Vie et opinions de Tristram Shandy/4/50

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Traduction par Joseph-Pierre Frenais.
Chez Jean-François Bastien (Tome troisième. Tome quatrièmep. 141-142).



CHAPITRE L.

Trim s’enflamme.


« Il n’y a pourtant pas tant de quoi s’étonner, continua le caporal, voyant que mon oncle Tobie faisoit des réfléxions mentales sur ce sujet. — L’amour, monsieur, le ait mieux que moi, l’amour est comme la guerre. Un soldat ne peut-il pas échapper trois semaines de suite en montant la tranchée dans la nuit du samedi, et cependant être tué le dimanche matin ? — C’est précisément ce qui m’arriva ; avec la seule différence que ce fût le dimanche au soir ; — l’amour me vint tout d’un coup ; il tomba sur moi comme une bombe, sans me donner presque le temps de dire : Dieu me bénisse. » — « Je ne croyois pas, Trim, dit mon oncle Tobie, que l’amour pût venir si brusquement. » —

« Mais, répliqua Trim, quand on y est déjà préparé ! » —

« Je te prie, dit mon oncle Tobie, raconte-moi comment cela t’arriva. » —

« De tout mon cœur, dit le caporal faisant sa révérence.