Vie de Mohammed/Première migration qui fut la migration des Musulmans vers la terre d’Abyssinie

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Traduction par Adolphe-Noël Desvergers.
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Première migration qui fut la migration des Musulmans vers la terre d’Abyssinie.

La persécution des Koreïschites redoublant de violence contre les compagnons du prophète, il permit à ceux d’entre eux qui n’avaient pas de famille pour les protéger, de se réfugier en Abyssinie. Les premiers qui quittèrent l’Arabie étaient au nombre de douze hommes et de quatre femmes. Parmi eux se trouvaient Othman, fils d’Affan, el sa femme Rokaïa, fille du prophète, Zobeïr, fils d’Awam, Othman, fils de Matoun, Abd-allah, fils de Maçoud, et Abd-er-Rahman, fs d’Aouf. Ils s’embarquèrent et se dirigèrent vers le nadjaschi (36), auprès duquel Hs restèrent. Djafar, fils d’Abou-Taleb, vint ensuite se réfugier près d’eux, et plusieurs Musulmans de suivirent l’un après autre. Le nombre entier de ceux qui passèrent en Abyssinie fut de quatre-vingt-trois hommes et dix-huit femmes, sans compter les petits enfants et ceux qui naquirent dans ces climats.

Les Koreïschites envoyèrent à la recherche des fugitifs Abdallah, fils d’Abou-Rabia, et Amrou, fils d’EI-As, qu’ils chargèrent d’un présent de pelleteries pour le nadjaschi arrivèrent et demandèrent au souverain la remise des fugitifs, à laquelle il ne voulut pas consentir. Alors Amrou ben-el-As lui dit M « Interrogez les pour savoir ce qu’ils diront sur la personne de Jésus. » Le nadjaschi les interrogea et ils répondirent par ces paroles de Dieu très-haut, que Jésus est le Verbe de Dieu envoyé vers la vierge Marie. Le nadjaschi ne trouva point à redire à cette réponse et les réfugiés continuèrent à rester en sûreté près de lui. Amrou, fils d’El-As, et Abd-allah, fils d’Abou-Rabia, frustrés dans leur espoir, revinrent après que le nadjaschi leur eut rendu le présent. Lorsque les Koreïschites apprirent l’issue de cette affaire et virent que l’Islamisme se propageait dans les tribus, ils se liguèrent contre les Benou-Haschem et tes Benou-Abd-el-Mottalib, promettant de ne faire avec eux ni alliance, transaction, puis ils écrivirent ce pacte sur un feuillet qu’ils placèrent dans l’intérieur de la Caaba comme garantie de leur résolution. Dès lors Tes Benou-Haschem, tant infidèles que Musulmans, se réunirent autour d’Ahou-Taleb et se réfugièrent avec lui dans une gorge de montagne, à l’exception d’Abou-Lahab (37), fils d’Abd-el-Ozza, fils d’Abd-el-Mottalib, qui se rangea du parti des Koreïschites : Il avait pour femme Omm-Djemil, fille de Harb, sœur d’Abou-Sofian, qui partageait sa haine pour le prophète, C’est elle que Dieu très-haut surnomma le porteuse de bois, parce qu’elle allait porter des épines dans la route que le prophète devait parcourir. Les Benou-Haschem, et avec eux le prophète de Dieu restèrent dans cette gorge environ pendant trois ans.

Cependant les fugitifs d’Ahyssinie ayant entendu dire que les habitants de la Mecque s’étaient convertis à l’Islamisme, revinrent au nombre de trente-trois hommes ; mais lorsqu’ils furent proches de la ville, ils apprirent que la nouvelle était fausse, en sorte que pas un d’entre eux n’entra à la Mecque, si ce est dans le plus profond secret. Parmi eux étaient Othman, fils d’Affan, Zobeïr, fils d’Awam, et Othman, fils de Matoun.


(36) Nadjaschi est Le titre que portait chez les anciens Arabes k sou verain de l'Abyssinie. (Voyez Ludolf dans son Histoire d'Éthiopi chap. 3.)

(37) Abou-Lahab, oncle du prophète, étai l'on de ses plus implacables ennemis. Djelel-eddin rapporte qu'an jour où Mahomet, appela son ancle à l'klemisme, menaçoit ses auditeurs de La vengeance céleste, Abou Laliub se leva, et lu dit : « Malleur à Lo estee ainsi que tu nous appelles à ta doctrine Ps Ce fu à celte oceasion, ajoute Djelal-eddin, que descendit La » »1' sourate entièrement dirigée contre Abou-Lahab et se femme Omm Djémil. (Gagnier, p. 27, el Coran, 1a1° sourate)