Vie de Mohammed/Des compagnons du prophète

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Traduction par Adolphe-Noël Desvergers.
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Des compagnons du prophète.

On a été peu d’accord sur la question de savoir quels étaient les hommes qui méritaient le titre de compagnons du prophète. Said, fils de Moçaieb, ne compte au nombre des compagnons que ceux qui ont été un an et plus avec le prophète, combattant à ses côtés. D’autres prétendent que tous ceux qui, ayant atteint l’âge de puberté, ont embrassé l’Islamisme et ont vu le prophète, doivent être regardés comme ses compagnons, P. 114 si même ils n'ont passé avec lui qu'un seul instant. D'autres, au contraire, disent que ceux-là sculs sont les compagnons de Mohammed qui ont été admis dans son intimité, qui ont reçu des preuves de sa confiance, et qui ne le quittaient pas, soit qu'il fut en voyage ou en séjour. Toutefois l'opinion du plus grand nombre, c'est que le titre de compagnon est dû à quiconque a embrassé l'Islamisme et a vu le prophète, quelque peu de temps qu'il ait passé près de lui.

Quant au nombre des compagnons d'après cette dernière opinion, voici ce que la tradition rapporte. Dans l'année de la conquête de la Mecque, le prophète partit de Médine, à la tête de dix mille Musulmans; puis il marcha contre Honain, à la tête de douze mille. Il fit le pèlerinage d'adieu, accompagné de quarante mille hommes, et lorsqu'il mourut, on comptait cent vingt-quatre mille Musulmans. Quant à l'ordre dans lequel on doit les ranger, les Mohadjériens sont en général au-dessus des Ansariens, avec cette restriction que les premiers Ansariens l'emportent sur les derniers Mohadjériens. Les historiens rangent dans l'ordre suivant les compagnons du prophète :

La première classe se compose des personnes qui les premières de toutes ont embrassé l'Islamisme, telles que Khadidja, Ali, Zeid et Abou-Bekr es-Siddik, puis ceux qui les ont suivis de près et n'ont point attendu le Dar-en-Nadouat. La seconde est formée par les hommes du Dar-en-Nadouat, parmi lesquels on compte Omar. La troisième est formée par les P. Ir. Mohadjériens qui se retirèrent en Éthiopie; la quatrième par ceux qui prêtèrent le premier serment à Acaba, et ce sont les premiers Ansariens; la cinquième par ceux qui prêtèrent à Acaba le second serment; la sixième par ceux qui prêtèrent au même lieu le troisième serment : ils étaient au nombre de soixante-dix ; la septième par les Mohadjériens qui allèrent trouver le prophète après l’hégire et avant qu’il n’eût fondé sa mosquée ; la huitième par les guerriers de la grande bataille de Bedr ; la neuvième par ceux qui vinrent trouver le prophète entre la journée de Bedr et le voyage de Hodailia ; la dixième par ceux qui prètèrent sous un arbre le serment volontaire à Hodaibia ; la onzième par ceux qui se rendirent auprès du prophète après le voyage de Hodaïbia, et avant la conquête de la Mecque ; la douzième par ceux qui se convertirent à l’Islamisme le jour de la prise de la Mecque ; la treizième par les enfants qui naquirent avant la mort du prophète et qui l’ont vu.

Au nombre des compagnons on compte encore les hommes du Banc (Ahl-es-Soffa) ; c’étaient de pauvres gens qui, n’ayant ni asile ni famille, dormaient la nuit dans la mosquée de Médine, au temps du prophète, et s’y abritaient le jour. Le Banc de la mosquée étant leur domicile, ils en avaient pris le nom. Lorsque le prophète allait souper, il en faisait appeler quelques-uns pour souper avec lui, et distribuait les autres parmi ses compagnons pour qu’ils pourvussent à leur nourriture. Parmi les plus célèbres de ces gens-là on cite Abou-Horaira, Wathla, fils d’Asca, et Abou-Dhor que Dieu leur fasse miséricorde !