, enfin pour l’école des sciences sociales, il consacrait chacune de ses vacances d’été à voyager avec sa mère, surtout depuis qu’elle était veuve. Non pas qu’il fût sauvage ni rébarbatif à la vie de société, mais l’étude l’absorbait tout entier. Quand il était au foyer familial, la seule sortie qu’il se permît était d’aller voir ses amis, les Boisclair. Bien que ces derniers fussent des mercantis, il aimait les rencontrer. Le père lui causait avec compétence de questions industrielles et davantage de politique, dont il s’occupait au point de négliger ses devoirs. La mère possédait une forte culture générale et était musicienne dans l’âme.

En plus des parents qui l’intéressaient, il y avait Mlle Élise, leur fille, enfant choyée, gâtée et qui était charmante. C’était l’incarnation de la jeune fille à la page au point de vue mondain. Elle avait précisément l’âge de Jules. Dans leur enfance, ils avaient vécu tous deux comme sous un seul et même toit. Elle raffolait de toilettes et de parties de plaisir. À tous les amusements possibles, elle prenait part, joviale et rieuse. Sa conviction était que les descendantes d’Ève ne sont que des bibelots pour les hommes. Elle n’avait jamais imaginé être autre chose pour lui. Elle affectait de n’être pas sérieuse, croyant lui plaire davantage.

Jamais sa conversation ne tombait sur des questions sociales ou autres de ce genre, afin de ne pas s’immiscer dans le domaine de l’activité masculine. C’est pourquoi avec lui elle ne parlait que mondanités, que modes, que succès de salon. Malheureusement c’était le genre de conversation qu’il prisait le moins. Elle compromettait ainsi la cause de son sexe. En effet, par elle, il avait été longtemps à croire que la femme était légère, frivole, qu’on ne pouvait l’entretenir d’idéal. Il considérait donc Élise comme une bonne amie, pas plus. Il s’était toujours arrangé de façon à ne pas se trouver seul avec elle. Elle ne l’intéressait pas.

S’il s’était pourtant donné la peine d’une petite excursion dans le cœur d’Élise, il y aurait perçu des battements plus forts et plus drus quand il se trouvait en sa présence. Mais elle était d’une nature si indépendante et si peu expansive que personne ne voyait, lui le premier, la flamme d’amour qui jaillissait, ardente et vive. Elle aussi était dupe. Attribuant l’indifférence, voire même la froideur, du jeune homme pour elle à sa passion pour l’étude, elle ne lui savait pas mauvais gré d’une attitude aussi anormale.

— Une fois cette ferveur refroidie, disait-elle, l’autre, la dévotion pour moi, naîtra. C’est alors que je m’empresserai de lui dire mon brûlant amour.

Pour le moment, elle se contentait d’épier l’évolution de l’état moral du jeune homme, comme un médecin suit un malade qu’il veut sauver à tout prix. À la moindre alerte, au moindre éloignement, elle agirait ferme. S’il ne l’aimait pas encore, elle était certaine qu’il n’avait pas donné son cœur à une autre. Elle était sûre d’être la première femme dans sa vie, quel que fût le rôle qu’il le lui faisait jouer. Elle surveillait en préparant ses batteries sentimentales.

Quelquefois, elle se sentait incapable de cacher plus longtemps son amour, de ne pas le lui exprimer avec tout son être. Mais elle craignait de l’effaroucher, de le perdre à jamais. En attendant de lui crier sa passion, elle se faisait de plus en plus gentille et câline, redoublant ses propos futiles. Elle ne comprenait pas qu’avec lui il aurait fallu se montrer autre chose qu’une poupée, qu’une gerbe de fleurs.

Elle l’aimait de toute son âme depuis au moins cinq ans. Elle avait éprouvé la douleur de garder son secret tout ce temps. Même ses parents l’ignoraient. Que de fois, dans sa chambre rose, ou assise seule sur l’un des fauteuils du salon, elle avait bâti des châteaux en Espagne ! Dans son rêve exquis, elle apercevait au fond d’une belle terrasse une jolie villa pleine de soleil. De beaux tapis, de riches meubles, de gaies tentures l’ornaient. Un parfum de fleurs flottait dans les appartements. Devant un foyer où pétillait un feu d’érable, où brillait une flamme bleuâtre dessinant de belles arabesques, le jeune avocat et elle vivaient à jamais leur vie conjugale, pendant que du radio glissaient dans la pièce tiède des ondes mélodieuses !…

Elle avait juré de taire ces tendres sentiments, pour ne pas effaroucher le héros de ce rêve. Elle ne craignait pas encore. Elle se disait, naïve :

— Petit à petit, je m’en ferai aimer. Si son amour pour moi n’est pas encore allumé, je réglerai mes effusions, mes épanchements sur ses gestes affectifs. Au besoin je les provoquerai. Il ne connaîtra mon amour que lorsque je serai certaine du sien.

Mais cet étrange raisonnement ne la dupait pas. Telle une personne souffrante qui veut braver la douleur pour l’éteindre en lui criant : je ne ressens plus ton cruel aiguillon, elle n’en continuait pas moins, la chère enfant, à se tordre dans son angoisse, tout comme la pauvre malade.