Vieux manoirs, vieilles maisons/Texte entier
COMMISSION DES MONUMENTS
HISTORIQUES DE LA PROVINCE
DE QUÉBEC
Transmettre à sa famille la maison paternelle, la terre reçue des ancêtres, devrait être un sentiment aussi fort, aussi étroitement attaché au cœur, aussi sacré que les liens du sang.
Chanoine H.-A. Scott
COMMISSION DES MONUMENTS
HISTORIQUES DE LA PROVINCE
DE QUÉBEC
L’honorable M. Adélard Turgeon, C.V.O., C.M.G., docteur ès lettres, conseil du Roi, chevalier de la Légion d’Honneur, président du Conseil législatif, Hôtel du Gouvernement, à Québec.
C.-J. Simard, avocat, conseil du Roi, officier de l’Instruction publique de France, sous-secrétaire de la Province, Hôtel du Gouvernement, à Québec.
W.-D. Lighthall, conseil du Roi, docteur en droit, ancien président de la Société Royale du Canada, président de la Société d’Archéologie et de Numismatique de Montréal, 2 Place d’Armes, à Montréal.
E.-Z. Massicotte, avocat, membre de la Société Royale du Canada, président de la Société de folklore, archiviste du palais de justice, à Montréal.
Victor Morin, notaire, docteur en droit, membre de la Société Royale du Canada, officier de l’Instruction publique de France, président de la Société Historique de Montréal, 97, rue Saint-Jacques, à Montréal.
Pierre-Georges Roy docteur ès lettres et en droit, officier de l’Instruction publique de France, membre de la Société Royale du Canada, archiviste de la Province, Hôtel du Gouvernement, à Québec.
Pierre-Georges Roy, Hôtel du Gouvernement, à Québec.
Cette épigraphe nous fait saisir immédiatement le but que se propose la Commission des Monuments Historiques, en publiant le présent volume. Elle veut inspirer le respect de la vieille maison, l’amour de l’humble demeure que se sont transmis, de père en fils, les ancêtres, le culte du rustique foyer où se sont écoulés les plus beaux jours de notre enfance.
C’est ici que mes aïeux ont vécu.
Qu’ils ont souffert, qu’ils ont aimé, que la jeunesse
Dans sa coupe d’amour leur a versé l’ivresse
Et qu’ils sont morts, tombant comme tombe un vaincu[1].
Hélas ! ces témoins du passé, ces vieilles maisons de chez nous, elles s’en vont comme beaucoup d’autres choses. Usées par les ans, elles tombent sous le pic des démolisseurs. Pour beaucoup, la destruction s’imposait ; elles menaçaient ruine. Mais, combien auraient pu être sauvées, combien auraient pu être réédifiées dans leurs lignes primitives. Au moins, conservons celles qui existent encore, et n’allons pas les remplacer par des maisons de ville, des cottages, des bungalows insignifiants.
Je n’aime pas les maisons neuves
Leur visage est indifférent.
a dit Sully Prudhomme. Elles peuvent avoir une belle apparence extérieure ; elles ne disent rien au cœur. Au contraire, ces manoirs, ces vieilles habitations dont nous reproduisons le gracieux profil, avaient de l’originalité et symbolisaient justement l’âme de tout un peuple.
Nos anciens seigneurs n’étaient pas riches ; ils aimaient, cependant, à se bien loger en se construisant de petits châteaux dans leur domaine rural. Certes, leurs manoirs n’avaient pas l’aspect guerrier des forteresses du moyen âge. On n’y voyait ni donjons, ni machicoulis, ni pont-lévis, ni fossés. C’étaient, tout simplement, de grandes maisons en pierres des champs unies les unes aux autres par du bon mortier. Une longue bâtisse rectangulaire formait le corps principal du logis ; on ajoutait, aux deux extrémités, des ailes ornées, quelquefois, de tourelles. Aucune décoration extérieure, rien ne tempérait l’aspect sévère de nos manoirs seigneuriaux. L’acte d’érection en baronnie de la seigneurie de Portneuf (1681) nous apprend, cependant, que le sieur de Bécancour avait décoré son manoir « de toutes les marques de noblesse et seigneurie ». De même, nous lisons dans l’acte d’érection en baronnie de la seigneurie de Longueuil (1700) que Charles Lemoyne, fils aîné, avait fait « bastir à ses frais un fort flanqué de quatre bonnes tours, le tout de pierre et de maçonnerie avec un corps de garde, plusieurs corps de logis et une très belle église, le tout décoré de toutes les marques de noblesse… »
Presque tous ces manoirs ont subi des modifications importantes. Plusieurs ont été restaurés avec goût et leur apparence archaïque nous reporte, malgré nous, aux premiers âges de la colonie. Leurs possesseurs actuels pourraient poser au châtelain, et nous n’en serions pas surpris, tant le décor qui les entoure correspondrait à la réalité des choses. Comme « M. de la Bouteillerie, assis dans son fauteuil, au fond de la grande salle du manoir, et ayant devant lui une table recouverte d’un tapis, sur laquelle était ouvert le censier » [2], ils pourraient donner audience à leurs co-paroissiens et recevoir leurs hommages et leurs redevances. L’illusion serait complète, et toute une époque glorieuse revivrait à nos yeux.
Nos vieilles maisons pourraient être divisées en deux catégories : celles qui ont à la fois un caractère historique et d’ancienneté et celles dont tout le mérite est d’être d’un autre âge[3].
Dans la première catégorie nous pourrions classer tous nos établissements religieux dont la construction remonte, pour la plupart, au dix-septième siècle ; le séminaire de Québec, le vieux séminaire de Montréal, l’Hôtel-Dieu de Québec, l’Hôpital général de Québec, le monastère des Ursulines de Québec, celui des Trois-Rivières, quelques vieilles maisons du dix-huitième siècle que l’on rencontre à Québec, à Montréal et dans quelques anciennes paroisses.
Ces vieilles constructions ont leur caractère propre ; elles sont spacieuses et d’une solidité à toute épreuve. Elles n’ont pas le charme de l’ancienne maison de l’habitant dont les beaux types existent encore dans les vieilles paroisses, et que nous rangeons dans la seconde catégorie. Nos ancêtres avaient apporté de la Normandie le modèle de ces vieilles maisons. Leur toit pointu, descendant à pic sur l’unique étage, leurs fausses cheminées en bois, leurs lucarnes en accent circonflexe, leurs fenêtres fermées par des contrevents, leur donnaient une apparence pittoresque et d’une belle originalité.
Lucien Romier a écrit quelque part dans son beau livre Explication de notre temps : « La demeure primitive atteste le lien qui unit l’homme à ces nourrices naturelles, l’eau, la terre et la forêt. Elle ne se dresse pas contre la nature, elle s’y adapte et tranche à peine sur ce que nous appelons le paysage. Elle appartient autant au sol qu’à l’homme. » On ne pourrait mieux peindre le caractère de nos vieilles maisons de campagne. Elles étaient faites pour notre climat et nos mœurs ; elles protégeaient contre les grands froids de l’hiver les êtres qu’elles abritaient, et, durant la saison des chaleurs, grâce à l’épaisseur de leurs murs, elles gardaient une fraîcheur reposante. Leurs divisions intérieures, avec la grande pièce du centre qui servait à la fois de cuisine et de salle, étaient bien faites pour donner asile à la famille toujours nombreuse.
Les exigences de la vie moderne ont tout bouleversé. Les maisons d’aujourd’hui ont de l’élégance, du clinquant ; elles sont attrayantes. Mais ont-elles le confort des maisons d’autrefois ? S’adaptent-elles à notre climat, à nos paysages canadiens ? Sont-elles réellement dans nos traditions ? En un mot, sommes-nous chez nous dans nos maisons modernes comme nos ancêtres étaient chez eux dans leurs vieux logis aux divisions si simples et si familiales ?
Nous n’osons demander que l’on revienne aux anciens modèles. On nous permettra, du moins, de faire appel à toutes les bonnes volontés pour garder ce qui nous reste de l’héritage de nos ancêtres.
En effet, à ces vieilles demeures dont nous prenons la défense « s’accroche un lambeau de notre histoire… Elles ont cheminé pour ainsi dire en même temps que nos pères à travers les siècles, abritant des générations, amalgamant sans cesse hier et demain et présentant à chaque instant ce caractère de continuité qui les rend sensibles à notre entendement. Elles ont beau dater d’une époque lointaine, cet anachronisme ne gêne pas notre esprit, parce que s’étant associées à tous les événements de notre histoire, elles arrivent jusqu’à nos jours, en les reliant les uns aux autres, pour démontrer l’imprégnation constante du passé sur le présent. Elles nous aident aussi à nous reconnaître d’une façon tangible dans la marche de la tradition, qui n’est autre que la fécondation ininterrompue des minutes à venir par celles qui viennent de s’éteindre[4] ».
Les vieilles demeures sont les gardiennes du passé. Entre elles et les personnes qui les habitent s’établit comme une communion d’idées, de sentiments qui se perpétuent d’une génération à l’autre et forment la base des traditions familiales :
Bienheureux qui possède encore l’humble maison
Construite par l’aïeul, en bonne pierre grise,
Dans les arbres, au bord de l’eau, près de l’église
Qui contente à la fois son cœur et sa raison.
Heureux qui de son seuil voit passer la saison,
Qui s’assied où sa mère autrefois s’est assise,
Qui dort dans le vieux lit de son père, à sa guise,
Qui garde la coutume et l’ancienne façon.
Sous le toit paternel le souvenir habite,
L’âme des parents morts dans les chambres palpite,
Des générations y viennent s’émouvoir ;
Le cortège infini des ancêtres défile
En silence de pièce en pièce chaque soir.
Il n’est point de passé dans les maisons de ville[5].
La Commission des Monuments Historiques offre ses remerciements à MM. Horatio Walker, Henry Carter et Charles Maillard qui ont bien voulu lui permettre de reproduire dans ce volume leurs délicieux tableaux de vieilles maisons canadiennes. Sa gratitude va aussi à MM. Carless, professeur d’architecture à l’université McGill, et Marius Barbeau, de la section d’anthropologie du Musée national du Canada, pour leurs précieuses indications.
UN MOT DE L’HONORABLE M. TASCHEREAU
PREMIER MINISTRE DE LA PROVINCE DE QUÉBEC
La maison ! Ce mot n’évoque-t-il pas le foyer le vieux pignon gris, ses charmes et sa douceur ? La maison ! C’est là qu’on a fait ses premier pas, balbutié ses premières paroles, connu les caresses maternelles, reçu les leçon de son père. La maison ! C’était la vie heureuse à son début, avant ses luttes et ses deuils. La maison ! Elle ne se remplace pas ; mais il est permis de la rappeler et de faire revivre un peu son souvenir.
LE VIEUX CHÂTEAU OU CHÂTEAU DE RAMEZAY À MONTRÉAL
L E Vieux Château fut construit par Claude de Ramezay,
écuyer, seigneur de la Gesse, de Boisfleurant et de
Monnoir, chevalier de Saint-Louis, ancien gouverneur
des Trois-Rivières, gouverneur de Montréal, père de Jean-Baptiste-Nicolas-Roch de Ramezay qui signa la capitulation
de Québec. À cette époque les gouverneurs étaient obligés de
pourvoir à leur logement qui devait répondre à l’importance
de la charge dont le roi les honorait, c’est-à-dire, qu’il leur
fallait encore ajouter cette lourde dépense à tant d’autres
auxquelles leur faible traitement ne pouvait suffire.
« M. de Ramezay, qui avait été nommé gouverneur de Montréal en 1703, acquit vers 1704 le terrain où il dut commencer aussitôt à élever sa demeure, dont il faut placer la construction entre cette époque et celle de 1723 où elle se trouve indiquée sur un plan de Montréal.
« Ce château, dans une ville dont les habitants, dit Charlevoix, étaient fort convaincus que leur valeur valait mieux que toute fortification, n’avait ni tourelles, ni donjon, ni créneaux, ni meurtrières. Les fossés étaient remplacés par un jardin spacieux où devaient s’épanouir et briller les fleurs et les fruits de la mère patrie.
« À la mort de M. de Ramezay, en 1724, le château demeura la propriété de sa famille qui le garda jusqu’en 1745. À cette époque il n’était plus habité que par Jean-Baptiste-Roch-Nicolas de Ramezay et son épouse, Louise Godefroy de Tonnancour. M. de la Gesse, son frère, s’était noyé dans le naufrage du Chameau ; de ses quatre sœurs deux s’étaient retirées dans la rue Saint-Paul, une avait épousé M. de Chapt de Lacorne l’aîné, capitaine d’infanterie, l’autre, Henri des Champs de Boishébert, seigneur de la Bouteillerie, aussi capitaine. Tous ces héritiers séduits par des offres avantageuses, pressés aussi par les réclamations de MM. de Courcy et d’Auteuil, consentirent à céder la demeure paternelle à la Compagnie des Indes pour une somme qui était très considérable à cette époque.
« La Compagnie des Indes, obligée de soutenir la lutte où
l’engageait le commerce des colonies voisines avec les tribus
indiennes, voulait établir un entrepôt plus important que
ceux qu’elle avait eus jusqu’alors à Montréal. Le château
Le Vieux Château ou château de Ramezay à Montréal devint donc un magasin ; les salles furent converties en comptoirs
où vinrent s’entasser les étoffes, les épiceries et les
liqueurs ; les voûtes reçurent les pelleteries apportées par les
Sauvages.
« Puis, arriva bientôt l’époque mémorable qui changea tant de choses. Quoique la Compagnie des Indes eût cessé d’exister vers 1750, la maison portait encore son nom au moment de la conquête. Elle fut alors achetée par M. Grant et passa ensuite au gouvernement. Les gouverneurs de Montréal en firent leur demeure officielle sinon privée, et lui donnèrent le titre d’hôtel du gouvernement qui semblait rappeler son ancienne destination.
« Pendant l’invasion de 1775, les Américains se croyant obligés de remplacer les Anglais partout, le brigadier général Wooster vint loger à l’hôtel du gouvernement. Au printemps de 1776, Arnold, qui était encore dans toute sa gloire, vint remplacer Wooster et se reposer de ses inutiles efforts contre Québec.
« Vers 1784, le Vieux Château fut restauré par le baron de Saint-Léger qui l’habita quelque temps.
« Pendant les sessions orageuses de 1844 à 1849, il fut le siège des délibérations des deux ministères qui se sont succédé dans cette période importante de notre histoire parlementaire. Sir John Colborne et lord Sydenham y tinrent les séances du Conseil Spécial de 1838 à 1841 »[6].
De l’automne de 1849 à l’automne de 1856, le Vieux Château fut occupé comme palais de justice. Puis le département de l’éducation et l’École Normale Jacques-Cartier furent logés dans le Vieux Château.
Par la suite, le château logea l’Université Laval, la Cour de circuit et la Cour de magistrats.
La ville de Montréal, dès 1893, décida d’acheter le château ; mais le contrat ne fut effectivement passé qu’au mois de février 1895.
Deux mois plus tard, la Société d’Archéologie et de Numismatique de Montréal louait, pour une somme nominale, ce très intéressant édifice pour y installer ses collections de portraits, d’objets historiques et de monnaies.
Ce bail a été renouvelé à diverses reprises depuis.
Cette vue date de 1880 mais l’apparence du vieux séminaire n’a guère changé si ce n’est que les portes extérieures ont été un peu modifiées.
LE FORT DES MESSIEURS À MONTRÉAL
U N certain nombre d’Iroquois de la Prairie de la Madeleine
et d’autres Sauvages ayant manifesté aux Sulpiciens
leur désir de vivre dans l’île de Montréal, ceux-ci
les établirent, en 1676, au bas de la Montagne, à deux milles
à peu près de la ville, vers l’ouest.
C’est M. Vachon de Belmont qui bâtit le fort de la Montagne afin de protéger ses néophytes contre les attaques des Iroquois païens.
Bacqueville de la Potherie fait la description suivante du fort des Messieurs :
« La maison de M. l’abbé de Belmont est un des plus beaux endroits du pays… C’est un fort de pierre à quatre bastions. Il a une chapelle de cinquante pieds de long sur vingt-cinq de large, dont les murailles sont revêtues d’un lambris, sur lequel il y a plusieurs ornements comme d’urnes, de niches, de pilastres et de piédestaux en façon de marbre rouge veiné de blanc. Les cabanes des Iroquois qui sont plus de cent vingt, joignent ce fort et sont entourées de palissades. »
M. l’abbé Olivier Maurault à qui nous empruntons tous ces détails explique que l’enclos réservé aux Sauvages portait le nom de fort des Sauvages, et les constructions de pierre se nommaient le Fort des Messieurs.
De toutes les belles constructions élevées par M. l’abbé Vachon de Belmont il ne reste plus que les deux tours reproduites ici.
Citons encore M. l’abbé Maurault :
« De 1854 à 1857 s’éleva l’énorme bâtiment du Grand Séminaire. Pour des raisons que nous aimons mieux ignorer, on crut nécessaire de bâtir le corps principal et les deux ailes de cette institution autour du vieux château. Les tours d’arrière disparurent dans les travaux de fondation. Quant à la maison elle-même elle demeura jusqu’en 1858, enserrée entre les deux bras du Séminaire. Une précieuse photographie de Notman, nous la montre ainsi, prise dans cette sorte d’étau qui allait bientôt la broyer. Que reste-t-il maintenant ?
Vue prise de la rue Sherbrooke.
« Sur le flanc de la colline, à un endroit d’où l’en découvre une vue très étendue, une croix de bois accompagnée de quelques peupliers, marque peut-être l’endroit où Chomedey déposa son précieux fardeau, en 1643.
« Dans les jardins, sous des ormes immenses, aux ombres séculaires, s’allonge une pièce d’eau, un canal pavé en pierre. La source, la fameuse source, y jette…
« Sur la colline, un peu partout, des murs solides de pierre, percés ici et là de portes aux larges ferrures.
« Le long de la rue, les deux tours, seuls vestiges des beaux bâtiments d’autrefois, reliques sans prix pour l’histoire de l’enseignement dans notre pays.
« Au-dessus de la porte du Grand Séminaire se lit cette inscription : « Hic evangelizabantur Indi ». Et c’est tout »[7]
Vue prise dans le jardin du Séminaire.
Sises sur le côté est de la rue Saint-Vincent, à mi-chemin entre les rues Saint-Paul et Notre-Dame, ces maisons datent du dix-huitième siècle et comptent parmi les quelques anciennes de Montréal. Elles ont hébergé des avocats et des notaires, car la rue Saint-Vincent fut pendant longtemps la rue des bureaux des hommes de loi.
On a ici une vue de l’arrière des vieilles maisons de la rue Saint-Vincent.
On a prétendu que cette maison avait été construite vers 1655 par Nicolas-Hubert Lacroix, tailleur. En réalité, elle fut érigée à la fin du dix-huitième siècle et habitée par le fameux Simon McTavish, le roi du commerce de la fourrure. McTavish mourut en 1804.
Ces maisons ont été construites entre 1685 et 1723. C’est dans l’une d’elles que vécut Raymond Fabre, libraire, maire de Montréal, et que naquirent Mgr Fabre et l’honorable Hector Fabre. C’est là aussi que se trouvait le fameux « magasin aux contrevents barrés » où Jean-Louis Beaudry, plus tard maire de Montréal, fit un commerce considérable.
LA MAISON DESMARCHAIS AU QUARTIER
NOTRE-DAME-DES-NEIGES
D ANS le quartier Notre-Dame-des-Neiges, au versant
nord du mont Royal, en une localité élevée et jolie,
d’où la vue se porte sur de vastes étendues, fermées à
l’horizon par le profil bleuâtre des Laurentides, existe à l’ouest de l’ancien chemin pittoresque de la côte des Neiges,
une maison deux fois séculaire, mais de fort belle apparence
sous sa toilette moderne. Construite en moellons et assez
spacieuse, son intérieur renferme un rez-de-chaussée surmonté
d’un toit à pointe aiguë, dans lequel est un étage et un grenier.
Cette habitation avec ses dépendances et une terre de bonne
dimension portent aujourd’hui le nom de ferme des Révérendes Sœurs de Sainte-Croix.
Contre l’ordinaire, la façade de l’habitation n’est pas tournée du côté du chemin qui dévale de la montagne ; c’est le pan droit de la maison que le passant aperçoit. La porte principale s’ouvre au sud, au-dessus de cette porte et sous le toit qui s’allonge pour couvrir la galerie, le visiteur averti aperçoit une grosse inscription qui interloque les archéologues, et dont nous reproduisons le dessin plus loin. Cette maison se trouve sur la ferme concédée le 30 avril 1698 à Guillaume Le Cavelier, armurier de Montréal. Elle resta en la possession de sa veuve et de ses enfants jusqu’en 1744. Possédée ensuite par Louis Prudhomme, riche négociant de Montréal, puis par l’honorable D.-E.-L. de Longueuil, elle passa à la famille Durand-Desmarchais. Après un siècle d’une possession ininterrompue, les héritiers Desmarchais en ont fait don aux Révérendes Sœurs de Sainte-Croix[8]
L’inscription énigmatique sur le mur.
Cette maison fut construite par Étienne Nivard Saint-Dizier, négociant, de Montréal, dans les premières années du dix-huitième siècle. Elle paraît être la plus ancienne maison de Verdun.
LE MOULIN FLEMING À LA VILLE LA SALLE
L A ville La Salle s’élève sur la rive nord du Saint-Laurent,
entre les villes de Lachine et de Verdun.
Cette municipalité toute récente est cependant un des coins historiques de l’île de Montréal. Elle renferme, en effet, l’ancien fief La Salle et l’emplacement du vieux fort de Lachine.
C’est dans l’hiver de 1667-1668 que M. Galinier, supérieur de Saint-Sulpice, concéda un fief à Cavelier de La Salle. M. Faillon nous apprend que ce fief était situé en face du lac Saint-Louis, dans un endroit de l’île de Montréal où le séminaire des Messieurs de Saint-Sulpice avait déjà résolu d’établir une bourgade. La Salle commença des défrichements, traça l’enceinte du futur village, où tous les colons devaient avoir une maison pour s’y mettre à couvert des Iroquois. Il fit aussi diverses concessions, donnant à chaque colon soixante arpents de terre.
On sait que dans la nuit du 5 août 1689 plusieurs centaines d’Iroquois traversèrent le lac Saint-Louis massacrèrent presque toute la population de Lachine et incendièrent une trentaine de maisons.
Le moulin Fleming s’élève à l’extrémité ouest de l’ancien village de Lachine.
On croit généralement que le moulin Fleming fut élevé par le grand découvreur Robert Cavelier de La Salle. Il n’en est pas ainsi. Il date de 1816.
Le moulin Fleming est remarquable par sa structure presque unique dans le pays, étant à quatre étages et de forme conique. Sa construction fut l’occasion d’un procès célèbre. Les Messieurs de Saint-Sulpice, forts de leurs droits comme seigneurs de l’île de Montréal, voulurent empêcher le nommé Fleming de se servir de son moulin. Le procès dura une décade.
Abandonné depuis plusieurs années, le moulin Fleming menace ruine et disparaîtra avant longtemps si on ne s’empresse de guérir les blessures que lui font les éléments[9].
Cette maison est, d’après la tradition, un ancien magasin de la Compagnie de la Baie d’Hudson. Comme le canal date de 1821, l’année même où la Compagnie de la Baie d’Hudson absorba sa rivale la Compagnie du Nord-Ouest, ce magasin a dû être construit entre 1821 et 1825. Il est en bon état de conservation, mais on a légèrement modifié son apparence.
Cette maison dont la construction remonte au dix-huitième siècle est habitée par M. Joseph Messier. Il en a hérité de son père, Zéphirin Messier. Celui-ci l’avait achetée d’Adelard Ouimet qui, lui, la tenait
de son oncle Delphis Ouimet. Ce dernier éleva vingt-deux enfants dans cette maison.
Cette maison qui appartient à M. Conrad Forget date de 1694. Elle a été restaurée plusieurs fois et a, de ce fait, perdu un peu de sa première apparence.
Four à pain à l’extérieur de la cheminée.
Cette maison date du dix-septième siècle. On y a fait très peu de réparations.
En partie inoccupée, cette maison se trouve sur une terre qui appartenait au début du dix-neuvième siècle à Mgr Vinet, curé du Sault-au-Récollet de 1841 à 1890. Ce type de maison existe en quatre ou cinq endroits de l’île Jésus, mais avec des dimensions plus modestes.
Sise entre la rivière des Prairies et la route qui longe le côté sud de l’île Jésus, cette maison appartient aujourd’hui à Mme Joseph Drolet. Elle fut habitée, pendant plusieurs générations, par la famille Lorrain. Le millésime 1780 incrusté dans la façade rappelle non la date de la construction, mais celle de la restauration.
Ce moulin fut érigé par le séminaire de Québec pour ses censitaires de l’île Jésus. En 1895, les religieuses du Bon-Pasteur de Montréal faisaient l’acquisition de l’ancien moulin pour y établir leur maison de Lorette et leur maison Sainte-Domitille. L’apparence extérieure du vieux moulin est restée la même.
LE MANOIR SABREVOIS DE BLEURY À SAINT-VINCENT-DE-PAUL DE L’ÎLE JÉSUS
P OUR réaliser un beau rêve, l’honorable M. Clément-Charles
Sabrevois de Bleury avait acheté, entre 1827
et 1837, de René Saint-James, J.-B. Baron et Joseph
Rollin, associés ou élèves du fameux sculpteur Joseph Quevillon,
divers morceaux de terre qui, réunis, formaient une
ferme de treize arpents de largeur par trente-deux de profondeur.
Ce magnifique domaine était borné en front par la
rivière des Prairies et, en arrière, par le rang Saint-François.
Sur sa partie sud, tout près de la rivière, M. de Bleury se fit
bâtir un manoir spacieux dont les façades, en avant et en
arrière, étaient ornées des armoiries de sa famille. Les
dépendances de ce vrai château étaient aussi des bâtiments en
pierre d’un coût assez élevé.
L’honorable M. de Bleury aimait à recevoir et les portes de son manoir s’ouvrirent bien souvent pour ses amis de Montréal et d’ailleurs. Lui et sa femme exerçaient une large et en même temps délicate hospitalité.
M. de Bleury avait épousé à Saint-Roch-de-L’Achigan, le 16 janvier 1823, Marie-Élisabeth-Alix Rocher, fille de Barthélémi Rocher et d’Angélique Pétrimoulx. M. Rocher père était alors représentant de M. Roch de Saint-Ours, seigneur de Lachenaie et bienfaiteur de la paroisse Saint-Roch, qui lui doit son nom.
Le dernier des Sabrevois de Bleury mourut subitement le 15 septembre 1862. Quand il fallut régler la succession du défunt, on constata que son superbe domaine de Saint-Vincent-de-Paul était fortement hypothéqué, et il dut être vendu par le shérif, le 30 décembre 1863. Ce fut M. Tancrède Bouthillier qui le racheta.
Le nouvel acquéreur semble avoir revendu ce bien-fonds en diverses parties et l’une d’elle échut à M. Félix Lussier, de Varennes, dont les descendants sont encore possesseurs du manoir[10].
Façade du côté du chemin.
Façade qui regarde la rivière.
Ce manoir a été construit pour l’honorable Louis-Joseph Papineau, entre 1847 et 1849. D’après les archives de famille, il semblerait que les architectes, sculpteurs et entrepreneurs furent MM. Aubertin, Dauphin et Augustin Laberge. On croit qu’il fut habité à partir de 1850. C’est dans cette demeure que mourut le tribun, le 23 septembre 1871. Ce manoir est habité aujourd’hui par madame veuve Louis Papineau.
En 1837, les troupes anglaises incendièrent la maison du patriote Jean-Joseph Girouard à Saint-Benoît. En 1840, M. Girouard fit reconstruire sa demeure sur les fondations de l’ancienne et l’éleva de deux étages. M. Joseph Girouard, notaire, ancien député des Deux-Montagnes, habite la maison de son père.
Cette maison fut construite en 1820 par J.-B. Dumouchel, un des pionniers de Saint-Benoît. Depuis 1921, elle est la propriété de M. Emery Pichette.
C’est le gouverneur de Beauharnois qui permit au sieur d’Argenteuil de se bâtir cette résidence sur le bord du lac des Deux-Montagnes. Après la mort du sieur d’Argenteuil, la maison passa au séminaire de Saint-Sulpice. Les Petites Filles des Pauvres habitent cette maison depuis 1864 et elles en sont devenues propriétaires en 1886.
Ce moulin fut érigé vers 1816 par le seigneur Monk. Il sert encore à moudre le grain et à scier le bois. Bâti sur la rivière aux Chiens, il était autrefois actionné par l’eau. Il fonctionne aujourd’hui par l’électricité. Propriété de M. Joseph Vendette.
John McKenzie, fils de l’honorable Rodrick McKenzie, fut lieutenant des Canadian Fencibles en 1818. Marié à Rachel Chaboillez, il fut maître de poste de Terrebonne. Sa maison est aujourd’hui la propriété de M. J.-B. Hurteau.
LE CHÂTEAU OU MANOIR MASSON À TERREBONNE
L E 23 décembre 1673, la Compagnie des Indes Occidentales
concédait au sieur Daulier-Deslandes deux lieues de
terre de front sur la rivière Jésus, autrement appelée la
rivière des Prairies, à prendre depuis les bornes de la seigneurie
de la Chesnaye, en montant, vis-à-vis l’île Jésus, sur deux
lieues de profondeur. C’est la seigneurie qui porta plus tard
le nom de Terrebonne.
M. Daulier-Deslandes ne vint jamais dans la Nouvelle-France et, le 25 octobre 1681, il vendait sa seigneurie au sieur Louis Le Compte Dupré, riche négociant de Montréal.
Après la mort de M. Le Compte Dupré, sa veuve, Catherine Saint-Georges, vendit sa seigneurie à François-Marie Bouat, lieutenant général de Montréal.
Le 12 septembre 1721, l’abbé Louis Lepage de Sainte-Claire devenait à son tour propriétaire de la seigneurie de Terrebonne.
Après la conquête, cette seigneurie fut vendue à MM. McTavish et McKenzie. Elle fut achetée par l’hon. Joseph Masson, le 31 décembre 1832, au prix de 25,150 louis sterling.
Un peu après 1848, la veuve de l’hon. M. Masson faisait construire un nouveau manoir seigneurial à Terrebonne. La construction dura six ans et coûta, dit-on, près de $80,000. Madame Masson en prit possession la veille de Noël de l’année 1854. La digne châtelaine devait y mourir le 27 novembre 1883, assistée par le saint Mgr Bourget, qui lui répétait : « Oui, votre maison est splendide, madame, mais celle que vous habiterez bientôt est encore bien plus belle… »
Par son testament, madame Masson avait légué son manoir de Terrebonne avec toutes ses dépendances aux Sœurs de la Providence de Montréal « pour y garder en pension, à des prix convenus à l’amiable, des dames respectables pour y vivre tranquilles… »
L’Institut des Sœurs de la Providence prit possession de son nouvel établissement le 1er mai 1884 et le garda jusqu’au 12 mai 1888.
La succession Masson reprit alors le manoir et pendant quatorze ans il fut désert.
Enfin, au printemps de 1901, le manoir Masson fut acheté par les Pères du Saint-Sacrement. En septembre 1902, après avoir subi les aménagements requis, le manoir Masson devenait le juvénat des Pères du Saint-Sacrement.
Disons avec le Père Boismenu : « Elle a fièrement servi la patrie, cette vénérable résidence seigneuriale, en abritant une de nos célèbres familles canadiennes qui s’est illustrée par son habileté dans le commerce et par les hautes charges publiques qu’elle a occupées ; et depuis 25 ans elle a non moins noblement servi la religion en fournissant des prêtres à l’Église du Canada »[11].
Ce curieux édifice fut construit entre 1784 et 1795. On y fabriquait des « biscuits de matelots » pour les trappeurs du Nord-Ouest. Cette construction fut probablement l’œuvre de l’honorable Rodrick McKenzie, un des magnats du commerce des fourrures au dix-huitième siècle.
Arrivé au Canada en 1784, Rodrick McKenzie y fit une fortune considérable dans la traite des fourrures. Il avait épousé Rachel Chaboillez, fille d’un traiteur fameux. C’est lui qui fit construire cette belle maison. Elle est habitée aujourd’hui par madame Léon Globensky, mariée en premières noces à l’honorable L.-Rodrigue Masson.
En arrière d’une ancienne hôtellerie qui s’élève sur le Boulevard, à Terrebonne, existe encore le moulin à farine que l’hon. M. Masson, seigneur de Terrebonne, fit construire en 1846. On croit que ce moulin fut
érigé pour remplacer un autre de moindres dimensions.
LE MANOIR DES LE GARDEUR DE REPENTIGNY À SAINT-HENRI-DE-MASCOUCHE
S IS aux rapides de Mascouche, à un mille et demi au nord
du village de Saint-Henri-de-Mascouche, ce manoir
occupe le fond d’une gorge profonde, d’aspect fort
pittoresque. La façade du manoir, longue de cent pieds,
donne sur un joli parterre planté d’arbres élevés et agrémenté
d’un bassin circulaire au centre duquel est un jet d’eau à la
mode d’autrefois.
À barrière de l’édifice qui borde presque la berge de la rivière Mascouche, on a annexé deux corps de bâtiments qui jadis servaient au logement des domestiques.
Le jardin attenant au manoir, côté est, était entouré d’une forte muraille de pierre percée d’une seule porte étroite. Cette muraille n’existe plus qu’en partie. D’après M. L.-A.-F. Crépeau, auteur de Mascouche en 1910, ce manoir aurait été construit par le seigneur Jean-Baptiste Le Gardeur de Repentigny entre 1672 et 1702.
À l’origine, le manoir avait cinquante pieds de front, mais il fut agrandi plus tard et la superficie de la maison fut presque doublée.
Après la conquête, le manoir des Le Gardeur de Repentigny et la seigneurie de Lachenaie passèrent successivement à la famille Chaussegros de Léry, au major-général Gabriel Christie, à Jacob Jordan puis à la famille Pangman.
Le manoir devint la propriété de Ulderic Corbeil le 10 décembre 1881. On y exploite maintenant un moulin à farine et à bois de sciage[12].
La plus ancienne partie du manoir commençait à gauche et finissait à la cheminée maintenant au centre de la maison.
Les deux ailes en arrière du manoir furent construites par Peter Pangman vers 1795. L’aile gauche servait au logement des domestiques ; l’aile droite servait de cuisine.
Vue de l’arrière du manoir, au bord de la rivière ; de l’est à l’ouest.
L’éminent avocat Côme-Séraphin Cherrier naquit dans cette maison le 22 juillet 1798. D’après la tradition la maison Cherrier aurait servi de chapelle avant la construction de l’église de Repentigny en 1725.
Cette maison est la plus ancienne de L’Assomption. Elle fut habitée, il y a trois quarts de siècle, par François Archambault, entrepreneur. On assure qu’à l’arrière de cette maison existait un fort en pierre dont les murs encore debout laissent voir des meurtrières.
L’HÔTELLERIE DU MAJOR À L’ASSOMPTION
L ’HÔTELLERIE du Major, devenue une modeste épicerie,
fut peut-être la maison la plus connue de L’Assomption
au temps jadis. D’une notice publiée sur
la petite ville de L’Assomption en 1898, nous détachons
l’histoire de l’hôtellerie du Major :
« La guerre américaine de 1812 a aussi fourni un incident intéressant pour ceux qui connaissent et visitent L’Assomption. Qui ne connaît le militaire (bonhomme) qu’il y a sur le toit en croupe de l’hôtel James Wright ? Et bien, voici ce qui en est : après la célèbre victoire du vaillant de Salaberry à Châteauguay et après le licenciement du bataillon de Leinster (L’Assomption) qui comptait dans ses rangs plusieurs Canadiens de L’Assomption, entre autres Louison Mercier, propriétaire de l’hôtel d’aujourd’hui, ce bataillon se débanda ici. Mais comme dans ce bon vieux temps nos pères aimaient à trinquer et à s’amuser à l’ancienne bonne franquette, ils résolurent de donner une forme tangible et durable à la commémoration de leur heureux retour du feu et des bons et loyaux traitements que leur avait prodigués leur capitaine, le major Prévost. C’est pourquoi quelques-uns d’entre eux qui étaient charpentiers et menuisiers, allèrent chercher dans la forêt voisine un gros cèdre et ils en façonnèrent le militaire qu’il y a depuis ce temps sur le toit en croupe de l’hôtel James Wright et le baptisèrent du nom de leur capitaine aimé : « Le major Prévost ». Voilà pourquoi il y a depuis la fin de la guerre de 1812 un militaire, l’épée au vent (le bonhomme Rye, comme on disait malicieusement) sur le toit de l’hôtel Wright, l’une des plus anciennes et des plus originales maisons de L’Assomption et probablement l’une des plus anciennes auberges tenues au même endroit, si l’on prend le témoignage de vieillards de quatre-vingts ans et au-delà qui prétendent que leurs pères leur ont dit qu’il y avait toujours eu une auberge à cet endroit-là.
« Dans tous les cas, et chose certaine, le propriétaire actuel, M. James Wright, qui est un Écossais arrivé à L’Assomption à l’âge de dix-huit mois et qui y a toujours demeuré, doit être un des plus anciens licenciés de la province de Québec, puisqu’il prendra sa cinquantième licence, si l’on peut dire qu’autrefois il y avait des licences, à proprement parler. Voilà pour ceux qui se demanderont ce que signifie ce militaire sur le coin du toit en croupe de l’hôtel de Wright. »
Ajoutons que la statue du « major » fut enlevée il y a quelques années et présentée au musée du château de Ramezay où elle est encore[13].
Ce manoir fut incendié vers 1918. Il avait été habité par Marie-Aurélie Faribault, mariée à Charles-Auguste de Saint-Ours Deschaillons, mort en 1837, puis à l’honorable Louis-Michel Viger, décédé en 1855. La seigneuresse Viger décéda le 11 février 1880, à l’âge de 82 ans.
Le palais de justice de L’Assomption est formé d’une couple de maisons construites en 1813 pour servir d’entrepôts à la Cie du Nord-Ouest. En 1842, cette propriété fut achetée par le comté et de nos jours on y trouve la salle de réunions des conseils de paroisse, de ville et de comté, le bureau d’enregistrement et le tribunal civil.
Cette vaste maison qui appartient aujourd’hui à M. Émile Langlois fut construite en 1811 par Benjamin Beaupré. Laurent Leroux, le fameux traiteur de l’Ouest, tint un magasin dans cette maison, dit-on.
Cette maison sise à l’encoignure des rues Saint-Étienne et Notre-Dame a été construite en 1812 par Joseph Le Sanche pour servir de poste à la Compagnie de la Baie d’Hudson. Au-dessus de la porte d’entrée est l’inscription suivante : « J. L. F. G. 1812 ». Actuellement, elle est la propriété de M. Amédée Thouin, avocat.
Celle maison fut achetée en 1904 par M. Ferdinand Picotte, cultivateur. Sur la façade est une pierre portant l’inscription 1780. Elle fut habitée pendant plusieurs générations par la famille Payette dit Saint-Amour.
LE MANOIR PANET À SAINTE-MÉLANIE-DE-JOLIETTE
L E manoir de l’ancienne seigneurie d’Ailleboust est
situé dans le grand rang de la paroisse de Sainte-Mélanie,
au nord de Joliette. Cette maison, longue de
quatre-vingts pieds, fut construite par l’honorable juge Pierre-Louis
Panet, peu après son acquisition de la seigneurie
d’Ailleboust en 1800. Il ne jouit pas longtemps de son
manoir puisqu’il mourut le 2 décembre 1812.
Le manoir Panet fut principalement occupé par l’aînée des filles du juge Panet, Louise-Amélie, mariée à M. William Von Moll de Berczy.
Un savant magistrat écrivait, il y a quelques années au sujet de madame de Berczy :
« C’est en 1859 que je fis la connaissance de cette femme remarquable. Quoique déjà sur le retour de l’âge, elle n’en avait pas moins conservé toute sa distinction d’esprit, toute la vivacité et l’enjouement de son caractère. Tout de suite, elle me subjugua, et je n’ai jamais pu m’affranchir entièrement de cette influence si douce, je l’avoue en toute sincérité. Quoiqu’elle soit disparue depuis tantôt vingt-cinq ans, je pense à elle souvent encore, comme d’ailleurs le font tous ceux qui ont eu l’inappréciable avantage de l’approcher, de l’entendre, de jouir de son intimité…
« C’est aux pieds des Laurentides, à Sainte-Mélanie-d’Ailleboust, dans un manoir dont la renommée d’hospitalité s’étendait fort au loin, que s’est écoulée la vie si suave de madame Von Moll de Berczy née Amélie Panet…
« Après son mariage, à l’âge de 32 ans, avec M. William Von Moll de Berczy, un homme bien digne de posséder une telle compagne, elle le suivit à Amherstburg, dans le Haut-Canada, mais n’y demeura que peu d’années.
« En 1832, son mari, contraint par les circonstances, vint
habiter avec elle la terre d’Ailleboust, alors tout à fait au
milieu de la forêt, éloignée de toute société. C’est ici qu’ils
durent se suffire à eux-mêmes, et ils trouvèrent, en effet, le
moyen de couler des jours profondément heureux, tout en
Le manoir Panet à Sainte-Mélanie-de-Joliette faisant le bien parmi leurs censitaires, à qui ils prêchaient l’exemple de mille manières différentes. Le sort en était jeté, madame Berczy ne devait plus désormais briller dans le monde élégant, mais bien passer la plus belle partie de sa vie dans le séjour agreste où elle s’était retirée pour y couler avec son mari, qu’elle affectionnait profondément, et ses estimables sœurs, mesdames Levesque et Globensky, des jours sereins utilement remplis. »
Le manoir Panet a été acheté en 1907 des héritiers Panet par Cuthbert Massicotte, auquel son fils, Delphis Massicotte, a succédé. Quant à la seigneurie d’Ailleboust, elle est toujours la propriété des héritiers Panet, et c’est l’un d’eux, M. Rosaire Dupuis, notaire, qui est actuellement percepteur des droits seigneuriaux[14].
Au début du régime anglais, cette maison devint la propriété de la famille Gagnon qui l’habita pendant plus d’un siècle. Les musiciens renommés Ernest et Gustave Gagnon et madame Letondal, leur sœur, naquirent dans cette maison qui appartient maintenant à madame Godefroy Lamirande.
LA MAISON GÉRIN-LAJOIE À YAMACHICHE
M. Léon Gérin parle ainsi de la maison où était né
son père, Antoine Gérin Lajoie, l’auteur de Jean Rivard,
le 4 août 1824 :
« La maison de bois, basse, mais assez longue, avec sa cuisine et sa remise en allonge, datait du siècle précédent. C’était bien une des plus anciennes, sinon des plus décoratives des alentours. Contrairement à ses voisines, elle s’élevait du côté sud de la grande route, entre celle-ci et le fleuve. Au delà des grands herbages de la rive basse et plane, miroitait dans le lointain la surface argentine du lac, sur laquelle se déplaçait avec la lenteur d’un hanneton, l’image réduite d’un vapeur ou d’un voilier.
« Sur la façade de la maison courait une étroite galerie que surplombait le « ravalement » de la couverture, et qui donnait sur un petit jardin de fleurs. À droite, un assez grand potager ; à gauche, le fournil où l’on cuisait le pain de ménage ; en arrière, la laiterie installée dans une petite construction attenante à la cuisine. Enfin, en avant, de l’autre côté du chemin du roi, le verger où croissaient un peu confusément pommiers, pruniers, cerisiers, petit enclos séparé de la longue grange-étable par l’allée conduisant aux pâturages, aux prairies, aux champs de céréales, et ceux-ci se déroulaient jusqu’au bois, jusqu’à l’érablière dont le rideau touffu fermait l’horizon vers le nord.
« L’intérieur de cette vieille maison avait bien son charme fait d’âge et de simplicité. Derrière ses volets de planches qui tournaient en grinçant sur leurs gonds de fer coudé, se cachaient des meubles comme on n’en voit plus souvent aujourd’hui : de grandes couchettes en bois, quelques-unes avec leur alcôve, des chaises et des tables de confection domestique, des « catalognes » recouvrant les planchers, des bahuts, une huche, un banc-lit (à la fois coffre, siège et couchette), des rouets à pédale avec leur dévidoir, sans parler des images de piété et des portraits de famille à cadres de bois ou de cônes de sapin, suspendus au mur de la salle ou du petit salon.
« Même la remise en annexe à la vieille maison abritait des choses captivantes pour moi : faux, javeliers, faucilles, qu’il m’était bien défendu de manier, de toucher ; voitures capitonnées, ou simples « barouches », où je m’installais en maître pour conduire un cheval imaginaire en des randonnées interminables ; un banc à planer qu’on utilisait pour la confection de maint outil ou ustensile domestique, de fourches, de râteaux en bois, et même d’arcs et de flèches « pour le p’tit gars d’Antoine »[15].
Ce moulin fut construit par le seigneur Nicolas Montour, peu après son achat de la seigneurie de la Pointe-du-Lac, en 1795. Il est utilisé en partie comme dortoir pendant l’été par la communauté des Frères de l’Instruction Chrétienne à laquelle il appartient depuis 1911.
LA MAISON DE TONNANCOUR AUX TROIS-RIVIÈRES
L E chef de la famille Godefroy au Canada fut Jean-Baptiste
Godefroy, sieur de Linctot, fils de Pierre
Godefroy et de Perette Cavelier, de Linctot, pays de
Caux, en Normandie. Il passa dans la Nouvelle-France vers
1626, en compagnie de son frère, Thomas Godefroy de Normanville,
qui fut pris et brûlé par les Iroquois en 1652.
Godefroy fut d’abord interprète et rendit de grands services à Champlain. En 1629, lorsque les Anglais s’emparèrent de Québec, il fut un des rares Français qui restèrent dans la colonie. Il s’enfonça dans les bois avec les Sauvages. Godefroy s’établit aux Trois-Rivières en 1633. M. Sulte remarque qu’il fut le premier interprète de Champlain qui se fit colon.
Jean-Baptiste Godefroy de Linctot épousa Marie, fille de Mathieu Leneuf du Hérisson et de Jeanne Le Marchant. Anobli par Louis XIV en 1668, Godefroy décéda en 1681. Il avait eu onze enfants qui furent les auteurs des branches Godefroy de Linctot, Godefroy de Normanville, Godefroy de Vieux-Pont, Godefroy de Saint-Paul, Godefroy de Roquetaillade et Godefroy de Tonnancour qui ont joué un rôle important aux Trois-Rivières pendant tout le régime français et le premier siècle du régime anglais.
La maison de Tonnancour, construite au commencement du dix-huitième siècle, était, en 1738, la propriété de René Godefroy de Tonnancour, conseiller du roi et lieutenant général de la juridiction des Trois-Rivières. En 1795, elle passa à l’honorable juge Pierre-Louis Brassard Deschenaux, qui fut juge provincial aux Trois-Rivières de 1794 à 1802. Les autorités militaires acquirent ensuite la maison des héritiers Deschenaux et la transformèrent en caserne. En 1822, Mgr Plessis permit à la fabrique des Trois-Rivières de l’acheter pour en faire un presbytère.
L’ancienne maison de Tonnancour, vieille de deux siècles, augmentée d’un étage et dont les murs de pierre ont été revêtus d’un lambris de bois, est maintenant occupée par la communauté des Filles de Jésus.
Bâti en 1742, ce couvent fut habité par les Récollets jusqu’en 1776. On le transforma ensuite en cour de justice, en prison, puis, en palais de justice. Vers 1823, lord Dalhousie donna la chapelle et le couvent des Récollets aux Anglicans des Trois-Rivières. Depuis, la chapelle sert au culte et le couvent de rectory ou manse.
LE MANOIR BOUCHER DE NIVERVILLE AUX TROIS-RIVIÈRES
C ETTE belle vieille maison fut construite vers 1756 par
François Chastelain, officier dans les troupes du détachement
de la marine. M. Chastelain, qui était le
fils d’un procureur au Châtelet de Paris, décéda aux Trois-Rivières,
le 29 avril 1751.
De son second mariage avec Marguerite Cardin, il eut plusieurs enfants dont la plupart moururent en bas âge. Sa fille Marie-Josette devint, le 5 octobre 1757, la femme de Joseph Boucher de Niverville. C’est par cette union que la maison de François Chastelain passa dans la famille Boucher de Niverville qui en fit son manoir.
Un siècle plus tard, la maison fut acquise par M. Narcisse Martel avocat, qui la légua à son neveu, M. Paul Martel, avocat, qui y réside actuellement.
Autrefois le manoir Boucher de Niverville était entouré de vastes pelouses que les nécessités de la construction dans une ville grandissante ont fait disparaître. Dans l’Histoire du monastère des Ursulines des Trois-Rivières, se trouve un souvenir intéressant au sujet du vieux manoir si bien conservé des Boucher de Niverville. La scène se passe dans la première partie du dix-neuvième siècle :
« Sous les pins, sur la place de l’église, et sur la rue Bonaventure, dans un immense jardin qui entoure le manoir seigneurial du fief Niverville, on pouvait voir à certaine époque de l’année, à travers la verdure, une multitude de petites tentes blanches : c’étaient les camps des descendants de quatre grandes races sauvages qui venaient recevoir du brave chevalier de Niverville « le Prêt » ou les secours que le gouvernement leur accordait. Ces enfants des bois : Têtes de Boule du St-Maurice ; Algonquins et Abénaquis de St-François-du-Lac ; Iroquois de St-Régis, profitaient de ces jours pour échanger leur pacotille de paniers, de raquettes, de rassades et pour faire la traite de leur pelleterie ; ceux-ci pour conclure un engagement avec les bourgeois de la Baie d’Hudson, ceux-là pour vendre leurs canots d’écorce »[16].
C’est en 1754 que M. de Gannes, major des troupes aux Trois-Rivières, acheta l’emplacement sis à l’angle des rues Notre-Dame et Saint-François-Xavier. Il remplaça la maison de bois qui s’y trouvait par une maison de pierre. Le juge Vallières de Saint-Réal habita cette maison.
Cette maison fut certainement construite avant 1791 puisqu’elle est mentionnée dans le testament de Antoinette Bouton, veuve de Joseph Hertel de Cournoyer, sieur de la Frenière, reçu par le notaire Badeaux le 20 octobre 1791.
La Grande Maison était la maison principale de l’établissement des forges Saint-Maurice. Il n’en reste plus que ces ruines qui, elles-mêmes, disparaîtront avant longtemps.
Ce moulin fut bâti par les Jésuites, seigneurs du Cap-de-la-Madeleine, pour l’utilité de leurs censitaires. On l’appelait autrefois le moulin banal des Jésuites et, parfois, le moulin de la rivière Faverel.
LE MANOIR-PRESBYTÈRE DE BATISCAN
C ’EST le 3 mars 1639 que messire Jacques de la Ferté,
aumônier ordinaire du Roi, abbé de Sainte-Madeleine-de-Châteaudun,
chantre et chanoine de la Sainte-Chapelle
du Palais Royal à Paris, un des associés de la Compagnie
de la Nouvelle-France, concéda aux Pères Jésuites
établis dans la Nouvelle-France, ce qui fut connu un peu plus
tard sous le nom de seigneurie de Batiscan. Cette concession,
ainsi qu’il est expliqué dans l’acte de donation reçu le même
jour par les sieurs Hervé Bergeron et Jérôme Cousinet,
notaires au Châtelet de Paris, était faite « pour l’amour de
Dieu ».
Les Pères Jésuites prirent officiellement possession de leur concession le 10 octobre 1662. Ce jour-là, le Frère François Malherbe, procureur des missions des Trois-Rivières et du Cap-de-la-Madeleine, se transportait à Batiscan avec les témoins, Guillaume de Larue et Adrien Guillot, et prenait possession à la mode du temps, c’est-à-dire « en arrachant des herbes et en jetant des pierres ».
À l’est du village de Batiscan, entre la route nationale et le fleuve, on voit une grande maison de pierre qui a servi longtemps de manoir et de presbytère. Sa façade est du côté du fleuve car, jadis, le chemin du roi passait au sud de la maison. Tout près, s’élevait l’ancienne église de Batiscan dont il reste encore des traces dans le sol. En quelle année fut construite cette maison ? Les documents nous manquent pour l’établir mais elle date certainement du dix-septième siècle.
La spacieuse résidence est aujourd’hui la propriété de M. Albert Décary et est en parfait état de conservation. Les fenêtres avec leurs carreaux de verre de sept pouces et demi par huit pouces et demi, de même que les contrevents, sont intacts. La boiserie intérieure entièrement en pin est absolument telle qu’elle était il y a deux cents ans. L’huile et la peinture ne l’ont jamais touchée. On y trouve les pentures, les serrures, les loquets, les targettes en fer ou en cuivre qui furent posés au dix-septième siècle. Bref, l’ancien manoir et presbytère de Batiscan est peut-être la vieille maison la mieux conservée du Canada. Honneur à M. Décary et à ses anciens propriétaires[17].
Ancienne façade, lorsque le chemin du roi passait entre la maison et le fleuve.
Façade actuelle, sud de la route nationale
Loquet d’une des portes intérieures.
Détail d’une des pentures des portes intérieures.
Une des portes intérieures de cette vieille maison.
Détail des boiseries en bois naturel.
Détail d’une des fenêtres avec ses vitres datant du dix-huitième siècle.
Cette maison bâtie vers 1820 par Augustin Massicotte porte sur sa façade un cadran d’assez grandes dimensions. Le sieur Massicotte avait acheté cette ancienne horloge publique dans un de ses voyages à Québec et il s’empressa d’en orner la principale lucarne de sa demeure.
LE MANOIR DE LA PÉRADE À
SAINTE-ANNE-DE-LA-PÉRADE
V OICI le manoir où décéda, le 8 août 1747, Marie-Anne
Jarret de Verchères, femme de Pierre-Thomas Tarieu de
la Pérade, celle qui est entrée dans l’histoire sous le surnom
d’héroïne de Verchères. Elle avait vécu un peu plus de
quarante ans dans ce manoir.
Le manoir de la Pérade fut construit en trois parties. Celle du nord-est de cinquante pieds de front par vingt-six de profondeur en pierre de grève, à un étage, date de 1673. Elle fut bâtie par Thomas-Xavier Tarieu de Lanouguère (Lanaudière), officier au régiment de Carignan, co-seigneur avec Edmond de Suève, son compagnon d’armes, de la seigneurie de Sainte-Anne ou de la Pérade.
La partie centrale de vingt-six pieds de front sur trente-six de profondeur, fut construite par Pierre-Thomas Tarieu de la Pérade, quatre ans après son mariage avec Marie-Madeleine de Verchères. Cette partie fut rehaussée de deux autres étages, en 1873, par Pamphile-P.-V. Du Tremblay, capitaine de milice et seigneur Dorvilliers, et dame Marie-Clémentine Dufort, son épouse, qui possédait le manoir depuis 1867.
Enfin, la partie sud-ouest, de vingt-six pieds par vingt-six pieds, à un étage, fut construite en 1825, par l’honorable John Hale, membre du Conseil législatif et seigneur de la Pérade, pour y recevoir lord Dalhousie, gouverneur du Canada.
À cette époque, le chemin royal était au sud-est du manoir, sur le coteau. C’est en 1845 que l’honorable M. Hale réussit à le déplacer pour le faire passer au nord-ouest du manoir.
En 1891, l’honorable M. Mercier, premier ministre de la province de Québec, qui avait acheté le manoir de la Pérade, y reçut les zouaves pontificaux et y tint même une couple de séances du Conseil exécutif de la Province.
Nous venons de voir que lord Dalhousie fut l’hôte de l’honorable M. Hale au manoir de la Pérade. Sous le régime français, la maison seigneuriale de la Pérade avait aussi reçu des personnages distingués. Les gouverneurs de Vaudreuil et de Beauharnois s’arrêtèrent à deux ou trois reprises au manoir de la Pérade afin de saluer M. de la Pérade et sa femme, l’héroïque Madelon[18].
Ancienne façade, du côté du fleuve. Le chemin passe maintenant à l’est de la maison.
Cette vue donne la façade actuelle.
Cette maison a été construite en 1723, par Pierre Rivard Lanouette, capitaine de la côte. Elle est en possession de la famille Lanouette depuis plus de deux siècles. Le propriétaire actuel en a hérité de sa mère, née Lanouette.
La maison Éphrem Charest, à Sainte-Anne-de-la-Pérade, près de Saint-Casimir, construite en 1818, est aujourd’hui la propriété de M. Benoît Lebeuf. Elle domine un monticule dont le pied se baigne dans la rivière Sainte-Anne.
Cette maison fut bâtie par George McIntosh Ross, père de l’honorable John Jones Ross, qui fut premier ministre de la province de Québec et président du sénat du Canada. Celui-ci naquit dans cette maison et y résida.
Habitée actuellement par Raoul Du Tremblay, cultivateur, cette maison fut construite en 1669, et réparée par Michel Fillion en 1772. Maison ancestrale de sir Lomer Gouin et de l’honorable sénateur Jacques Bureau.
La maison Dorion, maintenant la propriété du docteur F-A. Marcotte, ancien député de Champlain, paraît avoir été construite en 1720 par Joseph Gouin. Elle passa, beaucoup plus tard, à Pierre Dorion, marchand, qui fut député de Champlain. C’est dans cette maison que sont nés ses fils, sir Antoine-Aimé
Dorion, Éric Dorion surnommé l’Enfant terrible, et le chanoine J.-H. Dorion.
La maison de M. Pamphile-P.-V. Du Tremblay, arpenteur et ingénieur civil, seigneur Dorvilliers, fut construite peu après 1669 par Pierre Farot dit Laprairie, le concessionnaire de la terre, et réparée en 1820, par Augustin Baribeau, l’un des héritiers de la seigneurie Dorvilliers.
Cette maison construite, apparemment, par l’honorable M. François Baby passa à M. François-Xavier-Alfred-Ovide Méthot, qui fut député de Nicolet à Québec puis à Ottawa et conseiller législatif de la division
de la Vallière. Il décéda dans cette maison le 20 octobre 1908.
Cette maison construite en 1821 fut achetée par l’abbé François Lejamtel de la Blouterie, curé de Bécancour de 1819 à 1829, qui l’habita jusqu’à sa mort, en 1835. Elle est maintenant habitée par la veuve du docteur Honoré Désilets.
LE MANOIR DE L’ÎLE DE MONTESSON À BÉCANCOUR
L E premier seigneur de Bécancour fut Pierre Le Gardeur
de Repentigny. Il légua sa seigneurie à son fils,
Charles Le Gardeur de Villiers. Elle passa ensuite à
Philippe Gaultier de Comporté qui la vendit, le 14 novembre
1684, à Pierre Robineau de Bécancour. Jusque-là la seigneurie
avait porté le nom de Rivière-Puante ; M. de Bécancour lui
donna son nom.
En 1708, M. de Bécancour consentit à céder une partie de sa seigneurie afin de permettre aux Abénakis de s’établir en cet endroit. Il était entendu que si les Abénakis disparaissaient de Bécancour le seigneur rentrerait de plein droit dans la possession du terrain cédé.
En arrivant à Bécancour, les Abénakis se fixèrent dans l’île aujourd’hui connue sous le nom de Montesson. La même année, on construisit sur l’île une petite église en bois.
En 1721, le Père de Charlevoix disait des Abénakis de Bécancour :
« Le village abénakis de Bécancour n’est pas présentement aussi peuplé qu’il l’était il y a quelques années. Il ne laisserait pas pourtant de nous être d’un grand secours, si la guerre recommençait. Ces Sauvages sont les meilleurs partisans du pays et toujours disposés à faire des courses dans la Nouvelle-Angleterre, où leur seul nom a souvent jeté l’épouvante jusque dans Boston. Ils sont tous chrétiens et on leur a bâti une jolie chapelle, ou ils pratiquent tous les exercices du christianisme. »
Le Père de Charlevoix nous apprend aussi que M. de Bécancour résidait sur l’île de Montesson avec les Sauvages :
« La vie que mène M. de Bécancour dans ce désert, — car on n’y voit point encore d’autre habitant que le seigneur — rappelle assez naturellement le souvenir de ces anciens patriarches qui ne dédaignaient point de partager avec leurs domestiques le travail de la campagne et vivaient presqu’aussi sobrement qu’eux. Le profit qu’il peut faire par le commerce avec les Sauvages, ses voisins, en achetant d’eux les pelleteries de la première main, vaut bien les redevances qu’il pourrait tirer des habitants, à qui il aurait partagé ses terres. »
Joseph-Michel Le Gardeur de Croizille et de Montesson qui acheta la seigneurie de Bécancour en 1755 ne s’accorda pas avec les Abénakis et ceux-ci laissèrent l’île de Montesson en 1771.
M. Pierre de Sales Laterrière, qui fut inspecteur, puis directeur général des forges Saint-Maurice, habita ensuite pendant quelques années l’île de Montesson. Il en parle à différentes reprises dans ses Mémoires. Nous croyons même que le manoir actuel de l’île de Montesson fut bâti par M. Laterrière. Il fut plus tard acheté par M. Macdonald qui le restaura. Le propriétaire actuel est M. Hector Picher.
Cette maison fut construite avant 1794 par Jean-Baptiste Beaubien, fils de Louis Trottier de Beaubien qui possédait la terre où elle s’élève dès avant 1752. Elle est présentement habitée par M. Adolphe Lemay, marié à mademoiselle Luce Beaubien.
LE MANOIR LOZEAU À NICOLET
J ean-Baptiste Lozeau était le petit-fils de Jean Lozeau,
forgeron de Québec. Son père, Augustin Lozeau, se fixa
à Nicolet au milieu du dix-huitième siècle, pour y ouvrir une
maison de commerce. Jean-Baptiste, qui avait reçu une
excellente éducation commerciale, embrassa la carrière de son
père, et son négoce ne tarda pas à devenir très prospère.
Le sieur Lozeau, avec les profits de son commerce, se mit à acheter des seigneuries, estimant que ces acquisitions étaient des placements de première valeur. Lozeau acheta la majeure partie des seigneuries de la Baie-du-Febvre, de Godefroy, de Roquetaillade (Saint-Grégoire), de Nicolet et de Courval.
Le seigneur Lozeau décéda le 19 mars 1822, et sa femme le suivit dans la tombe cinq mois plus tard.
M. et Madame Lozeau laissaient deux filles, Émélie et Marie-Louise.
L’aînée, Émélie, devint, en 1848, la femme de Philippe Cressé, petit-fils du dernier seigneur de ce nom.
La cadette, Marie-Louise, s’était mariée en 1838, avec René Kimber, avocat, établi à Saint-Grégoire. Devenue veuve, elle se remaria à Hippolyte Pacaud.
Après la mort du seigneur Lozeau, M. et madame Cressé habitèrent son manoir de Nicolet. Madame Cressé décéda dans ce manoir en novembre 1897, à l’âge de 87 ans et 5 mois. Elle n’avait pas eu d’enfants.
Le manoir Lozeau est aujourd’hui connu sous le nom de résidence Saint-Joseph. Il est habité par l’aumônier de la maison-mère des Sœurs de l’Assomption. La maison a été modifiée. On en a changé le toit et on lui a ajouté une aile[19].
Cette maison, construite en 1784, fut le berceau du collège de Nicolet. Agrandie en 1815, elle servit de collège jusqu’en 1831. La maison du curé Brassard est aujourd’hui occupée par les Frères des Écoles Chrétiennes qui y tiennent une Académie Commerciale.
Cette maison fut construite il y a trois quarts de siècle, environ, par le sieur Moras-Beaubien, fils de Jean-Paul Beaubien, seigneur de l’île Moras. M. Beaubien fut avocat, maire de Nicolet et préfet de comté de 1864 à 1867.
La construction de cette maison remonte à 1821. Le capitaine Kenelm Chandler, après son achat de la seigneurie de Nicolet, vint habiter son domaine et mourut dans cette maison en 1850. Elle sert maintenant de métairie aux Sœurs Grises de Nicolet.
Construite en 1792 par Louis Proulx, capitaine de milice, cette maison passa successivement à Hubert Proulx, Yves Proulx, puis aux fils de ce dernier, Eugène et Fortunat Proulx. Ce dernier, ancien maire de Nicolet, en est maintenant le seul propriétaire.
Ce manoir fut bâti peu après la conquête par le seigneur Louis-Pierre Cressé ou sa veuve. Plus tard, les seigneurs H. W. et Alfred Trigge l’habitèrent. Cette propriété appartient aujourd’hui aux Sœurs Grises de l’Hôtel-Dieu de Nicolet qui y logent leurs employés.
Le duc de Kent, père de la reine Victoria, habita cette maison pendant la saison d’été, de 1791 à 1794. Madame de Riedesel mentionne cette maison ici et là dans ses Mémoires. Les modifications faites au château des gouverneurs n’ont pas été heureuses.
Ce château fut construit il y a soixante-quinze ans par le comte de Rottermund, polonais de naissance, qui l’habita avec sa femme, née Marie-Cordelie Debartzch, de 1850 à 1859. Le comte de Rottermund mourut en Suisse en 1859 et son château fut vendu en 1864.
LE MANOIR DE SAINT-OURS À SAINT-OURS
L E premier manoir de Saint-Ours fut élevé le long du
Saint-Laurent. En 1792, le seigneur Charles de Saint-Ours,
désireux de se rapprocher de l’église paroissiale,
choisit un site superbe sur les bords du Richelieu pour y
construire un nouveau manoir. C’est ce manoir qui a été
habité depuis par les seigneurs de Saint-Ours.
En 1870, madame Roch de Saint-Ours, née Hermine Juchereau Duchesnay, restaura le manoir de Saint-Ours et en fit une des plus belles maisons seigneuriales de tout le pays. On ajouta un étage à la vieille demeure mais les murs de trois pieds d’épaisseur furent conservés.
Nous trouvons une description fidèle du manoir de Saint-Ours dans l’Histoire de la famille et de la seigneurie de Saint-Ours de M. l’abbé Couillard Després :
« C’est une vaste construction d’environ soixante-dix pieds de longueur sur trente-cinq de largeur, les murs sont en pierre des champs, de trois pieds d’épaisseur. Une belle galerie entoure ce vaste bâtiment qui est à deux étages, avec toit mansard. En entrant dans ce manoir ce qui nous frappe tout d’abord c’est la proportion des appartements. Un large corridor traverse l’édifice. À droite, est le grand salon. En passant, jetons un regard sur une vieille horloge grand’père, aux mouvements en cuivre, très ancienne. Le salon est garni de meubles antiques : fauteuils Louis XV, miroirs aux cadres dorés de style Louis XIV, les portraits des membres de la famille ornent les murs ; ceux de Charles de Saint-Ours, François-Roch, Charles-Quinson, et ceux d’autres personnages apparentés à la famille.
« Sur les tables, les tablettes des cheminées, se voient des vases d’albâtre, des objets d’art d’un grand prix, des candélabres antiques et des bibelots qui feraient le bonheur des antiquaires. Tous ces objets ont leur histoire. Des médailles, des diamants, des bijoux précieux sont là, enfermés dans des écrins. La dernière châtelaine de Saint-Ours, madame Dorion, se faisait un plaisir d’exhiber ces trésors à ceux qui les lui demandaient. Nous y avons vu une coupe aux armes du marquis de Montcalm.
« Du grand salon, on pénètre dans un boudoir, où se trouvait autrefois une bibliothèque renfermant des livres rares. Ces livres ont été partagés entre les héritiers, à la mort de mademoiselle Hermine de Saint-Ours.
« Dans la salle à manger se trouvent encore des souvenirs d’antan, consistant en couteaux, fourchettes, cuillers d’argent, achetés du temps de M. Charles de Saint-Ours, ou remontant encore plus loin » [20].
Le docteur Jacques Dorion s’établit à Saint-Ours en 1824. En 1837, il habitait une grande et vieille maison de pierre qui existe encore, à l’angle des rues Immaculée-Conception et St-François-Xavier. Le docteur Dorion fut arrêté au mois de décembre 1837 comme rebelle et sa maison fut livrée au pillage.
Cette maison fut construite en 1805 par le grand vicaire Cherrier pour servir de presbytère. Les troupes s’y logèrent en 1837. Elle appartient aujourd’hui à Mgr L.-A. Senécal, curé de Saint-Denis.
Bâtie par J.-B. Masse, en 1828, pour y installer son magasin et son logis, cette maison fut plus tard transformée en hôtellerie puis en manufacture. Les troupes anglaises y logèrent du 3 au 8 décembre 1837 et pillèrent le magasin de Masse.
Construite à la fin du régime français, cette maison fut habitée par le fameux tribun Louis Bourdages, qui vécut à Saint-Denis de 1790 à 1835, puis par son fils David Bourdages, arpenteur, lequel prit part au combat de Saint-Denis le 23 novembre 1837.
C’est à côté de la maison du patriote F.-C. Duvert qu’eut lieu, le 23 octobre 1837, l’assemblée des Six-Comtés où le tribun Louis-Joseph Papineau se montra « habillé en étoffe du pays. » Après 1837, la maison Duvert a successivement eu pour propriétaires : M. Masson, M. Bruno Guyon, l’abbé Crevier et M. Arthur Remy, propriétaire actuel.
La maison de Joseph Cartier, oncle de sir Georges-Étienne Cartier, bâtie entre 1779 et 1782, est aujourd’hui la propriété de M. Joseph Gaudet. Cette maison ressemble beaucoup à celle qu’habitait Jacques Cartier, père du grand homme d’État, et qui fut démolie en 1906.
Ce manoir aurait été bâti avant 1830 par sir John Johnson, fils de sir William Johnson, qui commandait les Sauvages alliés dans l’armée de Amherst. Il fut ensuite la propriété de sir Adam Gordon Johnson, de sir William George Johnson, du comte de Bouthillier Chavigny, du collège Sainte-Marie-de-Monnoir, puis de l’avocat Laurence de K. Stephens, tué pendant la Grande Guerre. Il est habité par la veuve de ce dernier.
Cette maison, occupée aujourd’hui par le bureau de poste et une succursale de banque, fut construite en 1821 par les frères Joseph-Timothée et Benjamin Franchère. Ces négociants firent là un commerce considérable.
Pierre Boucher, premier seigneur de Montarville, érigea, en 1710, dans la montagne de Saint-Bruno, un moulin en bois qui fut reconstruit en pierre en 1741 par le seigneur René Boucher de la Bruère. En 1897, la seigneurie de Montarville fut achetée par MM. Pease, Drummond et Birks. L’ancien moulin fut alors restauré et transformé en chapelle. Sept plaques en bronze placées dans cette chapelle par M. Birks relatent toute l’histoire de l’ancienne seigneurie.
Façade principale.
LA MAISON DE SALABERRY À CHAMBLY
C HARLES-Michel de Salaberry, le héros de Châteauguay,
avait épousé, à Chambly, le 14 mai 1812, Marie-Anne-Julie,
fille de Jean-Baptiste-Melchior Hertel de
Rouville, seigneur de Rouville, Chambly, Saint-Olivier et
autres lieux, et de Marie-Anne Hervieux.
Deux années après son immortelle victoire de Châteauguay, le lieutenant-colonel de Salaberry fut mis à la demi-paye.
« Il n’eut plus l’occasion de se distinguer, dit M. L.-O. David. Il avait conquis tous les grades que l’Angleterre pouvait accorder à un soldat catholique et canadien français ; la protection même du duc de Kent n’aurait pu le faire sortir des rangs accessibles aux médiocrités. Une telle position ne devait pas convenir à notre compatriote. Il renonça à la carrière militaire et vécut ensuite pour sa famille, s’occupant d’administrer la seigneurie que mademoiselle Hertel de Rouville lui avait apportée en dot. Il avait épousé cette noble demoiselle quelques mois avant la bataille de Châteauguay. Belle alliance, dont le duc de Kent le félicita !
« C’est à Chambly qu’il fixa sa résidence, au milieu de la population témoin de sa valeur et de sa gloire pendant la guerre. Sur la rivière Chambly, qu’on appelait le grenier du Bas-Canada, vivaient alors des familles remarquables par leur origine ou leurs talents, qui se disputaient la palme des belles manières, de la libéralité et de la fidélité aux traditions du passé. On y menait joyeuse vie ; c’était pendant l’hiver une succession de fêtes, de promenades et de fricots légendaires. On luttait à qui ferait le plus et le mieux.
« On partait le matin ; on dînait chez le seigneur Jacob ; on prenait les amis en passant, et on allait passer la soirée chez M. Cartier, à Saint-Antoine, ou chez les MM. Drolet, Franchère et autres. Quel bruit ! Quel entrain ! On se séparait à regret, avec la promesse de se revoir bientôt.
« C’était une grande joie dans la tribu, lorsqu’on voyait arriver le brave colonel, car il n’était pas le moins bruyant, et lorsque venait son tour de chanter ou de prendre part à un cotillon emporté, à un reel favori, il ne tirait pas en arrière. Tout le monde l’admirait pour sa gloire et l’aimait pour la gaieté et l’affabilité de son caractère » [21].
C’est dans une de ces réunions de famille, chez M. Hatt, que le Léonidas canadien fut frappé d’apoplexie, le 26 février 1829. Il fut immédiatement transporté chez lui et mourut le lendemain.
La maison de M. de Salaberry est maintenant la propriété de madame veuve Châteauguay de Salaberry, née Berthe Prévost.
Cet édifice date de 1812 et servit d’abord d’hôpital pour les soldats. Il appartient aujourd’hui à madame veuve de Salaberry (née Prévost) qui l’a fait diviser en logements.
Cette maison, bâtie en pierres des champs noyées dans le mortier, date d’un siècle et demi. Elle fut construite par Augustin Audet et appartient aujourd’hui à M. Gordien Bouvier. Pas un clou n’a entré dans la construction intérieure non plus que dans le toit de cette maison. Les pièces de charpente sont jointes en queue d’aronde et l’on s’est servi de fiches en bois pour l’assemblage des autres pièces.
Construite en 1794, cette maison fut habitée de 1811 à 1840 par le notaire Le Noblet Duplessis. Les chefs des patriotes se réunirent à plusieurs reprises dans cette maison en 1837. Elle est aujourd’hui la propriété d’un autre notaire, M. Jean-Marie Richard, député de Verchères à l’Assemblée législative.
Cette maison qui appartient à la succession du docteur Georges-Edmond Baril est une des plus anciennes de Boucherville.
La Chaumière est la propriété de madame veuve Adolphe Robillard. Cette habitation était une dépendance de la maison construite en 1760 par l’honorable M. Pierre Boucher de Boucherville.
LA VILLA LA BROQUERIE. ANCIEN MANOIR DE PIERRE BOUCHER, À BOUCHERVILLE
C’ EST en 1668 ou un peu avant que Pierre Boucher
abandonna les charges d’honneur et de confiance que
les gouverneurs de la Nouvelle-France lui avaient
données pour aller établir sa seigneurie des îles Percées ou de
Boucherville.
Relisons les raisons qui l’engagèrent à fonder son établissement de Boucherville :
« C’est pour avoir un lieu dans ce pays consacré à Dieu, où les gens de bien puissent vivre en repos, et les habitants faire profession d’être à Dieu d’une façon toute particulière. Ainsi toute personne scandaleuse n’a que faire de se présenter pour y venir habiter, si elle ne veut changer de vie, ou elle doit s’attendre à en être bientôt chassée.
« C’est pour vivre plus retiré et débarrassé du fracas du monde, qui ne sert qu’à nous désoccuper de Dieu et nous occuper de la bagatelle, et aussi pour avoir plus de commodité de travailler à l’affaire de mon salut et de celui de ma famille.
« C’est pour tâcher d’amasser quelque bien par les voies les plus légitimes qui se puissent trouver, afin de faire subsister ma famille, pour instruire mes enfants en la vertu, la vie civile et les sciences nécessaires à l’état où Dieu les appellera et ensuite les pourvoir chacun dans sa condition. »
Pierre Boucher bâtit son manoir à l’embouchure de la petite rivière Sabrevois, à une vingtaine d’arpents de l’église actuelle de Boucherville. Il l’entoura de palissades et le fortifia de toutes façons car, à cette époque, les Iroquois étaient la terreur de la région.
Vers 1695, Boucher abandonna cette demeure à sa fille Jeanne, mariée à M. de Sabrevois. L’habitation jusqu’alors connue sous le nom de fort Saint-Louis porta dès lors le titre pompeux de château Sabrevois.
Quatre générations de Sabrevois se succédèrent dans la maison bâtie par Pierre Boucher. Le « château » passa ensuite à François Piedmont de la Bruère, puis à Joseph-Antoine Boucher de la Broquerie et, enfin, à Charles Taché, marié à Louise-Henriette Boucher de la Broquerie. Leur fils, Mgr A.-A. Taché, héritier de la vieille maison ancestrale, la donna aux Révérends Pères Jésuites qui, après l’avoir agrandie, en ont fait le célèbre lieu de retraites fermées connu sous le nom de Villa de la Broquerie.
Le Père Lalande écrivait en 1890 :
« Villa de la Broquerie, c’est le nom que lui ont donné les RR. PP. Jésuites. Par la générosité de Mgr Taché, ils en sont les propriétaires depuis quatre ans ; ils ont voulu que le bienfait conservât le nom le plus cher au bienfaiteur. Pendant un siècle — ce sont les paroles de Mgr de Saint-Boniface — ce manoir a porté le nom de château Sabrevois ; non pas que sa magnificence lui donnât aucun titre au nom pompeux de château, mais parce que c’était une coutume des seigneurs et des nobles familles françaises d’appeler ainsi leurs résidences. En lui donnant ce nom, le noble M. Sabrevois de Bleury n’a été que fidèle à cette coutume.
« Du château, il n’a ni l’architecture, ni les riches lambris, ni les fières allures. Point de donjons, point de créneaux, de balcons, de portiques. L’art n’a rien fait pour embellir cette résidence. Ne pouvant rivaliser victorieusement avec la nature, il lui en a laissé tout le soin. Elle s’en est gentiment acquittée et en a fait, pour la belle saison, un lieu de plaisance ravissant.
« Bâtie sur la côte, à vingt pas d’une grève, la villa a dans son site du pittoresque et du grand. D’un côté, les champs, les prairies remplies d’arôme, les hauteurs échelonnées à l’horizon. À ses pieds, la rivière Sabrevois que bordent deux rideaux de buissons. En face, le fleuve, ses îles, les côtes du nord, où l’œil s’en va vaguant de scène en scène jusqu’aux Laurentides. Azur ou nuages dans un vaste ciel, azur ou nuages dans l’onde du Saint-Laurent : immense miroir d’un incommensurable tableau »[22].
Cette maison porte sur sa façade la date 1760. Elle a appartenu à l’honorable Pierre de Boucherville, puis à sir Charles de Boucherville. Celui-ci l’échangea avec M. de Léry pour la propriété habitée maintenant par M. Joseph de Boucherville, C.R. Quant à la demeure cédée à M. de Léry, elle fut acquise, il y a quelques années, par MM. les avocats J.-J. Beauchamp et Charles Bruchési.
Cette maison est, dit-on, la plus ancienne de Saint-Lambert. Elle remonte à la fin du dix-septième siècle et a été habitée successivement par sept générations de Marsil. André Marsil dit l’Espagnol fut un des premiers colons de la localité. Le propriétaire actuel est M. Albert Mercil. Les descendants d’André Marsil signent Marcil, Marsil, Mercil et encore Mercille.
La maison de M. Hector Brossard est peut-être la plus typique en même temps que la plus ancienne de Laprairie. M. Brossard en a hérité de son père, Louis Brossard, lequel l’acquit, vers 1860, de Magloire Boyer. Celui-ci la tenait de Louison Roy, qui descendait de Pierre Roy, un des premiers colons de Laprairie.
Cette maison, érigée entre 1790 et 1800, est la plus ancienne du village de Laprairie. La famille Nolin liée à celle de l’avocat Bisaillon habita cette maison, vers 1850, qui, depuis quelques années, appartient à M. Longtin.
Ce moulin fut bâti par les Jésuites, seigneurs de Laprairie, en 1718, peut-être même un peu avant. Il fut en activité jusqu’en 1890, mais depuis ses roues sont disparues ; du côté du fleuve, les murs sont tombés et le corps de logis, du côté de la route, a été transformé en magasinet.
Construite en 1807, cette maison est en bon état de conservation. La maison Moquin fut le théâtre d’un drame affreux il y a soixante ans. Un bandit y assassina une servante et un jeune enfant afin de s’emparer des valeurs des maîtres de la maison alors absents.
Voici une maison qui a vu de meilleurs jours. Elle fut construite au commencement du dix-neuvième siècle par Paul-Théophile Pinsonnault, notaire et colonel de milice. Mgr Pinsonnault, premier évêque de London, naquit dans cette maison le 23 novembre 1815. La maison Pinsonnault est dans un état lamentable.
Le patriote Charles Sanguinet, exécuté en même temps que son frère Ambroise le 18 janvier 1838, habita cette maison, qui est aujourd’hui la propriété de M. Olier Dupuis, maire de Saint-Mathieu.
Le Révérend Père Devine, dans son Historic Caughnawaga, place la construction de la résidence des missionnaires de la réserve du Sault-Saint-Louis ou Caughnawaga entre 1716 et 1721. Cette maison est en fort bon état.
LA MAISON DES SŒURS GRISES SUR L’ÎLE SAINT-BERNARD OU DES SŒURS À CHÂTEAUGUAY
L’ ÎLE Saint-Bernard ou des Sœurs Grises est située à
l’embouchure de la rivière Châteauguay, autrefois connue
sous le nom de rivière du Loup. Elle forme un triangle
dont le côté nord-ouest est baigné par les eaux du lac Saint-Louis ;
le côté est, par celles de la rivière Châteauguay ; et le
côté sud, par un bras de rivière où coulent ordinairement les
eaux du Saint-Laurent, mais où la rivière de Châteauguay
déverse le trop plein de ses eaux au printemps ou après les
pluies abondantes. L’île Saint-Bernard mesure six cent
quatre-vingt-dix pieds de superficie.
« Cette île est remarquable surtout par le fameux monticule connu sous le nom de Butte des Sœurs, lequel depuis longtemps déjà est couronné par le signe de la rédemption. Cette croix est entourée à son pied d’un élégant belvédère dans lequel les Sœurs Grises, propriétaires de l’île, peuvent respirer à pleins poumons l’air pur et rafraîchissant du lac Saint-Louis, embaumé de l’arome des bois, tout en jouissant du plus beau panorama que l’œil puisse contempler.
« Des autorités respectables veulent que la Butte des Sœurs ne soit pas l’œuvre de la nature seule, mais le résultat du travail gigantesque entrepris, dans les temps reculés, par la race, presque entièrement disparue à la découverte de l’Amérique, des Mount Builders. La nature du sol de la Butte des Sœurs, la ressemblance de ce monticule avec plus de deux mille autres de même apparence quoique, en général, plus petits, indiquent qu’elle est certainement l’œuvre des anciens sauvages, comme le prouvent les ossements et ustensiles trouvés dans leurs flancs. La découverte d’ossements et d’ustensiles semblables faite en 1854 dans l’intérieur de la Butte des Sœurs donne beaucoup de force à l’opinion de ceux qui veulent qu’elle soit l’œuvre des Mount Builders ; quoi qu’il en soit, le plateau supérieur de la Butte des Sœurs sert aujourd’hui de cimetière aux Sœurs Grises.
« L’île Saint-Bernard ou des Sœurs Grises fait partie de la seigneurie de Châteauguay accordée à Charles Le Moyne, premier seigneur de Longueuil le 29 septembre 1673. Deux des fils de Charles Le Moyne portèrent le nom de Châteauguay. Le premier, Louis, né le 4 janvier 1676, à qui était réservée la seigneurie, fut tué au fort Nelson, dans la baie d’Hudson, par les Anglais, le 4 novembre 1694. Le second, Antoine, né le 7 juillet 1683, le quatorzième et dernier enfant de cette famille de héros, fut successivement gouverneur de la Martinique, de Cayenne et de l’île Royale. Il décéda à Rochefort le 21 mars 1747. On conçoit que la petite seigneurie avait une importance secondaire pour ce personnage. Son père Charles, le premier baron de Longueuil, chargé de ses intérêts au Canada, vendit, le 6 août 1706, la seigneurie de Châteauguay à Zacharie Robutel de Lanoue, devenu cousin germain des Le Moyne par son mariage avec Catherine, fille de Jacques Le Moyne, seigneur du Cap-de-la-Trinité. M. Robutel de Lanoue habitait l’île Saint-Bernard depuis 1699. La seigneurie de Châteauguay passa en héritage à son fils, Joachim Robutel de Lanoue ; et des mains de celui-ci entre celles de Marie-Anne Robutel de Lanoue, sa sœur, qui la vendit à la vénérable mère d’Youville, fondatrice des Sœurs Grises, le 8 juin 1765. C’est depuis cette date que l’île Saint-Bernard et toute la petite seigneurie de Châteauguay appartiennent aux Sœurs Grises.
« En 1686, Charles Le Moyne avait construit sur l’île Saint-Bernard un moulin en pierre qui avait la forme d’une tour. Lorsque les Sœurs Grises firent l’achat de la seigneurie de Châteauguay cette tour tombait en ruine. Elles la restaurèrent et remplacèrent le toit. En 1865, elle fut transformée en oratoire. On a installé depuis sur cette tour une belle statue de saint Joseph. La tour de l’île Saint-Bernard est un des plus vieux monuments du pays. Ceux qui ont le culte du passé sont reconnaissants aux Sœurs Grises d’avoir conservé cette relique. »
Cette maison servit de presbytère à l’abbé Pierre Toupin, curé de l’île Perrot de 1797 à 1825. Elle appartient aujourd’hui à la famille de Bellefeuille.
Cette somptueuse demeure fut construite, croit-on, par sir George Simpson. Elle devint ensuite la propriété du comte de Beaujeu. Le manoir passa, en 1903, au notaire A.-J.-H. Saint-Denis, en 1914, à M. Lawrence Wilson, puis, enfin, en 1918, au lieutenant-colonel W. A. Grant, le propriétaire actuel.
Construite par John et Samuel Forbes en 1813, cette maison fut habitée par le docteur Muir qui avait
épousé une demoiselle Forbes. M. C. A. Harwood, C.R. l’a acquise de M. Xavier Denis il y a quelques
années. Admirablement située, entourée d’un superbe jardin, cette demeure produit une agréable impression.
Construite avant 1850, par Robert William Harwood, fils de Robert Unwin Harwood, marié à Louise Chartier de Lotbiniere. M. R. W. Harwood, qui fut co-seigneur de la seigneurie de Vaudreuil, épousa Mary Charlotte McGillis, dont le père était avocat et l’héritier de son oncle Hugh McGillis, l’un des associés de la fameuse Compagnie du Nord-Ouest. Cette maison appartient maintenant à la succession Constant.
Une des plus anciennes maisons de cultivateur du haut de Vaudreuil. Elle appartenait autrefois à la famille Cadieux. Elle est maintenant la propriété de M. Placide Vinet dit Larente.
LA MAISON TRESTLER À VAUDREUIL
S I tous ceux qui se bâtissent des maisons étaient aussi méticuleux que le sieur Trestler on pourrait écrire leur histoire
comme on fait de la vie des personnages célèbres.
Cette maison a cent trente-neuf pieds de façade par quarante pieds de profondeur, mais elle fut construite en différentes parties et, chaque fois, le sieur Trestler, son propriétaire, l’a soigneusement noté par une inscription sur l’aile qu’il ajoutait au bâtiment principal. Sur le corps de logis central on lit : J.-J., T. 1798 ; sur l’aile gauche ou ouest : À Dieu la gloire, J.-J. T., 1805 ; sur l’aile droite : 1806. Enfin, sur une pierre qui était dans le mur d’un autre bâtiment, aujourd’hui démoli, on lit : À la gloire de Dieu, Jean-Joseph Trestler, né à Manheim, 1757, fecit 1797. A. M. D. G.
Après la mort de M. Trestler, sa maison fut habitée successivement par son fils le docteur Trestler, professeur à l’École de médecine et de chirurgie de Montréal, par son gendre, sir Antoine-Aimé Dorion, par l’honorable C.-A. Geoffrion, marié à une demoiselle Dorion, etc., etc.
La maison Trestler est aujourd’hui la propriété de M. Gustave Rainville, banquier[23].
Cette maison de bois que l’on dit plus que centenaire est située à l’extrémité ouest de Dorion. Elle appartient à la famille Valois depuis 1852 et intéresse beaucoup les touristes, car on l’a conservée telle qu’elle était.
La seigneurie de Lotbinière a toujours été en possession de la famille de Lotbinière, puis de la famille Joly de Lotbinière. Le présent propriétaire de la seigneurie et du manoir de Lotbinière est M. Alain Joly Chartier de Lotbinière, petit-fils de sir Henri-Gustave Joly Chartier de Lotbinière.
Cette maison fut construite en 1817 par le notaire Ambroise Chavigny de la Chevrotière qui l’habita jusqu’à sa mort, en 1834. C’est dans cette maison que le notaire Thomas Bédard ouvrit une école de latin qui eut son heure de célébrité. La maison du notaire de la Chevrotière est maintenant la propriété de M. Bruno Langlois.
Voici le type de maison qu’on rencontrait le plus fréquemment autrefois, non seulement à Sainte-Croix, mais dans toute cette partie du pays. Les contrevents protégeaient les occupants contre le froid et les voleurs. Cette maison fut bâtie par Jean-Baptiste Legendre, vers 1790. Ce Legendre était le petit-fils de Jean-Baptiste Legendre, le premier de cette famille venu au Canada.
Cette maison en bois fut bâtie vers 1815 par Édouard Martel qui y résida jusqu’à sa mort, en 1833. C’est dans cette maison que fut tenu le premier bureau d’enregistrement du comté de Lotbinière. Elle appartient maintenant à M. Siméon-N. Boisvert.
Ce manoir fut construit il y a trois quarts de siècle par Charles-François Dionne, seigneur de Tilly, grand’père du seigneur actuel, M. Philémon Dionne.
L’ANCIEN MANOIR DE TILLY À SAINT-ANTOINE-DE-TILLY
O N sait que bon nombre des scènes du roman de William
Kirby, le Chien d’or, se déroulent à Saint-Antoine-de-Tilly.
Kirby fait une charmante description des environs
du manoir de Tilly. Pamphile Lemay traduit ainsi la
description de Kirby :
« Il était entouré de pins éternellement verts, de ces grands chênes et de ces ormes élevés qui se drapent dans un feuillage nouveau chaque printemps, et, chaque automne, se dépouillent de leur éclatant manteau.
« Un ruisseau murmurait tout auprès, en précipitant ses ondes d’argent. Tantôt il étincelait au soleil, et tantôt il se cachait sous les épais rameaux comme une jeune vierge honteuse d’être admirée. Un pont rustique en reliait les bords fleuris. Il sortait ce petit ruisseau capricieux, d’un lac charmant et tout étroit, étendu comme une nappe de cristal au milieu de la forêt à quelques lieues du fleuve.
« Derrière la maison, au-dessus de l’étable et du poulailler, caché aux regards par un épais rideau de feuillage, s’élevait le pigeonnier avec ses doux et amoureux habitants. Ils étaient peu nombreux, mais d’un riche plumage et d’une beauté remarquable. Il ne fallait pas laisser la roucoulante famille s’agrandir trop, à cause des champs de blé qu’elle aurait mis à sac.
« Devant le manoir, au milieu des arbres chargés de verdure et palpitants de vie, s’élevait un pin d’une grande longueur, nu et droit comme une flèche d’église. Il n’avait plus d’écorce, plus de rameaux excepté au faîte, un bouquet. Un pavillon et des bouts de rubans flottaient au-dessous de cet énorme bouquet vert qui le couronnait, et la poudre du canon en avait marqué de taches noires l’aubier encore tout éclatant de blancheur. »
Puis, M. Kirby dit de l’intérieur du manoir :
« L’intérieur du manoir ressemblait aux intérieurs des anciens châteaux de France. Au centre, il y avait une grande salle qui servait de cour de justice quand le seigneur de Tilly avait à juger quelque délit, ce qui n’arrivait pas souvent, grâce à la moralité des gens. Dans cette salle se tenait encore la cour plénière, quand il fallait régler les corvées, ouvrir des chemins, construire des ponts. Dans cette salle aussi avaient lieu les grandes réunions des censitaires à la fête de saint Michel de Thury, le patron.
(vue d’en arrière)
« De là, on passait dans une suite de chambres de diverses grandeurs, toutes meublées et ornées selon le goût de l’époque et la richesse des seigneurs de Tilly.
« Un grand escalier de chêne, assez large pour laisser passer de front une section de grenadiers, conduisait aux pièces supérieures ; chambres à coucher et boudoirs avec leurs vieilles fenêtres à barreaux d’où le regard s’échappait pour embrasser un délicieux fouillis de nappes d’eau, de tapis de gazon, d’arbustes, de végétaux, d’arbres et de fleurs »[24].
Cette description du manoir de Tilly était-elle fidèle ? Kirby a parlé de la vie canadienne d’autrefois avec tant de sympathie qu’il y aurait mauvaise grâce, vraiment, à le chicaner sur des détails peut-être erronés mais qui, en somme, sont loin de déparer les charmants tableaux qu’il a tracés du régime français.
LA MAISON PAQUET À SAINT-NICOLAS
V OICI une des plus vieilles et des plus intéressantes
maisons de l’ancienne seigneurie de Lauzon. La
maison Paquet, construite en deux parties, date du
régime français.
Dans l’hiver de 1775-1776, un fort détachement de l’armée de Arnold, immobilisée devant Québec, fut envoyé à Saint-Nicolas pour se procurer des provisions. Les soldats du Congrès s’installèrent dans la maison Paquet, qui par ses proportions semblait plutôt un manoir, et y passèrent plusieurs semaines. La tradition s’est même conservée dans la famille Paquet, très nette, très distincte, que pendant leur séjour à Saint-Nicolas une épidémie se déclara parmi les soldats américains et trois ou quatre succombèrent au fléau. On montre même l’endroit où ils furent enterrés, de l’autre côté du chemin du Roi, à peu près à l’endroit où s’élève aujourd’hui la chapelle de Notre-Dame de Grâces.
Feu M. Alfred Cloutier fait la description suivante de la maison Paquet :
« Le vieux manoir, écrit-il, est aussi solide et aussi propret à l’intérieur et il offre autant de confort que lorsque nous l’avons vu pour la première fois, il y a près de 60 ans, alors que M. Benjamin Paquet y vendait ses marchandises. Nous disons « manoir », parce que les gens ont pris depuis longtemps l’habitude de désigner sous ce vocable cette jolie résidence, ferme et manoir à la fois, qui dénote chez le constructeur un goût prononcé pour tout ce qui procure la joie de vivre au foyer, avec tout le confort possible dont un citoyen à l’aise pouvait s’entourer à cette époque déjà lointaine.
« Le corps de la bâtisse a plus de 90 pieds de longueur. Les salles sont larges et spacieuses, mais le plafond en est plutôt bas, selon la mode du temps, et probablement aussi afin que la chaleur ne se perde pas trop en hiver. Le toit est à pignon et les multiples petites chambres qu’il contient sont destinées au nombreux personnel de la maison toujours occupé aux travaux de la ferme. La longue table, autour de laquelle se range tout ce monde aux heures des repas, nous fait instinctivement remonter aux beaux temps des mœurs patriarcales, où maîtres et serviteurs se reconnaissant égaux devant le Souverain Seigneur, rompaient le pain et buvaient le vin en rendant grâce à celui qui, dans sa munificente bonté, leur accordait le même bienfait.
« Le maître, M. Benjamin Paquet, prenait son siège à la tête de la table, puis venait ensuite, à sa droite, M. Étienne-Théodore, puis les serviteurs indistinctement. La plus pétillante gaîté régnait toujours à ces agapes toutes familiales. Chacun avait son grain de sel et son mot d’esprit qui épiçait la conversation et assaisonnait les gais propos des jeunes… Les appétits étaient robustes comme les gars qui se lestaient l’estomac « jusqu’à la barre du cou », comme disait l’un des convives, non le moins intéressé à trouver l’expression juste. Mais l’ouvrage marchait de pair. Si l’on mangeait abondamment, l’on travaillait fort. C’est à cette table (que tous les gens de la paroisse connaissaient pour s’y être assis sur l’invitation du maître, lorsque sonnait l’heure du repas et que l’on n’avait pas fini les achats) ; c’est à cette table, disons-nous, que l’on mangeait du bon pain de ménage fait de blé seiglé et cuit au four, après avoir été pétri par des mains expertes.
« Pour ma part, lorsque je passais mes vacances au manoir avec mon compagnon aimé, Théodore, qui fut plus tard l’honorable Étienne-Théodore Paquet, je le préférais de beaucoup au pain du boulanger. Et la soupe, dont on sentait l’arome sur le seuil de la maison ! Nous nous rappelons avec plaisir tous ces souvenirs d’antan : les scènes champêtres qui étaient de tous les jours : les grands arbres, en avant du manoir, dont plusieurs existent encore ; les deux canons que nous faisions parler avec enthousiasme les jours de grandes fêtes ; les allées semées de graviers ; le jardin de fleurs ratissé avec le soin le plus scrupuleux, et les fleurs rares dont Madame Paquet était si fière, et dont elle ornait nos boutonnières au jour du départ.
« De tout ce monde, travaillant, bourdonnant comme un rucher d’abeilles, plein de gaîté, d’espérance de projets, il n’en reste plus un seul. Tous, ils sont disparus les uns après les autres. Il ne nous reste plus que leur souvenir toujours cher et les objets qu’ils ont aimés. Sunt lacrymae rerum. »
LA MAISON CANTIN À SAINT-ROMUALD D’ETCHEMIN
N ICOLAS Cantin, originaire de Normandie, fut le
premier Cantin à se fixer dans la Nouvelle-France.
Il prit une terre à L’Ange-Gardien. Nicolas Cantin se
maria à Québec, le 3 août 1660, avec Madeleine Roulois. Un
de ses six enfants, Louis Cantin, se maria à L’Ange-Gardien,
le 17 janvier 1701, avec Marie Mathieu qui lui donna quinze
enfants.
C’est un des fils de Louis Cantin, nommé Louis comme son père, qui vint s’établir dans la seigneurie de Lauzon un peu avant 1740.
Les enfants de ce Louis Cantin ont été les chefs des nombreuses familles Cantin répandues dans la seigneurie de Lauzon et les environs.
François Cantin, fils de Louis Cantin, né le 10 mars 1759, se fixa à Etchemin.
Le fils de celui-ci, aussi prénommé Louis, eut quatre filles qui se partagèrent la propriété de leur père à Etchemin : Camille mariée à Jérémie Demers, Adélaïde mariée à Jean Samson, Marie mariée à Augustin Gingras et Ursule mariée à Narcisse Cantin, son cousin.
Ce dernier possédait une propriété à l’est de la rivière Etchemin, mais après son mariage avec Ursule Cantin, il vint habiter la maison que sa femme avait eue de son père, au bord de l’eau. C’est la maison dont nous donnons une vue ici. Cette maison vieille de près de cent cinquante ans est encore aussi solide que lors de sa construction. Ses murs ont presque trois pieds d’épaisseur.
M. Narcisse Cantin légua sa maison à son fils, feu Pierre Cantin, avocat. Elle est actuellement occupée par M. Allan Laurie.
LA MAISON DE L’HONORABLE JEAN-THOMAS TASCHEREAU, À SAINTE-MARIE-DE-LA-BEAUCE
C ETTE maison fut construite un peu avant 1812 par
Jean-Thomas Taschereau, avocat, qui fut député de
Dorchester, puis de Gaspé. Nommé juge de la Cour
du Banc du Roi pour le district de Québec le 29 mars 1827,
l’honorable M. Taschereau décéda à Québec le 14 juin 1832.
De son mariage avec Marie Panet, fille de l’honorable Jean-Antoine Panet, premier orateur de la Chambre d’Assemblée, le juge Taschereau eut plusieurs enfants, entre autres Marie-Louise Taschereau, qui devint lady Routh. Élisabeth-Suzanne Taschereau, qui devint la femme de l’honorable sénateur Henri-Elzéar Juchereau Duchesnay, Jean-Thomas Taschereau, juge de la Cour Suprême du Canada, père du premier ministre actuel de la province de Québec, Elzéar-Alexandre Taschereau, le premier cardinal canadien.
Trois ans avant sa mort, l’honorable juge Taschereau avait eu l’honneur de recevoir sir James Kempt, administrateur du Canada, à Sainte-Marie-de-la-Beauce. Un journal du temps raconte ainsi le voyage de sir James Kempt dans la Beauce :
« Après avoir visité dans le cours de l’été de 1829 le district de Montréal et les cantons de l’Est, il se décida en septembre de visiter la région de la Beauce. Il partit de Québec, le dimanche, 13 septembre, vers midi, accompagné de l’honorable lieutenant-colonel Gore, député quartier-maître général, et du lieutenant-colonel Duchesnay, un de ses aides de camp. Il arriva à Sainte-Marie-de-la-Beauce le même jour, vers quatre heures et demie. La cavalerie bourgeoise et les principaux habitants de la paroisse l’escortèrent jusqu’à la maison de l’honorable juge Jean-Thomas Taschereau. Là, une compagnie de milice commandée par le capitaine Reny, lui rendit les honneurs militaires. Son Excellence dîna et fut l’hôte de l’honorable juge pour la nuit. Le lendemain matin, il monta de nouveau à cheval, alla déjeuner chez le curé de Saint-Joseph, M. Decoigne, et après avoir procédé à l’inspection du chemin de Kennébec, revint sur ses pas et coucha ce soir-là à Saint-François. Le mardi, 15, sir James Kempt, retournant à Québec, s’arrêta de nouveau à Sainte-Marie pour visiter le dépôt des armes et le bureau des douanes. Dans l’après-midi, il faisait sa rentrée à Québec. »
Un précieux souvenir se rattache à la maison de l’honorable Jean-Thomas Taschereau. C’est dans cette maison que Son Éminence le cardinal Elzéar-Alexandre Taschereau naquit le 18 février 1820.
La maison Taschereau est maintenant la propriété de M. Louis-Georges Taschereau. Elle a toujours été habitée par des Taschereau depuis sa construction.
LE MANOIR TASCHEREAU OU LINDSAY À SAINTE-MARIE-DE-LA-BEAUCE
E N 1736, M. Thomas-Jacques Taschereau, trésorier des troupes de la marine et conseiller au Conseil Supérieur,
avec son beau-père Joseph Fleury de la Gorgendière,
agent de la Compagnie des Indes, et son beau-frère Pierre-François
de Rigaud de Vaudreuil, capitaine dans les troupes
du détachement de la marine, demandaient au gouverneur de
Beauharnois et à l’intendant Hocquart de leur accorder à
chacun une concession en fief de trois lieues de front sur deux
de profondeur à prendre des deux côtés de la rivière Chaudière,
au bout de la profondeur de celles qui avaient déjà été concédées.
Les trois concessions devaient être contiguës. MM. Taschereau, de la Gorgendière et de Vaudreuil s’engageaient
à faire à leurs frais un grand chemin roulant et de charrette
du bord du fleuve Saint-Laurent, à la Pointe-Lévy, jusqu’à
l’îlet aux Sapins, dans la rivière Chaudière, d’où devait commencer
la première des trois concessions demandées. MM. de Beauharnois et Hocquart regardèrent cette proposition
comme un moyen propre à faire établir promptement toute
l’immense vallée de la Chaudière, et ils l’acceptèrent avec
empressement.
Pour sa part, M. Taschereau eut trois lieues de front sur deux lieues de chaque côté de la rivière Chaudière, à commencer à l’îlet aux Sapins en remontant. Dans cette concession sont comprises aujourd’hui Sainte-Marie en entier et parties de six ou sept autres paroisses.
La Nouvelle-Beauce ou Sainte-Marie est une des rares seigneuries de la Nouvelle-France qui a toujours été possédée par la même famille.
Après Thomas-Jacques Taschereau, décédé le 25 septembre 1749, les seigneurs principaux de Sainte-Marie furent l’honorable Gabriel-Elzéar Taschereau, décédé le 18 septembre 1809 ; l’honorable Thomas-Pierre-Joseph Taschereau, décédé le 8 octobre 1826 ; Pierre-Elzéar Taschereau, décédé le 25 juillet 1845 ; sir Henri-Elzéar Taschereau, décédé le 14 avril 1911, etc., etc.
Le manoir de Sainte-Marie construit dans le premier quart du dix-neuvième siècle est aujourd’hui habité par madame veuve Charles-Perreault Lindsay, née Marie-Anna-Évangéline Taschereau.
Vue d’en arrière.
LE MANOIR DE LÉRY À SAINT-FRANÇOIS-DE-LA-BEAUCE
L A seigneurie de Rigaud-Vaudreuil concédée, le 23
septembre 1736, à M. Fleury de la Gorgendière,
agent de la Compagnie des Indes, passa ensuite à
Pierre-François de Rigaud de Vaudreuil puis à M. Chartier de Lotbinière.
Le 11 mars 1772, Joseph-Gaspard Chaussegros de Léry faisait l’acquisition de la seigneurie de Rigaud-Vaudreuil. Elle est restée depuis en la possession de sa famille.
Dans les Notes sur la paroisse de Saint-François-de-la-Beauce de M. l’abbé Benjamin Demers, nous trouvons les renseignements suivants sur deux des seigneurs qui habitèrent le manoir de Léry :
« Charles-Joseph de Léry né à Québec le 3 septembre 1800, était dans sa soixante-troisième année lorsque la mort l’enleva, le 4 février 1864, à l’affection de sa famille et de ses nombreux amis… M. de Léry fut à plusieurs reprises sollicité de rentrer dans la vie publique, mais jamais il ne voulut y consentir. Il préféra consacrer ses loisirs à obliger ses censitaires qui le respectaient comme un père, et allaient toujours soumettre à son arbitrage les petites difficultés qui s’élevaient entre eux. Sa fortune, ses connaissances étendues et variées, mais surtout son urbanité, son affabilité lui rendaient cette tâche facile et agréable, et tous ceux qui venaient le consulter et lui soumettre leurs différents, retournaient chez eux satisfaits de ses décisions… »
De l’honorable Alexandre-René Chaussegros de Léry, qui fut aussi seigneur de Rigaud-Vaudreuil, M. l’abbé Demers disait :
« À un physique imposant et à des manières distinguées, on reconnaissait en lui un rejeton de l’ancienne noblesse. Doué d’un excellent cœur, M. de Léry était sans ostentation le bienfaiteur des pauvres, tant à la ville que dans ses seigneuries où sa charité se manifestait si abondamment. Non seulement son cœur était généreux, mais il était aussi droit et sincère. La sincérité de cœur, d’actions et de paroles était regardée par M. de Léry comme un devoir rigoureux et pour l’accomplir dans toute son étendue, il ne se permettait jamais un mot qui n’exprimât la vérité. Un sens droit, des expressions simples, tel était son langage. »
LE MOULIN DE VINCENNES À BEAUMONT
L E 3 novembre 1672, l’intendant Talon concédait à
François Bissot de la Rivière, en faveur de ses fils Jean-Baptiste Bissot de Vincennes, âgé de quatre ans, et
Charles-François Bissot, âgé de huit ans, « pour leur donner
plus de moyen de s’établir », soixante-dix arpents de terre
de front sur une lieue de profondeur à prendre sur le fleuve
Saint-Laurent, depuis les terres appartenant au sieur de la
Citière jusques aux terres non concédées.
C’est là le fief et seigneurie de Vincennes qui fut plutôt appelé à l’origine Cap-Saint-Claude, à cause, probablement, du cap Saint-Claude d’où la vue s’étendait au loin sur le fleuve Saint-Laurent, et du ruisseau Saint-Claude, qui venait de l’arrière des terres et se précipitait de la falaise dans le fleuve d’une hauteur de près de 150 pieds et formait une chute très pittoresque.
François Bissot de la Rivière, ni sa veuve Marie Couillard remariée à Jacques de Lalande-Gayon, pas plus d’ailleurs que les jeunes seigneurs Jean-Baptiste Bissot de Vincennes et Charles-François Bissot, n’habitèrent le fief Saint-Claude ou Vincennes. Ils se contentèrent d’y faire des concessions de terres aux colons désireux de s’établir à proximité de Québec.
Jean-Baptiste Bissot de Vincennes fut officier dans les troupes du détachement de la marine. Il commanda longtemps chez les Miamis, dans l’Ouest américain, et mourut au milieu de ces Sauvages parmi lesquels il était très populaire. C’est son fils, François-Marie Bissot de Vincennes, qui fut brûlé par les Chicachas en 1736. On le considère comme le fondateur de l’Indiana[25].
À la mort de Marguerite Forestier, veuve de Jean-Baptiste Bissot de Vincennes, en 1748, le fief et seigneurie de Vincennes fut vendu par autorité de justice et acheté, le 19 août 1749, par Claude-Joseph Roy, capitaine de milice de la côte de Beaumont, pour le prix de 5,600 livres.
Dès avant son achat de Vincennes, Roy, avec la permission de la seigneuresse, avait bâti un moulin sur le ruisseau Saint-Claude, à l’endroit où il se jette dans le Saint-Laurent. Ce moulin fut bâti dans l’été de 1733.
C’est le moulin du seigneur Claude-Joseph Roy, plusieurs fois restauré, qu’on voit encore tout près de la chute Saint-Claude.
Claude-Joseph Roy décéda dans son manoir de Vincennes le 26 avril 1756. Il laissait un fils, Joseph Roy, et trois filles, Marie, mariée à Jean Corpron, Charlotte, mariée à Pierre Revol, et Marguerite, mariée à Charles Lecours. Corpron et Revol furent les séides de l’intendant Bigot. On voit encore sur la grève, au pied de la chute Saint-Claude, les ruines de l’immense entrepôt construit par les deux complices de l’intendant Bigot pour recevoir les grains achetés à vil prix des pauvres habitants et revendus au Roi avec cent pour cent et plus de profit. Les profiteurs de la Grande Guerre n’ont rien inventé ! Ceux de la guerre de la conquête leur avait tracé le chemin.
Le moulin de Vincennes est aujourd’hui la propriété de M. Lorenzo Auger, architecte de Québec, qui l’a très habilement restauré et en a fait un petit musée qu’on visite avec intérêt et profit.
Cette maison en pierre blanchie à la chaux est aussi propre à l’intérieur qu’à l’extérieur. Construite il y a plus de cent cinquante ans, ses propriétaires successifs ont conservé ses divisions originaires en pin non peinturé.
Cette maison, vieille de près d’un siècle, bâtie à trois cents pieds du chemin, avait autrefois une fort jolie apparence. À remarquer la laiterie en pierre en arrière de la maison.
L’ANCIEN PRESBYTÈRE DE BEAUMONT
M. J.-Edmond Roy écrivait en 1897 :
« La paroisse de Beaumont si calme, si tranquille avec
sa vieille église perchée au sommet d’un
promontoire d’où la vue découvre un horizon superbe,
que de souvenirs elle éveille dans mon esprit chaque fois
que les hasards de la vie m’y ramènent ! C’est là que fut
le berceau de ma famille. Depuis deux cents ans quelques-uns
des miens y ont vécu, peiné, souffert. Ces champs, ce sont
des hommes de mon sang qui les ont fait fructifier. Que de
fois, ils ont parcouru ces grèves, sous le grand soleil ou par des
nuits d’orage, pour y relever leurs filets de pêche. À l’ombre
de ces ormes touffus, ils se sont assis, dans un jour de joie ou
de deuil. Dans ce vieux cimetière, au bord de la falaise, en
face de la grande mer, combien d’entre eux dorment leur
dernier sommeil ! Ils y reposent dans la paix en attendant
le grand réveil.
« Vieux aïeux, chair de ma chair, os de mes os, vous avez vécu au milieu du calme et dans le contentement le plus parfait. Au delà de la borne de vos champs vous ne connaissiez pas d’horizon. Vous n’avez pas connu non plus les désenchantements de la vie. Pourquoi dirais-je paix à vos cendres ? Ne continuez-vous pas à jouir dans la mort de votre félicité terrestre »[26] ?
La première église de Beaumont fut construite en 1694. Elle était en bois et de petites dimensions. Tout à côté, on éleva un modeste presbytère.
En 1722, on remplaça ce presbytère par une maison un peu plus convenable. Ce presbytère, vieux de plus de deux siècles, existe encore. Il sert d’école depuis soixante-dix à quatre-vingts ans. En 1904, on l’a restauré, agrandi, élevé, etc. Bien sûr, s’il était donné aux bons vieux curés qui l’ont habité pendant tant d’années de revenir à Beaumont, ils ne le reconnaîtraient plus, tant on l’a modifié. Mais, qu’importe, à Beaumont, on a le culte du souvenir et les braves habitants ont voulu conserver à côté de leur antique église le presbytère qu’avaient connu leurs ancêtres.
Cette maison fut construite dans les premières années du siècle dernier. Elle a toujours été bien entretenue.
Voici une des plus vieilles sinon la plus vieille maison de Beaumont. Elle date des premières années de l’établissement de la paroisse. Il n’y a guère plus de huit pieds entre les deux planchers. Les poutres qui soutiennent le plancher de haut, toutes en beau pin, n’ont jamais été peinturées ni même vernies.
Ce presbytère a au moins 135 ans d’existence. Il a 75 pieds de longueur sur 30 de largeur. Les murs ont quatre pieds d’épaisseur et sont lambrissés en pin à l’intérieur et à l’extérieur.
Cette maison date de la première moitié du dix-neuvième siècle. Autrefois, l’entrée principale faisait face au nord. Lors de la construction de l’église actuelle, on restaura le presbytère et l’entrée principale fut placée au sud. On a eu le bon esprit de conserver la salle des habitants dans sa forme primitive.
LE MANOIR DES LANAUDIÈRE À SAINT-VALLIER
L E 13 novembre 1767, l’honorable Charles-François-Xavier Tarieu de Lanaudière, déjà propriétaire des seigneuries
de Sainte-Anne-de-la-Pérade, de Tarieu et du Lac
Maskinongé ou Lanaudière, se rendait acquéreur de la moitié
du fief et seigneurie de la Durantaye contenant une lieue et
demie de front ou environ sur le bord du fleuve Saint-Laurent
sur quatre lieues de profondeur. Cette moitié de la seigneurie
de la Durantaye était connue sous le nom de fief ou seigneurie
de Saint-Vallier. Les dames religieuses de l’Hôpital général
de Québec, propriétaires de la seigneurie de Saint-Vallier depuis
le 18 août 1720, avaient été obligées de la vendre pour payer
un emprunt que les malheurs des temps les avaient obligées à
faire de M. Benjamin Comte.
M. de Lanaudière qui avait toujours été l’ami de l’Hôpital général et qui comptait plusieurs parentes parmi les religieuses de cette communauté, n’avait pas fait l’achat de la seigneurie de Saint-Vallier dans un but de spéculation. C’est à la demande même des bonnes dames qui voyaient leur maison acculée à la ruine, si elles ne pouvaient satisfaire leur créancier, qu’il fit cet achat.
L’honorable M. de Lanaudière, toutefois, n’habita jamais sa seigneurie de Saint-Vallier. À sa mort, arrivée précisément à l’Hôpital général de Québec, le 1er février 1776, elle passa à son fils, le célèbre chevalier de Lanaudière, celui-là même dont le vieux gentilhomme disait : — Si je mettais mon fils dans une balance, et dans une autre l’or qu’il m’a coûté avant de recevoir sa légitime, il l’emporterait de beaucoup. Le chevalier de Lanaudière, pas plus que son père, ne résida à Saint-Vallier. Ses devoirs de militaire et d’aide de camp du gouverneur le retenaient à la ville.
Les demoiselles Marie-Louise et Agathe de Lanaudière, sœurs du chevalier, furent les premiers membres de cette famille distinguée à habiter Saint-Vallier. Elles firent construire leur manoir dans une anse superbe d’où la vue s’étend bien loin sur le grand fleuve.
M. Aubert de Gaspé, qui était le neveu des demoiselles de Lanaudière, a longuement parlé dans ses Mémoires du séjour de ces excellentes personnes au manoir de Saint-Vallier.
Un frère cadet des demoiselles de Lanaudière, Antoine-Ovide, un des héros de la guerre de 1812, habita aussi pendant plusieurs années le manoir de Saint-Vallier. Il y décéda le 16 décembre 1838, à l’âge de 66 ans. La Gazette de Québec disait de ce vrai gentilhomme, au lendemain de sa mort : « Les pauvres perdirent en lui leur meilleur ami. Tant qu’il vécut il fut le père de sa paroisse ; jamais on ne frappa à sa porte en vain. On aurait pu inscrire sur sa tombe : franc, probe, honnête, loyal, ami des pauvres, et sûrement jamais une voix n’aurait pu lui nier ces qualités. »
Plusieurs autres membres de la famille de Lanaudière décédèrent au manoir de Saint-Vallier.
Après la disparition des Lanaudière, la vieille demeure passa successivement à Thomas Pope, qui fut maire de Québec, à la famille Alleyn, qui y résida un quart de siècle, à Thomas Lemieux, dont la famille est établie dans la région depuis plus de deux cents ans. Elle fut ensuite achetée par M. F.-X. Larue, notaire, qui fit construire une terrasse en maçonnerie à l’extrémité de la propriété d’où l’on a une vue splendide du fleuve, de l’île d’Orléans et du cap Tourmente, sur la rive gauche du Saint-Laurent.
Le manoir de Saint-Vallier appartient aujourd’hui à la famille Amos qui l’a agrandi et considérablement amélioré. La propriété porte maintenant le nom de « Murval ».
LE MANOIR DÉNÉCHAUD À BERTHIER-EN-BAS
C E qu’on appelait seigneurie de Bellechasse dans les
premiers temps du régime français, c’est l’étendue de
terre plus tard connue sous le nom de Berthier-en-bas.
Bellechasse fut une des premières seigneuries concédées
dans la Nouvelle-France. C’est le 28 mars 1637 que les
messieurs de la Compagnie de la Nouvelle-France concédèrent
cette seigneurie au célèbre truchement ou interprète, Nicolas
Marsolet.
Marsolet n’habita jamais sa seigneurie. Il n’y fit, non plus, aucune concession. Le 29 octobre 1672, l’intendant Talon accordait au sieur Berthier, capitaine au régiment de Carignan, la quantité de deux lieues de terre de front sur pareille profondeur, à prendre sur le fleuve St-Laurent, depuis l’anse de Bellechasse incluse, tirant vers la rivière du Sud. Comme la concession accordée à M. Berthier empiétait sur la seigneurie donnée à Marsolet le 28 mars 1637, celui-ci, le 15 novembre 1672, signa un acte de démission en faveur de M. Berthier.
M. Berthier décéda dans sa seigneurie de Berthier en décembre 1708. Comme sa femme et son fils unique étaient morts avant lui, il légua sa seigneurie à sa bru Françoise Viennay Pachot. Celle-ci se remaria, le 4 avril 1712, à Nicolas-Blaise des Bergères de Rigauville, enseigne dans les troupes.
La seigneurie de Berthier resta la propriété de la famille des Bergères de Rigauville un peu moins de trois quarts de siècle. Par son testament, fait le 24 juin 1780, l’abbé des Bergères de Rigauville, dernier survivant de cette famille, donna sa seigneurie à l’Hôpital général de Québec. Ce don et bien d’autres services rendus à cette maison l’ont fait appeler « le second fondateur de l’Hôpital général. »
L’Hôpital général de Québec, le 8 juillet 1813, cédait, quittait, transportait et délaissait à titre de rente emphytéotique pour vingt-neuf années, qui devaient finir en 1842, à Claude Dénéchaud, député de la haute ville de Québec, et juge de paix de Sa Majesté, le fief et seigneurie de Berthier. M. Dénéchaud s’engageait, entre autres choses, à reconstruire le moulin banal, à fournir aux Dames de l’Hôpital général, chaque année, quatre cent cinquante minots de bon blé loyal et marchand et à payer une rente annuelle de soixante-deux livres dix chelins, cours actuel de la Province.
M. Dénéchaud était alors un des négociants les plus riches du Canada. Il remplit toutes les conditions de son bail emphytéotique et fit même plus. Il s’établit avec sa famille à Berthier et le manoir devint le rendez-vous de ses nombreux amis. Mais les mauvaises années vinrent et lorsque le seigneur Claude Dénéchaud décéda au manoir de Berthier, le 30 octobre 1836, la plus grande partie de sa fortune était disparue et avec elle les amis des beaux jours.
Le 1er décembre 1836, Adélaïde Gauvreau, veuve de Claude Dénéchaud, venait en arrangement avec les Dames de l’Hôpital général pour continuer le bail de la seigneurie de Berthier aux mêmes conditions qu’elles avaient faites à son mari. Mais les revenus de madame Dénéchaud n’étaient pas assez considérables pour continuer le même train de vie qu’avait mené son mari, et, le 28 juin 1838, les Dames de l’Hôpital général reprenaient leur seigneurie. Cette fois, elles la gardèrent jusqu’à la fin du régime seigneurial au Canada[27].
LE MANOIR COUILLARD À MONTMAGNY
A NTOINE Couillard de Lespinay né le 16 février 1789,
prit son titre de docteur en médecine à l’université de
Philadelphie. Il revint ensuite à Québec où il pratiqua
sa profession pendant plusieurs années.
Seigneur de la Rivière-du-Sud, M. Couillard songeait depuis longtemps à retourner à Saint-Thomas. Le vieux manoir de ses ancêtres tombait en ruine. Il décida de le reconstruire et en fit une des plus belles maisons de l’époque.
Le prix des travaux dépassa de beaucoup les calculs de M. Couillard, et, comme son domaine était hypothéqué pour d’autres dettes, il lui fallut compter avec les exigences de ses créanciers. Dans l’intervalle, M. Couillard fut nommé registrateur du comté de L’Islet. Ce secours tardif ne put le sauver de la ruine. Son domaine fut vendu pour le prix de trois mille livres, juste le montant des obligations contractées.
Le vaste domaine transmis de génération en génération dans la même famille, depuis Louis Couillard, passa en d’autres mains. Le sensible seigneur de la Rivière-du-Sud ne put survivre à ce malheur. Il décéda le 15 juin 1847, a l’âge de 56 ans.
M. Aubert de Gaspé, qui fut peut-être le plus intime et le meilleur ami du seigneur Couillard, lui adressait l’adieu suivant dans ses Anciens Canadiens :
« Ô le plus ancien et le plus constant de tous mes amis, tu m’as abandonné sur cette terre de douleur, après une amitié sans nuage de plus d’un demi-siècle, pour habiter un lieu de repos. Car toi, aussi, ô le plus vertueux des hommes que j’ai connus, tu as bu à la coupe amère des tribulations ! Tu as vu passer le domaine de tes aïeux entre les mains de l’étranger ! Et, lorsque tu es descendu dans le tombeau, tu n’as emporté avec toi, de toutes tes vastes possessions, de l’Ilet[28] même que tu affectionnais tant pendant ton enfance, que la poignée de terre que le fossoyeur et tes amis ont jetée sur ton cercueil. »
L’acquéreur du domaine seigneurial de la Rivière-du-Sud fut M. Randall Patton. Sir James Lemoine nous apprend qu’en 1850 M. Patton le nomma procureur de son domaine. « Ma principale besogne, dit-il, était de manger de solides repas au manoir et de signer force brefs de poursuites pour faire rentrer les innombrables arrérages de cens et rentes seigneuriales. »
M. Patton décéda le 13 août 1853, et sa famille disparut bientôt de Saint-Thomas.
Le propriétaire du manoir Couillard ou Patton est aujourd’hui M. Maurice Rousseau, avocat, ancien maire de Montmagny[29].
Ce moulin fut construit par le seigneur Patton, peu après son acquisition de la seigneurie de la Rivière-du-Sud. Il a toujours été bien entretenu.
Sir Étienne-Pascal Taché, qui fut deux fois premier ministre du Canada, décéda dans cette maison le 30 juillet 1865. Né à Montmagny, il ne voulut jamais quitter sa petite patrie. Ses quinze enfants naquirent dans cette maison.
Cette maison très bien conservée date de la fin du régime français ou des premières années du régime anglais. La véranda placée en face de la porte lui enlève, toutefois, de la pureté de ses lignes.
La famille Couillard Dupuis est établie à Montmagny depuis bientôt deux siècles et demi. Son premier ancêtre, Guillaume Couillard, s’établit à Québec en 1613.
Le manoir Gamache, aujourd’hui occupé par M. Édouard Fortin, rappelle le nom d’une seigneurie concédée par le gouverneur de Frontenac, le 3 novembre 1672, aux sieurs Gamache et Belle-Avance. Cette seigneurie fut partagée le 1er novembre 1689, la partie de Belle-Avance prit le nom de fief Gagnier ou Lafresnaye et la partie de Gamache fief Gamache ou L’Islet.
Cette solide maison en pièces de cèdre superposées fut construite avant 1825 par le notaire Chenest, seigneur de Vincelotte. Le manoir fut longtemps habité par l’honorable Joseph-Octave Beaubien. M. le docteur Valère Côté, propriétaire actuel, l’a acheté de feu le notaire Amédée Beaubien.
Cette vieille maison, aux fenêtres si drues, c’est l’ancien presbytère de la paroisse du Cap-Saint-Ignace. Il contenait, comme tous les anciens presbytères, une salle d’habitants. Cette solide maison sert maintenant de salle paroissiale.
LES RUINES DU MANOIR DES AUBERT DE GASPÉ À SAINT-JEAN-PORT-JOLI
L ES touristes qui s’arrêtent au joli village des Trois-Saumons, à Saint-Jean-Port-Joli, peuvent voir l’inscription
suivante, au nord de la route, placée par la
Commission des Monuments Historiques :
« À quelques pieds d’ici s’élevait le manoir des Aubert de Gaspé. M. de Gaspé écrivit les Anciens Canadiens dans cette maison. »
Le manoir des Aubert de Gaspé, alors habité par feu M. Évariste Leclerc, fut incendié dans la nuit du 30 avril 1909.
Le manoir des Aubert de Gaspé, contrairement à l’opinion commune, ne remontait pas au régime français. L’ancien manoir avait été incendié par les Anglais dans l’été de 1759. Le seigneur Ignace-Philippe Aubert de Gaspé, qui servait dans l’armée, prit part aux batailles de Carillon et de Sainte-Foy. Après la capitulation de Montréal, il se retira dans sa seigneurie. La guerre l’avait presque ruiné. Ce ne fut qu’en 1765 ou 1766 qu’il put reconstruire son manoir, celui qui fut habité par son fils, Pierre-Ignace Aubert de Gaspé, et son petit-fils, Philippe-Joseph Aubert de Gaspé, l’auteur des Anciens Canadiens.
Dans les Anciens Canadiens, quand le vieux conteur parle du manoir d’Haberville, c’est de la maison seigneuriale de ses ancêtres dont il s’agit. Relisons la description du manoir des Aubert de Gaspé à Saint-Jean-Port-Joli tracée par un homme qui y avait vécu de si belles années :
« Le manoir d’Haberville était au pied d’un cap qui couvrait une lisière de neuf arpents du domaine seigneurial, au sud du chemin du Roi. Ce cap ou promontoire, d’environ cent pieds de hauteur, était d’un aspect très pittoresque ; sa cime, couverte de bois résineux conservant sa verdure même durant l’hiver, consolait le regard du spectacle attristant qu’offre, pendant cette saison, la campagne revêtue de son linceul hyperboréen. Ces pruches, ces épinettes, ces pins, ces sapins toujours verts reposaient l’œil attristé pendant six mois, à la vue des arbres, moins favorisés par la nature, qui, dépouillés de leurs feuilles, couvraient le versant et le pied de ce promontoire. Jules d’Haberville comparait souvent ces arbres à la tête d’émeraude, bravant, du haut de cette cime altière, les rigueurs des plus rudes saisons, aux grands et puissants de la terre qui ne perdent rien de leurs jouissances, tandis que le pauvre grelotte sous leurs pieds.
« On aurait pu croire que le pinceau d’un Claude Lorrain se serait plu à orner le flanc et le pied de ce cap, tant était grande la variété des arbres qui semblaient s’être donné rendez-vous de toutes les parties des forêts adjacentes pour concourir à la beauté du paysage. En effet, ormes, érables, bouleaux, hêtres, épinettes rouges, frênes, merisiers, cèdres, mascouabinas et autres plantes aborigènes qui font le luxe de nos forêts, formaient une riche tenture sur les aspérités de ce cap.
« Un bocage d’érables séculaires couvrait, dans toute son étendue, l’espace entre le pied du cap et la voie royale, bordée de chaque côté de deux haies de coudriers et de rosiers sauvages aux fleurs printanières.
« Le premier objet qui attirait subitement les regards du voyageur arrivant sur le domaine d’Haberville, était un ruisseau qui, descendant en cascade à travers les arbres, le long du versant sud-ouest du promontoire, mêlait ses eaux limpides à celles qui coulaient d’une fontaine à deux cents pieds plus bas : ce ruisseau, après avoir traversé, en serpentant, une vaste prairie, allait se perdre dans le fleuve Saint-Laurent.
« La fontaine taillée dans le roc vif et alimentée par l’eau cristalline qui filtre goutte à goutte à travers les pierres de la petite montagne, ne laissait rien à désirer aux propriétaires du domaine pour se rafraîchir pendant les chaleurs de l’été. Une petite bâtisse, blanchie à la chaux, était érigée sur cette fontaine qu’ombrageaient de grands arbres. Nymphe modeste, elle semblait vouloir se dérober aux regards sous l’épais feuillage qui l’entourait. Des sièges, disposés à l’extérieur et au-dedans de cet humble kiosque, des « cassots » d’écorce de bouleau ployée en forme de cônes et suspendus à la paroi, semblaient autant d’invitations de la naïade généreuse aux voyageurs altérés par la chaleur de la canicule.
« La cime du cap conserve encore aujourd’hui sa couronne d’émeraude ; le versant, sa verdure pendant les belles saisons de l’année ; mais à peine reste-t-il maintenant cinq érables, derniers débris du magnifique bocage qui faisait la gloire de ce paysage pittoresque. Sur les trente-cinq qui semblaient si vivaces, il y a quarante ans, trente, comme marqués du sceau de la fatalité, ont succombé un à un, d’année en année. Ces arbres périssant par étapes sous l’action destructive du temps, comme les dernières années du possesseur actuel de ce domaine, semblent présager que sa vie, attachée à leur existence, s’éteindra avec le dernier vétéran du bocage. Lorsque sera consumée la dernière bûche qui aura réchauffé les membres refroidis du vieillard, ses cendres se mêleront à celles de l’arbre qu’il aura brûlé ; sinistre et lugubre avertissement, semblable à celui du prêtre catholique à l’entrée du carême : Memento, homo, quia pulvis es, et in pulverem reverteris.
« Le manoir seigneurial, situé entre le fleuve Saint-Laurent et le promontoire, n’en était séparé que par une vaste cour, le chemin du roi et le bocage. C’était une bâtisse à un seul étage, à comble raide, longue de cent pieds, flanquée de deux ailes de quinze pieds avançant sur la cour principale. Un fournil, attenant du côté du nord-est à la cuisine, servait aussi de buanderie. Un petit pavillon, contigu à un grand salon au sud-ouest, donnait quelque régularité à ce manoir d’ancienne construction canadienne.
« Deux autres pavillons au sud-est servaient, l’un de laiterie, et l’autre d’une seconde buanderie, recouvrant un puits qui communiquait par un long dalot à la cuisine du logis principal. Des remises, granges et étables, cinq petits pavillons dont trois dans le bocage, un jardin potager au sud-ouest du manoir, deux vergers, l’un au nord et l’autre au nord-est, peuvent donner une idée de cette résidence d’un ancien seigneur canadien, que les habitants appelaient le village d’Haberville.
« De quelque côté qu’un spectateur assis sur la cime du cap portât ses regards, il n’avait qu’à se louer d’avoir choisi ce poste élevé, pour peu qu’il aimât les belles scènes qu’offre la nature sur les bords du Saint-Laurent. S’il baissait la vue, le petit village, d’une éclatante blancheur, semblait surgir tout à coup des vertes prairies qui s’étendaient jusqu’aux rives du fleuve. S’il l’élevait au contraire, un panorama grandiose se déroulait à ses yeux étonnés : c’était le roi des fleuves, déjà large de sept lieues en cet endroit, et ne rencontrant d’obstacles au nord que les Laurentides dont il baigne les pieds, et que l’œil embrasse, avec tous ses villages, depuis le cap Tourmente jusqu’à la Malbaie ; c’étaient l’île aux Oies et l’île aux Grues à l’ouest ; en face les Piliers, dont l’un est désert et aride comme le roc d’Ossa de la magicienne Circé, tandis que l’autre est toujours vert comme l’île de Calypso ; au nord, la batture aux loups-marins, de tout temps si chérie des chasseurs canadiens ; enfin les deux villages de l’Islet et de Saint-Jean-Port-Joli, couronnés par les clochers de leurs églises respectives. »
Hélas ! de l’ancien manoir de Gaspé et de ses dépendances il ne reste plus qu’un petit pavillon, qui tombe en ruine près du chemin, et cette fontaine taillée dans le roc vif de la petite montagne décrite avec tant de plaisir par le vieil auteur des Anciens Canadiens. Tout le reste, ou à peu près, est disparu sous l’effort du temps.
Ce moulin banal, construit sous le régime français, a subi, évidemment, certaines modifications. Dans l’été de 1759, le manoir des Aubert de Gaspé fut incendié par les Anglais. Le seigneur de Gaspé et sa famille se retirèrent alors dans une partie du moulin et y vécurent plusieurs années.
Cette vue donne une bonne idée de la solidité des constructions d’autrefois. Qu’on remarque les pièces ou poutres de ce moulin construit sous le régime français.
LE MANOIR DE LA GRANDE-ANSE OU SAINT ROCH-DES-AULNAIES
L E 1er avril 1656, le gouverneur de Lauzon concédait à
Nicolas Juchereau, écuyer, sieur de Saint-Denys, trois
lieues de terre de front sur le fleuve Saint-Laurent, du
côté du sud, au lieu appelé par les Sauvages Kamouraska,
sur deux lieues de profondeur. C’est la seigneurie de la
Grande-Anse ou de Saint-Roch-des-Aulnaies.
Cette seigneurie resta la propriété de la famille Juchereau Duchesnay pendant plus de cent soixante-quinze ans. À la mort de l’honorable Jean-Baptiste Juchereau Duchesnay, décédé sans enfants le 12 janvier 1833, la seigneurie de la Grande-Anse ou des Aulnaies fut achetée par l’honorable Amable Dionne (1833-1837).
L’honorable M. Dionne légua la seigneurie de la Grande-Anse ou de Saint-Roch-des-Aulnaies à son fils, Pascal-Amable Dionne.
Le manoir de Saint-Roch-des-Aulnaies fut bâti sur les plans de l’architecte Baillairgé et le seigneur Dionne en prit possession en 1853.
Mgr Henri Têtu écrivait en 1898 :
« Le manoir de Saint-Roch-des-Aulnaies est admirablement situé à l’écart, sur une éminence, et le nouveau seigneur en fit comme un paradis terrestre. Il y planta à grands frais des arbres de toutes sortes, en particulier des arbres fruitiers dont il entendait à merveille la culture.
« Une petite rivière, formant cascade à cent pieds du château, fut mise à contribution. Elle faisait bien déjà tourner le moulin situé entre contre-bas : c’était là l’utile ; mais le seigneur Dionne cherchait toujours l’agréable. Une faible partie du courant fut détournée et vint s’étendre en nappe limpide dans le vaste bassin creusé pour elle au milieu du jardin. L’utile — je veux dire le moulin — était aussi la propriété de M. Dionne. Pendant longtemps, il avait été confié, ainsi que le domaine, à la charge de M. Étienne Etchenback, époux de Geneviève Perrault.
« Jeune, riche, intelligent et instruit, marié à une femme accomplie et sachant faire les honneurs de son manoir, devenu le père de charmants enfants qui embellissaient et vivifiaient cette demeure déjà si belle, il semble qu’il n’aurait rien manqué au bonheur du seigneur des Aulnaies, si le vrai bonheur pouvait se trouver sur la terre.
« M. Dionne n’eut pas une carrière bien longue, car il mourut à quarante-trois ans. Attaqué de phtisie, il mena pendant plusieurs mois, la vie pénible et languissante de tous ceux qui souffrent de cette maladie. Soigné avec la tendresse intelligente de son épouse et de ses bien-aimés enfants, protégé et soutenu par les prières incessantes de sa pieuse mère, il put dire adieu sans trop de regrets aux biens périssables de ce monde, et se préparer, par la réception des sacrements de l’Église, à la jouissance des biens impérissables de l’autre vie. Son décès arriva le 16 septembre 1870, et ses restes furent inhumés dans les caveaux de l’église de Saint-Roch-des-Aulnaies »[30].
Le 2 février 1894, M. Arthur Miville Dechêne, plus tard l’honorable sénateur Dechêne, se rendait acquéreur de la seigneurie et du manoir de Saint-Roch-des-Aulnaies.
Par son testament reçu par le notaire Dupont le 14 mars 1901, le sénateur Dechêne légua sa seigneurie et son manoir à son fils, M. Arthur Miville Dechêne.
Cette maison, dit-on, remonte au régime français. L’épaisseur des murs est de trois pieds et demi. Il est de tradition dans la famille Dechêne que dans l’été de 1759 les Anglais tentèrent d’incendier cette maison, mais qu’elle fut sauvée par la prompte intervention des habitants cachés dans les bois voisins.
Ce moulin si bien conservé fut construit par le chevalier Jean-Baptiste Juchereau Duchesnay, seigneur de Saint-Roch-des-Aulnaies. Le seigneur Dionne l’exhaussa d’un étage et lui donna sa forme actuelle.
LE MANOIR DIONNE À SAINTE-ANNE-DE-LA-POCATIÈRE
L A seigneurie de la Pocatière fut concédée, le 29 octobre 1672, à Marie-Anne Juchereau, veuve de François de la
Combe Pocatière, officier au régiment de Carignan. Par
son second mariage avec François-Madeleine Ruette d’Auteuil,
Marie-Anne Juchereau fit passer la seigneurie de la Pocatière
dans la famille d’Auteuil qui la garda près d’un siècle. La
famille Rhéaume l’eut à son tour de 1746 à 1777. Le 23
octobre 1777, Charles-Auguste Rhéaume vendait la seigneurie
de la Pocatière à Lachlan Smith. Les héritiers de ce dernier
vendirent leurs parts de la seigneurie, de 1830 à 1833, à
l’honorable Amable Dionne.
M. Dionne se fit bâtir à Sainte-Anne un superbe manoir dont M. Eugène Casgrain, son gendre, avait fait les plans et dirigé la construction.
L’honorable M. Dionne décéda dans son manoir de Sainte-Anne le 2 mai 1852. « Possesseur d’une grande fortune », dit Mgr Têtu, « M. Dionne en fit toujours l’usage le plus noble et le plus généreux. Il n’est pas une paroisse dans le comté de Kamouraska qui n’ait été l’objet de sa libéralité. Toutes les institutions civiles et religieuses étaient patronnées par lui. Il protégeait tous les talents, encourageait toutes les entreprises utiles et contribuait largement à toutes les œuvres de bienfaisance. Il était la providence du pauvre, et sa main ne cessa jamais de s’ouvrir à la voix de l’indigent. »
C’est le fils cadet de l’honorable M. Dionne, Élisée, qui hérita de la seigneurie de la Pocatière.
Admis au barreau en 1851, M. Dionne s’occupa plutôt d’agriculture. « Il réalisait l’idéal du vrai gentilhomme de la campagne, qui comprend la noblesse de sa mission et dont il y a de si beaux modèles en Angleterre et en France. » M. Dionne fut ministre de l’agriculture et des travaux publics dans le gouvernement Mousseau, de 1882 à 1884, et il fut administrateur actif et consciencieux.
L’honorable M. Élisée Dionne décéda au manoir de Sainte-Anne le 22 août 1892.
Le 8 mai 1893, les héritiers de l’honorable M. Dionne vendaient la seigneurie de la Pocatière à M. Arthur Miville Dechêne, plus tard l’honorable sénateur Dechêne.
L’ancien manoir de la famille Dionne est aujourd’hui la propriété de madame veuve Chrysologue Harton.
Ce très beau moulin fut construit par l’honorable Élisée Dionne, seigneur de Sainte-Anne-de-la-Pocatière.
Cette longue maison est le manoir d’Airvault ou Casgrain dont il est si souvent question dans les œuvres de l’abbé H.-R. Casgrain. Construit il y a plus d’un siècle, ce manoir est habité par M. Joseph Casgrain.
Mgr Têtu disait de la Rivière-Ouelle en 1910 : « Cette paroisse a fourni trente-sept prêtres à l’Église ; et pour les hommes d’État on peut dire qu’elle est à la tête. Les honorables Jean-Charles Chapais, Luc Letellier de Saint-Just, sir Alphonse Pelletier, l’honorable Ernest Gagnon, l’honorable Pantaléon Pelletier etc. en sont la preuve ». La maison qu’on voit ici fut construite par le notaire Thomas Chapais, frère de l’honorable Jean-Charles Chapais, qui fut un des pères de la Confédération.
Cette maison, d’après la tradition, fut construite par Jean Lebel, vers 1750. Elle fut en partie détruite par les Anglais en 1759, mais reconstruite sur les mêmes murs l’année suivante.
Cette petite construction en pierre est la laiterie de la maison Wilfrid Langlais. Autrefois, la plupart des laiteries de nos cultivateurs étaient en pierre. Ce genre de construction avait l’avantage de donner une
température beaucoup plus fraîche en été.
Le moulin Saint-Laurent ressemble à tous les moulins construits dans cette partie du pays au siècle dernier. La main d’œuvre à cette époque coûtait si peu qu’on pouvait se donner le luxe de bâtir solide. La pierre des champs, d’ailleurs, abondait à peu près partout.
Cet ancien moulin est aujourd’hui la propriété de M. Émile Perreault. Il fut construit par les seigneuresses Drapeau et réparé par l’honorable juge Ulric Tessier, propriétaire de la seigneurie.
LE MANOIR NAIRNE OU DUGGAN À LA MALBAIE
C ’EST Champlain lui-même qui baptisa la Malbaie en
1608. Le mot male est un vieil adjectif qui signifiait
jadis mauvais. Champlain, trouvant mauvais ancrage
au pied du cap à l’Aigle, écrivit tout naturellement que c’était
une male baie. Le nom est resté à l’endroit.
La Malbaie fut concédée par l’intendant Talon, le 7 novembre 1672, au sieur Gaultier de Comporté. Achetée un peu plus tard par François Hazeur, la seigneurie de la Malbaie fut vendue par ses fils, les deux chanoines Hazeur, en 1724, au gouvernement du Roi pour la somme de 20,000 livres.
Cette vaste étendue de terre fut, le 27 avril 1762, concédée de nouveau par le gouverneur Murray en deux concessions, l’une à Malcolm Fraser (Mount Murray) et l’autre à John Nairne (Murray Bay).
Les seigneurs Nairne et Fraser établirent dans leurs seigneuries un bon nombre de colons écossais : les Warren, les Harvey, les McLean, les Blackburn, etc., etc. Les descendants de ces colons ont formé de nombreuses familles écossaises de nom mais canadiennes françaises de foi, de langue et de coutumes.
En 1861, exactement cent ans après l’établissement du colonel Nairne à la Malbaie, son petit-fils et le dernier de ses descendants, John McNicol Nairne, décédait au manoir seigneurial.
En 1884, madame Nairne décédait à son tour, laissant la seigneurie et le manoir de la Malbaie à M. W.-E. Duggan, avocat.
Le propriétaire actuel de la seigneurie et du manoir est M. E.-J. Duggan, frère de feu M. W.-E. Duggan, décédé en 1898.
Façade principale du manoir Nairne ou Duggan, un des plus beaux et des mieux conservés de toutes nos anciennes maisons seigneuriales.
Cette façade du manoir Nairne ou Duggan donne sur le fleuve. De toutes les fenêtres et de la très large véranda de l’étage principal, la vue est superbe.
La seigneurie de Mount Murray fut concédée à Malcolm Fraser par le gouverneur Murray, le 27 avril 1762. Elle resta la propriété de la famille Fraser jusqu’en 1860. Le colonel Reeve, marié à une demoiselle Fraser, la posséda ensuite jusqu’à sa mort, en 1888. M. John Fraser Reeve, fils du colonel Reeve, vendit la seigneurie de Mount Murray à M. George T. Bonner, en 1902. Madame Cabbot, fille de M. Bonner, est maintenant propriétaire de la seigneurie et du manoir.
On donne deux cents ans d’existence à cette maison. Le carré de la maison Bouliane est certainement d’un âge fort respectable. Le toit, toutefois, n’a pas plus de cinquante à soixante ans.
C’est dans cette maison que naquit mademoiselle Angers, plus connue sous son nom de plume Laure Conan. Ses œuvres sont appréciées dans tout le pays. Elle fut couronnée par l’Académie française.
LE MANOIR LATERRIÈRE AUX ÉBOULEMENTS
E N 1870, M. l’abbé H.-R. Casgrain faisait la description suivante du manoir des Éboulements :
« Le manoir de Sales, où l’on arrive par une majestueuse avenue, est encadré de grands arbres, et tapissé, jusqu’au toit, de plantes grimpantes du plus gracieux effet. Il se compose d’un vaste corps de logis, flanqué de deux pavillons : ses murailles épaisses et solides, comme savaient en construire nos pères, semblent destinées aux bastions d’une forteresse. En face du portique s’étend un vaste et beau jardin, soigneusement cultivé ; en arrière, un profond ravin où coule une petite rivière qui alimente le moulin seigneurial, située à deux pas, sur la gauche, au pied du coteau. L’écluse forme un joli étang que traverse le pontet : ce petit lac, où l’on voit sauter la truite en abondance, est ombragé de bouquets d’aulnes et de jeunes bouleaux. La vue s’étend, au delà, sur une vallée cultivée, qui s’élève en pente douce jusqu’au pied des montagnes.
« À l’un des angles du jardin, sur le bord d’un précipice, au fond duquel tombe, en murmurant, une blanche cascade, s’élève une petite chapelle à demi cachée au milieu d’un massif de verdure. Ce pieux monument, dédié à la Sainte Vierge, doit son origine à un incident triste mais consolant.
« Un jour, l’aîné des fils de M. de Laterrière prit fantaisie de tirer un vieux canon français depuis longtemps abandonné. L’arme, chargée imprudemment, éclata en pièces, et un énorme fragment vint frapper le malheureux jeune homme au côté, en lui déchirant les entrailles. Il ne survécut que vingt-quatre heures à cette horrible blessure ; mais aidé des prières de sa mère, il se prépara à la mort avec des sentiments de piété et de résignation si édifiants, il expira avec des marques si consolantes de prédestination, que sa pauvre mère, en souvenir de reconnaissance, fit bâtir cette chapelle en l’honneur de Celle qu’elle avait tant priée et qui l’avait exaucée. C’est ici, sur ce prie-Dieu, devant cet autel d’où la statue de Marie lui tend les bras, qu’elle vient, chaque jour, s’agenouiller, et prier pour ce cher enfant et les autres bien-aimés qui sont partis. Oh ! oui, priez, mère pieuse, c’est la foi qui vous a consolée, qui vous a empêchée de succomber sous le poids de la douleur. Priez encore, priez toujours : quand vous avez ainsi prié, n’avez-vous pas senti comme une présence invisible ? C’était l’ange de votre enfant qui venait vous remercier pour lui, vous baiser au front, et soulever de ses ailes le fardeau qui vous écrasait.
« À l’extrémité du jardin, vous entrez dans les Chemins Perdus du parc ; c’est la nature canadienne dans toute sa sauvagerie ; rochers, coteaux, vallons, pentes abruptes, déclivités, précipices. Toujours on entend le murmure de la rivière qui traverse le parc, formant des rapides, des chutes, des cascatelles, dont la blanche robe déroule ses plis gracieux, ses dentelles d’écume, qu’on voit briller à travers le feuillage.
« Les Chemins Perdus, entretenus avec soin, sillonnent le parc en tous sens, montent, descendent, se courbent, se croisent, passent devant des bancs rustiques, reviennent sur leurs pas, s’écartent pour vous ménager des surprises : il faut près d’une heure pour les parcourir. Ici, vous gravissez sur un plateau, d’où l’on découvre, à travers une échappée des arbres, un pan du fleuve et l’île aux Coudres, qui paraît à vos pieds, semblable à une table ronde, avec ses assiettes blanches rangées tout autour : ce sont les maisons proprettes de l’île bâties sur le rivage. Vous êtes sur l’Observatoire : à vos pieds s’ouvre une large crevasse, où la rivière se précipite en cascade. Descendez par un étroit et tortueux sentier dans ce gouffre ; jetez, au pied des chutes, la mouche de votre ligne, et vous prendrez de belles truites.
« Une foule de noms sont gravés sur les arbres ; je lis les initiales de sir Étienne et de lady Taché, avec la date de 1830.
« Plus loin, un vallon planté d’arbres fruitiers, où la marguerite et la violette sauvage s’étalent au soleil et se mirent dans l’onde de la rivière qui voudrait s’arrêter ici pour écouter chanter les oiseaux et fredonner les cigales ; cette plaine, dis-je, où il fait si bon rêver, un livre à la main, c’est le Vallon des Champs Élysées. C’est le seul endroit, dans cette partie du pays, où j’aie entendu le chant des cigales.
« Allons maintenant reposer, sur la galerie de la Citadelle, nos jambes un peu fatiguées d’avoir monté et descendu tant de côtes et de gradins. On y arrive par deux escaliers. Une exclamation de surprise et d’admiration s’échappe involontairement de vos lèvres en apercevant le sublime paysage qui s’étend à perte de vue devant vous : l’immense nappe du Saint-Laurent, ses îles et, au loin, la ligne bleue des Alléganys[31] ».
Cette maison plus que centenaire n’a guère été ébranlée par les tremblements de terre puisqu’elle semble encore très solide. Les ouvriers étrangers qui travaillèrent à la construction de l’église des Éboulements prirent leur logement dans cette maison.
Ce moulin, construit par les Messieurs du Séminaire de Québec, est dans un site très pittoresque. La plupart des moulins construits pas le séminaire de Québec dans leurs seigneuries avaient la forme de celui de la Baie-Saint-Paul.
LE CHÂTEAU BELLEVUE AU PETIT-CAP, SAINT-JOACHIM
C ’EST l’intéressante petite Abeille, publiée autrefois par
les élèves du séminaire de Québec, qui nous donne la
description du château Bellevue :
« Le château Bellevue, maison à deux étages de plus de cent pieds de longueur et d’assez belle apparence, s’élève sur le Petit Cap, colline à peu près circulaire ayant un rayon d’une douzaine d’arpents, s’élevant de 150 pieds au-dessus des belles prairies qui l’environnent et ceinte d’une couronne de chênes, d’érables, d’ormes et d’autres grands arbres qui en couvrent toute la pente. De loin, cette colline ressemble à une île, et il est probable qu’elle le fut autrefois ; de près, on la croirait entièrement couverte d’arbres, si le pavillon qui flotte au-dessus des cimes les plus élevées ne faisait soupçonner une habitation.
« On monte sur cette colline, à pied, par une foule de sentiers, et, en voiture, par l’ombrageuse avenue au nord-est ; on aperçoit d’abord un frais et limpide ruisseau, la fontaine à Bouchard ; bientôt au front du château de plaisance, on peut lire[32] :
« À quelque cinquante pieds au sud de la maison est la chapelle dédiée à saint Louis de Gonzague, patron de la jeunesse. C’est une jolie petite église qui a sacristie, ses fenêtres à éventails, son clocher ; à l’intérieur, ses charmants autels, ornés de chandeliers en bronze argenté ; ses tableaux, son harmonium, et, dans les fêtes, sa parure et ses ornements d’une beauté et d’une richesse qu’on ne s’attendait pas à trouver là…
« Au nord du château Bellevue, et faisant pendant à la chapelle, est une maison d’une apparence modeste, mais bien chère aux écoliers depuis qu’ils en font le théâtre de leurs plus joyeux ébats ; une grande salle de cette maison qui était autrefois occupée par le billard, a été transformée par eux en un salon, aujourd’hui très bien orné, grâce aux libéralités des visiteurs de Liesse ; c’est là que se donnent les soirées et parfois les banquets des écoliers. »
Le château Bellevue, d’après Mgr Amédée Gosselin, fut construit en 1778 et 1779. Il mesurait alors quatre-vingt-huit pieds par trente-cinq. En 1870, il fut allongé de cinquante-cinq pieds, ce qui lui donne ses dimensions actuelles.
C’est près de cette maison que le curé René Robineau de Portneuf fut massacré, suivant l’expression du registre paroissial, le 23 août 1759, avec sept de ses paroissiens. Ils furent inhumés à Sainte-Anne-de-Beaupré. D’après la tradition, le feu aurait été mis à cette maison par les Anglais, mais s’éteignit providentiellement.
N’est-ce pas qu’elle a belle apparence cette vieille maison située près de la rivière aux Chiens ? Habitée aujourd’hui par M. Philippe Bouchard, elle abrita plusieurs générations de familles Paré.
Ce moulin fut construit par Mgr de Laval, disent les uns ; par le séminaire de Québec, disent les autres. Les comptes du Séminaire font voir qu’il fut commencé en 1691 et continué les deux années suivantes. Le séminaire de Québec a vendu ce moulin en 1871.
Au Château-Richer la pierre ne manque pas. Autrefois toutes les maisons de cette paroisse étaient construites en pierre. Les habitants s’improvisaient maçons et ne réussissaient pas trop mal comme on le voit ici.
Cette maison a abrité plusieurs générations de Laberge. En 1908, M. Émile-Olivier Laberge eut l’honneur de recevoir une médaille du comité choisi pour honorer les vieilles familles.
La maison Jean Vézina à Boischâtel, construite en pierre, a tout près de deux cents ans d’existence. Elle fut quelque peu allongée il y a une cinquantaine d’années. Une tradition conservée dans la famille Vézina et dans les environs veut que Wolfe ait eu ses quartiers généraux dans cette maison en 1759.
Cette maison, bâtie en deux parties, est une des plus vieilles de Boischâtel. Toujours bien entretenue, elle a subi l’épreuve des ans sans en souffrir.
Une partie de cette maison date du régime français. Habitée par plusieurs générations de Grenier. On conserve précieusement dans la famille Grenier une médaille accordée en 1908 par le comité dit des « anciennes familles. »
Cette maison en pierre a été bâtie en deux parties. Elle a été habitée par huit générations de Marcoux. Pierre Marcoux était propriétaire de ce terrain dès 1655. Quant à la maison elle-même, elle a pu subir quelques légères transformations mais les murs datent d’à peu près 1655, peut-être même un peu avant.
Cette maison, aujourd’hui propriété des Sœurs de la Congrégation, n’a pas trop souffert des années bien qu’elle ait été bâtie bien avant 1700. Le terrain sur lequel elle est construite fait partie de la concession accordée par Robert Giffard, seigneur de Beauport, à Michel Lecourt dès avant 1655.
Cette maison n’est plus habitée. Construite en bois, elle commence à sentir le poids des ans. Elle devait être très jolie au temps où elle était entretenue.
Cette intéressante maison est située dans la paroisse de Giffard, démembrée de Beauport. Elle fut bâtie au commencement du siècle dernier. Le four à l’intérieur de la grande cheminée fait saillie à l’arrière.
L’arrière de la maison Adélard Roy indique qu’elle a un peu souffert du poids des ans. La laiterie surtout s’en va en ruine.
Vue d’un coin de la cuisine de cette vieille maison. On y voit le four, deux armoires dans la muraille et les fortes poutres en pin qui soutiennent le plancher de l’étage supérieur.
LE KENT HOUSE AU SAULT MONTMORENCY, PRÈS QUÉBEC
W HAT’S in a name, dit le proverbe anglais. Kent House ! Voici un nom qui dit beaucoup, et, pourtant, le duc de Kent n’a fait que passer dans cette maison.
D’ailleurs, l’hôtellerie du sault Montmorency porte le nom de
Kent House depuis 1890 seulement, soit moins de quarante
ans.
Étudions l’histoire du Kent House, d’après les pièces écrites réunies par feu M. P.-B. Casgrain. C’est encore le meilleur moyen de démêler le vrai du faux dans la réclame considérable faite autour de cette maison dans un but purement commercial.
Le général Frederick Haldimand, nommé gouverneur en juillet 1778, trouva si beau et si pittoresque le site qui environnait la chute Montmorency qu’il décida de bâtir une villa en cet endroit pour y passer la belle saison. Le 9 mai 1770, l’honorable François Baby achetait pour lui des frères Raphaël et Pierre Vachon une terre d’environ trente arpents en superficie située du côté sud-ouest de la chute, à partir du fleuve jusqu’au sault, et bornée du côté nord-est à la ligne sud-ouest de la terre de Ange Garnier. Le 29 mars et le 10 avril 1781, le gouverneur Haldimand faisait l’acquisition de trois autres pièces de terre avoisinantes afin d’agrandir son domaine. Ces différents achats lui coûtèrent une somme totale de 15,750 livres.
Le gouverneur Haldimand se construisit, la même année, une maison de belle apparence près de la chute. Il y ajouta, l’année suivante, un belvédère ou une espèce de balcon, appuyé sur huit énormes poutres, qui se prolongeait presque au-dessus de la chute. Madame de Riedesel, dans ses Mémoires, nous laisse presque entendre que ce fut à sa suggestion que le gouverneur Haldimand fit construire cet original belvédère. Haldimand était célibataire, riche, très aimable pour le beau sexe. Il n’est pas impossible qu’il ait construit ce belvédère pour faire plaisir à madame de Riedesel qui était une charmante personne.
En novembre 1784, le gouverneur Haldimand laissait le Canada pour n’y plus revenir. Sa villa de la chute Montmorency semble avoir été inoccupée ensuite pendant six ou sept ans.
C’est peu après son arrivée à Québec, en 1791, que le duc de Kent loua la villa de Haldimand. Le père de la reine Victoria était l’ami intime de l’honorable M. de Salaberry, père du héros de Châteauguay. La famille de Salaberry habitait alors Beauport, à deux milles à peine de la chute Montmorency. Le duc de Kent dut louer la villa de Haldimand pour se rapprocher de la famille de Salaberry qu’il visitait presque chaque jour.
Le 25 juillet 1797, Ralph-Ross Lewin, capitaine au 24ème régiment de ligne puis major de Québec, achetait la maison Haldimand, devenue la propriété d’un neveu de l’ancien gouverneur, Anthony-Francis Haldimand, pour la somme de 600 louis. Sir Frederick Haldimand était décédé à Londres en juin 1791 et avait laissé tous ses biens à son neveu.
Lewin ne garda pas son acquisition longtemps. Moins de quatre ans plus tard, le 3 mars 1801, il vendait sa propriété à MM. Mathew Lymburner et Crawford, négociants, de Québec.
Ceux-ci, à cause de difficultés financières temporaires, n’ayant pas pu payer leur achat en entier, la propriété Haldimand fut vendue par le shérif le 29 octobre 1804 et adjugée à Patrick Langan par titre du 22 mars 1805.
L’honorable Antoine Juchereau Duchesnay, seigneur de Beauport, fit alors valoir le droit de retrait que lui accordait la loi seigneuriale, et Patrick Langan dut lui remettre son acquisition.
Le 20 septembre 1805, le seigneur Duchesnay faisait une nouvelle concession de toute l’ancienne propriété Haldimand à sir John Johnson, baronnet, de Montréal.
Après sir John Johnson, M. Peter Paterson devint propriétaire de la maison Haldimand et de ses dépendances. On sait que M. Paterson établit avec le pouvoir de la chute Montmorency un moulin à scie considérable qui employait bon nombre d’artisans. Il construisit des quais et des estacades qui existent encore mais s’en vont en ruine.
Après la mort de M. Paterson, ses entreprises furent continuées par son gendre, M. George Benson Hall. L’industrie du bois, toutefois, est entièrement disparue des environs de la chute Montmorency.
C’est vers 1890 qu’une compagnie de chemin de fer a fait l’acquisition de l’ancienne maison Haldimand et de ses dépendances pour exploiter le tout comme un parc d’amusements. C’est elle qui a donné à la maison le nom de Kent House. Celle-ci avait plutôt porté le nom de Kent Lodge pendant la courte occupation du duc de Kent.
Il ne faudrait pas croire, non plus, que le Kent House actuel date de 1781. La maison a été considérablement agrandie, améliorée, embellie[33].
Une des maisons les mieux conservées de la côte de Beaupré. Elle a plutôt l’apparence d’un ancien manoir.
LE CHÂTEAU DE MAIZERETS À LA CANARDIÈRE (SAINT-PASCAL-BAYLON)
M AIZERETS, c’est le château ou, si l’on aime mieux, la maison où les élèves du séminaire de Québec vont
passer leurs congés depuis 1778. Cette maison a
porté jusqu’en 1850 le nom de la localité : la Canardière.
Nous lisons dans l’Abeille du 7 mars 1850 :
« Maizerets, tel est le nom que les pensionnaires du petit séminaire de Québec viennent de donner à leur maison de campagne et que le cœur leur a dicté.
« Deux noms, inspirés tous par le même sentiment, se sont partagé leurs suffrages : l’un est celui du premier évêque de Québec, fondateur de Séminaire ; l’autre, celui d’un homme ignoré jusqu’ici, mais dont l’obscurité n’a pas diminué le mérite, qui pendant cinquante-huit années n’a cessé de travailler pour l’Église et la jeunesse du Canada.
« Mgr de Laval fut la première pierre de l’Église du Canada ou plutôt de l’Amérique du Nord ; ce fut lui qui fonda et dota le séminaire de Québec, et à ces titres il a mérité de nous comme Canadiens et comme écoliers une reconnaissance éternelle. Nous aurions saisi avec empressement l’occasion de la témoigner si le Séminaire ne nous eût depuis longtemps prévenu en donnant son nom à une de ses seigneuries ; en instituant une fête, le 30 avril, jour de sa naissance ; puis le Séminaire lui-même n’est-il pas un monument à sa gloire, et son nom peut-il s’effacer du cœur de ceux qui l’habitent ou l’ont habité ? D’ailleurs, ce que nous devons à un de nos bienfaiteurs doit-il nous faire oublier ce que nous devons à l’autre ? »
M. de Maizerets, arrivé dans la Nouvelle-France en 1663, fut longtemps supérieur du séminaire de Québec et mourut dans cette maison, plein de mérites et d’années, le 22 avril 1721.
La propriété de Maizerets fut achetée par le séminaire de Québec le 14 janvier 1705. La maison en pierre qui s’y trouvait fut agrandie et l’on y aménagea une chapelle où l’on dit la messe depuis 1717.
Les Américains ayant incendié la maison du Séminaire en 1775, elle fut rebâtie sur les mêmes murs mais exhaussée puis rallongée suivant les circonstances[34].
Vieille maison qui fut allongée de moitié pour loger la famille devenue plus nombreuse. La partie de droite contient un four et une laiterie avec un puits. On conserve plusieurs placards dans les murs.
LE MANOIR MAUVIDE À SAINT-JEAN DE L’ÎLE D’ORLÉANS
L ’ÎLE d’Orléans fut concédée le 15 janvier 1636 par la Compagnie de la Nouvelle-France à Jacques Castillon,
bourgeois de la ville de Paris, qui agissait pour une
compagnie composée de lui-même et de François Fouquet,
Charles de Lauzon, Berruyer de Manselmont, Jean Rosée,
Jacques Duhamel, le sieur Juchereau et Antoine Cheffault de
la Renardière.
Entre 1662 et 1668, Mgr de Laval réussit à acquérir à peu près toute la seigneurie de l’île d’Orléans des différents membres de l’association formée en 1636.
En 1675, Mgr de Laval, qui avait fait beaucoup pour la colonisation de l’île d’Orléans, échangeait cette seigneurie pour celle de l’île Jésus qui appartenait à François Berthelot, conseiller du Roi. Celui-ci, la même année, réussit à faire ériger sa seigneurie en comté.
En 1712, M. Berthelot, comte de Saint-Laurent, vendait sa seigneurie de l’île d’Orléans à Guillaume Gaillard, conseiller au Conseil Supérieur.
Le 21 novembre 1752, le chanoine Joseph-Ambroise Gaillard, un des héritiers du conseiller Gaillard, vendait à Jean Mauvide, négociant, de Saint-Jean de l’île d’Orléans, « toute la terre et héritage composant les deux paroisses de Saint-Pierre et de Saint-Laurent en l’île d’Orléans érigée sous le nom de comté Saint-Laurent avec tous les droits seigneuriaux attachés à la dite terre. »
C’est à partir de cette époque que l’île d’Orléans se trouva divisée en deux seigneuries.
Le 6 juillet 1764, Louis-Joseph Gaillard, frère du chanoine Gaillard, qui avait hérité de l’autre partie de la seigneurie de l’île d’Orléans, c’est-à-dire des paroisses de la Sainte-Famille et de Saint-Jean, vendait sa part de seigneurie à James Murray, lieutenant au 8e Régiment.
Quant à Jean Mauvide, il garda sa part de seigneurie un peu plus d’un quart de siècle. Le 15 février 1779, il la vendait à René-Amable Durocher et à Marie-Anne Mauvide, sa femme.
Le vaste manoir qu’on voit encore au pied de la falaise à Saint-Jean de l’île d’Orléans fut bâti, il n’y a pas de doute là-dessus, par Jean Mauvide. Quand ?
D’après les actes notariés en la possession de M. le juge Pouliot, le manoir Mauvide aurait été bâti peu après 1734.
On voit encore dans les murs du manoir Mauvide les traces laissées par les boulets de canon des vaisseaux de la flotte de Saunders en 1759.
Le manoir Mauvide, quelque peu négligé depuis une cinquantaine d’années, est aujourd’hui la propriété de l’honorable juge Camille Pouliot, de la Cour Supérieure, qui a commencé à le restaurer et veut le remettre dans son ancien état.
La maison Larue qui date de 1678 ou 1680 fût construite par Jean Mourier dit Verron, un des premiers habitants de Saint-Jean. Elle passa ensuite à la famille Larue qui la possède encore. Elle fut pendant un demi-siècle la maison la plus hospitalière de l’île d’Orléans. À peu près tous les hommes politiques de l’ancienne génération ont été les hôtes de la famille Larue. Que de confidences intéressantes feraient les murs de la vieille maison s’ils pouvaient parler !
Maison du régime français. Échappa elle aussi à l’incendie lors de l’attaque des Anglais, en 1759. Les cadres des portes et des fenêtres datent cependant du régime anglais
Encore une belle maison ! Elle est très bien conservée. Les deux maisons qu’on voit dans le lointain appartiennent à M. Émile Blouin. La plus vieille de ces maisons sert maintenant de hangar.
Cette maison en pierre, à toit pointu, avec deux greniers superposés et petites lucarnes, est à peu près la seule de ce type sur toute l’île d’Orléans.
Longue maison très bien conservée. Remonte sûrement au régime français. La tradition dans la famille Pouliot veut qu’en 1759 la maison ancestrale fut une des rares habitations de l’île d’Orléans qui échappa à l’incendie.
Une partie de cette maison fut construite sous le régime français. Dans l’été de 1759, les Anglais l’habitèrent pendant quelques semaines. Cette vieille maison sert aujourd’hui de boutique de menuiserie et de remise.
Nos ancêtres avaient le sens du beau. Qu’on examine cette modeste maison d’habitant certainement bâtie sans l’assistance d’un architecte. Elle a un cachet qui plaît tout de suite.
Voici une maison très ancienne, propre, en parfait ordre. Elle a abrité plusieurs générations de Gagnon, puisque son propriétaire reçut une médaille du comité des anciennes familles en 1908.
Ce moulin fut construit, dit-on, par le seigneur Malcolm Fraser ou, plus probablement, par le seigneur Poulin. Les années l’ont un peu déformé.
Une famille de douze ou quatorze enfants ne devait pas être à l’étroit dans cette vaste maison. Elle sert maintenant d’entrepôt.
Cette maison fut construite sous le régime français. Pendant l’été de 1759, les Anglais tirèrent à plusieurs reprises sur la maison Drouin. Des boulets anglais ont été trouvés dans le grenier. La bonne vieille maison ne semble pas s’en porter plus mal. Elle vivra encore un bon nombre d’années.
Combien de générations de Morency ont vécu dans cette maison ? La vieille maison sert maintenant de hangar. La porte donne une idée de l’épaisseur des murs de cette maison construite sous le régime français.
L’édifice du Club de la Garnison, à Québec, fut construit en 1819. Le terrain sur lequel il s’élève appartenait à Archibald Ferguson. Cette maison servit de bureaux aux Ingénieurs Royaux jusqu’à leur départ de Québec avec les troupes impériales, en 1871. L’étage supérieur et la partie de droite sont, toutefois, de construction récente.
LE KENT HOUSE, RUE SAINT-LOUIS, À QUÉBEC
V OICI une des plus vieilles, sinon la plus vieille maison de Québec.
Les premiers propriétaires du terrain sur lequel s’élève le Kent House furent Louis d’Ailleboust, qui fut gouverneur de la Nouvelle-France de 1648 à 1651, et Marie-Barbe de Boulogne, sa femme. M. et madame d’Ailleboust firent construire une maison sur cet emplacement peu après 1650. Cette maison a été agrandie, embellie, transformée peut-être, mais il est certain que la plus grande partie des murs de fondation et du premier étage remontent aux environs de 1650.
Après la mort de madame veuve d’Ailleboust arrivée à Québec le 7 juin 1665, son emplacement de la rue Saint-Louis avec la maison dessus construite passa à l’Hôtel-Dieu de Québec.
Le 27 mai 1671, les Dames de l’Hôtel-Dieu vendaient leur propriété à Louis-Théandre Chartier de Lotbinière, lieutenant civil et criminel de Québec. Celui-ci y établit immédiatement sa demeure. M. de Lotbinière s’embarqua pour la France à l’automne de 1679, et ne revint pas dans la Nouvelle-France.
René-Louis Chartier de Lotbinière, qui avait succédé à son père dans sa charge de lieutenant civil et criminel, hérita de la maison paternelle et l’habita jusqu’à sa mort, le 4 juin 1709. C’est dans cette maison que naquirent tous ses enfants.
La maison de Lotbinière et ses dépendances furent vendues par décret volontaire et achetées, le 14 mars 1713, par Jean Mailloux, architecte et entrepreneur des travaux du Roi à Québec, pour la somme de 10,000 livres.
À la mort de M. Mailloux, la maison passa à son fils, Vital Mailloux. Celui-ci, toutefois, ne l’habita pas mais la loua à Michel Chartier de Lotbinière, marié à Louise-Madeleine de Léry, celui-là même qui fut créé marquis par Louis XVI.
Le 1er juin 1758, Jean-Baptiste-Nicolas-Roch de Ramezay, qui venait d’être promu lieutenant de Roi à Québec, achetait la maison habitée pendant de nombreuses années par la famille de Lotbinière. C’est M. de Ramezay qui eut le triste honneur de signer la capitulation de Québec dans la matinée du 18 septembre 1759. Nous avons raison de croire que la capitulation fut signée dans la maison même de M. de Ramezay.
Le 23 août 1763, la maison historique de la rue Saint-Louis changeait encore de maître. Ce jour-là, madame de Ramezay, autorisée par son mari, la vendait à John Bondfield, négociant, de Québec.
Un an plus tard, le 4 août 1764, Bondfield revendait à James Strachan, négociant de Londres, agissant pour lui-même et pour la maison Greenwood et Higginson, de Londres.
Le 24 octobre 1777, l’honorable Adam Mabane, juge de la Cour des Plaidoyers Communs, devenait à son tour propriétaire de la maison bâtie par M. et madame d’Ailleboust.
En août 1791, le duc de Kent arrivait à Québec et peu après il louait la maison du juge Mabane pour le prix de 90 louis par année. Il devait l’habiter pendant trois ans avec la belle et énigmatique madame de Saint-Laurent. M. de Gaspé parle à plusieurs reprises, dans ses Mémoires, des dîners donnés par le duc de Kent dans sa belle résidence de la rue Saint-Louis.
Après le départ du duc de Kent de Québec en 1794, la maison qu’il avait habitée changea plusieurs fois de propriétaires et de locataires. En 1802, c’est le révérend Jacob Mountain qui y résidait.
Comme propriétaires, nous voyons d’abord mademoiselle Isabella Mabane, sœur et héritière du juge Mabane, puis l’honorable John Craigie, membre du Conseil exécutif de Sa Majesté (23 décembre 1809), Peter Bréhaut (17 juin 1816), l’honorable juge Jean-Olivier Perreault (1er mai 1819), l’honorable Henri-Elzéar Duchesnay, John Jones, madame Alexandre Lindsay, l’hôtelier O’Neil, l’honorable Thomas McCreevy, l’honorable Jean-Thomas Taschereau, etc., etc.
Le Kent House est aujourd’hui la propriété de la Compagnie Price.
Comme on le voit, le Kent House est chargé de souvenirs historiques de toutes sortes. Il mérite donc d’être conservé dans son intégrité[35].
LA MAISON MONTCALM, RUE SAINT-LOUIS, À QUÉBEC
M ONTCALM est-il mort dans la petite maison qui fait le
coin des rues Saint-Louis et des Jardins, à Québec, ainsi
que l’affirme le Guide to the City of Quebec, de Carrel, et
maintes autres publications ?
Il n’y a aucune preuve écrite que Montcalm soit mort dans cette maison et la tradition populaire, qui associe le grand soldat à ce coin du vieux Québec, ne remonte pas à plus d’un siècle.
Tout de même, la fausse maison Montcalm de la rue Saint-Louis a un passé intéressant qui vaut la peine d’être mis en lumière. Avec le Kent House, situé à quelques pas, de l’autre côté de la rue Saint-Louis, elle est un témoin des temps héroïques de Québec.
La maison Montcalm d’aujourd’hui comprend deux corps de logis distincts et contigus. Disons tout de suite que le corps de logis du côté ouest est une construction moderne qui n’a aucun caractère historique. Seule, la petite maison du coin remonte au régime français.
L’emplacement sur lequel s’élèvent la maison Montcalm et sa voisine appartenait aux Dames Ursulines de Québec. Il fut concédé, le 30 novembre 1674, au nommé François Jacquet dit Langevin, couvreur d’ardoises. L’acte de concession lui donne quarante-six pieds de front sur quarante-cinq pieds de profondeur.
Jacquet n’eut pas le temps ou les moyens de se bâtir une maison sur son emplacement et il le donna à la fille aînée de Pierre Ménage, charpentier, qui résidait à la rivière Saint-Charles. Sur le terrain donné à sa fille, Ménage construisit, en 1677, une maison en pierre, à un étage, de vingt-cinq pieds de longueur sur trente de largeur. La maison Montcalm aurait donc exactement 250 ans d’existence.
On a prétendu qu’en 1759 la maison en question était la propriété du chirurgien Arnoux et que, le 13 septembre 1759, Montcalm mourant, y fut transporté. Arnoux n’a jamais possédé la maison du coin des rues Saint-Louis et des Jardins. Nous n’avons pas, non plus, une seule preuve écrite qu’il l’ait habitée. Bien plus, feu M. P.-B. Casgrain a établi qu’en 1759 Arnoux était propriétaire et habitait une maison sur la même rue Saint-Louis mais un peu plus haut, du côté nord.
En 1759, c’est le sieur Jean-Baptiste Prévost qui était propriétaire de la prétendue maison Montcalm. Successivement, les propriétaires furent Joseph-Gaspard de Léry, 1761 ; Alexandre-André-Victor de Léry, avocat, 1800 ; Xavier-Roch Tarieu de Lanaudière, avocat, 1802 ; Antoine-Ovide Tarieu de Lanaudière et Marguerite Tarieu de Lanaudière, 1813 ; Philippe-Aubert de Gaspé, l’auteur des Anciens Canadiens, 1815 ; William Millar, maître d’école, 1824 ; Marguerite Tarieu de Lanaudière, 1825 ; Joseph Lagueux, avocat, 1826 ; Édouard Glackemeyer, notaire, 1844 ; Gilchen, 1866 ; Lawrence Stafford et William Venner, 1884 ; Thomas Moisan, etc., etc.
La petite maison du coin des rues Saint-Louis et des Jardins n’a peut-être jamais vu le marquis de Montcalm dans ses murs, mais elle n’en mérite pas moins d’être visitée par les touristes. Ses murs épais, ses gros et solides soliveaux, ses boiseries intérieures remarquables, ses armoires enfoncées dans les murs, etc., etc., en font une habitation typique et très intéressante du régime français[36].
Cette maison est bien connue de tous les habitués de la rue Saint-Jean à Québec. C’est, croyons-nous, la dernière vieille maison de la rue Saint-Jean, intra muros. Ses murs épais, son toit pointu, ses petites lucarnes, son énorme cheminée perpétuent un genre de construction qui ne se voit plus même à Québec. La maison Tourangeau, bâtie entre 1770 et 1775, fut longtemps habitée par M. A.-G. Tourangeau, maire de Québec en 1870. Elle est encore en possession de la famille Tourangeau.
LA MAISON DU JUGE EN CHEF SEWELL, RUE SAINT-LOUIS, À QUÉBEC
L A maison habitée par les familles des officiers de la garnison, coin des rues Saint-Louis et d’Auteuil,
voisine du Club de la Garnison, à Québec, a réellement
grande allure. Nul étranger ne l’examine sans demander son
histoire.
Cette maison fut construite en 1803 et 1804, et habitée pendant près de trente-cinq ans par le juge en chef Jonathan Sewell.
Dans ses Monographies et Esquisses, sir James M. Lemoine dit au sujet de cette maison :
« Ses appartements spacieux, ses amples corridors, ses grands escaliers ont été témoins de bien des fêtes, de bien des deuils de famille, à l’ère des Sewell ; plus tard, de bien des discussions acrimonieuses sur la chose publique. Là est morte Janet Livingston, née à New-York, la veuve du juge en chef William Smith, en 1819. Le juge Sewell y expirait lui-même le 12 novembre 1839 ; puis, sa veuve, le 26 mai 1849, femme remarquable par ses qualités personnelles, le charme de sa conversation. Que d’incidents, de changements politiques y ont été débattus, réglés ! Que d’orageuses séances du Conseil exécutif ont eu lieu dans ces salles !
« Habitué du château Saint-Louis, M. Sewell se partageait l’existence entre l’étude de la jurisprudence, du droit parlementaire, ses séances judiciaires officielles et les joies paisibles, assez nombreuses pour lui, du foyer domestique. Ce pater familias modèle semblait absorbé par les devoirs et la responsabilité de la paternité : faire baptiser, élever, établir, donner en mariage sa nombreuse et belle progéniture (il fut père de vingt-deux enfants, la plupart d’un physique remarquable). À plusieurs de ses fils il légua de riches métairies à Sainte-Foy, sur la Petite-Rivière Saint-Charles, à Berthier, à Charlesbourg. »
Sous l’Union, le 11 novembre 1854, le gouvernement faisait l’acquisition, des héritiers Sewell, de la maison si longtemps habitée par Jonathan Sewell, pour le prix de $20,000. Il avait l’intention d’y installer une école nautique.
En 1859, on plaçait le département des postes dans la maison Sewell. Il y resta jusqu’en 1865. Le gouverneur général Monck y eut aussi ses bureaux de 1860 à 1865.
Lors de la Confédération, en 1867, on installa les bureaux du lieutenant-gouverneur, sir Narcisse Belleau, et d’une couple de départements du gouvernement provincial dans la maison Sewell. Le conseil des ministres siégea plusieurs années dans une grande salle du second étage de cette maison.
Plus tard, en 1885, quand le lieutenant-gouverneur et les départements civils se transportèrent au nouveau Palais législatif, sur la Grande-Allée, la maison Sewell fut occupée par l’excentrique comte de Premio-Réal, consul général d’Espagne au Canada.
Lors de la fondation de l’École de cavalerie en 1888, la maison Sewell fut habitée par les officiers de ce corps. Elle a été occupée par les familles des officiers de la garnison depuis cette époque.
LA MAISON VALLÉE, RUE SAINTE-ANNE, À QUÉBEC
V OICI une des plus vieilles et des plus intéressantes
maisons de Québec. Martin Boutet, l’ami des Jésuites,
y vécut.
Boutet passa au Canada un peu après 1640. Arpenteur de profession, très instruit, il devint professeur de mathématiques au collège que les Jésuites venaient de fonder à Québec.
L’intendant Talon rêvait, depuis son arrivée dans la Nouvelle-France, d’établir une académie ou école de marine à Québec. Il parla de son projet au ministre et lui donna même un commencement d’exécution en chargeant Martin Boutet d’instruire les jeunes gens qui voulaient devenir pilotes.
Martin Boutet, nous pouvons presque l’affirmer, fut le premier professeur en science marine du découvreur Louis Jolliet.
Professeur au collège des Jésuites, chantre à l’église paroissiale, directeur de la petite maîtrise de chant de la ville naissante. Boutet songea à se loger près de ses amis les Jésuites. Il acheta un emplacement au coin des rues Sainte-Anne et du Trésor, et se bâtit une maison en pierre d’assez grandes dimensions pour le temps.
Un mur de refend qui divise en deux parties égales la maison Vallée nous permet de croire qu’il servait à l’origine de mur extérieur. Boutet aurait donc bâti la partie de la maison Vallée qui donne sur la cour. Plus tard, la maison de Boutet aurait été allongée dans la direction de la rue Sainte-Anne.
Quoi qu’il en soit, la maison Vallée actuelle fut achetée en 1818 du notaire Michel Berthelot par M. Joseph Roy, aïeul de l’honorable M. P.-J.-O. Chauveau, qui fut premier ministre de la province de Québec.
M. Chauveau lui-même occupa cette maison pendant un bon nombre d’années. Feu le docteur Arthur Vallée y vécut ensuite une quarantaine d’années. Madame Vallée y demeure encore avec son fils M. le docteur Arthur Vallée, professeur à l’université Laval. Les enfants de M. le docteur Vallée constituent la sixième génération de la même famille habitant la vieille maison ancestrale.
D’après des notes rédigées par l’honorable M. Chauveau, la maison Vallée fut habitée dans les premières années du régime anglais par le colonel Fleury Deschambault, l’honorable M. de Saint-Ours et l’honorable Gabriel-Elzéar Taschereau. La chronique maligne veut même que lors de son séjour à Québec le duc de Kent se soit rendu bien des fois à la maison Vallée, attiré par les beaux yeux et les charmes d’une américaine, mademoiselle Betsy Green, qui y habitait.
Cette maison, une des plus typiques et des mieux conservées de Québec, fut construite en 1720 par le notaire Claude Dubreuil. Après avoir changé plusieurs fois de propriétaires, elle passa à la famille McKenna qui la conserva un bon nombre d’années. Le séminaire de Québec a fait l’acquisition de la maison McKenna le 4 novembre 1926.
LE SÉMINAIRE DE QUÉBEC
«L E 26 mars, 1663, » dit Mgr Amédée Gosselin, « par acte
officiel daté de Paris, Mgr de Laval fondait le séminaire
de Québec. On y élèvera et formera », disait-il, « les
jeunes clercs qui paraîtront propres au service de Dieu et
auxquels, à cette fin, l’on enseignera la manière de bien administrer
les sacrements, la méthode de catéchiser et de
prêcher apostoliquement la théologie morale, les cérémonies,
le plain-chant grégorien et autres choses appartenant aux
devoirs d’un bon ecclésiastique.
« Pour ne pas nuire aux Jésuites, qui tenaient un collège déjà bien organisé, le fondateur n’ouvrit d’abord qu’un grand séminaire dont les premiers élèves furent Germain Morin, Louis Jolliet, C.-A. Martin, Pierre de Francheville, Louis Soumande.
« Le 9 octobre 1668, sur le désir formel de Louis XIV et de Colbert, Mgr de Laval ouvrait un petit séminaire, destiné à l’éducation des enfants français et sauvages. Le roi et son ministre s’étaient imaginé que par ce mélange on parviendrait plus aisément à franciser ces derniers. L’expérience prouva qu’ils s’étaient trompés. »
Quels sont les bâtiments actuels du séminaire de Québec qui furent élevés du temps de Mgr de Laval ?
C’est encore Mgr Amédée Gosselin qui va répondre à cette question :
« Le corps principal, appelé aussi aile de la Procure, a été construit de 1678 à 1681. Seule la partie d’en bas : voûtes et étage de la Procure, date de cette époque ; la partie haute a été refaite et remaniée à plusieurs reprises à cause des incendies. Ce bâtiment longtemps réservé aux prêtres et aux séminaristes, s’appelait le grand séminaire. »
« Le petit séminaire attenant au corps principal, a été construit de 1692 à 1695. Il a été rebâti au même lieu après les incendies de 1701 et de 1705. Cette aile a été élargie d’une dizaine de pieds, du côté de la cour en 1820-21.
« L’aile de l’entrée ou de la porterie ne date que de 1822. »
Cette vue représente assez fidèlement les premières constructions du vieux monastère des Ursulines. On voit, émergeant au-dessus du toit du couvent, le clocher à jour de l’ancienne chapelle, refaite à neuf mais dont tout l’intérieur a été conservé.
L’Hôpital général est la seule institution religieuse de Québec qui n’a pas été visitée par le feu. Le premier bâtiment remonte presque à Champlain. C’est à l’Hôpital général qu’on transporta la plupart des blessés français et canadiens des batailles des Plaines d’Abraham et de Sainte-Foy. Bon nombre de blessés anglais y furent aussi soignés. Les Hospitalières donnèrent leurs soins aux uns et aux autres avec la même attention, le même dévouement.
Cette vue est assez ancienne mais elle donne une idée fidèle de l’ensemble des vieux bâtiments de l’Hôtel-Dieu et des murs qui les entourent.
LA MAISON MONTCALM, SUR LES REMPARTS,
À QUÉBEC
M P.-B. Casgrain écrivait en 1902 :
« L’on montre à Québec, du côté nord du Cap, sur les Remparts, un corps de logis composé de trois maisons distinctes, bâties en pierre, à deux étages, contiguës et pareilles par l’uniformité de leurs façades, recouvertes d’un lambris de même couleur. Elles font face au nord-est sur l’estuaire de la rivière Saint-Charles et offrent un point de vue admirable sur la baie et côte de Beauport et sur le vaste horizon que bordent les ondulations bleuâtres des Laurentides. C’est, dit-on, la maison que Montcalm a habitée. »
Ceci est parfaitement vrai. Montcalm a habité la maison de la rue des Remparts, à Québec, et c’est même de cette maison qu’il partit pour sa dernière campagne qui devait lui donner la mort en même temps que l’immortalité.
Le premier propriétaire de l’emplacement de la maison Montcalm fut un nommé Saint-Michel. Il en obtint la concession le 8 juillet 1724 des Messieurs du séminaire de Québec, propriétaires du fief du Sault-au-Matelot.
Plus tard, Nicolas Lanoullier, conseiller au Conseil Supérieur, déjà propriétaire d’un terrain voisin, fit l’acquisition de l’emplacement du sieur Saint-Michel. Un peu avant 1737, Lanoullier faisait ériger sur son emplacement un grand bâtiment en pierre avec des pavillons à chaque extrémité. Lanoullier fut bientôt en difficultés financières et sa maison fut vendue par autorité de justice le 28 novembre 1752. C’est Joseph Brassard Deschenaux qui l’acheta.
Montcalm passa l’hiver de 1757-1758 à Montréal. C’est pendant son séjour dans cette ville qu’il se décida à louer la maison de Brassard Deschenaux. Il n’avait jamais visité la maison mais on lui envoya à Montréal un plan de la disposition intérieure et il la trouva de son goût.
Dans la correspondance de Montcalm avec Bourlamaque, il est souvent question de cette maison.
Le 9 avril 1758, il écrivait à Bourlamaque :
C’est par lui (Cadet) que j’ai reçu la lettre de M. l’Intendant que je vous envoie ; vous verrez ce dont il s’agit. Je lui réponds pour le remercier, et je lui marque de voir un peu, avec M. Deschenaux, de quelle façon il faudra établir la communication entre les deux appartements, quoiqu’il ait habité cette maison… Je m’en rapporte bien à l’arrangement que vous croirez qu’il faudra prendre. »
Un peu plus tard, Montcalm écrivait encore à Bourlamaque :
« Au reste, quand une fois je serai maître entier de cette maison et que M. Deschenaux ne l’habitera plus, je ne sais qui la gardera en mon absence… Il faudrait que j’y eusse un concierge, ou y loger quelqu’un. Je vous prie d’en parler à Arnoux qui imaginera quelque moyen pour remédier à cet inconvénient. »
Le 4 mai 1758, Montcalm parle encore de sa future maison à Bourlamaque :
« Je trouve que je serai à Québec trop bien et trop grandement logé ; je souscris à votre arrangement pour ma maison, mieux que je ne l’aurais fait, car je n’y entends rien, et je joins à cette lettre, une pour M. Deschenaux, toute ouverte. »
Au printemps de 1758, Montcalm ne put venir habiter la maison qu’il avait louée. La campagne de Carillon le tint éloigné de Québec jusqu’en décembre 1758.
Enfin, le 22 décembre 1758, Montcalm laissait Montréal pour venir s’installer à Québec.
Combien de mois le marquis de Montcalm habita-t-il sa maison des Remparts ? Moins de six mois, car dès la fin de juin 1759, il dut se rendre au camp des hauteurs de Beauport afin d’être au milieu de ses troupes. Il est vrai qu’il y revint le 18 juillet 1759, mais il nous dit lui-même qu’il retourna à Beauport le 26 juillet.
On a écrit qu’après la bataille des Plaines d’Abraham, Montcalm, mortellement blessé, se fit transporter à sa maison des Remparts. Ceci est une pure supposition. Aucun texte contemporain ne parle de la chose.
Après la chute de Québec, la maison de Montcalm, qui avait beaucoup souffert du bombardement, fut réparée et servit au logement d’un certain nombre d’officiers anglais.
Entre 1767 et 1769, la maison Montcalm subit une transformation considérable. La longue maison qu’avait occupée le héros fut remplacée par les trois maisons à deux étages que nous voyons aujourd’hui. Que reste-t-il de l’ancienne maison ? Il est certain que les portes et ouvertures de la façade des maisons actuelles ne correspondent pas avec celles de la vieille maison.
En 1901, M. P.-B. Casgrain, à qui nous empruntons tous les détails donnés ici, visitait la maison Montcalm en compagnie de feu le juge Baby. Ces deux archéologues avertis dressaient alors une espèce de procès-verbal de leur visite. Ils disaient :
« Les quatre caves voûtées en pierre de la maison le plus à l’ouest sont parfaitement conservées, et elles ont les mêmes quatre ouvertures sur les Remparts. L’intérieur de l’édifice appuyé dessus ayant été refait à neuf, à la moderne, on n’y voit plus de trace de son premier état ou d’ouvrage français ; et le lot vacant d’environ quarante pieds carrés au sud-ouest est maintenant couvert par la maison en triangle et dépendances qu’on y voit appartenant à M. le notaire Parent.
« La maison centrale, par les plafonds, poutres, boiseries, lambris et ferrures du rez-de-chaussée a un aspect d’ancienneté qui indique de prime abord des ouvrages français ; il y en a là de conservés en partie ; mais, si l’on tient compte de la reconstruction constatée des trois maisons et parachevées dès avant les dix ans qui ont suivi la mort de Montcalm, on peut dire que celui-ci n’a pas dû voir aucun de ces nouvel-œuvres, et attribuer leur antique apparence aux anciens ouvriers français qui continuaient leur ouvrage dans le style du jour. À cette date il ne pouvait guère y avoir beaucoup d’artisans ou menuisiers anglais.
« En rebâtissant, on a dû conserver les murs de pignon. Ceux du côté de la cour sont restés, comme l’indiquent les ambages des croisées en pierre taillée, la symétrie et la hauteur uniforme des fenêtres, tant de la maison centrale que de l’aile ou cuisine en arrière, ainsi que les poutres énormes des plafonds qui y sont appuyées. »
Donnons, en terminant, la liste des propriétaires de la maison Montcalm depuis 1759. En 1761, Joseph Brassard Deschenaux, propriétaire depuis 1752, vendait à Germain Leroux. Puis se succédèrent Alexander McKenzie, 5 mai 1768 ; MM. Grant, frères, 24 janvier 1769 ; l’honorable George Allsopp, 1er août 1775 ; John Jackson, 20 janvier 1799 ; Archibald Campbell, 13 octobre 1822 ; John Munn, 18 septembre 1838, etc., etc.[37].
Cette vieille maison a la forme caractéristique des manoirs canadiens de l’ancien régime. On remarquera que certaines fenêtres de la façade ont encore des vitres de huit par six pouces tout comme du temps des Français. La partie principale de cette maison fut construite un peu avant 1747. En 1792, elle fut allongée de vingt pieds. Elle est en possession de la famille Blais depuis bientôt cent ans.
(vue d’en arrière)
LA MAISON DES JÉSUITES À SILLERY
V OICI, croyons-nous, la plus vieille maison du Canada.
La mission Saint-Joseph de Sillery avait été fondée en
vue d’y attirer les Sauvages et de travailler à leur conversion.
Au mois de juillet 1637, à l’aide d’une somme de douze mille livres que le commandeur de Sillery avait fait remettre aux Jésuites, le Père Le Jeune commençait la construction d’une maison dans l’anse de Sillery. C’est neuf mois plus tard, le 14 avril 1638, que les Pères Le Jeune et Dequen laissèrent la résidence de Québec pour venir habiter la maison nouvelle. Il semble que deux familles sauvages composées de vingt personnes reçurent l’hospitalité des Pères pendant les premiers mois de leur séjour à Sillery. La patience des missionnaires dut être mise à l’épreuve de temps en temps car le Sauvage d’alors n’était pas un commensal ordinaire !
C’est dans cette maison de Sillery que décéda le bon Père Massé le 12 mai 1646, à l’âge de 72 ans. Il fut enterré en « la nouvelle chapelle de Saint-Joseph non encore achevée ». La chapelle dont il est question ici est disparue depuis longtemps mais les restes du Père Massé sont encore, après bientôt trois siècles, à l’endroit où ils furent déposés en mai 1646, à quelques pas en face de la vieille maison des Jésuites.
On lit dans le Journal des Jésuites, à la date du 13 juin 1657 :
« À deux heures de la relevée, la maison de Sillery, la chapelle et tous les bâtiments furent réduits en cendre par le feu, qui prit par la cheminée de la cuisine, et que le vent porta par tout. »
Les murs épais de la maison de Sillery étaient restés debout et on la reconstruisit avec ces mêmes murs dans l’été de 1657.
En résumé, le solage et les murs de la maison des Jésuites remontent à 1637, et à peu près tout l’intérieur à 1657.
En 1869, les abbés Laverdière et Casgrain, en faisant des fouilles dans l’enceinte de la chapelle disparue de la résidence Saint-Joseph, dont les fondations existaient encore, découvraient les restes du Père Massé. L’année suivante, les habitants de Sillery élevaient un monument sur les ossements du Père Jésuite.
Ce monument de même que la vieille maison des Jésuites attirent, pendant la belle saison, les touristes un peu au fait de l’histoire des premiers temps de la Nouvelle-France
Ajoutons qu’en 1924, la famille Dobell, propriétaire de la maison des Jésuites, l’a donnée au gouvernement de la province de Québec qui a chargé la Commission des Monuments Historiques d’en prendre soin[38].
LE CHÂTEAU BIGOT À CHARLESBOURG
L E château Bigot, à Charlesbourg, a été créé de toutes
pièces par l’imagination populaire. Les romanciers
Marmette et Kirby ont amplifié la légende et la plupart
de ceux qui ont lu l’Intendant Bigot de Marmette et le Chien d’or de Kirby sont convaincus que l’infâme Bigot avait choisi
ce coin isolé de la montagne de Charlesbourg pour y commettre
ses crimes. Bigot n’a peut-être jamais mis les pieds dans ce
prétendu château. En tout cas, il est absolument certain qu’il
n’a jamais été propriétaire ni même locataire du château qui
porte son nom et du terrain qui l’entoure. Il suffit de jeter un
coup d’œil sur les titres de la propriété en question pour s’en
convaincre.
Le château Bigot se trouve dans les limites de la paroisse de Charlesbourg qui fait partie de l’ancienne seigneurie de Notre-Dame-des-Anges concédée aux Pères Jésuites par le duc de Ventadour le 10 mars 1626.
Le 28 avril 1659, le Père Ragueneau, en sa qualité de procureur des Pères Jésuites, concédait à Françoise Duquet, femme de Jean Madry, sept arpents et demi de terre de front sur quatre lieues de profondeur dans la seigneurie de Notre-Dame-des-Anges. Cette concession était faite à titre d’arrière-fief.
Jean Madry se noya en se rendant aux Trois-Rivières, le 26 juillet 1669. Françoise Duquet se remaria un an plus tard, le 14 septembre 1670, avec Olivier Morel de la Durantaye, capitaine au régiment de Carignan.
Le 29 octobre 1672, l’intendant Talon accordait à M. Morel de la Durantaye une seigneurie de deux lieues de front sur autant de profondeur. C’est la seigneurie de la Durantaye. Le 15 juillet 1674, M. Morel de la Durantaye recevait une autre seigneurie de trois lieues de front sur deux lieues de profondeur. C’est la seigneurie de Kamouraska. M. Morel de la Durantaye s’occupa de coloniser ses deux seigneuries et ne fit jamais de culture sur l’arrière-fief de sa femme dans la seigneurie de Notre-Dame-des-Anges. Aussi lorsque le 28 octobre 1718, Françoise Duquet, veuve pour la seconde fois, vendit son arrière-fief de Grandpré à Guillaume Gaillard, il n’y avait encore aucune maison d’érigée dessus.
Gaillard, dans son achat, servait de prête-nom à Michel Bégon, intendant de la Nouvelle-France. Celui-ci bâtit une maison, planta des arbres fruitiers, etc., etc. Lorsque, le 12 octobre 1753, la succession de M. Bégon vendit l’arrière-fief de Grandpré à Guillaume Estèbe, le notaire Saillant donnait la description suivante de la maison construite par l’intendant :
« Une maison sise sur le dit arrière-fief au lieu appelé la Montagne de la paroisse de Charlesbourg, bâtie en pierre à deux étages et en mansarde, de cinquante pieds de front sur trente de profondeur ou environ, consistant en une cuisine où il y a une potence de fer à la cheminée, un four à côté ceinturé d’une barre de fer et un mauvais bluteau en une salle, cabinets, greniers et caves, le tout garni de chassis et de portes fermant à clefs ; derrière la maison est un petit jardin potager, et plus loin un grand verger planté de plusieurs arbres fruitiers, entouré de piquets. Item au côté sud-ouest de la dite maison est une grange de cinquante pieds de front sur trente de profondeur ou environ et une étable de pareille grandeur, le tout bâti sur solage de pierre. »
Voilà le fameux château Bigot !
Mais continuons son histoire jusqu’à la conquête.
Guillaume Estèbe conserva le château Bigot quatre ans. Le 8 septembre 1757, il le vendait à François-Joseph de Vienne, garde-magasin du Roi à Québec. Celui-ci le garda à son tour pendant sept ans. Le 8 septembre 1764, son procureur, l’abbé Pressart, le vendait à William Grant, négociant de Québec.
Comme on le voit, le nom de Bigot n’apparaît sur aucune des pièces que nous venons de citer. Nous le répétons : Bigot n’a jamais eu aucun rapport avec le prétendu château de Charlesbourg. L’intendant Bégon fut propriétaire de l’arrière-fief Grandpré pendant trente-cinq ans. Le peuple transforme vite les noms. Il n’y a pas loin de Bégon à Bigot. C’est là, croyons-nous, l’origine de la tradition qui veut que Bigot ait été propriétaire du château qui porte son nom[39].
Ce moulin remonte sûrement au régime français car les Jésuites, propriétaires de la seigneurie de Notre-Dame-des-Anges, dans laquelle se trouve la paroisse de Charlesbourg, n’ont pas bâti de moulins dans aucune de leurs seigneuries après 1759.
En 1908, M. Louis Villeneuve obtenait la médaille dite des « anciennes familles » en établissant que sa famille vivait sur la même terre, à Charlesbourg, depuis 1684. Jusqu’à date, huit générations de Villeneuve se sont succédé sur ce bien. Bel exemple de fidélité à la terre des ancêtres !
Le premier seigneur de Neuville, Jean Bourdon, fut procureur général du Conseil Souverain. Cette seigneurie passa ensuite à la famille d’Avesnes des Méloizes. La famille Larue en hérita de la famille Deschesnaux.
Cette maison a au moins deux siècles d’existence. Elle est encore en bon état. Ses propriétaires successifs ont eu le bon esprit de la conserver dans son état primitif. La maison Denis appartient maintenant à M. Eugène Béland.
La maison Simon Dussault est à peu près dans l’état où elle était il y a un siècle et demi. On a remplacé, toutefois, la couverture en bardeaux par une couverture en tôle avec baguettes. Les fenêtres à petites vitres ont été religieusement conservées.
George Allsopp joua un rôle assez important dans les premières années du régime anglais au Canada. Il acheta les seigneuries de Jacques-Cartier et d’Auteuil.
La famille Quetton de Saint-Georges a eu pour auteur au Canada Laurent Quetton de Saint-Georges qui arriva ici en octobre 1798 avec la petite colonie de royalistes français qui s’était mise sous les ordres et la fortune du fameux comte de Puisaye. Les descendants de Laurent Quetton de Saint-Georges ont toujours vécu au Cap-Santé.
L’honorable juge Adjutor Rivard a écrit des pages touchantes sur la maison condamnée. Celle-ci n’est pas condamnée puisqu’on y peut pénétrer par six ou sept ouvertures, mais son histoire est peut-être aussi triste. Où sont ses anciens habitants ? Aux États-Unis peut-être comme ceux de la maison condamnée ?
Cette maison remonte au régime français. Elle a subi certaines améliorations qui ne lui ont pas trop enlevé son caractère. La véranda et la lucarne de la façade sont relativement récentes.
Une des plus anciennes maisons du Cap-Santé. L’unique lucarne du toit fut pratiquée longtemps après la construction de la maison.
Madame Langlois, qui habite le manoir de Portneuf depuis un bon nombre d’années, est la veuve de M. Jean Langlois, avocat, qui fut député de Montmorency et bâtonnier de Québec, et la fille de feu l’honorable Sandfield McDonald qui joua un rôle si important dans la politique canadienne.
Vaste, bien éclairée et bien située, cette maison a abrité plusieurs générations de bonnes familles canadiennes. Sous le régime français, probablement en 1759, des soldats y furent logés.
Une des plus anciennes et en même temps peut-être la plus solide maison de Deschambault. À remarquer le four sur le pan gauche de la maison, avec ouverture à l’intérieur.
Cette vieille maison est inoccupée depuis deux ans. On prétend qu’elle servit à l’origine de poste à la Compagnie de la Baie d’Hudson. En tout cas, sur une pierre gravée au-dessus de la porte principale, on lit : 1823.
Ce moulin à farine construit au commencement du siècle dernier n’est pas trop mal conservé. Le passage couvert qui le relie à la maison voisine lui enlève un peu de son charme.
APPENDICE
OLD MANORS AND OLD HOUSES
of the Province of Quebec
T HE old cottages and houses of the Province of Quebec may, for
the purposes of this study, be classified into five types according
to the roof shape of each. These are : the gabled roof ; the steep
hipped roof ; the gabled roof with gallery ; the hipped roof with gallery ;
and finally the town house type, with its high parapetted gable walls,
which is similar to the characteristic stone house of the country.
It is in and around Quebec and the Island of Orleans where the earliest settlers built their homes, and though these have long disappeared, it is there where we may look for the oldest types. These are plain rectangular buildings with gabled roofs and a large stone chimney in the centre, an arrangement which is typical of wood constructed houses in which the chimney is built first and then the house planned around it. Sometimes, with a stone chimney in the centre, we find ornamental wooden ones on the gable ends serving no practical purpose. In some, the gables are carried up in stone, but more often the wall stops at eaves-level and the triangular portion of the gable is built of wood. The ancient home of the Jesuits at Sillery, erected in 1637, and now in the custody of the Provincial Government, is of this type, only here the wood framing butts into the chimneys in the gable walls. This treatment with symmetrically disposed windows and sweeping « bell-cast » eaves carried by cantilevered beams forming a roof to the gallery, is a beautiful one. A good example is at Ste. Rose, where a bay-window (an unusual feature) is roofed by the projection of the eaves. Sometimes the cantilevered portion is returned around the ends of the cottage under the gables, forming continuous eaves. The treatment of the verges to the roof in such cases is of typical wooden construction. The boarding upon which the roof covering is nailed, projects over the wall and forms a soffit when the projection is great, sometimes as much as a foot, or when it is slight, the verge is finished with a wood strip set tight against the clap-boarding or shingles. A charming variation to the usual treatment of the gable end is sometimes found in a bonnet-like form of projection at its apex. The ridge of the roof is carried forward over the wall to sometimes as much as three feet, the lower sides are shaped like a double-wave and is a form of protection to the ventilation openings. Examples of these are found mostly on old barns, although, occasionally, one may see, as at Lorette, a cottage with such a feature. Corbelled wooden construction, of a character usually associated with mediaeval methods of building, is found also among the old barns in the more remote districts. At Beaupré and Murray Bay, for instance, there are examples of log construction with the upper storey projecting two to three feet, and at Lorette there is a cottage of the same character. Such a treatment is very picturesque and one must regret that there are not more examples of it now remaining. Features like this tempt one to conjecture on the kind of buildings erected by the first colonists. They must have been constructed in wood like Champlain’s famous « Abitation de Quebec, » which, as he tells us, was erected by ship-carpenters. Brittany and the parts of Normandy from where so many of the early colonists came, are stone districts, and this accounts for the stone traditions of building which are so obvious in the old architecture of French Canada, but there is no doubt that a large proportion of the buildings erected in the 17th century were of wood. Charlevoix, writing in 1720, mentions that the houses were of stone, and this emphasis suggests that it was something new ; and certainly, if the early churches were of wood, as there is every reason to believe, there can be little doubt that the houses were also. This being so, it is natural to suppose that many of the mediaeval customs of buildings in timber would have been brought here as in New England, where there still survive wooden buildings, with the overhanging storey and other mediaeval features. The House of the Seven Gables at Salem, Massachusetts, is a well-known example. Unfortunately fire, and the natural desire to construct more durably in an easily procured stone, have destroyed all the wooden houses of the 17th century, and this makes it impossible for us to trace clearly the development of the later types from the earlier ones in France. In the 17th century, the style of the Renaissance was the fashion among the upper classes, but the peasantry still clung to their old methods of building, and as was the case in the « Abitation, » the early buildings, no doubt, had many mediaeval features. The Chapel and Farm of the Congregation of Notre-Dame, Montreal, erected in 1668, is a case in point. The living-room shows pre-Renaissance traditions, with its heavy beamed ceiling carrying the plank floor, the joints of which are covered with moulded fillets ; or the old Towers of the Grand Seminary, for instance, erected in 1699, whose conical roofs are distinctly mediaeval in character.
Houses of the steep hipped roof type follow an old form, the characteristic « pavillion » roof of old France, which is often found on the larger houses. The Manor House at Baie St. Paul is a beautiful example with moderately projecting eaves and bell-cast. The angle of the roof is nearly 60 degrees, and this, owing to the wide plan, makes the height of the roof more than twice that of the wall, giving a very picturesque effect which reminds one of the 16th century Castle of Fontaine-Henri near Caen. The Manoir Mauvide-Genest, 1734, on the Island of Orleans, is of the same character, but of two storeys in the wall height.
The oldest cottages do not seem to have had the deeply projecting eaves which with the curving « bell-cast » became such a characteristic treatment. The little wooden platforms in front of the cottages, with their steps and shaped wooden balustrades, sheltered by the boldly projecting eaves, make a charming picture of inviting shade. The gallery is as necessary as the living-room in the Province of Quebec and so the need for the extra width evolved the gallery with posts. Many beautiful types of these are found, some with uprights and balustrades formed in lattice work with shaped wooden arches, as at the Presbytery, Pointe Claire. The verandahs to houses with gabled roofs often give the impression of having been added on at a later date, but in the case of hipped roofs with galleries a more homogeneous effect is obtained. Stonecroft Farm, St. Marie Road, St. Anne de Bellevue, is a good example of the flatter angled hipped roof with cantilevered eaves ; while the same type of roof with supporting posts and gallery carried all round the house is well illustrated by a house on St. Charles Road, Island of Montreal. These have chimneys in the end walls. An interesting variation is at Bout de l’Isle, where the house being square on plan, the roof is pyramidal with the chimney in centre. The Berthelot House, St. Genevieve, with very deeply projecting eaves finished with a classic cornice, is an example of a later type in which the influence of the Greek Revival is seen. In the southern districts are found houses of the American Colonial style, as at Georgeville, Lake Memphremagog, and after the war of 1812 there must have been a considerable intercourse with the United States, which at the time was under the influence of the Greek Revivalists. The Archambault House at L’Assomption shows Colonial influence, particularly in its plan, as does also the Le Moyne Manor at Longueuil, now destroyed.
To trace the growth of the classic tradition, however, we must go back to the days when Monseigneur de Laval established schools of art at Cap Tourmente and Saint Joachim in the last quarter of the 17th century. These schools flourished and developed a stylistic tradition based largely on a study of such books as Blondel’s « Cours d’Architecture » published in Paris in 1774, which gave examples of the « Orders » and contemporary buildings and ornaments. A stone doorway in the House of the Seminary at Petit Cap is an exact reproduction of a drawing in Vignola’s « Traité Elémentaire Pratique d’Architecture, » which was a standard work in France at that time. Late in the century a school where architecture was taught was founded by Louis Quevillon (1749-1823) at St. Vincent de Paul, and another, which included three generations of architects, by François Baillairgé, born in Quebec in 1759 (the son of a carpenter from Poitou), who studied in Paris before starting in practice here. The Baillairgé School seems to have worked at first along the traditional Quebec lines, but later, judging from the design of the N.W. Tower of the old Basilica at Quebec, built in 1844 by Thomas Baillairgé (1791-1859), it would appear to have been influenced by the spirit of the classic revivalists. The Sabrevois de Bleury Manor at St. Vincent de Paul is a good example of the later Classic School, with its refined detail, Doric porticoes and angle pilasters of Greek character.
Except for the high parapetted gable and double chimneys, the typical French Canadian stone house of one storey is almost identical with an old form which is still popular in Normandy and Brittany. Such a home, of moderate size and stone construction, would, no doubt, have been remembered by the early settlers when they decided to build in a more permanent fashion. In the cities, the congestion necessitated another storey, as in the fine old house erected by Gédéon de Catalogne after 1720, on the corner of St. Vincent and St. Thérèse Streets, Montreal. The single storey elevation was, however, still built in the cities, as at the Château de Ramezay, 1703. An old house at St. Denis sur Richelieu (now used as the Post office) is a fine example of the type, with the characteristic moulded corbels to the parapets and bold outlines of gable and double chimneys. The rear elevation, owing to the fall in the ground, is two storeys high with windows symmetrically arranged under the row of the dormer windows which stand on the wall head. The walls are two or more feet thick, of rough stone almost smothered in mortar, and the roof is covered with the well-known « fer-blanc » which was introduced here as a precaution against fire as early as 1678. As is usual in this type, the door is in the centre of the elevation ; with the double casement windows of small panes, disposed symmetrically on either side. Generally, there are doubled slatted shutters which open back against the walls and are held by “S”-shaped wrought-iron catches, while on the gable ends are to be seen wrought-iron anchor bars holding fast the principal roof and floor beams. Sometimes the chimneys are finished with moulded copings of rather a Gothic character and the parapets are boarded and tinned or shingled on the top. This high parapet probably came into use in the town where the buildings adjoined, and acted as a fire protection. The main floor is raised three to four feet from the ground and is reached by steps and gallery. The entrance door opens direct into one of the two rooms which usually make up the ground plan, one serving as a living-room and kitchen, the other as a parlour, and from the corner of one of them the stairs rise irregularly to the big attic. The larger houses are often very broad, the Château de Ramezay is over 51 feet from front to back and is planned two rooms deep with a central wall ; from this would originate the typical double chimney on the gable ends.
Variations from the general types are few ; the plans, and consequently the roof treatments, are of the simplest outlines, influenced no doubt by practical considerations of ice and snow. Picturesque gables and broken roofs are unsuitable to Eastern Canada. A form which one wonders was not more often used is the mansard type of roof, of which there still remain a few good examples. Instead of the usual flat treatment of the eaves, a quadrant curve is sometimes used suggesting the coved cornice of Georgian design. At L’Assomption there is a Summer House with a curved roof, flanked by balustraded terraces, making a composition of rare beauty.
The building traditions which have given to French Canada so much of its old-world charm were practically dead by the middle of the last century, but happily there are many signs that the old architecture is now being studied and appreciated at its true value. These old houses were the answer to conditions of contemporary life, and it is the manner of this response which should inspire our architects rather than the study of forms which belong to the past. The spirit which animates this old work is simplicity and modesty, and a fuller appreciation of this will go a long way in saving us from the errors in taste which afflict the smaller domestic architecture of French Canada today. Fortunately, as the contents of this book show, there still remain many examples which are always ready to speak, as old stones alone can, of what it is that constitutes beauty and fitness in architecture.
TABLE DES MATIÈRES
INDEX
Ailleboust, Louis d’, 298.
Ailleboust, Madame d’, 298.
Airvault ou Casgrain. Le manoir (gravure), 228.
Alleyn, La famille, 195.
Amos, La famille, 195.
Amyot de Vincelotte, Charles, 210.
Amyot de Vincelotte, Charles-Joseph, 210.
Archambault, François, 51.
Argenteuil, Le sieur d’, 37.
Arnoux, Le chirurgien, 301.
Aubert de Gaspé, Ignace-Philippe, 211.
Aubert de Gaspé, Philippe-Joseph, 195, 200, 211, 300, 303.
Aubert de Gaspé, Pierre-Ignace, 211.
Aubert de Gaspé, Le manoir (gravures), 212, 214.
Aubert de Gaspé, Le moulin banal (gravures), 217, 218.
Aubertin, M., 34.
Audet, Augustin, 130.
Auger, Désiré, 334.
Auger, Lorenzo, 182.
Auteuil, M. d’, 1.
Avesnes des Méloizes, La famille d’, 333.
Baby, L’honorable François, 98, 271, 322.
Bacqueville de la Potherie, M., 5.
Badeau, Le notaire, 75.
Baillairgé, L’architecte, 219.
Baribeau, Augustin, 97.
Baribeau, Joseph-C., 92.
Baril, Georges-Edmond, 132.
Baron, Jean-Baptiste, 31.
Batiscan, Le manoir-presbytère de (gravures), 81, 82, 83, 84, 85, 86, 87.
Beaubien, Le notaire Amédée, 208.
Beaubien, Jean-Baptiste, 103.
Beaubien, Jean-Paul, 107.
Beaubien, L’honorable Joseph-Octave, 208.
Beaubien, Luce, 103.
Beaubien — Voir Trottier Beaubien.
Beauchamp, J.-J., 138.
Beaudry, Jean-Louis, 14.
Beauharnois, Le gouverneur de, 37, 89, 175.
Beaujeu, Le comte de, 151.
Beaupré, Benjamin, 57.
Bécancour, M. de, 100.
Bédard, Thomas, 160.
Bégon, Michel, 329.
Béland, Eugène, 335.
Belle-Avance, Le sieur, 207.
Bellemarre, L’abbé J.-E., 104.
Berczy, William Von Moll de, 60.
Berczy, Madame Von Moll de, 60.
Bergères de Rigauville, Nicolas-Blaise des, 196.
Bergères de Rigauville, L’abbé, 196.
Bergeron, Le sieur Hervé, 80.
Berthelot, François, 279.
Berthelot, Michel, 308.
Berthier, Le capitaine, 196.
Bigot, Le château (gravure), 328.
Birks, M., 124.
Bisaillon, L’avocat, 141.
Bissot, Charles-François, 180.
Bissot de la Rivière, François, 180.
Bissot de Vincennes, Jean-Baptiste, 180.
Blackburn, Les, 237.
Blais, Joseph, 323.
Blouin, Émile, 285.
Blouin, Thomas alias Numa, 284.
Boismenu, Le R. P., 42.
Boisvert, Siméon-M., 162.
Bondfield, John, 300.
Bonner, George-T., 240.
Bon-Pasteur, Les RR. SS. du, 30.
Bouat, François-Marie, 40.
Bouchard, Philippe, 255.
Boucher, Pierre, 134.
Boucher de Boucherville, Sir Charles, 138.
Boucher de Boucherville, Jeanne, 134.
Boucher de Boucherville, Joseph, 138.
Boucher de Boucherville, L’honorable Pierre, 133, 138.
Boucher de la Broquerie, Antoine, 136.
Boucher de la Broquerie, Louise-Henriette, 136.
Boucher de la Bruère, René, 124.
Boucher de Montarville, Pierre, 124.
Boucher de Niverville, Joseph, 71.
Boucher de Niverville, Le manoir (gravure), 72.
Boucherville — Voir Boucher de Boucherville.
Bouliane, Alfred, 241.
Boulogne, Marie-Barbe de, 298.
Bourdages, David, 119.
Bourdages, Louis, 119.
Bourdon, Jean, 333.
Bourget, Mgr , 40.
Bourlamaque, M. de, 319.
Boutet, Martin, 308.
Bouthillier, Tancrède, 31.
Bouthillier Chavigny, Le comte de, 122.
Bouton, Antoinette, 75.
Bouvier, Gordien, 130.
Boyer, Magloire, 140.
Brassard Deschenaux, Joseph, 319.
Brassard Deschenaux, Pierre-Louis, 68.
Bréhaut, Peter, 300.
Breton, Napoléon, 183.
Brossard, Hector, 140.
Brossard, Louis, 140.
Brossard, Le curé, 106.
Bruchési, Charles, 138.
Bureau, L’honorable sénateur Jacques, 95.
Cabbot, Madame, 240.
Cadieux, La famille, 154.
Campbell, Archibald, 322.
Cantin, Adélaïde, 170.
Cantin, Camille, 170.
Cantin, François, 170.
Cantin, Louis, 170.
Cantin, Marie, 170.
Cantin, Narcisse, 170.
Cantin, Nicolas, 170.
Cantin, Pierre, 170.
Cantin, Ursule, 170.
Cardin, Marguerite, 71.
Carrel, Frank, 301.
Cartier, Sir Georges-Étienne, 121.
Cartier, Joseph, 121.
Casgrain, Eugène, 225.
Casgrain, L’abbé H.-R., 228, 243, 324.
Casgrain, Joseph, 229.
Casgrain, P.-B., 271, 303, 309, 322.
Castillon, Jacques, 279.
Caughnawaga, Le presbytère de (gravure), 146.
Cavelier, Perette, 68.
Cavelier de La Salle, M., 20.
Chameau, Le, 1.
Champlain, Samuel de, 237, 316.
Chandler, Kenelm, 108.
Chapais, L’honorable Jean-Charles, 229.
Chapais, Le notaire Thomas, 229.
Chapt — Voir Lacorne de Chapt.
Charest, Ephrem, 93.
Chartier de Lotbinière, Louis-Théandre, 298.
Chartier de Lotbinière, Louise, 153.
Chartier de Lotbinière, Michel, 178, 298.
Chartier de Lotbinière, René-Louis, 298.
Chastelain, François, 71.
Chastelain, Marie-Josette, 71.
Château Bellevue, Le (gravure), 251.
Chaussegros de Léry, L’honorable Alexandre-René, 178, 303.
Chaussegros de Léry, Charles-Joseph, 178.
Chaussegros de Léry, Joseph-Gaspard, 178, 303.
Chaussegros de Léry, M., 138.
Chaussegros de Léry, Louise-Madeleine de, 298.
Chaussegros de Léry, La famille, 46.
Chauveau, L’honorable P.-J.-O., 308.
Chavigny, Geneviève de, 210.
Chavigny de la Chevrotière, Ambroise, 160.
Cheffault de la Renardière, Antoine, 279.
Chenest, Le notaire, 208.
Cherrier, Côme-Séraphin, 50.
Cherrier, L’abbé, 117.
Cherrier, Les maisons (gravures), 50, 117.
Chevalier, Joseph, 344.
Chomedey de Maisonneuve, M., 7.
Christie, Le major général Gabriel, 46.
Cloutier, Alfred, 167.
Colborne, Sir John, 3.
Combe Pocatière, François de la, 225.
Compagnie de la Baie d’Hudson, La, 22.
Compagnie de la Baie d’Hudson, Le poste de la (gravures), 58, 351.
Compagnie des Indes, La, 1.
Compagnie du Nord-Ouest, La, 22.
Comte, Benjamin, 193.
Congrégation, Les RR. SS. de la, 266.
Constant, La famille, 153.
Corbeil, Uldéric, 46.
Corpron, Jean, 182.
Côté, Édouard, 258.
Côté, Émile, 254.
Côté, Le docteur Valère, 208.
Couillard, Guillaume, 206.
Couillard, Louis, 200.
Couillard, Marie, 180.
Couillard de Lespinay, Le docteur Antoine, 200.
Couillard Després, L’abbé, 113, 202.
Couillard Dupuis, La famille, 206.
Courcy, M. de, 1.
Cousinet, Jérôme, 80.
Craigie, L’honorable John, 300.
Crawford, M., 273.
Crépeau, L.-A.-F., 46.
Cressé, Louis-Pierre, 110.
Cressé, Philippe, 104.
Crevier, L’abbé, 120.
Daulier-Deslandes, M., 40.
Dauphin, M., 34.
David, L.-O., 126.
Day, Nathaniel, 76.
Decoigne, L’abbé, 172.
Delisle, Octave, 349.
Delisle, Olivier, 350.
Demers, L’abbé Benjamin, 178.
Demers, Jérémie, 170.
Dénéchaud, Claude, 196.
Dénéchaud, Madame, 198.
Dénéchaud, Le manoir (gravures), 197, 199.
Denis, Narcisse, 335.
Denis, Xavier, 152.
Denis, La maison (gravures), 335, 336.
Dequen, Le R. P., 324.
Deschamps de Boishébert, Henri, 1.
Deschenaux, La famille, 333.
Désilets, Madame Honoré, 99.
Desmarchais, La maison (gravures), 17, 18.
Devine, Le R. P., 146.
Dion, Jacques, 285.
Dionne, L’honorable Amable, 219, 225.
Dionne, Charles-François, 163.
Dionne, L’honorable Élisée, 225, 227.
Dionne, Pascal-Amable, 219, 223.
Dionne, Philémon, 163.
Dobell, La famille, 326.
Dorion, Sir Antoine-Aimé, 96, 155.
Dorion, Éric, 96.
Dorion, Le chanoine J.-H., 96.
Dorion, Le docteur Jacques, 116.
Dorion, Madame, 113.
Dorion, Mademoiselle, 155.
Dorion, Pierre, 96.
Drapeau, Les seigneuresses, 236.
Drolet, M., 126.
Drolet, Madame Joseph, 29.
Drouin, Cyrille, 294.
Drouin, Ulric, 290.
Drummond, M., 124.
Dubreuil, Claude, 311.
Duchesnay, L’honorable Henri-Elzéar, 300.
Duchesnay, Le lieutenant-colonel, 172.
Dufort, Marie-Clémentine, 89.
Duggan, E.-J., 237.
Duggan, W.-E., 237.
Duhamel, Jacques, 279.
Dumouchel, Jean-Baptiste, 36.
Dupuis, Olier, 145.
Dupuis, Rosaire, 62.
Dupuis, Le manoir (gravure), 206.
Duquet, Françoise, 327.
Durand-Desmarchais, La famille, 16.
Durocher, René-Amable, 281.
Dussault, Simon, 338.
DuTremblay, Pamphile-P.-V., 89, 97.
DuTremblay, Raoul, 95.
Duvert, F.-C, 120.
Écoles Chrétiennes, Les Frères des, 67, 106.
Estèbe, Guillaume, 329.
Etchenback, Étienne, 219.
Fabre, L’honorable Hector, 14.
Fabre, Mgr , 14.
Fabre, Raymond, 14.
Faillon, M., 20.
Faribault, Marie-Aurélie, 55.
Farot dit Laprairie, Pierre, 97.
Ferguson, Archibald, 297.
Ferland, Laurent, 288.
Ferté, L’abbé Jacques de la, 80.
Filles de Jésus, Les, 68.
Fillion, Michel, 95.
Fiset, M., 337.
Fleming, Le nommé, 20.
Fleming, Le moulin (gravure), 21.
Fleury de la Gorgendière, Joseph, 175, 178.
Fleury Deschambault, Le colonel, 310.
Forbes, John, 152.
Forbes, Mademoiselle, 152.
Forbes, Samuel, 152.
Forget, Conrad, 25.
Forestier, Marguerite, 180.
Fortin, Édouard, 207.
Fortin, Octave, 188.
Fouquet, François, 279.
Franchère, Benjamin, 123, 126.
Franchère, Joseph-Timothée, 123, 126.
Francheville, Pierre de, 312.
Fraser, Mademoiselle, 240.
Fraser, Malcolm, 237, 240, 292.
Frontenac, Le gouverneur de, 207.
Gagnon, Elzéar, 291.
Gagnon, L’honorable Ernest, 229.
Gagnon, Ernest, 63.
Gagnon, Gustave, 63.
Gaillard, Guillaume, 229, 279.
Gaillard, Le chanoine Joseph-Ambroise, 279.
Gaillard, Louis-Joseph, 279.
Galinier, M., 20.
Gamache, Le sieur, 207.
Gannes, M. de, 74.
Garnier, Ange, 271.
Garnison, Le club de la (gravure), 297.
Gascon, La maison (gravure), 26.
Gaspé — Voir Aubert de Gaspé.
Gaudet, Joseph, 121.
Gaudreau, M., 352.
Gaultier de Comporté, Philippe, 100, 237.
Gauthier, Hector, 259.
Gauvreau, Adélaïde, 198.
Gendreau, Julien, 286.
Geoffrion, L’honorable C.-A., 155.
Gérin, Léon, 64.
Gérin-Lajoie, Antoine, 64.
Gérin-Lajoie, La maison (gravure), 65.
Gesse, M. de la, 1.
Giffard, Robert, 266.
Gilchen, M., 303.
Gingras, Augustin, 170.
Girardin, Cléophas, 266.
Girouard, Jean-Joseph, 35.
Girouard, Joseph, 35.
Glackemeyer, Édouard, 303.
Globensky, Madame, 62.
Globensky, Madame Léon, 44.
Godefroy de Linctot, Jean-Baptiste, 68.
Godefroy de Linctot, Pierre, 68.
Godefroy de Normanville, Thomas, 68.
Godefroy de Roquetaillade, M., 68.
Godefroy de Saint-Paul, M., 68.
Godefroy de Tonnancour, Louise, 1.
Godefroy de Tonnancour, René, 68.
Godefroy de Vieux-Pont, M., 68.
Gore, L’honorable, 172.
Gosselin, Mgr Amédée, 252, 276, 312.
Gouin, Joseph, 96.
Gouin, Sir Lomer, 95.
Gouin, Louis, 76.
Goulet, Cyrias, 253.
Goulet, Félix, 289.
Gouverneurs, Le château des (gravure), 111.
Grande Maison, Les ruines de la (gravure), 77.
Grant, Le lieutenant-colonel W. A., 151.
Grant, William, 329.
Green, Betsy, 310.
Grenier, Théophile, 264.
Grises, Les RR. SS., 108, 110, 147.
Grises, La maison des RR. SS. (gravure), 148.
Grondines, Le moulin banal de (gravure), 353.
Guérard, Édouard, 278.
Guillemette, Joseph, 346.
Guillot, Adrien, 80.
Guyon, Bruno, 120.
Haberville, Jules d’, 213.
Haldimand, Anthony-Francis, 273.
Haldimand, Le gouverneur Frédérick, 271.
Hall, George Benson, 274.
Hale, L’honorable John, 89.
Harton, Madame Chrysologue, 225.
Harvey, Les, 237.
Harwood, C.-A., 152.
Harwood, Robert-Unwin, 153.
Harwood, Robert-William, 153.
Hatt, M., 128.
Hazeur, François, 237.
Hazeur, Les chanoines, 237.
Hertel de Cournoyer et de la Frenière, Joseph, 75.
Hertel de Rouville, Anne-Julie, 126.
Hertel de Rouville, Jean-Baptiste-Melchior, 126.
Hervieux, Marie-Anne, 126.
Hocquart, L’intendant, 175.
Hôpital général, Les Dames de l’, 198.
Hôpital général, L’ (gravure), 316.
Hôtel-Dieu, Les Dames de l’, 298.
Hôtel-Dieu, L’ (gravure), 317.
Huot, Joseph-François, 263.
Hurteau, Jean-Baptiste, 39.
Île de Montesson, Le manoir de l’ (gravure), 101.
Indes Occidentales, La Compagnie des, 40.
Jacquet dit Langevin, François, 301.
Jarret de Verchères, Marie-Anne, 89.
Jésuites, Les RR. PP., 79, 80, 136, 142, 312.
Jésuites, La maison des (gravure), 325.
Jésuites, Le moulin banal des (gravure), 330.
Johnson, Sir Adam Gordon, 122.
Johnson, Sir William, 122.
Johnson, Sir William George, 122.
Joly Chartier de Lotbinière, Alain, 159.
Joly Chartier de Lotbinière, Sir Henri-Gustave, 159.
Jones, John, 300.
Jordan, Jacob, 46.
Juchereau, Marie-Anne, 225.
Juchereau, Le sieur, 279.
Juchereau Duchesnay, L’honorable Antoine, 273.
Juchereau Duchesnay, L’honorable Henri-Elzéar, 172.
Juchereau Duchesnay, Hermine, 113.
Juchereau Duchesnay, L’honorable Jean-Baptiste, 219, 223.
Juchereau de Saint-Denys, Nicolas, 219.
Kempt, Sir James, 172.
Kent, Le duc de, 111, 126, 271, 300, 310.
Kent House, Le (gravures), 272, 299.
Kimber, René, 104.
Laberge, Augustin, 34.
Laberge, Émile-Olivier, 260.
La Broquerie, La villa (gravure), 137.
Lacorne de Chapt, M. de, 1.
Lacroix, Nicolas-Hubert, 13.
Laframboise, Le sieur, 76.
Lagueux, Joseph, 303.
Lalande, Le R. P., 136.
Lalande-Gayon, Jacques de, 180.
Lamirande, Madame Godefroy, 63.
Lamothe, Alphrédiste, 345.
Lanaudière, Le manoir de (gravures), 90, 91, 194.
Lanaudière — Voir Tarieu de Lanaudière.
Langan, Patrick, 273.
Langlais, Wilfrid, 232, 233, 234.
Langlois, Bruno, 160.
Langlois, Émile, 57.
Langlois, Jean, 348.
Langlois, Madame, 348.
Lanouette, Pierre Rivard, 92.
Lanoullier, Nicolas, 319.
Laprairie — Voir Farot dit Laprairie.
Larue, Le notaire F.-X., 195.
Larue, Georges, 282.
Larue, Guillaume de, 80.
Larue, La famille, 333.
L’Assomption, Les RR. SS. de, 104.
Laterrière, M. de, 243.
Laterrière, Pierre de Sales, 102.
Laterrière, Le manoir (gravures), 244, 246.
Laurie, Allan, 170.
Lauzon, Charles de, 279.
Lauzon, Le gouverneur de, 219.
Laval, Mgr de, 257, 276, 279, 296, 312.
Laverdière, L’abbé, 324.
Lebel, Jean, 232.
Lebeuf, Benoît, 93.
Le Cavelier, Guillaume, 16.
Leclerc, Évariste, 211.
Le Compte Dupré, Louis, 40.
Lecours, Charles, 182.
Lecourt, Michel, 266.
Le Gardeur de Croizille, Joseph-Michel, 102.
Le Gardeur de Repentigny, Jean-Baptiste, 46.
Le Gardeur de Repentigny, Pierre, 100.
Le Gardeur de Repentigny, Le manoir (gravures), 47, 48, 49.
Le Gardeur de Villiers, Charles, 100.
Legendre, Adolphe, 161.
Legendre, Jean-Baptiste, 161.
Lejamtel de la Blouterie, L’abbé François, 99.
Lejeune, Le R. P., 324.
Le Marchant, Jeanne, 68.
Lemay, Adolphe, 103.
Lemay, Pamphile, 164.
Lemieux, Thomas, 195.
Lemonnier, Françoise, 296.
Le Moyne, Antoine, 149.
Le Moyne, Catherine, 149.
Le Moyne, Charles, 147.
Le Moyne, Jacques, 149.
Le Moyne, Louis, 149.
Leneuf du Hérisson, Mathieu, 68.
Le Noblet Duplessis, Le notaire, 131.
Lepage de Sainte-Claire, L’abbé Louis, 40.
Leroux, Laurent, 57.
Lery — Voir Chaussegros de Léry.
Le Sanche, Joseph, 58.
Letellier de Saint-Just, L’honorable Luc, 229.
Letondal, Madame, 63.
Létourneau, Joseph, 224.
Levesque, Joseph, 230.
Levesque, Madame, 62.
Lewin, Ralph-Ross, 273.
Lindsay, Madame Alexandre, 300.
Lindsay, Madame Charles-Perreault, 175.
Livingston, Janet, 305.
Longtin, M., 141.
Longueuil, L’honorable D.-E.-L. de, 16.
Longval, Le sieur, 76.
Lorrain, Claude, 213.
Lorrain, La maison (gravure), 29.
Lotbinière — Voir Joly Chartier de Lotbinière.
Lozeau, Augustin, 104.
Lozeau, Émile, 104.
Lozeau, Jean, 104.
Lozeau, Jean-Baptiste, 104.
Lozeau, Madame, 104.
Lozeau, Marie-Louise, 104.
Lussier, Félix, 31.
Lymburner, Mathew, 273.
Mabane, L’honorable juge Adam, 300.
Mabane, Isabella, 300.
Macdonald, M., 102.
Madry, Jean, 327.
Maheux, F.-X., 329.
Mailloux, Jean, 298.
Mailloux, Vital, 298.
Maizerets, M. de, 276.
Malherbe, Le Frère François, 80.
Manselmont, Berruyer de, 279.
Marcotte, Côme, 342.
Marcotte, Le docteur F.-A., 96.
Marcoux, Aimé, 265.
Marcoux, Pierre, 265.
Marmette, Le romancier, 327.
Marsil, La maison (gravure), 139.
Marsil — Voir Mercil.
Marsil dit L’Espagnol, André, 139.
Marsolet, Nicolas, 196.
Martel, Édouard, 162.
Martel, Narcisse, 71.
Martel, Paul, 71.
Martin, C.-A., 312.
Masse, Jean-Baptiste, 118.
Massé, Le R. P., 324.
Massicotte, Augustin, 88.
Massicotte, Cuthbert, 62.
Massicotte, Delphis, 62.
Massicotte, E.-Z., 16, 20, 31, 46, 54, 62, 71, 80, 155.
Masson, L’honorable Joseph, 40, 45.
Masson, L’honorable L.-Rodrigue, 44.
Masson, M., 120.
Masson, Madame, 40.
Mathieu, Marie, 170.
Maurault, L’abbé Olivier, 5.
Mauvide, Jean, 279.
Mauvide, Marie-Anne, 281.
McDonald, L’honorable Sandfield, 348.
McGillis, Hugh, 153.
McGillis, Mary Charlotte, 153.
McGreevy, L’honorable Thomas, 300.
McKenna, La maison (gravure), 311.
McKenzie, John, 39.
McKenzie, L’honorable Rodrick, 39, 40, 43, 44.
McLean, Les, 237.
McTavish, M., 40.
McTavish, Samuel, 13.
Ménage, Pierre, 301.
Mercier, L’honorable M., 89.
Mercier, Louison, 52.
Mercil, Albert, 139.
Messier, Joseph, 23.
Messier, Zéphirin, 23.
Méthot, F.-X.-A.-O., 98.
Meunier, Adélard, 27.
Millar, William, 303.
Miville Dechêne, Arthur, 221.
Miville Dechêne, L’honorable sénateur, 221, 225.
Miville Dechêne, La famille, 222.
Moisan, Thomas, 303.
Monck, Le gouverneur général, 307.
Monk, Le moulin (gravure), 38.
Montarville, Le moulin de (gravures), 124, 125.
Montcalm, Le marquis de, 113, 301, 319.
Montour, Nicolas, 67.
Moquin, La maison (gravure), 143.
Morel de la Durantaye, Olivier, 327.
Morency, André, 293.
Morency, Ovide, 295.
Moras-Beaubien, La maison (gravure), 107.
Morin, Germain, 312.
Mountain, Le R. Jacob, 300.
Mourier dit Verron, Jean, 282.
Muir, Le docteur, 152.
Munn, John, 322.
Murray, Le gouverneur, 237, 240, 279.
Nairne, John, 237.
Nairne, John McNicol, 237.
Nairne, Madame, 237.
Nivard Saint-Dizier, Étienne, 19.
Nolin, La famille, 141.
Nord-Ouest, La compagnie du, 56.
Notman, M., 7.
O’Neil, L’hôtelier, 300.
Ouimet, Adélard, 23.
Ouimet, Delphis, 23.
Pacaud, Hippolyte, 104.
Panet, L’honorable Jean-Antoine, 172.
Panet, Louise-Amélie, 60.
Panet, Marie, 172.
Panet, L’honorable juge Pierre-Louis, 60.
Pangman, Peter, 48.
Pangman, La famille, 46.
Papineau, Madame Louis, 34.
Papineau, Louis-Joseph, 34, 120.
Paquet, Benjamin, 167.
Paquet, L’honorable Étienne-Théodore, 169.
Paré, Les familles, 255.
Parent, La famille, 158.
Paterson, Peter, 273.
Patton, Randall, 202.
Payette dit Saint-Amour, La famille, 59.
Pease, M., 124.
Pelletier, Sir Alphonse, 229.
Pelletier, L’honorable Pantaléon, 229.
Pérade — Voir Tarieu de la Pérade.
Perrault, Geneviève, 219.
Perreault, Émile, 236.
Perreault, L’honorable juge Jean-Olivier, 300.
Petites Filles des Pauvres, Les, 37.
Petrimoulx, Angélique, 31.
Picher, Hector, 102.
Pichette, Emery, 36.
Picette, Ferdinand, 59.
Piedmont de la Bruère, François, 134.
Pinsonnault, Mgr ., 144.
Pinsonnault, Paul-Théophile, 144.
Plessis, Mgr , 68.
Poiré, Edgar, 184.
Pope, Thomas, 195.
Poulin, Ernest, 267.
Poulin, Le seigneur, 292.
Pouliot, L’honorable juge Camille, 281, 296.
Pouliot, Charles, 296.
Pouliot, Gaudiose, 283.
Pouliot, Samuel, 287.
Premio-Réal, Le comte de, 307.
Pressart, L’abbé, 329.
Prévost, Berthe, 128.
Prévost, Jean-Baptiste, 303.
Prévost, Le major, 52.
Price, La compagnie, 300.
Proulx, Eugène, 109.
Proulx, Fortunat, 109.
Proulx, Hubert, 109.
Proulx, Louis, 109.
Proulx, Yves, 109.
Providence, Les RR. SS. de la, 40.
Prudhomme, Louis, 16.
Puisaye, Le comte de, 341.
Quetton de Saint-Georges, Laurent, 341.
Quevillon, Joseph, 31.
Ragueneau, Le R. P., 327.
Rainville, Gus, 155.
Ramezay, Claude de, 1.
Ramezay, Jean-Baptiste-Roch de, 1, 298.
Ramezay, Le gouverneur de, 73.
Ramezay, Madame, 300.
Ramezay, Le vieux château de (gravure), 2.
Récollets, Les, 70.
Reeve, Le colonel, 240.
Reeve, John Fraser, 240.
Remy, Arthur, 120.
Reny, Le capitaine, 172.
Revol, Pierre, 182.
Rhéaume, Charles-Auguste, 225.
Richard, Le notaire Jean-Marie, 131.
Richard, Joseph, 347.
Rivard, L’honorable juge Adjutor, 343.
Robillard, Madame Adolphe, 133.
Robineau de Portneuf, L’abbé René, 253.
Robutel de Lanoue, Joachim, 149.
Robutel de Lanoue, Marie-Anne, 149.
Robutel de Lanoue, Zacharie, 149.
Rocher, Barthélemy, 31.
Rocher, Marie-Élisabeth-Alix, 31.
Rollin, Joseph, 31.
Rosco, L’hôtel (gravure), 10.
Rosie, Jean, 279.
Ross, George McIntosh, 94.
Ross, John Jones, 94.
Rottermund, Le comte de, 112.
Roulois, Madeleine, 170.
Rousseau, Maurice, 202.
Roy, Charlotte, 182.
Roy, Claude-Joseph, 180.
Roy, J.-Edmond, 186.
Roy, Louison, 140.
Roy, Marguerite, 182.
Roy, Marie, 182.
Roy, Pierre, 140.
Roy, Sifroi, 185.
Ruette d’Auteuil, François-Madeleine, 225.
Rye, Le bonhomme, 52.
Sabrevois de Bleury, L’honorable Clément-Charles, 31.
Sabrevois de Bleury, M., 134, 136.
Saillant, Le notaire, 329.
Saint-Denis, A.-J.-H., 151.
Sainte-Croix, Les RR. SS. de, 16.
Saint-Georges, Catherine, 40.
Saint-Georges — Voir Quetton de Saint-Georges.
Saint-Germain, Samuel, 343.
Saint-James, René, 31.
Saint-Laurent, Madame, 300.
Saint-Laurent, Le moulin (gravure), 235.
Saint-Léger, Le baron de, 3.
Saint-Ours, Charles de, 113.
Saint-Ours, Charles-Quinson de, 113.
Saint-Ours, François-Roch de, 113.
Saint-Ours, Hermine de, 115.
Saint-Ours, L’honorable M. de, 310.
Saint-Ours, Madame Roch de, 113.
Saint-Ours, M. Roch de, 31.
Saint-Ours Deschaillons, Charles-Auguste, 55.
Saint-Sacrement, Les RR. PP. du, 42.
Salaberry, Charles-Michel de, 126.
Salaberry, Le général de, 52.
Salaberry, L’honorable M. de, 273.
Salaberry, Madame de, 128, 129.
Samson, Jean, 170.
Sanguinet, Ambroise, 145.
Sanguinet, Charles, 145.
Scott, Le chanoine, H.-A., 326.
Séminaire de Québec, Le, 249, 257, 275, 311, 313.
Senécal, Mgr . L.-A., 117.
Sewell, Le juge Jonathan, 305.
Sicard, Jean, 15.
Simard, Louis, 256.
Simpson, Sir George, 151.
Smith, Lachlan, 225.
Smith, William, 305.
Stafford, Lawrence, 303.
Stephens, Laurence de K., 122.
Strachan, James, 300.
Suève, Edmond, 89.
Sulpiciens, Les, 5.
Sulte, M., 68.
Sylvain, Gaudias, 191.
Sydenham, Lord, 3.
Taché, Mgr . A.-A., 136.
Taché, Charles, 136.
Taché, Sir Étienne-Pascal, 204, 245.
Taché, Lady, 245.
Talon, L’intendant, 180, 196, 210, 237, 308, 327.
Tarieu de Lanaudière, Agathe, 193.
Tarieu de Lanaudière, Antoine-Ovide, 195, 303.
Tarieu de Lanaudière, Charles-François-Xavier, 193.
Tarieu de Lanaudière, Le chevalier, 193.
Tarieu de Lanaudière, Marguerite, 303.
Tarieu de Lanaudière, Marie-Louise, 193.
Tarieu de Lanaudière, Thomas-Xavier, 89.
Tarieu de Lanaudière, Xavier-Roch, 303.
Tarieu de la Pérade, Pierre-Thomas, 89.
Taschereau, Élisabeth-Suzanne, 172.
Taschereau, Le cardinal Elzéar-Alexandre, 172.
Taschereau, L’honorable Gabriel-Elzéar, 175, 310.
Taschereau, Sir Henri-Elzéar, 175.
Taschereau, L’honorable juge Jean-Thomas, 172, 300.
Taschereau, Louis-Georges, 174.
Taschereau, Marie-Anna-Évangéline, 175.
Taschereau, Marie-Louise (lady Routh), 172.
Taschereau, Pierre-Elzéar, 175.
Taschereau, Thomas-Jacques, 175.
Taschereau, L’honorable Thomas-Pierre-Joseph, 175.
Tessier, L’honorable juge Ulric, 236.
Têtu, Mgr Henri, 219, 225, 229.
Têtu, Joseph, 205.
Thouin, Amédée, 58.
Tonnancour, La maison (gravure), 69.
Toupin, L’abbé Pierre, 150.
Tourangeau, A.-G., 304.
Tilly, Les seigneurs de, 165.
Trestler, Jean-Joseph, 155.
Trestler, Le docteur, 155.
Trigge, Alfred, 110.
Trigge, H.-W., 110.
Trottier Beaubien, Louis, 103.
Turgeon, Sylvio, 189.
Turner, L’honorable Richard, 318.
Ursulines, Les, 73, 301, 314, 315.
Vachon, Pierre, 271.
Vachon, Raphaël, 271.
Vachon de Belmont, L’abbé, 5.
Vallée, Le docteur Arthur, 308.
Vallée, Madame, 308.
Vallières de Saint-Réal, Le juge, 74.
Valois, La famille, 157.
Vaudreuil, Le gouverneur de, 89.
Vendette, Joseph, 38.
Venner, William, 303.
Verreau, L’abbé H.-A., 3.
Viennay Pachot, Françoise, 196.
Viger, La seigneuresse, 55.
Viger, L’honorable Louis-Michel, 55.
Villeneuve, Louis, 331.
Vincennes, Le moulin de (gravure), 181.
Vinet, Mgr , 28.
Vinet, La maison (gravure), 231.
Vinet dit Larente, Placide, 154.
Warren, Les, 237.
Wilson, Lawrence, 151.
Wolfe, Le général, 261.
Wooster, Le brigadier général, 3.
Wright, James, 52.
Youville, La R. Mère d’, 149.
Zoël, Alexis, 248.
- ↑ Blanche Lamontagne, La vieille maison, p. 7.
- ↑ L’abbé H.-R. Casgrain, Une paroisse canadienne, la Rivière-Ouelle, p. 174.
- ↑ Ajoutons, pour être plus vrai, une troisième catégorie : celles qui caractérisent l’architecture canadienne. Voir, à ce sujet, le beau travail de M. Carless, publié en appendice.
- ↑ Raymond de Passilé, le Gaulois, 6 mars 1926
- ↑ Albert Lozeau.
- ↑ L’abbé H.-A. Verreau, Journal de l’Instruction publique, août 1857.
- ↑ Le Fort des Messieurs, p. 22
- ↑ Notes de M. E.-Z. Massicotte.
- ↑ Notes de M. E.-Z. Massicotte.
- ↑ Notes de M. E.-Z. Massicotte. Dans le Bulletin des Recherches Historiques de 1926, pp. 7 et suivantes, M. Massicotte a publié une histoire généalogique complète de la famille Sabrevois de Bleury.
- ↑ R. P. Boismenu, S.S.S., Les étapes d’un manoir canadien.
- ↑ Notes de M. E-Z. Massicotte.
- ↑ Notes de M. E.-Z. Massicotte.
- ↑ Notes de M. E.-Z. Massicotte
- ↑ Bulletin des Recherches Historiques, vol. XXX, p. 294.
- ↑ Notes de M. E.-Z. Massicotte.
- ↑ Notes de M. E.-Z. Massicotte.
- ↑ Notes de M. Pamphile-P.-V. Du Tremblay.
- ↑ À consulter sur le seigneur Lozeau et ses achats de seigneuries, l’Histoire de Nicolet de feu M. l’abbé J.-E. Bellemarre.
- ↑ Histoire de la famille et de la seigneurie de Saint-Ours, vol. 11, p. 424.
- ↑ Le héros de Châteauguay, p. 28.
- ↑ Une vieille seigneurie, Boucherville, p. 316.
- ↑ Notes de M. E.-Z. Massicotte..
- ↑ Le Chien d’or, traduction de Lemay, tome ii, p. 15.
- ↑ À consulter sur ce personnage : Le sieur de Vincennes, fondateur de l’Indiana, et sa famille.
- ↑ Nicolas Le Roy et ses descendants, p. 92.
- ↑ Pour plus amples renseignements sur la seigneurie de Bellechasse ou Berthier-en-bas consulter le Bulletin des Recherches Historiques, vol. XXVII, p. 65.
- ↑ L’Ilet au petit Couillard dont il est question dans les Anciens Canadiens.
- ↑ Nous avons emprunté nos renseignements sur le manoir Couillard à l’excellent ouvrage de M. l’abbé Couillard Després, Histoire des Seigneurs de la Rivière-du-Sud et de leurs alliés canadiens et acadiens.
- ↑ Histoire des familles Têtu, Bonenfant, Dionne et Perreault, p. 554.
- ↑ La famille de Sales Laterrière, p 47.
- ↑ L’entrée du château Bellevue est maintenant sur l’autre façade.
- ↑ À consulter sur l’histoire du Kent House au sault Montmorency, une étude de M. P.-B. Casgrain dans le Bulletin des Recherches Historiques, vol. XIX, p. 3.
- ↑ Notes de Mgr Amédée Gosselin.
- ↑ On trouvera toute l’histoire du Kent House dans le Bulletin des Recherches Historiques, vol. XIX, p. 3.
- ↑ À consulter sur la prétendue maison Montcalm de la rue Saint-Louis, une étude de M. P.-B. Casgrain dans le Bulletin des Recherches Historiques, vol. VIII, p. 329.
- ↑ À consulter pour plus de détails sur la maison de Montcalm, une étude de M. P.-B. Casgrain dans le Bulletin des Recherches Historiques, vol. viii, pp. 225 et 227.
- ↑ À consulter sur la maison des Jésuites et sur la résidence Saint-Joseph, l’ouvrage du chanoine H.-A. Scott, Une paroisse historique de la Nouvelle-France, Notre-Dame-de-Sainte-Foy.
- ↑ À consulter sur le château Bigot une étude de M. F.-X. Maheux dans le Bulletin des Recherches Historiques, vol. IX, p. 194.