Vie du pape Pie-IX/Les spoliateurs à Rome

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CHAPITRE XXXI

Les spoliateurs à Rome.


Après la capitulation, Rome fut livrée pendant deux jours au pillage par les garibaldiens et par les milliers de bandits qui suivaient l’armée italienne. De leur côté, les commissaires de Victor-Emmanuel, au lieu d’arrêter les voleurs de la rue, inauguraient eux-mêmes un système de vols et de confiscations sur une grande échelle. Ces vols continuent encore. Bibliothèques, collèges, églises, tout est annexé par ces conservateurs de l’ordre public, ces protecteurs du Saint-Siège.

Pour rendre cette violation de la justice plus odieuse encore, on eut recours, pour la légaliser, à un plébiscite, qui fut une misérable et ridicule bouffonnerie. On n’annonçait que 46 non, 46 non dans une ville où, pour protester de leur attachement au souverain légitime, presque tous les fonctionnaires, tant civils que militaires, avaient donné leur démission !

S’appuyant sur ce vote dérisoire, Victor-Emmanuel lança le décret suivant :

“Art. I. Rome et les provinces romaines font partie intégrante du royaume d’Italie.

“Art. II. Le Souverain-Pontife conserve la dignité, l’inviolabilité et toutes les prérogatives du souverain.

“Art. III. Une loi spéciale sanctionnera les conditions propres à garantir, même par des franchises territoriales, l’indépendance du Souverain-Pontife et le libre exercice de l’autorité spirituelle du Saint-Siège.”

On le voit, le roi-voleur tenait à se montrer hypocrite jusqu’à la fin.

Voyant qu’il n’avait rien à espérer des puissances humaines, Pie IX, par un bref en date du 20 octobre, suspendit le Concile. Le 1er  novembre il adressa à tous les prélats en communion avec le Saint-Siège une encyclique dans laquelle il retraçait et flétrissait tous les attentats du gouvernement, subalpin depuis onze ans. On dut faire imprimer cette encyclique à Genève pour la soustraire à la police piémontaise, et tous les journaux italiens qui la reproduisirent furent saisis. “C’était une heureuse manière, fait remarquer un écrivain, d’inaugurer les nouvelles prérogatives du Souverain-Pontife et le libre exercice de son autorité spirituelle.”