Vie divine

La bibliothèque libre.
Œuvres de Jean LahorAlphonse Lemerre, éditeurL’Illusion (p. 173-174).


VIE DIVINE


 
Aime, ainsi que la mer, la mer dressant ses vagues,
Comme des seins tendus aux baisers du soleil,
Et de ses cris d’amour, et de ses soupirs vagues,
Gémissante, emplissant tout l’espace vermeil.

Comme en été ces nuits qui cachent sous leurs voiles
La palpitation d’un cœur illimité,
Aime, et fais de ton cœur un grand ciel plein d’étoiles,
D’où s’épanchent la paix sublime et la clarté !

Désire, aime sans fin, souffre, brûle, aime encore,
De beaux songes divins enivre-toi toujours ;
Avant le soir funèbre, abreuve-toi d’aurore,
Ouvre large ton âme à d’immenses amours.

Alors verse tes chants aux tristes multitudes,
À ceux-là qu’ont rendus stériles les douleurs,
Tels que ces vents qui font germer les solitudes
Et, tièdes et féconds, s’épanouir les fleurs.


Aime et vis, comme un Dieu sur terre voudrait vivre,
Te penchant vers tous ceux que tu verras souffrir,
Et de lumière et d’art, de rêves toujours ivre,
Incendié d’amour, ne crains plus de mourir !