Vie de Mohammed/Combat du puits de Maouna

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Traduction par Adolphe-Noël Desvergers.
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Combat du puits de Maouna.

Dans la même année, au mois de safar, Abou-Bera- Amer, fils de Malek, fils de Djafar, surnommé le jouteur de lances (86), qui n’était pas encore Musulman sans toutefois être éloigné de l’Islamisme, vint trouver le prophète et lui dit : Si tu envoyais quelques-uns de tes compagnons vers les habitants du Nedjd (87) pour les appeler à la religion, j’espère qu’ils répondraient à ton appel. » Le prophète lui dit : « Je craindrais pour mes envoyés. Et moi je serai leur défenseur, reprit Amer. » En conséquence le prophète envoya Mondher, fils d’Omar l’Ansarien, à la tête de quarante Musulmans choisis, parmi lesquels était Amer, fils de Fohaira. affranchi d’Abou-Bekr le véridique. Ils partirent et s’arrêtèrent au puits de Maouma (88), distant de Médine de quatre P. 4 journées de chemin. Là ils envoyèrent une lettre du prophète à l’ennemi de Dieu Amer, fils de Tofail. Celui-ci tua le porteur de la lettre, et ayant rassemblé ses troupes, attaqua les compagnons du prophète qui combattirent et furent tués jusqu’au dernier, à l’exception de Caab, fils de Zéid, qui, ayant encore un souille de vie, resta parmi les morts, puis revint ensuite vers le prophète, et succomba plus tard à la journée du fossé. Cependant Amron, fils d’Omaia, de la tribu des Benou-Dhamra, et un homme d’entre les Ansariens. qui faisaient paître les montures de leurs compagnons, virent des oiseaux qui volaient au-dessus du camp. Ils retournèrent aussitôt et furent témoins du carnage qui avait été fait : l’Ansarien voulut combattre et fut tué ; quant à Amrou, il fat pris, et Amer, fils de Tofail, lui accorda la liberté parce qu’il était issu de Modhar. Il retourna donc vers le prophète et lui annonça cette fâcheuse nouvelle, qui le plongea dans la douleur.


(86) Cet Abou-Bera Amer ben-Molck était lan des premiers guer ries de son temps. Le ro Nouan, file de Mondber, nyaut envoyé aux tribus arabes quatre lances destinées aux plus guerriers, Amer, fils de Malek, en prit une ; Selma, fils de ’Fareka, en prit une autre ; Enes, fils de Modreck, et Amrou, fils de Maadi Kerb, eurent la troi- sième et la quatrième. Extrait, par M. Caussin de Perceval, du Kitab el- Aghani, 1. II, f. 175, et inséré dans sa Notice sur les anciens poèles arabes, Nouveau Journal asiatique, avril 1834. On surnommait Amer. Molaib el-Aciuna, ou celui qui joute contre les lances, parce que le poéte Aws, fils de Hadjar, a dit à son sujel : Amor a jouté contre les pointes des lances, tandis que la ligne entière de l’escadron avait été enfoncée, et avait cédé à leur violence. (Voyez M. Silvestre de Sacy. Notice sur le poête Lebid.)

(87) Le Nedjd, grande province montagneuse qui forme l’Arabie centrale, excité, dit Abou’lféda, une grande controverse parmi les geographes Arabes ; la plupart, ajoute-t-il, conviennent que c’est le nom d’une contrée qui sépare l’Yemen du Tehama, et l’Irac de la Syrie. Suivant Ebn-Haukal tout l’espace compris entre l’Yemama el envi- rons de Médine, puis entre Basra et Bahrein, fait partie du Nedjd. Dans la géographie turque connue sous le nom de Djihan-Nouma, l’Arabie est divisée en douze parties : le Nedjd de l’Yemen est la troi- sième, le Nedjd du Hedjaz la dixième, Ce dernier comprend le Nedjd- A’àridh, vaste pays traversé par la montagne connue sous le nom de Djebel-el-A’uridh, aujourd’hui Imarieh, qui commence à trois jours de la Mecque, et qui n’a que deux passages, à Ainieh et Derriiel. D’après Niebuhr (Description de l’Arabie, t. Il. p. 202) ce grand pays s’étend depuis l’Irak d’Arabie à l’occident, jusqu’au Hedjaz, et depuis le nord de I’Yemen jusqu’au désert de Syrie. (Voyez la Notice géographique sur le pays do Nedjd ou Arabie centrale, par M. Jomard.)

(88) On lit dans le Sirat er-reçoul, fol. 169 : all the top Bir Maouna se trouve sur le territoire des Benou-Soulaim, entre la Mecque et Medine..