Vingt-quatre Sonnets/À une Dame

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Traduction par Francis de Miomandre.
Vingt-quatre SonnetsFrançois Bernouard (p. 38-39).



À une Dame


de Cuenca, à qui il avait porté des lettres d’autres dames de Cordoue, et qui lui en paya le port en lui montrant deux soubrettes à elle, fort laides.


Sont-elles de Tolu, ou sont-elles de Porto-Rico, illustre et très belle Marie, ou sont-elles des montagnes de Bougie, cette farouche guenon et cette difforme macaque ?

Votre balcon est gracieux, je vous assure. Dépouillez-le moi aujourd’hui un peu plus de sa jalousie : que tout Cuenca s’amuse de ces deux singesses, qu’elles montrent aux uns leur queue aux autres leur museau.

Moi, je vous laisserai un perroquet, Madame, puisqu’ici l’on répond si mal aux politesses et aux lettres des personnages importants,

Afin que le bavard vous répète à toute heure que, si l’on doit y avoir de pareilles visions, il vaut mieux, à Cuenca, être aveugle.