Vies, doctrines et sentences des philosophes illustres/9/Parménide

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J. H. Schneider, Libraire (Tome IIp. 283-285).
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Livre IX


PARMENIDE.



Parmenide, fils de Pyrithus & natif d’Elée, fut disciple de Xénophane, quoique Théophraste, dans son Abrégé, le fasse disciple d’Anaximandre. Cependant, bien qu’il ait eu Xénophane pour Maître, au-lieu de l’avoir suivi, il se lia avec Aminias, ensuite avec Diochete, lequel, dit Sotion, étoit Pythagoricien & pauvre ; mais fort honnête homme. Aussi fut-ce pour ces raisons que Parmenide s’attache plus à lui qu’à tout autre, jusque-là qu’il lui éleva une Chapelle après sa nort. Parmenide, également noble & riche, dut aux soins d’Aminias, & non aux instructions de Xénophane, le bonheur d’avoir acquis la tranquillité d’esprit.

On tient de lui ce systême que la terre est ronde, & située au centre du monde. Il croyoit qu’il y a deux élemens, le feu & la terre, dont le premier a la qualité d’ouvrier, & le second lui sert de matîère ; que l’homme a eté premiérement formé par le soleil, qui est lui-même composé de froid & de chaud ; qualités dont l’assemblage constitue l’essence de tous les êtres. Selon ce Philosophe, l’ame & l’esprit ne sont qu’une même chose, comme le rapporte Théophraste dans ses livres de Physique, où il détaille les sentimens de presque tous les Philosophes. Enfin il distingue un double Philosophe, l’une fondée sur la vérité, l’autre sur l’opinion. De là ce qu’il dit : Il faut que vous connoissiez toutes choses ; la simple vérité qui parle toujours sincérement, & les opinions des hommes, sur lesquelles il n’y a point de fond à faire.

Il a expliqué en vers ses idées philosophiques à la maniere d’Hésiode, de Xénophane & d’Empedocle. Il établissoit la raison dans le jugement, & ne trouvoit pas que les sens pussent suffire pour juger sainement des choses.

Que les apparences diverses, disoit-il, ne t’entrainent jamais à juger, sans exameen, sur le faux rapport des yeux, des oreilles, ou de la langue. Mais discernes toutes choses par la raison.

C’est ce qui donna à Timon occasion de dire en parlant de Parmenide, que son grand sens lui fit rejetter les erreurs qui s’insinuent dans l’imagination.

Platon composa à la louange de ce Philosophe un Dialogue qu’il intitula Parmenide, ou Des Idées. Il fleurissoit vers la LXIX" Olympiade. & paroît avoir observé le premier que l’étoile du matin & celle du soir sont le même astre, écrit Phavorin dans le cinquieme livre de ses Commentaires. D’autres attribuent cette observation à Pythagore. Callimaque conteste au Philosophe le Poëme qu’on lui attribue.

L’histoire porte qu’il donna des Loix à ses concitoyens. Speusippe en fait foi dans son premier livre des Philosophes, & Phavorin, dans son Histoire Diverse, le répute pour le premier qui s’est servi du syllogisme, appellé Achille.

Il y a eu un autre Parmenide, Auteur d’un traité de l’Art oratoire.