Vie de Mohammed/Premier serment d’Acaba

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Traduction par Adolphe-Noël Desvergers.
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Premier serment d’Acaba.

L’année suivante (c’est-à-dire celle qui suivit l’adoption de ’islamisme par les premiers habitants de Yathreb) doure hommes d’entre les Ansatiens vinrent aux fêtes du pèlerimage, et prétèrent entre les mains du prophète de Dieu le serment des femmes (48), car cela se passait avant qu’il n’eût imposé le précepte de la guerre : or le serment que prétaient les femmes, c’était de ne rien associer à Dieu, de ne point dérober, de ne point forniquer et de ne pas tuer leurs enfants (49). Ensnite le prophète envoya avec eux Mossab, fils d’Omair, fils de Haschem, fils d’Abd-Menaf, fils d’Abd-el-Dar, afin qu’il leur fit connaître les lois de Y’Islamisme et le Coran,

Lorsque Mossab fut arrivé à Médine, Aç’ad, fils de Zorars, lun des six qui avaient prêté serment an prophète À Acaba, entre avec Jui dans un enclos appartenant À la famille de Zhafar. Cet Açaë, fils de Zorara, avait pour cousin maternel Saad, fils de Moadh, chef des enfants d’Aws ; un autre chef était encare Ovni, fls de Hossain. Cet Ogaid, fils de Hossaïn, prit sa pique, et se posant en face de Mossab et d’Aça’d : « Pourquoi venez-vous, dit-il, égarer la faiblesse de quelques uns d’entre nous ? Retirez-vous, si votre vie vous est chère. » Mossab lui dit alors : « Voudras-tu t’asseoir et nous écouter ? » Oçaïd s’assit et Mossab lui fit entendre le Coran et connaître l’Islamisme : « Que cela est beau ! s’écria Oçaïd ; comment faites-vous lorsque vous voulez entrer dans cette religion ? » Mossab le lui enseigna et il prononça la formule de l’Islamisme ; puis il dit : « Après moi il est encore un homme ; s’il suit vos lois, personne ne restera en arrière de lui. Je vais vous l’envoyer (il voutait parler de Saad, fils de Moadh), » Aussitôt il prit sa pique et se rendit auprès de Saad qu’il envoya vers Mossab et Açad.

Saad approchait lorsqu’Aç’ad dit à Mossab : « Oui, par Dieu, celui qui vient à toi est le chef de toute sa tribu. » Cependant Saad, fils de Moadh, s’arrêtant devant eux, fit des menaces À Aç’ad et lui dit : « Si tu ne m’étais pas lié par le sang, je ne souffrirais pas que tu vinsses dans nos demeures répandre une doctrine que nous haïssons. » Mossab lui répondit : « Voudras-tu nous entendre ? si cette doctrine te plait, reçois-la ; sinon nous écarterons de toi l’objet de ton aversion. » Saad dit : « Ta demande est juste. » Mossab alors lui exposa l’Islamisme et lui récita le Coran (Mossab, racontant depuis cet entretien, disait) : « Nous vîmes sur son visage qu’il devenait Islamité avant qu’il eût parlé Comment faites-vous lorsque vous embrasse l’Islamisme ? » lis le lui firent connaître et il se convertit. Ensuite i retourna vers l’assemblée dans laquelle était Oçaïd, fils de Hossam. Lorsqu’on le vit venir, on s’écria : « Nous en jurons par Dieu, Saad revient avec un visage tout différent de celui qu’il avait en partant. » Alors leur dit : « Vous tous, enfants d’Abdel-Aschhal, que suis-je pour vous ? — Notre chef, répondirent-ils, et le premier d’entre nous. — Eh bien ! reprit. « il, je jure de ne parler à aucun de vous, homme ou femme, jusqu’à ce que vous croyiez en Dieu et en son prophète. »

Dès le même soir il n’y avait personne chez les Benou-Abd el-Aschhal qui n’eût embrassé l’Islamisme.

Saad ben-Moadh et Mossab logèrent dans la maison d’Aç’ad ben-Zorara, et tous deux appelaient les hommes à l’Islamisme, en sorte qu’il ne resta point parmi les Ansariens une seule maison où il n’y eût quelque Musulman, à l’exception toutefois de la maison d’Ormaïa, fils de Zeïd.


(48) Le serment des femmes se lrouve dans le Coran, sourate Go, verset. 22 à <O prophète, si des Femmes fidèlesent à loi et qu’elles te jurent de n'adorer qu'un seul Dieu , de ne point dérober, de ne point commettre le péché de fornication, de ne point donner la mort à leurs enfants, de ne point forger de mensonges et de ne point te désobéir en en de ce qui est juste , accorde-leur ta foi, prie Dieu en leur faveur, est indulgent et miséricordieux, » Voyez à ce sujet le moi بيعة dans Ja Chrestomathie arabe de M. de Sacy 1. IL, p. 258.

(49) Mettre à mort les fes en les enterrant toutes vives ao moment. de leur noissence élail un crime commun, avant l'Ilamisme, chez les Arabes pauvres ot chargés d'une nombreuse famille. Mahomet leur dit dus le Coran, sourale 6, verset 111 : «Ne lues pas vos enfants par «arainte dela pauvreté, nous vous donnerons de la nourriture pour vous «et pour eux.» Un passage que M. Caussin de Percevat a extrait du Kital-el.Aghani [L. IV, fol. 224), et qu'il a placé dans sa Notice sur les anciens poêles arabes, insérée dens Le Nouveau Journal Asiatique, donne à ce sujet des détails intéressants. (Voyez cahier de juin 1834}