Vitam impendere amori

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Vitam impendere amori
Alcools. Suivi de le BestiaireGallimard (p. 185-192).

VITAM IMPENDERE AMORI

L’amour est mort entre tes bras
Te souviens-tu de sa rencontre
Il est mort, tu la referas
Il s’en revient à ta rencontre

Encore un printemps de passé
Je songe à ce qu’il eut de tendre
Adieu saison qui finissez
Vous nous reviendrez aussi tendre


<poem class="verse"> Dans le crépuscule fané Où plusieurs amours se bousculent Ton souvenir gît enchaîné Loin de nos ombres qui reculent

Ô mains qu’enchaîne la mémoire Et brûlantes comme un bûcher Où le dernier des phénix noire Perfection vient se jucher

La chaîne s’use maille à maille Ton souvenir riant de nous S’enfuit l’entends-tu qui nous raille Et je retombe à tes genoux </poem>


<poem class="verse"> Tu n’as pas surpris mon secret Déjà le cortège s’avance Mais il nous reste le regret De n’être pas de connivence

La rose flotte au fil de l’eau Les masques ont passé par bandes Il tremble en moi comme un grelot Ce lourd secret que tu quémandes </poem>


<poem class="verse"> Le soir tombe et dans le jardin Elles racontent des histoires À la nuit qui non sans dédain Répand leurs chevelures noires

Petits enfants petits enfants Vos ailes se sont envolées Mais rose toi qui te défends Perds tes odeurs inégalées

Car voici l’heure du larcin De plumes de fleurs et de tresses Cueillez le jet d’eau du bassin Dont les roses sont les maîtresses </poem>


<poem class="verse"> Tu descendais dans l’eau si claire Je me noyais dans ton regard Le soldat passe elle se penche Se détourne et casse une branche

Tu flottes sur l’onde nocturne La flamme est mon cœur renversé Couleur de l’écaille du peigne Que reflète l’eau qui te baigne </poem>


<poem class="verse"> Ô ma jeunesse abandonnée Comme une guirlande fanée Voici que s’en vient la saison Et des dédains et du soupçon

Le paysage est fait de toiles Il coule un faux fleuve de sang Et sous l’arbre fleuri d’étoiles Un clown est l’unique passant

Un froid rayon poudroie et joue Sur les décors et sur ta joue Un coup de revolver un cri Dans l’ombre un portrait a souri

La vitre du cadre est brisée Un air qu’on ne peut définir Hésite entre son et pensée Entre avenir et souvenir

Ô ma jeunesse abandonnée Comme une guirlande fanée Voici que s’en vient la saison Des regrets et de laraison </poem>