Vie de Mohammed/Texte entier

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Traduction par Adolphe-Noël Desvergers.
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VIE
DE MOHAMMED
PAR ABOU’LFÉDA.


Naissance du prophète de Dieu et détails sur son illustre et noble famille.

Le prophète de Dieu eut pour père Abd-allah, fils d’Abd-el-Mottalib (1) ; Abd-allah était né vingt-cinq ans avant la guerre de l’Éléphant (2). Son père l’aimait beaucoup, car c’était à la fois le plus beau de ses enfants et celui qui avait les mœurs les plus pures. L’ayant chargé d’aller chercher des provisions pour la famille, son voyage le conduisit Yathreb, où il mourut. Le prophète n’avait alors que deux mois ; quelques auteurs prétendent même qu’il était encore dans le sein de sa mère. Abdallah fut enterré dans la maison d’El-Harith, fils d’Ibrahim, fils de Soraka, de la tribu des Benou-Adi, oncles maternels d’Abd-el-Mottalib ; d’autres disent qu’il fut enterré dans la maison de Nabegha, au quartier des Benou-’nNadjar. Il ne laissa, en mourant, que cinq chameaux et une jeune esclave abyssine dont le nom était Baraca, et le prénom Omm-Aiman. Cette jeune fille prit soin de la première enfance du prophète, dont la mère, femme d’Abd-allah, fils d’Abd-el-Mottalib, se nommait Amina.

Amina, mère du Prophète, était fille de Wahb, fils d’Abd-Menaf, fils de Zobra, fils de Kelab, fils de Morra, fils de Caab, fils de Loway, fils de Ghaleb, fils de Féhr ce dernier est de même que Koreïseh (3).

Abdel-Mottalib avait demandé en mariage à Wabb, qui était alors chef des Benou-Zobra, sa fille Amina, pour son fils Abd-allab. Le mariage ayant été accompli, elle mit au monde le prophète de Dieu un lundi 10° jour du mois de rebi eb-aoual, dans l’année même de la guerre de l’Éléphant ; ce dernier événement avait eu lien au milieu du mois de mobarrem, dans la quarante deuxième aunée du règne de Kesra Anouscherwan (4), huit cent quatre-vingt-un ans après les victoires d’Alexandre sur Darius, et treize cent six ans après Bokht-Nasr (Nabuchodonosor).

El-Hafidh Abou-bekr el-Baïbaki, de la secte de Schafeï, rapporte, dans son livre intitulé les Preuves de la prophétie, que le septième jour de la naissance du prophète, son aïeul Abd-el-Mottalib fit, à son intention, égorger un chameau et invita les Koreïschites à en prendre leur part. Le repas fini, ils dirent à Abd-el-Mottalib : « Eh bien ! ce fils, en l’honneur duquel tu nous as traités, comment l’as-tu nommé ? — Je l’ai nommé Mohammed ; répondit-il. — Qui a pu, reprirent les Koreïschites, le faire préférer ce nom à ceux portés dans ta famille ? — C’est que j’ai voulu, dit Abd-el-Mottalib, que mon petit-fils fût glorifié par Dieu dans le ciel et par les créatures de Dieu sur la terre ».

Le même Hafidh dit aussi, d’après des traditions qu’il fait remonter jusqu’à Abbas, que le prophète vint au monde tout circoncis et n’étant point tenu par le cordon ombilical. À cette vue, son grand-père, frappé d’étonnement et d’une sorte de respect, s’écrit : « Certes, ce fils aura une grande destinée. » D’après d’autres traditions que Hafidh fait remonter à Makhzoum ben-Hani el-Makhzoumi, qui les tenait de son père, dans la nuit de la naissance du prophète, le palais de Kesra trembla, quatorze de ses tours s’écroulèrent, le feu sacré des Perses s’éteignit, ce qui n’était pas encore arrivé en mille ans : le lac Sawa se dessécha (5), et le moubedhan, c’est-à-dire le grand juge des Perses, vit en songe des chameaux indomptés qui trainaient à leur suite des chevaux arabes, et qui, ayant traversé le Tigre, se répandirent dans la campagne. Le lendemain matin Kesra tout effrayé apprit du moubedhan ce qu’il avait vu dans son sommeil. « Mais que peuvent signifier de tels prodiges, demanda Kesra ? » et le moubedhan, homme plein de science, lui répondit : « Sans doute est arrivé quelque chose de nouveau du côté des Arabes. »

Aussitôt Kesra écrivit à Noman (6), fils de Mondher : « Envoyez-moi un homme assez habile pour répondre aux questions que je veux lui faire. » Noman lui envoya Abd-el-Meçih, fils d’Amrou, fils de Henan el-Ghassani. Kesra lui ayant raconté les secousses qui avaient ébranlé son palais, ainsi que les autres prodiges : « Vous obtiendrez les explications que vous désirez, répandit Abd-El-Meçih, auprès d’un de mes oncles qui demeure dans la province de Mescharif, en Syries il se nomme Satih (7). — Rendez-vous donc auprès de lui, reprit Kesra, interroger-le, et venez m’apprendre l’interprétation qu’il vous donnera, » Abd-el-Mecib s’étant transporté auprès de Satih, le trouva sur le point de mourir ; lui adressa cependant des compliments et des salutations ; mais comme il n’en recevait pas de réponse, il récita ces vers :

« Est-il sourd ou entend-il, le chef de l’Yemen, ou bien déjà est-il mort et a-t-il été enlevé dans les hauteurs des régions célestes ? O toi, habile à trancher des difficultés qui en ont rebuté tant d’autres ! toi qui éclaircis le front de l’homme soucieux : voici venir vers toi le scheïkh de la tribu des enfants de Senan, celui dont la mère est de la famille de Dhaïb, fils de Hadjan ; sa peau est blanche, il est ample de vêtements et de corps. Envoyé par le roi des Perses, il cheminait pendant les heures du sommeil sans craindre ni les orages, ni les accidents de la fortune ; une chamelle robuste et vigoureuse m’a fuit franchir les espaces, montant et descendant avec moi dans les routes rocailleuses. »

Satih, ouvrant alors les yeux, répondit :

« Abd-el-Meçih, raconté sur un chameau rapide, est venu vers Satih déjà sur le bord de sa tombe : tu es envoyé par le roi des enfants de Sassan à cause des secousses qui ont ébranlé son palais, des feux qui se sont éteints et de la vision du mouhedhan qui, dans son sommeil, a vu des chameaux indomptés conduisant des chevaux arabes, traverser le Tigre et se répandre dans la campagne, O Abd-el-Meçih ! lorsque la récitation (8) sera devenue fréquente, lorsqu’aura paru le possesseur de l’Haraya (9), qu’un torrent débordera à Semawa (10), et que le lac de Sawa sera desséché, alors la Syrie, pour Satih, ne sera plus Syrie ; on verra, d’entre eux, régner un nombre de rois et de reines égal à celui des tours, et tout ce qui doit arriver arrivera. »

À ces mots Satih expira, et Abd-el-Meçih, de retour auprès de Kesra, lui rapporta sa réponse. Le roi dit en l’apprenant à « Jusqu’à ce que quatorze d’entre nous aient régné, il se passera bien des choses ; » et dix d’entre eux régnèrent en quatre ans.

On rapporte dans le livre intitulé El-Ikd (11) que Satih vivait au temps de Nezar, fils de Maad, fils d’Adnan, et que ce fut lui qui partagea héritage entre les fils de Nezar, Modhar et ses frères.

Parlons maintenant de la noblesse du prophète et de l’illustration de sa maison. El-Hafidh el-Baïhaki rapporte, d’après des traditions qu’il fait remonter jusqu’à Abbas, oncle du prophète, qu’Abbas racontait ce qui suit : « Je dis un jour au prophète : O prophète de Dieu, les Koreïschites, lorsqu’ils se rencontrent entre eux, s’abordent avec le sourire sur les lèvres : mais s’ils nous rencontrent ils nous montrent un visage dont nous n’avons pas lieu d’être satisfaits. » À ces paroles le prophète s’indigna vivement et dit : « Par celui qui tient en ses mains l’âme de Mohammed, la foi n’entrera pas dans le cœur d’un homme sans qu’il vous chérisse pour l’amour de Dieu et de son prophète. »

Le même Hafidh rapporte encore dans un autre passage le fait suivant d’après le fils d’Omar : « Nous étions, dit celui-ci, assis dans la cour du prophète lorsque vint à passer une femme, et quelqu’un d’entre nous dit : Voici ka fille du prophète de Dieu. Abou-Sofain reprit alors : Mohammed est au milieu des Benou-Haschem ce qu’une plante parfumée est au milieu d’ordures. Cette femme, cependant se rend auprès du prophète et lui raconte ce qu’elle a entendu. Aussitôt il arrive La colère peinte sur Le visage, et dit : Que signifient des propos qu’on me rapporte avoir été tenus par certaines personnes ? Certes, Dieu, dans sa puissance et sa gloire, a créé sept cieux, puis il a choisi le plus élevé d’entre eux pour y placer ses élus. Alors il a fait les créatures, et parmi elles il a choisi les enfants d’Adam, puis parmi les enfants d’Adam il a choisi les Arabes, puis parmi les Arabes il a choisi la postérité de Modhar, puis de la postérité de Modhar il a choisi les Korefschites, puis parmi les Koreïschites il a choisi les Benow-Haschem, et parmi les Benou-Haschem c’est moi qu’il a choisi. »

On rapporté encore ce qui suit d’après l’autorité d’Aïescha : le prophète disait : « Gabriel m’a dit : J’ai parcouru la terre du levant au couchant, et je n’ai pas trouvé d’homme plus parfait que Mohammed ; puis j’ai parcouru la terre du couchant au levant, et je n’ai pas trouvé de famille plus parfaite que les Benou-Haschem. »


De l’origine du prophète.

Nous avons déjà parlé, à la fin du cinquième chapitre, de ce qui concerne les enfants d’Ismaïl, tant ceux qui sont inscrits sur la colonne généalogique, c’est-à-dire, la généalogie du prophète, que ceux qui n’en font pas partie. Quant à la généalogie du prophète, la voici mise en ordre.

Abou’kKaçim Mohammed, fils d’Abdallah, fils d’Abd-el-Mottalib, fils de Haschem, fils d’Abd-menaf, fils de Kossay, fils de Kelab, fils de Morra, fils de Caab, fils de Loway, fils de Ghaleh, fils de Fehr, fils de Malek, fils de Nadkr, fils de Kenana, fils de Khozaïma, fils de Modreca, fils d’Elyas, fils de Modhar, fils de Near, fils de Maad, fils d’Adnan.

Cette généalogie, jusqu’à Adnan, est acceptée sans contestation, et sans contestation aussi on convient qu’Adnan était l’un des descendants d’Ismaïl, fils d’Ibrahim, l’ami de Dieu. Ce que l’on conteste, c’est le nombre d’ancêtres du prophète à placer entre Adnan et Ismaïl ; quelques personnes en comptent environ quarante, tandis que d’autres n’en comptent que sept. Il existe une tradition venant d’Omm-Salama, femme du prophète, d’après laquelle elle aurait dit : « Le prophète disait : Adnan était fils d’Odad, fils de Zeïd, fils de Bera, fils d’Aarak-el-Thara. » Omm-Salaina ajoutait : « Zeïd est Homaïça, Bera est Nabet, Aarak-el-Thars est Ismaël, » El-Baïhaki prétend qu’Adnan était fils d’Odad, fils d’El-Mokawwem, fils de Nahour, fils de Tarih, fils d’Yarob, fils d’Yaschhob, fils de Nabet, fils d’Ismaïl, fils d’Ibrahim l’ami de Dieu.

Quant à l’opinion adoptée par El-Djouani le généalogiste dans l’arbre de généalogie composé par lui, c’est celle que je crois la plus certaine, et la voici, Adnan était fils d’Odd, fils d’Odad, fils d’El-Veça, fils d’El-Homaïça, fils de Salaman, fils de Nabet, fils de Ramal, fils de Kaïdar, fils d’Ismaïl. Déjà dans le premier chapitre nous avons rapporté en entier la généalogie d’Ismaïl avec celle d’Ibrahim, ce qui nous dispense d’y revenir. El-Baïhaki, que nous avons déjà cité, disait : « Abou-Abd-allah El-Hafidh, notre scheïkh, a dit que la généalogie du prophète était incontestable jusqu’à Adnan, mais que plus loin on manquait d’autorités sur lesquelles on pût appuyer. »


De l’allaitement du prophète de Dieu.

La première nourrice qu’eut le prophète, après sa mère, fut Thouwaïba affranchie de son oncle Abou-lahab. Cette femme avait un fils nommé Masroub, et ce fut avec le lait destiné à ce fils qu’elle nourrit le prophète. Elle allaitait encore avec lui, toujours du même lait de ce Masrouh, Hamza, oncle du prophète, et Abou-Salama, fils d’Abd-el-Açad el-Makhzoumi, qui tous deux se trouvaient ainsi frères de lait du prophète.


De l’allaitement du prophète par Halima de la tribu des Benou-Saad.

Les nourrices avaient coutume de venir du désert à la Mecque pour y chercher des nourrissons(12), et comme il en était alors arrivé un grand nombre et que chacune s’était pourvue d’un enfant à nourrir, Halima n’en trouva pas d’autre à prendre que le prophète qui alors était orphelin, puisque déjà il avait perdu son père Abd-allah. C’était la cause qui avait empêché les autres nourrices de s’offrir pour le prendre ; car elles espéraient des récompenses du père de l’enfant et n’en espéraient point de la mère. Cependant Halima, fille d’Abou-Dowaïb, fils d’El-Harith des Benou-Saad, se chargea de nourrir le prophète qu’elle reçut des mains de sa mère Amina, et elle s’en retourna avec lui dans son pays qui était le désert des Benou-Saad. Là elle éprouva plus de bonheur et d’événements heureux qu’elle n’en avait jamais eu avant ce temps : lorsqu’ensuite elle reporta son nourrisson à la Mecque, elle était aussi désireuse que possible de le garder avec elle : elle dit donc à sa mère Amina : « Que ne me laissez-vous votre fils jusqu’à ce qu’il soit devenu fort ? car je crains pour lui le mauvais air de la Mecque ? » et elle ne cessa point ses instances jusqu’à ce qu’Amina eût consenti à le lui laisser. Alors elle le prit de nouveau avec elle et s’en retourna au pays des Benou-Saad où pendant quelque temps resta le prophète.

Un jour que le prophète et son frère de lait étaient sortis de la maison, le fils d’Halima accourut vers sa mère en lui disant « Ce Koreïschite vient d’être saisi par deux hommes vêtus de banc qui l’ont couché à terre et lui ont ouvert le ventre(13). » Halima et son mari sortent aussitôt pour aller vers lui et le trouvent debout, « Que t’est-il donc arrivé, mon fils ? » lui dirent-ils. — « Deux hommes, répond le prophète, m’ont couché à terre et m’ont ouvert le ventre. » Son mari dit alors à Halima : « Je crains bien que cet enfant ne soit atteint de foie ; reconduis-le dans sa famille. » En conséquence Halima l’ayant pris avec elle s’en vint trouver sa mère Amina qui lui dit : « Quelle est la cause qui te fait me ramener mon fils, toi qui étais naguère si désireuse de le garder ? » Halima voulut lui donner quelque excuse dont Amina ne se contenta pas : et l’ayant pressée davantage de lui dire la vérité : « Je crains pour votre fils, lui dit Halima, la malice du démon. » « Certes, il n’en est rien, reprit aussitôt Amina. Le démon n’a pas de pouvoir sur mon fils, car il est réservé à de hautes destinées. »

Les frères et sœurs de lait du prophète étaient Abd-allah, Aniça et Djodhama, cette dernière plus connue sous le surnom de Schima. Leur mère était Halima des Benou-Saad, et leur père Harith, fils d’Abd-el-Ozza, qui fut père nourricier du prophète.

Dans la suite Halima se présenta au prophète après son mariage avec Khadidja et se plaignit à lui de la stérilité de l’année. Le prophète ayant parlé en sa faveur à Khadidja, celle-ci fit présent à Halima de quarante brebis. Plus tard Halima et son mari Harith se rendirent auprès du prophète après qu’il eut commencé à annoncer la parle de Dieu, et tous deux embrassèrent l’Islamisme.

Cependant le prophète restait avec sa mère Amina ; mais lorsqu’il eut atteint l’âge de six ans elle mourut à El-Aboua(14) entre la Mecque et Médine. Elle avait mené son fils à Médine pour y voir ses oncles maternels(15) de la famiمle d’Adi ben-Nadjar, et la mort l’atteignit pendant son retour à la Mecque. Abd-el-Mottalib, grand-père du prophète, le prit alors sous sa tutelle. À l’âge de huit ans le prophète perdit son grand-père, et il eut alors pour tuteur son oncle Abou-Taleb, fils d’Abd-el-Mottalib, lequel Abou-Taleb était frère d’Abd-allah, père du prophète. Des affaires de commerce ayant appelé Abou-Taleb en Syrie, il alla jusqu’à Bosra(16) accompagné de son neveu alors âgé de treize ans. Là se trouvait un moine appelé Bohaïra(17) qui dit à Abou-Taleb : « Retournez avec cet enfant et gardez-le des Juifs, car de hautes destinées sont promises au fils de votre frère. » Abou-Taleb partit et ramena son neveu à la Mecque après avoir terminé les affaires de son négoce. Arrivé à l’âge de puberté le prophète était le plus remarquable des hommes et par la noblesse de ses sentiments et par sa sagesse ; ses réponses étaient admirables, ses discours toujours sincères, et sa bonne foi était si forte, son aversion de ce qui est honteux si grande, qu’on le surnommait dans sa famille le fidèle, en témoignage des qualités précieuses que Dieu s’était plu à réunir en lui.

À l’âge de quatorze ans il fut avec ses oncles à la guerre El-fidjar qui eut lieu entre les Koreïschites et autres familles de Kenana réunis contre les Benou-Hawazin. On la nomma guerre El-fidjar parce que dans son cours les Benou-Hawazin violèrent la sainteté des mois sacrés(18). D’abord la fortune se déclara contre les Koreïschites et les Benou-Kenana, mais bientôt elle abandonna les Benou-Hawazin, et les Koreïschites furent vainqueurs.


Voyage du prophète en Syrie, dans l’intérêt du commerce de Khadidja.

Khadidja, fille de Khowaïled, fils d’Açad, fils d’Abd-el-Ozza, fils de Kossey fils de Kelab s’occupait du commerce et réunissait la noblesse et la fortune. Les Koreïschites (tribu à laquelle elle appartenait) s’étaient de tout temps adonnés aux affaires commerciales. Ayant entendu parler de l’exacte probité et de la bonne foi du prophète, Khadidja lui proposa d’entreprendre, dans l’intérêt de son commerce, un voyage en Syrie, en compagnie d’un de ses serviteurs qui s’appelait Maïçara, et le prophète y consentit. En conséquence il se mit en route, et arrivé en Syrie avec Maïçara il vendit ses marchandises, en acheta d’autres à la place et reprit le chemin de la Mecque. Lorsqu’il fut de retour avec des richesses qui appartenaient à Khadidja, Maïçara apprit à sa maîtresse les prodiges opérés en faveur du prophète et dont il avait été témoin, tels que l’abri que deux anges lui formaient (de leurs ailes) contre la chaleur du jour. Alors Khadidja offrit à Mohammed le don de sa main qu’il accepta(19). Il lui donna en présent nuptial vingt jeunes chamelles. Ce fut sa première femme et il n’en prit point d’autre tant qu’elle vécut. Il avait alors vingt-cinq ans et elle quarante ; elle était veuve, et le prophète n’épousa point d’autre femme vierge qu’Aïescha. Khadidja fut la première qui crut à la mission du prophète. Elle vécut avec lui dix ans encore après sa mission divine et mourut trois ans avant l’hégire.

Reconstruction de la Caaba par les Koreïschites.

On dit que lorsqu’Ismaïl mourut, son fils Nabet lui succéda dans l’intendance de la maison sainte, qui passa ensuite dans la tribu des Benou-Djorhom(20). Amer ben-el-Harith el-Djorhomi a dit à ce sujet(21) : « Nous fûmes, après Nabet, chargés du soin de la maison sainte, et nous accomplissions alentour les rites sacrés. C’est une chose bien évidente. » Puis dans un autre endroit de la même pièce de poésie : « (aujourd’hui) il semble que jamais un seul homme (d’entre nous n’ait habité entre El-Hadjoun et Safa, et ne se soit livré dans la Mecque aux plaisirs des causeries du soir. Oui, c’est nous qui avons été maîtres de ces lieux ; mais les vicissitudes du temps, les revers de fortune nous ont perdus. »

Plus tard les Benou-Djorhom s’étant mal conduits et ayant violé les choses saintes, ils furent détruits, et la garde du temple passa dans la famille de Khozaa, puis de cette dernière aux Koreïschites. Ceux-ci, trouvant le temple de la Caaba d’une construction trop basse, voulurent l’élever : et ayant commencé par le jeter à terre ils se mirent à le reconstruire. Arrivés à la hauteur où devait être placée la pierre noire(22), des discussions s’élevèrent parmi eux, car chaque tribu voulait être chargée de mettre la pierre à sa place. Ils convinrent enfin de choisir pour juge de leurs prétentions da première personne qui entrerait par la porte du temple. Ce fut le prophète de Dien qui entra le premier, et, nommé arbitre, il leur ordonna de poser la pierre sur un manteau dont chaque tribu tiendrait l’an des bords, puis de l’élever ainsi jusqu’à la place que la pierre devait occuper. Ils Le firent, et le prophète, prenant la pierre, la mit de sa main au lieu réservés ils achevèrent ensuite de construire l’édifice. D’abord on couvrait la Caaba(23) d’une étoffe blanche de lin fabriquée en Égypte, plus tard d’une étoffe rayée de l’Yemen. Hadjadj, fils de Iouçef, fut le premier qui couvrit la Caaba d’une étoffe de soie.


Mission du prophète.

Lorsque le prophète fut arrivé À l’âge de quarante ans, Dieu l’envoya vers la race noire et la race rouge(24), afin que, par sa loi, il abolit les lois anciennes. Ce fit une vision véridique qui la première vint lui révéler sa mission de prophète. Dieu très-haut lui ayant inspiré un grand amour de la solitude, il se retirait chaque année, pendant un mois, sur la montagne de Harra(25) pour y prier. L’année de sa mission, au mois de ramadhan, il était, ainsi que sa famille, rendu sur le mont Harra pour s’y mettre en retraite, lorsque, pendant la nuit dans laquelle Dieu le choisit pour son prophète(26), Gabriel vint à lui et lui dit : « Récite. — Que récitera-je ? dit-il. — Récite ces paroles : Au nom de Dieu qui a créé l’homme de sang coagulé ; récite : Ton maître généreux a enseigné l’écriture : il a appris aux hommes ce qu’ils ne connaissaient pas (Car., XCVI. 1). » Le prophète récita ces paroles ; ensuite il alla ou milieu de la montagne et entendit, du côté du ciel, une voix qui disait : « O Mohammed, tu es le prophète de Dieu, et moi je suis Gabriel. » Il resta en place et vit Gabriel jusqu’au moment où il eut disparu, puis lui-même se retira et vint trouver Khadidja à laquelle il raconta ce qu’il avait vu. « Réjouis-toi, dit-elle ; car, par celui qui tient l’âme de Khadidja entre ses mains, j’espère que tu vas être le prophète de notre nation. » Ensuite elle vint trouver Waraka, fils de Naf, fils de Harith, fils d’Açad, fils d’Abd-el-Ozza (fils de Kossay), son cousin qui avait étudié les livres et avait beaucoup appris en écoutant les docteurs des Juifs et des Chrétiens. Elle lui raconta ce que Mohammed venait de lui dire, « Dieu saint ! s’écria-t-il, par celui qui tient dans ses mains l’âme de Waraka, si vous m’avez dit vrai, ô Khadidja, c’est l’ange Gabriel, celui qui autrefois est venu trouver Mouça, fils d’Amran, qui vient aujourd’hui d’apparaitre à votre mari, et sans doute il sera le prophète de notre nation. » Khadidja revint alors trouver le prophète de Dieu et lui rapporta les paroles de Waraka puis, quand il eut achevé le temps de sa retraite, il alla faire sept fois le tour de le Caaba et rentra dans sa demeure. À compter de ce moment, les révélations pour lui se succédèrent sans interruption. La première personne qui ait embrassé l’Islamisme ce fut Khadidja : nul au monde ne a précéda. On lit dans le livre intitulé Es-sahih(27) que le prophète a dit : « On compte un certain nombré d’hommes accomplis, mais parmi les femmes on n’en peut citer que quatre : Asiia(28), femme

de Firaoun ; Mariam, fille d’Amnran : Khadidja, fille de Khowaïled, et Fatima, fille de Mohammed. »

Des prémiers qui aient embrassé l’islamisme.

Il n y a aucun doute que ce ne soit Khadidja qui la première ait embrassé Y’Islamisme ; mais on n’est pas d’accord sur celui qui l’a embrassé après elle, L’auteur du Sirat et un grand nombre de docteurs pensent que ce fut Ali, Bis d’Abou-Taleb, qui était âgé, les uns disent de neuf ans, d’autres de dix, d’autres de onze. Cet enfant était élevé par les soins du prophète avant l’Islamisme, et en voici la cause : Les Koreïschites se trouvant une fois en proie à une grande famine, et Abou-Taleh étant chargé d’une famille nombreuse, le prophète de Dieu dit à son oncle Abbas : « Ton frère Abou-Taleb a beaucoup d’enfants, allons le trouver et prenons-en quelques-uns ave nous, de manière à rendre son fardeau moins pesant. » Ils se rendirent en conséquence auprès d’Abou-Taleb et lui dirent : « Nous voulons alléger ton fardeau. Abou-Taieb répondit : « Laissez-moi Okaïl, puis faites ce qu’il vous plaira. » Alors Abbas prit avec lui Djafar, et le prophète prit Ali, qu’il garda près de lui, et qui ne le quitta point jusqu’au temps de sa mission prophétique qu’il reconnut pour véritable. Quant à Djafar, il resta avec Abbas et finit par embrasser l’Islamisme. Parmi }es poésies d’Ali qui prouvent qu’il a précédé tous les hommes dans la religion de l’Islam, nous citerons ce vers :

Je vous aï tous précédés dans islamiste lorsque je n’étais encore qu’un enfant et que je n’avais pas atteint l’âge de l’intelligence.

L’auteur du Sirat rapporte que le premier qui, après Ali, se soit fait Musulman, est Zeïd, fils de Haritha, affranchi du prophète qui l’avait acheté, puis lui avail donné sa liberté. Après Zeïd ce fut Ahou-Bekr-es-Siddik (29) qui s’appelait Abd-allah, fils d’Abou-Kobafa, dont le nom prapre était Othman. Quelques personnes prétendent même qu’Abou-Bekr est le premier qui ait embrassé l’Islamisme. Après lui ce fut Othman, fils d’Affan, Abd-er-Rahman, fils d’Aouf, Saad, fils d’Abou-Waccas, Zoheïr, fils d’Awam, et’Talhض, fils d’Obaid-Allah. Ils furent appelés à l’islamisme par Ahou-Bekr qui les conduisit au prophète ; ils crurent en lui et formèrent ainsi les premiers Musulmans.

Plus tard Abou-Obaida, qui se nommait Amer, fils d’Abd-allah, fils de Djerrah, Obaïda, fils de Harith, Said, fils de Zeïd, fils d’Amrou, fils de Nofail, fils d’Abd-el-Ozza, cousin d’Omar, fils de Khattab, Abd-allah, fils de Maçoud, et Ammar, fils de laçer, se firent aussi Musulmans.

L’appel du prophète à l’Islamisme fut secret pendant trois ans, puis ensuite Dieu lui ordonna d’appeler hautement son peuple. Lors donc que descendirent du ciel ces paroles : « Fais connaître à tes proches les avertissements du ciel (Coran, LXXIV, 2), le prophète appela Ali et hui dit : « Fais cuire un Saa' de froment et place dessus un gigot de brebis, puis remplis un vase de lait, et invite, en mon nom, tous les ». 14 enfants d’Abd-el-Mottalib, afin que je puisse leur parler et leur faire entendre ce qu’il m’a été ordonné de leur dire. » Ali exécuta les ordres du prophète, invita les convives, et ils arrivèrent au nombre d’environ quarante, un de plus ou un de moins. Parmi eux se trouvaient les oncles du prophète, Abou-Taleb, Hama et Abbas, Al servit le repas ; ils mangèrent jusqu’à ce qu’ils fussent rassasiés ; et cependant, a dit Al, un seul d’entre eux eût pu manger ce qui servit à les rassasier tous.

Lorsqu’ils eurent fini de manger, au moment où le prophète de Dieu allait prendre la parole, Abou-Lahab le devança et dit : « Certes, votre hôte a usé envers vous d’un a charme bien puissant (30). » À ces mots l’assemblée se sépara sans que le prophète eût pu parler ; aussi dit-il à Ali : « Tu as vu comme cet homme a pris la parole avant moi ; fais donc pour demain tout ce que tu as fait aujourd’hui, et va les inviter une seconde fois. » Ali, en effet, fit le lendemain *les mêmes préparatifs. Ce jour-là, lorsqu’ils eurent mangé et qu’ils eurent bu le lait, le prophète leur dit : « Je ne connais pas d’homme parmi les Arabes qui ail apporté à son peuple quelque chose de meilleur que ce que je vous apporte, car je vous apporte les biens de ce monde et de autre. Dieu très-haut m’a ordonné de vous appeler à lui : qui donc voudra m’aider dans cette œuvre et devenir mon fière, mon délégué, mon mandataire ? » À ces mots, toute l’assemblée garda Le silence, et voici ce que rapporte Ali : « J’étais parmi eux le plus jeune d’années ; mes yeux étaient chassieux, mon ventre gros, mes jambes grêles, et cependant je dis : C’est moi qui vous aiderai dans votre œuvre, « Ô prophète de Dieu. » Le prophète alors le serra dans ses bras et dit : « Voilà parmi vous mon mandataire, mon délégué, mon frère ; vous l’écouterez et vous lui obéirez. » À ces paroles, l’assemblée se leva ; tous se mirent à rire et dirent à Abou-Taleb : « IL vient de t’ordonner d’écouter ton fils et de lui obéir. »

Le prophète toutefois continua à faire ce que Dieu lui avait commandé, Sa tribu, dans les premiers temps, ne s’éloigna pas de lui et ne combattit pas sa doctrine jusqu’au moment où il jeta le blâme sur le culte qu’ils rendaient aux idoles et où il les accusa, eux et leurs ancêtres, d’impiété et d’erreur ; dès lors ils se réunirent pour le persécuter, à l’exception de ceux auxquels Dieu offrit un refuge dans’Islamisme. Comme son oncle Abou-Taleb le protégeait contre ses ennemis, quelques-uns des plus considérables d’entre les Koreïschites vinrent un jour le trouver. Parmi eux étaient Otba et Schaïba, tous deux fils de Rabia, fils d’Abd-Menaf, Abou-Sofian, fils d’Omaia, fils d’Abdschems, Abou-Bohtori, fils de Hescham, fils de Harith, fils d’Açad, Asouad, fils de Mottalib, fils d’Açad, Abou-Djahl, fils de Hescham, fils de Moghaïra ; son oncle Walid, fils de Moghaïra El-Makhzoumi, Nabih et Monabbeh, tous deux fils de Hadjadj de la famille de Sahm, et As, fils de Wail, de la même famille ce dernier, père d’Amrou ben-el-As, Ils dirent à Abou- Tale : « Le fils de ton frère a déversé le lime sur notre religions il a accusé nos sages de folie et nos ancêtres d’erreur. Empêche-le donc de nous attaquer ou reste neutre « entre nous et lui. » Abou-Taleb opposa à leur désir un refus » adouci par des paroles honnêtes.

Le prophète ayant cependant continué l’œuvre de sa mission et ayant gravement offensé des Koreïschites, ils revinrent une seconde fois vers Abou-Taleb et répétèrent ce qu’ils avaient dit la première fois, puis ils ajoutèrent : « Si tu ne ini interdis pas ses attaques, nous vous combattrons tous deux jusqu’à ce que périsse un des denx partis. » Cette menace parut grave À Abou-Taleb, et il dit au prophète : « Voici que les gens de ta tribu disent telle et telle chose. » Le prophète, qui crut alors que son oncle abandonnait, s’écria : « Ô mon oncle, quand même ils placeraient le soleil à ma droite et la lune à ma gauche, je n’abandonnerais pas mon œuvre. » Le prophète sentit alors ses yeux gonflés de larmes, et il pleura ; puis il se leva, et comme il s’éloignait : « O fils de mon frère, lui dit Abou-Taleb en le rappelant, reviens et tiens les discours que tu voudras ; par Dieu puissant, rien ne me décidera jamais à te livrer : » Dés lors toutes Les tribus persécutèrent quiconque embrassait Islamisme : mais Dieu

Secourut le prophète par le moyen d’Abou-Taleb.

Conversion de Hamza à l’Islamisme.

Le prophète étant sur le mont Safa, Abou-Djahl, fils de Hescham, passa près de lui et l’injuria fortement ; le prophète ne répondit rien. Hamza(31) était à lo chasse : lorsqu’il fut de retour, une affranchie d’Abd-allab, fils de Djodhan, l'instruisit de l’injure faite par Abou-Djahl à son neveu Mohamed, À ce récit, la colère s’empara de lui, et, son arc encore passé autour du corps, il s’en alla vers la maison sainte pour y accomplir les tournées prescrites. Là il trouva le fils de Hescham assis au milieu d’une assemblée ; il le frappa de son arc, de manière à le blesser, et lui dit : « Oses-tu bien injurier Mohammed, quand, moi, je suis de sa religion ? » Au même instant, plusieurs hommes de la famille des Benou- Makhzoum se levèrent pour secourir Abou-Djahl qui s’écria : « Laissez-le, car j’ai fait au fils de son frère une terrible injure. » Dès lors Hamza persista à professer l’Islamisme. et les Koraïschites réconnurent que sa conversion-était pour de prophète de Dieu une gloire et un puissant secours.

Conversion d’Omar ben-el-Khattab Ben-Abd-el-Ozza.

Omar(32), homme d’un caractère énergique, était l’ennemi déclaré du prophète. On raconte que le prophète dit un jour : « O mon Dieu, fortifiez l’Islamisme par la conversion d’Omar, fils de Khattab, ou d’Aboulhikam, fils d’Hesham33) (qui était le même qu’Abou-Djahl.) » Dieu fit entrer Omar dans la bonne voie. Un jour qu’il avait pris son sabre et qu’il cherchait de prophète dans l’intention de le tuer, il rencontra Noaïm ben-Abd-allah El-Nabham qui lui dit à « Que veut-tu faire, Omar ? » et celui-ci lui confia son dessein : « Si tu fais cela, lui dit alors Noaïm, les fils d’Abd-Menaf ne te laisseront pas vivant sur la terre ; que n’obliges-tu plutôt ta sœur(34)), ton cousin Saïd, " fils de Zeïd, et Khattab, qui ont embrassé l’islamisme, à le quitter ? » À ces mots, Omar se dirige vers eux et les trouve lisant sur un feuillet la surate Ta ha(35) ; il entendit même quelques mots ; mais lorsqu’ils s’aperçurent de son approche ils cachèrent le feuillet et se turent, Omar les interrogea sur ce qu’il avait entendu, et d’abord ils nièrent ; mais il frappa violemment sa sœur et lui dit : « Montre-moi ce que vous lisiez, » Or Omar savait lire el écrire. Sa sœur, craignant pour le feuillet, lui dit : « Tu le détruirais ? » mais il promit de le lui rendre. Elle le lui présenta ; il le lut et s’écria : « Que cela est beau ! que cela est noble ! » Dès lors elle conçut l’espoir de lui faire embrasser l’Islamisme,

Khabbab s’était tenu caché jusqu’alors, Lorsqu’il entendit l’exclamation d’Omar, il vint vers lui, et Omar les ayant interrogés sur Le lieu où se tenait le prophète, ils fui dirent qu’il le trouverait dans une maison de Safa, Le prophète s’y trouvait en effet et avait auprès de lui une quarantaine de personnes, tant hommes que femmes, parmi lesquelles étaient Hamza, Abou-Bekr-es-Siddik et Ali, fils d’Abou-Taleb. Omar s’y rendit encore ceint de son épée, Il demanda la permission d’entrer, et le prophète la lui accorda ; lorsqu’il entra le prophète se leva, le saisit par son manteau À l’endroit où il se croisait (sur son épaule) et l’attirant vivement à lui, lui dit : « Que viens-tu faire ici ? fils de Khattab. Persisteras-tu (dans ton impiété) jusqu’à ce que la catastrophe tombe sur toi ? » O prophète de Dieu, répondit Omar, je suis venu pour croire en Dieu et en son prophète. À ces mots le prophète s’écria M « Dion est grand, » et là conversion

d’Omar fut ainsi accomplie.

Première migration qui fut la migration des Musulmans vers la terre d’Abyssinie.

La persécution des Koreïschites redoublant de violence contre les compagnons du prophète, il permit à ceux d’entre eux qui n’avaient pas de famille pour les protéger, de se réfugier en Abyssinie. Les premiers qui quittèrent l’Arabie étaient au nombre de douze hommes et de quatre femmes. Parmi eux se trouvaient Othman, fils d’Affan, el sa femme Rokaïa, fille du prophète, Zobeïr, fils d’Awam, Othman, fils de Matoun, Abd-allah, fils de Maçoud, et Abd-er-Rahman, fs d’Aouf. Ils s’embarquèrent et se dirigèrent vers le nadjaschi (36), auprès duquel Hs restèrent. Djafar, fils d’Abou-Taleb, vint ensuite se réfugier près d’eux, et plusieurs Musulmans de suivirent l’un après autre. Le nombre entier de ceux qui passèrent en Abyssinie fut de quatre-vingt-trois hommes et dix-huit femmes, sans compter les petits enfants et ceux qui naquirent dans ces climats.

Les Koreïschites envoyèrent à la recherche des fugitifs Abdallah, fils d’Abou-Rabia, et Amrou, fils d’EI-As, qu’ils chargèrent d’un présent de pelleteries pour le nadjaschi arrivèrent et demandèrent au souverain la remise des fugitifs, à laquelle il ne voulut pas consentir. Alors Amrou ben-el-As lui dit M « Interrogez les pour savoir ce qu’ils diront sur la personne de Jésus. » Le nadjaschi les interrogea et ils répondirent par ces paroles de Dieu très-haut, que Jésus est le Verbe de Dieu envoyé vers la vierge Marie. Le nadjaschi ne trouva point à redire à cette réponse et les réfugiés continuèrent à rester en sûreté près de lui. Amrou, fils d’El-As, et Abd-allah, fils d’Abou-Rabia, frustrés dans leur espoir, revinrent après que le nadjaschi leur eut rendu le présent. Lorsque les Koreïschites apprirent l’issue de cette affaire et virent que l’Islamisme se propageait dans les tribus, ils se liguèrent contre les Benou-Haschem et tes Benou-Abd-el-Mottalib, promettant de ne faire avec eux ni alliance, transaction, puis ils écrivirent ce pacte sur un feuillet qu’ils placèrent dans l’intérieur de la Caaba comme garantie de leur résolution. Dès lors Tes Benou-Haschem, tant infidèles que Musulmans, se réunirent autour d’Ahou-Taleb et se réfugièrent avec lui dans une gorge de montagne, à l’exception d’Abou-Lahab (37), fils d’Abd-el-Ozza, fils d’Abd-el-Mottalib, qui se rangea du parti des Koreïschites : Il avait pour femme Omm-Djemil, fille de Harb, sœur d’Abou-Sofian, qui partageait sa haine pour le prophète, C’est elle que Dieu très-haut surnomma le porteuse de bois, parce qu’elle allait porter des épines dans la route que le prophète devait parcourir. Les Benou-Haschem, et avec eux le prophète de Dieu restèrent dans cette gorge environ pendant trois ans.

Cependant les fugitifs d’Ahyssinie ayant entendu dire que les habitants de la Mecque s’étaient convertis à l’Islamisme, revinrent au nombre de trente-trois hommes ; mais lorsqu’ils furent proches de la ville, ils apprirent que la nouvelle était fausse, en sorte que pas un d’entre eux n’entra à la Mecque, si ce est dans le plus profond secret. Parmi eux étaient Othman, fils d’Affan, Zobeïr, fils d’Awam, et Othman, fils de Matoun.


Abrogation du pacte.

On rapporte que le prophète de Dieu dit un jour à Abou-Taleb : « O mon oncle, mon seigneur a livré aux vers le feuillet écrit par les Koreïschites, et il n’y ont laissé que les noms de Dieu. Tout ce qui était l’expression de sentiments injustes et hostiles en à disparu. » Abou-Taleb se rendit aussitôt près des Koreïschites et leur fit connaître les paroles du prophète en ajoutant : « Si cela est vrai, abstenez-vous de rester séparés de nous ; si c’est un mensonge, je vous livrerai le fils de mon frère. » Ils en demeurèrent d’accord, puis ils allèrent regarder le feuillet, et la chose était ainsi que l’avait dit Je prophète, Cela causa aux Koreïschites un vif dépit, mais du moins une grande partie d’entre eux abolirent ce pacte par lequel ils avaient éloigné d’eux tes Benou-Abd-el-Mottalib.

Mort d’Abou-Taleb.

Abou-Taleb mourut au mois de schewal de la dixième année écoulée depuis la mission prophétique. Lorsque sa maladie eut pris an caractère de gravité, le prophète lui dit : « Récite-le, à mon oncle (c’est-à-dire le témoignage de la foi musulmane), afin qu’au jour da jugement il me soit permis d’intercéder en ta faveur. — O fils de mon frère, répondit Abou-Taleb, si ce n’était la crainte des injures et l’idée qu’attraient les Koreïschites, que je n’ai cédé qu’à la peur de la mont, certes je prononcerais la formule du témoignage. » Lorsqu’il fut sur le point de cesser de vivre, il se mit à remuer les lèvres, et Abbas ayant approché son oreille, S’écria : « Par Dieu puissant, à mon neveu, les paroles que tu fui avais prescrites, il vient de les prononcer, » Le prophète dit alors : « Louange à Dieu qui t’a guidé dans la bonne voie, à mon oncle ! »

L’origine de ce récit remonte au Fils d’Abbas (38) ; mais la tradition la plus générale, c’est qu’Abou-Taleb mourut infidèle. Parmi ses poésies en voici une d’où l’on pourrait induire qu’il avait foi dans le prophète de Dieu : Tu m’as appelé et j’ai compris que lu étais véridique, car tu as toujours dit vrai, et pour cela lu as été surnommé le sincère.

Je sais que le religion de Mohammed est la plus sainte des religions du monde.

Certes, tes ennemis malgré leur nombre ne parviendront pas à c’atteindre jusqu’à ce que j’aie été couché dans La erre où l’on m’aura enseveli.

Abou-Taleb avait, lorsqu’il mourut, quatre-vingts et quelques années.


mort de Khadîdja, à qui dieu soit favorable.

Khadidja mourut après Abou-Taleb, environ trois ans avant l’hégires et ces deux morts furent pour Le prophète le signal de continuelles infortunes. Les Koreïschites le persécutèrent, et parmi eux, Abou-Lahab, fils d’Abdel-Mottalib : Hakem, fils d’El-As, et Okba, fils d’Abou-Moaît, fils d’Abou- Omaïa, Ils étaient voisins du prophète et l'insultaient dans sa maison en jetant sur lui des ordures au temps dé sa prière où de ses repas.

Voyage du prophète à Taïef.

Au milieu des persécutions des Koreïschites, le prophète, après ls mort de son oncle, entreprit un voyage à Taïef (39) pour demander du secours aux Benou-Thakif et dans l’espoir qu’ils accueilleraient ce qu’il leur apportait de la part de Dieu. Parvenu à la ville, il se rendit 4 une assemblée des principaux personnages d’entre les Benou-Thakif, tels que Maçoud et Habib, fils d’Amrou, puis il s’assit près d’eux et les appela Aa connaissance du vrai Dien. L’un d’entre eux jui dit alors : « Dieu n’a-t-il donc point trouvé d’autre envoyé que Loi ? et un autre ajouta : « Certes, je ne veux jamais discourir avec toi : car si tu es l’envoyé de Dieu, tu es un trop grand personnage pour que je réplique à tes discours ; si tu ments contre Dieu, il ne me convient pas de l’adresser la parole. » À ces mots de prophète se leva pour s’éloigner, désespérant de la conversion des Benou-Thakif ; mois ils ameutèrent contre lui les jeunes turbulents et les esclaves qui le poursuivirent d’injures et de cris, au point que les rassemblements l’obligèrent à entrer dans un enclos. Alors tous ces insensés le quittèrent, et il s’écria : « O mon Dieu, c’est à toi que je me plains de ma faiblesse, de mon manque de ressources et du mépris où je suis tombé parmi les hommes. O toi, le plus miséricordieux des miséricordieux, toi le maître des faibles, tu es mon seigneurs à quel autre que toi pourrais-tu vouloir que je m’adressasse (40) ? si tu n’es pas irrité contre moi, peu m’importe le reste. » Il revint ensuite, à la Mecque où il trouva les Koreïschites plus hostiles que jamais.


Le prophète de Dieu se présente aux tribus.

Aux fêtes du pèlerinage le prophète se présenta aux tribus et les appela à la connaissance de Dieu très-haut, en leur disant : « O enfants d’un tel, je suis envoyé de Dieu vers vous, qui vous ordonne de t’adorer, de n’adorer que lui, a de rejeter tout autre culte que le sien de croire en moi et d’ajouter foi à mes paroles. » Son oncle Abou-Labab cependant criait à haute voix : « Il vous invite à secouer le joug de Lat et d’Ozza (41) pour les erreurs et les hérésies qu’il vous apporte, mais ne lui obéissez pas. » Abou-Lahah était touche

et portait ses cheveux divisés en deux tresses.

commencement des ansariens (42).

Lorsque Dieu très-haut voulut manifester sa religion et la gloire de son prophète, Mohammed alla pendant les fêtes se présenter aux tribus comme il le faisait habituellement ; et, tandis qu’il était au lieu nommé Acaba (43), il rencontra une troupe de Benou-Khazradj, habitants de la ville d’Yathreb (44), dont la population se divisait en deux tribus, les Benou-Aws et les Benou-Khazradj (45), toutes deux originaires de l’Yemen et issues d’un même père. Elles avaient été divisées par des guerres et s’étaient alliées à deux tribus de Juifs qu’on appelait les Benou-Koraïzha et les Benou- Nodhaïr, toutes deux de la race d’Aaron, fils d’Amaran. Le prophète leur exposa l’Islamisme et leur récita le Coran ; ils étaient six hommes qui crurent en lui et embrassèrent sa doctrine. Puis s s’en allèrent À Yathreb, racontèrent ce qui s’était passé à leurs compatriotes et les appelèrent à l’Islamisme qui se répandit parmi eux de telle manière qu’il n y avait pas une seule maison où l'on ne parlât du prophète de Dieu.


ascension nocturne.

L’auteur du Sirat raconte que l’ascension nocturne (46) précéda la mort d’Abou-Taleb, et Ebn-el-Djouzi rapporte qu’elle eut lieu après sa mort dans la douzième année de la prophétie. Il y a aussi désaccord sue la date ; les uns disent que ce fut la nuit du samedi, le dix-sept du mois de ramadhan de la treizième année ; d’autres la placent au mois de rebi-el-aoual ; d’autres au mois de redjeb.

Les savants ne sont point d’accord non plus si le prophète fit ce voyage corporellement on si ce fut une vision réelle.

Ce qu’il y a de plus généralement adopté, c’est qu’il le fit corporellement ; d’autres croient pourtant que ce ne fut qu’une vision. Ji existe une tradition qui remonte à Aïescha et d’après laquelle elle aurait dit qué le corps du prophète fat toujours auprès d’elle, et que son esprit seul fit le voyage. On cite aussi Moawia qui aurait dit que le vayage nocturne ne fut qu’une vision réelle. Quelques personnes disent encore que Je prophète alla jusqu’à Jérusalem avec son corps, et de là en esprit au septième ciel et au lotos (47) de la limite.


Premier serment d’Acaba.

L’année suivante (c’est-à-dire celle qui suivit l’adoption de ’islamisme par les premiers habitants de Yathreb) doure hommes d’entre les Ansatiens vinrent aux fêtes du pèlerimage, et prétèrent entre les mains du prophète de Dieu le serment des femmes (48), car cela se passait avant qu’il n’eût imposé le précepte de la guerre : or le serment que prétaient les femmes, c’était de ne rien associer à Dieu, de ne point dérober, de ne point forniquer et de ne pas tuer leurs enfants (49). Ensnite le prophète envoya avec eux Mossab, fils d’Omair, fils de Haschem, fils d’Abd-Menaf, fils d’Abd-el-Dar, afin qu’il leur fit connaître les lois de Y’Islamisme et le Coran,

Lorsque Mossab fut arrivé à Médine, Aç’ad, fils de Zorars, lun des six qui avaient prêté serment an prophète À Acaba, entre avec Jui dans un enclos appartenant À la famille de Zhafar. Cet Açaë, fils de Zorara, avait pour cousin maternel Saad, fils de Moadh, chef des enfants d’Aws ; un autre chef était encare Ovni, fls de Hossain. Cet Ogaid, fils de Hossaïn, prit sa pique, et se posant en face de Mossab et d’Aça’d : « Pourquoi venez-vous, dit-il, égarer la faiblesse de quelques uns d’entre nous ? Retirez-vous, si votre vie vous est chère. » Mossab lui dit alors : « Voudras-tu t’asseoir et nous écouter ? » Oçaïd s’assit et Mossab lui fit entendre le Coran et connaître l’Islamisme : « Que cela est beau ! s’écria Oçaïd ; comment faites-vous lorsque vous voulez entrer dans cette religion ? » Mossab le lui enseigna et il prononça la formule de l’Islamisme ; puis il dit : « Après moi il est encore un homme ; s’il suit vos lois, personne ne restera en arrière de lui. Je vais vous l’envoyer (il voutait parler de Saad, fils de Moadh), » Aussitôt il prit sa pique et se rendit auprès de Saad qu’il envoya vers Mossab et Açad.

Saad approchait lorsqu’Aç’ad dit à Mossab : « Oui, par Dieu, celui qui vient à toi est le chef de toute sa tribu. » Cependant Saad, fils de Moadh, s’arrêtant devant eux, fit des menaces À Aç’ad et lui dit : « Si tu ne m’étais pas lié par le sang, je ne souffrirais pas que tu vinsses dans nos demeures répandre une doctrine que nous haïssons. » Mossab lui répondit : « Voudras-tu nous entendre ? si cette doctrine te plait, reçois-la ; sinon nous écarterons de toi l’objet de ton aversion. » Saad dit : « Ta demande est juste. » Mossab alors lui exposa l’Islamisme et lui récita le Coran (Mossab, racontant depuis cet entretien, disait) : « Nous vîmes sur son visage qu’il devenait Islamité avant qu’il eût parlé Comment faites-vous lorsque vous embrasse l’Islamisme ? » lis le lui firent connaître et il se convertit. Ensuite i retourna vers l’assemblée dans laquelle était Oçaïd, fils de Hossam. Lorsqu’on le vit venir, on s’écria : « Nous en jurons par Dieu, Saad revient avec un visage tout différent de celui qu’il avait en partant. » Alors leur dit : « Vous tous, enfants d’Abdel-Aschhal, que suis-je pour vous ? — Notre chef, répondirent-ils, et le premier d’entre nous. — Eh bien ! reprit. « il, je jure de ne parler à aucun de vous, homme ou femme, jusqu’à ce que vous croyiez en Dieu et en son prophète. »

Dès le même soir il n’y avait personne chez les Benou-Abd el-Aschhal qui n’eût embrassé l’Islamisme.

Saad ben-Moadh et Mossab logèrent dans la maison d’Aç’ad ben-Zorara, et tous deux appelaient les hommes à l’Islamisme, en sorte qu’il ne resta point parmi les Ansariens une seule maison où il n’y eût quelque Musulman, à l’exception toutefois de la maison d’Ormaïa, fils de Zeïd.


Récit du second serment d’Acaba.

Ce second serment fut prêté dans la treizième année de la mission. Mossab, fils d’Omair, et avec lui soixante-treize hommes et deux femmes, de ceux qui s’étaient fait Musulmans, partie des Benou-Aws, partie des Benou-Khazradj, revinrent À la Mecque en compagnie d’idolâtres de leur nation, Ils cachaient leur religion nouvelle à ceux qui ne la partageaient pas. Arrivés à la Mecque, ils promirent au prophète de Dieu de se réunir à lui, à Acaba, dans la nuit du second jour de taschrik (50). Le prophète s’y rendit accompagné de son oncle Abbas, qui bien qu’idolâtre, désirait prendre des sûretés auprès d’eux pour le fils de son frère. Abbas leur dit donc : « Vous savez tous, à enfants de Khazradj, ce qu’est Mohammed parmi nous. Nous l’avons défendu contre nos compatriotes, et il trouve dans son pays estime et protection. Cependant il veut absolument se réunir à vous et devenir un des vôtres ; si vous devez être fidèles aux promesses que vous Ini faîtes (51) et le défendre contre ceux qui l’attaqueront, c’est vous que cela regarde ; mais si vous penser que vous deviez le trahir et Y’abandonner, renoncez à lui dès à présent. » Ils répondirent : Nous avons entendu. » Puis’adressant à Mohammed : « O : prophète de Dieu, lui dirent-ils, parle et fais les conditions que tu exiges en ton nom et au nom de ton maître. » Le prophète prit la parole récita quelques passages du Coran, et dit « Je reçois votre foi et vous me défendrez de toute injure dont vous auriez à défendre vos femmes et vos enfants. » Après quelques paroles échangées entre eux, Mohammed et les Ansariens s’engagèrent réciproquement par des promesses solennelles puis ces derniers interrogèrent le prophète et lui dirent : « Si nous sommes tués pour toi qu’y aura t-il pour nous » — Le paradis répondit-il. — Étends « la main dirent ils alors, » et il étendit sa main ils lui engagèrent leur foi (52) et se séparèrent pour revenir à Médine.

Le prophète ensuite ordonna à ses compagnons de fuir vers Médine, et ils sortirent par groupes successifs. Quant à lui il resta à la Mecque pour attendre que Dieu lui permît d’en sortir à son tour ; et Abou-Bekr le véridique ainsi qu’Ali fils d’Abou Taleb restèrent avec lui


Fuite du prophète : paix et bénédiction à son auteur.

C’est de cette fuite que date le commencement du Tarikh ou ère des Islamistes Quant au mot Tarikh il est nouveau dans la langue arabe et a été arabisé des deux mots Mah-Rouz. Il existe à ce sujet une tradition d’Ebn Salman d’après Maïmoun fils de Mahran qui rapporte qu’on présenta à Omar fils de Khattab alors calife un billet dont l’échéance l’était indiquée au mois de schaaban. « Quel mois de schaaban, dit il, est ce celui dans lequel nous sommes ou celui qui doit venir ? » À ce sujet il assembla les principaux d’entre les compagnons de Mohammed et leur dit Voici que nos revenus sont devenus considérables les allocations que nous en avons faites n ont pas de terme fixe comment arriver à un moyen de préciser les époques de payement ? « — Il nous faudrait, répondirent-ils, chercher ce moyen « dans les usages des Persans. » Omar fit alors venir el-Harmozam et l’interrogea sur ce point. « Nous avons une manière « de compter, dit celui-ci, que nous appelons Mab-Rouz, ce « qui signifie compte des mois et des jours. » On arabisa le mot et l’on dit d’abord Mourakh, dont on fit ensuite el. Tarikh et Orkha, dont l’usage devint général. On chercha : ensuite quelle époque on désignerait comme commencement de l’ère de l’empire islamite, et l’on convint de prendre pour point de départ l’année de la fuite du prophète.

La fuite de la Mecque vers Médine (que ces deux villes soient glorifiées par Dieu très-haut ! ( eut lieu lorsque déjà s’étaient écoulés de l’année le mois de moharrem, celui de safar, et huit jours de rebi-el-aoual. Or, pour fixer l’ère de l’hégire, on revint en arrière de soixante-huit jours, et l’on prit pour première date le premier jour de moharrem de cette même année. On compta ensuite depuis ce premier jour de moharrem jusqu’au dernier jour de I vie du prophète, et on trouva dix ans et deux mois : mais si on comptait ce qu’il a vécu depuis la date véritable de sa fuite, on ne trouverait que neuf ans onze mois et vingt-deux jours.

Nous avons composé une table qui relate l’intervalle écoulé entre l’hégire et les événements importants des siècles anciens. Ainsi celui qui désire connaître l’espace de temps qui sépare deux événements quels qu’ils soient n’a qu’à noter le nombre d’années écoulé entre chacun d’eux et l’hégire, puis retranchant Le plus petit nombre du plus grand, le reste formera l’intervalle demandé.

Si nous voulons, par exemple, connaître combien il y a d’années entre la naissance du Messie et celle du prophète de Dieu, nous retranchons les années écoulées entre Ia naissance du prophète et l’hégire, c’est-ä-dire cinquante-trois ans deux mois et huit jours de six cent-trente et un ans, À reste alors cinq cent-soixante et dix-huit années moins deux mois et huit jours, ce qui forme en effet l’espace écoulé entre a naissance du prophète de Dieu et celle du Messie, fils de Marie. C’est de cette manière que se pourront calculer les temps compris entre les deux époques que l’on voudra choisir dans la table suivante (53).

Époques célèbres dans les siècles anciens.

Entre l’hégire et Adam, selon Le compte du pentateuque grec et la détermination des chronologistes, 6216 ans, et sui. vent le même pentateuque grec et la détermination des astronomes, ainsi qu’ils l’ont établi dans les tables astronomiques, 5967. Selon le pentateuque des Juifs et la détermination des chronologistes, 4741 ans ; et suivant l’opinion des astronomes il faut en retrancher 249 ans. Selon le pentateuque samaritain et la détermination des chronologistes, 5137 ans ; mais il faut retrancher ce qui a été indiqué plus haut suivant le compte des astronomes, et ainsi faut-il faire pour toutes Les époques qui ont précédé Nabuchodonosor (Bokht Nasr).

Entre l’hégire et le déluge, d’après la détermination des chronologistes, 3974 ans. Le déluge arriva lorsque Noé avait 600 ans, et il vécut encore 350 ans après, Toutefois, suivant le calcul des astronomes, on ne devra compter que 3725 ans, ainsi que l’ont établi Abou-Maschar, Couschiar et d’autres encore, dans leurs tables astronomiques et leurs éphémérides,

Entre J’hégire et la confusion des langues on compte, selon le calcul des chronologistes, 3304 ans ; mais selon la détermination des astronomes il en faut retrancher 949 ans, ainsi qu’il a été dit plus haut.

Entre l’hégire et la naissance d’Ibrahim, l’ami de Dieu, selon la détermination des chranclogistes, on compte 28g3 ans, dont il faut retrancher 249 ans selon le caleul des astro nomes.

Entre l’hégire et la construction de Ja Caaba par la main d’Ibrahim, l’ami de Dieu, et de son fils Ismail, on compte environ 1798 ans. Or Ibrahim avait alors environ cent ans ou à peu prés, Dieu Le sait.

Entre l’hégire et la mort de Moïse on compte, suivant le calcul des chronologistes, 2348 ans ; mais, suivant Îe ealeul des astronomes, il en faut retrancher 24g ans.

Entre l’hégire et la construction du temple de Jérusalem on compte, d’après les chronologistes, mille huit cents et environ deux années : 1 fut achevé la onzième année du règne de Salomon, 546 ans après la mort de Moise ; mais, suivant Je ealeui des astronomes. on doit toujours retrancher 249 ans.

Entre l’hégire et le commencement du règne de Kabucho- donosor {Bokbt Nasr} on compte 1369 ans, et sur ce sujel. H n’y à pas désnccord.

Entre Yhégire etla raine du temple de Jérusalem on compte 1350 ans ; cet événement ent lieu dans la dix-neuvième année du règue de Nabuchodonosor {Bokht Nasr}, et le temple resta détruit pendant 70 ans, ensuite il fut recons- truit et les Juifs revinrent.

Entre l’hégire et la victoire remportée par Alexandre sur Darius, roi de Perse, on compte g34 ans. Ce fut alors qu’Alexandre commença à régner sur les Perses, et il sure vécut environ sept ans à sa victoire.

Entre l’hégire et Philippe on compte ga7 ans. Ce Phäippe était frère d’Alexandre et son cadet de doure ans ; il régan après Jui en Macédoine, ct Ptolémée en a fait mention.

Entre Thégire et la victoire remportée par Anguste sur Cléopâtre, reine d’Égypte, on compte 652 ans. Cet événement eut lieu dans douzième année du règne d’Auguste.

Entre l’hégire et la naissance du Messie on compte 631. Cette naissance arriva 304 ans après la victoire d’Alexandre, et vingt et un ans après la victoire d’Auguste sur Cléopâtre.

Entre l’hégire et le second renversement du temple de Jérusalem on compte 558 ans. Cet événement eut lieu 40 ans après l’ascension du Messie, et ce fut à l’époque de la dispersion des Juifs, qui dure maintenant encore.

Entre l’hégire et le commencement du règne d’Adrien on compte 507 ans.

Entre l’hégire et la révolte d’Ardeschir, fils de Babek, on compte 422 ans, et ce fut là l’époque de l’extinction des Arsacides(54).

Entre l’hégire et le commencement du règne de Dioclétien on compte 339 ans. Dioclétien fut le dernier des empereurs romains qui se livra à l’idolâtrie.

Entre l’hégire et la naissance du prophète de Dieu on compte 53 ans 2 mois et 8 jours.

Entre l’hégire et la mission du mission du prophète de Dieu on compte 13 ans 2 mois et 8 jours.

Entre l’hégire et la mort du prophète de Dieu on compte 9 ans 11 mois et 22 jours ; mais cette dernière date doit être prise après l’hégire.

récit de la fuite.

Voici le récit de la fuite du prophète : Lorsque les Koreïschites surent que le prophète avait trouvé à Médine des auxiliaires, et que ses partisans, parmi les Mecquois, étaient allés les rejoindre, ils craignirent que Mohammed lui-même ne s’échappât vers Médine ; en conséquence ils se réunirent(55) et résolurent de choisir un homme dans chaque tribu, afin que tous ces conjurés frappassent ensemble, comme un seul homme. Mohammed de leurs épées, et que son sang, dans lequel toutes les tribus auraient trempé, restât sans vengeance. Le prophète instruit de leurs projets, ordonna à Ali de se coucher dans son lit revêtu de son manteau vert, puis de rendre à leurs possesseurs, après son départ, les effets qui lui avaient été confiés. Cependant les infidèles étaient déjà à la porte du prophète épiant sa sortie pour l’assaillir. Alors le prophète prit une poignée de terre, et récitant le commencement de la surate Yasin(56), jeta cette poussière sur la tête des infidèles, et passa sans qu’ils le vissent. Quelqu’un cependant survint et leur dit : « Mohammed est parti et a jeté de la terre sur vos têtes ; » mais eux se mirent à regarder avec attention, et voyant Ali revêtu du manteau du prophète, ils dirent « Mohammed dort, » puis ils restèrent en observations jusqu’à ce que le matin étant venu. Ali se leva et ils le reconnurent.

Ali resta à la Mecque jusqu’à ce qu’il rendu les dépôts confiés au prophète. Mohammed, en sortant de sa maison, se rendit dans celle d’Abou-Bekr, auquel il fit connaître que Dieu lui avait permis de prendre la fuite. Abou-Bekr lui dit alors : « Vous accompagnerai-je ? — Vous m’accompagnerez. » repris le prophète, et Abou-Bekr pleura de joie. Puis ils engagèrent Abd-allah, fils d’Oraïcat, qui était idolâtre, pour leur servir de guide dans la route. Ils arrivèrent ensuite à une caverne dans la montagne de Thour(57), située un peu plus bas que la Mecque, et s’y arrêtèrent. Au bout de trois jours ils en sortirent et se dirigèrent vers Médicne en compagnie d’Amer, fils de Fohaïra, affranchi d’Abou-allah et d’Abf-allah, fils d’Oraïcat, qui leur servait de guide et qui (comme il a été dit plus haut) était encore idolâtre.

Cependant les Koreïschites s’empressèrent de courir à la recherche du prophète, et bientôt il fut poursuivi par Soraca, fils de Malek, de la tribu des Benou-Modhledj. Au moment où il était près de l’atteindre, Abou-Beler s’écria : « O prophète de Dieu, voilà que ceux qui nous cherchent nous ont atteints. » Le prophète répondit : « Ne t’afflige pas, car Dieu est avec nous ; » puis il implora contre Soraca le secours divin, et à l’instant son cheval s’enfonça jusqu’au ventre dans une terre toute sèche. Soraca dit alors : « O Mohammed, implore Dieu pour qu’il me délivre, et je m’engage à éloigner ceux qui le poursuivent. » Le prophète fit en effet des vœux en sa faveur et il fut délivré, mais il n’en continua pas moins de le poursuivre. » Le prophète fit en effet des vœux en sa faveur et il fut délivré, mais il n’en continua pas moins de la poursuivre ; Mohammed implora de nouveau contre lui le secours de Dieu, et de nouveau le cheval de Soraca s’enfonça. Il demanda alors au prophète de le sauver encore, promettant une seconde fois de faire cesser la poursuite. Le prophète y consentit, et lui dit : « Que diras-tu, ô Soraca, lorsque tu te pareras un jour des bracelets de Kesra-Parwiz(58) ? » Soraca cependant retourna sur ses pas et arrêta tous ceux qu’il rencontra occupés de la recherche du prophète, en leur disant : « Dispensez-vous de chercher, il n’est pas de ce côté. »

Le prophète arriva sur le territoire de Médine un lundi à midi, le douzième jour de rebi-el-aoual de la première année, et d’abord il descendit à Coba(59) chez Coulthoum, fils d’El-Hadem ; il y passa le lundi, le mardi, le mercredi, le jeudi, et y fonda la mosquée de Coba. C’est au sujet de cette mosquée qu’est descendu ce verset du Coran : Certes, un temple fondé pour la piété, dès le premier jour, est plus digne de présence(60).

Le vendredi il sortit de Coba, et à chaque maison des Ansariens, devant laquelle il passait, les habitants s’écriaient : « Viens avec nous, ô prophète de Dieu, nous sommes riches et nombreux. » Puis ils cherchaient à entrainer sa chamelle. Mais il leur disait : « Laissez-la libre dans sa route, car elle obéit à l’ordre d’en haut. » Et lorsqu’elle fut arrivée à la place où est à présent la mosquée du prophète et qui était alors un mirbed (61) appartenant à Sahl et Sahaïl, fils d’Amrou, tous deux orphelins et sous la tutelle de Moadh, fils d’Afra, la chamelle, s’agenouillant, repose son poitrail sur la terre. Le prophète descendit alors et Ahou-Aioub l’Ansarien emporta l’équipage de la chamelle dans sa maison. Le prophète resta chez Abou-Aïoub jusqu’à ce qu’il eut fait bâtir sa mosquée et sa demeure. On dit encore que le lieu où fut élevée la mosquée du prophète appartenait aux Benou-’nNadjar, et qu’il était rempli de masures, de palmiers et de tombes des idolâtres.


Mariage du prophète avec Aiescha, fille d’Abou-Bekr la véridique.

Cette union avait eu lieu après la mort de Khadidja et antérieurement à l’hégires ; mais le mariage ne fut consommé que huit mois après l’hégire, lorsqu’Aïescha eut atteint l’âge de neuf ans. Quand le prophète mourut elle en avait dix-huit.

Fraternité établie entre les musulmans.

Le prophète de Dieu voulut que les Musulmans s’unissent par des liens de fraternité, et lui-même choisit pour son frère Ali, fils d’Ahou-Taleb. Aussi AK disait-il dans fa chaire de Koufa au temps de son Khalifa : « Je suis le serviteur de Dieu et le frère du prophète de Dieu. » Abou-Bekr s’unit de la même manière à Kharidja, fils de Zéïd, fils d’Abou-Zobair, Ansarien ; Abon-Obaïd, Es de Djerrah, à Saad, fils de Moadh, Ansarien ; Omar, fils de Khattab, à Atban, fils de Malek, Ansariens Abd-er-Rahman, fils d’Aouf, à Saad, fils de Rabi, Ansarien Othman, fils d’Affan, à Aous, fils de Thabet, Ansarien : Talha, fils d’Obaïd-Allah, à Cab, fils de Malek, Ansarien : Saïd, fils de Zéïd, à Obaï, fils de Caab, Ansarien. Le premier enfant qui naquit parmi les Mohadjériens (62), après l’hégire, fut Abdallah, fils de Zobeïr, et le premier enfant qui naquit parmi les Ansariens fut Noman, fils de Baschir.

Ensuite commença la seconde année de l’hégire. Ce fut pendant cette année que fat institué Le précepte de se tourner pendant la prière vers la Caaba (63) ; car jusqu’alors les fidèles, soit à la Mecque où même 4 Médine. pendant huit mois, depuis la faite, s’étaient tournés vers Je temple de Jérusalem. Ce changement eut lien un mardi vers le milieu du mois de schaaban, et le prophète commença à se tourner vers la Caaba À la prière de midi. La nouvelle en parvint aux habitants de Coba comme ils étaient à la prière, et ils se tournèrent aussitôt du côté de la Caaba. Ce fut encore pendant cette seconde année que fut institué le jeûne du ramadhan (64). Vers le même temps, le prophète envoya Abdallah, fils de Djahsch, de la tribu des Benou-Açad, accompagné de bit hommes, vers Nakhla, entre la Mecque et Taïef, afin de reconnaître ce que faisaient les Koreïschites, Une caravane appartenant aux Koréischites étant venue à passer près d’eux, ls la pilèrent, firent deux prisonniers et revinrent vers le prophète ; ce fat I le premier butin dont s’emparérent les Musulmans, [Tiré du livre de Maçoudi intitulé El-Erckraf.] C’est dans cetle année qu’un songe indique à l’Ansarien Abd-allah, fils de Zéïd, fils d’Abd-Rabbih, le mode d’appel à la prière (65), mode que la révélation divine ordonna à Mohammed

d’adopter.

grand combat de Bedr.

C'est par ce combat que Dieu signala le triomphe de sa religion, et voici comment À eut lieu. Une caravane de Koreschïtes revenait de Syrie, escortée par Abou-Sofian, fils de Harb, à la tête de trente guerriers, et le prophète de Dieu avait dirigé contre eux un corps de troupes. Abou-Sofian en ayant en avis, envoya quelqu'un des siens à la Mecque et fit savoir aux Koreïschites l'attaque que méditait contre lui le prophète. Aussitôt ils se hâtèrent de sortir de la ville, et de tous les principaux d'entre eux il ne manqua qu'Abou-Lahab qui envoya à sa place As, fils de Hescham. Le nombre des Kordschites montait à neuf cent cinquante hommes, parmi lesquels il y avait cent cavaliers. Le prophète sortit de Médine le troisième jour du mois de ramadhan, dans In seconde année de l'hégire; il avait avec lui trois cent treize hommes, parmi lesquels on comptait soixante et dix-sept Mohageriens. Les Ansariens formaient le surplus. Il n'y avait en tout que deux cavaliers dont l'un était Micdad, file d'Amrou, de la tribu des Benou-Kenda; et là-dessus il n'y a pas deux avis; quant au second, les uns disent que c'était Zobeir, fils d'Awam: d'autres rapportent que c'était un autre que lui. Les Musulmans avaient encore: soixante-dix chameaux sur les quels ils montaient tour à tour. Le prophète de-Dieu campa à Safra (66), et là on vint lui annoncer que la caravane approchait de Bedr (67) et que les infidèles étaient sortis de la Mecque pour la défendre. À cette nouvelle il se mit en arche et vint camper à Bedr auprès du puits Le plus voisin de l'ennemi. Saad, fils de Moadh, conseille de construire une cabane (68) pour le prophète, ce qui fut fait, et alors le prophète de Dieu s'y assit avec Abou-Bekr.

Les Koreïschites approchaient, et lorsque le prophète les vit il s’écria : « O mon Dieu, les voici qui approchent dans leur orgueil et leur vanité pour accuser ton prophète de mensonge. Viens me secourir, à mon Dieu, ainsi que te me l’a promis. » Dès que les deux troupes furent proches l’une de l’autre, on vit s’avancer au combat, du côté des infidèles. Otba fils de Rabia, Schaïba, son frère, et Walid, fils d’Otba, Le prophète aussitôt ordonna à Obaïda, fils de Harith, fils de Mottalib de s’opposer à Otba. Harman, oncle du prophète, fut envoyé contre Scbaïba, et Ali, fils d’Abou-Taleb, contre Walid, fils d’Otba. Hama tua Sehaîba ; AH, Walid. et tandis qu’Obaïda et Oiba, tous deux blessés, combatiaient encore. Ali et Hama, venant fondre sur Otba, lls téurent et emyportérent Ohaïda qui avait en de pied coupé et qui mourut de cette blessure ; ensuite le combat devint général.

Cependant le prophète et Abau-Bekr étaient lous deux dans la cabane, etle prophète inv oquait le seigneur en disant : « O mon Dieu, si tu fais périr cette tronpe fidèle, tu ne seras a plus adoré sur la terre ; à mon Dieu, accomplis les promesses. » Il ne cessa point de prier ainsi jusqu’à ce que son manteau, étant tombé, Abou-Bekr le replaça, et le prophète fut saisi de tremblement, puis il revint à lui s’écriant : « Réujouis-toi, à Abou-Bekr, car Dieu vient À notre secours. » Alors il sortit de la cabane pour exhorter ses guerriers À combattre, et prenant une poignée de cailloux la lança sur les Koreischites en disant : « Que k confusion couvre leur visage. » Puis à cri aux siens : « Charges-les. » Aussitôt les Koreischites prirent la fuite.

Cet événement se passa le matin du vendredi, » 17e jour de ramadhan. Abdallah, fils de Macoud, apporta au prophète La tête d’Abou-Djahl, Bis de Heschur, et le prophète se pros crue pour rendre grâce à Dieu. Abou-Djahl fut tué à l’âge de 70 aىs : son nom était Amrou, fils de Hescham, fils de Moghaïra, fils d’Abd-allah, fils d’Omar, fils de Makhzoum. Son frère As, Île de Hescham, fut tué dans le même combat,

Dieu avait envoyé ses anges au secours du prophète. En cet il est dit dans Le Coran : Quand vous avez imploré votre seigneur, il vous a exaucé ; j’envoie mille anges à votre aide (vii, 9). Lorsque Ia nouvelle du combat de Bedr parvint à la Mecque et qu’Abou-Lahab apprit la défaite des siens, il n’y survécut pas sept jours et mourut de douleur. Le nombre des infidèles qui périrent au combat de Bedr Ant de soixante-dix, et le même nombre fut fait captif. Parmi les morts, outre ceux que nous avons nommés, on compta Hantala, fils d’Abou-Sofian, fils de Harb ; Obaïda, fils de Saïd, fils d’As, fils d’Omaïa, tué par Ali, fils d’Abou-Taleb ; Zamaa, fils d’Assouad, tué par Hamza et Ali ; Abou-Bohtori, fils de Hescham, tué par Modjdar, fils de Ziad ; Naoufal, fils de Khowaïled, frère de Khadidja ; c’était l’un des plus méchants d’entre les Koreïschites, et c’était lui qui avait lié ensemble avec une corde Abou-Békr et Talha, fils de Khowaïled, lorsqu’ils embrassèrent l’Islamisme. I fut tué par Ali ; Omair, fils d’Othman, fils d’Omar, de la tribu des Benou-Tamim, tué par Ali ; Maçoud. fils d’Omaia Makhzoumite, tué par Hamza ; Abd-allah, fils de Mondher Makhzoumite, tué par Ali ; Monabbeh, fils de Hadjadj, des Benou-Sahm, tué par Abou-Iasr Ansariens As, fils de Monabbch, tué par Ali : Nabih, fils de Hadjadj et frère de Monabbeh, tué par Hamza et Saad, fils d’Abou-Waccas : Abou-As, fils de Kaïs, de la tribu de Sahm, tué par Ali.

Au nombre des captifs on comptait Abbas, oncle du prophète, et ses deux neveux Okaïl, fils d’Abou-Taleb, et Naoufol, fils de Harith, fils d’Abd-el-Mottalib.

Lorsque le combat fut terminé, le prophète ordonna que les cadavres fussent trainés vers Le puits. Parmi ces corps se trouvaient vingt-quatre des plus redoutables guerriers Koreïschites ; ils furent précipités dans مe puits. Le prophète resta pendant trois jours (69) dans a plaine de Bedr, Le nombre des Musulmans qui périt dans le combat fut de quatorze, six Mohadjériens et huit Ansariens. Revenu à Safra, Mohammed ordonna à Ali de trancher la tête à Nadbr, fils de Harith, qui avait été l’un de ses ennemis les plus ardents (70) ; car lorsque le prophète récitait le Coran, à disait aux Koreïschites : « Mohammed ne vous apporte que des rêveries inventées par les anciens. » Le : prophète fit encore trancher la tête à Okba, fils d’Abou-Moaît, fils d’Omoïa.

Othman, fils d’Affan, était resté, d’après l’ordre du prophête, À Médine, à cause de la maladie de sa femme Rokai (71). fille de Mohammed, et pendant l’absence du prophète, qui fut de dix-neuf jours, elle mourut.


Combat livré à la tribu juive des benou-Kaïnoka (72).

Ces Juifs furent les premiers qui rompirent le pacte conclu entre eux et le prophète : en conséquence il partit pour Les combattre au milieu du mois de schewal de la seconde année. Comme ils s’étaient renfermés dans une forteresse, il en fit le siège pendant quinze jours, au bout desquels ils se rendirent à discrétion. On leur lia les bras derrière le dos, et le prophète voulait les faire mettre à morts; mais l’un des Benou-Khazradj, Abd-allah, fils d’Obayy, fils de Saloul, qui fut depuis surnommé le traître, s’interposa en leur faveur, car ces Juifs étaient alliés aux Benou-Khazradj. Le prophète le refusa d’abord ; il revint à la charge et essuya un second refus. Alors, portant a main au sein du prophète et le saisissant par son vêtement, à lui dit : « Montre-toi clément, « Ô prophète de Dieu. — Lâche-moi, répondit Mohammed. — Non, certes, reprit-il, pas avant que tu n’aies fait grâce, » Le prophète lui dit alors : « Ils sont à toi, » puis il les fit mettre en libertés et les bannissant du pays, lui et les Musulmans s’emparèrent de toutes leurs richesses.


Combat des farines.

Abou-Sofian avait juré de s’abstenir de femmes et de parfums jusqu’à ce qu’en combattant Mohammed il eut vengé les guerriers morts à Bedr. En conséquence ; Il s’avança à la tête de deux cents cavaliers, dont À envoya une partie en avant du côté de Médine. Arrivés vers Oraïdh (73). ils y tuèrent quelques hommes d’entre les Ansariens ; ce qu’ayant appris le prophète, monta à cheval et se mit à leur recherche. Aussitôt Abou-Sofian et ses compagnons prirent La fuite, jetant, pour s’alléger, les sacs qui contenaient leur farine, ce qui fit donner à cette expédition le nom d’expédition des farines.


Expédition de Karkarat-el-Kodr, en l’année 2 de l’hégire.

On dit aussi que ce combat ne fut livré que dans la troisième année de l’hégire. Karkarat-el-Kodr est le nom d’une source voisine de la route qui, de a Mecque, conduit dans l’Irak. Le prophète avait appris que là s’était rassemblée une troupe de Benou-Soulaïm et de Benou-Ghatafan ; il S’avança pour les combattre ; mois n’ayant trouvé personne il rentra dans Médine avec tous les troupeaux dont il avait pu S’emparer.

Dans cette même année, qui est la seconde de l’hégire, mourut Othman, fils de Matoun (que Dieu ait pitié de lui), puis Ali épousa Fatima, fille du prophète. C’est encore dans cette année que fut livré à Dhou-Kar (74) la bataille entre fa tribu de Bekr ben-Ouaïel et l’armée de Kesra-Parwiz commandée per Hamorz. Le combat fut terrible, mais enfin les Perses furent mis en fuite ainsi que les Arabes qui combattaient dans leurs rangs, et Jeur chef Hamors fut tué. ë

À cette époque mourut Omaïa, fs d’Abou-Salt. Le vé- ritable nom d’Abou-Salt était Abd-allah, fs de Rabia ; Ontoia était l’un des principaux chefs des infidèles. H avait la les écritures, et ayant eu connaissance de la mission du prophète, ii l’avait niée par envie, ayant été d’ailleurs assez insensé pour espérer que ce serait lui-même qui serait l’envoyé du ciel. Ce même Omaïa avait fait un voyage en Syrie et était re- venu dans le Hedjaz après le combat de Bedr. Comme il pas- sait auprès du puits, an lui dit que là étaient ensevelis ceux qui aveient été tués dans ce combat, et que parmi eux se trouvaient Otba et Schaïba, fils de Rabia, tous deux ses propres causins. Aussitôt, en signe de deuil, il coupa les oreilles à sa chumelle (75), et, s’arrêtant sur le bord du puits, il y récita une longue élégie dont voici quelques vers (76) :

Je pleurerai sur ces nobles guerriers, fils de guerriers nobles aussi ». a et dignes de toutes louanges.

Ainsi que dans Le feuillage de l’aïk gémissent les colombes sur Îes ratneaux inclinés,

Le soir, tristes, abattnes, élles s0 réanissent pour gémir

elles gémissent avec des sanglois les femmes qui pleurent aux funérailles.

Que de chefs et de princes emsevelis à Bede et à Akalal,

Vicillards et jeunes gens, robustes, braves et eouregeux |

Combien a changé le vallée de la Mocquel ce n’est plus qu’un désert rocsilleux.

Troisième année de l’hégire. Ce fat dans cette année, an mois de ramadhan, que naquit Hacan, ls d’Al : puis dans cette même année je Juif Caeb (77), fils d'Aschraf, fat tué par Mohammed, fils de Meslemé, Aosarien.

Combat d'Ohod.

Les Koreischites s'étaient rassemblés au nombre de trois mille hommes, parini desquels il y avait sept cents guerriers revêtus de cuirasses et deux cents cavaliers. Hs avaient pour chef Abon-Sofan, fils de Horb, qui était accompagné de sa femme Hend, fille d'Otba; pois une troupe de femmes, au nombre de quime, frappant sur des tambours, versant des larmes sur les guerriers tués à Bed, ot excitant les infidèles

2.00 à combattre les Musulmans. De la Mecque ls allèrent cam- per en face de Médine, à Dhou-Holaïfa (78), où ils arrivèrent le mercredi, quatrième jour de sehewat de la troisième année. L'intention du prophète était de rester dans Médine et de combattre à l'abri de ses murs, dessein qu'approuvait Abd- allah, ls d'Obayy. fils de Saloul le traître; les autres com- pagnons du prophète, au contraire, vodlaient combattre en rase campagne : en consfquenee le prophète sortit de la ville à la tête de mille d'entre ses disciples et alla camper entre Médine et le mont Ohod (79). ce que voyant Abd-allad, fils d'Obayy, fils de Saloul, il se sépars de Jui emmenant le tiers des troupes et disant ; «Il a délèré à l'avis des autres et n été «rebelle à mes conseils; pourquoi nous ferions-nous tuer aiciP Ensuite il rentra dans la ville avec les traîtres qui voulurent le suivre.

Le prophète campa dans nn défilé du mont Ohod, ayant à dos la montagne, et Je combat s'engagea un samodi sept de schewal. Le prophète n'avait plus avec lui que sept cents, hommes, dont cent revêtus de enirasses et seulement deux chevaux, Fan monté par Mohammed, l'autre par Abou-Borda, Mossab, fils d'Omair, de la famille des Benou-Abd-eddar, por. tait l'étendard du prophète. L'aîle droite des infidèles était commandée par Khaled, fils de Walid: Yade geuche par Acrama, fils d'Abou-Djahl: ler étendard était confié aux Be- rou-Abd-eddar. Mohammed plaça à l'arrière-garde ses ar- re chers, au nombre de cinquante.

Lorsque les deux troupes se furent approchées l'une de l'autre, Hend, fille d'Otha, femme d'Abou-Sofan, se tint, ainsi que les autres femmes, derrière les guerriers, frappant toutes sur leurs tambonrs, tandis que Hend s'écriait : a O fils « d'Abd-eddar, défenseurs de vos familles, frappez du tran- « chant de vos glaives.» Hamsa, oncle du prophète, fit en ce jour des prodiges de valeur et tua de sa main Arkih, porte- enseigne des infidèles. Voyant ensuite passer près de Jui Sebba, fils d'Abd-eLOzz2, dont la mère pratiquait à là Mecque la circoncision, il lui dit Jci, fs d'une mère qui circoncit «les femmes ;» puis il Ini porta à Ja tête un coup qui ne lat- icignit pas. Tandis qu'il était ainsi occupé à combattre Sebba. un Abyséin, nommé Wahscki, esclave de Djobair, fils de Motem, de frappa d'une pique et le tua. Ensuite Ebn-Kamia, des Beaou-Laïth, ayant tué Mossab, fils d'Omaïr, porte-en- seigne du prophète, et croyant avoir taé le prophète lui- même, erin aux Koreischites : « J'ai tué Mohammed. » Le prophète, après la mort de Mossab, fils d'Omair, confia son étendard à AK, fs d'Abou-Faleb.


Défaite des musulmans.

Les infidèles avaient pris la fuite et les archers du prophète, emportés par le désir du butin, quittèrent le poste auquel i leur avait ordonné de rester. À ce moment Khaled, fils de Walid, à La tête de sa cavalerie, prit les Musulmans à dos; en même temps on cria que Mohammed était tué. Le désordre s'étant mis alors parmi les Musulmans, l'ennemi leur fit éprouver de grandes pertes, et ce fut pour eux un jour d'épreuve; soixante-dix d'entre eux succombèrent, et les infidèles perdirent vingt-deux hommes. Cependant les enne- mis parvinrent à l'endroit où se tenait le prophète; atteint par leurs pierres, il tomba à terre; une de ses dents de devant fut brisée (80); il fut blessé au visage et à la lèvre. L'auteur de cette blessure fut Otba, fils d'Abou-Waceas, frère de Saad. Le sang commença à couler sur le visage du prophète qui dit alors : « Comment pourrait prospérer un peuple qui a souillé de sang le visage de son prophète au moment où il l'appe- « lait à la connaissance du Seigneur ? Ce fut à ce sujet que descendit cette parole du Très-Haut (81): Pea t'importe qu'il les punisse ou qu'il leur pardonne, car ce sont des impies. Deux des anneaux du casque de Mohammed étaient entrés, par la force du coup, dans le visage du prophète, et Ahou-Obaïda, fils de Djerrah, en ayant arraché un, l'une de ses dents tomba; il arracha l'autre et perdit encore une dent, en sorte P. A qu'il en eut deux de moins. Senan, père d'Abou-Said, de la tribu des Benou-Khoudr, suçait le sang du prophète qu'il ava- lait ensuite, et le prophète lui dit : « Celui dont le sang s'est « mêlé au mien ne sera point atteint par le feu de l'enfer. » La tradition rapporte qu'en ce jour-là Talha fut privé de l'usage de sa main par un coup dont il préserva le prophète : Mohammed était revêtu de deux cuirasses.

Hend et ses compagnes mutilèrent les compagnons du pro- phète qui avaient sucombé dans le combat, leur coupant le nez et les oreilles pour s'en faire des colliers; puis Hend arracha le foie de Hamza, qu'elle mácha, mais sans l'avaler. Son mari, Abou-Sofian, ayant frappé de l'extrémité de sa lance la lèvre de Hamza, gravit la montagne et s'écria : «Les armes » sont journalières ; Je combat d’Ohod venge celui de Bedr. « Élève-toi, ITobal (82) : » il voulait dire : Fais triompher ta re- ligion. Lorsqu’il s’en retourna À la tête des siens, il ria : « Je « vous donne rendez-vous à Bedr l’année prochaine », et le prophète ordonna à l’un des siens de répondre : « Vous nous « y trouverez. » Les infidèles étant retournés à la Mecque, le prophète chercha son oncle Hamsa, et l’ayant trouvé le ventre fendu, Le nez et les oreilles coupés, il dit : « Si Dieu me fait « triompher des Koreïschites, je vengerai, sur trente des leurs, « la mort de Hamra. » Puis il ajouta : « Gabriel est venti à moi vet m’a révélé que Harmza est porté au nombre des &lus du « septième ciel sous ce nom : Hama, fils d’Ahd-el-Mottalib, « le Lion de Dieu et de son prophète. » Ensuite il ft couvrir ». e son côrps d’un manteau, pria sar lai et répéta sept fois Allah skbar. On apporta aussi le corps des autres victimes ; on les plaçait suerossivement auprès de celui de Hamza ; il priait sur eux et en même temps sur Hamza, en sorte qu’il fit soixante-doure prières sur le corps de son oncle. Ce fait vient à l’appui de l’opinion d’Abonlanife (83), qui approuve les prières faites sur Le corps des martyrs de la foi, contrairement au dogme de Schafeï (84). (Dien les ait tous deux en pitié ! } Le prophète ordonna ensuite qu’on inhumât Hama, puis quelques Musulmans emportèrent leurs morts à Médine et les y enterrèrent. Mohammed défendit qu’on imitât cet exemple, et dit : « Enterrez des morts où ils ont succombé. » On entra alors dans la quatrième année de l’hégire.


Combat de Radji.

Au mois de salar de cette année, quelques gens des tribus d’Adhal et de Cara (85) se rendirent auprès du prophète et Avi dermandèrent d’envoyer avec eux des hommes qui prssent instruire leur peuple dans la religion. En conséquence il les fit accompagner de six envoyés qui étaient Thabet, fils d’Abou-Aflah, Khobaib, fils d’Adi, Marthad, fils d’Abou-Marthad, des Benou-Ghani, Khaled, fils de Bekir, des Benou- Laith, Zeid, fils de Dathna, et Abd-allah, fils de Tarek ; Mohammed leur donna pour chef Marthad, fils d’Abon-Marthad. Parvenus à Radji, source appartenant aux Benou-Hodhaïl et P. 4. située à 1 á milles d’Osfan, cette tribu attaqua par surprise les compagnons du prophète, qui cherchèrent à se défendre, en tua trois et en fit trois prisonniers ; ces trois derniers étaient Zéid, Khobaib et Abd-allah qu’il emmenèrent vers la Mecque. Abd-allah, cherchant à s’échapper, combattit et succomba sous les pierres qui lui furent lancées ; les, deux autres, amenés à la Mecque, y furent vendus aux Koreischites qui, de sang-froid, les mirent à mort.

Combat du puits de Maouna.

Dans la même année, au mois de safar, Abou-Bera- Amer, fils de Malek, fils de Djafar, surnommé le jouteur de lances (86), qui n’était pas encore Musulman sans toutefois être éloigné de l’Islamisme, vint trouver le prophète et lui dit : Si tu envoyais quelques-uns de tes compagnons vers les habitants du Nedjd (87) pour les appeler à la religion, j’espère qu’ils répondraient à ton appel. » Le prophète lui dit : « Je craindrais pour mes envoyés. Et moi je serai leur défenseur, reprit Amer. » En conséquence le prophète envoya Mondher, fils d’Omar l’Ansarien, à la tête de quarante Musulmans choisis, parmi lesquels était Amer, fils de Fohaira. affranchi d’Abou-Bekr le véridique. Ils partirent et s’arrêtèrent au puits de Maouma (88), distant de Médine de quatre P. 4 journées de chemin. Là ils envoyèrent une lettre du prophète à l’ennemi de Dieu Amer, fils de Tofail. Celui-ci tua le porteur de la lettre, et ayant rassemblé ses troupes, attaqua les compagnons du prophète qui combattirent et furent tués jusqu’au dernier, à l’exception de Caab, fils de Zéid, qui, ayant encore un souille de vie, resta parmi les morts, puis revint ensuite vers le prophète, et succomba plus tard à la journée du fossé. Cependant Amron, fils d’Omaia, de la tribu des Benou-Dhamra, et un homme d’entre les Ansariens. qui faisaient paître les montures de leurs compagnons, virent des oiseaux qui volaient au-dessus du camp. Ils retournèrent aussitôt et furent témoins du carnage qui avait été fait : l’Ansarien voulut combattre et fut tué ; quant à Amrou, il fat pris, et Amer, fils de Tofail, lui accorda la liberté parce qu’il était issu de Modhar. Il retourna donc vers le prophète et lui annonça cette fâcheuse nouvelle, qui le plongea dans la douleur.

Combat contre la tribu juive des Benou-Nodhair (89).

Le prophète alla mettre le siège devant leur forteresse au mois de rebi el-aoual de la quatrième année, et pendant qu’il les assiégeait, la défense du vin descendit du ciel (90). Après quinze jours de siége ils demandèrent à quitter le territoire qu’ils occupaient, à condition qu’ils garderaient ce que pour- raient emporter leurs chameaux, excepté les armes. Le prophète y consentit, et ils sortirent au son des tambours et des trompettes, faisant ainsi parade de courage et de résignation. Leurs richesses devinrent la proie du prophète qui les partagea à son gré et en favorisa les Mohadjériens, à l’exclusion des Ansariens. Mais Sahl, fils de Hanifa, et Abou-Doudjana lui ayant rappelé qu’ils étaient pauvres, il les fit participer au butin. Quant aux Benou-Nodhair, ils se retirèrent partie à

Khaibar, partie en Syrie.

Expédition de Dhat-er-Rica.

Le prophète se rendit ensuite dans la province de Nedjd et rencontra une troupe de Benou-Ghatafan, à Dhat-cr-Rica (91), ainsi appelé parce qu’ils y raccommodèrent leurs étendards. On s’approcha de part et d’autre, mais on ne combattit point, Ce fait se passait au mois de djomadi-el-aoual de la quatrième année. Ce fut dans cette expédition qu’un homme d’entre les Benou-Ghatafan dit aux siens : « Voulez-vous que je tue Mohammed ? « — Oui, répondirent-ils. » Il se rendit alors auprès du prophète et lui dit : « O Mohammed, je voudrais bien voir le a sabre que tu as là ; or ce sabre était orné d’argent. Le prophète le lui tendit ; il le prit, le tira, l’agita et voulut frapper ; mais Dieu le rendit incapable d’exécuter son dessein, et il dit : « Est-ce que tu ne crains rien de moi, ô Mohammed ? — « Qu’ai-je à craindre de toi ? reprit le prophète. Alors il lui T. rendit son sabre et Dieu très-haut fit descendre ce verset (92) : O vous qui croyez, rappelez-vous combien Dieu a été bon pour vous lorsque les ennemis voulaient étendre leurs mains sur vous et qu’il les a retenues.


Seconde expédition de Bedr.

Au mois de schaaban de la quatrième année le prophète partit de Médine pour se trouver au rendez-vous donné par Abou-Sofian. I vint à Bedr et y resta pour l’y attendre ; mais celui-ci étant sorti de la Mecque, revint sur ses pas à moitié chemin. Mohammed voyant qu’il ne venait pas au rendez- vous, rentra à Médine. Ce fut cette même année que naquit

Hoçaïn, fils d’Ali, puis commença la cinquième année.

Combat du fossé, autrement appelé combat des alliés.

Au mois de schewal de la cinquième année le prophète apprit que plusieurs tribus arabes s'étaient réunies contre lui, et il ordonna de creuser un fossé (93) autour de Médine. On dit que ce fut par le conseil du Persan Salman, qui combat- lait alors pour la première fois avec le prophète. Pendant qu'on creusait ce fossé, plusieurs miracles furent faits par le P. 4² prophète, entre autres celui que nous a rapporté Djaber (94). « Une roche, nous dit-il, s'opposait à l'effort des travailleurs, a le prophète fit apporter de l'eau, cracha dedans, et en ayant fait arroser la pierre, elle devint friable. En voici un autre. La fille de Baschir, fils de Saad, Ansarien, sœur de Noman, fils de Baschir, avait été envoyée par sa mère pour porter un repas composé de quelques dattes à son père Bas- chir et à son oncle Abd-Allah, fils de Rewaha; elle passa près da prophète qui l'appela et lui dit: «Donne-moi ce que tu « tiens, ô ma fille!» Voici ce qu'elle a dit elle-même à ce sujet : « Je versai les dattes dans les mains du prophète, et il « n'y en avait pas assez pour les remplir; alors il fit apporter « un mantean, y mit les dattes et dit à quelqu'un : Appelez les « travailleurs, qu'ils viennent prendre leur repas; en effet, « ils se mirent tous à manger, et les dattes se multipliaient au a point que lorsque les ouvriers furent rassasiés, des fruits tombaient encore de tous les côtés du manteau.» Djaber a rapporté un troisième miracle. «J'avais, dit-il, une petite « brebis qui n'était pas grasse, j'ordonnai à ma femme de faire « cuire un pain d'orge et rôtir la brebis pour le prophète. Ce- «. pendant nous travaillions tout le jour au fossé et nous reti- «rions vers le soir. Au moment de partir je dis au prophète : «J'ai préparé pour toi une brebis et un pain d'orge, je serais D. heureux que tu voulusses venir à ma maison. Aussitôt le « prophète ordonna à quelqu'un de crier aux travailleurs qu'ils eussent à se rendre avec le prophète à la maison de a Djaber. Nous appartenons à Dieu et nous devons revenir à «lui, dis-je en moi-même (en effet il n'avait eu l'intention « d'inviter que le proplète); cependant Mohammed et tous « les travailleurs avec lui arrivèrent chez moi. Nous lui « offrimes les mets qu'il bénit en prononçant la formule du «Bism-illah, puis les travailleurs s'approchèrent tour à tour, « une nouvelle troupe succédant à celle qui se retirait, jus- «qu'à ce qu'ils fussent tous rassasiés. » Salman le Persan rapporte le miracle suivant : «J'étais, dit-il, auprès du prophète et je travaillais au fossé, lorsque « je tombai sur une place qui résistait à mes efforts. Le prophète ayant vu l'obstacle qui m'arrêtait, prit la pioche et frappa un coup; sa pioche fit jaillir un éclair. It frappa un second coup, et un second éclair jaillit. Il en frappa un troisième qui fut suivi d'un troisième éclair : O toi qui m'es plus cher que mon père et ma mère, lui dis-je, qu'est-ce qui jaillit ainsi sous les coups de ta pioche? - As-tu douc vu cela, ô Salman? reprit-il. Je l'ai vu, lui dis-je; - et il me répondit : Par le premier éclair Dieu m'a promis la conquête de l'Yemen, par le second celle de la Syrie et de l'Occident, par le troisième celle de l'Orient. »

Le prophète fit achever le fossé et bientôt approchèrent r. 44 les Koreischites avec leurs divers alliés, et ceux des Benou- Kénana qui s'étaient joints à eux, an nombre total de dix mille hommes. Les Benon-Ghatafan approchèrent aussi suivis par une partie des habitants du Nedjd, puis encore les Benou- Koraizha, commandés par Caab, fils d'Acad. Ils avaient été d'abord alliés au prophète; mais les Juifs, leurs coreligion- naires, n'avaient cessé d'insister auprès d'eux jusqu'à ce qu'ils cussent rompu leur pacte et pris part à la ligue formée contre le prophète de Dieu. Cependant l’affaire devenait sérieuse, l’épreuve était si forte que les Musulmans roulèrent mille pensées diverses dans leur tête, et que des dispositions à la défection se manifestèrent au point que Moatteh, fils de Kos- chair, osa dire : « Mohammed nous promettait les trésors de Kesra et de Kaissar, et voilà qu’aujourd’hui pas un de nous « n’est sûr de sa vie si quelque besoin l’appelle hors de sa « maison. »

Les infidèles et le proplète restèrent plus de vingt jours en présence sans qu’on en vint aux mains autrement qu’à coups de flèches lancées par les archers. Ensuite Amrou, fils d’Abd-Woudd, issu de Loway, fils de Ghaleb, se présenta pour un combat singulier, et Ali, fils d’Abou-Taleb, s’offrit à lui comme antagoniste. « O fils de mon frère, lui dit Amrou, je a ne voudrais pas te tuer.— El moi je veux ta mort, reprit « Ali. » A ces mots, Amrou, enflammé de colère, descendit de son cheval auquel il coupa les jarrets, et courant vers Ali, ils se livrèrent un furieux combat. Un nuage de poussière s’éleva autour d’eux ; mais les Musulmans entendirent retentir Allah akbar, et ils surent ainsi qu’Ali avait tué son ennemi. Bientôt le nuage se dissipa et l’on vit Alí sur la poitrine d’Am- rou qu’il égorgeait. Alors Dieu très-haut fit souffler un vent P. 4v du midi, ainsi qu’il l’a dit dans le Coran (95) : « O vous qui a croyez, ruppelez-vous combien Dieu a été bon à votre égard lorsque des armées marchaient contre vous et que nous avons envoyé « contre elles un vent violent et des légions invisibles. » Cet événement se passait en hiver, et l’ouragan ayant renversé les chaudières et les tentes des ennemis, Dieu sema la discorde parmi eux. Les Koreischites, conduits par Abou-Sofian, se retirèrent les premiers ; dès que les Benou-Ghatafan l’eurent

appris, ils se retirèrent aussi, retournant chacun dans leur pays.

Expédition contre les Benou-Koraizha (96).

Le lendemain matin le prophète, s’éloignant du fossé, revint à Médine, et les Musulmans déposèrent les armes. A l’heure de midi l’ange Gabriel apparut au prophète et lui dit : « Dieu « l’ordonne de marcher contre les Benou Koraizha. » Moham- med aussitôt donna l’ordre à un crieur de faire cette procla- mation : « Que tous ceux qui entendent et qui obéissent ne « fassent point la prière de l’Asr (97) avant d’être sur le ter- writoire des Benou-Koraizha. » En marchant contre eux le prophète envoya en avant Ali, fils d’Abou-Taleb, auquel il avait confié son étendard. Le prophète vint camper auprès de l’un des puits appartenant à cette tribu, et ses soldats vinrent successivement l’y rejoindre. Plusieurs arrivèrent A lorsque la nuit était déjà close, et ils ne firent pas ce jour-là la prière de l’Asr, parce que le prophète avait dit que personne ne la fit avant d’être arrivé sur le territoire des Benou- Koraizha le prophète ne leur fit aucun reproche de cette omission.

Il assiégea les Benou-Koraizha pendant vingt-cinq jours ; puis au moment où l’issue du siège devenait pour eux plus menaçante, Dieu fit descendre la crainte dans leurs cœurs et ils se rendirent à discrétion. Comme ils étaient alliés aux Be- nou-Aws, ceux-ci demandèrent au prophète de vouloir bien leur accorder la liberté ainsi qu’il l’avait fait à l’égard des Be- nou-Kainoka, alliés des Benou-Khazradj, à la prière d’Abd- Allah, fils d’Obayy, fils de Saloul, le traître. Le prophète leur demanda s’ils s’en rapporteraient au jugement de Saad, fils de Moadh, qui était leur chef, et ils y consentirent, ne dou- tant pas que sa décision ne fût favorable aux vaincus ; en con- séquence il fit appeler Saad. Ce chef avait été blessé dans la veine médiane à l’attaque du fossé ; comme il était d’une grande corpulence, les Benou-Aws l’amenèrent porté par un âne sur le dos duquel ils avaient placé un coussin. Ils le conduisirent ainsi devant le prophète, et lui disaient en route :

  • O père d’Amrou, montre-toi bon envers tes clients. » A son

arrivée, Mohammed dit : « Levez-vous pour faire honneur à & votre chief. Orics Mohadjériens dirent que le prophète n’adressait ces paroles qu’aux Ansariens, et les Ansariens prétendirent au contraire qu’il désignait ainsi la totalité des Musulmans. Cependant ils se levèrent et dirent : « O père d’Am-

  • rou, le prophète de Dieu t’a constitué le juge de tes anciens P. 44

« alliés. » Saad répondit : « Que les hommes soient mis à mort, que les biens soient partagés, que les femmes et les enfants « soient réduits en servitude. Dieu très-haut, dit aussitôt « Mohammed, vient de te dicter du haut du septième ciel « ton jugement à leur égard. » Le prophète revint ensuite à Médine où il fit renfermer les Benou-Koraizlia dans quelques maisons appartenant à des Ansariens ; puis par son ordre on creusa des fosses, on les y conduisit et on leur trancha la tête. Ils étaient environ au nombre de sept cents hommes, un peu plus ou un peu moins. Le prophète fit ensuite le partage des femmes et des enfants destinés à l’esclavage ; il en prit pour lui le cinquième, et choisit en outre Ribana, fille d’Amrou, qui resta en sa possession jusqu’à l’époque où il mourut,

A peine l’expédition des Benou-Koraizha terminée, la blessure de Saad, fils de Moadly, se rouvrit et il mourut : Dieu ait pitié de hui ! Ceux qui périrent martyrs de la foi musulmane dans la guerre du fossé sont au nombre de six, et parmi eux il faut compter Saad, fils de Moadlı, bien qu’il soit mort après l’expédition des Benou-Koraizha, ainsi que nous venons de le raconier. Ce chef, au moment où il avait été blessé à l’attaque du fossé qui entourait Médine, avait prié Dien de prolonger sa vie jusqu’au moment où il aurait pu contribuer à punir les Benou-Koraizha de leur trahison envers le prophète. En effet sa blessure se cicatrisa jusqu’à la fin de l’expédition, ainsi qu’il l’avait demandé au Très-haut, ensuite elle se rouvrit et il mourut : Dieu ait pitié de lui ! Cette campagne contre les Benou-Koraizha, qui ne coûta la vie qu’à un seul homme parmi les Musulmans, cut lieu au mois de dhou’l-kaada de l’année cinquième de l’hégire. Le prophète en passa les derniers mois à Médine, puis on entra dans la sixième année.


Expédition contre les Benou-Lahian.

Ce fut dans cette année (sixième année de l’hégire) que le prophète marcha contre les Benou-Lahian, voulant venger sur eux ceux qui avaient péri à Radji ; mais ils s’étaient fortifiés sur le haut des montagnes, en sorte qu’il se dirigea vers Osfan (98) pour effrayer les habitants de la Mecque, et de la revint à Médine.


Expédition de Dhou-Kard.

Le prophète était depuis quelques jours à Médine, lorsqu’Oyaina, fils de Hesn,.des Benou-Fazara, s’empara des chamelles du prophète errantes dans le lieu nommé el-Ghaba. Mohammed partit de Médine le mercredi, pour marcher à sa poursuite, et parvint à Dhou-Kard (99) le quatrième jour du mois de rebi-el-aoual. Là, il recouvra quelques-unes de ses chamelles et revint à Médine après une absence de cinq jours. Dhon-Kard est un lieu situé à deux journées de Médine, sur la route de Khaibar.

Expédition contre Benon-Mostalak.

Au mois de schaaban de cette sixième année, quoiqu’on prétende aussi que ce fut dans l’année précédente, le prophète marcha contre les Benou-Mostalak (100) qui avaient alors pour chef Harith, fils d’Abou-Dherar, et il les rencontra près d’une source qui leur appartenait et qu’on appelle Moraiçi (101). On combattit de part et d’autre, et Dieu mit en fuite les Benou-Mostalak ; plusieurs d’entre eux furent tués, d’autres pris et leurs biens devinrent la proie des Musulmans. Djowairia, fille de leur chef Harith, fils d’Abou-Dherar, tomba en partage à Thabet, fils de Kais. Elle fit avec lui un contrat pour racheter sa liberté moyennant une certaine somme ; le prophète ayant acquitté le prix convenu, l’épousa. On dit alors : « Voici les Benou-Mostalak devenus les alliés du prophète de Dieu, » En effet il accorda, en faveur de son ma- riage, la liberté à cent chefs de famille, et Djowairia devint ainsi la bienfaitrice de sa tribu. Un Ansarien, dans cette expédition, avait tué un Musulman par erreur et pensant que c’était un infidèle. Ce Musulman appartenait à la famille des Benou-Laith, fils de Bekr, et se nommait Hescham ; il avait un frère appelé Mikyas, qui était idolâtre. Lorsqu’il apprit que son frère Hescham avait été tué par suite d’une erreur, il quitta la Mecque feignant d’avoir embrassé l’Islamisme, et vint demander le prix du sang de son frère. Mohammed le lui accorda ; mais ne resta que peu de temps auprès du prophète, et ayant attaqué le neurtrier de son frère, il le tua, puis revint à la Mecque où il abjura l’Islamisme : que Dieu l’éloigne à jamais de son sein ! A ce sujet il fit quelques vers, et en voici un J’ai satisfait mon désir, je me suis vengé du meurtrier de mon frère, et maintenant je suis le premier qui retourne au culte des idoles. Il fut l'un de ceux dont le prophète autorisa le meurtre au jour où il s'empara de la Mecque.

Dans cette même expédition, Djahdjah, des Benou-Ghafar, serviteur d'Omar, fils de Khattab, et Senan, des Benou- Djohaïna, allié des Ansariens, eurent une dispute pour puiser de l'eau et se battirent. L'Arabe de Ghafar s'écria : «A moi, les Mohadjériens ! et l'Arabe de Djohaina cria de son côté : A moi, les Ansariens!» ce qu'entendant Abd-allal, fils d'Obayy, fils de Saloul, le traître, il se mit dans une violente colère. Auprès de lui se trouvaient quelques gens de sa tribu, et entre autres Zeid, fils d'Arkam: Eh bien! leur dit Abd-allah, les y voilà; ils viennent nous disputer notre propre

  • pays; mais, certes, nous reviendrons à Médine, et là le

« plus puissant, chassera le plus faible. » Puis se tournant vers les siens, il ajouta: «Voilà le résultat de ce que vous avez fait; vous les avez reçus dans vos contrées, vous les avez admis au partage de vos richesses; si vous ne leur aviez pas ainsi livré ce que vous aviez entre les mains, ils se seraient éloignés de vous. » Zeid, fils d'Arkam, alla rapporter ces paroles à Mohammed qui avait alors auprès de lui Omar, fils de Khattab. Celui-ci dit au prophète : «Ordonne à Abd-allah, fils de Beschir, ô prophète de Dieu, d'aller le punir de mort. - Et que pensera-t-on de moi? reprit le prophète: on dira que Mohammed ordonne le meurtre de ses compagnons. Dans l'intention de faire cesser toute discorde, il ordonna ensuite le départ à une heure toute autre que celle accoutumée. Oçaid, fils de Ilossain, vint alors le trouver et lui dit : « O prophète de Dieu, vous partez à une heure qui n'est pas l'heure ordinaire du départ.- N'es-tu donc pas instruit, lui répondit Mohamined, des propos tenus par Abd-allab? Qu'est-ce done? reprit Oçaid; » et le prophète l'instroisit de ce qu'avait dit le fils d'Abou-Saloul. « Certes, s’écria alors Oçaïd, c’est toi qui le chasseras si tu le veux ; c’est toi qui es l’homme fort, c’est lui qui est l’homme faible. » Le fils d’Abd-allal, le traitre, qui s’appelait aussi Abd-allah et était dévoué à l’Islamisme, vint à savoir les paroles qu’avait prononcées son père, et il dit aussitôt à Mohammed : « O prophète de Dieu, on m’a dit que tu veux punir mon père de mort ; si telle est ton intention, ordonne et je t’apporte sa tête. Loin de là, répondit le prophète ; sois à son égard un fils tendre et un compagnon dévoué. »


Calomnie dirigée contre Aïescha.

Après l’expédition contre les Benou-Mostalak, et tandis que le prophète était en chemin pour effectuer son retour, on tint des propos calomnicux. Les artisans de ces mensonges étaient un cousin d’Abou-Bckr nommé Mistah, fils d’Otha- tha, fils d’Abbad, fils d’Abd-el-Mottalib ; Hassan, fils de Thabet ; Abd-allah, fils d’Obayy, fils de Saloul, le traitre, et Omm Haçana, fille de Djahsch ; ils accusaient faussement Aiescha d’adultère avec Safouan, fils de Moattal, qui commandait l’arrière-garde. Dien ayant fait descendre du ciel la justification d’Aiescha, le prophète les fit frapper chatun de quatre-vingts coups de verges, à l’exception d’Abd-aliah, fils d’Obayy, auquel il fut fait remise de cette peine. C’est ainsi que le raconte Maçoudi dans son livre intitulé El-Eschraf. C’est pendant l’expédition dirigée contre les Benou-Mostalak que descendit du ciel le verset du Teyemmom (102) (c’est-à-

dire, de l’ablution avec le sable à défaut d’eau).

Voyage à Hodaïbia pour visiter les lieux saints.

Le prophète sortit de Médine au mois de dhonl-kaada de la siième année de l'hégire, sans aucune intention belliqueuse, mais dans le seul désir de visiter les lieux saints, Il était suivi de 1 400 hommes, tant des Mobadjériens que des Ansariens; il emmenait avec lui des chameaux destinés aux sacrifices, et prit pour faire ceue visite le manteau appelé ira, Parveuu sur la colline de Morer (103), qui est la descente de Hodaïbia (104), au-dessous de la Mecque, il ordonna qu'on fit halte; mais ses gens lui dirent : « Nous allons done 4 camper dans un lieu où l'eau nous manquera ?s À ces mots donna À l'un des siens une des flèches de son carquois et lui ordonna de la plonger dans l'un des puits qui se trouvait là. À l'instant l'eau jaïlit et ne discontinua pas de couler jusqu'à ec que toute la troupe fut abreuvée. C'est Ià l'un des miracles les plus célèbres qui aïent été faits par le prophète.

Les Koreïschites envoyérent au prophète, Oroua, fils de Macoud, des Benou-Thakif, chef des habitants de Taïcf, qui lui dit : « Les Korcischites ont revêtu la peau du léopard, et ils ont pris Dieu à témoin du serment qu'ils ont fait, qu'ils «ne te faisseraient pas entrer à la Mecque.» Tout en parlant avec le prophète, Oroua lui touchait lt barbe par manière de caresse; mais Moghaïra, fils de Schoba, qui se tenait debout derrière Mohammed, écartant avec violence la main d'Oroua, lui dit : « Ne porte pas la main sur le visage du prophète si tu tiens à la conserver. » Orona répondit : «Combien lu es dur et grossier!» Le prophète sourit. Oroua, lorsqu'il quitte Mohammed, avait pa observer là conduite des compagnons du prophète à son égard. IL avait vu que lorsqu'il s'était lavé, tous se précipitaient pour recueillir l'ean dont il s'était servi, que s'il crachait on se disputait sa salive, que si l'un de ses cheveux tombait, il était pris à l'instant. Aussi, de retour vers les Koreischites, il leur disait : « J'ai vi- «sité Kesra et Kaissar dans leurs royaumes, mais je n'ai << jamais vu de souverain vénéré par son peuple comme Mo- «hammed l'est par ses compagnons. » Mohammed fit ensuite appeler Omar, fils de Khattab, dans l'intention de l'envoyer annoncer aux Koreischites qu'il n'était pas venu pour leur faire la guerre; mais Omar lui répondit: Je crains les Ko- «<reischites, car j'ai toujours été rude et hostile à leur égard.> Ce fut alors Othman, fils d'Affan, que le prophète envoya vers Abou-Sofian et les principaux d'entre les Koreischiles pour leur dire qu'il n'était pas venu pour les combattre, mais avec le seul désir de visiter la maison sainte. Othman, s'étant acquitté de sa mission, on lui répondit: «Si tu veux faire les P. v « tournées, fais-les.Non, certes, répondit-il, je ne les ferai « pas avant que le prophète ne s'en acquitte lui-même. >> Alors on se saisit de lui et on le retint en prison. Le bruit de sa mort se répandit et parvint au prophète, qui s'écria : « Nous ne quitterons pas ces lieux que nous n'ayons combattu l'en- « nemi; » puis il appela ses compagnons à la prestation d'un nouveau serment.


PRESTATION DU SERMENT VOLONTAIRE (105). Le serment appelé serment volontaire fat prêté sous un arhre. Quelques personnes ont prétendu que les compagnons du prophète s'engageaient par ce serment à mourir pour lui; mais Djaber dit : « Nous jurâmes seulement de ne pas prendre la fuite.» Le prophète reçut donc le serment de tous les Musulmans, et pas un n'y manqua, à l'exception de Djadd, fils de Kais ; qui s’était caché derrière sa chamelle. En l’absence d’Othman, le prophète jura pour lui en mettant sa main gauche dans sa main droite, et peu après il reçut la nouvelle certaine que sa vie avait été respectée.


Traité conclu entre les Koreïschites et le prophète.

Les Koreischites envoyèrent Sohail, fils d’Amrou, pour trailer de la paix. Il s’entretint avec le prophète à ce sujet, et comme ce dernier répondait d’une manière favorable à ses avances, Omar, fils de Khattab, s’écria : « O prophète, n’es- tu pas le prophète de Dieu, De sommes-nous pas des Musulmans, et ne sont-ils pas des idolâtres ? Certainement, répondit Mohammed. Et pourquoi donc, reprit Omar, allier le vice à notre sainte religion ? Je suis le serviteur de Dieu, dit alors le prophète, je ne serai pas rebelle à ses ordres, et il ne me conduira pas dans la voie de l’erreur. » Ensuite il fit appeler Ali, fils d’Abou-Taleb, et lui dit : « Écris : Au nom de Dieu clément et miséricordieux. Je ne con- nais pas cette formule, reprit Sohail ; écris ainsi : En ton nom, ô mon Dieu. —-Écris-le, j’y consens, dit le prophète ; puis il continua : Ceci est le traité de paix arrêté par Mohammed, prophète de Dieu. » A ces mots Sohail l’inter- rompit encore : « Si j’avais reconnu, dit-il, que tu fusses ln « prophète de Dieu, je ne t’aurais point combattu ; fais écrire « ton nom et le nom de ton père. » Le prophète reprit alors : Écris : Ceci est le traité conclu entre Mohammed, fils a d’Abd-Allab, et Sohail, fils d’Amrou, pour assurer entre a les deux parties contractantes une trêve de dix années, en a sorte que celui qui voudra contracter alliance avec le prophète et vivre sous sa loi le pourra faire librement, et qu’il en sera de même pour ceux qui voudront s’allier aux «Koreïschites. » Mohammed fit ensuite apposer à ce traité le témoignage de plusieurs Musulmans et idolâtres. Cependant les compagnons du prophète qui, d'après une vision qu'il avait eue, étaient sortis de Médine avec l'espoir de s'emparer de la Mecque, conçurent un si violent chagrin de la conclusion de ce traité et de la nécessité de revenir à Médine, que plusieurs pensèrent mourir de dépit.

Cette affaire terminée, le prophète fit égorger les victimes et se rasa la tête, ce qu'imitèrent ses compagnons. Ce fut en ce jour qu'il prononça ces mots : « Que Dieu ait pitié de ceux a qui ont la tête rasée. Et pareillement, & prophète de «<Dieu, de ceux qui ont seulement les cheveux taillés, reprirent les siens. » Mais il dit encore: «Dieu ait pitié de ceux « qui ont la tête rasée. Et ils répétèrent leur demande, et lui sa réponse trois fois, jusqu'à ce qu'enfin il ajouta: «Dieu ait pitié aussi de ceux qui ont les cheveux taillés. » Il revint ensuite à Médine où il resta jusqu'à la fin de l'année, puis on entra dans la septième année de l'hégire.


Expédition de Khaïbar.

Au milieu du mois de moharrem de l'année dans laquelle on venait d'entrer, c'est-à-dire de l'an 7 de l'hégire, le prophète se dirigea vers Khaibar (106) qu'il assiégea, et il se rendit maître de toutes les richesses qui y étaient contenues, après s'être emparé l'un après l'autre de tous les châteaux qui lui servaient de défense. Le premier dont il fit la conquête fut le château de Naem; le second fut celui de Kamous, et dans tous deux il s'empara d'un grand nombre de captives, parmi lesquelles se trouvait Safiya, fille du chef de Khaibar Hoyai, fils d'Akhtab, que le prophète épousa ensuite, et à laquelle, par un privilège particulier, il ne donna pas d'autre dot que la liberté (107). Il soumit ensuite à ses armes le châ- teau de Moassab, celui de tous qui était le plus complétement avitaillé en viande et en grains. Les châteaux de Ouatil et de Selalem, dont il se rendit maître, complétèrent la conquête de Khaibar.

On rapporte que le prophète était quelquefois en proie à des migraines qui l’empêchaient de sortir pendant un ou deux jours. I en fut atteint devant Khaibar, et confia à Abou-Bekr, le véridique, le drapeau, signe du commandement. Ce chef combattit avec vaillance, mais il fut obligé de se retirer. Omar, fils de Khattab, lui succéda ; le combat fut encore plus terrible, mais il n’en fut pas moins obligé de plier à son tour. Lorsque le prophète apprit cette nouvelle, il dit : « Certes, je confierai demain mon étendard à un homme qui aime Dieu et son prophète, et que Dieu et son prophète aiment aussi, à un homme qui marche toujours en avant et ne sait pas fair, et qui soumettra l’ennemi par la force des armes. » Ces paroles excitèrent vivement la curiosité des Mohadjériens et des Ansariens. Or Ali, fils d’Abou-Taleb, était absent. It revint, mais atteint d’une ophtalmie qui l’avait obligé à se couvrir les yeux d’un bandeau. Le prophète lui dit : « Approche de moi, » et il approcha ; alors il lui mouilla les yeux de sa salive et il fut guéri ; puis Mohammed lui confia son étendard, et Ali, revêtu d’une robe rouge, s’élança plein d’espoir au combat. Marhab, commandant de la forteresse, vint le casque en P. A. tête à sa rencontre, et lui dit : « Tout Klaibar sait que je suis « Marhab, revêtu d’excellentes armes et guerrier plein d’expérience. » Ali lui répondit : Je suis celui que ma mère : surnommé Haidara, et qui de mon sabre vous mesurerai à la « grande mesure. » Ils se frappèrent à la fois le sabre d’Ali fendit le casque et la tête de Marhab qui tomba sur l’arène.

Ebn-Ishak a donné de ce fait une autre version ; mais celle que nous rapportons ici est la véritable. Après cette victoire, Ali s’empara de la ville. Le siége avait duré un peu plus de dix jours. Abou-Rafé, affranchi du prophète, raconte le fait suivant : « Nous marchåmes à la suite d’Ali, lorsque le prophète de Dieu l’envoya contre Khaibar ; les habitants du château firent une sortie, et, dans le combat qu’Ali leur livra, un juif lui porta un coup qui lui enleva de la main son bouclier. Le fils d’Abou-Taleb saisit alors une des portes du château, et, s’en servant en guise de bouclier, il ne cessa de la tenir à la main et de combattre jusqu’à ce que Dien lui eut accordé la victoire. Il la jeta ensuite, et sept de mes compagnons ainsi que moi huitième nous essayâmes de remuer cette porte, sans pouvoir y parvenir. »

La prise de Khaibar eut lieu au mois de safar de la septième année de l’hégire. Les habitants demandèrent au prophète qu’il leur fût permis de cultiver leurs terres, aux conditions de donner la moitié de leur récolte et d’abandonner leurs propriétés au premier signe de sa volonté, ce qu’il leur accorda. Il fit les mêmes conditions aux habitants de Fadac (180). Khaibar appartint aux Musulmans ; mais Fadac fut la propriété du prophète, parce que cette place s’était rendue sans qu’on eût été obligé de combattre. Les juifs de Khaibar no cessèrent d’occuper leur territoire jusqu’au khalifat d’Omar qui les en chassa…

Après l’expédition de Khaibar, le prophète de Dieu se dirigea vers Quadi-cl-Kora (109) dont il s’empara au bout d’un seul jour de siège par la force des armes ; ensuite il revint à Médine. Lorsqu’il y fut de retour, il vit arriver le reste des Mohadjériens qui s’étaient réfugiés en Abyssinic, et avec eux Djafar, fils d’Abou-Taleb. On rapporte qu’il dit à ce sujet : Je ne sais ce qui me rend plus joyeux, de la conquête de Khaïbar ou de la présence de Djafar. Il avait écrit au Na- djaschi pour le prier de les lui renvoyer et pour demander comme épouse Omnr-Habiba, fille d’Abou-Sofian. Elle avait émigré autrefois avec son mari Obaid-allah, fils de Djahsch, qui depuis s’était fait chrétien et qui resta en Abyssinie. Elle fut unie au prophète par son cousin Khaled, fils de Said, Gis d’As, fils d’Omaia, l’un de ceux qui s’étaient réfugiés en Abyssinie ; et le Nadjaschi, au nom de Mohammed, la dota de P. Ar quatre cents dinars. Lorsque son père Abou-Sofian apprit qu’elle était devenue l’épouse du prophète, û s’écria : « Cet homme est un fougueux étalon qu’on ne peut dompter. D Elle revint donc auprès du prophète, qui demanda aux Musulmans s’ils ne voulaient point admettre au partage du butin les nouveaux venus d’Abyssinie : ils y consentirent. C’est dans l’expédition de Khaibar qu’une juive, nommée Zainab (110), fille de Harith, servit au prophète une brebis empoisonnée. Il en prit un morceau qu’il pressa sous sa dent ; mais il le rejeta et dit : « Cette brebis m’avertit qu’elle est empoison- « née. » Plus tard, dans la maladie dont il mourut, il disait : « La bouchée de Khaibar n’a jamais cessé de me faire souffrir ; « mais voici le moment où se brisent les veines de mon cœur. »


Des députés envoyés par le prophète aux souverains.

Ce fut dans la septième année de l’hégire que le prophète envoya des lettres et des députés à plusieurs souverains, pour les appeler à l’Islamisme, A Kesra-Parwiz (111), fils d’Hormouz, il envoya Abdallah, fils de Ilodhafa. Kesra déchira la lettre du prophète, en disant : a Ose-t-il m’écrire ainsi cet « homme qui est mon esclave ! » Lorsque le prophète en fut instruit, il s’écria : « Que Dieu déchire son royaume I Kesra envoya de suite à Badhan (112), son représentant dans I'Yemen, l'ordre de faire conduire devant lui cet homme du Hedjaz. Badhan alors députa vers le prophète deux hommes, P. AP dont l'un se nommait Khorkhosra, chargés d'une lettre par laquelle il enjoignait au prophète de se rendre auprès de Kesra. Ils parurent en présence du prophète la barbe et les moustaches rasées. Mohammed, détournant avec dégoût les yeux d'un tel spectacle, leur dit : « Malheur à vous! Qui vous a donné l'ordre de vous mettre dans un pareil état ? « Notre maître,» répondirent-ils; et ils voulaient parler de Kesra. «Mon maître à moi, reprit le prophète, m'a ordonné de respecter ma barbe et de tailler mes moustaches. » Ils firent ensuite connaître au prophète l'objet de leur mission, et hui dirent : « Si tu obéis, Badhan écrira en ta faveur; si tu re- «fuses, il te fera périr.» Le prophète remit au lendemain sa réponse.

Une révélation d'en haut vint apporter à Mohammed la nouvelle que Dieu avait suscité contre Kesra son fils Schiraouaih (113), qui l'avait tué. Le prophète fit appeler les deux envoyés, leur apprit l'événement et ajouta: «Ma religion et mon pouvoir s'étendront aussi loin que s'étend l'empire de Kesra; dites à Badhan qu'il embrasse l'Islamisme. » De retour auprès de Badhan, ses envoyés l'instruisirent du résultat de leur mission, et peu après il reçut de Schiracuaih la lettre par laquelle il lui mandait le meurtre de son père Kesra et lui ordonnait de ne point s'opposer à Mohammed. Badhan alors embrassa l'Islamisme ainsi que les Persans qui étaient dans l'Yemen avec lui.

Dahya, fils de Holaifa des Benou-Kelb, fut envoyé vers Kaiçar (114), empereur des Grecs. Ce prince fit à Dahya une réception honorable, plaça la lettre du prophète sur un coussin, et chargea Dahya d'une réponse gracieuse. Hateb (par un ha), fils d'Abou-Baitaa, fut envoyé au souverain de l'Égypte Mokaoukas-Djarih (115), fils de Matta, et reçu par lui avec de grands honneurs. Ce prince lui donna pour le prophète quatre jeunes filles, d'autres disent deux seulement. L'une d'elles était Maria dont le prophète eut son fils Ibrahim. Ce fut à la même occasion que ce prince donna à Mohammed sa mule Doldol et son âne lafour. Amrou, fils d'Omaia, se rendit en qualité d'envoyé auprès du Nadjaschi, qui baisa la lettre du prophète et fit profession de l'Islamisme entre les mains de Djafar, fils d'Abou-Taleb, réfugié alors en Éthiopie. Schodja, fils de Ouahb de la tribu des Benou-Açad, fut envoyé près de Harith (116), fils d'Abou-Schamar le Ghassa- nide, qui s'écria en lisant la lettre du prophète : « Bientôt je vais marcher contre lui! «Périssent ses états!» dit le prophète en apprenant cette nouvelle. Salit, fils d'Amrou, fut député vers Houdha, fils d'Ali, roi de l'Yémama, qui était chrétien. Ce prince dit à l'envoyé : « Si Mohammed me nomme son successeur, je me rendrai vers lui, j'embrasserai l'Islamisme et je lui prêterai mon aide; autrement, je lui ferai la guerre.» Le prophète répondit : « Jamais je n'y consentirai. O mon Dieu! délivre-moi de cet homme. » Et peu après Houdha mourut. Ce même Houdha avait envoyé vers le prophète un homme appelé Rahhal (par un ha, d'autres disent Radjal par un djim); cet homme, une fois arrivé à Médine, avait embrassé l'Islamisme. Il apprit le chapitre du Coran appelé Sourat-el-Bakara et s'instruisit dans la religion. Plus tard il revint dans l'Yémama, y apostasia et déclara que le prophète regardait comme associé à sa mission prophétique Moçaïlama, le menteur (117). Ala d'Hadramaut fut envoyé vers Mondher, fils de Sawa, prince de Bahrein qu'il gouvernait au nom du roi de Perse, et ce chef embrassa l'Islamisme, ainsi

que tous les Arabes qui se trouvaient à Bahrein (118).

Visite des lieux saints, appelée visite de l'accomplissement.

Au mois de dhou'l-kaada de l'an 7, le prophète sortit de Médine pour faire la visite sainte appelée visite de l'accomplissement (119). Il conduisait avec lui soixante-dix chameaux destinés aux sacrifices. Lorsqu'il approcha de la Mecque, les Koreïschites sortirent de la ville. Le bruit courut parmi eux que le prophète et ses compagnons étaient épuisés de la fatigue du voyage. Ils vinrent alors se ranger, pour les voir, devant la maison du conseil. Le prophète, lorsqu'il entra dans le temple, plaça sous son bras droit le milieu de son manteau en rejetant les deux bouts sur l'épaule gauche, puis il dit : «Que Dieu fasse miséricorde à quiconque leur fera voir aujourd'hui qu'il a de la vigueur!» Ensuite il fit avec promptitude quatre de ces tours sacrés qu'on appelle touafs, et se rendit ensuite aux collines de Safa et de Meroua (120) entre lesquelles il accomplit les marches prescrites par les rites sacrés. Ce fut dans ce voyage qu'il épousa Maimouna, fille de Harith, à laquelle il fut uni par le ministère de son oncle Abbas. On dit que le prophète se maria revêtu de l'ihram (121). et c'est un de ses privilèges. Il revint ensuite à Médine, puis on entra dans la huitième année de l'hégire.


conversion a l'islamisme de Khaled, fils de Walid, et d'Amrou, fils d'As.

Ce fut dans la huitième année que Khaled (122), fils de Walid, Amrou (123), fils d'As des Benou-Sahim, ct Othman (124), fils de Talba, fils d'Abd-el-Dar, se rendirent auprès du prophète et embrassèrent l'Islamisme. Ensuite eut

lieu l'expédition de Mouta.

Expédition de Mouta (125).

Ce fut la première guerre qui ait éclaté entre les Musulmans et les Grecs. Au mois de djemadi premier de la buitième année de l’hégire, le prophète envoya contre les Grecs trois mille hommes commandés par son affranchi Zeid, fils de Haritha. Si Zeid était tué, Djafar, fils d’Abou-Taleb, devait d’après l’ordre du prophète prendre le commandement, et après lui, s’il succombait encore, Abdallah, fils de Rewaha. Les Musulmans se rendirent à Mouta, ville de Syrie, au sud de Karak. Là ils rencontrèrent les Grecs et les Arabes chrétiens qui s’étaient rassemblés au nombre d’environ cent mille hommes, Zeid portait l’étendard, il fut tué : Djafar le prit et fut tué : Abdallah le prit à son tour et succomba. Tous les soldats se réunirent alors pour donner le commandement à Khaled, fils de Walid, qui prit l’étendard et revint avec les P. AV Musulmans à Médine. Cette guerre avait été duc à la cause suivante le prophète ayant envoyé Harith, fils d’Omair. chargé d’une lettre vers le roi de Bosra, ainsi qu’il avait fait pour les autres souverains, ce mandataire arrivé à Mouta y avait été attaqué par Amrou, fils de Schourahbil le Ghassanide, qui le tua. Aucun autre envoyé du prophète n’eut un sort aussi funeste.


Rupture de la paix.

Voici quelle fut la cause de la rupture de la paix entre les Koreischites et le prophète. Les Benou-Bekr étaient alliés par un pacte aux premiers, les Benou-Khozaa au second. Dans cette même année, c’est-à-dire l’an 8 de l’hégire, les Benou- Bekr attaquèrent les Benou-Khozaa, en tuèrent quelques-uns et furent aidés dans cette expédition par une troupe de Koreischites. La trêve jurée fut ainsi rompue par le fait de ces derniers. Ils ne tardèrent cependant pas à se repentir de cette infraction aux traités : Abou-Sofian, fils de Harb, vint à Médine pour renouveler la trêve, et se rendit chez sa fille Omm-Habiba, femme du prophète. Là, il voulut s’asseoir sur le tapis qui servait de lit au prophète, mais elle le roula pour qu’il ne pût s’en servir. Il lui dit alors : « O ma fille, me trouves-tu done indigne d’y prendre place (126) ? » Ce tapis est celui du prophète, reprit-elle, et tu es souillé d’idolâtrie. » « Tu as perdu l’esprit depuis que tu m’as quitté, » lui répondit son père. Il alla ensuite trouver le prophète, lui parla et n’en obtint aucune réponse. Il se rendit de là auprès des principaux compagnons de Mohammed, tels qu’Abou-Bekr, le véridique, et Ali ; mais ce fut en vain qu’il les entretint du motif de sa venue, ils ne lui répondirent pas un mot à ce sujet. Il reprit ensuite le chemin de la Mecque et raconta aux Koreischites ce qui lui était arrivé.


Prise de la Mecque.

Le prophète, ayant fait des préparatifs de guerre, résolut d’aller attaquer les Koreischites dans la Mecque avant qu’ils ne fussent instruits de son dessein ; mais Hateb, fils d’Abou-Baltaa, leur écrivit une lettre pour leur faire connaître les intentions du prophète et en chargea Sara, affranchie des Benou-Haschem. Dieu révéla ce fait à son prophète, qui envoya à la poursuite de Sara Ali, fils d’Ahou-Taleb, et Zobeir, fils d’Awam. Ils l’atteignirent bientôt et lui prirent la lettre dont elle était chargée. Le prophète fit alors venir Hatch en sa présence et lui dit : « Qui a pu te porter à cette action ? « Certes, répondit Hateb, je suis croyant, et je n’ai pas changé ma religion ; mais j’ai parmi les infidèles une famille, des enfants, et n’ayant pas de tribu pour les défendre, j’ai voulu me les attacher par un service. » Omar, fils de Khattab, s’écria : « C’est un traître ! permets-moi de lui couper la tête. » Mais le prophète répondit : « Dieu savait sans doute ce que feraient les guerriers de Bedr lorsqu’il a dit : « Faites ce que vous voudrez, votre pardon vous sera accordé. » Le 10 du mois de ramadhan de la huitième année, le prophète sortit de Médine, suivi des Mohadjériens, des Ansariens et autres Arabes qui formaient, lorsqu’ils approchèrent de la Mecque, une armée de dix mille hommes.

Abbas, monté sur la mule du prophète, sortit du camp,. se disant en lui-même : « Peut-être trouverai-je quelque bûcheron ou quelque autre personne qui puisse apprendre aux Koreischites que le prophète marche contre eux et qu’ils doivent venir près de lui se soumettre à l’Islamisme, sous peine de périr jusqu’au dernier. » « Je cheminais (et main « tenant c’est Abbas qui parle) lorsque j’entendis les voix d’Abou-Sofian, fils de Harb, de Hakim, fils de Hazain, et de Bodail, fils de Warka des Benou-Khozaa. Ils étaient sortis de la Mecque pour aller à la découverte, et je m’écriai : « Holà ! Abou-Hantala (c’est-à-dire Abou-Sofian). Holà ! « Abou-Fadhl, est-ce toi ? » répondit Abou-Sofian. Je répliquai : « C’est moi. » Et Abou-Sofian reprit : « Qu’y a-t-il ? que le ciel conserve tes jours aux dépens de ceux de mon père et de ma mère ! Quelle nouvelle ? » Je repris Le prophète « marche contre vous à la tête de dix mille Musulmans. » Que dois-je donc faire ? » dit Abou-Sofian. « Monte sur ma mule, lui répondis-je, et je demanderai ta grâce au prophète ; sinon il te fera trancher la tête. En effet, il monta a en croupe derrière moi, et nous nous dirigeâmes vers le prophète. En chemin, nous rencontrâmes Omar, fils de Khattab, qui dit à Abou-Sofian : « Louanges au Seigneur qui te remet en mon pouvoir sans que je sois lié par aucun pacte ou serment ! I courut vers le prophète et je le suivis de près. En arrivant, il se hâta de lui dire : « O prophète de Dieu, permets-moi de lui trancher la tête. Je demandai sa grâce et le prophète me répondit : « Je lui accorde protection, et demain, Abbas, tu l’amèneras près de moi. » En conséquence, je le conduisis dans ma tente, et le lendemain je vins avec lui en présence du prophète qui dit au prisonnier : « O Abou-Sofian, ne sais-tu pas qu’il n’y a d’autre Dieu que Dieu ? » « Qui, » répondit-il. « Malheur à toil reprit le prophète, n’est-il pas temps enfin que tu reconnaisses que « je suis le prophète de Dieu ? » « O toi qui m’es plus cher a que mon père et ma mère, dit Abou-Sofian, quant à ceci, je conserve encore quelque doute. » Je lui dis alors : « Malheur à toil rends témoignage avant que ta tête ne tombe. Et Abou-Sofian rendit témoignage. Hakim, fils de lazam, et Bodail, fils de Warka, se convertirent en même temps que lui à l’Islamisme. Le prophète me dit : « Rends-toi avec Abou-Sofian vers l’entrée de la vallée, qu’il puisse y contempler l’armée de Dieu. Je répondis : « O prophète de Dieu, cet homme aime la gloire ; accorde-lui quelque privilège qui le distingue aux yeux de son peuple. » Voici ce que dit à ce sujet le prophète : « Que celui qui se réfugiera dans la maison d’Abou-Sofian soit épargné ! Que celui qui se rendra dans la mosquée soit épargné de même ! qu’il en soit ainsi de celui qui fermera les portes de sa demeure, et de celui qui se retirera dans la maison de Hakim, fils de la zam ! Je partis avec lui ainsi que me l’avait ordonné le prophète, et à mesure que les différentes tribus passaient devant lui, il m’interrogeait sur chacune d’elles et je les lui faisais connaître. Enfin vint à passer le prophète entouré de sa garde d’élite appelée el-Khadhra (127), et composée de Mohadjériens et d’Ansariens tellement couverts d’armes qu’on ne voyait que leur prunelle. « Qui sont ceux-là ? » me dit Abou-Sofian. « C’est, lui répondis-je, le prophète de ieu entouré des Ansariens et des Mohadjériens. » Il me dit alors « La royauté du fils de ton frère est une grande royauté. » « Malheur à toi ! lui répondis-je ; ne sais-tu pas que ce n’est pas un roi, mais un prophète ? » « C’est vrai, me dit-il. »


Le prophète donna l’ordre à Zobeir, fils d’Awam, d’entrer à la Mecque avec une partie des troupes par le côté de Koda. A Saad, fils d’Abbada, chef des Benou-Khazradj, il ordonna d’entrer avec une autre partie de l’armée par la colline de Kada ; mais il commanda ensuite à Ali de prendre à la place de Saad l’étendard, signe du commandement, et de pénétrer dans la ville ; car il avait appris que Saad avait dit : « C’est aujourd’hui le jour du carnage, le jour où rien ne sera respecté. » Quant à Khaled, fils de Walid, il reçut ordre d’entrer avec ses troupes par le bas de la ville. Tous ces corps d’armée pénétrèrent sans combattre, ainsi qu’ils en avaient le commandement précis ; si ce n’est toutefois que Khaled, ayant rencontré un corps de Koreischites qui l’attaquèrent à coups de flèches et s’opposèrent à son entrée, il les repoussa et en tua vingt-huit. Le prophète en ayant été instruit s’écria : « N’avais-je pas défendu tout combat ? » Mais on hi dit que Khaled ne s’était battu qu’après avoir été attaqué, Deux Musulmans périrent dans cette affaire. La reddition de la Mecque eut lieu un vendredi, dix jours avant la fin du mois de ramadhan. Le prophète pénétra dans cette ville et la soumit par la force des armes. Telle est l’opinion de Schafei, mais Abou-Hanifa prétend qu’il s’en rendit maitre par capitulation. Dieu ayant ainsi courbé la tête des Koreischites sous la main de son prophète, Mohammed leur dit : « Comment pensez-vous que je me conduirai à votre égard ? » « Avec bonté, répondirent-ils, tu es un frère et un neveu généreux. » « Allez donc, leur dit-il alors, vous êtes libres. » Après avoir ainsi rétabli la paix, le prophète monté sur sa chamelle fit autour de la maison sainte les sept tours sacrés et toucha la pierre noire d’un bâton recourbé qu’il tenait à la main ; il entra ensuite dans la Caaba, et y ayant vu représentées des fi gures d’anges (128) et celle d’Ibrahim (Abraham) tenant dans sa main les flèches qui servaient à consulter le sort, il s’écria : « Que Dieu les combatte ! Ils ont placé dans les mains de notre scheikh les emblèmes de la superstition. Qu’a de commun Ibrahim avec les flèches du sort ? » Il fit détruire toutes ces figures et pria dans la maison sainte.


De la proscription.

Six hommes et quatre femmes furent proscrits par le pro. phète. Le premier de tous fut Acrama (129), fils d’Abou- Djahl ; mais sa femme Omm-Hakim ayant demandé sa grâce, il l’obtint et embrassa l’Islamisme. Le second fut Habbar (130), fils d’Assouad. Le troisième Abdallah (131), fils de Saad, fils d’Abou-Sarh, frère de lait d’Othman, fils d’Affan. Ce dernier, s’étant rendu avec lui auprès du prophète, implora sa grâce ; Mohammed garda pendant longtemps le silence, puis enfin il lui pardonna, et Abdallah embrassa l’Islamisme. Le prophète dit alors à ses compagnons : « Je gardais le silence pour P. que l’un de vous se levât et tuât cet homme. » « Nous attendions un signe de ta part, » répondirent-ils. « Il ne convient

  • pas aux prophètes, reprit Mohammed, de faire avec les yeux

« des signes qui seraient une trahison. Cet Abdallah avait déjà embrassé l’Islamisme avant la prise de la Mecque, et ayant été chargé d'écrire les révélations faites au prophète, il les avait altérées, puis il avait apostasié. Il vécut jusqu'au khalifat d'Othman, qui lui confia le gouvernement de l'Égypte. Le quatrième proscrit était Mikyas (132), fils de Dhoubaba : il avait apostasié après avoir tué un Ansarien qui par mégarde avait donné la mort à son frère. Le cinquième était Abdallah (133), fils de Khatal, qui ayant embrassé l'Islamisme avait ensuite tué un Musulman, puis apostasié. Le sixième était Howaireth (134), fils de Nofail, qui avait causé beaucoup de chagrin au prophète par les injures et les satires qu'il débitait contre lui. Ali, fils d'Abou-Taleb, l'ayant rencontré, le tua. La première des femmes comprises dans la proscription fut Hend, femme d'Abou-Sofian, mère de Moawia, la même qui avait déchiré de ses dents le foie de Hamza. Elle se confondit déguisée parmi les femmes des Koreischites et prêta serment d'obéissance au prophète. Lorsqu'il la reconnut, elle lui dit : « Je suis Hend, pardonne ce qui est passé. Et il lui pardonna.

Le jour même de la soumission de la Mecque, lorsque l'heure de la prière de midi fut arrivée, Belal l'annonça du haut de la Caaba. Djowairia, fille d'Abou-Djahl, dit en l'entendant: « Dieu a été miséricordieux envers mon père lorsqu'il n'a point permis qu'il entendit braire Belal au haut de « la Caaba. » Harith, fils de Hescham, dit aussi a Plút à Dieu que je fusse mort avant cet événement!» Khaled, fils d'Acid, rendaît grâces à la clémence de Dieu qui n'avait point voulu que son père fût témoin d'un parcil jour. Au milieu de ces imprécations, le prophète paraissant tout à coup parmi eux leur F. 4 rapporta les propos qu'ils venaient de tenir. Harith, fils de Hescham, lui dit alors: «J'avoue que tu es véritablement le a prophète de Dieu, car personne n'a pu connaitre ce que nous disions de manière à ce que nous puissions croire qu'on te l'a rapporté. » Parmi le nombre des femmes pros- crites, se trouvait aussi Sara, affranchie des Benou-Haschem, la même qui s'était chargée de porter aux Koreischites la lettre de Hatch.


Expédition de Khaled, fils de Walid, contre les Benou-Djadhima

Lorsque le prophète se fut rendu maître de la Mecque, il envoya de différents côtés des partis de cavalerie chargés de convertir les tribus à l'Islamisme, et voulut que leur mission fut toute pacifique. Les Benou-Djadhima, avant la naissance de l'Islamisme, avaient tué Aouf, père d'Abd-er-Rahman, ainsi que l'oncle de Khaled, fils de Walid, à leur retour de l'Yemen, puis les avaient dépouillés de ce qu'ils portaient avec eux. Or, parmi les détachements envoyés par le prophète, il y en avait un commandé par Khaled, fils de Walid. I vint camper auprès d'une source appartenant aux Benou-Djadhima. Les guerriers de cette tribu étant venus à sa rencontre préparés au combat, il les engagea à déposer leurs armes et à embrasser l'Islamisme comme les autres. Ils le firent, mais aussitôt il leur fit lier les bras derrière le dos et les livra au fer de ses soldats qui en tuèrent un grand nombre. Quand le prophète apprit cette action de Khaled, il leva ses mains vers le ciel en sorte qu'on voyait ses aisselles, et il s'écria : «O mon Dieu, je suis innocent envers toi de ce qu'a « fait Khaled. Ensuite il envoya vers la tribu offensée, Ali porteur de richesses qu'il devait distribuer parmi eux pour acquitter le prix du sang et remplacer les biens qu'ils avaient perdus. Ali s'acquitta de son message, puis il leur demanda s'il restait encore quelque dette de sang à acquitter, quelques richesses à leur rendre. Ils répondirent que non, et le fils d’Abou-Taleb, auquel il restait encore quelque argent sur celui qu’il avait eu à leur distribuer, le leur donna en sus de ce qui leur était dû, afin d’adoucir leurs peines. Abd-er-Rahman, fils d’Aouf, reprocha cette action à Khaled qui lui dit : « J’ai voulu venger ton père. » « Dis plutôt, reprit Abd-er-Rahman, que tu as vengé ton oncle Fakeh, et que tu as commis aux temps de l’Islamisme une action digne des ténèbres du paganisme. » Le prophète, lorsqu’il apprit cette altercation, dit à Khaled « N’entre pas en discussion avec mes compagnons, ô Khaled ; car, certes, quand tu aurais autant d’or « qu’il en faudrait pour égaler la montagne d’Ohod et que tu « l’emploierais au service du Seigneur, tu n’atteindrais pas au e mérite d’un de leurs soirs ou d’un de leurs matins. »


Expédition de Honain.

Cette expédition eut lieu au mois de schewal de la huitième année. Honain (135) est une vallée située à trois milles de la Mecque. Après la prise de cette ville, les Benou-Hawazin se rassemblèrent dans cette vallée avec leurs familles et leurs troupeaux pour faire la guerre au prophète. Ils avaient pour chef Malek, fils d’Aouf des Benou-Nadhr, et pour alliés les Benou-Thakif habitants de Taief, et les Benou-Saad, fils de Bekr, chez lesquels avait été élevé le prophète. Parmi les Benou-Djoscham qui faisaient partie de cette armée, se trouvhit Doraid (136), fils de Samma, vieillard d’un âge très-avancé, car il avait plus de cent ans, et l’on n’avait désiré sa présence que pour profiter de son expérience et de ses conseils. A cette occasion il fit ces vers : Que ne suis-je maintenant un jeune étalon alerte et vigoureux Le prophète, ayant appris le rassemblement de ces tribus, sortit de la Mecque le 6 de schewal de la huitième année.

Pendant tout le temps qui s'était écoulé depuis la prise de cette ville jusqu'au jour où il en sortit pour combattre les Benou-Hawazin, il avait abrégé les prières. Il avait avec lui dans cette expédition douze mille hommes deux mille habitants de la Mecque et dix mille guerriers qui étaient venus avec lui de Médine. Safouan, fils d'Omaïa, accompagnait le prophète; cependant il était encore infidèle; car, avant d'embrasser l'Islamisme, il avait demandé un délai de deux mois, que Mohammed lui avait accordé. Ce Safouan avait prèêté cent cuirasses au prophète pour cette expédition. Une troupe nombreuse d'idolâtres faisait partie de l'armée.

Mohammed vint camper à Honain; les ennemis étaient à Aoutas (137). Doraid, fils de Samma, leur ayant demandé où l'on était arrivé, ils répondirent: «A Aoutas. »>«C'est un bon champ de bataille pour la cavalerie, s'écria-t-il alors; « le terrain n'est ni un sol rocailleux, ni un sable mouvant. Le prophète était monté sur sa mule Doldol; en voyant le grand nombre de ses troupes, un homme d'entre les Musutmans dit : «Cette armée ne sera pas vaincue faute d'un « nombre suffisant de combattants.» C'est à cette occasion que descendit du ciel le verset du Coran qui dit: Aa combat de Ho nain, lorsque vous vous complaisiez dans votre nombre, il ne vous a cependant servi de rien (138). En effet, au moment où l'on en vint aux mains, les Musulmans prirent la fuite, chacun ne songeant qu'à soi. Le prophète se retira vers la droite avec plusieurs Mohadjériens, plusieurs Ansariens et quelques hommes de sa propre famille. Quant aux habitants de la Mecque, ils firent bien connaître, en voyant la fuite des Musulmans, la haine qu'ils leur portaient au fond du coeur. Abou-Sofian, fils de Harb, ayant encore avec lui dans son carquois les flèches qui servaient à consulter le sort, disait : «Certes ils ne s'arrêteront pas avant d'avoir atteint la mer. » Kalda, frère par sa mère de Safouan-ben-Omaia, s’écriait : « C’est aujourd’hui que « l’enchantement est détruit ! » Safouan cependant, bien qu’il fût encore idolâtre, lui répliqua : « Tais-toi Dieu puisse te briser la bouche ! J’aimerais mieux avoir pour maître un « homme d’entre les Koreischites qu’un homme d’entre les Benou-Hawazin. »

Le prophète tint ferme et les Musulmans revinrent se réunir à lui le combat rétabli devint terrible. Mohammed ayant dit à sa mule Doldol : « Couche-toi, couche-toi, elle se mit ventre à terre. Il prit alors une poignée de poussière, et l’ayant jetée au visage des infidèles, ils prirent la fuite. Dieu très-haut accorda dès lors aux Musulmans une victoire complète. Ils poursuivirent les vaincus, les taillant en pièces où les faisant captifs. Parmi les prisonniers se trouva Schima, fille de Harith et de Holaina des Benou-Saad, sœur de lait du prophète. Elle s’en fit reconnaître parce qu’elle portait sur le dos la marque d’une morsure que Mohammed enfant lui avait faite autrefois. Lorsqu’il se fut assuré que c’était elle, il étendit sur elle son manteau, lui donna des provisions et la rendit à sa tribu, ainsi qu’elle le lui avait demandé.


Siége de Taief.

Les Benou-Thakif, s’étant enfuis d’Honain vers Taief, en fermèrent les portes ; mais le prophète, marchant contre eux, les assiégea pendant plus de vingt jours et fit usage contre la ville de machines de guerre. Il ordonna ensuite qu’on coupát leurs vignes, ce qui fut exécuté, puis il fit lever le siége et alla camper à Djairrana (139), où il avait laissé tout le butin fait sur les Benou-Hawazin. Quelques gens de cette tribu vinrent l’y trouver et il leur remit ce qui lui était écho en partage, ainsi que la part des enfants d’Abd-el-Mottalib, puis il rendit aux hommes leurs femmes et leurs enfants. Malek, fils d'Aouf, chef des Benon-Hawazin, se rendit alors auprès du prophète et se convertit à l'Islamisme. Comme il paraissait pénétré d'une foi vive, le prophète hui donna le commandement de sa tribu et de toutes celles de cette nation qui avaient embrassé l'Islamisme. Le nombre des captifs qu'il rendit à la liberté dans cette occasion était de six mille. Il fit ensuite le partage de leurs richesses qui se montaient à vingt-quatre mille chameaux, quarante mille brebis et quatre mille onces d'argent. Il en fit des distributions aux Mouallafa-Couloub-houm (140), c'est-à-dire à ceux dont les cours devaient être attirés à l'Islamisme, tels qu'Abou-Sofian et ses fils Yazid et Moawia; Sohail, fits d'Amrou; Acrama, fils d'Abou-Djah!; Harith, fils de Hescham, frère d'Abou-Djahl; et Safouan, fils d'Omaia, tous Koreïschites. Akra, fils de Habes des Benou-Tamim; Oyaïna, fils de Hesn, fils de Hodhaifa, fils de Bedr des Benou-Dhobian; Malck, fils d'Aouf, chef des Benou-Hawazin, et d'autres encore eurent part à ses largesses. Chaque chef eut cent chameaux, chacun des autres en eut quarante.

Abbas, fils de Mardas des Benou-Soulaim, n'ayant point été content des chameaux qui lui furent donnés, fit à cette occasion des vers parmi lesquels étaient ceux-ci (141):

Le butin que j'ai conquis, moi et (mon coursier) Obaid, est donné en partage à Oyaina et à Akra.

Hesn et Habes n'avaient pourtant point le pas sur Mardas dans les assemblées,

Et moi je ne suis point inférieur à ces deux hommes. Celui qui souffre qu'on l'abaisse aujourd'hui ne se relèvera jamais.

On prétend que le prophète s'écria : «Qu'on lui ferme la bouche, » et on augmenta sa part jusqu'à ce qu'il en fut content. Le prophète, en faisant la distribution du butin, ne fit point entrer les Ansariens dans le partage, en sorte qu'ils murmurèrent entre eux; mais le prophète, les ayant fait appeler, leur dit « Vous murmurez, & Ansariens, pour quelques richesses périssables de ce monde avec lesquelles j'ai « attiré des hommes à l'Islamisme quant à vous, je m'en suis remis à votre attachement pour la foi. Est-ce qu'il ne vous plaira pas, lorsqu'ils retourneront chez eux avec des chameaux et des brebis, de revenir vers vos foyers ayant au a milieu de tous le prophète de Dieu? Je vous le dis en vérité Par celui qui tient mon âme entre ses mains, si l'hégire n'avait pas dû s'accomplir, j'aurais voulu naître parmi a les Ansariens; et si les hommes avaient du entrer dans une

  • voie et les Ansariens dans une autre (142), la voie des Ansariens

aurait été la mienne. Que Dieu soit miséricordieux pour les Ansariens, pour leurs enfants, et pour les enfants de leurs enfants!»

Après le partage que fit le prophète du butin pris aux Benou-Hawazin et les dons faits à Oyaina, à Abou-Sofian et aux autres, ainsi que nous venons de le rapporter, Dhou'l-Khowaiçara des Benou-Tamim dit au prophète : Tu ne t'es pas a montré juste. » Mohammed indigné lui répondit : « Malheur a à toi! qui donc serait juste si je ne le suis pas?» Omar s'écria : « Est-ce que je ne tuerai pas cet homme? —Non, reprit le prophète, laisse-le ailer; cet homme aura des sectateurs qui voudront pénétrer si avant dans les profondeurs de la religion, qu'ils en sortiront comme une flèche sort du but qu'elle a traversé de part en part. » Telle est la version de ce fait rapportée par Mohammed-ben-Ishak. Mais d'autres le rapportent de la manière suivante : Dhoul-Khowaiçara ayant dit au prophète, lors du partage du butin: Ce partage n'est «pas juste et n'a point été fait en vue de la gloire de Dieu, » le prophète reprit: De cet homme doit descendre une secte qui sortira des limites de la religion comme une flèche qui passe à travers le but; leur foi ne passera pas la clavicule, « (elle sera sur les lèvres et non dans le cœur). » Les paroles du prophète se réalisèrent; car de Dhou'l-Khowaiçara sortit Harkous, fils de Zohair des Benou-Bodjaila, connu sous le nom de Dhou'l-Thadyé, et qui le premier, ayant été reconnu imam par les Kharidji [hérétiques] (143), s'éloigna de la vraie religion. Dhou'l-Khowaiçara est un surnom qui avait été donné à cet homme par le prophète.

Le prophète, après avoir visité les lieux saints, revint à Médine et nomma pour son lieutenant à la Mecque Attab, fils d'Açid, fils d'Abou'l-Is, fils d'Omaïa, jeune homme qui avait moins de vingt ans. Il laissa avec lui Moadh, fils de Djabal, pour enseigner la religion au peuple. Attab, fils d'Açid, présida cette année au pèlerinage qui se fit avec les cérémonies usitées par les anciens Arabes. Au mois de dhou'lhidja de la huitième année, naquit Ibrahim, fils du prophète et de la copte Maria, Dans cette même année mourut Hatim, fils d'Abdallah, fils de Saad, fils de Haschradj de la postérité de Tai, fils d'Odad. On le surnommait Abou-Safana, d'après le nom de sa fille Safana, qui vint trouver le prophète depuis sa mission et se plaignit à lui de sa pauvreté. Ce Hatim, dont la libéralité et la générosité sont passées en proverbe, était un poète très-distingué.

On entra ensuite dans la neuvième année de l'hégire. Des députés envoyés par les Arabes vinrent de tous côtés trouver le prophète à Médine. Parmi eux était Oroua, fils de Maçoud, issu des Benou-Thakif, et leur chef. Il était absent de Taïef lorsque le prophète en avait formé le siège, et ayant embrassé l'Islamisme avec une foi vive, il pria Mohammed de l'envoyer à Taïef auprès de ses concitoyens, pour les appeler à la religion : « Mais ils te tueront, » lui répondit le prophète. Toutefois il persista à se rendre à Taïef pour en convertir les habitants à l’Islamisme, et l’un d’eux lui ayant décoché une flèche qui l’atteignit à la veine médiane, il en mourut : Dieu ait pitié de lui ! Caab, fils de Zohair, fils d’Abou-Solma, que le prophète avait proscrit, se rendit ensuite auprès de lui et lui récita le poëme célèbre à sa louange qui commence ainsi : « Soad s’est éloigné de moi et mon cœur est plongé dans la

tristesse. » Le prophète lui donna son manteau, que Moawia, lors de son khalifat, acheta de la famille de ce Caab pour quarante mille drachmes, et que possédèrent ensuite tous les khalifes Ommiades et Abbassides, jusqu’au jour où il fut pris par les Tartares.


Expédition de Tabouk (144).

Au mois de redjeb de la neuvième année de l’hégire, le prophète donna les ordres nécessaires pour qu’on se préparat à marcher contre les Grecs, et cette fois il fit connaître le but de l’expédition, à cause de la longueur du chemin et des forces de l’ennemi ; car jusqu’alors, lorsqu’il préparait une attaque, il en feignait une autre. La chaleur était forte, le pays stérile, et le peuple dans la détresse, en sorte que ces motifs réunis firent appeler cette armée l’armée de la détresse. Les fruits étant mûrs, les tribus auraient voulu rester pour vaquer aux soins de la récolte et firent à regret leurs préparatifs de départ. Dans ces circonstances, le prophète ordonna que chacun eût à contribuer d’une partie de ses richesses. Abou-Bekr donna tout son bien ; Othman donna aussi une forte contribution, on prétend qu’elle était de trois cents chameaux pour nourrir l’armée, et de mille dinars. Aussi la tradition rapporte que le prophète dit : « Tout ce qu’Othman a fera à compter d’aujourd’hui ne pourra jamais lui nuire. » Abdallah, fils d’Obayy, le traître, et d’autres traîtres comme lui, ainsi que trois Ansariens sincères (145), Caab, fils de Malek, Morara, fils de Rebi, et Helal, fils d’Omaia, ne prirent point part à l’expédition du prophète. Ali, fils d’Abou-Taleb, fut institué par Mohammed pour vaquer aux soins de sa maison. Les traitres, pour l’inquiéter, dirent que le prophète ne l’avait laissé que parce qu’il lui aurait été important. Instruit de ces propos, Ali prit ses armes et se rendit auprès du prophète auquel il raconta ce qu’avaient dit les traîtres : « Ils ont menti, lui répondit le prophète ; je t’ai mis à ma place pour prendre soin de ceux que j’ai laissés derrière moi. Retourne et veille sur ma famille. Ne te plaît-il donc pas d’être auprès de moi ce qu’Aaron était auprès de Moïse ? avec celte différence qu’après moi il n’y aura plus de prophète. »

Le prophète de Dieu avait avec lui trente mille hommes, dont dix mille hommes de cavalerie. Cette armée souffrit beaucoup, pendant la route, et de la chaleur et de la soif. Lorsqu’ils arrivèrent à Hedjr (146), ancien séjour des Thamoudites, le prophète non-seulement leur défendit de boire F’eau qu’ils y trouvèrent, mais leur ordonna de jeter celle qu’ils avaient puisée et de donner aux chameaux les pains pétris avec l’eau de ces sources. Enfin on parvint à Tabouk, et le prophète s’y arrêta pendant vingt jours. Jean, seigneur d’Aila (147), étant venu l’y trouver, il lui accorda la paix moyennant un tribut de trois cents dinars. I accorda aussi la paix aux habitants d’Adhroh (148), moyennant un tribut de cent dinars payable tous les ans au mois de redjeb. Il envoya ensuite Khaled, fils de Walid, à Ocaidar, fils d’Abd-el-Malek, maître de Daoumat-el-Djandal (149). Cet homme appartenait à la tribu des Benou-Kenda et avait embrassé le christianisine. Khaled le fit prisonnier et tua son frère auquel il enleva un vêtement de soie garni de lames d’or qu’il envoya au prophète et que les Musulmans admirèrent beaucoup. Khaled se rendit se ensuite auprès de Mohammed avec Ocaïdar auquel le prophète fit grâce, et qu’il remit en liberté après l’avoir sournis à un tribut. Ensuite il revint à Médine.

A son retour, les trois hommes qui ne l’avaient pas suivi demandèrent à rentrer en gråce. Mohammed défendit qu’on leur parlåt et voulut qu’ils demeurassent isolés, en sorte qu’ils furent séparés du reste des hommes, et que la terre, toute large qu’elle est, était devenue étroite pour eux. Ils restèrent dans cet isolement pendant cinquante jours, puis Dieu leur pardonna et fit descendre ce verset : Comme il est plein de miséricorde, il s’est montré bon pour eux et pour les trois hommes qui étaient restés en arrière. La terre, toate large qu’elle est, leur était étroite ; leur esprit était dans la détresse ; mais ils ont pensé qu’ils n’avaient d’autre refage contre Dieu qu’en revenant à lui, et il a été bon pour eux, parce qu’ils se sont convertis et qu’il est indulgent et miséricordieax (150). Le prophète rentra dans Médine au mois de ramadhan, et à peine y était-il de retour que des députés des Benou-Thakif se rendirent de Taief auprès de lui et embrassèrent l’Islamisme. Parmi les demandes qu’ils lui adressèrent était celle de conserver pendant trois ans le culte de Lat sans qu’il le fit détruire ; mais le prophète refusa. Ils réduisirent alors leur demande à un mois qu’il refusa de même. Ils demandèrent encore à être dispensés de la prière ; mais le prophète leur répondit : « Une religion dans laquelle il n’y a pas de prière ne vaut rien. » Enfin ils se soumirent et embrassèrent l’Islamisme. Le prophète envoya avec eux Moghaira, fils de Schoba, et Abou-Sofian, fils de Harb, pour détruire Lat, ce que fit Moghaira, tandis que les femmes des Benou-Thakil

étaient dans les larmes et les gémissements.

Abou-Bekr conduit les pèlerins à la Mecque.

Dans la neuvième année de l'hégire, le prophète envoya Abou-Bekr pour accomplir avec les pèlerins, au nombre de trois cents, les cérémonies du pèlerinage. Il conduisait vingt victimes offertes par le prophète. Arrivé à Dhou'l-bolaifa, le prophète envoya sur ses traces Ali, fils d'Abou-Taleb, auquel il avait ordonné de lire publiquement les premiers versets de la sourate Barat, et de proclamer qu'après l'année écoulée on ne pourrait plus accomplir les touafs autour de la maison sainte sans être vêtu, et que les infidèles seraient exclus du pèlerinage. Abou-Bekr revint auprès du prophète et lui dit : « Est-ce que Dieu a fait descendre quelques paroles à mon « sujet?»>«< Non, lui répondit le prophète; mais personne, si ce « n'est moi ou quelqu'un de ma famille (151), ne peut proclamer ce qui m'a été révélé, N'es-tu pas satisfait, ô Abou-Bekr, « d'avoir été mon compagnon dans la caverne et auprès de la « citerne? Cela me suffit, » dit-il. Il partit ensuite comme chef des cérémonies du pèlerinage, et Ali lut, au jour des sacrifices, la sourate Barat, par laquelle il était défendu aux infidèles de faire le pèlerinage et à tout pèlerin d'accomplir la cérémonie des touafs sans être vêtu. Ce fait est tiré du livre intitulé el-Eschraf, dont Maçoudi est l'auteur. Au mois de dhoul-kaada de la neuvième année mourut Abdallah, fils d'Obayy-ben-Saloul, le traître. Ensuite on entra dans la dixième année : pendant que le prophète était à Médine, des députés des Arabes vinrent le trouver de toutes parts, et un grand nombre de tribus se convertirent à l'Islamisme, ainsi que Dieu très-haut l'a dit dans le verset qui commence ainsi: Lorsque Dieu vint à votre secours et vous donna la victoire, etc. (152). Les habitants de l'Yemen et les princes himyarites (153) se convertirent à

la religion.

Mission d’Ali dans l’Yemen.

On rapporte que le prophète envoya Ali dans l’Yemen. Il s’y rendit et lut aux habitants la lettre que leur écrivait le prophète. Toute la tribu de Hamadan (154) se convertit en un seul jour, et, à son exemple, tous les peuples de l’Yemen embrassèrent l’Islamisme. Ali le manda au prophète, qui rendit grâces au ciel et ordonna au fils d’Abou-Taleb de lever les contributions prescrites par la religion dans la ville de Nadjran (155). Il le fit, puis il se mit en route pour revenir, et rencontra à la Mecque le prophète qui faisait le pèlerinage d’adieu.


Pèlerinage d’adieu.

Le 25 du mois de dhoul-kaada, le prophète se mit en route pour un nouveau pèlerinage. On n’est pas d’accord pour savoir s’il voulait faire le pèlerinage qu’on appelle kiran (156), P ou celui qu’on nomme temettou, ou celui qui s’appelle ifrad ; mais l’opinion la plus généralement admise, c’est qu’il voulait faire le kiran. Tandis qu’il accomplissait son pèlerinage, accompagné des Musulmans, il rencontra Ali (157), revêtu de l’ihram, et lui dit : « Ote ce vêtement, ainsi que l’ont ôté les compagnons. » « J’ai formé, répondit Ali, les mêmes vœux que le prophète de Dieu (158). » En conséquence, il resta revêtu de l’ibram, et le prophète offrit les victimes à sa propre intention et à celle du fils d’Abou-Taleb. Le prophète fit ensuite connaître aux hommes les cérémonies et les rites du pèlerinage, puis descendít du ciel ce verset : Aujourd’hui les infidèles désespèrent de triompher de votre religion ; ne les craignez pas, mais craignez-moi. J’ai achevé l’œuvre de votre loi religieuse, les gráces que j’ai répandues sur vous sont accomplies, et l’Islamisme est la foi que j’agrée de votre part (159). Abou-Bekr pleura lorsqu'il entendit ces paroles, car il pensait qu’après l’accomplissement de la grâce elle ne pouvait plus que décroître, et que le ciel annonçait ainsi au prophète que sa mort était proche. Le prophète, s’étant rendu sur le mont Arafa (160), fit une al- locution dans laquelle il donna aux hommes divers préceptes et leur dit : « O vous qui m’écoutez, sachez que la remise de « l’observation des mois sacrés est un surcroît d’infidélité (161). « Le temps, ayant accompli sa révolution, est revenu tel qu’il w était lorsque Dieu créa le ciel et la terre. Dieu a voulu que « les mois fussent au nombre de douze. » C’est ainsi que le prophète termina ce pèlerinage, qui fut nommé le pèlerinage d’adieu, car c’est le dernier qu’il ait fait. Il revint ensuite à Médine et y resta jusqu’à la fin de l’année ; puis on entra dans la dixième année de l’hégire.


Maladie du prophète.

Le prophète, de retour du pèlerinage d’adieu, ne sortit plus de Médine pendant tout le reste de la dixième année, plus le mois de moharrem, et la plus grande partie du mois de safar de la onzière. Ce fut, dit-on, deux jours avant la fin de ce dernier mois que commença sa maladie. Il était alors dans la maison de Zainab, fille de Djahsch, car il passait tour à tour une nuit chez chacune de ses femmes ; son état ayant empiré le jour qu’il se trouva dans la maison de Maimouna, fille de Harith, il assembla toutes ses femmes et leur demanda à être soigné dans la maison de l’une d’elles. Elles y consentirent, et on le porta dans la maison d’Aiescha. Malgré la gravité de sa maladie, il pressait le départ d’une expédition dont il avait confié le commandement à sou affranchi Oçama, fils de Zeid. Voici ce que la tradition rapporte d’après le témoignage d’Aiescha : « Lorsque le prophète, dit-elle, vint chez moi, je me plaignais d’un violent mal de tête, et il me dit : Aïescha, c’est moi bien plutôt qui pourrais me plaindre du mal de tête ; puis il ajouta : Il ne devrait pas t’être pénible de mourir avant moi, car je serais là tout prêt pour t’envelopper d’un linceul, prier sur toi et te déposer dans la tombe. — Sans doute, répondis-je, mais je crois déjà te voir, après l’avoir fait, revenir chez moi, et prendre tes ébats avec quelque autre de tes femmes. » Le prophète se mit à rire.

Pendant le cours de sa maladie, tandis qu’il était dans la maison d’Aiescha, il sortit soutenu par Fadhl, fils d’Abbas, et Ali, fils d’Abou-Taleb, pour aller se placer dans la chaire d’où il instruisait le peuple. Là il adressa des louanges au ciel, puis il dit : « O vous qui m’écoutez, si j’ai frappé quelqu’un « sur le dos, voici mon dos, qu’il frappe ; si j’ai nui à la réputation de quelqu’un, qu’il se venge sur ma réputation ; si j’ai dépouillé quelqu’un de son bien, voici mon bien, qu’il se « paye, et que pour cela il ne craigne pas de s’attirer ma haine ; a la haine n’est pas dans mon caractère. » Il descendit alors et fit la prière de midi, puis il remonta ; et comme il reprenait son discours, un homme vint lui demander le payement d’une dette de trois dirhems qu’il lui rendit en disant : « La honte de ce monde est plus facile à supporter que celle a du monde à venir. » Il pria ensuite pour ceux qui avaient combattu avec lui à la bataille d’Ohod et demanda au ciel de leur pardonner. Il ajouta : « Dieu a donné à son serviteur le

  • choix entre les biens de ce monde et ceux qu’on goûte auprès

de lui, et ce sont ces derniers qu’il a choisis (162), A ces mots, Abou-Bekr pleura et dit : « Que ne pouvons-nous racheter ta vie au prix de la nôtre ! » Le prophète recommanda ensuite les Ansariens aux Musulmans. La maladie étant devenue plus forte, il dit : « Apportez-moi a de l’encre et du papier ; je vais écrire un livre qui vous empêchera, après ma mort, de tomber jamais dans l’erreur. Ses compagnons se disputant entre eux à ce sujet, il leur dit : « Retirez-vous, il ne convient pas de se disputer auprès d’un « prophète. » Ils pensèrent alors qu’il était en délire ; cependant ils lui demandèrent de nouveau ce qu’il voulait, mais il dit : « Laissez-moi ; ce qui m’occupe vaut mieux que ce que « vous m’engagez à faire. » Chaque jour, pendant sa maladie, il fit la prière en présence du peuple, à l’exception des trois derniers jours : le premier de ces jours-là, lorsqu’on lui annonça que le moment de prier était venu, Mohammed dit : « Qu’Abou-Bekr fasse la prière au peuple.


Mort du prophète.

La maladie faisant toujours de nouveaux progrès, le prophète mourut le lundi dans la matinée, ou, comme d’autres personnes le disent, à midi. Aiescha dit : « Je vis le prophète « de Dieu au moment de sa mort : il avait auprès de lui un vase plein d’eau dans lequel il trempait sa main, puis il se touchait le front en disant : « O mon Dieu, aidez-moi à sur à monter les angoisses de la mort. » Alors, dit toujours Aïesacha, sa tête devint pesante et il retomba sur mon sein ; je jetai les yeux sur son visage, son regard était fixe, et il dit : « C’est le compagnon d’en haut (163) (que je choisis).» « Lorsque son âme se fut envolée au ciel, je reposai sa tête sur l’oreiller, puis je me mis à gémir et à me frapper le visage, ainsi que toutes ses femmes. »

Il mourut un lundi, 12 du mois de rebi-et-aoual, et d’après cela il y aurait concordance entre le jour de sa naissance et le jour de sa mort. Après la mort du prophète, la plus grande partie des Arabes quitta l’Islamisme, à l’exception des habitants de Médine, de la Mecque et de Taïef, trois villes dans l’enceinte desquelles l’apostasie ne trouva pas de partisans. Le prophète avait nommé au gouvernement de la Mecque P.IIF Attab, fils d’Açid, fils d’Abou’l-Ais, fils d’Omaia. Ce chef, craignant pour sa vie, se cacha, ct la ville devint en proie à une agitation violente. Le peuple était sur le point d’apostasier, lorsque Sohail, fils d’Amrou, se rendit à la porte du temple, et appelant à haute voix tous les habitants Koreischites et autres, il leur dit : « O vous, habitants de la Mecque, qui avez été les derniers à embrasser l’Islamisme, serez-vous donc les premiers à l’abandonner ? Cependant Dieu accomplira son œuvre ainsi que vous l’a dit le prophète. » Par ces paroles, il les empêcha d’abandonner la voie de la religion. Le cadi Schahab-eddin, fils d’Abou-Dam, dit dans sa Chronologie que l’on courut en foule à la maison du prophète pour le contempler encore, et que chacun s’écriait : « Comment est-il mort lui qui doit rendre témoignage contre nous ? non certes il n’est pas mort, mais il est monté au ciel comme Jésus (164). » Puis ils criaient à sa porte : « N’enterrez pas le prophète de Dieu, car il n’est pas mort. » Ils restèrent dans l’attente jusqu’à ce que, le corps étant tout enflé, Abbas, oncle du prophète, sortit et leur dit : « Par celui qui est le seul Dieu de l’univers, le prophète s’est endormi du sommeil de la mort. »


Sépulture du prophète.

On dit que le prophète fut enterré le mardi second jour de sa mort ; d’autres disent qu’il le fut le mercredi, et c’est le plus probable ; d’autres disent enfin qu’il resta trois jours sans être enterré. Ali, fils d’Abou-Taleb, Abbas, ses deux fils Fadhl et Katham, Oçama, fils de Zeid, et Schakran, ces deux derniers affranchis du prophète, s’occupèrent de lui rendre les derniers devoirs. Abbas et ses deux fils retournaient son corps qu’Ali lavait, tandis qu’Oçama et Schakran versaient l’eau nécessaire. Il était couvert de sa tunique, et l’on ne mit pas à nu pour les laver, ainsi qu’ordinairement on le fait aux morts, toutes les parties de son corps. Pendant l’opération, Ali disait : « O toi « qui m’as été plus cher que mon père et ma mère, tu exhales « une odeur suave, mort comme vivant. » Le corps fut enseveli dans trois vêtements dont deux étaient des tuniques de Sohar (165), et le troisième d’étoffe striée de l’Yemen.

Quand il fut ainsi enveloppé, ils prièrent sur lui, puis ils l’enterrèrent sous le lit dans lequel il avait rendu le dernier soupir. Abou-Talha l’Ansarien creusa la fosse dans laquelle descendirent, pour y placer le corps, Ali et les deux fils d’Abbas, Fadhl et Katham.


De l’age du prophète.

On n’est point d’accord sur l’âge du prophète. L’opinion la plus accréditée, c’est qu’il avait soixante-trois ans lorsqu’il mourut, d’autres disent soixante-cinq, d’autres seulement soixante. Le calcul qu’il convient le plus d’admettre, c’est qu’il avait quarante ans lorsqu’il reçut la mission prophétique. Il resta ensuite à la Mecque pendant treize ans et plus, occupé à appeler les hommes à l’Islamisme ; ensuite il se retira à Médine, où il vécut environ dix ans après l’hégire, ce qui forme un total d’un peu plus de soixante-trois ans. Ce calcul a déjà été fait et prouvé lorsque nous avons parlé de l’hégire.


De ses qualités physiques.

Ali, fils d’Abou-Taleb, a parlé des qualités physiques du prophète en ces termes : « Il était, nous dit-il, d’une taille moyenne ; sa tête était forte, sa barbe épaisse, ses pieds et ses mains rudes ; sa charpente osseuse annonçait la vigueur, son visage était coloré. » On dit encore qu’il avait les yeux noirs, les cheveux plats, les joues unies, le col semblable à celui d’une urne d’argent. Anas a dit : & Dieu ne permit pas que ses cheveux reçussent en blanchissant l’outrage des années il avait seulement vingt poils blancs à la barbe et « quelques cheveux blancs sur le sommet de la tête. » On rapporte qu’il se teignait avec le henné et le katam (166). Entre les deux épaules il avait le sceau de la prophétie, et c’était une excroissance charnuc entourée de poils, grosse comme un œuf de pigeon. Les uns prétendent qu’elle était de la même couleur que le reste de son corps, les autres disent qu’elle était rouge. Le cadi Schahab-eddin, fils d’Abou-Dam, rapporte dans son livre intitulé El-Tarikh-el-Modhafferi, qu’Abou-Ratama, qui avait excrcé la médecine avant l’Islamisme, lui dit : « O prophète, je connais l’art de guérir : si tu le veux, je te guérirai « de ce que tu as entre les épaules. Mais le prophète lui répondit : « Que celui-là même qui l’a créée guérisse cette marque. »


De ses qualités morales.

L’esprit et la raison du prophète l’emportaient sur ceux des autres hommes. Adressant à Dieu de fréquentes prières, il était très-sobre de discours futiles. Son visage annonçait une bienveillance constante ; il aimait à garder le silence, son humeur était douce, son caractère égal. Ses parents ou ceux qui ne lui étaient pas attachés par les liens du sang, les puissants ou les faibles trouvaient en lui une justice égale. Il aimait les humbles et ne méprisait pas le pauvre à cause de sa pauvreté, comme il n’honorait pas le riche à cause de sa richesse. Toujours soigneux de se concilier l’amour des hommes marquants et l’attachement de ses compagnons qu’il ne rebutait jamais, il écoutait avec une grande patience celui qui venait s’asseoir auprès de lui. Jamais il ne se retirait que l’homme auquel il donnait audience ne se fut levé le premier : de même que si quelqu’un lui prenait la main, il la laissait aussi longtemps que la personne qui l’avait abordé ne retirait pas la sienne. Il en était de même si l’on restait debout à traiter avec lui de quelque affaire toujours dans ce cas il ne partait que le dernier. Souvent il visitait ses compagnons, les interrogeant sur ce qui se passait entre eux. Il s’occupait lui-même à traire ses brebis, s’asseyait à terre, raccommodait ses vêtements et ses chaussures, qu’il portait ensuite tout raccommodés qu’ils étaient. Abou-Horaira nous a laissé la tradition suivante : « Le « prophète, dit-il, sortit de ce monde sans s’être une seule fois « rassasié de pain d’orge, et quelquefois il arrivait que sa famille passait un ou deux mois sans, que, dans aucune des « maisons où elle faisait sa résidence, il y eût eu du feu d’allumé. Des dattes et de l’eau faisaient toute sa nourriture. « Quant au prophète, il était parfois obligé, pour tromper sa a faim, de se serrer (avec sa ceinture) une pierre sur le ventre. »


De ses enfants.

Le prophète eut tous ses enfants de Khadidja, à l’exception d’Ibrahim, que Maria enfanta au mois de dhou’l-hidja de la huitième année de l’hégire. Il mourut dans le courant de la dixième année, et Maçoudi nous dit dans son livre intitulé : El-Eschraf, qu’il vécut dix-huit mois. Les enfants måles qu’il eut de Khadidja sont : El-Caçem, dont il a pris le nom (Abou’lCaçem), Taieb, Taher et Abdallah. Ils moururent tous en has âge. Quant à ses filles, elles sont au nombre de quatre : Fatima, femme d’Ali ; Zainab, femme d’Abou’l-As ; le prophète les sépara à l’époque de l’Islamisme, et les rendit ensuite l’un à l’autre lorsqu’Abou’l-As eut embrassé la religion musulmane ; Rokaia et Omm-Kolthoum : ces deux dernières furent l’une après l’autre mariées à Othman.


De ses femmes.

Le prophète a eu quinze femmes, mais il n’a consommé son mariage qu’avec treize d’entre elles et n’en a jamais eu plus de onze à la fois. On dit aussi que son mariage ne fut P.IV consommé qu’avec onze, et qu’il y en a quatre dont il n’approcha jamais. Quand il mourut, il en avait neuf, sans comp ter la copte Maria qui n’était que sa concubine. Ces neuf dernières étaient Aïescha, fille d’Abou-Bekr ; Hafça, fille d’Omar ; Saouda, fille de Zama ; Zainab, fille de Djabsch ; Maimouna, Safiya, Djowairia, Omm Habiba, et Omm Salama.


De ses secrétaires.

Othman et Ali écrivaient sous sa dictée. Khaled, fils de Said, fils d’As, Abban, fils de Said, et Ala, fils d’El-Hadhrami, remplirent le même emploi. Le premier qui écrivit pour le prophète fut Ohaï, fils de Caab. li eut encore pour secrétaires Zeid, fils de Thabit, et Abdallah, fils de Said, fils d’Abou-Sarh, qui apostasia, puis revint à l’Islamisme le jour de la prise de la Mecque. Moawia, fils d’Abou-Sofian, fut aussi investi de ces fonctions après cette dernière victoire.


De ses armes.

Le prophète avait, entre autres armes, un sabre nommé Dhou’l-ficar ; c’était un butin qu’il avait fait au combat de Bedr, et il avait appartenu à Monàbbeh, fils de Hadjadj, des Benou-Sahm ; d’autres disent le contraire. Son nom lui venait des crénelures qu’on remarquait sur le dos de la lame. Il avait aussi pris aux Benou-Kainoka trois sabres ; lors de sa fuite à Médine, il avait emporté deux sabres. C’est avec l’un d’eux qu’il combattit à Bedr. Il avait encore trois lances, trois ares. et deux cuirasses qu’il avait prises aux Benou-Kainoka. Il eut aussi un bouclier sur lequel était représentée une figure ; mais, un matin, il se trouva que la figure avait été effacée par Dieu très-haut.


Des expéditions commandées par le prophète, ou extreprises par ses ordres.

On dit que les premières sont au nombre de dix-neuf, d’autres disent vingt-six, d’autres vingt-sept. La dernière fut celle de Tabouk, Neuf d’entre elles donnèrent lieu à des combats, ce sont : Bedr, Ohod, la guerre du fossé, celle des Benou-Koraizha, celle des Benou-Mostalak, celle de Khaibar, la prise de la Mecque, Honain et Taief. Les autres se terminèrent sans combats. Quant aux envois de troupes expéditionnaires qu’il dirigea de différents côtés, les uns en comptent trente-cinq, les autres quarante-huit.


Des compagnons du prophète.

On a été peu d’accord sur la question de savoir quels étaient les hommes qui méritaient le titre de compagnons du prophète. Said, fils de Moçaieb, ne compte au nombre des compagnons que ceux qui ont été un an et plus avec le prophète, combattant à ses côtés. D’autres prétendent que tous ceux qui, ayant atteint l’âge de puberté, ont embrassé l’Islamisme et ont vu le prophète, doivent être regardés comme ses compagnons, P. 114 si même ils n'ont passé avec lui qu'un seul instant. D'autres, au contraire, disent que ceux-là sculs sont les compagnons de Mohammed qui ont été admis dans son intimité, qui ont reçu des preuves de sa confiance, et qui ne le quittaient pas, soit qu'il fut en voyage ou en séjour. Toutefois l'opinion du plus grand nombre, c'est que le titre de compagnon est dû à quiconque a embrassé l'Islamisme et a vu le prophète, quelque peu de temps qu'il ait passé près de lui.

Quant au nombre des compagnons d'après cette dernière opinion, voici ce que la tradition rapporte. Dans l'année de la conquête de la Mecque, le prophète partit de Médine, à la tête de dix mille Musulmans; puis il marcha contre Honain, à la tête de douze mille. Il fit le pèlerinage d'adieu, accompagné de quarante mille hommes, et lorsqu'il mourut, on comptait cent vingt-quatre mille Musulmans. Quant à l'ordre dans lequel on doit les ranger, les Mohadjériens sont en général au-dessus des Ansariens, avec cette restriction que les premiers Ansariens l'emportent sur les derniers Mohadjériens. Les historiens rangent dans l'ordre suivant les compagnons du prophète :

La première classe se compose des personnes qui les premières de toutes ont embrassé l'Islamisme, telles que Khadidja, Ali, Zeid et Abou-Bekr es-Siddik, puis ceux qui les ont suivis de près et n'ont point attendu le Dar-en-Nadouat. La seconde est formée par les hommes du Dar-en-Nadouat, parmi lesquels on compte Omar. La troisième est formée par les P. Ir. Mohadjériens qui se retirèrent en Éthiopie; la quatrième par ceux qui prêtèrent le premier serment à Acaba, et ce sont les premiers Ansariens; la cinquième par ceux qui prêtèrent à Acaba le second serment; la sixième par ceux qui prêtèrent au même lieu le troisième serment : ils étaient au nombre de soixante-dix ; la septième par les Mohadjériens qui allèrent trouver le prophète après l’hégire et avant qu’il n’eût fondé sa mosquée ; la huitième par les guerriers de la grande bataille de Bedr ; la neuvième par ceux qui vinrent trouver le prophète entre la journée de Bedr et le voyage de Hodailia ; la dixième par ceux qui prètèrent sous un arbre le serment volontaire à Hodaibia ; la onzième par ceux qui se rendirent auprès du prophète après le voyage de Hodaïbia, et avant la conquête de la Mecque ; la douzième par ceux qui se convertirent à l’Islamisme le jour de la prise de la Mecque ; la treizième par les enfants qui naquirent avant la mort du prophète et qui l’ont vu.

Au nombre des compagnons on compte encore les hommes du Banc (Ahl-es-Soffa) ; c’étaient de pauvres gens qui, n’ayant ni asile ni famille, dormaient la nuit dans la mosquée de Médine, au temps du prophète, et s’y abritaient le jour. Le Banc de la mosquée étant leur domicile, ils en avaient pris le nom. Lorsque le prophète allait souper, il en faisait appeler quelques-uns pour souper avec lui, et distribuait les autres parmi ses compagnons pour qu’ils pourvussent à leur nourriture. Parmi les plus célèbres de ces gens-là on cite Abou-Horaira,

Wathla, fils d’Asca, et Abou-Dhor que Dieu leur fasse miséricorde !

Notes.



(1) Abd-el-Mottalib : s’est ainsi qu’on doit prononcer ce nom, et non pas Abd-el-Motalleb, comme l’écrit souvent. Dans les noms propres composés de deux mots, dont le premier est abd, le second est ordinairement un attribut de Dieu on le nom d’une des idoles des anciens Arabes. Le nom propre Abd-el-Mottalib est une exception à cette règle. Voici ce qu’on lit à ce sujet dans la traduction turque du Camous :

« Mottalib, avec un dhamma sur le mim et un fatha sur le ta, marqué d’un teschdid, est un nom propre. Bir Mottalib est un puits sur le chemin de l’Irak, qui tire son nom de Mottalib, fils d’Abdallah, fils de Hanzhab, personnage de a famille de Makhzoum. Abd-el-Mottalib, fils de Haschem, était le grand-père de Mohammed ou Mahomet ; son nom primitif était Amer, » Le traducteur ajoute : « Haschem étant mort à Ghazza, son fils Amer demeura à Médine auprès de sa mère, et vivait dans la gêne et la misère, comme il arrive ordinairement aux enfants qui ont perdu leur père. Son oncle paternel Mottalib, qui résidait à la Mecque, ayant été informé de sa triste position, se sentit vivement ému en faveur d’un enfant qui lui tenait de si près par le sang : il se rendit aussitôt à Médine et ramena son neveu Amer en croupe sur son cheval. Lorsqu’il entra dans sa maison, on lui demanda quel était cet enfant. Honteux du costume misérable d’Amer, il ne voulut pas dire : C’est le fils de mon frère ; répondit : C’est mon esclave. Depuis ce moment le nom d’esclave de Mottalib (Abd-el-Mottalib) fut généralement donné à Amer. « Le même trait historique se trouve cité dans un fragment d’Ebn-Kotaïba, recueilli dans l’ouvrage publié par Eichhorn, sous de titre de Monumenta antiquissimae Hitoriae Arabum, p. 84.

(2) Le récit complet de la guerre de l’Éléphant précède immédiatement, dans Abou’Iféda, la Vie de Mahomet, et il se trouve dans le manuscrit n°615 A de la Bibliothèque royale, feuillets 78 v. et 79. Notre auteur y raconte en détail que les Abyssins ayant succédé aux Himyarites dans la possession de l’Yemen, un de leurs rois, nommé Abraha, marcha contre la Mecque, monté sur un éléphant nommé Mahmoud ; mais comme il en approchait, cet animal se prosterna à terre et refusa d’avancer. Dans le même instant l’armée des Abyssins fut détruite par des oiseaux qui, volant au-dessus des soldats laissaient tomber sur leurs têtes de petites pierres qui les perçaient de part en part. Voyez, sur les causes de cette guerre, le man., 615 A, feuillet 78 v. ; et Pococke, Spec. hist. Arab. pag. 64.

(3) Voici les détails donnés par Abou’lféda lui-même sur Koreïsch, dans la partie de son histoire qui traite des temps antérieurs à l’Islamisme, partie qui n’est pas comprise dans les Annales Moslemici de Reishe, et qui vient d’être éditée à Leïpsick par M. Fleischer, Historia ante-islamitica, p. 196 : « Fer (qui, d’après M. de Secy, naquit vers l’an 208 après J, C.), est le même que Koreïsch : tous se descendants ont porté le nom de Koreïschites, qui leur appartient exclusivement. On dit que ce nom lui fut donné à cause de son courage semblable à celui d’un monstre marin qui porte le nom de karsch, et qui dévore les autres animaux de la mer après les avoir vaincus. On dit encore que Kossay, fils de Kelab, ayant été nommé à la surintendance de la maison sainte, réunit autour du lieu sacré les enfants de Fehr qui étaient dispersés, en sorte qu’on les appela Koreïschiter, c’est-à-dire réunis ou rassemblés. Ce fait est rapporté par Ebn-Saïd le Maugrebin : et d’après lui, le nom de Koreïsch appartiendrait non pas à Fehr lui-même, mais à ses descendants. »

(4) Kesra Anouscherwan ben-Cobad, autrement dit encore Cosroës, premier du nom, était un roi de Perse de la quatrième dynastie, qui fut la dynastie des Sassanides. Sa clémence et sa justice lui valurent de surnoms de el-Malek el-Adel, ou le roi juste. On lit dans Ahmed ben-Youcef, lorsqu’il traite des souverains de la Perse : « Abdallah, fils d’Abd-el-Mottalib, père du prophète, naquit dans la vingt-quatrième année du règne d’Anouscherwan. Le prophète lui-même naquit dans la quarante-deuxième année de son règne, et il a rendu à la justice de ce prince un témoignage éclatant et véridique lorsqu’il a dit : Je suis né au temps du roi juste Kesra Anouscherwan. » (Gagnier, p. 2.)

(5) On trouve dans les scolies du poëme appelé Bordah, dont l’auteur est Scherf-eddin el-Boussiri, à propos de quelques vers relatifs aux prodiges dont il est ici question « Sawa est une ville située sur la route qui de Hamadan conduit à Ray dont elle est éloignée de vingt-deux parasanges. Proche de cette ville se trouve le lac qui porte le même sont, et dont le dimensions en longueur et en largeur sont très étendues. On peut le comparer au lac de Tibériade. » Voyez Reisk. Ann. most. t. I, adn. hist. p. 6 et conf. Geogr. nub. arab. p. 248. On lit dans Caswini (Adjaïb el-makhloucat, man, 898 de la Bibl. royale, f 9) : TEXTE ARABE « Parmi les merveilles de la nature on peut citer les lacs qui sont devenus des lieux secs, tels que la terre de Sawa qui a été autrefois un lac, et où maintenant on n’aperçoit plus de traces d’eau. »

(6) Noman, fils de Mondher, était un roi chrétien de Hira. Aboulféda décrivant cette ville dans sa géographie dit : « C’était là que demeurait la famille de Nomen, fils de Mondher. Mondher, fils d’Amrou’Icaïs (aïeul de Noman), avait embrassé la religion chrétienne, et avait fait construire à Hira de grandes églises. » Pococke, Specimen hist. Arab. p.75.


(7) Suivant Gagnier (page 4), ce Satifs serait le même que Djennahi appelle TEXTE ARABE el-Afaa Djorhomi qui régnait dans la ville de Nadjran, et près duquel se rendirent les fils de Nezar, pour qu’il mît fin aux contestations qui s’étaient élevées entre eux après la mort de leur père. Cette aventure est racontée dans Meïdani au proverbe : TEXTE ARABE

El-Bokari dit que son vrai nom était Rebiè, fils de Mazem, issu de Ghassan, et il ajoute que frappé d’admiration par le récit des prodiges qui avaient eu lieu à la naissance du prophète, il se fit porter à la Mecque où il fit à Abdallah, père du prophète, et à Aboutaleb, son oncle ; un grand nombre de prédictions sur le compte de Mahomet. Il les termina en disant : Le nom qu’il porte dans le Pentateuque et dans l’Évangile est connu ; on l’appellera Ahmed dans le ciel, Mohamed sur la Leste, et Abou-l-Caçem dans le paradis. (Gagnier, p. 5.) Ebn el-Djouzi donne les renseignements suivants : « Satih se nommait Rebi, fils de Rebié, fils de Maçoud des Benou-Ghassan. Il vint au monde lors de la rupture de la digue, et vécut jusqu’au temps de Kesra, ce qui forme environ six siècles. On dit aussi qu’il vécut mille ans, d’autres disent cinq cents, d’autres trois cents. Il vint à Bahreïn où il séjourna quelque temps : de là il passa en Syrie et s’établit dans un des bourgs de la contrée nommée Mescharifes-Scham : c’était dit-on, dans celui de Djâbiyè. Il mourut dans l’année qui fut marquée par la naissance du prophète. » (Reiske. Adn. Hit. vol. L, p.7.) Voyez encore sur Satih, Hariri, éd. de M. de Sacy. p. 177. Sirat, fol 3 r. et v. ; de Sacy, Mémoires de l’Académie des Inser. vol. 48, page 647 et sui.

(8) Talawa, récitation psalmodiée du Coran.

(9) Reiske pense que le possesseur de l’Harawa, était le fameux Khaled, fils de Walid, dont les conquêtes ont tant contribué, sous les premiers Khalifes, à l’extension de l’Islamisme, et dont le cheval de bataille aurait porté le nom d’Harava. Il avoue cependant qu’il n’a rien trouvé de relatif à cette opinion.

(10) Semawa est un désert aride entre l’Irak et la Syrie, qui fut plusieurs fois traversé par Les empereurs romains, et notamment par Julien, dans leurs expéditions contre Babylone et Séleucie. Le Meraçid el-Ittila il encore que Semawa est aussi le nom d’un petit lac situé dans le terloire des Benou-Kelh.

(11) Le titre entier de cet ouvrage est El-Ikd el-ferid (le collier unique), auteur nommé Ebn-abd-Rabbihi était un philologue et poëte célèbre de Cordoue. (Voyez M. de Sacy, Chrest. t. I, p. 398) M. Fulgence Fresnel a publié dernièrement une brochure intitulée : Lettres sur l’histoire des Arabes avant l’Islamisme, dans laquelle il a donné la traduction d’un chapitre de cet ouvrage, intitulé : Journées et encantres des Arabes.

(12) Cette coutume d’envoyer ses enfants dans le désert pour y être nourris, est encore en vigueur à la Mecque parmi les Schérifs ou descendants de Mahomet ; on lit dans Burkhardt (t.1, p. 317 de la traduction de M. Eyriès) : » Les Schérifs ont la coutume d’envoyer chaque enfant mâle huit jours après se naissance, à la tente de quelque Bédouin qui fréquente les environs de la ville ; ces enfants y sont élevés jusqu’à l’âge de huit ou dix ans, ou jusqu’à ce qu’ils soient en état de monter une jument ; alors leurs pères les reprennent. Pendant tout le temps de son séjour pari les Bédouins, l’enfant ne va jamais voir ses parents, ni n’entre dans la ville, que lorsqu’il a atteint son sixième mois. Alors sa mère nourricière le porte pour quelques instants à sa famille, puis s’en retourne aussitôt avec lui dans sa tribu. L’exemple de Mahomet élevé dans la tribu des Beni-Sad, est continuellement cité par les Mekkaouis quand ils parlent de cet usage. »

(13) Beidawi dit à ce sujet que Gabriel étant venu trouver le prophète dans son enfance, lui enleva le cœur, le purifia, puis le remplit de foi et de science. (Gagnier, p. 9.)

(14) Aboulféda dit dans sa Géographie qu’El-Aboua est situé à huit parasanges au nord de Djohfah. On lit dans Edisi (2e climat, Ve partie) : TEXTE EN ARABE « Djohfah à El-Aboua on compta vingt-sept milles. El-Aboua est un lieu de station où l’on trouve des puits. » Voici l’article du Meraçid-el-Ittila relatif à cette ville : TEXTE EN ARABE « Aboua est un village du district de For qui dépend de Médine ; entre Aboua et Dijohfah on compte 23 milles. Le tombeau d’Amina, mère du prophète, est dans ce village. »

(15) Ses oncles maternels de la famille d’Adi-ben-Nadjar. On lit dans Le Sirat er-reçoul, man. de la Bibl. royale, n° 629, fol. 25 v. : TEXTE EN ARABE « La mère d’Abd el-Mottalib, fils de Haschem (grand-père de Mahomet) était Salma, fille d’Amrou des Benou-Nadjar, et c’est là ce qui donnait aux Benou-Nadjar le qualité d’oncles maternels du prophète, dont parle Ebn-Ishak (c’est-à-dire la qualité de ses parents par les femmes). »

(16) Bosra, ancienne ville de Syrie, située à 4 journées au midi de Damas. Aboulféda dit dans sa Géographie, qu’elle était la capitale du pays de Hauran TEXTE EN ARABE. Elle est généralement connue parmi nous maintenant sous le nom corrompu de Bostra, et contient encore des restes d’antiquités qui attestent sa splendeur passée, lorsque vers le 3e siècles après J. C. elle était la capitale de l’Arabie Romaine.

(17) Gagnier (p. 12) rapporte un passage de Maçoudi ainsi conçu : « Le nom de Bohaira dans les livres des Chrétiens est Sergius : il habitait le couvent d’Abd-el-Kaïs. » Ce n’est peut-être pas une raison suffisante pour l’identifier, ainsi que font Gagnier et Prideaux, avec le Sergius dont parle avec détail Vincent de Beauvais dans son Miroir Historique.

(18) Reise a traduit : « Quod Havazenitæ sanctimoniam barami (seu sacri territorii Mekkani) violaverant. » Il a lu par conséquent TEXTE ARABE : on peut lire aussi TEXTE ARABE pluriel de TEXTE ARABE, c’est-à-dire TEXTE ARABE les mois sacrés. Le passage suivant du Camous rend même cette dernière leçon plus probable : TEXTE ARABE « Les combats de Fidjar (avec un kesra sous le fé) sont quatre combats qui ont eu lieu dans les mois sacrés entre les Koreïschites réunis à d’autres familles issues de Kenana, et des descendants de Kaïs-ailan. »


(19) Khadidja, d’après Kodhaï, avait déjà été mariée deux fois lorsqu’elle épousa Mahomet. Son premier mari avait été Atik des Benou-Makhzoom ; le second, Abou-Helat, fils de Malek, allié des Benou-abd-el-Dar. (Gagnier, p. 12.)

(20) Les Benou-Djerhom, d’après Nowaïri, t. III, chargés pendant longtemps de l’intendance du temple, finirent par user de leur pouvoir avec beaucoup d’insolence. Ils soumirent à de grandes exactions tous les étrangers qui n’étaient pas alliés à leur famille, et dissipèrent les revenus de la Caaba. Cette conduite excita un mécontentement général, et les Benou-Bekr s’étant réunis aux Benou-Ghabschan, issus de Khozaa, ces deux tribus déclarèrent la guerre aux Benou-Djorhem, et les chassèrent de la Mecque ; ce fut en quittant cette ville qu’Amer-ben-el-Harith composa la pièce de poésie dont Aboulféda cite deux vers, et qui se trouve tout entière dans l’ouvrage intitulé : Monumenta quaedam vetustiora Arabiæ édité par Schultens. Voyez aussi, pour ces mêmes vers le Sirat-er-reçoul, fol. 17 v. où ils sont cités d’une manière différente.


(21) Ces vers sont du mètre TEXTE EN ARABE

(22) On sait que d’après les traditions des Musulmans la pierre noire objet d’un culte si ancien parmi les Arabes, fut apportée du ciel à Ismaïl par l’ange Gabriel. Voici ce qu’on lit à son sujet dans le Meraçid el-Ittila, man. de le Dibl. royale, p. 186 : » La pierre noire, qui d'après le fils « d'Abbas, est Le soul objet venant du paradis que la terre possède, est « placée dans Le coin de 1e Caaba qui regarde Basra. Elle est élevée de

  • terre à la hauteur de deux coudées el deux tcrs. Là elle n'a point cessé

d'être visités et révérée dans les temps d'ignorance comme depuis l's- <lamisme; mais à l'époque où les Carmatis (que Dieu les maudisse!) «'envahirent la Mecque et mirent à mort les pélerins sue le territoire «sacré, en Y'an 327, ils arrachôrent la pierre noire de la place qu'elle = occupait, et l'emporèrent chez eux dans da ville d'el-Hassa, au torritaire « de Bahrein. Le ture Jahkem qui s'était emparé de Baghdad av temps « de Redha-billah, leur proit de grandes sommes sils voulaient Ja «rendre: mais ils n'y consentirent pas. Ce ne fut qu'en l'année 335 « que le schérif Aou Ali Amer, fils d'Iuhia, s'étant porté intermédiaire «entre eux et le Khalife el-Moli, ils consentirent enfin à sa reddition; en < conséquence ils 'apportèrent à Coufa, et la placèrent sur le septième « pilier de la mosquée, On prétend qu'un Carmat demandant à l'un des < docteurs de Coufa, qu'il voyait la toucher ave vénéretion, comment + pouvait être sûr que c'était bien Ie pierre sainte ct qu'elle n'avait pas « té changée, le docteur répondit : Nous evons un signe cerin pour <a reconnaitre; exe # on la jeiie dans lezu, elle y sumage; el l'ex « périence confirma sur-le.champ son assertion, +


(23) On lit dans le Siret er-rvçoat, qu'un roi de T'Yemen nommé Tib- Ban Açad Abou-Carb fut le premier qui couvrit la Caaba d'une éoffe. I La revétit d'abord de l'éoffe grossière nommée Ahassgf. Averti on songe de La revêtir d’une étoffe plus belle, il y employa celle qu'on nomme moafirs et enfin, sur un nouvel avis quiAui fat douné pareillement en songe, il la revétit de ces étoffes rayées de J'Yemen qu'on none mola et maçai. {Voyez le Mme. de M. de Sacy sur l'ancienne histoire des Arabes, À. des Inse. L XLVII, p. 655, el le Sirat, Ê. 4 v.) Avant l'Isamisme y avait deux couvertures, l'une pour 'éé, l'autre pour l'hiver. Maine Lenant ce voile que Yon uomme £esoue, es renouvelé seulement tous Les ans, au temps du pêlerinage. I] est en soie noire, et aux deux tiers de sa hauteur des prières hrodées en or forment une bande d'inseriptiens qui F'entourent. (Voyez Burckhardt, L.1, p. 186}

(24) Par solte expression : vers la race noire et vers le ruco rouge, Les Arabes veulent exprimer Ja tolalité des bowmmes qu enistent à la sur- face de la terre. Rs se comprennent eux-mêmes saus le nom de race noire et désignent sous le nom de race rouge les habitants dés pays plus septentrionaux. (Voyez Gagnier, p. 14, el Reiske, vol. I, adnof. p. 10)

(25) Le mont Harra. On Lit dans l’inéraire de Constantinople à la Mecque, extrait de l’ouvrage ture intitulé Kite menassié el-hadÿ, dont la traduction, par M. Bianchi, à &té insérée dans les Mémoires de a Société" de géograplrie : » Les collines sacrées que renforme le territoire de la « Mecque sont les suivantes : Djebel-Abi Koubeis, Djebel-Harra, Djebet- « Thour, DjebeThebir, Djebel-Khandemè. » Voici ce qu’on lit dans le Meracid el-Htila p. 189 : حرا جبل من جبال مكة على ثلثة أميال « Harra est av nombre des collines de la Mecque dont elle est dloignée de trois milles. »

(26) Cette nuit est appelée dans le Coran da nuit el-Kadr, et’elle sert de titre à la g7° sourate. Zamakhschari dit de cette muit célébre +

« On rapporte que dans la nuit el-Kadr le Coran fui apporté out entier de la table gardéo jusque dans de ciel le plus rapproché de la « terre, Gabriel le dicta ensuite (par frogments) à Mahomet dans T’espace « de vingt-trois ans. El-Schabi explique les parules da Coran : Nous avons fait descendre le Coran dans la nuit el-Kadr par : Nous avons commencé à « fire descendre le Coran dans Le nuit el Kadr. On n’est pas d’äccord surl’épo- r que précise de cette nuit : mais cependant le plus grand nombre la place « dans Le mois de ramadhan, quelqueruns dans les dix dernières mis, et « beaucoup même se décident pour la septiôme de ces dix dernières. «  {Gagoier, p. 15}. La nuit el-Kade est l’une des sept nuits regardées par les Musulmans comme les plus saintes de l’année : celle-ci même surpasse toutes les antres comme étant spécialement consacrée à des mystères ineffables. On la célèbre le a7 de ramadhan. (ayez sur ce sujet d’Ohsson, vol. I, p. 375 et suiv.)

(27) Cet ouvrage a pour auteur Abon-Abdallah Mohammed ben-ls- maïl e-Djofi, commu sous le nome Bokhari, éceivain du 1 siècle de T’hégire. 1 composa sou livre à la Mecque, ct il y dit Iuimême qu’il a choisi dans les traditions relatives à Mahomet les sept mille deux cen Vingt-ior qui Jui ont para les plus authentiques parmi jes deux cent assemblées d’abord. Lo soin qu’il metait à de plus avéré parmi les faits qui parvennient à sa connaissance, a valu à son livre le titre de Sahih ou de Sincère. (Voyez d’Herbilot, au mot Bokkari)

(28) Asiia : il en est fail mention dans le ii° verset de la 66° sourate. « Dieu donne pour modèle aux croyants la femme de Pharaon, lors-qu’elle s’écriait : O mon Dieu, élève pour moi une demeure auprès de a toi dans Le paradis, délivre-moi de Pharaon et de ses œuvres, sauve-moi des mains des méchants. »


(29) Abou-Bekr-Siddik ou le Véridique était né à la Mecque quelques années après Mahomet ; il était ils d’Abou-Kohafs, fils d’Amer, de le postérité de Taim, fils de Morra. D’après Kodhaï son premier nom avait été Abd-el-Caaba, qu’il changea ensuite pour celui d’Abdellah lors- qu’il embrasse l’islamisme. IL prit le nom d’Abou-Beke ou père de ta vierge, lorsque Mahomet épouse sa file Aïescha : on le sumomma le Véridique lorsqu’il eut confié de la manière Ja plus formelle le récit que fisait Mahomet de son voyage au Septième ciel, nécit que ses com- pagnons avaient reçu avec une grande inerédulité.

(30) Ce trait est cité dans Le Kitab anba Noudjaba el Ebne, et on y lit : شدّ ما سحركم. avec cette explication : أي ما أشدّ سحره عليكم هذا من كلام العرب « C’est-dire, combien est puissent l’énchantement dont “il a usé à votre égard ; éette manière de parler ést une locution des + Arabes. »

(31) Ham, fils d’Abdel-Motulib, était frère d’Abdallah, père de Mahomet, et, par conséquent, oncle du prophète

On it dans les Erorrpta x Aboolfedé publiés par M. de Sacy à Ja suite da Sprcimer Historie Arabum de Poe. page ga, édit. do 1806 : + Abd-el-Mottalib eut pour &ls Abdallah, Hama, Abbas, Abou-Talch,

  • Abou-Lakub, Gheïdak, qu’on prétend être le même que Djahl que

« uous allons nommer tout à l’heure, Harith, Djsb}, Mokawwem, Dhar- var, Zobéir, Koïhamt, qui wiourat enfant sons laisser de postérilé, ct + Abd-cl-Canba que quelques-uns confondent avec Mokawwer, »

Humrs, bien qu’il fôt l’oncle de Mahomet, était à peu près de son âge et fut nourri du même lait.

Abd-el-Motalih avait en autre sîx filles dont voici Les soms d’aprés le Sirat ersreçoa, fl. 16 v. : Safÿè, Orom-Llakio el-Bañdhs, Berra, Aroua, Omaima, Atikè.

(32) Omar se nommait d’après Kodaï, Abou-Hals Omar, fils de Khattab, fils de Nofail, des Benou-Ada, fils de Caab, fils de Loway. Il était né à la Mecque, et dans son enfance avait été employé à garder les chameaux de son père qui le traitait avec une extrême sévérité lorsqu’il manquait en quelque chose à son devoir. (Voyez Annal. Mosl., t. I, page 252.)

On lit dans le Camous, au mot Farouk, séparateur, qu’Omar portait ce surnom parce que sa conversion à l’islamisme avait marqué la séparation entre la religion nouvelle et l’idolâtrie des anciens Arabes : en effet jusques-là, l’Islamisme, professé en secret par quelques prosélytes, n’avait point eu le retentissement qu’il acquit alors qu’Omar, homme très-influent par sa position et par son courage, se fut consacré tout entier à la propagation du nouveau culte auquel il venait de se soumettre. D’après Tabari, dont l’opinion est adoptée par Gagnier et d’Herbelot, le nom de Séparateur lui fut donné par Mahomet pour avoir coupé en deux d’un coup de sabre un Musulman qui refusait d’obéir à la sentence que le prophète venait de prononcer contre lui.

(33) Ce qui m’a décidé à lire El-Hikam, c’est un passage du manuscrit 615, f. 85 v : قيل سمّاة معـسره ابا للحکم والله سمّـاه ابا جهـل Sa famille l’avait nommé Abou’l-hikam (le père des maximes de sagesse). Dieu le nomme Abou-Djahl (le père de l’ignorance). Il se pourrait cependant qu’on dût lire Abou’l-hakem, et que للحکم El-Hakem fut le nom d’un fils aîné d’Abou-Djahl.

(34) Que n’obliges-tu plutôt ta sœur… On lit dans le Sirat er reçoul, fol. 53 : مانت فاطمة بنت الخطاب قد أسلمت واسلم زوجها سعيد بن زيد……وكان خبّاب بن الأرتّ يختلف إلى فاطمة يقريها القرآن « Fatima, fille de Khallab, avait embrassé l’islamisme ainsi que son mari Saïd, fils de Zéid… et Khabbab, fils d’El-Aratt, se rendait souvent près d’elle pour lui faire réciter Le Coran. »

On voit par ce passage que Reiske s’est trompé en prenant Khabbab pour Le mari de Fatima.

(35) On sait qu’il existe plusieurs chapitres du Coran portant en tête des lettres initiales sur la signification desquelles les plus habiles interprêtes du Coran ont avoué leur ignorance. El-Thalebi, cité par Gagnier (p. 22), dit eu parlant de ces lettres : « Elles sont au nombre des choses «mystérieuses dont Du Irès-haut s'est résérvé la science; nous éroyons «qu'elles sont descendues du ciel el nous en hissons à Dieu l'interpré. «lation.» On peut voir dans Anthologie arabe de M. de Sacy on long fragment de Béidavi relatif à ces lettres, el dans lequel i rapporté plu sieurs opinions émises à ce sujet, La plus généralement adoptée c'est que ces monogrammes sont les noms des sourates en tête desquelles île se trouvent.


(36) Nadjaschi est Le titre que portait chez les anciens Arabes k sou verain de l'Abyssinie. (Voyez Ludolf dans son Histoire d'Éthiopi chap. 3.)

(37) Abou-Lahab, oncle du prophète, étai l'on de ses plus implacables ennemis. Djelel-eddin rapporte qu'an jour où Mahomet, appela son ancle à l'klemisme, menaçoit ses auditeurs de La vengeance céleste, Abou Laliub se leva, et lu dit : « Malleur à Lo estee ainsi que tu nous appelles à ta doctrine Ps Ce fu à celte oceasion, ajoute Djelal-eddin, que descendit La » »1' sourate entièrement dirigée contre Abou-Lahab et se femme Omm Djémil. (Gagnier, p. 27, el Coran, 1a1° sourate)


(38) Abdallah, fils d'Abbas, était cousin germain du prophètes rest l'un des personnages dont les traditions ont le plus d'authenticité. On dit qu'à l'âge de dix ans l'ange Gabriel lui était appara ei l'avait jnstruit des mystères du Coran , en sorte qu'on l'avait sarmormmé Terdjouman <l-Couran, l'interprète du Cara {Gageier, p. 18). Les’six auteurs des traditions les plus svérées sont Aïescha, fille d'Abou-Bekr, et femme du prophète; Abou-Horaira, qui vécut avec le prophète dans I plus grande intimité; Abdeilah, $ls d'Abbas; Abou-Ablerrahroan, Bls d'Omars Djaber, fs d'Abdaliab; ei Anas, fils de Malik, Mohammed ben-Mosin Zokri eut de premier qui éerisit un recueil de traditions. Il mourut l'an de l'hégire va4. (D'Herbelot, articles Haditk el Zohuri.}

(39) Taïef, ville du Hedjaz, située environ à soixante-donse milles de la Mecque vers lorient, hors du Bcledel-Haram. C'est, d'après Abou‘. ide, une petite vile jouissent d'un air salubre el d'un sol fertile, an nord de quelle s'élève le mont Ghazouan , la plus froide de toutes les montagnes du Hedjaz. Maintenant encore la ville de Taïef fournit à Ja Mecque une grande partie des provisions nécessaires aux nombreux . pélerins qu s'y rencontrent, (Voyez les Voyages de Bankhard, LL, p. ga et sir.) On it dans le Meraçid-el File, p. 419: e Cetle ville s'appelait autre Rois Ouch, on Ja nomma Faiof après qu'elle eut dé entourée de murs. »

(40) Le tente de Reiske ainsi que celui de Gagnier sont évidomment fantifs en ent endroit. Le rat er-rçout, 1 68 v. porte : «À ga dt dat db 66 À gl gl RS 3 di ph me due di QU 35 le « A qui ponrraistu vouleir que je m'adressnase? Sera-ce à 1 des étrangers qui me feront manvais visage, ou à des ennemis auxqnels

+ ln a8 domué Is puissance sur moi? Si in n'as pas contre moi de colère,

  1. que m'importe Le reste!

(41) Lat el Oxa, d'après l'opinion la plus généralement répandue, éient deux idoles adordes par les anciens Arabes, Axraki eité par Bur Khardt, p. 220, dit que Lai était un rocher, et Ozza un dattier. (Voyez à ce propos Îes noles du Spre. hist Arab. de Pococke, p.99 et sur} I n'est peutêtre pas inutile toutefois d'observer que d'après le Siret r-reçoul, Lat et Oexn semblersieoL être des noms de lemples et non d'idoles. On Jit dans cet ouvrage, fol. 13 : كانت العرب قد اتخذت مع الكعبة طواغيت وهي بيوت يعظمونها كتعظهميم الكعبة ولها سدنة وحجاب وتهدي لها كما تهدي للكعبة وتطوف بها كطوافها بها وتنحر عندها وهي تعرف فضل الكعبة عليه لأنها بيت إبراهيم ومسجده فكانت لقريش ولبني كنانة العزى بنخلة وكان سدنتها وحجابها بني شيبان من سلم حلفاء بني هاشم......وكانت اللات لثقيف بالطايف وكان سدنتها وحجابها بني معتب بنثقيف « Les Arabes aveient outre la Caaba, des laghont, c'est-hadire des lemples qu'ils révéraient comme la Caaba, et qui étaient desservis par des ministres et des gardiens. Us y faisaient des offrandes de même que dans Ja Canba, rcomplissaient antour les tournées saintes, y condisaient des victimes et les immolaïent. Toutefois ils reconnei la supériorité de la Caaba snr ces temples, puisqu'elle étail 1 maison d'Abraham, el son oraloire. Les Koreischites et les Benon-Kenona avaient à Nakhla le temple d'Oua, dont les ministres el les gardiens apportensient à la tribu des Benou- Schaïban ben-Solaï, alliés des Benou-Haschem..… Les Bonou-Thakif avaient le Femple de Lot à Taief, et il était doservt par Les Benon. Mostib ben-Thakif » De même on lit dans l’extrait d’Aboulfaradj, pu- lié par Pococke, (Spec. hèrt. Arab. p. 4) : (كانت) ثقيف (تعبد) بيتًا بأعلا نخلة يقال له : اللات

« Les Benou Thakif dossorvaient un temple

« dens Le Haut de Nakbla, qu’is appelaient elLat. »

(42) On appelle ainsi les premiers habitants de Médine qui embrassè rent l’islamisme. Le verbe nagara voulant dire aider, où nomma Ans riens ou aides du prophète les Médinois qui contribuèrent si puissam. ment à l’étcblissement de a nouvelle religion.

(43) El-Acaba est one colline au nord do la Mecque. Ce lieu élant deventt célèbre dans les fastes de l’Islamisme, on y éleva un temple.

E-Djouzi dit dans l’ouvrage où il décrit Je rites eL cérémonies du pè- lerinage : » La lreirième stalion est la mosquée d’el-Akaba où les Ansa- « riens prêtérent berment. s On Hit dans le Aferiçüet-Httila, p. 463 : « Ed- Akaba est une station sur le chemin de la Mecque ; on la Lrouve après Ouakissa, et avant el-Ka quand on se rend à la Mecque,

(44) Yathreb ou Médine : on la nomme encore Taïbah, dit Abou’Iféda qui ajoute qu’elle s’élève dans une plaine fertile en palmiers. Ahmed ben-louof, parlent du fondateur do celle ville, dit : « Les Amalécites « sont les premiers qui élewèrent Médine ol plantèrent de palmiers son territoire ; mais l’on dit aussi que le premier qui vint planter sa tente

sur le sol qu’elle occupe et qui lui donna son non, fut Yathreb, fils de « Kabia, fs de Mellal, fils d’Aram, fils de Sam, fl de No. » [Gagnier, p. 3.) On lit dans le Æitab-Menarrit-el. Hadj (page 14 :, tome ÎT des Mémoires de la Société de géagrephie) : « Parmi les quatrevinglquinsa « noms que porte Médine la resplendissante, voici ceux sous lesquels celle est le plus généralement désignée : Iathreb, Taïbah, Meskeneh. « Habreh, Makboubeh, Djineh, Merhoumeh, Mahboureh, Ardhoullah « Dar-elHidjeeh, Darelislans. Elle est située sur un terrain uni, dans le ciroisième climat, au nord du mont Ohod et à l’orient de la ontagne Thobir. » Voyez pour la description de Médine telle qu’elle est anjour- d’imi les Voyages de Barefkardt, L 11, p. 46 et suiv. La longitude de cette ville a été fixée par M. Jomard (Noes géographiques sur F’Arebie centrale, p. 26) à environ 37° 43°, eLà 1° 36° à l’est d’Yanbo, Le même savant donne 25° 13° pour sa latitude approximative.

(45) Le père commun des Hemou-Aws &t les Benou Khazrad était ele And, fils de Colon, ls de Saba, ils de Vascbhob, fils de Yarob, fils de Kahlan, fls d’Aber. Voici au sujet de ces tribus et des tribus juives, dont notre anteur parle plus bus, ce qu’il dit dans’In première partie de son histoire en avertissant qu’A emprunte ces détail à l’auteur du Kitat- el-Aghani + « Moïse, conduisant les Jsraélites vers Ia lee promise, cenvoya une armée contre les Amaléciles qui habitaient Yathreb,

  1. Khaïbar et d’autres villes du Heljaz, ordonnant aux soldats de ne pas

ascconder la vie à un seul ennemi. Les Aunélécites furent vaineus, les + Juifs Les mirent À mort, ils épargnèrent sonlement le ls du roi qu’ils <ramenêrent avec eux en Syrie. À our retour Moïse élaît mort ; mais les sautres Esraélites Jeur dirent : « Vous vous êtes montrés rebelles aux nordres que vous aviez rèçus, en conséquence nous ne vous récevrons « pas parmi nous. » En entendant cef arrêt, Ï tiorent conseil e diront + « Retournons vers le pays que mons arons soumis par nos armes el dont « nous avons détruit tous les habitants. « En effet is revinrent à Yathreb, « à Khaïbar et das les outres villes du Hedjoz qu’ils occupèrent jusqu’à “l’époque où les BenorAws et les Benou-Khazrad, forcés de sortir de « 1 Yemen per Je rupture dela digue, vinrent se fxer parmi eux. » {Voyez mmanuserit 615, Jo. 71 v. : el Spee. Hi. Arab. apendie, par M. de Socy, pog 466)

(46) L’ascension nocturne est mentionnée dans la 17° sourate du Coran dont elle ferme le titre. Le rieit de ce voyage « été interealé par Gagnier dans le texte qu’il a publié de la Fie de Mahomet par Abou. ide, Voyez à ce aujet les Afomuments arabes, tarer et persnns de vabinet de M. lé due de Blacar, par M. Meéinaud, & H, p. 83 à 88 : ct le récit em prunté à Bokari par Gagaier, p. 33 et suix. “

(47) Le lots de le limile çg—adi Sd sl mentionné dans Le Coran (14° verset de la 54° sourate). Djclaleddin dit à ce propos : AG qe Mel Lost Vpn ee qe GE En 3-24 3 r Le sidrat est un lotos qui s’élève à Ia droite du. trône ni Les Langes ni aucun autre être ne peuvent s’avancer au delà » (Voyez Gagnier, page 37.)

(48) Le serment des femmes se lrouve dans le Coran, sourate Go, verset. 22 à <O prophète, si des Femmes fidèlesent à loi et qu’elles te jurent de n'adorer qu'un seul Dieu , de ne point dérober, de ne point commettre le péché de fornication, de ne point donner la mort à leurs enfants, de ne point forger de mensonges et de ne point te désobéir en en de ce qui est juste , accorde-leur ta foi, prie Dieu en leur faveur, est indulgent et miséricordieux, » Voyez à ce sujet le moi بيعة dans Ja Chrestomathie arabe de M. de Sacy 1. IL, p. 258.

(49) Mettre à mort les fes en les enterrant toutes vives ao moment. de leur noissence élail un crime commun, avant l'Ilamisme, chez les Arabes pauvres ot chargés d'une nombreuse famille. Mahomet leur dit dus le Coran, sourale 6, verset 111 : «Ne lues pas vos enfants par «arainte dela pauvreté, nous vous donnerons de la nourriture pour vous «et pour eux.» Un passage que M. Caussin de Percevat a extrait du Kital-el.Aghani [L. IV, fol. 224), et qu'il a placé dans sa Notice sur les anciens poêles arabes, insérée dens Le Nouveau Journal Asiatique, donne à ce sujet des détails intéressants. (Voyez cahier de juin 1834}

(50) On appelle Aiam-elTaschrik أيام التشريق les trois jours qui suivent la célébration du pélerinage.

(51) Si vous devez être fidèle aux promesses que vous lui faites..... Le sens de cette phrase est plus clairement exprimé dans le Sirat er-reçoul; on y lit, fol. 73: فإن كنتم ترون أنكم وافون له بما دعوتموه إليه ومانعوه.

(52) Gagniee rapporte à ce sujet un fait curioux qu'il a empronté au Sirat ervréçoul, où il est raconté de la munière suivante (manuserit 629, fa 78}: :

Le prophèie dit aux Anssrigns : « Pnésenter-moi doute chefs d'entre evous qui aient autorité eur leues teibus.» Is Jui présontèrent aunsitét douxe chefs choisis parmi eux, neuf d'entre les Benou-Khazradÿ et trois entre les Benou-Aws. Coux d'entre les Bencu-Kbaradj étaient Ahou- Omama, fie de Zarara; Saad, fils de Rabi: Abdellah, fils de Rewaha Rabi, Six do Malek; el-Bera, ils de Marour; Abdallah, fils d'Omar, fs de Harom; Abhäda, fils de Sema; Saad, fils d'Abbada ; et el Mondher, fils d'Omar. Parmi les Bonou-Aus 11 y aval : Ogeid, Es de Hodbr Saad, is de Khaïthera; et Rela, fils d'Abd/el-Mondher, Abdallah, fils d'AbouBekr, m'a dit, continne Ebn-Ishak, que le prophète de Dien dit à ces chefs : « Vous serez les répondants de vos tribus ainsi que l’étaient en faveur de Jésus, fils de Marie, les apôtres ; moi je suis le répondant de tout mon peuple. » Hs répondirent : « Oui. »


(53) Le mot traduit ici par table دايرة, qui veut dire cercle. Cette expression est extrêmement juste ; car dans le manuscrit 615 de la Bibliothèque royale, ct dans celui rapporté par Schullz, Le chapitre suivant est renfermé dans un cercle dont le centre contient ces mots : الهجرة. De ce centre partent des rayons qui viennent aboutir à la circonférence et entre lesquels se trouvent inscrits les différents faits dont Abou’lféda à voulu établir l’ordre chronologique.

(54) Moulouk el-Tawaïf. On lit dans Mirkhond, lorsqu’à parle de la dynastie des Aschcaniens ou Arsacides, le passage suivant :

« Il convient de savoir que Les rois de la dynastie des Aschcaniens poratant aussi le nom de rois des provinces (Moulouk el Tawaïf}, La raison de cette dénomination est qu’Alexandre le Grec avait donné à chacun d’eux la souveraineté d’une province sans qu’ils payassent les uns aux autres aucune contribution où tribus. La souveraineté de ces provinces leur resta et passa d’eux à leurs enfants jusqu’au temps où s’éleva Ardeschir, fils de Babek. » (Voyez M. de Sacy, Mémoires de l’Académie des Inscriptions, t. XEVII, p. 543.)

(55) Eh consiquence ils s9 réanirent. Cette réunion des Koreischites eut lieu à la ruaison de ville appelée Daren-Vadouat. On lit à ce sujet dans Je Sirat er-repoul, fol. 82 + Qi can fs &s Es Aah is à age asser Les gayslass Lai #5 DA ai Vus eut Gt ANS Jus pal & « ls s’assembiérent dans Ja maison du conseil {e’était « la maison de Kossay, fils de Kelab, où les Koreischites décident toutes « leurs affaires) afin de prendre nn parli sur ce qu’ils devaient faire reta- « tement au prophète de Dieu. » On lt aussi dans le Sirat, fol. 18, que celte maison avait été construite par Kossay, et que la porte en donn dans le temple de a Caaba. (Voyez, sur Kossay et le Dar-en-Nadouat, No. dices et Extraits des manwcritr de le Bibliothèque royale, t. IV, p. 330.)

(56) La surate ya rin, la trenle-sixième da Cora, est l’une des vingt neuf qui portent pour titre ces lettres mystérieuses dont nous avons parlé dans la note 35.

(57) Le manaserit dont se servait Reïske el celui qui est inserit à la Bbliolhèque du Roi sous le n° 615, portent tons deux Ja leçon 35. C'est certainement une transposition de points et une faute de copis on lit tréselrirement dans le manuscrit n° 101, regardé comme auto- graphe, ei dans le Sirat enreçoul : 29% 6 di, vers une cavwrne qui se trouve dans le montagne de Thour. Cette ‘dernière leçon est entièrement conforme à la Géographie d'Abou'féda, dans Isquelle on Et : « ELGhar

  1. )U, caverne dans laquelle le prophète. fuyant de la Mecque vers Mé-

<iline, se réfugis avec Abou-Bebr. Elle est située dans la montagne de <Thour 353, placée au midi de Ja Mecque.» Essohaili, cité par Gagnier, p. 51, dit que cello motagne est sitaée à l'occident de la Moeque. Cette dernière version semblerait plus en rapport avec le passage sni- vant emprunté au Sirat : « Onnar, fils de Fohaira, les accompagnait dans «leur file et lenr servait de guide 3 prit la ronte de la mer,» Cepen- ‘dant Burckhardt confirme complétement le témoignage d'Abou'féda, et dit: « À peu près à une heure et demie de marche au sm de la Mecque «ét au sud du chemin du village de Hosseini®, s'élève le Djebel Thor; «sur son sommet à y a une caverne où Mahomet et Abou-Bekr se réfu- » gièrent pour échapper aux Mekkaouis. » (Voyez Burelhard, tome 1, page 237)

Carvini {deusièmo climat , art, MeLè) perle eussi de la montagne de Thour, et dit que la caverne où.se réfugia Mobammed avec Abou-Bckr, était dans cette montagne.

(58) Los Musulmans font valoir ce fait parmi Îes preuves qu'ils don. ment do l'esprit prophétique qui avañt été accordé à Mahomet. En eflel, quime ans après l'hégire, lorsqu'Omar eut remporté sur Yesdedjerd, dernier roi des Perses , une victoire complète, on lui apporta parmi le butin Les bracelets dl roi fagitif Omar ayant hit appeler Sorsea qui était alors bon Musulman, le fl revêtir de cette parure, (Voyez Gagnier, page 5.)

(59) Goba est, d'après Aboulféda, un bourg situé à deux milles de Médine (voyez Rommeï, p. 74). D'après Borckhardt, 51 est placé au sud le celte ville à une distance d'environ rois quarts d'heure de marche. C'est de canton le plus fertile du Hedjaz septentriensl, Les citronniers, les orangers, les grenadiers, les bananiers, les vignes, les péchors, les figniers sont plantés au mieu des dattiers et forment des hocages touFus. Au milieu de ces vergers s'élève la mosquée bâtie par ke prophète, nommée par Abou'lféda مسجد التقوى, et par le Kitab-Manassik-el-Hadj (p. 147) : قبّة الاسلام «la voûte de l'Islamisme. » On Hit dans Je Merucid. elite (p. 5og}, que Koba est, & proprement parler, le nom d'un puis silué en cet endroit, et près duquel &ait fixée la faille Ansarieune des Benou-Oinar ben-Aouf. :

(60) Voyez le Coran, sourate g, verset a 10.

(61) Le mot Mirbed désigne en arabe l'emplacement où Les cha- eaux passent la nuit.

(62) Mohadjériens : du verbe hadjara fuir, On appelle ainsi les Mec- quois qui avaient accompagné Mahomet dans sa fuite.

(63) Dans les premiers temps de sa mission, Mahomet n'avait point indiqué de Hieu particulier vers lequel on dût +6 lourner pour faire la prière, inais H avait dit : « Dieu est l'orient et l'occident; partout où les “hommes se tourneront, Là sera la fèce de Dieu, var est partout et «rien ne lui échappe.» Après l'ascension nocturne il indique le temple de Jérusalem où if avait prié avec les saints ct les prophèles, espérant d'ailleurs que cette préférence en fsveur d'un fien si cher aux Juifs les améneraït à Jui. Lorsqu'il s'aperut que se concession ne servait qu'à donner gecssion aux Juifs de placer le temple de Salomon bien au. dessus de la Canba, il changea encore el fit descendre du ciel le 146* verset de la 2° sourate : « Tourne ta face vers la mosquée sainte. Partout «où vous serez, tournez votre face vers elle. » [Gagnier, p. 54.)

(64) Cette injonction : Tu des cinq préceptes fondamentaux de la religion musulmane, fit donner au mois de ramadhan le nom de >eà all, mois de patience ou d'abstinence, à eause des privations ordob< nées pendant sa durée relativement à la nourriture , à la boisson et anx femmes, Voyez, au sujet de ce mois.et des antres mois de l'année arabe, les Notes du Spécimen Historia Arcbum, par Pocbcke, p. 181, édilion de 1806

(65) Ce mode d'appel à ln prière, s'était eclui de La voix bunaiue Tandis qu'incetaiu du moyen qu'A emploierait, Mahomet hésilait s'il valait mieux se servir de la trompette des Juifs que de la croccle des Ekréliens, Abdallah reçut du cie la formule qui consiste en ces paroles : Dieu est grand, Die est grand, il n'y « pas d'autre Dieu que Dieu, Mohammed est le prophète de Dieu ; venez à le prière, veuez au salu ; Dien est grand, 1 n'y a pas d'autre Dieu que Dieu.»

(66) Safra. On Hit dans Je Sirat : « Le prophète do Dieu prit la route «qui de Médine conduit à la Mecque, et parvint à Salra, bourg situé <entre deux montagnes, »

On lit dans le Kitab-Menawit-cl- Hadj, p. 150 : «liomra, Safra el Hos- saciniè forment Je vallée appelée Haler, habitée par les ElZeban. Ces «wois villages sont remplis de jardins ei de plantations de palmiers. «Obïda, fs de Uarith, fs d'Abd-Moltalib, ayant lé rapporté «blessé du combat de Bedr dans la mosquée qui est à Safra, y mourut set y lot enterré.

D'après Édrisi, Quadil-Safra serait un petit port de la mer Rouge silué au-dessus de El Djar qui, d'après Édrisi et Yakouli, servait autre: Lois de port à Médine, el que Bochart {Geng. sac. lb. 1v, cap. 2) et Asse. maui (L HT, p. 3) ont voulu identifier avec la ville nommée Âyye par Piolemée, et"Eypa par Étienne de Dysance. Safra, d'après Burekhardi, est on viBege situé dans la vallée du même none sur La route de Médine à la Mecque, à environ Irois journées au sud-ouest de Médine : celle place serl de marché aux tribus voisines. Les maisons sont béties sur Ja pente de La monlagne ot dans la vallée qui est étroite, laissant à poine ua espace suifisant pour les bocnges de daftiers qui les bordent des deux côtés. (Voyez Burcklherdt, LIL, p. 14 et suis.) On fi dans le Meracid-ol Htile, p. 403 : Quad) Safra qui dépend de Médinc, est une vallée fortile située sur Ja route des pélerins, à une journée de Dedr, Plusieurs sources y versent leurs eaux qui prennent our cours vors Ianbo.

(67) Bar. On dit dans Je Kiteb-Menausik-elHadj, page 151 : «Bedr, » surnonmé Beür-et Kital, doit son nom à une personno ainsi nommée «qui ÿ creusa un pnits, Cest ici que Jes caravanes des pélerins de Syrie «et d'Égypte se rencontrent; l'endroit où se livra le combat de l'isla. - misme se nomme Ghalib (le victerieux}. Cet emplacement est mainte- <nantnne plantation de palmiers dans laquelle se trouvent deux étangs et eune colline de sable de la plus grande blancheur. Au milieu des pal- «miers s'élève une mosquée appelée Mesdjed-elGhoumare [la mosquée des nuages on Ja dislingue aussi sous le nom de Mesdijed el Arisch (la «mosquée de la cabane). Voyez encore sur Bee, Esverpta ex Jakato ap- Gag. pag. 52: et Büsching, p. 628. On lit dans le Aferaeid-et-Jitila, 1 83 + Bedr est un peut lac entre la Mecque et Médine, au-dessous de la vallée de Safra. Entre Bede et el Djar qui se trouve eur Je rivage même de la mers y a one nuit de chemin,

(68) Malgré l'avis de Reîsle, qui pense que le mot yôays doit être rendu par modicur solier, ou saggestelam , il es beaucoup plus probable qu'on doit le tradnire par exhare. On dit dans Le Sénat erreçoul, fa 141

DT (ape ob de palé See je dues pénal 8 AN Jens

ANT Jones gp Dai qe ds & ut gpie AN Jon sai «Le prophle de Dieu élait dans uno cabane, of à le porte de cette «cabane se tenait Saad, fils de Moadk, ceint de son épée et gardant Je «prophète à la tôle d'une troupe d'Ansariens,»

(69) Ce fut, dit Gagnier, p. Bo, pendant Les trois jours passés à Bede après la batslle, que se ît le partage du butin. De grandes diseussions 'élant élevées à ce sujet, Mehomet ft descendre du ciel le verset sul. vant afin qu'il servit de règle dans 1a suite lorsqu'il y aurait des dé pouilles À se partager : eSouvenersous que vous devez la cinquième «part du butin à Dieu, eu prophèle, à ses parents, aux orphelins, aux «pauvres et aux voyageurs: si vous croyes en Dieu et en ce que nous cavons révélé à notre servitour, au jour de la distinction, lorsque les r doux armées en sont venues aux mains. » Coran, B' sourate, 41° verset.

(70) On lit dans M. Reinaud {Traité général des pisrres gravées, t. 1, p.53) que le Nadhe, dont il est question ici, avait habité longlennps la Perse, où à s'était instruit à fond des plus anciennes traditions du pays. Cest là ce qui rendait son autorité si redoutable à Mahomet lorsqu'i l'accusait, ainsi que Je dit Abow'lfèda, de ne débiter que des rêverios inventées par les anciens,

(71) Rokaïa était la Woisième fille que Mahomet avait eue de Ka. didja. Elle arait épousé d'abord Otbo, fs d'Abou-Lahab, qui la répudia. et ensuite élle fut mariée à Oihman qu'elle accompagoa dans sa fuite en Abyssinie, puis dans son retour à Médine. Elle en eut un fils uommé Abdallah qui mourut, à six ans, d’une blessure que lui fهt un coq qui, d’un coup de bec, lui avait crevé l’œil, (Gagnier, p. 61.)

(72) Les Benou-Kainoka, d’après Ebn-lshak, rompirent le pacte conclu avec le prophète par suite des outrages dont l’un d’eux s’était remis coupable envers une femume arabe qui vendait du lait dans leur marché ; un Musulman prenant la défense de la femme insultée, tua l’agresseur ; et une rixe violente s’étant élevée entres Les deux partis, plusieurs Musulmans succombèrent. C’est pour les venger que Mahomet fit l’expédition dont nous parle Abou’lféda. (Gagnier, loc. laud ; Sirat er-reçoul, fol. 141 v.) ’

(73) On lit dans le Merased el-Ittilâ «Oraïdh, prononcé come le diminutif d’Ardh, est une vallée du teretoire de Médine, » (Merased el-Ittilâ. fol, p. 447)

(74) Voyez, sur Les causes du combat de Dhou-kar, Îe récil’fait par Abou’Héda à la fn du 1° chapitre de son Histoire générale, iuséré par AN Silesire de Suey dans les Erepre ex Ajoulfoda de Rebas Arab ante Mohammedem, joints an Sposinen Hist. Arab. de Pococke, page 481 On He dans le Meraçid cfa, page 507 : « Dhon-Ker est un petit Lac « sur de terriloire des Benou-Bekr ben-Ouail ; H est siiué proche de Coufa, seutre celle ville el Wacil. » cebte dernière ville est bâtie sur les borda du Tigre à environ 6 journées de Koufa, [Voyez Édrisi publié par M. Jau- bent, p. 367.)

(75) Celle action de couper les oreïlles à sa chamelle était, de Ja part . un hommage rendu aux morts au nom desquels il donneit La iberté à Ja chaunelle qu’il venait de trailer ainsi. En effet, l’aniroal an quel on coupait les orcilles étnil par eela même rendu à da liberté la plus entière : il pouvait à son gré errer dans Les pâturages, on ne lui imposait aucun service, on ne pouvait plus le mettre à mort, ni même se nourrir de son lait. {Voyez nn. Mosom. aénolationes hit., lom. 1, pag 19.)

(76) Les vers cités dans Le texte arabe sont du mètre Ja.

(77) Caab, habitant de Médine, était un ennewi implacable de Ma- Lomet. Dès qu'il eut appris quel avait été le résultat du combat de Bede, il se rendit à la Mecque pour exhorter les Koreïschites à la vengeance, et leur rétile des vers qu'il avait composés en l'honneur des infidèles , morts sur de chap de bataille. Revenu à Médine, il se mit de même à des réciter au peuple, cherchant à l'exciter contre le prophète; mais Ma- homet craignant les elfets de sa haine , le frappa de proscripion, et fut ais à mort, {Voyez da Vie de Mohammed éditée par Gaguier, p. 44.)

(78) Dhow-floleifa, nommé aussi dans le KitabMfenassik ‘e-Ha, Hassa et Ali Couyoussi (le puits d'Ak), est un villoge entouré d'arhres et de jardins, silué à deux heures de Médine sur la rouig de la Mecque. C'est là que ceux des pèlerins qui suivent le rite de T'imam Schafli, revè tent l'Ibram pour se conformer à l'usage qui fut, ditan , consacré par le prophète. (Voyez Ki. Men. ctladj, p. 148. On lit dans le Mferaçid el. File, p, 204 : Dhou-Hlolaifi est un bourg distant de six où sept milles de Médine, et c'est à le Mycai des habitants de cetle ville. {Voyez sur le sens du mot Mycat, d'Obsson, L. UE, p. 63.)

(79) Le mont Ohod est ainsi nommé d'après Djennabi et le Kitai-Me- rasik el-Hadj, parce qu'à est isolé de toute autre montigné dans la plaine de Médine. dont une distance de six mille pas seulement le sé- pare. On voit la tombe de Hana au bas de le montagne: elle est en. tourée de banes dus à des fondations pieuses, el où les visitants peuvent se reposer nuit et jour. (Voyez Je Kitab.Menasif el. Had, p. 140.) Abou da place cette montagne célèbre au nor de Médine. «Au nord, ditit, «se trouve Je mont Obod, au midi le mont Aïe» {Voyez Remmel arab. De, p.74)

(80) I paraît, d'après le texte d'Abou'Hféda, que le prophète ne perdit qu'une seule dent. Celles qui sont gardées à Constantinople seraient done de frumses reliques. Ou Hit dans d'Ohaton : « Sous Le nom de Sin Scherif + où dents sacrées, on conserve encore à Constantinople deux des dents «que le prophète perdit à Ohod ; l'une est gardée au sérail, et J'autre «dans ls chapelle sépulcrale de Mobaramed IT, où on f'expose à In véné. » ration du publie pendant La nuit appelée Leïler #l-Cadr, le a7 du moïs “de ramadhan. (Voyes Mourndjha d'Ohsson, £. TE, p. 895, el Histoire des Ottomans , par Demetrius Cantemir, 1. L, p. 295.)

(81) Voyez le Coran, 3 sourale, vers. 128.

(82) Hobal était Ja principale des idoles adorées à la Mecque par les Arabes. (Voyez à ce sujel Pococke, Spee. His. Arub., p. 97, 98, 99, +00.) Armrou, fs de Lokay, Mis de Haeitb, roï du Hedja, voyageant en Syrie, rencontra des hommes qui sdoraient des idoles. Leur ayant demandé ce que c’était que ces idoles, is lui répondirent : « Co sant des dieux que « nous avons faits à’image des étoiles et des hommes. Nous leur demanda « dons du secours, et nous en oblenons : nous en implorons de la pluie, « etils nous en donnent. » Amrou rempli d’étonnement Leur demanda une de ces ideles, et fs Jui donnèrent Hobal qu’il rapporta à la Mecque, et qu’il plaça sur ls Caaba, (Voyez Ecerpla en Alouéda, par M. de Say, p. 448.) Le même récitse trouve également dans Le Sirat er-reçoul Go 19 9).

(83) Abou-Hlanifa s’appelait Noman, fils de Thabet ; on l’a surnommé Jnam Azkan, ou le grand Imam. Il est né l’an 80 de l’hégire sous le khalifat d’Abd el-Mekik. C’est l’an des quatre imams qui ont fondé les rites orthodoxes de la foi musulmane. Comme 1 état l’an des partisans les lus zélés de la maison d’Al, le Lhalife Abdallah I {el Mançour) le Bt empoñsouner à Baghdad, où it mourut Tan de l’hégire 150. (Voyez &Ohsson, LL, pat)

(84) Schefey est te second des quatre imams orthodoxes. Son nom entier est Mohammed fils d’Otliman, fils de Schaley. Il naquit à Ghaza, en Syrie, l’année de la mort d’Abonianifa, et movrat en Égyple l’en 204, sous le khalifat d’elMamoun, Les deux autres imams fondateurs des rites orthodoxes, sont Malek. fils d’Anas. et Ahmed, fils de Haubal. {Voyez d’Ohsson, à L, p. 14 el euiv)

(85) » Les tritus d’Adhal ct de Cara. » On li à ce sujet dans Le Sirat errsoel, 166 : RES çù exil ur Us NE ele qi JE RSsôs çyt « Ebn Hescham dit que les tribus d’Adhal et de Cara saut « issues de Houn, fils de Khosima, ls de Modreka. +

(86) Cet Abou-Bera Amer ben-Molck était lan des premiers guer ries de son temps. Le ro Nouan, file de Mondber, nyaut envoyé aux tribus arabes quatre lances destinées aux plus guerriers, Amer, fils de Malek, en prit une ; Selma, fils de ’Fareka, en prit une autre ; Enes, fils de Modreck, et Amrou, fils de Maadi Kerb, eurent la troi- sième et la quatrième. Extrait, par M. Caussin de Perceval, du Kitab el- Aghani, 1. II, f. 175, et inséré dans sa Notice sur les anciens poèles arabes, Nouveau Journal asiatique, avril 1834. On surnommait Amer. Molaib el-Aciuna, ou celui qui joute contre les lances, parce que le poéte Aws, fils de Hadjar, a dit à son sujel : Amor a jouté contre les pointes des lances, tandis que la ligne entière de l’escadron avait été enfoncée, et avait cédé à leur violence. (Voyez M. Silvestre de Sacy. Notice sur le poête Lebid.)

(87) Le Nedjd, grande province montagneuse qui forme l’Arabie centrale, excité, dit Abou’lféda, une grande controverse parmi les geographes Arabes ; la plupart, ajoute-t-il, conviennent que c’est le nom d’une contrée qui sépare l’Yemen du Tehama, et l’Irac de la Syrie. Suivant Ebn-Haukal tout l’espace compris entre l’Yemama el envi- rons de Médine, puis entre Basra et Bahrein, fait partie du Nedjd. Dans la géographie turque connue sous le nom de Djihan-Nouma, l’Arabie est divisée en douze parties : le Nedjd de l’Yemen est la troi- sième, le Nedjd du Hedjaz la dixième, Ce dernier comprend le Nedjd- A’àridh, vaste pays traversé par la montagne connue sous le nom de Djebel-el-A’uridh, aujourd’hui Imarieh, qui commence à trois jours de la Mecque, et qui n’a que deux passages, à Ainieh et Derriiel. D’après Niebuhr (Description de l’Arabie, t. Il. p. 202) ce grand pays s’étend depuis l’Irak d’Arabie à l’occident, jusqu’au Hedjaz, et depuis le nord de I’Yemen jusqu’au désert de Syrie. (Voyez la Notice géographique sur le pays do Nedjd ou Arabie centrale, par M. Jomard.)

(88) On lit dans le Sirat er-reçoul, fol. 169 : all the top Bir Maouna se trouve sur le territoire des Benou-Soulaim, entre la Mecque et Medine..


(89) Les Benou-Nodhair étaient Juifs et formaient, dit Djennabi, une tribu puissante, dont la forteresse n’était qu’à trois milles de Médine sur la route de la Mecque. Ce fut leur trahison qui porta le prophète à les-attaquer. Un jour qu’il s’était rendu chez eux avec une suite pou nombreuse, pour y traiter de quelque affaire, ils formuèrent le projet de le tuer en jetent sur lui des pierres du haut de la maison où il s’était arrêté. Le prophète instruit, par une révélation du ciel, de leur dessein perfide, sortit aussitôt el revint à Médine. (Voyez Gagnier, page 71.)

(90) Voyez, sur la défense du vin, la a' s., v. 31g, et la 3°, v. 99.

(91) On lit dans le Meracid el-Ittila: & .Rika avec un kerra est le pluriel de rokat (pièce, morceau). Dhal-er «Rika est un lieu qui fut, dit-on, appelé ainsi parce que, parvenus en ce lieu, les soldats dont les pieds avaient été déchirés par la marche, les enveloppèrent de chiffons, ou bien encore parce qu'ils y raccommo- dèrent leurs drapeaux. D'autres disent que Dhat-er-Rika est une mon- tagne dont les flancs ont des parties blanches, noires et rouges qui res-

  • semblent à des morceaux d'étoffes rapportés (Meraçid el-Ittila, p. 293)..

(92) Voyez le Corak, sourate 5, vers. 19.


(93) On lit dans le Kitab Menassik el-Hadj (p. 144) Une mosquée a été élevée à Médine sur le terrain où s'est livré le combat du fossé. Des minarets ont été construits pour indiquer la place où se tenaient le prophète et ses compagnons..

(94) Le nom entier de ce Djaber est Abou-Abdallah Djaber, Gils d'Abd-

(95) Voyez le Coran, sourate 3a, vers. g.


(96) D'après Édrisi la tribu juive des Benou-Koraizha aurait habité quelques-unes des forteresses de Khaibar. Dans les premiers temps de <l'Islamisme, dit ce géographe, Khaibar était la résidence des Benou- Koraizha et des Benou-Nodhair (Edrisi, climat 2, part. 5). Cela rendraiف difficile à croire que le prophète eût pu se trouver sur le territoire des Benou-Koraizha le soir même du jour où il était parti de Médine, car cette dernière ville est séparée de Khaibar par une distance de quatre à cinq journées. (Voyez sur Khaibar la note 106.)

(97) La prière de l'asr est l'une des cinq prières que chaque Musulman est obligé de faire dans les vingt-quatre heures. Le temps où l'on peut la faire commence dans l'après-midi au moment où l'aiguille du cadran solaire projette une ouibre du double de sa longueur, et finit au coucher du soleil. (Voyez sur les heures canoniques de la prière, Mou- radjha d'Ohsson, Code religieus, 1. II, p. 99.)

(98) Osfan on A'sfan dans le Hedjaz, est, d'après Abou'lleda, un lien de station qui se trouve sur la route des caravanes d'Égypte et de Syrie, entre la Mecque et Médine. On y trouve d'après Édrisi (climat II, p. 5), beaucoup de puits dont l'eau est douce, et sert à approvisionner les caravanes. On lit dans le Meracid el-Ittila: Osfan est un lieu où il y a de J'eau sur la route de Djoffah à la Mecque. D'autres disent : Oxfan est situé entre les deux mosquées (probablement entre la Mecque et Médine) à deux journées de la Mecque. On dit aussi qu'Osfan est un grand

  • bourg à 136 milles de la Mecque, et que c'est la limite du Tehama,


(99) Dhou-Kard est un petit lac à deux nuits de distance de Médine, entre cette ville el Khaibar. Mer. el-Itt. p.516.


(100)Les Benou-Mostalak descendent, d'après Abou'lféda, des Kho- zaites, dont le plus grand nombre des chroniqueurs font remonter l'origine à Caab, fils d'Amr, fils de Lohay, fils de Harith. (Voyez les Excerpta ez Aboalfeda de M. de Sacy, p. 553 et 554 du Spec. hist. Arab. de Pococke, Oxford, 1806.)

(101) La source de Moraiçi, d'après Djennabi, est située sur le territoire de Kodaid vers le bord de la mer. Kodaid, d'après Edrisi, est à cinq milles du rivage et à vingt-quatre milles d'Ostan. (Voyez Gagnier, p. 80 et le Meracid-el-Ittila, p. 606.)


(102) Les purifications pulvérales ne peuvent se faire qu'à défaut d'eaux pures et claires. Les matières qui y peuvent servir sont le sable, la terre, la poussière, la chaux, le collirium, la pierre, la cendre, l'émeraude, le corail, l'étain, et le cuivre, pourvu qu'elles soient nettes et dépouillées de tout corps impur. (Voyez Mouradjha d'Ohsson, t. II, p. 46. Voyez aussi dans le Coran, le 7' verset de la vª sourate.)

(103) Le Meracid el-Ittila donne pour seule explication de ce nom de lieu, les mêmes mots vagues employés par Abou'lféda :هي مهبط الحديبية

(104) Hodaibia, d’après Abou’lféda, est placé moitié sur le territoire profane et moitié sur le territoire secré, dont il forme l’extrême limite. Il est distant de la Mecque de plus d’une journée de chemin. (Voy. Rommel, Aboalfede Arab. descript. page 69.) On lit dans le Meracid el-Ittila, p. 188 Hodaibia…… est ainsi appelé du nom d’un puits qui s’y trouve, auprès de la mosquée de l’arbre sous lequel Mahomet reçut le serment de ses compagnons..


(105) Voyez au sujet du serment volontaire, le v. 18 de la 48’sou- cate, et la Chrestomathie de M. de Sacy, tome II, p. 258. L’arbre sous lequel ce serment avait été prété, fut enlevé peu après, d’après el-Makin, par une inondation. (Voyez Hist. Sarac. 1. II, c. 1, p. 8.) C’était un arbre épineux, سمرة probablemens un acacia, dont il y a un grand nombre dans cette partie du Hedjaz.


(106) Le territoire de Khaibar, d’après Aboulféda, abonde en palmiers, el est habité par les Benou-Anza. Son nom, dit-il, signifie château dans la langue des Juifs, et sa distance de Médine est d’environ six journées dans la direction nord-est. D’après Edrisi (voyez II climat) : C’est une

  • petite ville, ou plutôt un fort entouré de palmiers et de champs cultivés.

A l’époque où l’Islamisme a pris naissance, elle était habitée par fes Benou-Koreizha et les Benou-Nodhair (voyez la note 96). Elle est située à quatre journées de Médine. D’après Benjamin de Tudelle, (éd. de 1830, p. 73) elle contenait encore cinquante mille juifs dans l’année 1173. D’après Niebuhr (Desc, de l’Arabie, t. I. p. 248) cette ville, lors du séjour de ce voyageur en Arabie, était encore habitée par des juifs indépendants qui avaient leurs propres scheikhs comme les autres Arabes. Une de ces tribus se nommait Beni-Meziad بني مزياد , une antre Beni-Schaban

بني شحان ; et une troisième, Beni-Anzè بني عنزة. Ce sont probablement 

les juifs de Khaiber, dont veut parler Louis de Barthème, lorsqu’il fait mention de juifs indépendants qui habitent une montagne où ils sont retranchés comme dans des forteresses, el près desquels on passe en approchant de Médine, par la route de Syrie (Voyage de Louis de Barthème, liv. I, c. vi). D’après Burckhardt (t. II, p. 244) la colonie de juifs autrefois établie à Khaibar, est entièrement disparue. Cette ville, nous dit ce voyageur, est située à quatre ou cinq jours de marche au nord-est de Médine. Le chemin passe entre celui des pèlerins de Damas et celui de Cassim, dans les temps de paix, les Arabes de Khai- bar vientient vendre leurs dattes à Médine. Ce lieu est habité aujourd’hui par les Aoulad Aly, tribu des Anezè. Selon Cazwini, les fièvres règnent souvent sur le territoire de Khaibar, et il est rare que quelque partie des habitants n’en soient pas atteints. On lit dans le Meracid el-Ittila, p. 238, que Khaibar est situé à huit postes (ثمانية برد) de Médine, du côté de la Syrie.

(107) Monradjha d’Ohsson (Code civil, t. V, p. 147) dit : L’article « le plus essentiel de cet acte (contrat de mariage) concerne le don nuptial mehr, il est stipulé en espèces effectives, suivant les facultés de l’époux ; mais sa valeur ne doit pas être moindre de dix drachmes d’argent ; quelquefois il s’élève à cent, et même à deux cent mille sequins..

(108) Fadac, bourg du Hedjaz à deux ou trois journées de Médine. Mer. el-Itt.

(109) D’après le Kitab menassik el-hadj (p. 139), Ouadi el-Kora, à treize heures de marche de Médine, forme les limites du territoire de cette ville. C’est une vallée située entre deux lignes de montagnes, qui n’étant pas arrosée, n’a aucune espèce de fertilité ; elle contenoit cependant autrefois un château, des bains, une mosquée dont on ne voit plus que des ruines.

(110) D’après Gagnier, (p. 92) cette Zainab, fille de Harith, était sœur de Marhab qui avait été tué par Ali, en combat singulier, et ce fut dans le château de Kamous, qu’elle voulut ainsi venger la mort de son frère.


(111) Kesra ou Cosroès Parwiz, fils d’Hormouz, était le vingt-troisième roi de Perse, de la dynastie des Sassanides ; c’était le petit-fils de Cosroes Anouscherwan, pendant le règne duquel Mahomet était né. (Voyez Hist. des Saw., trad. par M. S. de Sacy, p. 401.)

(112) Badhan a élé le dernier des gouverneurs qui ait régi l’Yemen au nom du roi des Perses. Après la mort de Badhan, qui avait embrassé l’Islamisme, ainsi que le dit Abou’lféda, son fils Schakr reçut du prophète l’investiture en qualité de gouverneur d’une partie de cette province. (Voyez Poc. Spec. Hist. Arab., p. 66.) (113) Cobbad surnommé Schirnouaih, Gls de Casroes Parwiz; il est appelé Siroès par les historiens grecs et latins. Monté sur le trône par la volonté des grands de l'empire qui avaient déposé son père, il le fit périr, ainsi que dix-sept de ses frères. Le remords d'un tel crime ne tarda pas à lui occasionner une maladie de langueur, dont il mourut au bout de six ou buit mois de règne. (Voyez Hist. des Sass., trad. par M. S. de Sacy, p. 408.)

(114) L'empereur grec était alors Héraclius.

(115) Mokaoukas était gouverneur de l'Égypte au nom d'Héraclius; il prenait le titre de bill be le grand des Coptes (Ahmed ben-loussef, Hist, gén., sect. 54, c. 11), ou mieux le prince des Coptes; c'est ainsi qu'on trouve dans plusieurs auteurs arabes: pas l'empereur des Grecs. Ce Mokaoukas gouvernait encore l'Égypte, lorsque cette proviace fut attaquée par les Musulmans, sous la conduite d'Amrou; ce fut lui qui décida la soumission des Coptes, sur lesquels il avait une grande influence, et livra la garnison grecque. (Hist. du Bas-Empire.) (116) Plusieurs du nom de Harith ben-abi-Schamar paraissent avoir régué sur une partie de la Syrie, à différentes époques, soit d'une manière tout à fait indépendante, soit au nom de l'empereur grec. Comme quelques-uns d'entre eux sont appelés aussi d'un autre nom, peut-être pourrait-on penser que celui de Harith ben-abi-Schamar était devenu générique chez les Arabes, pour designer les chefs d'une certaine contrée syrienne, comme les noms de Cosroès et de César se donnaient à tous les empereurs de Persè ou de Constantinople. Le premier prince arabe qui régna en Syrie, est nommé Harith ben-Amrou, puis aussi Ebn-abi-Schamar. (Voyez Pococke, Spec. Hist. Arab. p. 79-) Il vivait Goo ans avant Djabala hen-El-Aiham, contemporain d'Omar, et par conséquent environ cinquante ans après J.-C. Dans la Vie du poêle Amrou'lcais (Kitab-el-Aghani, I. II, fol. 216 et suiv.), on voit un prince nommé Harith ben-abi-Schamar Ghassanide, tuer Amrou ben-Hodjr, roi de Kendé, dont le fils Harith fut nommé vice-roi des Arabes, par Cobbad, vers l'an 523 après J.-C. Amrou'lcais fuyant les effets de la colère de Mondher III, roi de Ilira (entre les années 531 et 564 après J. C.), est recommandé, par le juif Samuel, à un prince Harith ben-abi-Schemar Ghassanide, qui le fait passer auprès de l'empereur grec. Enfin, on voit, par une anecdote de la vic de Has. san ben-Thabet, citée dans le Kitab-el-Aghani, fol. 337 v°, qu'un prince Harith ben-abi-Schamar Ghassanide réguait dans une partie de la Syrie, tandis que Djabala ben-el-Aiham régnait dans l'autre, et que ces deux princes étaient parents. Or Djabala ben-el-Aiham, qui embrassa l'Isla- misure sous le khalifat d'Omar, parait avoir commencé à régner vers l'an 600 après J.-C., d'où l'on pourrait conclure que c'est ce dernier prince auquel Mahomet envoya un ambassadeur vers l'an 7 de l'hégire, 628 après J.-C.

(117) Moçailama, issu des Benou-Hanife hen-Bekr, ben-Ouail-ben- Djodaila, ben-Açad, habitait l'Yemama, où il tenta de se faire passer pour prophète; il fut tué et ses partisans détruits par Khaled, fils de Walid, sous le khalifat d'Aboubekr. Voyez Abou'lf. ann. t. I, p. 212, et Abou'lfardj, Dyn. IX, p. 173.

(118) Baltrein, nommé aussi Hadjr dans la géographie d'Abou'lleda, est une province d'Arabic, placée sur les bords du golfe Persique. Notre auteur n'en indique pas les limites; mais Bakoni (Not. et Extraits des Manuscrits, vol. II, p. 409), dit que tout le territoire qui horde le golfe Persique, entre Basra et Omau, forme la province de Bahreiu. Ce nom qui est le duel du mot, et qui indique une position entre deux mers, vient, dit encore Abou'lféda, d'après Mostarec, de ce que ce pays est situé entre le lac d'El-Ahlsa et la mer salée. Le nom de Bahrein est donné généralement par les géographies européens so groupe d'îles placées dans la baie d'El-Katif, et célèbres par leurs riches péche- ries de perles. Voyez aussi sur Bahrein M. Jomard, Not. Geogr, sur le Nedjd. On lit all mot Bahrein, dans le Merayid-el-fttila, p. 81:

TEXTE EN ARABE

« Bahreïn, appellation générale de tout le pays entre Basra el Oman dans la péninsule arabique, dont Omau est l'extrême limite; la capitale de celle province est la ville de Hadjr, qui est éloignée de quinze journées de Basra, tandis qu'elle est séparée de l'Oman par un mois de roule. » (119) Cette visite des lieux saints est appelée visite de l’accomplis- sement, parce que le prophète accomplit alors le pèlerinage que les Koreischiles l’avaient empêché de faire l’année précédente. On lit dans le Sirat, fol. 209 : مكان عمرته التي صدوه عنها à la place de la visite qu’ils (les Korrischites) l’avaient empêché d’accomplir.

(120) Safa et Meroua. A peu près à cent cinquante pieds du côté sud-est de la Caahe, sur un terrain en pente douce, s’élèvent au-dessus de trois larges marches de pierre, trois petites arcades ouvertes et réunies par une architrave : c’est ce qu’on nomme la colline de Safa. Là se tenant sur la marche supérieure, le visage tourné vers la mosquée, le pèlerin lève les mains au ciel, adresse nue courte prière à Dieu et invoque son assistance pour le Sai ou la promenade sainte ; puis il descend pour la commencer en suivant une rue unie, longue d’environ sis cents pas, que les historiens arabes nomment ouadi Safa, et qui conduit à Meroua, situé à son extrémité ; c’est une plate-forme en pierre, élevée de six à huit pieds, et où l’on monte par plusieurs larges degrés. (Voyez Burckhardt, t. I, p. 127.)

(121) parait que, dans les pret temps de l’Islamisme, il n’était point permis aux Musulmans de se anarier tandis qu’ils portaient l’Ihram. On lil dans le Delail el-Ahkam, man, de la Bibliothèque royale : Au rapport d’Osman hen-Affan, le prophète a dit : Le Musulman revêtu de l’Ihram ne doit ni se marier, ni faire une demande en mariage, ni marier une autre personne. Les docteurs ne sont pas d’accord sur la question de savoir si un mariage contracté contrairement à ce précepte est valide. Plusieurs ont pensé qu’il ne l’est pas : c’était le sentiment d’Omar, d’Ali, de Zeid ben-Thabet, etc., sentiment qu’ont adopté les imams Malek, Schafei, Ahmed ben-Hanbal….. Sofyan Thauri et d’autres docteurs d’une grande autorité, ont admis la validité de ces mariages. (Del. el-Akk., fot. go v.)

Il paraît que l’imam Abon-Hanife et ses disciples, dont la doctrine est dominante parmi les Ottomans, regardaient ces sortes de mariages non seulement comme valides, mais même comme permis ; car on lit dans le Tableau de l’empire Olloman, par d’Ohsson, vol. V, Code civil, p. 155… I’homme peut épouser jusqu’à quatre femmes (commen- taire) ; il peut les épouser… même dans les jours consacrés au pèle- « rinage, et lorsqu’il est revêts du manteau pénitentiel thram, d’après «l'exemple du prophète qui en était couvert lorsqu'il épousa Maimoumā.» L'ibram, d'après Barckhardt (t. I. p. 116), consiste en deux morceaux de toile de lin, de coton ou de drap, dont l'un enveloppe les reins. tandis que l'autre est jeté sur le cou et les épaules, de manière à laisser une partie du bras droit à découvert; il faut se dépouiller de tous ses vêtements avant de prendre celui-là.


(122) Khaled, fils de Walid, était issn des Benon-Makhzoum (Pock. Spec. p. 51). Ce fut peut-être de tous les guerriers qui combattirent à la tête des Musulmans en faveur de la religion nouvelle, celui qui se fit remarquer davantage par son brillant courage et l'heureuse issue de ses entreprises. On l'avait surnommé Séif-allah, l'épée de Dien.

(123) C'est ce même Amrou, guerrier célèbre, qui s'empara de l'E- gypte sous le khalifat d'Omar.

(124) Cet Othman, fils de Talha, etait préfet du temple de la Mecque. (Gagnier, p. 100.) Voyez sur les différentes charges attachées à la mai- son sainte, les Not. et Extr. des manuscrits de la Bibliothèque royale. t. IV.


(125) D'après Djennabi, cité par Gagnier, p. 100, Mouta est une place située en Syrie, dépendant de Balka, au-dessus de Damas. Ga- gnier identifie le lieu dont il est ici question, sous le nom de Karak. avec le château du même nom, dont le possesseur Renaud de Châtillon fut tué par Saladin, à la suite de la bataille de Tibériade, qui décida du sort des Latins dans la terre sainte. La petite ville de Karak à quel- ques milles de Petra contient, suivant Burckhardt, 550 familles. On lit dans le Meracid el-Ittila, p. 636: موتة: قرية من قُرى البلقاء في حدود الشام وقيل مؤتة من مشارف الشام على اثنا عشر ميلاً من أذرح ضيعةٌ تعرف بمؤتة بها قبر جعفر بن أبي طالب وزيد بن أبي حارثة وعبد الله بن رواحة على كل قبر منها بنآ منفرد

«Mouta est l'un des bourgs situés au pays de Balka, sur les confins de la Syrie; on dit aussi que ce lieu fait partie des bourgades appelées Mescharif es-Scham: B est à une distance de douze milles d'Adhrob. C'est là qu'ont été enterrés Djafar, fils d'Abou-taleb; Zéid, fils d'Abou- haritha, et Abdallah, fils de Rewaha. Chaque tombe est surmontée d’un monument particulier.


(126) O ma fille ! me troures-tu done indigne d’y prendre place ? Voici la manière dont cette idée est exprimée dans le Sirat, fol. 214 :يا بنية ما أدري أرغبت بي عن هذا الفراش أم رغبت به عني « O ma fille ! je ne sais si tu trouves ce tapis indigne de moi, ou si tu me trouves indigne d e ce tapis. »


(127) Sa garde d’élite, surnommée el-Khadhra. On lit dans le Sirat, f. 216 : وانما قيل لها الخضرا لكثرة الحديد وظهوره فيها , on l’appelait Khadhra (noire) à cause de la quantité de fer dont les yeux étaient frappés à son aspect.


(128)Ayant vn représentées des figures d’anges. Burckhardt, d’après l’histoire de la Mecque par El-Azraki, observe un fait remarquable dont il croit qu’il n’a pas encore été fait mention : c’est que, parmi les figures qui ornaient la Caaba, celle de la Vierge Marie, avec le jeune Aiça (Jésus) sur ses genoux, se trouvait sculptée sur une des colonnes qui soutiennent l’intérieur de l’édifice. (Voyez Burckhardt, t. I, p. 221.) Le témoignage d’El-Azraki est complétement confirmé par le passage suivant, emprunté à la Description du temple de la Mecque, par Harawi :

وكان فيها ست سواري وكان بها صور الملايكة والنبياء عليهم السلام والشجر وصورة ابراهيم الخليل عليه اليلام والازلام بيده وصورة عيسى ابن مريم وامه عليهما السلام فلما كان عام الفتح امر رسول الله فطمست جميع الصور

« Il y avait six colonnes dans la Caaba ; on y voyait des figures d’anges, celles des prophètes, l’arbre ; Abraham, l’ami de Dieu, tenant dans ses mains les flèches du sort, puis encore une figure de Jésus, fils de Marie, avec sa mère. L’année de la conquête de la Mecque, le prophète ordonna que toutes ces images fussent détruites.» The travels of Ibn-Batuta, p. 51.


(129) Cet Acrame fut dans la suite un des plus vaillants guerriers des armées musulmanes : il périt au combat de Bermouk, l’an 12 de l’hégire, sous le khalifat d’Abou-Bekr, et l’on trouva sur le champ de bataille son corps percé de plus de soixante-dix blessures. (Extrait du Kitab essafoua, par Gagnier, p. 109.)


(130) Habbar, qui avait oflensé le prophète par des chansons satiriques, se dérobe avec tant de soin à toutes recherches, qu’il fut impossible de le trouver. Plus tard, conduit par le repentir, il se rendit à Médine, et ayant embrassé l’Islamisme, il se présenta devant Mahomet, el implora le pardon de ses offenses, Je te pardonne, répondit le prophète : car l’Islamisme efface toutes les fantes qu’on a pu commettre jusqu’au moment où on l’embrasse. (Gagnier, L. L.)

(131) Abd-allah était l’un des meilleurs cavaliers de son temps ; il poussait la passion des chevaux à un tel point, qu’étant près de mourir, à Ramla, en Palestine, l’an 36 de l’hégire, il récita la centième sourale qui a pour titre : العاديات les Coursiers. (Gagnier, I. 1.)

(132) Mikyas. Voyez p. 57, le récit de ses crimes et de son apostasie. L’auteur du livre intitulé Maalem el Tanzil معالم التنزيل raconte, dit Gagnier, p. 10g, que Mikyas s’étant retiré avec une troupe d’idolâtres après la prise de la ville, et étant occupé à boire du vin, il fut trouvé par Tamila, fils d’Abd-allah, des Benou-Laith, qui le mit à mort.

(133) Cet Abd-allali, qui était de la tribu des Benon-Taini ben-Ghaleb, avait été se réfugier sous la tenture de la Caaba, où il espérait échapper à tous les regards ; mais tandis que le prophète accomplissait les tournées saintes, quelqu’un lui dit : Voici Abd-allah, fils de Kiatal, qui s’est caché sous la couverture du temple : Tuez-le, répondit le pro- phète ; et cet ordre fut exécuté sur-le-champ. (Gagnier, p. 110.)

(134) Howajreth était fils de Nofail, fils de Wahlb, fils d’Abd, fils de Kossay. Outre les satires qu’il avait composées contre le prophète, il avait vivement offensé deux de ses filles, Fatima, et Omm-Kolthoum ; les ayant rencontrées qui se rendaient de la Mecque à Médine, eu com- pagnie de leur oncle Abbas, il les poussa si violemment qu’il les jeta à terre. (Voyez Gagnier, d’après le témoignage d’Ebn-Ilescham, p. 110.)


(135) Honain d’après le Kamous et le Merac. el-Itt. p. 210, se trouve sur la route qui de la Mecque conduit à Taief.

(136) Doraid, fils de Samma, à la fois poète et guerrier, était également célèbre par la hardiesse de ses exploits et la beauté de ses poésies. Au combat de Honain, centenaire et privé de la vue, Doraid était dans une litière portée par un chameau. Dans la déroute, ce chameau fut atteint par Rabia, fils de Réfi, jeune Arabe de la tribu de Soulaim, qui, à l’aspect d’une litière fermée, espéra devenir possesseur d’une jeune femme que sans doute son mari avait voulu emmener avec lui dans cette campagne. Plein du désir de contempler sa conquète, il souleva le voile qui couvrait in litière, et n’y voyant qu’un vieillard, le dépit le rendit cruel ; il frappa Doraid de son sabre : mais son arme était faible, son bras sans vigueur, il redoubla sans pouvoir lui ôter la vie. Le vieux chef alors lui demanda son nom, et l’ayant appris, il lui dit : Prends un sabre, que tu trouveras derrière ma litière, et frappe avec plus d’assurance ; mais promets-moi, en retour du présent que je te fais, de dire à ta mère que tu as donné la mort à Doraid, fils de Samma, Rabia pit l’arme pesante, fendit la tête au vieillard : puis, de retour auprès de sa mère, il lui raconta son exploit. Mon fils, lui dit celle-ci. celui que tu as tué sans défense, avait donné la liberté à trois femmes de tes ancêtres tombées entre ses mains. (Voyez Kitab el-Aghani, t. II, p. 288.)

(137) Aoutas : Voyez Géogr. Nub. urub. p. 6a. C’est une vallée entre Dhat-Irk et Djamrahı. Dhat-Irk est situé dans le Nedjd, à quarante-huit milles de la Mecque. On compte vingt-six milles entre Dhal-Irk et Djam- rah. (Voyez Rommel. p. 72.)

(138) Voyez le Coran, sourate 1x, vers. 26.

(139) Djairrana, nom dont la prononciation est indiquée ainsi dans le Sirat, se trouve, d’après Djennabi, entre la Mecque et Médine, mais plus rapprochée de la Mecque. (Gagnier, p. 117.) On lit dans le Moracid el-Ittila, p. 165 led, , Jis s ey parts will Djairrana est une station qui se trouve entre Taiel et la Mecque, mais plus près de la Mecque : c’est là que le prophète s’arrête pour faire le partage des dépouilles de « Honain..


(140) Voici ce que le Sirat-er-repoul dil des Mouallafa-Couloubhoum : (TEXTE EN ARABE) Les Mouallafa-Couloubhoum étaient des personnages influents dont le prophète cherchait à se concilier l’amitié pour agir ensuite sur leurs tribus par leur intermédiaire. » Sirat, fol. 233 vª

(141) Les vers cités dans le texte sont du mètre

(142) Les mots (TEXTE EN ARABE) ne se trouvent di dans le texte du manuscrit 101, ni dans celui du manuscrit 615 A, mais bien dans le Sirat-er-reçoul (fol. 235), et ils complètent le sens d’une ma- nière trop naturelle pour ne pas croire qu’ils font partie du texte véritable.

(143)Les Kharidji sont ceux qui refusent de reconnaître l’imani véritable : cette dénomination fut appliquée, pour la première fois, aux Musolnians qui abandonnèrent Ali après la bataille de Seffin. Voyez ce qu’a dit Pococke sur cette secte el les autres sectes HIDsulmanes, Spec. Hist. Arab. p. 264.


(144) Tabouk, d’après la Géographie d’Abou’lléda, est situé entre la Syrie et le Hedjr : on y trouve les sources abondantes et des palmiers. Édrizi dit qu’entre cette place et la Syrie il y a quatre journées de marche. Ebn el-Ouardi ajoute que cette ville est défendue par un cháteau construit en pierre. (Rommel, p. 97-) D’après Djentabi, Tabouk est à moitié route entre Médine el Damas. (Gaguier, p. 123.) On lit dans le Meracid el-Ittila, p. 124 : phalal d Tabook est un bourg situé entre Quadillora ot la Syric ; on y trouve une source et des palmiers,

(145) Trois Ansariens sincères. Le mot ce est écrit dans le man. 10 de la Bibliothèque royale, qu’on croit auto- graphe, de manière qu’on pourrait lire, ce qui voudrait dire non Ansariens ; mais on voit dans le Sirat que Caab appartenait à la famille des Benou-Selimè, et Helal à celle des Benou-Ouakif : or ces deux familles, d’après le , étaient ansariennes : par conséquent la leçon doit être la bonne.

(146) Hedje suivaut Ebn-laukal, ainsi que le dit Abou’lféda, est placé entre des montagnes, à un jour de distance de Ouadilkora ; mais, continue Abou’lfeda, je pense qu’il y a erreur, et que l’on doit compler entre ces deux places plus de cinq jours de marche. D’après Édrizi (Géogr. Nub. clim. II, p. 5), Hedje est à une demi-journée de El-Ola, du côté de la Syrie. Édrizi (1. 1.), Jakouli et Bakoui (Not. et Extraits des man., vol. II, p. 40g), sont d’accord avec Abou’lféda pour regarder Hedjr comme le lieu qu’habitait la tribu des Benou-Thamoud 3, détruite par la colère divine, pour n’avoir point écouté le prophète Salel, et dont le Tout-Puissant a dit : Ignorez-vous comment Dieu se vengen des Bonou-Thamoud qui avaient laillé les rochiers en vallons ? Ces rochers (d’après Édrisi, troisième clim. p. 5), appelés ut el-Athaleb, c’est-à-dire les rochers fondus, bien que de loin ils aient l’air d’être joints ensemble, sont tellement séparés que lorsqu’on s’en ap- proche on trouve que pas un d’eux no touche à l’autre. D’après le Kitab- Menassik El-Hadj (p. 134 et suiv.), Hedjr, situé à quatre-vingts heures de marche de Quadilkora, fait partie du pays de Thanoud : on y re- marque, dit l’auteur de ce livre, les constructions des Thamoudites formées en partie de pierres sculptées. A neuf heures de marche vers le sud, se trouve El-Ola, village situé entre deux montagnes, riche en caux courantes, en vignes, en dalliers, en citronniers, en orangers et en pastèques. De celle place à Damas, par la route la plus courte, on comple, dit toujours l’auteur du Kitab-Menassik-el-Hadj, cent soixante- deux milles. Voyez sur les Thamoudites, Pococke, Spec. Hist. Arab. p.37 et suiv. On lit dans Burckhardt (t. Il. p. 232) : Le canton le plus in- « téressant sur la partie de la route de Damas à Médine, l’Arabie, parait être le Hedjr, à sept journées au nord de Médine. Le Hedjr a une étendue de plusieurs niilles : le terrain en est fertile, arrosé <par beaucoup de puits et par une rivière ; il renferme de vastes camps de Bédouins. Saoud, chef des Wahhabites, avait le projet d’y bâtir « une ville ; ses oulemas l’en détournèrent en lui déclarant que ce serait « une impiété de rétablir un lien que le Tout-Puissant avait mitanti dans sa colère. Une montagne peu considérable borne cette plaine fertile à l’Ouest, à peu de distance du point où les pèlerins ont cou- tume de camper. On voit dans cette montagne de grandes cavernes ou des habitations creusées dans le roe, avec des figures d’hommes el « de divers animaux sculptées, de pelítes colonnes de chaque côté des entries ; et, à en croire les Bédouins, de nombreuses inscriptions au- traverse dessus des portes, Le Meracid el-Ittila, p. 185, donne des détails à peu près analogues sur les riches et nombrenses habitations taillées. dans la montagne par les Thamoudites. (167) Aila est la ville nommée Exéra par Strabon, ADavou par Étienne de Byzance, et Leeana ou Blana par Pline ; elle était appelée ne Elath ou ni Eloth par les Hébreux (Deuteronom. chap. 1, v. 8), et donne son nom au golfe Olanitique, au fond duquel elle est située. D’après Abou’lfeda et Edrisi (Géogr. Nab., Paris, 161g, clim. III, p. 5), c’était une petite ville, dont les environs étaient peu fertiles, et par laquelle passaient les pèlerins d’Égypte qui allaient à la Mecque.. De notre temps, ajoute Aboulfeda, il y a une tour où réside un com-

  • mandant égyptien ; autrefois il y existait une forteresse construite dans

la mer ; mais elle a été détruite, et le commandant s’est retiré dans la tour bâtie sur le rivage. » D’après Niebuhr (Descr. de l’Arabic, 1. I. p. 277), les Turcs y en- tretiennent encore une garnison dans une petite citadelle. On lui donne aujourd’hui le nom d’Akaba, qu’on trouve dans Edrisi (clim. II, p. ¹) : A Älyk so I guy that 3 ! v, 31 air, De là au promontoire d’Abi-Mohammed, qui est un port manquant d’eau, et c’est le promontoire d’Akaba-Aila ; or Ajla est une ville. etc. etc. etc. Le petit port d’Akaba est toujours le rendez-vous d’une partie des pèlerins d’Egypte et de Barbarie. Voyez au sujet d’Aila, le Mémoire de M. Quatremère, sur les Nabatbéens, Nouveau Journal asiatique, L. XV, p. 44 et suiv.

(148) Adhrok, pl. des Dharuh (sorte d’arbre), nom d’une ville sur les confins de la Syrie ; elle dépend de la contrée de Scherat et avoisine le pays de Balka. Mer. el-Itt. Scherat est une contrée de Syrie entre Damas et Médine. Ibid. Balca est un district dépendant de Damas, situé entre la Syrie et Ouadil-Kora. Ibid.

(149) Daoumat-el-Djandal ; cette place, d’après Abou’lfede, est située entre la Syrie et l’Irak, à sept journées de Damas et à treize de Médine ; Niebulir la regarde comme faisant encore partie du Nodjd (Descript, de l’Arab. t. II, p. 305). Daprès lakouti (Rommel, p. 98), elle est située etans une plaine large de cinq parasanges, au couchant de laquelle se trouvent des sources qui arrosent quelques plantations de palmiers ; an château entouré de fortes murailles la protége. Il est probable qu’on peut identifier cette ville avec celle dont parle Étienue de Byzance sous le nom de Acupála, móds Apabías, et Piolcanée (liv. 5, chap. 19), sous celui de Aouualla. D’après ce dernier, elle est située sur les confins de l’Arabie déserte et de la Mésopotamie.

(150) Voyez le Coran, sourate IX, vers. 120.


(151) On lit dans le Sirat, fol. 245 r. : v delu.

(152) Voyez le Coran, sourate cx. vers. 1.

(153) Les rois hizoyarites régnaient dans l’Yemen. D’après Abou’lféda, le premier qui prit le titre de roi dans celle contrée fut Kahtan, fils de Haber, tils de Saleh. D’après Hamza-ben-el-isbabani, ce fut seulement Iarob, fils de Kahtan, qui se rendit avec toute sa famille dans l’Yemen ; enfin d’après Nowairi, le premier des descendants de Kahitan qui porta la couronne ful Abdschems, connu sous le nom de Saba, fils de leschhob, fils de larob, fils de Kahtan. Saba eut pour fils Himyar, qui donna son nom à ses descendants nommés depuis lors Himyarites. (Voyez Hist. ine- per. vetust. Ioctanidaram, par Schultens, p. 3, 19 et 4g.)


(154) Hamadan, père de cette tribu, descendait de Kahtan, fils de Saba, dont il était séparé par sept générations. (Voyez, sur sa généalogie. le Sirat-er-Heçoul, fol. 12 r.) C’est de celle tribu qu’était issu le fameux počte llamadani, qui servit de modèle à Hariri.

(155) Nadjran est située, d’après Abou’lféda, entre Aden et Hadra- maut, ce qui est une erreur, puisqu’elle est placée cinq degrés plus au nord que la moins méridionale de ces deux localités. C’est une petite ville, dit encore ce géographie, qui abonde en palmiers el est entourée de montagnes boisées où l’on rencontre de nombreux villages. On compte dix journées de marche pour aller à Sana, el vingt pour venir à la Mec- que. Niebuhr dit, dans sa Description de l’Arabie (tore II, p. 116), que cette ancienne ville, située dans une plaine fertile, est la capitale d’une seigacurie du même nom qui était de son temps gouvernée par un scheikh nommé Mekkrami, dont l’influence et la réputation étaient grandes dans toute l’Arabie. On pourrait identifier cette ville avec celle que Ptolémée nomme Nagara, et regarde comme une des métropoles de l’Arabie heureuse.

Cazwini dit qu’elle tient son nom de son fondateur Nadjran, fils de Zeid, petit-fils de Yeschbob, « Mahomet, ajoute-t-il, a dit : Les villes gardées de Dieu sont au nombre de quatre : la Mecque, Médine…… et Nadjran. Chaque nuit, soixante-dix mille anges descendent du ciel sur Nadjran et saluent les victimes de la fosse أصحاب الأخدود (c-à-d. les chrétiens qui, refusant d’embrasser la religion juive, furent brulés dans une fosse immense, au nombre de vingt mille, par l’ordre de Dhou-Newas, roi de l’Yemen. Sirat-er-Reçoul, fol. 6 v.). Le Meracid-el- Ittila, p. 64g, cite plusieurs villes qui portent le nom de Nadjran. Voici ce qu’on lit à propos de celle dont il est question ici : نجران كن مخاليف اليمن وبها خبر الأخدود وإليها تنسب كعبة نجران وكانت بيعة بها وكان فيها أساقفة مقيمون منهم السيد والعاقب اللذان جآء إلى النبي صلعم في أصحابهما ودعاهما إلى المبهلة وبقوا بها حتى أخلاهم عمررضي الله عنه Nadjran est au nombre des districts qui divisent l’Yemen ; c’est là qu’arriva l’aventure des victimes de la fosse, el c’est de cette ville que tire son nom la Caaba de Nadjran. C’était une église chrétienne où résidaient des évêques parmi lesquels étaient le Seid et le Akib qui vinrent avec leurs compagnons trouver le prophète. Mohammed leur fit le défi appelé Moubahilet. (Voyez, sur le sons de ce mot, le Coran, sour, 111, v. 54.) Ils restèrent en possession de leur église jusqu’au moment où ils furent chassés par Omar. »


(156) By à, à proprement parler, quatre espèces de pèlerinages : le premior, que l’on appelle Kiran, est celui où le pèlerin fait tout à la fois avec le même ihram, sans le quiller, et la visite du sanctuaire et celle de l’Omra. Le second se nomme Temetion : c’est celui où le pèlerin fail d’abord la visite de l’Omra, et après avoir abandonné son ihram, le reprend aux approches de la fête pour s’acquitter avec les autres pèlerins en corps de la visite de la Caaba. Le troisième est celui où l’on ne va qu’à la Caaba, et qu’on appelle par cette raison Ifrad bil-Hadj. Le quatrième enfin, qu’on désigne sous le nom d’Ifrad bil-Omra, c’est celui où le fidèle se borne à la visite de l’Omra. (Voyez d’Ohsson, t. III, p. 110.)

(157) Il rencontra Ali. Le Sirat-er-Reçoul ajoute ici : Ali revenait alors de son expédition dans l’Yemen,.

(158) Tout ce récit de la rencontre d’Ali avec le prophète, qui veut lui faire quitter le manteau appelé ihram, est rapporté par Ahon’lféde d’une manière trop concise pour être claire. Les passages suivants du Sirat-er Repoul et du Delail-el-Ahkam serviront de commentaire. On lit dans le Sirat, fol. 257

[texte en Arabe]

« Le prophète partit à la tête des Musulmans pour le pèlerinage, arrivé à « Serou (compement des himyarites, non de plusieurs lieux : il y a près de la Mecque un gros bourg nommé Serou. Merac-el-Itt.), il ordonna, kui qui avait emmené des animaux destinés aux sacrifices, que tous les Musnimans qui n’avaient point avec eux de victimes déposeraient l’inram après avoir accompli la visite Oure… On entra à la Mecque ; ceux qui n’avaient pas emmené de victimes ainsi que les femmes mêmes du prophète se dépouillèrent de l’ihram, n’ayant accompli que l’Omrá, Le même récit se retrouve avec plus de détails dans le Delail-el-Ahkam : en voici quelques passages : Joi

[texte en Arabe]

Aiescha a dit : Nous partimes de Médine avec le prophète l’année du pèlerinage d’adieu. Parmi nous, les uns (en prenant l’ikram), s’engagèrent à faire la visite omra, les antres à faire le pèlerinage, d’autres enfin à accomplir le pèlerinage et l’omra… Quand nous .fumes près de la Mecque, le prophète ordonna que ceux qui n’avaient pas amené avec eux des victimes quitteraient l’ikram après avoir fait « les tournées (tougfs) autour du temple, et la marche (sa) entre les collines de Safa et de Méroua… Djaber a dit : Nous partimes de Médine avec le prophète. Notre intention était de faire le pèlerinage, nous ne pensions pas qu’il fut question d’autre chose. Lorsque nous eâmes accompli les tournées autour du temple, au moment où nous étions près de la colline de Meroua, le propliète nous dit : Musulmans, que ceux d’entre vous qui n’ont point amené avec eux de victimes dépo-

  • sent l’ikrum, et fassent de leur voyage une simple visite Omru. » (Delail

el-Ahkum, fol. 85 v.)

On voit dans d’Olsson que, lorsqu’un Musulman prend le mantean de laine blanche ihram, nécessaire pour accomplir le pèlerinage ou la visite emra, il prononcé ordinairement cette prière : O mon Dieu, je « suis dans l’intention de m’acquitter du pèlerinage (ou de l’omra, an du pèlerinage et de l’omra rèunis) ; accorde-moi cette grâce et que mon raction te soit agréable. Ensuite il entonne à haute voix la prière Tel- biyè. (D’Ohsson, L. III, p. 66.) C’est là ce qu’indique l’expression Jat E, dont le nom d’action est al, c’est-à-dire prendre l’en-

  • gagement, exprimer l’intention de faire le pèlerinage ou l’omra.

On conçoit aisément que l’intention d’Ali, ou revétant l’ihram, ayant élé d’accomplir les mêmes cérémonies auxquelles le prophète se serait obligé par son vau, Mabomet ne pouvait plus exiger que ce chef quittát le manteau pénitentiel tant que lui-même le garderail pour remplir tous les rites du pèlerinage.

L’auteur du Delail-el-Ahkam, dans une section du chapitre d intitulée, JM Joi Jall, rapporte le même trait de Mahomet et d’Ali raconté par Abou’lféda. Il en conclut que le Musulman, en prenant l’ikram, peut ne point préciser son intention et la porter en suite à son choix sur le pèlerinage ou l’omra, ou l’un et l’autre réunis.

[texte en Arabe]

(159) Voyez le Coran, sour. vers. 4.

(160) Le mont Arafa, appelé aussi di Jala montagne de la « miséricorde s’élève à l’extrémité nord-est d’une plaine séparée de la Mecque par une distance de six heures de route. C’est une masse grani- tique d’environ un mille de circuit. Ses Blancs s’abaissent en pente douce et son sommet s’élève à près de deux cents pieds au-dessus du niveau de la plaine. Suivant les croyances des Musulmans, Adam y apprit de l’ange Gabriel comment il devait adorer son créateur, et la visite de ce lieu saint est une des obligations du pèlerinage. (Voyez Burckhardt, tome I, pag. 368 et suiv.)

(161) D’après les recherches de M. de Sacy (Mém. de l’Acad. des Insc. t. XLVIII, p. 613), le mot gw dilatio est employé pour indiquer la remise de l’observation d’un mois sacré que l’on rejette sur un autre. Ce savant orientaliste prouve, d’après Djelal-eddin, Beidhawi, Djewbari et Firouzabadi, que, malgré l’opinion émise par quelques écrivains arabes, la vraie signification du mot nari est celle qu’il a adoptée, et qu’elle n’a rien de commun avec l’intercalation d’un treizième mois dans l’année. exprimée en arabe par le mot كبس.


(162) Mahomet voulait faire pressentir sa mort par les paroles qu’il venait de prononcer. Ce sens est complété dans le Sirat par le passage suivant : Abou-Bekr sentit toute .la portée des paroles du prophète et comprit qu’il voulait parler de lui- même. »


(163) C’est le compagnon d’en haut de بل الرفيق الأعلى Ces mots ont be- soin, pour être compris, des passages suivants du Sirat-er-Reçoul, qui complètent l’idée de Mohammed exprimée par Abou’lféda d’une manière trop concise. On lit, fol. 269 :

[Texte en Arabe]

« J’entendais souvent

Mohammed, dit Aiescha, assurer que Dieu n’appelait jamais à lui un "prophète sans lui avoir donné le choix (de rester encore sur la terre ou d’aller au ciel)… Or je trouvai que sa tête devenait pesanle ; je portai les yeux sur son visage ; son regard était fixe, et il s’écria : C’est le compagnon élevé habitant du paradis (que je veux suivre). Je dis alors, « continue Aiescha, On vient de te donner le choix (entre la vie et la mort) et tu as choisi.»

(164) D’après la croyance des Musulmans, les Juifs crucifièrent Don pas Jésus lui-même, mais un homme auquel Dieu avait donné sa res semblance : Jésus fut enlevé au ciel. C’est à celle opinion que font allusion les deux versets 42 et 43 de la tır sourate du Coran, expliqués dans ce sens par les commentateurs. (165) On lit dans le Sirat, à la marge du fol. 273

[Texte en Arabe]

Le Sohar est la métropole de la partie montagneuse du pays d’Oman, tandis que Touam est la métropole de la partie du même pays qui avoisine la mer. Ce passage est tiré de la Géographie d’Abou’lléda, qui dit encore que cette ville est petite et détruite en partie. Otter en parle (vol. II, p. 71) comme d’un port de mer autrefois capitale du pays d’Ezde, et dont les habitants se rendent lous les ans par mer à Basra avec des chargements de café. Niebuhr dit (Dese. de l’Arab., t. II, p. 143) que la ville de Sohar, près de laquelle coule une petite rivière qui n’atteint la mer que dans les. grandes pluies, est une des villes les plus anciennes et les plus célèbres de l’Oman ; mais actuellement, ajoute-t-il, elle a perdu toute sa splendeur.


(166) Le kalam est, d’après Golius, une plante herbacée servant à la teinture : le hemmé est le lawsonia inermis de Linnée. Les femmes musulmanes en font encore un grand usage pour se teindre le bout des doigts en rouge brun. Un ancien voyageur français, le médecin Belon, en fait la description suivante : Le henné croit à la hauteur du grenadier et pousse des jets comme l’osier ; on l’a pris pour le troëne, mais cela est « faux, ces deux arbres différant entièrement. (Voyez Belou, livre it. chap. 74.)

FIN DES NOTES.

TABLE DES CHAPITRES.


Pages.
Naissance du prophète de Dieu et détails sur son illustre et noble famille 
 1
De l’origine du prophète 
 6
De l’allaitement du prophète de Dieu 
 7
De l’allaitement du prophète par Halima de la tribu des Benou-Saad 
 Ibid.
Voyage du prophète en Syrie, dans l’intérêt du commerce de Khadidja 
 10
Reconstruction de la Caaba par les Koreischites 
 11
Mission du prophète 
 12
Des premiers qui aient embrassé l’Islamisme 
 14
Conversion de Hamza à l’Islamisme 
 18
Conversion d’Omar ben-el-Khattab 
 Ibid.
Première migration qui fut la migration des Musulmans vers la terre d’Abyssinie 
 20
Abrogation du pacte 
 21
Mort d’Abou-Taleb 
 22
Mort de Khadidja 
 23
Voyage du prophète à Taïef 
 Ibid.
Le prophète de Dieu se présente aux tribus 
 24
Commencement des Ansariens 
 25
Ascension nocturne 
 Ibid.
Premier serment d’Acaba 
 26
Récit du second serment d’Acaba 
 28
Fuite du prophète 
 29
Époques célèbres dans les siècles anciens 
 31
Récit de la fuite ou hégire 
 33
Mariage du prophète avec Aïescha, fille d’Abou-Bekr le véridique 
 36
Fraternité établie entre les Musulmans 
 Ibid.
Grand combat de Bedr 
 38
Combat livré à la tribu juive des Benou-Kainoka 
 41
Combat des farines 
 42
Expédition de Karkarat-el-Kodr 
 Ibid.
Combat d’Ohod 
 44
Défaite des Musulmans 
 45
Combat de Radji 
 47
Combat du puits de Maouna 
 48
Combat contre la tribu juive des Benou-Nodhaïr 
 49
Expédition de Dhat-er-Rica 
 50
Seconde expédition de Bedr 
 Ibid.
Combat du fossé, autrement appelé combat des alliés 
 51
Expédition contre les Benou-Koraïzha 
 54
Expédition contre les Benou-Lahian 
 56
Expédition de Dhou-Kard 
 Ibid.
Expédition contre Benon-Mostalak 
 57
Calomnie dirigée contre Aïescha 
 59
Voyage à Hodaïbia pour visiter les lieux saints 
 60
Prestation du serment volontaire 
 61
Traité conclu entre les Koreïschites et le prophète 
 62
Expédition de Khaïbar 
 63
Des députés envoyés par prophète aux souverains 
 66
Visite des lieux saints appelée visite de l’accomplissement 
 69
Conversion à l’Islamisme de Khaled, fils de Walid, et d’Amron fils d’As 
 Ibid.
Expédition de Mouta 
 70
Rupture de la paix 
 Ibid.
Prise de la Mecque 
 71
De la proscription 
 75
Expédition de Khaled, fils de Walid, contre les Benou-Djadhima 
 77
Expédition de Honaïn 
 78
Siège de Taïef 
 80
Expédition de Tabouk 
 84
Abou-Bekr conduit les pèlerins à la Mecque 
 87
Mission d’Ali dans l’Yemen 
 88
Pèlerinage d’adieu 
 Ibid.
Maladie du prophète 
 89
Mort du prophète 
 91
Sépulture du prophète 
 92
De l’âge du prophète 
 93
De ses qualités physiques 
 Ibid.
De ses qualités morales 
 94
De ses enfants 
 95
De ses femmes 
 96
De ses secrétaires 
 Ibid.
De ses armes 
 Ibid.
Des expéditions commandées par le prophète ou entreprises sous ses ordres 
 97
Des compagnons du prophète 
 Ibid.

TABLE

PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE
DES NOMS DE LIEUX ET DE PERSONNES.

A

Aarak-el-Thara, page 6.

Aaron, fils d'Amran, 25, 85.

Abbada, fils de Sama, 14.

Abban, fils de Said, 96.

Abbas, onde du prophète, 2,5. Adopte

Djafar, 14. Discours d'Abbas aux Ansariens,

28. Il est pris au combat de Bedr, 4o. Il marie le prophète à Maimouna, 69. Il saave Abou-So- Gan à la prise de la Mecque, 72, 73. ile de 20 Il aide à la sépulture da prophète. 92, 93. Mentionné, 15, 19, 108.

Abd-Allah-ben - Abou-Kohala. Voyez Abou-Bekr.

Abd-Allah-ben-Harith, frère de lait du prophète, 9.

Abd-Allah, fils d'Abbas, 22, 106, 110.

Abd-Allal, fils d'Abd-Allah le traitre, 58.

Abd-Allah, Gis d'Abd-el-Mottalib, 1.2, Sastou, und 6, 7, 9, 101, 102, 108.

Abd-Allah, fils d'Abou-Bekr, 115. runvaded

Abd-Allah, Gls d'Abou-Rabia, 20.

Abd-Allah, fils de Beschir, 58.

Abd-Aliab, fils de Djabseli, 37.

Abd-Allah, Lis de Djodbap, 18.

Abd-Allah, fils de llodhala, 66.

Abd-Allah, fils de Khatal, 75, 133.

Abd-Allah, fils de Magoud, 15, 20, 30.

Abd-Allals, fils de Mohammed, g5.

All-Allah, fils de Mondher, 4o.

Abd-Allah, fils d'Obayy, fils de Saloul de traitre, 41. Se sépare du prophète à Ohod, 44. Mentionné, 54. Ses pro- pos contre les Mohadjáriens, 58, 5g. I ne prend pas part à l'expédition de Taboak, 85. Sa mort,

Abd-Allah, fils d'Omar, 5, 114.

Abd-Allah, fils d'Oraical, 34. 411 40-2

Abd-Allah, fils d'Othman, 120.

Abd-Allah, fils do Rewaha, 51, 70, 115. Inaress

Abd-Allah, fils de Saad, 75, 96, 133 Aurana

Abd-Allab, fils de Tarek, 48. AUDSTIBU d

Abd-Allab, Gils de Zeid, 37, 118.

Abd-Allah, fils de Zobeir, 37.

Abd-el-Açad-el-Makhsoumi, 7.

Abd-el-Caaba. Voyez Abou-Bakr, aand. Yoyez Abou

Abd-el-Caaba. Voyez Mokawem. declara. Yuye

Abd-el-Mecih, fils d'Amrou, 3, rou, 3, 4. Ori

Abd-el-Mottalib, fils de Haschem, grandpère de Mohammed, 1, 2, 6. Prend le prophète sous sa tutelle, gine du nom d'Abd-el-Mottalib, 100. Quelle était sa mère, 104. Combien il eut d'enfants, 108.

Abd-el-Ozza, 9, 10, 13. Page:Aboulféda - Vie de Mohammed - traduction et commentaires par Desvergers, 1837.pdf/162 Page:Aboulféda - Vie de Mohammed - traduction et commentaires par Desvergers, 1837.pdf/163 Page:Aboulféda - Vie de Mohammed - traduction et commentaires par Desvergers, 1837.pdf/164 Page:Aboulféda - Vie de Mohammed - traduction et commentaires par Desvergers, 1837.pdf/165 Page:Aboulféda - Vie de Mohammed - traduction et commentaires par Desvergers, 1837.pdf/166 Page:Aboulféda - Vie de Mohammed - traduction et commentaires par Desvergers, 1837.pdf/167 Page:Aboulféda - Vie de Mohammed - traduction et commentaires par Desvergers, 1837.pdf/168 Page:Aboulféda - Vie de Mohammed - traduction et commentaires par Desvergers, 1837.pdf/169 Page:Aboulféda - Vie de Mohammed - traduction et commentaires par Desvergers, 1837.pdf/170 Page:Aboulféda - Vie de Mohammed - traduction et commentaires par Desvergers, 1837.pdf/171 Page:Aboulféda - Vie de Mohammed - traduction et commentaires par Desvergers, 1837.pdf/172 Page:Aboulféda - Vie de Mohammed - traduction et commentaires par Desvergers, 1837.pdf/173 Page:Aboulféda - Vie de Mohammed - traduction et commentaires par Desvergers, 1837.pdf/174