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Vies, doctrines et sentences des philosophes illustres/8/Empédocle

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J. H. Schneider, Libraire (Tome IIp. 238-252).
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Livre VIII
EMPEDOCLE.



EMpedocle d’Agrigente fut fils de Meton, & petit-fils d’Empedocle. C’est le sentiment d’Hippobote & celui de Timée, qui, dans le quinzieme livre de ses Histoires, dépeint Empedocle, ayel du Poête, comme de leur opinion, & Héraclide, dans son traité des Maladie, la confirme en assûrant que le grand-pere d’Empedocle descendoit de famille noble, & qu’il entretenoit des chevaux pour son service. Eratosthene, dans ses Victoires Olympiques ajoute à toutes ces particularités que le pere de Meton remporta le prix dans la LXXI. Olympiade, en quoi il s’appuye du témoignage d’Arstote. Apollodore le Grammairien, dans ses Chroniques, est de l’avis de ceux qui font Empedocle fils de Meton. Glaucus rapporte qu’il se rendit chez les Thuriens lorsque cette Colonie ne venoit que d’être fondée. Ce même Auteur ramarque plus bas que ceux, qui racontent qu’il s’enfuit de sa patrie, & que s’étant réfugié chez les Syracusains, Il porta avec eux les armes contre le peuple d’Athenes, ne prennant pas garde aux époques : « car, dit-il, ou il devoit être mort en ce tems là, ou fort avancé en âge ; ce qui n’est nullement Page:Diogène Laërce - Vies - tome 2.djvu/267 vraisemblable, puisqu’Aristote observe qu’Héraclite & Empedocle moururent à l’âge de soixante ans. Mais, continu Glaucus, ce qui êut avoir donné lieu à l’erreur, c’est que celui, qui dans la LXXI. Olympiade remporta le prix à la course du cheval, portoit le même nom, comme il conste par cette époque, que rapporte Apollodore ». Satyrus dans ses Vies, dit qu’Empedocle étoit fils d’Exænete ; qu’il eut un fils appellé de ce nom ; que dans la même Olympiade le pere fut vainqueur à la course du cheval, & le fils à la lutte, ou à la course ; selon le témoignage d’Héraclide dans son Abrégé. J’ai lû dans les Commentaires de Phavorin qu’à cette occasion Empedocle sacrifia pour les spectateurs la figure d’un bœuf, qu’il avoit pêtrie de miel & de farine. Ce même Auteur lui donne un frere, qu’il nomme Callécratide.

Telauge, fils de Pythagore, assûre, dans une lettre à Philolaus qu’Empedocle étoit issû d’Archinomus. Au reste, on fait de lui-même qu’il nâquit à Agrigente en Sicile. Voici ce qu’il dit de sa patrie dans l’exorde de ses vers sur les purifications.

Chers Amis, qui habitez la fameuse Cité, située près du fleuve Acragas, cette ville si considérable.

C’en est assez sur son origine. Timée raconte dans son neuvieme livre qu’il fut disciple de Pythagore ; mais qu’ayant été surpris, comme Platon, dans un larcin de papiers, il ne fut plus admis aux conversations de ce Philosophe. C’est de lui qu’Empedocle parle dans ces vers.

Entre ceux-là étoit un homme qui connoissoit les choses les plus sublimes, & qui possedoit plus que personne les richesses de l’ame.

D’autres prétendent qu’en s’énoncant ainsi, Empedocle avoit égard à Parmenide. Néanthe rapporte que les Pythagoriciens avoient coutume de converser ensemble jusqu’au tems de Philolaus & d’Empedocle ; mais que depuis que celui-ci eut divulgué leurs sentimens par ses vers, on fit une loi qu’aucun Poëte ne seroit admis dans leurs entretiens. On raconte la même chose de Platon, qui pour un pareil cat fut exclu du commerce des Pythagoriciens. Cependant Empedocle ne désigne pas lequel de ces Philosophes fut celui dont il étudia les préceptes épître de Talauge, où il est dit qu’il s’attache à Hippase & à Brontin. Selon Théophaste, il fut l’émule de Parmenide, lequel il se proposa pour modele dans ses poésies. En effet il parle dans ses vers de la doctrine de la nature, mais Hermippe soutient que ce fut Xénophane, & non Parmenide, qu’Empedocle voulut égaler ; qu’ayant été long-tems en liaison avec le premier, il en imita le génie poétique, & qu’ensuite il fréquenta les Pythagoriciens. Alcidamas, dans sa Physique, rapporte que Zénon & Empédocle prirent dans le même tems les insstructions de Parmenide, mais qu’après s’être séparés, Zénon continua ses études de Philosophie en particulier, & qu’Empedocle se mit sous la discipline d’Anaxagore & de Pythagore, ayant imité l’un dans ses recherches sur la nature, & l’autre dans la gravité de ses mœurs & de son extérieur.

Aristote, dans son ouvrage intitulé Le Sophiste, attribue à Empedocle l’invention de la Rhétorique, & donne celle de la Dialectique à Zénon. Dans son livre des Poëtes il dit qu’Empedocle ressembloit beaucoup à Homere, qu’il avoit l’élocution forte, & qu’il étoit riche en métaphores & en d’autres figures poétiques. Il composa entre autres un poëme sur la descente de Xerxès en Grece & un Hymne à Apollon ; piéces que sa sœur ou sa fille, assûre Jerôme, mit au feu, l’Hymne sanss y penser, mais les Persiques à dessein, sous prétexte que c’étoit un ouvrage imparfait. Le même auteur veut qu’Empedocle ait aussi écrit des tragedies & des ouvrages de politique ; mais Héraclide, fils de Sérapion, prétend que les tragédies, qu’on lui suppose, sont d’un autre. Jerôme atteste qu’il lui en est tombé quarante-trois entre les mains, & Neanthe certifie avoir lû des tragedies faites par Empedocle dans le tems de sa jeunesse.

Satyrus, dans ses Vies, le qualifie Médecin & excellent Orateur. La preuve qu’il en allegue, est qu’il eut pour disciple Gorgias de Léonte, fameux en ce genre de science, & qui a laissé des regles sur l’Art de bien dire. Apollodore, dans es Chroniques, remarque que Gorgias cévut jusqu’à l’âge de cent neuf ans, & Satyrus raconte qu’il disoit avoir connu Empedocle, exerçant la Magie. Lui-même en convient dans ses poésies lorsqu’entre autres choses il dit :

Vous connoitrez les remedes qu’il y a pour maux & pour soulages la vieillesse ; vous serez le seul à qui je donnerai ces lumieres. vous répromerez la fureur des vetns infatigables qui s’élevent ssur la terre, & dont l’haleine desséche les champs labourés ; ou bien, si vous voulez, vous pourrez exciter les ouragans, vous ferez tomber dans les sasons les plsu arides ces torrens d’eau qui séracinent les arbres & gâtent les moissons, vous pourrez même évoquer les morts.

Timée, dans le dix-huitieme livre de ses Histoires, dit aussi qu’Empedocle se fit admirer à plusieurs égards ; qu’un jour sut-tout les vents périodiques, qu’on nomme Etsiens, s’étant élevés avec tant de violence qu’ils gâtoient tous les frutis, il ordonna qu’on écorchât des ânes ; que de leur peau on fît des outres, qu’ensuite on les plaçât au haut des collines & sur les sommets des montagnes pour rompre le vent, lequel cessa en effet ; ce qui le fit surnommer Maître des vents.

Heraclide, dans son livre des Maladies, assûre qu’Empedocle dicta àa Pausanias ce qu’il a écrit touchant une femme que l’on réputoit pour morte. Selon Aristippe & Satyrus, il avoit pour Pausanias une amitié si particuliere, qu’il lui dédia son ouvrage sur la Nature, en employant ces termes : Ecoutes-moi, Pausanias, fils du sage Anchite. Il lui fit encore l’Epigramme suivante :

Cela est la patrie du célebre disciple d’Esculape de Pausanias, surnommé fils d’Anchite, de celui qui a sauvé du pouvoir de Prosererpine plusieurs malades, attaqués de langueurs mortelles.

Héraclide définit cet empêchement de la respiration un état, dans lequel le corps peut se consercer trente jours sans respiration & sans battement de pouc. De là vient qu’il appelle Empedocle Médecin & Devin ; ce qu’il infere encore de ces vers :

Je vous salue, chers Amis, qui habitez la fameuse & grande Cité près des rives dorées du fleuve Acragas ; vous ne vous attachez qu’à des choses utiles, & je vous parois un Dieu, plutôt[1]qu’un ''mortel, lorsque je viens, honoré convenablement de tout le monde, me rendre auprès de vous. Quand, orné de couronnes ou de guirlandes, j’approche de ces florissantes villes, les hommes & les femmes viennent en foule me rendre leurs hommages. Je suis accompagné de ce grand nombre de gens qu’attire la recherche du gain, de ceux qui s’appliquent à la Divination, de ceux enfin qui souhaitent d’acquerir la science de connoître les maladies & de procurer la santé.

Empedocle appelloit Agrigente une ville considérable, parce que, dit Potamilla, elle contenoit huit cens[2] mille habitans. De là ce mot d’Empedocle sur la mollesse de cette ville : Les Agrigentins jouissent des plaisirs avec autant d’ardeur que s’ils devoient mourir demain, & bâtissent des maisons comme s’ils avoient toujours à vivre. Cléomene, chantre des vers heroïques, recita à Olympie ceux qu’Empedocle fit pour l’usage des expiations, comme le rapporte Phavorin dans ses Commentaires. Aristote dit qu’Empedocle avoit de généreux sentimens, & qu’il étoit si éloigné de tout esprit de domination, qu’au rapport de Xanthus qui vanta ses qualités, la Royauté lui ayant été offerte, il la refusa parprédilection pour une condition médiocre. Timée ajoute à ce trait le recit d’une occasion où il fit voir qu’il avoit le cœur populaire. Il fut invité à un repas par un des principaux de la ville, & comme on se mit à boire avant que de servir sur table, Empedocle, témoin du silence des autres conviés, s’impatienta & ordonna qu’on apportât dequoi manger. Le maître du logis s’excusa sur ce qu’il attendoit un Officier du Conseil. Il arriva enfin, & ayant été établi Toi de la fâte par les soins de celui qui donnoit le régal, il fut entrevoir assez clairement des dispositions à la tyrannie, en voulant que les conviés bûssent, ou qu’on leur répandit le vin sur la tête. Empedocle se tut ; mais le lendemain il convoqua le Conseil, fit condamner à mort cet Officier & celui quoi avoit fait les fraix du repas. Tel fut le commencement de la part qu’il prit aux affaires publiques. Une autre fois le Médecin Acron prioit le Conseil de lui assigner une place où il pût élever un monument à son pere, comme ayant surpassé tous les Médecins en savoir. Empedocle empêcha qu’on ne lui octrotât sa demande, tant par des raisons prises de l’égalité, que par le discours qu’il lui tins : Quelle inscription voulez-vous, lui demanda-t-il, qu’on mette sur le monument ? sera-ce cette Epitaphe :

Le grand Médecin Acron d’agrigente, fils d’un pere célebre, repose ici sous le précipice de sa glorieuse patrie[3]. D’autres traduisent ainsi le second vers, Ce grand tombeau contient une grance tête. Il ya des Auteurs qui attribuent cela à Simonide.

Enfin Empedocle abolit le Conseil des Mille, & lui substitua une Magistrature de trois ans, dans laquelle il admettoit non seulement les riches, mais aussi des personnes qui soutinssent les droits du peuple. Timée, qui parle souvent de lui, dit pourtant qu’il ne paroissoit pas avoir un systême utile au bien de sa patrie, parce qu’il témoignoit beaucoup de présomption & d’amour propre, témoin ce qu’il dit dans ces vers :

Je vous salue : ma personne vous paroît celle d’un Dieu, plutôt que d’un mortel, quand je viens vers vous, & le reste.

On raconte que lorsqu’il assista aux Jeux Olympiques, il attira sur lui l’attention de tout le monde ; de sorte que dans les conversations on ne s’entretenoit de personne autant que d’Empedocle. Néanmoins dans le tems qu’on rétablit la ville d’Agrigente, les parens de ses ennemis s’opposerent à son retour ; ce qui l’engagea à à se retirer dans la Péloponnese, où il finit sa vie. Timon ne l’a pas épargné, au contraire il l’minvective dans ces vers : Empedocle, hérissé de termes du Barreau, & en ceci supérieur aux autres, créa des Magistrats qui avoient besoin qu’on leur donnât des seconds.

Il y a différentes opinions sur le sujet de sa mort. Héraclide, qui détaille l’histoire de la femme censée n’être plus en vkie, dit qu’Empedocle, l’ayant ranimée & mérité beaucoup de gloire par ce prodige, fit un sacrifice dans le cahmp de Pysianacte, auquel il invitaa ses amis, du nombre desquels fut Pausanias ; qu’après le repas, quelques-uns se retirerent pour se reposer, quelques autres se mirent sous les arbres d’un champ voisin, d’autres s’en allerent où ils voulurent ; qu’Empedocle se tint dans la place qu’il avoit occupée pendant le repas ; que le lendemain chacun s’étant levé, il n’y eut qu’Empedocle qui ne parut point ; qu’on le chercha & questionna les Domesriques pour savoir ce qu’il étoit devenu ; qu’un d’entre eux déclara qu’à minuit il avoit entendu une voix forte, qui appelloit Empedocle par son nom ; que là-dessus il s’étoit levé, mais qu’il n’avoit apperçu rien d’autre qu’une lumiere céleste & la lueur de flambeaux ; que ce discours causa une surprise extrême ; que Pausanias descendit de la chambre & envoya des gens à la découverte d’Empedocle ; qu’enfin il cessa de se donner des peines inutiles, en disant qu’Empedocle avoit reçu un bonheur digne de la dévotion qu’il avoit fait paroître, & qu’il falloit lui immoler des victimes comem à un homme élevé au rang des Dieux. Hermippe contredit Héraclide en ce que le sacrifice fut offert à l’occasion d’une femme d’agrigente nommée Panthée, qu’Empedocle avoit guérie, quoiqu’abandonnée des Médecins : à quoi il ajoute que le nombre de ceux, qu’il avoit invités, se montoit à près de quatre-vingt personnes. Hippobote raconte qu’à son reveil Empedocle prit le chemin du mont Ethna, qu’il se précipita dans les ouvertures de cette montagne, & disparut ainsi dans les dessein de confirmer par-là le bruit de son apothéose ; mais que la chose se découvrit par un sandale, travaillé avec de l’airain, que le volcan rejetta en vomissant des flammes, & que l’on reconnut être un des siens, tels qu’il avoit coutume d’en porter. Néanmoins ce fait fut toujours démenti par Pausanias.

Diodore d’Ephese, en parlant d’anaximandre, dit qu’Empedocle le prenoit pour modele, qu’il l’imitoit dans ses expressions ampoulées & affectoit la gravité de son habillement. On ajoute à cela que les habitans de Selinunte, étant affligés de la peste, causée par l’infection d’une riviere voisine qui exhaloit de si mauvaises odeurs, qu’elles produisoient des maladies & saisoient avorter les femmes, Empedocle imagina de conduire à ses dépens deux autres rivieres dans celle-là pour en adoucir les eaux par ce mélange ; qu’effectivement il fit cesser le fleau ; qu’ensuite il se présenta aux Selinuntiens pendant qu’ils assistoient à un festin auprès de ce fleuve ; qu’à son aspect ils se leverent & lui rendirent les honneurs divins ; que ce fut pour les confirmer dans les opinion qu’il étoit un Dieu, qu’il prit la résolution de se jetter dans le feu. Mais ce recit est contesté par Timée, qui dit formellement qu’il se retira dans la Peloponnese, d’où il ne revint jamais ; de sorte qu’on ne sait de quelle maniere il finit ses jours. Dans son quatrieme libre il prend à tâche de décréditer le recit d’Heraclide, en disant que Pysianacte étoit de Syracuse, qu’il n’avoit point de champ à Agrigente, & qu’au reste ce bruit s’étant répandu touchant empedocle, Pausanias, qui étoit riche, érigea à sa mémoire un monument, soit statue ou chapelle. « Et comment poursuit0il, Empedocle se seroit-il jetté dans les ouvertures du mont Ethna, lui qui n’en fit jamais mention, quoiqu’il ne demeurât pas loin de là. Il mourut donc dans le Peloponnese, & on ne doit pas être surpris si on ne rencontre pas son sépulchre puisqu’on ignore la sépulture de plusieurs autres ». Timée conclut, en reprochant à Héraclide là coutume d’avancer des paradoxes, jusqu’à parler d’un Homme dit qu’Empedocle eut d’abord à Agrigente une statue couverte, dressée à son honneur ; mais qu’ensuite elle fut placée découverte vis-à-vis le Sénat des Romains, qui la transporterent dans cet endroit. Il est aussi représenté dans quelques tableaux, qui existent encore. Néanthe de Cyzique, qui a écrit sur les Pythagoriciens, rapporte qu’après la mort de Meton, la Tyrannie commença à s’établir, & qu’Empedocle persuada aux Agrigentins de calmer leurs séditions & de conserver l’égalité dans leur gouvernement. Comme il possedoit de gros biens, il dôta plusieurs filles qui n’en avoient pas, & Phavorin dnas le premier livre de ses Commentaires, dit qu’il étoit dans une si grande opulence, qu’il portoit la pourpre, un ornemens d’or autour de la tête, des sandales d’airain, & une couronne Delphienne. Il avoit la chevelure longue, l’air imposant, se faisoit suivre par des Domestiques, & ne changeoit jamais de maniere & d’arrangement. C’est ainsi qu’il paroissoit en public, & l’on emarquoit dans son maintien un sorte d’apparence royale qui le rendoit respectable. Enfin un jour qu’il se transportoit en chariot à Messine pour y assister à une fête solemnelle, il tomba & se cassa la cuisse ; accident dont il mourut à l’âge de soixante-&-dix-sept ans. Il a son tombeau à Megare. Aristote est d’un autre avis touchant son âge. Il ne lui donne que soixante ans de vie ; d’autres cent & neuf. Il fleurissoit vers la LXXXIV. Olympiade. Demetrius de Trœzene, dans son livre contre les Sophistes, nous apprend en se servant des expressions d’Homere, qu’ayant pris un licou, il se pendit à un cornouiller fort haut, afin que son ame descendît de là aux Enfers. Mais dans la lettre de Telauge, dont nous avons parlé, il est dit qu’il tomba dans la mer par un effet de vieillesse, & qu’il s’y noya ; telles sont les opinions qu’on a sur sa mort. Voici des vers satyriques qui se trouvent sur son sujet dans notre Recueil de vers de toutes sortes de mesures.

Empedocle, tu as purifié ton corps par le mmoyen des flammes dévorantes qui s’élancent continuellement à travers des ouvertures de l’Ethna. Je ne dirai pas que tu t’y es plongé de propos déléberé. Qu’on ignorât ton sort, c’étoit-là ton dessein ; mais qu’il t’en coutât la vie, n’étoit pas ta volonté.

En voici encore d’autres :

Empedocle, dit-on, mourut d’une chûte de chariot, qui lui cassa la cuisse droite. S’il fut assez mal-avisé pour s’être jetté dans les ouvertures du mont Ethna, comment se peut-il que ses os reposent dans son sépulchre à Megare ?

Au reste Empedocle croyoit qu’il y a quatre élemens, le feu, l’eau la terre & l’air, accompagnés d’un accord qui les unit, & d’une antipathie qui les sépare. Il les nomme, le prompt Jupiter, Junon qui donne la vie, Pluton, & Nestis qui remplit de larmes les yeux des humains.Jupiter est le feu, Junon la terre, Pluton l’air, & Nestis l’eau. Il ajoute que ces élemens, sujets à de continuels changemens, ne périssent jamais, & que cet ordre de l’Univers est éternel, Il conclut enfin que tantôt une correspondance unit ces parties, & que tantôt une contrariété les fait agir séparément. Il estimoit que le soleil est un amis de feu, & un astre plus grand que la lune ; que celle-ci ressemble à un disque pour la figure ; que le ciel est semblable à du cristal, & que l’ame revêt toutes sortes de formes de plantes & d’animaux. Il assûroit qu’il se souvenoit d’avoir été autrefois jeune garçon & jeune fille, palnte, poisson & oiseau.

On a en cinq cens vers ce qu’il a composé sur la Nature & sur les Expiations, & en six cens ce qu’il a écrit de la Médecine. Nous avons parlé plus haut de ses tragédies.



  1. La version Latine, Fougerelles & Boileau font dire à Empedocle qu’il est un Dieu, mais outre que le Grec ne dit pas absolument cela, je ne pense pas que jamais personne se soit sérieusement dit immortel. Menage explique cela des progrès d’Empedocle dans la sagesse.
  2. Menage corrige d’après Bochart & Diodore : deux cens mille.
  3. Il y a ici un jeu de mots, qui perd son sel dans la traduction ; il consiste en ce que le mot de grand est repeté plusieurs fois.