Voyage dans l’intérieur des terres au Canada

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CANADA. — Voyage de découvertes dans l’intérieur des terres — Une expédition, commandée par Le lieutenant Ingall, du quinzième régiment, partit, le 30 juin dernier, de la Forge des trois Rivières, et, remontant le Saint-Maurice jusqu’à la rivière au Rat, elle s’arrêta trois semaines en cet endroit à attendre l’arrivée de M. John Adams, l’ingénieur qui devait l’accompagner. Celui-ci l’ayant enfin rejointe, l’expédition alla explorer une vaste étendue de pays, située sur les derrières du poste de la rivière au Rat où elle espérait trouver de bonnes terres, qu’on disait exister dans cette portion de la province. M. Ingall, quoiqu’en partie trompé dans son attente, reconnut cependant avec plaisir qu’elle renfermait une suite de lacs spacieux et d’une grande beauté.

L’expédition retourna, après une absence de quelques jours, à la rivière au Rat, d’où elle remonta le Saint-Maurice jusqu’à son confluent avec le Vermillion, qu’elle suivit pendant plusieurs jours, jusqu’à des lacs nommés Cou-coucache, qui versent leurs eaux dans le Saint-Maurice, à 45 milles environ au-dessus de sa jonction avec le Vermillion. L’expédition reprit alors la route du Saint-Maurice, jusqu’à un poste de la compagnie de la baie d’Hudson, appelé Wemontachinque, qui est à 200 ou 300 milles des Trois Rivières, et à six journées de marche de la baie d’Hudson. Le Saint-Maurice prend sa source dans le voisinage.

Nos voyageurs ayant quitté Wemontachinque, remontèrent une petite rivière qui les conduisit à de vastes et beaux lacs, dont ils firent le tour. Un de ces amas d’eau, qui reçut le nom de Kempt, en l’honneur du gouverneur de la province, était si considérable, qu’ils mirent neuf ou dix jours à en parcourir la circonférence.

Au sortir de ces lacs, dont la reconnaissance avait occupé l’expédition l’espace de plusieurs semaines, elle descendit la rivière aux Lièvres durant quelques jours, et s’avança jusqu’à un autre poste que la compagnie de la baie d’Hudson a établi sur le bord du lac au Sable, à 80 milles de la rivière d’Ottawa.

La partie supérieure du cours de la rivière aux Lièvres est interrompue à chaque instant par des chutes plus ou moins élevées, où le bateau de l’expédition faillit plusieurs fois se perdre. Elle essuya des pluies et des tempêtes continuelles sur les lacs, et, de temps en temps, il tombait de la neige. Le thermomètre marquait ordinairement, pendant la nuit, de 5 à 10 degrés au-dessous de zéro. Les voyageurs souffrirent considérablement du manque de vivres dans le trajet au lac au Sable. De là, ils descendirent l’Ottawa jusqu’à Montréal, où ils arrivèrent le 22 octobre, après une absence de quatre mois.

On prépare en ce moment le journal et une carte exacte et scientifique de l’itinéraire de l’expédition. Les échantillons des diverses espèces de roches et de terres qu’elle a rapportés, ainsi qu’une collection d’insectes, de reptiles et de plantes sont destinés à l’institution de Montréal, et au cabinet de la société littéraire et historique de Québec.

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