Voyage en Asie (Duret 1871)/Inde/19

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Michel Lévy (p. 358-360).


XIX

BOMBAY


La prospérité de Bombay due au développement de la culture du coton. — Le coton. — Départ de Bombay et retour en Europe.
Décembre 1872.


Bombay est une grande ville, très-riche et très-commerçante, qui compte aujourd’hui six cent mille habitants. Sa prospérité repose entièrement sur le coton. L’Inde, avant la guerre de la sécession d’Amérique, n’exportait qu’une quantité restreinte de coton d’assez mauvaise qualité. Sous le coup de la disette de coton amenée en Europe par la guerre, les Anglais donnèrent à la culture du coton dans l’Inde une vigoureuse impulsion. Les qualités furent partout améliorées, la quantité prodigieusement augmentée, et telle est la consommation de coton qui se fait aujourd’hui dans le monde, que quoique, depuis, l’Amérique ait repris l’importance de sa production première, l’Inde n’en continue pas moins à écouler les quantités accrues qu’elle s’est mise à produire. Le coton se récolte dans un vaste demi-cercle autour de Bombay ; du nord vient le Dhollera, le Surat ; du centre, l’Omrawati, qui est la meilleure qualité ; du midi, le Dharwar.

A Bombay, tout repose sur le coton, tout existe pour lui : les négociants qui l’achètent, les industriels qui le pressent et l’emballent, les navires qui l’emportent. Vous devez tout de suite apprendre les termes du métier et les prix, on vous enseigne à juger des qualités à la longueur des soies. Ici on vit dans le coton. On en rêve la nuit. On finit par être étonné de ne pas se trouver changé le matin en balle de coton.

Cependant il convient de tourner court et de prendre congé, car à Bombay notre voyage d’Asie est véritablement terminé. Bombay est aujourd’hui à la porte de l’Europe ; depuis le canal de Suez, les bateaux à vapeur partis d’Europe arrivent à Bombay en une vingtaine de jours. Il en arrive et il en part presque tous les jours. D’ici on va en Europe et on en revient pour un rien et sans y penser ; ce n’est plus qu’un saut. Nous ne parlerons donc pas du parcours qui nous reste à faire pour achever le tour de notre petite boule et rentrer au logis. Nous tirons notre révérence au lecteur en mettant le pied sur le Peking, de la Compagnie péninsulaire, qui part pour Suez ce soir, 30 décembre 1872.



FIN