Vertige (Loti)

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Vertige (Loti)
Revue des Deux Mondes6e période, tome 37 (p. 721-729).
VERTIGE

Dans ces dessins d’enfantine cosmographie qui, au temps des premiers Pharaons, se faisaient à Memphis, le ciel était figuré par une voûte sphérique à laquelle des fils suspendaient les étoiles, et, sous les différens pays de la terre, naïvement tracés en couleurs, une partie ombrée en noir, qui descendait jusqu’au bas de la feuille de papyrus, s’appelait : base du monde. Au fond de leurs esprits dégagés plus fraîchement que les nôtres de la matière originelle, ne se demandaient-ils pas déjà, ces hommes aux intuitions merveilleuses, ne se demandaient-ils pas ce qu’il pouvait bien y avoir plus haut, plus haut, au-dessus de la voûte bleue où les étoiles s’accrochaient ? L’infini, l’inconcevable infini dont nos âmes sont maintenant obsédées, est-ce qu’ils commençaient d’en pressentir l’épouvante ?

Et, pour eux, sur quelle autre chose, plus stable encore, cette base du monde posait-elle ? Est-ce qu’il leur venait à l’idée de se demander : en dessous, encore plus en dessous, que trouverait-on bien ? Alors, toujours, toujours, des couches plus profondes, se soutenant les unes les autres ? Et ainsi de suite indéfiniment ? Ou bien, qui sait… du vide ? Mais alors, comment ces bases tiendraient-elles, car le vide, c’est du néant où tout tombe ?…

Hélas ! oui, à présent nous le savons, nous que la Connaissance a déséquilibrés, nous le savons, qu’en dessous, c’est le vide, le vide auquel il faut toujours logiquement et inexorablement aboutir, le vide qui est souverain de tout, le vide où tout tombe et où vertigineusement nous tombons sans espoir d’arrêt. Et, à certaines heures, si l’on s’y appesantit, cela |devient presque une angoisse de se dire que jamais, jamais, ni nous-mêmes, ni nos restes, ni notre finale poussière, nous ne pourrons reposer en paix sur quelque chose de stable, parce que la stabilité n’existe nulle part et que nous sommes condamnés, après comme pendant la vie, à toujours rouler éperdument dans le vide où il fait noir. S’accélère-t-elle, notre chute, comme c’est la loi pour toutes les autres chutes appréciables à nos sens ? Ou bien est-ce que, à travers les espaces auxquels on tremble de penser, la folle vitesse de notre soleil demeure constante ? Nous n’en savons rien, et n’en pourrons rien savoir jamais, puisqu’il n’existe et ne peut exister nulle part aucun point de repère qui ne soit en plein vertige de mouvement, puisque cette vitesse, qui déjà nous fait peur, nous ne pouvons l’évaluer que d’une façon relative, par rapport à celle d’autres pauvres petites choses, — d’autres soleils, — qui tombent aussi… Et puis, comble d’effroi, tout le cosmos qui, aux yeux d’observateurs insuffisamment avertis, semble admirable par sa ponctualité d’horloge permettant de calculer, des siècles à l’avance, la minute précise d’un passage ou d’une éclipse, ce cosmos n’est au contraire que désordre, tohu-bohu d’astres, chaos insensé, frénésie de heurts et de mutuelles destructions… Dans un étang aux surfaces immobiles, si nous jetons une pierre, nous voyons pendant quelques secondes des cercles concentriques se former, semblables à des orbites de planètes, et se développer et se suivre avec une régularité absolue, jusqu’à épuisement de l’impulsion initiale, ou bien jusqu’à l’instant où une autre pierre lancée viendra brouiller l’harmonie de ces courbes parfaites. Eh bien ! mais il en va de même pour ces exactitudes célestes, devant quoi les non-initiés s’extasient[1] ; pendant quelques milliards d’années, — qui sont comme les secondes du temps éternel, — dans chaque groupe stellaire, à partir de l’instant où la secousse initiale l’a mis en mouvement, tout continuera bien en effet à tourbillonner suivant les lois de la gravitation, — lois trop effarantes du reste pour notre raison humaine, effarantes par le seul fait qu’elles existent et que rien ne pourrait faire qu’elles n’existent pas. Et cela durera, chronométriquement, si l’on peut dire ainsi, jusqu’à l’heure inéluctable du choc contre un autre groupe en marche affolée, ou contre quelqu’un de ces monstrueux astres morts qui roulent, obscurs, dans le vide obscur.

Heureux les simples qui ignorent tout cela ! Heureux les légers ou les très sages qui peuvent vivre sans y trop penser !… Or, ces redoutables aperçus des cosmogonies, que la prudence commandait de cacher, comme les formules des explosifs, dans des arches hermétiquement fermées, nous les divulguons déjà aux enfans de nos écoles primaires où ils concourent pour leur part au déséquilibrement des générations nouvelles !

Pauvre petite science humaine, qui nous a bien appris que non seulement les astres tombent, mais qu’en outre il a fallu qu’ils fussent lancés ! Elle nous a presque fait connaître aussi comment a dû s’effectuer le lancement de notre Terre infime ; mais elle ne nous apprendra jamais, jamais, pourquoi, comment et par qui fut lancé notre soleil[2], — et lancé avec ce mouvement de giration que, plus tard, nous-mêmes, arrivés au summum de ce qu’on appelle progrès, nous avons fini par savoir donner à nos obus, pour en augmenter la vitesse meurtrière.

Quel foyer d’épouvante, ce soleil qui nous entraine à sa suite dans des régions sans cesse nouvelles de l’infini noir, et dont la force attractive se tient toujours prête à faire dévier notre pauvre planète de son ellipse frénétique, à la happer comme une négligeable poussière, dès que faiblirait la vitesse qui la sauve, pour l’anéantir dans ses continuels cyclones de feu ! Ce soleil, que nous ne soyons qu’une émanation de lui, soit ! Qu’il ait été, — je le veux bien, devant l’évidence il faut se résigner à l’accepter, — le réservoir de toute la matière première de ce monde matériel au milieu de quoi notre vie se consume à se débattre, le réservoir de tous nos organismes humains, et même des fraîches fleurs et des yeux candides de nos enfans, jusque-là, je m’incline. Mais, quant à admettre que, dans la brutale fournaise, ait été contenue aussi toute la réserve de ce qui devait former nos âmes et de ce qui parfois, en elles, atteint au sublime, — l’abnégation, le sacrifice, l’amour, la charité, la prière, — non tout de même ; devant cette hypothèse matérialiste, le bon sens se cabre. Non, tout cela qui nous éblouit de quelques rayons enchantés, dans notre affreuse nuit, tout cela nous est venu, nous ne saurons peut-être jamais d’où, mais assurément d’ailleurs, de plus loin et de plus haut…

Pauvre petite humanité, issue, avec son cortège de souffrances et de crimes, du grand brasier solaire, elle voit son évolution s’accélérer aujourd’hui trop furieusement, comme s’accélèrent toutes les longues chutes dans les abîmes ! Il y a quelque deux cent mille années qu’elle a surgi tout à coup, nous ne saurons jamais pourquoi, à la surface de cet atome cosmique, la Terre, qui aurait si bien pu demeurer vide et ne pas promener dans l’espace tant d’âmes désespérées et de corps sanglans. Énigme de plus, elle est apparue sans doute sous un aspect déjà parfaitement humain, car on n’a jamais trouvé, quoi que l’on en ait prétendu, sa filiation tant cherchée… Après avoir indéfiniment végété dans les cavernes, elle a connu un apogée presque subit lors de ce merveilleux élan de foi qui a duré quelques millénaires, mais qui s’épuise et qui, faute de sève et de jeunesse, ne se reproduira jamais ; à cette envolée nous devons les vieux temples de l’Egypte et de l’Inde, les jardins de l’Hellade, où se promenaient, en devisant de nouveautés sublimes, d’incomparables péripatéticiens, et enfin les Catacombes de Rome, et puis nos profondes cathédrales avec leur pénombre tout imprégnée de confiantes prières. Mais, c’est déjà dans le passé tout cela, et ne semble-t-il pas que la suppression de cette même humanité, ou tout au moins son départ pour ailleurs, soit désirable et peut-être même proche, puisque la voici déséquilibrée par la Connaissance et prise d’un vertige qui ne se guérira plus ! Aujourd’hui, au lieu des lointains, mais radieux espoirs, nous avons les convoitises immédiates, l’alcool et la détresse. Au lieu des hautes basiliques, magnifiquement édifiées par des artistes inspirés, nous avons le honteux et imbécile obus allemand, qui passe au travers, et les gerbes d’écume des explosions sous-marines et le cauchemar de ces grandes caricatures d’oiseaux en acier qui, au-dessus de nos têtes, promènent la mort. Un vent de laideur et de crime souffle en tempête sur le monde…

C’est du reste de notre Europe qu’est venu tout le mal. Et pourtant avons-nous été assez fiers de notre progrès ! Ces Hindous contemplatifs, tous ces peuples d’Orient qui nous dépassaient dans l’intuition des choses métaphysiques, même dans la poésie, dans le rêve, les avons-nous toisés d’assez haut, parce qu’ils avaient le bonheur d’être un peu des arriérés de la science positive et ignoraient le tournoiement désordonné des soleils, ainsi que les secrets de la chimie, la composition de cette mélinite ou de cette cheddite qui nous fauchent par milliers ! Et, pour achever la confusion de notre orgueil, en plein milieu de notre Europe, une race non perfectible a pullulé plus vite que les autres, cette race de Germanie qui déjà, au temps de Varus, emplissait de dégoût les Romains par son incroyable mélange de férocité et de mensonge ; tout lui est bon pour tuer, à cette race de rebut, non seulement les obus énormes et les balles pointues, mais encore les toxiques, les microbes et les virus ; il semble qu’elle ait reçu, de la part de cet élément de la Trinité hindoue qui fut dénommé Shiva, prince de la Mort, la mission spéciale d’exterminer ; le rôle où elle se complaît rappelle celui de ces poissons voraces qui se réunissent par myriades et passent leur vie à manger les autres. Et, même quand nous aurons vaincu sa force homicide, elle demeurera parfaitement destructive de tout calme et de toute beauté, en développant à outrance son Industrie, qui est la négation de l’Art, en propageant partout l’usine, qui est l’étiolement physique de l’homme et l’exploitation des pauvres ouvriers en troupeaux. Ils s’en vont, hélas ! les petits métiers d’autrefois, où chacun, loin des hauts fourneaux meurtriers, exerçait librement son habileté personnelle et son artistique fantaisie ; ils s’en vont, et bientôt l’Orient même ne les connaîtra plus… Cher Orient, qui demain aura cessé d’exister et qui était pourtant le dernier refuge de ceux qui souhaitent encore vivre dans le silence, la méditation, peut-être la prière, sans entendre les sifflets des machines, les résonnances des ferrailles, ni les discours subversifs et ineptes, arrosés d’alcool ! Et le calme, hélas ! nous sera refusé de plus en plus, à nous et à notre descendance, pendant ces temps, très comptés sans doute, qui restent encore à nos races humaines pour vivre et se reproduire, au milieu du déchaînement de tous les explosifs. La Science perfide nous a conduits au plus terrible tournant de nos destinées. Tout ce qui avait duré avec nous depuis quelques siècles, tout ce qui nous semblait solide pour nous y appuyer, chancelle brusquement par la base, se désagrège ou change. Et l’enseignement matérialiste jette dans nos âmes le désarroi mortel à quoi nous devons ces milliers de fous et cette croissante criminalité de l’enfance, signe que la fin est proche… Ce que je viens de dire, je n’ai, bien entendu, aucune prétention que ce soit un peu nouveau ; rien, je l’accorde, n’est plus pitoyablement ressassé. Du reste, tout est ressassé sur la terre. Si j’ai essayé de répéter tout cela à ma façon, pour le faire peut-être mieux entendre de mes frères intellectuels, simples comme moi, et pour en aviver chez eux l’épouvante, c’est dans le but de leur communiquer, après, des réflexions, — oh ! bien simplistes et à notre portée, — mais qui pourront peut-être leur procurer, ainsi qu’à moi-même, quelque apaisement…

(Simple, oui, je ne suis qu’un simple, que des engrenages ont emporté, et qui a manqué sa vie ; je n’étais pas ne pour m’éparpiller sur toute la terre, m’asseoir au foyer de tous les peuples, me prosterner dans les mosquées de l’Islam, mais pour rester, plus ignorant encore que je ne suis, dans ma province natale, dans mon île d’Oléron, dans la vieille demeure au porche badigeonné de chaux blanche, près du petit temple huguenot où j’ai prié, enfant, avec une telle ferveur, — très humble petit temple que, du fond des lointains de l’Afrique ou de l’Asie, j’ai plus d’une fois revu en rêve, dans la rue d’un village désuet, à côté de certain mur de jardin que dépasse la verdure sombre de grands oliviers…)

Ce que je voudrais leur dire, à mes frères inconnus, c’est que, plus le vertige et le chancellement nous entourent et nous affolent, plus il faudrait s’efforcer d’établir au contraire dans nos âmes la paix et la stabilité. Ce conseil, oh ! tout le monde aurait su le donner, je suis le premier à le reconnaître ; mais personne, plus que moi jadis, n’a douté qu’il fût possible de le suivre. Cependant, je m’y rallie de plus en plus aujourd’hui ; plus que jamais, je crois que la paix intime peut à la rigueur se retrouver, non pas seulement par résignation détachée, mais aussi, qui sait, par espoir d’autre chose, pour ailleurs, pour plus tard…


Et voici un autre raisonnement, pour le moins aussi simpliste, et plus facile encore à battre en brèche, parce qu’il a une vague prétention de s’appuyer sur quelque chose comme une donnée précise ; — et cependant il me semble qu’il rassure. La science, il est depuis longtemps entendu, n’est-ce pas, qu’elle n’explique et n’expliquera jamais rien du tout, si ce n’est les bagatelles du seuil ; plus elle marche, plus elle pénètre, et plus elle développe en avant de notre route les champs déjà démesurés de l’inconcevable, plus elle nous apporte l’effroi, le vertige et l’horreur. Toutefois, dans les troublantes officines de ses investigations que nous appelons laboratoires, elle vient de faire une découverte qui n’a pas eu, semble-t-il, le retentissement mondial qu’elle mérite, mais d’où l’on peut déduire quelque espoir. Naguère encore on disait : la matière est divisible à l’infini, — eh bien ! il ne paraît plus que ce soit vrai pour la matière organique. On disait : aux yeux de la Nature, il n’y a pas des choses grandes et des choses petites ; l’œuvre créatrice peut s’exercer jusqu’à l’infini, dans le petit comme dans le gigantesque, car les microscopes, à mesure qu’augmente leur grossissement, nous montrent toujours, toujours des organismes aussi compliqués chez de plus infimes microbes (qui sont, bien entendu, férocement armés pour en tuer d’autres), et, plus le grossissement augmentera, plus il nous en montrera encore, sans limite qui puisse être atteinte. Eh bien ! ce n’était pas vrai : un moment arrive, un moment plein de révélations insondables, un moment très solennel, où il n’y a plus rien. En effet, on a découvert que si, entre deux surfaces absolument, mathématiquement planes et polies, on comprime, à l’excès, du plasma, il n’y reste plus ensuite aucun germe pouvant encore donner de la vie, même élémentaire, tout y est mort par écrasement, mort pour être devenu trop petit ; il y a donc, dans la petitesse, une limite que la Nature créatrice ne peut plus franchir, et au-dessous de quoi tout son pouvoir, que l’on supposait souverain et innombrable, est en défaut.

Alors, si nous prenons pour exemple ces demi-êtres si spéciaux, déjà tout juste appréciables au microscope, dont la communion, au dire de la science, suffit à assurer la continuité des races, et en particulier de la race humaine, il faudrait, bien entendu, avec la thèse purement matérialiste, que chacun de ces atomes-là contînt, en plus des germes de toutes les hérédités physiques avec leurs plus menus détails, ceux encore de toutes les hérédités morales, le caractère, l’intelligence, le génie, la tendre pitié. Or, matériellement, il n’y a pas place en eux pour la millième partie de tout cela, — à moins de tomber à des dimensions bien au-dessous de celles que la Nature exige pour en tirer quoi que ce soit. Il est donc à tout prix nécessaire que ces atomes, qui incontestablement reproduiront tout un monde de vices ou de transcendantes qualités, aient été traversés, imprégnés, pourrait-on dire, par un rayon échappant à toute mesure de poids ou de grandeur, autrement dit par un rayon immatériel

L’immatériel ! Voici donc à quelle conclusion de portée incalculable me semblerait conduire cette expérience de l’écrasement, qui fut peut-être fortuite et passa presque inaperçue. Et, du moment que l’immatériel commence de s’indiquer à notre raison, tout s’éclaire, tous les espoirs deviennent possibles ; la terreur diminue ainsi que le vertige. Affranchis, si peu que ce soit, des accablantes forces physiques, délivrés du temps, des dimensions et de l’espace, nous avons moins peur des infinis vides, et de l’énormité des soleils, et de la vitesse de leur éternelle chute. Et, en attendant d’en savoir davantage, nous supportons déjà mieux, n’est-ce pas ? cette fièvre brûlante qui sévit, de nos jours, avec délire et rage de tuerie, sur notre petite planète à bout de souffle.

Oh ! certes, elles sont trop aisément attaquables, ces frêles conclusions, sans doute plus intuitives que déduites. Mais on m’accordera que celles du matérialisme exclusif, outre qu’elles nous poussent tout droit au suicide et au crime, ne tiennent pas davantage. Puisque nous avons maintenant acquis l’absolue certitude de ne jamais rien comprendre et de nous heurter de plus en plus au Terrible et à l’Absurde, dressés devant nous dans les ténèbres, j’incline plutôt à me rapprocher de ceux qui font confiance aveugle à nos grands ancêtres illuminés ; ces fondateurs de nos religions, étant moins desséchés que nous par la science et les vaines agitations modernes, restaient beaucoup plus aptes à entrevoir directement le Divin. Qu’importe après tout que des adeptes d’autrefois, ameutés autour d’eux comme autour de sauveurs, aient trop encombré, de dogmes puérilement précis et d’images orientales, leurs révélations premières ; passons au travers de tous ces apports qui rapetissent et qui éteignent ; passons avec respect, mais passons, pour ne nous arrêter qu’à l’Espérance, qui nous attend peut-être encore derrière ces rideaux de vénérables nuages.

Ce n’est pas nouveau non plus, c’est au contraire connu et banal à l’excès, cette tentative de repli vers des espoirs anciens, après que l’on a constaté que partout ailleurs il n’y a que plus d’illogisme encore. Cependant j’ai tenu, avant de rentrer dans le silence de dessous terre, pour un temps que j’ignore, sinon pour l’éternité, j’ai tenu à en parler à ceux que je regarde comme mes vrais frères, à ceux qui, avec une anxieuse confiance, suivent l’évolution de mon entendement personnel, et vis-à-vis de qui je me sens charge d’âme.


Mais, hélas ! j’ai dit cela très mal avec incohérence, et surtout beaucoup trop en hâte, entre deux séjours aux armées du front…


PIERRE LOTI.


  1. Napoléon Ier fut, si je ne me trompe, l’un de ces non-initiés qui citait la régularité des tournoiemens célestes comme preuve de l’existence de Dieu.
  2. Quelques nouvelles hypothèses assez admissibles viennent d’être émises, je le sais, sur la genèse du soleil, mais elles soulèvent encore, — et toujours et toujours, — de nouveaux pourquoi plus effroyables ; alors, à quoi bon ?