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Voyage en Italie (Chateaubriand) — éd. Garnier, 1861/Baïes

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Garnier frères (Œuvres complètes, tome 6p. 304).

BAÏES.

9 janvier.

Vue du haut de Monte-Nuovo : culture au fond de l’entonnoir ; myrtes et élégantes bruyères.

Lac Averne : il est de forme circulaire, et enfoncé dans un bassin de montagnes ; ses bords sont parés de vignes à haute tige. L’antre de la Sibylle est placé vers le midi, dans le flanc des falaises, auprès d’un bois. J’ai entendu chanter les oiseaux, et je les ai vus voler autour de l’antre, malgré les vers de Virgile :

Quam super haud ullæ poterant impune volantes
Tendere iter pennis..........

Quant au rameau d’or, toutes les colombes du monde me l’auroient montré, que je n’aurois su le cueillir.

Le lac Averne communiquoit au lac Lucrin : restes de ce dernier lac dans la mer ; restes du pont Julia.

On s’embarque, et l’on suit la digue jusqu’aux bains de Néron. J’ai fait cuire des œufs dans le Phlégéton. Rembarqué en sortant des mains de Néron ; tourné le promontoire : sur une côte abandonnée gisent, battues par les flots, les ruines d’une multitude de bains et de villa romaines. Temples de Vénus, de Mercure, de Diane ; tombeaux d’Agrippine, etc. Baïes fut l’Élysée de Virgile et l’Enfer de Tacite.