Aller au contenu

Vie et œuvres de Descartes/Livre II/Chapitre III

La bibliothèque libre.
◄  Chapitre II Livre II Chapitre IV   ►
CHAPITRE III
PHYSIQUE
LE MONDE
(1629-1633)

Le petit traité de métaphysique, que Descartes médita les neuf premiers mois de son séjour en Frise, lui prit à peine tout ce temps-là. II fut vite distrait, en effet, par d’autres occupations. Le phénomène des parhélies, observé à Rome, le 20 mars 1629, vint à la connaissance des savants de Hollande Tété suivant. Descartes en fut aussitôt informé par un des amis qu’il avait déjà dans le pays, Reneri, et invité à dire ce qu’il en pensait. Avec son habitude de généraliser les questions et de les ramener autant que possible aux principes, il crut devoir, pour expliquer ce phénomène particulier, étudier tous les météores ; non content de cela, il reprit même l’étude de la physique entière, et l’idée lui vînt d’entreprendre un traité du Monde. Toutefois il ne l’aurait point présenté au public sous ce titre un peu ambitieux, et qui rappelait trop ceux des philosophes novateurs ; mais il trouva un biais pour faire paraître l’ouvrage sous un jour favorable, propre à attirer l’attention des hommes instruits aussi bien que des savants : ce sera un « Traité de la Lumière »; Et comme la lumière est répandue sur toutes choses en ce monde : Soleil et Étoiles, qui la produisent, les Cieux qui la transmettent, la Terre avec les Planètes et les Comètes qui la reçoivent, un Traité de la Lumière, entendu de la sorte, devient véritablement un Traité du Monde.

Nous n’avons point ce Traité en entier, sous la forme que Descartes lui donna de 1630 à 1633. Mais nous en avons certainement l’essentiel, soit résumé dans la cinquième partie du Discours de la Méthode en 1637, soit développé et surtout traduit en latin dans les Principia Philosophiæ en 1644. Outre cela, quelque chose de l’ouvrage primitif nous a été conservé, dont il est facile de vérifier l’authenticité, grâce à ces deux termes de comparaison ; enfin, dans maint passage, la correspondance, de 1629 à 1632, peut servir de contrôle[1]. Pourtant nous ne saurions trop regretter de ne plus avoir l’œuvre complète : la pensée du philosophe y apparaîtrait toute simple et naïve, sans réserve ni détour, sans souci de plaire aux théologiens comme sans crainte de leur déplaire. Le vrai Descartes, tel qu’il serait demeuré toute sa vie sans la condamnation de Galilée, se présenterait là sans artifice et au naturel.

Examinons donc ce qui nous reste du texte rédigé primitivement. On peut considérer les cinq premiers chapitres[2] comme une sorte d’introduction. Descartes commence par déblayer le terrain, et se prépare un champ libre pour la construction de son Monde. Il renverse l’obstacle qui se présente d’abord, la grande erreur, l’erreur capitale, laquelle est un préjugé commun à tous les hommes. Pour eux tous, en effet, les objets extérieurs sont semblables aux sentiments que nous en avons intérieurement : il y a réellement dans les choses, par exemple, du feu comme celui que nous sentons, et aussi de la lumière et des couleurs, des sons, des odeurs et des saveurs, bref tout ce que nous éprouvons en nous-mêmes de ce genre et sous ces différents noms. Or, selon Descartes, il n’y a point de science ou de philosophie possible, si l’on ne commence par détruire ce préjugé. C’est ce qu’il fait à l’aide d’exemples familiers, empruntés à l’expérience la plus commune ou à la plus simple réflexion. Aux réalités prétendues, qu’on suppose dans les objets, que va-t-il substituer ? Rien que des mouvements, et cela suffit à tout expliquer.

Il s’attaque ensuite à l’erreur des philosophes, laquelle est toute semblable à cette erreur du vulgaire ; au fond, c’est exactement la même. Les « qualités réelles », les « formes substantielles », etc., ne sont que des sentiments (ou sensations) que nous avons en nous, et que nous transportons au dehors, et réalisons de notre propre autorité dans les choses. La philosophie scolastique n’est qu’une traduction, en langage pédantesque, de croyances erronées, dont elle doit par conséquent partager le sort. Et Descartes prend l’exemple du feu : imaginez dans ce feu une forme, une qualité, une action, et expliquez avec cela, si vous pouvez, qu’il consume du bois, qu’il échauffe, qu’il brûle[3] ? Au contraire, n’y mettez rien de tout cela ; mais supposez, dans ce même feu, des particules de matière qui se meuvent en différents sens et avec des vitesses différentes, et vous avez une explication. De même pour la dureté et la liquidité, qu’on attribue vainement, comme des qualités réelles, aux objets durs et liquides : l’état de ceux-ci s’explique fort bien par la facilité ou la difficulté avec laquelle leurs particules demeurent jointes, ou glissent les unes sur les autres, suivant leur forme et la vitesse de leur mouvement.

Toutefois, et c’est la suite naturelle de l’introduction, après avoir ainsi renversé, Descartes prépare de quoi reconstruire. Les philosophes, en général, n’admettaient point le vide, pour des raisons philosophiques. Descartes pense là-dessus comme eux ; mais il invoque surtout des expériences, et comme toujours, les plus familières : le tonneau plein, qui ne peut se vider tant qu’il n’a qu’une ouverture, et non pas deux, etc. Pourtant il donne aussi une raison primordiale : c’est que le vide est le néant, le rien ; or partout où il y a longueur, largeur et profondeur, il y a quelque chose. Quoi donc ? De l’étendue, et partant, de la matière, car c’est tout un.

Une conséquence immédiate de cette impossibilité du vide, c’est que le mouvement indéfini en ligne droite devient impossible : toute portion de matière qui se meut, en rencontre devant elle une autre, dont elle prend la place, et celle-ci une troisième, et ainsi de suite, jusqu’à ce qu’on revienne, par un cercle, à la première ; il ne peut donc y avoir que des mouvements circulaires : Descartes cite l’exemple d’un poisson qui nage dans l’eau[4]. Et voilà, par avance, tout indiquée l’hypothèse des tourbillons.

L’absence de vide partout amène aussi Descartes à supposer partout une matière, de plus en plus subtile, et qui échappe d’ailleurs à nos sens. Il reprend encore à ce sujet une théorie des philosophes, relative aux éléments. Mais il la modifie par des considérations de mathématicien : les particules de matière ne peuvent être que de trois sortes, ou grosses (jusqu’à une certaine grosseur), ou petites, ou moyennes, c’est-à-dire entre les deux. De là trois éléments, ni plus ni moins ; le nombre en est fixé nécessairement. Et Descartes leur donne les noms de feu, d’air et de terre, avec des sens différents toutefois du langage usuel. En réalité, il voit d’avance dans ces éléments les matériaux des trois parties du monde qu’il va maintenant expliquer : le Soleil et les Étoiles, puis les Cieux, enfin la Terre avec les Planètes et les Comètes.

Cette introduction terminée, Descartes n’étudie pas encore le monde réel, que nous habitons. Afin d’être plus à l’aise en ses explications, il suppose, dans les espaces imaginaires, un monde à sa fantaisie, et il en raconte la formation. C’est un Roman, dit-il lui-même, ou bien une Fable[5]. On songe, en effet, aux métamorphoses d’Ovide, et aux antiques cosmogonies. Son œuvre est bien ici d’un poète, d’un créateur certes, par le souffle qui emporte sa pensée et parfois anime son langage : telle page rappelle tout à fait Lucrèce[6]. Mais notre philosophe est également un mathématicien, surtout par la méthode. Que fait-il, en effet, dans cette Fable, que de tracer comme le schéma général d’un monde quelconque, tel qu’il doit être, et dont la figure et les propriétés conviendront ensuite parfaitement au monde réel ? Il opère d’abord dans l’abstrait, comme font les géomètres avec leurs démonstrations ; mais pour revenir au concret, comme ils font encore, lorsqu’ils appliquent aux choses réelles ce qu’ils ont ainsi démontré.

Descartes imagine d’abord dans l’espace la matière qui doit le remplir : une matière dépouillée, bien entendu, de toute forme, de toute qualité, de toute action, et qui n’est pas cependant la « matière première » des gens d’École, vain fantôme incompréhensible[7]. Descartes la définit par l’étendue, et pour plus de précision, l’étendue des géomètres ; et c’est Dieu lui-même qui l’a ainsi créée. Peu importe d’ailleurs sa forme à l’origine et ses divisions en parties. En quelque état qu’elle se trouve d’abord, elle ne peut manquer d’atteindre un jour ou l’autre un certain ordre que nous allons voir : n’a-t-elle pas devant elle, pour y parvenir, l’infinité du temps, comme elle remplit déjà l’infinité de l’espace ? Et Descartes, pour en donner une idée, reprend cette belle comparaison de la mer, lorsque loin de tout rivage on la voit s’étendre à perte de vue autour de soi[8]. Il n’usera pas d’ailleurs de tout cet infini ; il n’en considère qu’une partie, mais une partie quelconque, si bien que ce qu’il démontre de cette partie-là, vaut également pour les autres, sans distinction, autant dire pour l’ensemble, pour le tout.

À la matière Descartes ajoute le mouvement. Il n’y voit point l’effet d’un « premier mobile », comme prétendaient aussi les gens d’École ; mais le mouvement, ainsi que la matière, est encore une création de Dieu. Il ne comprend pas non plus sous ce nom de mouvement toutes sortes de changements, à la façon des scolastiques ; il réprouve l’extension abusive de ce terme à des transformations ou modifications d’un autre ordre : en pur géomètre, il n’admet qu’un seul mouvement, le déplacement d’un corps qui s’éloigne d’un autre et se rapproche d’un troisième, ou, si l’on veut encore, le changement de situation d’un corps par rapport aux autres qui l’entourent dans l’espace[9]. Et cela lui permet de parler des lois du mouvement. Il en énonce trois, établies par Dieu, et qui se déduisent de son immutabilité. La même quantité de mouvement subsiste toujours dans l’univers ; lorsqu’un corps en meut un autre, autant celui-ci gagne de mouvement, autant le premier en perd exactement ; toujours aussi un mouvement tend à continuer en ligne droite : voyez la pierre qui s’échappe de la fronde. D’autres règles encore pourraient se déduire de là : nous les retrouverons en 1644. Ces lois du mouvement sont, pour Descartes, les lois de la nature ; ce sont encore des vérités éternelles, les mêmes dans tous les mondes possibles ; aucun ne saurait se concevoir, qui put se constituer sans elles. On reconnaît là le langage du mathématicien, qui légifère, dans l’abstrait, et ne rencontre point d’obstacle ni ne souffre de résistance au développement impérieux de sa pensée.

Avec la matière et le mouvement, tout est dit : ce sont les seuls principes, et le reste s’ensuivra, comme une série nécessaire de conséquences. Un mot cependant encore avant de commencer : dans le monde que Descartes va construire sur ce double fondement, il n’y aura jamais aucun miracle[10]. Dieu a créé la matière ; il a créé le mouvement ; plus tard nous verrons qu’il créera l’homme encore. Nous savons aussi que, par son action toute-puissante, il conserve ce qu’il a créé : cette conservation n’est même qu’une création continuée. Mais il n’intervient plus autrement pour modifier dans leurs effets les lois qu’il a lui-même établies, et qui doivent, comme lui, demeurer immuables. Il n’y a place dans le monde de Descartes pour aucune intervention surnaturelle.

Les chapitres qui suivent[11], nous font assister à la formation de ce monde, ou plutôt des mondes en général, et dont le nôtre ne sera, nous le verrons tout à l’heure, qu’un cas particulier. Descartes montre d’abord comment se forma le Soleil, avec les Étoiles fixes, qui sont autant de Soleils. Il ne les appelle pas ainsi d’abord. La matière qui remplit l’espace, ne se meut point partout de même, mais çà et là de manières différentes, bien que toujours en définitive circulairement. Elle tournoie ainsi autour d’autant de centres, où viennent se rassembler les parties les plus subtiles et les plus agitées, qui sont l’élément du feu, et composeront les Étoiles. Nous sommes loin de notre Terre, et même de notre Soleil, et même de cette sphère de Saturne, la plus éloignée de nous, selon les anciens astronomes, et qui n’aurait au-dessus d’elle que le Firmament. Descartes a soin de rappeler que les nouveaux astronomes supposent déjà une distance infinie entre ce Firmament et Saturne, dont la sphère même n’est qu’un point en comparaison[12]. Et ses propres suppositions vont encore au delà infiniment. Car dans ces espaces infinis, tout remplis de matière, ni remparts de feu, ni murailles d’airain n’arrêtent l’essor puissant de sa pensée ; et les ailes de son imagination ne vont pas se briser contre la voûte de cristal d’un suprême et unique Firmament.

Mais les parties de la matière ne sont point toutes subtiles et flexibles, au point de se ranger docilement dans tel ou tel tourbillon et d’être emportées désormais en son cours. Quelques-unes, plus grosses et de figures irrégulières, résistent, se rejoignent et font masse, puis, selon leur mouvement, ou bien se dégagent d’un tourbillon pour passer dans un autre, ou bien sont refoulées à l’intérieur juste à une certaine place, et là tournent indéfiniment avec lui. Et Descartes donne cette ingénieuse comparaison[13] : deux rivières se séparent après s’être rencontrées un moment ; mais cette rencontre suffit pour que de gros bateaux, en dépit du courant de l’une, puissent passer dans l’autre, tandis que des corps légers, simples fétus, ou flocons d’écume, restent dans leur rivière, et continuent d’en suivre le cours. Ainsi s’expliquent d’une part les Comètes, et de l’autre les Planètes, corps opaques les unes et les autres, et qui réfléchissent seulement la lumière. Les Comètes surtout attiraient l’attention, et les deux dernières, qui avaient paru en 1607 et en 1618, avaient été observées attentivement par Tycho-Brahé et par Képler. C’étaient, au dire des Anciens, des phénomènes sublunaires, assez proches de nous par conséquent. Mais Tycho avait reconnu que celle de 1607 cheminait sur les sphères de Vénus et de Mars, loin de la Terre, et bien au delà de la Lune. Ce n’est pas assez dire, prétendait Descartes : des mêmes observations on pouvait aussi bien conclure qu’elle allait jusqu’à la sphère de Saturne et même encore plus loin[14] Il suppose, en effet, ses Comètes infiniment au delà, puisqu’il les promène de ciel en ciel, ou comme il dit, de tourbillon en tourbillon, dans les immenses domaines des Étoiles fixes, et non plus seulement du Soleil. Plus tard il récusera les astronomes qui alléguaient encore celle de 1572 pour les maintenir dans le voisinage de la Terre et les tirer comme par force tout près de nous. Il invoquera Tycho, et non pas Képler, on ne sait pourquoi. Le livre de Tycho sur les Comètes remontait à 1609, et Kepler en avait publié un autre plus récemment, en 1619-1620. Mais Descartes ne cite Kepler que pour l’optique, et on ne sait même pas si la grande découverte du célèbre astronome sur le mouvement elliptique, et non pas circulaire, des Planètes autour du Soleil, l’avait beaucoup frappé : il se contente de dire ailleurs, que le mouvement de la Lune autour de la Terre se fait en ovale. Ici Descartes déguise à peine sa pensée s’il ne donne pas tout à fait aux différentes planètes qu’il étudie les noms des cinq Planètes connues de son temps, Mercure, Vénus, Mars, Jupiter et Saturne, il les désigne cependant avec les caractères astronomiques encore en usage, ☿, ♀, ♂, ♃, ♄ ; en particulier il en met une à sa place entre ♀ et ♂, avec la petite planète qui tourne autour, et ce sera la Terre avec la Lune. Elle n’est point d’ailleurs la seule dans ce cas : Descartes n’ignore pas que les astronomes venaient justement de découvrir quatre petites planètes autour de cette autre grande qu’est Jupiter, et deux autres encore peut-être autour de Saturne[15]. Seulement il étudie d’abord le cas dans sa généralité.

À cette question s’en rattachent deux, qui trouveront aussi leur application dans notre monde réel et plus particulièrement sur notre Terre : la pesanteur des corps, le flux et le reflux de la mer. Dans le Ciel ou le tourbillon où tourne chaque Planète, elle forme elle-même autour d’elle un petit Ciel ou tourbillon semblable ; les corps qui s’y trouvent sont poussés vers le centre, ou bien s’ils ne peuvent l’atteindre, vers la surface de cette Planète, par suite du mouvement circulaire de l’ensemble, et parce que tout autour il n’y a point de vide. Chaque tourbillon est, en effet, environné d’autres tourbillons qui le pressent, et ses parties intérieures sont refoulées vers le centre ; autrement ce serait une dispersion de tout le tourbillon lui-même dans l’infinité du vide environnant[16]. Que se passe-t-il, en réalité ? Un corps descend : la portion de matière qui se trouve au-dessous, prend aussitôt sa place au-dessus, et le pousse davantage. Un corps monte en l’air : ce qui se trouve au-dessus, prend sa place au-dessous et continue à le soulever. Tels les deux plateaux d’une balance, alternativement plus lourds et plus légers[17].

Quant au mouvement de chaque Planète sur elle-même, et au mouvement de toutes autour du Soleil, centre commun de tout leur Ciel, il va de soi ; et c’est à peine si Descartes fait remarquer, en passant, que les choses, telles qu’il les présente, répondent d’avance aux objections contre le mouvement de la Terre : il renverse, comme d’une chiquenaude, en passant, les difficultés que ce mouvement paraissait soulever[18].

Pour le flux et le reflux[19], Descartes l’explique par le mouvement d’une petite Planète (telle la Lune) autour d’une plus grande (telle notre Terre), et la poussée qu’elle exerce au-dessous d’elle sur l’air jusqu’à la surface de l’eau, et sur celle-ci qu’elle refoule à droite et à gauche vers les rivages, mais qui vient reprendre son niveau lorsque la Lune est passée. Galilée expliquait autrement le flux et le reflux. Mais Descartes ne le sut qu’après coup, et put dire avec raison que sa propre explication valait mieux certainement.

Après avoir ainsi parlé des Étoiles fixes (et le Soleil en est une), des Comètes, et des Planètes (et la Terre en est une aussi), c’est-à-dire des corps formés par les deux éléments extrêmes, le plus subtil et le plus grossier, Descartes étudie l’élément moyen, qui forme les Cieux. C’est là précisément qu’il pense trouver l’explication de la Lumière, objet principal de son Traité. Nous ne le suivrons pas dans tout le détail où il s’aventure pour expliquer le trajet des rayons depuis le Soleil et les Étoiles, parmi les petites boules de cet élément des Cieux, jusqu’à la surface de la Planète où se trouvent des êtres vivants avec des organes propres à en être frappés. Bornons-nous à noter le soin avec lequel, ici encore, notre philosophe écarte les formes et les qualités, vaines chimères scolastiques, et définit le mot de tendance (ou plutôt le verbe tendre)[20], qu’il emploie en lui ôtant tout caractère mystérieux ou occulte, et le réduisant à une signification mécanique ou géométrique : un corps en mouvement, qui aurait telle direction, si d’autres corps ne se trouvaient là qui l’en empêchent. Notons aussi que Descartes procède toujours en mathématicien : il explique d’abord la nature, puis les propriétés de la Lumière[21], et les explique démonstrativement. Son explication est donc générale, et vaut selon lui, pour tous les mondes où se retrouvent des conditions semblables.

Son Roman terminé, le philosophe revient sur terre, et reprend pied dans la réalité[22]. Là, malheureusement, le Traité reste inachevé. Des trois chapitres où il développait l’ensemble du monde physique, si l’on en croit le résumé du Discours de la Méthode, le premier seul (chapitre XV) nous a été conservé, et encore incomplètement. Descartes montre que ce Monde que nous voyons, avec son Soleil et ses Etoiles fixes, avec ses Comètes de temps à autre et leurs chevelures ou leurs queues, répond trait pour trait à celui dont il a tracé le schéma, et par conséquent s’explique par les mêmes raisons. L’insistance qu’il met à vérifier sa théorie sur les Comètes en particulier est remarquable. Ces phénomènes frappaient l’imagination des peuples, qui croyaient toujours y voir l’annonce et la menace de grands malheurs ; cette croyance persistera longtemps encore après notre philosophe. C’est pourquoi il jugea bon d’examiner les Comètes scientifiquement, et de montrer qu’elles ne sont rien d’autre qu’un phénomène naturel de toutes façons, en lui-même, dans ses causes, et dans ses effets. Il écarte d’ailleurs les Comètes de notre Terre, et les renvoie bien loin dans les profondeurs des Cieux : il satisfait ainsi et rassure à la fois les esprits.

De quoi parlait-il encore ? De choses qui intéressaient à la fois les curieux et les savants : comme les vents, dont la connaissance est si nécessaire à la navigation ; les montagnes et les mers, c’est-à-dire les parties soulevées ou abaissées de notre globe ; et à la surface de la Terre, les rivières avec les sources ou les fontaines ; le sol aussi et le sous-sol, avec les métaux dans les mines et les plantes dans les campagnes ; enfin il terminait par le feu, cette belle invention de l’homme, et l’un des principaux effets du feu, la production ou fabrication du verre. Nous retrouverons ces mêmes questions traitées en latin dans les Principia de 1644 ; mais rien n’en a été conservé dans la rédaction de 1632, et nous ne savons qu’elles s’y trouvaient déjà, que par les indications du Discours de la Méthode en 1637[23].

Ce Traité de la Lumière, qui est la première partie du Monde, est suivie d’une seconde partie, qui peut s’intituler Traité de l’Homme. Ici encore, Descartes aurait bien voulu procéder géométriquement, c’est-à-dire « en démontrant les effets par les causes » ; mais il eût pour cela fallu, dans le cas particulier, déduire de la semence ou du germe tous les organes, et expliquer ainsi la formation de l’animal. Il y renonça vite, en 1632, faute d’expériences suffisantes ; il se réservait d’ailleurs d’y revenir plus tard[24]. Pour le moment, comme il ne peut encore résoudre le problème, il le suppose résolu. Entendons par là qu’il considère le corps humain tel qu’il est et tout formé déjà ; ou plutôt, fidèle à la méthode qu’il a suivie pour le monde inanimé, il considère d’abord une machine semblable à l’animal au dedans comme au dehors ; il démonte cette machine, en étudie les ressorts et les rouages, les fait jouer sous nos yeux ; puis, revenant comme tout à l’heure à la réalité, c’est-à-dire à l’animal ou à l’homme actuel, il montre que les choses s’y passent de semblable façon, et comportent par conséquent une explication semblable. Si l’on en doute, c’est que l’on ne connaît pas bien encore deux sciences préliminaires, l’Anatomie et la Mécanique : l’une, qui nous apprendrait combien d’organes possède le corps humain, et l’autre, ce que peut faire une machine artificielle, œuvre de l’industrie humaine, à plus forte raison une machine naturelle, chef-d’œuvre de Dieu lui-même[25]. Descartes s’était exercé à Paris, avec d’habiles artisans, à construire de petits automates ; et il avait eu sous les yeux des modèles en grand, dans les jardins royaux de Saint-Germain-en-Laye.

Bientôt il lira aussi le livre de Harvey sur le mouvement du cœur, De motu cordis, publié en 1629. Il en parlera en 1637 ; mais il ne l’avait pas lu encore, lorsqu’il écrivit son Traité de l’Homme en 1632[26]. Aussi le cœur n’est-il pas pour lui, à cette date, a comme le grand ressort et le principe de tous les mouvements de notre machine[27] ». Descartes parle cependant déjà de la circulation du sang, mais sans qu’on puisse dire si lui aussi en avait eu l’idée, ou bien si, tout en n’ayant pas lu le livre de Harvey, il savait cependant, pour en avoir entendu parler, ce qu’il contenait : de fait, à plusieurs reprises, il rendra au médecin d’Angleterre, comme il l’appelle, cette justice « d’avoir le premier rompu la glace en cet endroit » ; il lui renvoie toujours l’honneur de la découverte, en ce qui concerne la circulation[28].

Toutefois, en 1632, Descartes commence par mettre sur le même plan, digestion et respiration, puis le pouls ou le battement du cœur et des artères, enfin la nutrition, sans paraître donner plus d’importance à l’une qu’à l’autre[29]. Ce sont les principales fonctions de l’animal, et il les explique d’abord toutes ensemble. Le cœur est déjà suffisamment étudié, bien qu’avec moins de détails qu’en 1637 ; Descartes note en quelques traits « la fabrique du cœur », ses deux cavités ou ventricules, et ses quatre vaisseaux, deux veines et deux artères : la veine cave, qui part du foie et amène le sang dans la cavité droite, et la grande artère qui de la cavité gauche le distribue dans tout le corps ; et entre les deux, pour le conduire du cœur au poumon une artère encore (qu’on appelle la veine artérieuse), et pour le ramener du poumon au cœur, une veine (qu’on appelle l’artère veineuse). Il note, sans y insister, comme il le fera en 1637, les petites portes ou valvules qui se trouvent à l’entrée de ces quatre vaisseaux, et qui s’ouvrent ou se ferment dans le sens contraire des artères et des veines ; et il explique en peu de mots comment le sang qui entre et qui sort ainsi tour à tour, fait régulièrement enfler et désenfler le cœur, et battre les artères. Le sang distribué par celles-ci dans tout le corps, est cause de la nutrition, que notre philosophe explique aussi à sa manière. Mais surtout il assure que les plus petites parties du sang montent droit au cerveau, où elles forment les esprits animaux. Il compare ceux-ci à « un vent très subtil », à une « flamme très vive » : ce ne sont donc des esprits que de nom ; en réalité, ce sont toujours des corps[30] et Descartes leur attribue un caractère purement matériel, écartant l’équivoque que leur nom pouvait entretenir. Les esprits animaux, distribués par les nerfs dans les différents muscles, seront cause de tous nos mouvements. Ce qui caractérise, en effet, l’homme, ou plutôt le corps humain, vu du dehors, ce sont les mouvements qu’il accomplit. Descartes en fait aussi l’objet principal de son Traité ; tout ce qui précède, et qu’on vient de voir, n’est qu’une introduction. Il distingue à ce propos trois choses[31] : d’abord, les mouvements eux-mêmes en général, mouvements des membres ou des organes par le moyen des muscles et des nerfs ; mais (second point) ces mouvements se font à propos des objets extérieurs qui agissent sur nos organes, et cette action est à étudier ; enfin (troisième point) à l’action du dehors répond une réaction du dedans, et Descartes étudie, en certains cas, cette réponse appropriée. Le mouvement se produit donc dans notre corps, après avoir été provoqué par les objets. Et comment se produit-il ainsi à l’intérieur du corps ? C’est là le nœud de la question, et c’est par là aussi que commence notre philosophe.

Chose intéressante à remarquer, le mécanisme du cœur, tel qu’il le comprend, lui sert de modèle, semble-t-il, pour expliquer, dans les muscles et les nerfs, un mécanisme semblable. Le va-et-vient du sang dans le cœur s’explique par les quatre vaisseaux qui y débouchent, et surtout par les petites portes ou valvules qui ouvrent et ferment, alternativement et dans le sens qui convient, l’entrée de ces vaisseaux. De même le va-et-vient des esprits animaux dans les muscles : les nerfs sont comme les vaisseaux qui apportent et qui remportent ces esprits ; et à l’entrée des nerfs dans les muscles se trouvent aussi de petites portes ou valvules, qui s’ouvrent et se ferment tour à tour. Descartes insiste sur cette hypothèse des valvules dans les nerfs, aussi bien que dans les vaisseaux du sang[32]. Or les muscles sont deux par deux, et qui s’opposent : lorsque les esprits animaux viennent en remplir un, il se gonfle et se raccourcit, et tire à lui le membre ou l’organe, que laisse aller le muscle antagoniste, vidé au même moment d’esprits animaux, et par conséquent dégonflé et relâché ; l’inverse se produit ensuite. Descartes pense expliquer ainsi les mouvements alternatifs des muscles de l’œil, donnés en exemple, ainsi que des muscles qui servent à respirer, à avaler, etc.[33]. Il tenait beaucoup à son explication, qui lui donnait comme le schéma de tous les mouvements du corps. Aussi ne la communiquait-il pas volontiers, de peur qu’on ne la lui dérobât ; et plus tard il ne pardonnera pas à son ami Regius de s’en être emparé, et surtout d’en avoir omis l’essentiel, pour ne l’avoir pas compris sans doute : à savoir ces petites valvules qu’il suppose dans les nerfs, et qui empêchent le retour des esprits animaux par les mêmes conduits ; comme, à l’entrée du cœur, des valvules s’opposent au retour du sang en arrière dans la veine cave et dans l’artère veineuse. Regius divulguera cette explication en 1646, et Descartes l’avait notée par écrit, dira-t-il, environ treize ans plus tôt, ce qui nous reporte bien à 1633 ou 1632[34].

Il n’en parle pas expressément, dans une lettre de la fin de cette année, où il indique les chapitres de son Traité de l’Homme[35]. Mais il parle des cinq sens ; et en effet, après avoir expliqué en général le mouvement des muscles, il étudie successivement le toucher, le goût, l’odorat, l’ouïe et la vue[36]. Il prend occasion de l’ouïe, pour rappeler les principes de la musique ; et à propos de la vue, il examine les erreurs où nous tombons, sur la distance, la forme, la situation des objets[37] Ceci encore est intéressant, car une erreur dont on connaît la cause, cesse d’être une erreur, et on en est préservé : Descartes ne pouvait donc prendre bien au sérieux, en ce qui le concerne, ce qu’il alléguait des erreurs des sens. À ceux-ci il ajoute les sentiments intérieurs[38] : plaisir et douleur, faim et soif, etc. Toute cette partie, relative aux sens intérieurs ou extérieurs, est assez développée, et décrite avec une certaine complaisance : visiblement Descartes s’y intéresse, pour le moins autant qu’à telle ou telle question de métaphysique. En étudiant ainsi l’homme physique, et déjà les effets en l’homme de l’union de l’âme et du corps, lesquels se traduisent par des sentiments, aussi bien que tout à l’heure en étudiant le monde matériel, il se sentait vraiment philosophe.

Viennent enfin les mouvements accomplis par nous sous l’action des objets extérieurs ou par suite de nos sentiments internes. Et c’est pour les mieux connaître sans doute, que Descartes raconte, à la fin de 1632, qu’il étudie des têtes d’animaux, veaux, moutons, etc., et ce qui se passe au dedans[39]. Deux choses lui apparaissent comme essentielles : d’une part, les pores, à la superficie du cerveau, qui s’élargissent ou se rétrécissent pour livrer passage ou le fermer, selon les besoins, aux esprits animaux envoyés de là dans les nerfs et les muscles ; d’autre part, à l’intérieur du cerveau, une certaine glande, que Descartes considère comme le centre même d’où tout part et où tout aboutit dans notre machine, la fameuse glande conarion. Cette vue qu’il a du cerveau et de ses principales fonctions, lui est propre, et il la revendique, lorsqu’il énumère, à la dernière page que nous ayons de son Traité[40] ce qui est de lui et qu’il ajoute à ce que l’on savait communément en Anatomie. Il explique avec force détails, à titre d’exemple, ce qui se passe dans les différentes parties de l’œil pour l’accommoder à la vision des objets plus ou moins proches de nous, et encore les mouvements de la tête, des mains, des pieds, pour nous rapprocher ou nous éloigner[41]. Il explique, à sa façon, l’état de veille, et le sommeil, et les rêves[42], et se complaît dans de minutieuses analyses, qui peuvent bien aujourd’hui paraître fantaisistes, mais qui avaient l’avantage en ce temps-là de montrer que le mécanisme pouvait suffire à tout, sans forme, ni qualité ou faculté, sans âme sensitive ni végétative.

Il n’insiste pas autrement, à la date de 1632, sur ce caractère si particulier de ses explications : loin de l’accentuer, il le sous-entend plutôt. C’était sa tactique. Il l’avait indiquée dès les premières pages de son Traité du Monde : montrer, par quelques exemples, qu’on peut fort bien se passer de ces entités scolastiques, qui sont donc inutiles ; au lecteur de conclure ensuite, si elles existent ou si elles n’existent pas[43]. Plus tard, quand il reprendra les mêmes questions, et que, dans le feu de la bataille, attaqué lui-même, il aura à se défendre, il ne se fera pas faute de railler au passage ces facultés auxquelles on avait recours en désespoir de cause, pures chimères, où l’esprit ne saurait rien comprendre[44]. Mais au début, il aimait mieux n’en parler que le moins possible, et les traiter par ce demi-silence, qui n’était que du mépris.

En revanche, il fait un constant usage, on pourrait presque dire un abus, des comparaisons empruntées à la chimie ou à la mécanique. Ce ne sont pas seulement pour lui des comparaisons, mais des assimilations véritables, et presque des identifications. La coction des aliments dans l’estomac, par exemple, est de même nature que la fermentation du raisin

    ex lis portio aliqua per arterias ad cerebrum perdufta, ibidem in fpiritus animales conuertitur. Quidam his fpiritus naturales adnumerant, quos lamen à fanguine vix difcerni poffe arbitramur : & probabile eft fpiritus praefertim vitales non nifi accidentariô differre à fanguine. Sic igitur fanguis nutrition !, fpiritus vitales vegetationi & palpitation !, animales denique lùm fenfui, cùm motui fubferuiunt. Et quoniam hae operationes per totum corpus erant neceffariae, idcirco natura tria fubminiftrauit véhicula, quibus tùm fanguis cùm fpiritus per totum corpus deferrentur, nempe venas fanguini, arterias fpiritibus vitalibus, neruos animalibus deputauit : fie vt venae à iecore, arteriae à corde, nerui à cerebro congruentiflîmè originem ducerent. Sed de his plura apud Medicos. » (Édit. 2’, 1611, p. 304.)

    Voir aussi t. 111, p. 686-689 : lettre du 19 juin 1643. Dans un manuel que Descartes a eu entre les mains, Summa Philofophiœ d’Eustache de Saint-Paul, dit « le Feuillant », la doctrine du temps se trouve ainsi résumée : Physica. Pars IV. Trad. II, Quœstio 4 : « …Noiandum autem est ex fanguine qui inter quatuor humores principem locum tenet, tum vitales’cum animales spiritus oriri. Namque vbi confectus a iecore fanguis per venam cauam emitiitur. portio quædam ex ipso purior per venulam à veaa cana ad cor aurahitur, ibique vehemenii calore cordis perficitur. atque adeo in vitalem spiritum conuertitur. Cœterum

  1. Le travail de rapprochement entre les quatre séries de texte : 1° Le Monde, 2° Correspondance (1629-1633), 3° Discours de la Méthode (5e partie », 4° Principia Philosophiæ (part. ii, iii et iv), a été fait déjà, t. XI, p. 698-706, au moins pour la première partie du Monde : Traité de la Lumière. Nous le reprendrons ici, en le conduisant jusqu’à la fin, pour la seconde partie également : Traité de l’Homme.
  2. Tome XI, p. 3-31.
  3. Tome XI, p. 7, l. 13, à p. 8, l. 3.
  4. Tome XI, p. 19, l. 20, à p. 20, l. 6.
  5. Tome XI, p. 31, l. 13-25.
  6. Ibid., p. 10, l. 23, à p. 11, l. 6, par exemple.
  7. Ibid., p. 33, l. 18-30.
  8. Page 32, l. 12, à p, 33, l. 3.
  9. Tome XI, p. 38, l. 22, à p. 40, l. 28.
  10. Ibid., p. 48, l. 1-6.
  11. Chapitres viii, ix et x : t. XI, p. 48-72.
  12. Tome XI. p. 56, l. 12-22.
  13. Tome XI, p. 37, l. 24, à p. 60, l. 6.
  14. Voir les Principes, en 1644 : t. VIII, 1re partie, p. 98.
  15. Tome XI, p. 72, l. 15-24.
  16. Ibid., p. 75, 1. 3-23.
  17. Tome XI, p. 76, l. 5-24.
  18. Ibid., p. 80, l. 1-15.
  19. Ibid., p. 80-83 : Chapitre xii.
  20. Tome XI, p. 84, l. 7-16.
  21. Ibid., p. 84-103 : Chapitres XIII et XIV.
  22. Ibid., p. 104-118 : Chapitre xv.
  23. Tome VI, p. 44, l. 11, à p. 45, l. 3. Et toujours t. XI, p. 704.
  24. Tome XI, p. 702.
  25. Tome XI, p. 120, l. 15-24 ; et t. VI, p. 55, l. 29, à p. 56, l. 9.
  26. Tome I, p. 263, l. 8-12.
  27. Tome XI, p. 226, l. 27-29, et p. 245, l. 15-17, textes de 1648. Voir aussi en 1637, t. VI, p. 46, l. 29-31.
  28. Tome VI, p. 50, l. 24-26, en 1637. Et en 1648, t. XI, p. 239, l. 12-15.
  29. Tome XI, p. 121-123 (digestion), p. 123-124 (respiration), p. 123 et 124-125 (pouls), p. 125-128 (nutrition), et p. 201-202 (résumé). Voir aussi t. I, p. 263, l. 3-5, en 1632 ; et t. VI, p. 53, l. 8, à p. 54, l. 13. Correction, t. I, p. 263, l. 3, lire decrit, au lieu de écrit.
  30. Tome XI, p. 129, l. 4-6 ; et p. 335, l. 4-5.
  31. Tome XI, p. 132 (division), p. 132-141 (première partie), p. 141-165 (seconde), p. 165-200 (troisième), p. 200-202 (conclusion).
  32. Tome XI, p. 200, l. 29, à p. 201, l. 6.
  33. Ibid., p. 132, l. 2, à p. 141, l. 6.
  34. Ibid., p. 673, 675, 681-683 : Descartes et Regius.
  35. Tome I, p. 263, l. 3-6.
  36. Tome XI, p. 142, l. 22, à p. 160, l. 26.
  37. Tome XI, p. 160, l. 27, à p. 163, l. 5.
  38. Ibid., p. 163-165. Voir aussi t. VI, p. 55, l. 17-19.
  39. Tome I, p. 263, l. 6-8. Voir t. VI, p. 55, l. 9-12.
  40. Tome XI, p. 200, l. 25-29, et p. 201, l. 6-15.
  41. Tome XI, p. 186-189, et p. 190-197.
  42. Ibid., p. 173-174, et p. 197-199.
  43. Ibid., p 7-8.
  44. Ibid., p. 243-244 et p. 250-251.