Voyages, aventures et combats/Tome 2 - Chapitre 7

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Alphonse Lebègue, Imprimeur-éditeur (Tomes 1 & 2p. 65-75).

VII

L’absence de l’interprète Carvalho dura près d’un quart d’heure, et nous allions, mes deux matelots et moi, nous mettre à sa recherche ou à sa poursuite, lorsque nous le vîmes enfin revenir   ; il avait l’air profondément abattu.

—  Ah   ! seigneuries, s’écria-t-il d’un ton lamentable, notre position devient de plus en plus critique   ! Pendant que je causais tout à l’heure avec vous de nouveaux malheurs sont survenus à votre suite   : trois hommes ont encore été mordus par des serpents, deux saisis par les caïmans, et un, en glissant, s’est cassé la jambe. De vos dix Malgaches, il n’en reste donc plus que deux de valides. Il est impossible, vous le voyez, que nous continuions notre chemin.

Ces malheurs si subits étaient réellement par trop invraisemblables pour que je pusse y ajouter foi un seul instant   ; je fis donc un signe convenu entre nous à mes matelots, et aussitôt François Poiré et Bernard s’élançant le premier à la gorge du Portugais, et le second le saisissant à bras-le-corps, le terrassèrent à mes pieds.

Cette agression avait été si rapide, si imprévue, que le Portugais en fut frappé de stupeur et d’effroi.

—  Carvalho, lui dis-je, ta dernière heure est arrivée… je vais te brûler la cervelle   !

—  Ah   ! grâce, seigneurie   ! s’écria-t-il en proie à une frayeur extrême… ne me tuez pas, et je ferai tout ce que vous m’ordonnerez.

— Il est trop tard, tu dois mourir ! Et puis, à quoi pourrais-tu nous être utile maintenant que notre escorte se trouve réduite à deux hommes ? … — Arrêtez !… mais, seigneurie… écoutez-moi un moment, je vous en conjure… Les hommes mordus par les serpents l’ont été si légèrement qu’à vrai dire cela ne vaut pas la peine d’en parler…

— Et ceux saisis par les caïmans ?

— Oh ! quant à ceux-là, seigneurie, c’est inutile d’en parler… ils ont été si peu saisis…

— Et celui qui s’est cassé la jambe ?…

— Oui, c’est vrai, il le croyait d’abord… mais il n’en était rien… il peut courir encore, malgré son accident, aussi vite qu’un chevreuil…

— Alors, je vois avec joie que des dix hommes de notre suite, pas un seul n’est ni blessé ni estropié, et que tous peuvent se remettre en route…

— Certainement, seigneurie ! ils ne demandent pas autre chose. Si vous daignez me laisser libre, je vais aller les avertir que vous voulez bien permettre que nous nous mettions tout de suite en marche. Cette nouvelle leur fera grand plaisir !

— Je suis réellement trop bon de te pardonner aussi facilement que je le fais tes mensonges… Relève-toi et va rejoindre ton escorte ; mais n’oublie point une chose, c’est que le matelot Bernard va te suivre à distance, et que s’il remarque de ta part, pendant que tu parleras aux Malgaches, le moindre signe de connivence avec eux ou de trahison pour nous, il t’enverra les deux balles que renferme le canon de son fusil ! Or, Bernard ne manque jamais une hirondelle à cent pas. Te voilà averti ; agis à présent comme bon te semblera !… Bernard, continuai-je lorsque le Portugais se fut relevé, suis cet homme en le tenant toujours en joue, et au premier soupçon que t’inspirera sa conduite, feu sur lui !

— Convenu, lieutenant, vous pouvez compter sur moi.

Le traître Carvalho ne put dissimuler, en m’entendant donner cet ordre, une piteuse grimace ; toutefois je jugeai, en voyant son effroi, qu’il ne songeait plus pour le moment à nous trahir.

En effet, un quart d’heure plus tard, il revenait nous annoncer, toujours accompagné par Bernard qui s’était fait son ombre, que nos porteurs nous suivaient et que nous pouvions nous remettre en route.

— Très bien, lui dis-je. À présent, veuillez marcher en avant et nous montrer le chemin.

Grâce à cette sage précaution qui ne permit plus au Portugais de communiquer avec notre suite, l’ordre se rétablit de lui-même, et aucun incident ne troubla plus la fin de la journée. Il était fort tard lorsque nous arrivâmes à notre première étape. Nous nous couchâmes par terre, nos armes placées à portée de notre main, et il fut convenu que chacun de nous veillerait à tour de rôle pendant deux heures. Carvalho, que nous avions placé au milieu de nous, comprenant, en présence de cette précaution, qu’il n’y avait rien à faire, s’endormit d’un profond sommeil.

Le lendemain, nous arrivâmes d’assez bonne heure dans la vice-royauté où nous avions été si bien reçus lors de notre passage. Le vice-roi, de même que la première fois, vint à notre rencontre et nous accueillit avec tous les témoignages d’une expansive amitié : il nous emmena en triomphe dans sa paillote, où nous retrouvâmes sa femme, la belle amboulame, qui nous attendait.

Après avoir pris le repas qu’il nous fit préparer, nous voulûmes nous remettre en route ; mais Sa Majesté s’y opposa en nous disant que cela contrarierait sa femme. Quel que fût mon désir d’arriver à Mazangaïe, je dus me rendre à ses instances ; d’autant plus surtout qu’il nous déclara que si nous repoussions sa prière, il ne nous prêterait plus sa pirogue pour traverser la lagune qui nous séparait du port. Or, cette lagune ayant, je l’ai déjà dit, près de cinq lieues et étant bordée de forêts impénétrables et de montagnes escarpées, que l’on juge de notre position si nous nous fussions trouvés abandonnés à nos propres ressources et sans pirogue.

Toutefois, il nous restait encore un grave écueil à éviter, c’est-à-dire la tendresse que la reine semblait éprouver pour nous : je dis pour nous, car la trop sensible amboulame, qui, la première fois, m’avait seul comblé de prévenances, partageait alors ses attentions et ses provocations entre François Poiré et moi.

Je tremblais à chaque instant que son royal époux ne s’aperçût du trouble que nous apportions dans son ménage et qu’il n’en fit retomber la responsabilité sur nous. Heureusement mes craintes furent vaines. Soit qu’il comptât tellement sur la vertu de sa femme qu’un soupçon ne pût lui venir à l’esprit, soit qu’il fût flatté intérieurement de l’émotion que nous causait la vue des charmes de la délicieuse amboulame ; soit enfin, et j’ai de fortes raisons pour m’arrêter à cette dernière supposition, qu’un usage du pays veuille que l’hospitalité atteigne jusqu’à ses dernières limites : toujours est-il que plus la vice-reine nous accablait de prévenances et plus l’amitié de son royal époux augmentait pour nous.

L’interprète Carvalho, en voyant les bienveillantes dispositions du vice-roi à notre égard, vint me supplier, avec des larmes dans les yeux, de ne pas mentionner les incidents de notre voyage, c’est-à-dire les morsures de serpents et les attaques fabuleuses et extraordinaires de tigres et de caïmans qui un moment avaient entravé, d’une façon si inattendue, notre voyage. J’étais certes porté, surtout en présence de la charmante hospitalité que nous recevions, à l’indulgence ; mais je réfléchis que trop de bonté de ma part aurait pour résultat certain de redoubler l’impudence du Portugais et de lui rendre toutes ses idées de trahison, et je fus inflexible.

J’appris donc au vice-roi, et cela par le moyen de Carvalho lui-même, qui, placé sous le poids de mon regard, n’osait dénaturer par trop le récit qu’il était obligé de traduire, les ennuis que nous avions eus à subir et les sujets de plaintes que m’avait donnés ma suite.

Jamais je n’oublierai la piteuse grimace et la pâleur cadavérique que refléta le visage de l’interprète, lorsque, se tournant vers moi, il me dit :

— Le vice-roi demande, seigneurie, si vous voulez que nous soyons zagayés ou bien que l’on nous livre aux caïmans ?

— Répondez à votre vice-roi que s’il veut bien vous faire administrer à chacun vingt coups de bâtons, cela suffira.

Je ne pus mettre cette fois en doute la loyauté, un peu forcée il est vrai, du Portugais, car le vice-roi, appelant plusieurs de ses gardes le fit saisir tout de suite. Cinq minutes plus tard, un discordant concert de plaintes criardes et de gémissements plaintifs et douloureux me prouvait que le seigneur Carvalho et notre suite recevaient la récompense de la belle conduite. Reconnaissant du service que nous rendait si obligeamment l’excellent vice-roi, je redoublai d’attentions et de prévenances auprès de sa femme : François Poiré fut distancé.

Le lendemain matin au point du jour, nous nous remîmes en route, ou, pour être plus exact, nous montâmes dans cette excellente et douce pirogue qui déjà la première fois nous avait transportés si agréablement de l’autre côté de la lagune ; nos fatigues étaient passées, encore quelques heures d’une délicieuse navigation et nous allions atteindre Mazangaïe.

Nos adieux à la reine furent touchants ; elle pleura beaucoup, et son mari fit de son mieux pour modérer sa douleur. Enfin entre une poignée de main et un sanglot nous nous séparâmes.

Depuis que le seigneur Carvalho avait reçu le prix de son dévouement, il ne pouvait cacher l’estime que je lui inspirais ; car, c’est, hélas ! une observation que j’ai été mille fois à même de faire : chez les peuples peu civilisés, la clémence passe toujours pour de la faiblesse ou de l’impuissance ; tandis qu’ils regardent la sévérité et la violence comme un signe de supériorité !

Je profitai donc de la haute opinion que les vingt coups de bâton avaient donnée de ma personne au Portugais pour l’interroger sur les Anglais qui, ainsi que nous l’avions appris par le langage de nos danseuses avaient dû visiter avant nous le royaume de Bombetoc.

Carvalho m’apprit qu’en effet, quinze jours environ avant son arrivée, un navire de guerre anglais la Victoire (the Victory), avait relâché à Manzangaïe ; qu’une partie de l’équipage de ce bâtiment s’était rendue auprès de la reine de Bombetoc en ambassade, et lui avait apporté un riche présent dont faisaient justement partie ces mêmes pièces de soierie que l’on m’avait présentées, et dont je devais rapporter une cargaison semblable ; que lui Carvalho avait aussi servi d’interprète aux Anglais, et que ceux-ci s’étaient beaucoup étendus auprès de la reine sur le peu de loyauté de la France, l’avertissant que si jamais elle traitait avec des gens de cette nation, elle pouvait être assurée qu’ils abuseraient de sa bonne foi, et ne tiendraient pas leurs promesses ; que du reste, s’ils la menaçaient, elle n’avait pas à s’inquiéter de cela, car si jamais les Français osaient s’attaquer à sa puissance, eux, les Anglais, accourraient tout de suite à son secours, et que quelques coups de canon leur suffiraient pour mettre ces indignes trompeurs en fuite.

— Et comment se fait-il, Carvalho, lui dis-je, que tu ne m’aies rien dit de tout cela jusqu’à ce jour ?

— Ah ! mon Dieu, seigneurie, me répondit-il en se frottant les côtes, c’est que je n’avais pas pu encore vous apprécier suffisamment !

Cette révélation de l’interprète, qui m’expliquait la mauvaise issue de mon ambassade, me causa un sensible plaisir, car elle me mettait à même de répondre aux reproches que le capitaine Cousinerie pourrait m’adresser sur mes talents diplomatiques.

Comme, grâce à l’hospitalité forcée du mari de la belle amboulame, notre retour s’était opéré en trois jours au lieu de deux, nous arrivâmes de fort bonne heure à Mazangaïe. Ce ne fut pas sans un certain plaisir que j’aperçus en touchant à terre le pavillon de la goélette le Mathurin flotter au vent. À peine avais-je fait quelques pas que je rencontrai le capitaine Cousinerie et une partie de l’équipage ; un hourra accueillit mon arrivée, et chacun se pressa autour de François Poiré, de Bernard et de moi, en nous accablant de questions.

Je racontai en peu de mots mon entrevue avec la reine de Bombetoc, le refus que j’avais éprouvé de sa part, la mauvaise réception qu’elle m’avait faite, enfin l’arrivée à Bombetoc avant nous d’une ambassade anglaise.

— Satanés Anglais ! s’écria Cousinerie, ils savent se fourrer partout, et trouvent toujours le moyen d’arriver les premiers… Enfin, n’importe ! nous avons accompli notre mission en proposant à la royale culotteuse de pipes un traité de commerce ; nous rapportons en outre des détails précis et certains ; notre honneur est sauf, et le commerce de l’île de France, ainsi que le général Malartic, n’auront rien à nous reprocher. Quant à la permission de la moricaude, au sujet de l’embarquement de notre cargaison, je m’en moque. Le vice-roi de Mazangaïe, gris comme un templier depuis quatre jours, ne voit plus et ne parle plus que par moi. Il m’adore et a voulu me percer le bras… histoire de devenir mon frère ! La cargaison est à présent à bord et nous mettons ce soir à la voile. À présent, si la reine de Bombetoc s’en prend à son vice-roi, ça m’est parfaitement indifférent. Si ce gredin ne se trouvait pas dans les vignes du Seigneur et qu’il tînt sa barre droite, ce serait le plus mauvais chenapan du monde. En attendant, il a réuni tous ses vassaux et nous donne une fête monstre. Aussi jusqu’à ce soir toutes voiles au vent et branle-bas général de plaisir !

Le capitaine disait vrai ; j’arrivais juste à temps pour assister à la magnifique fête d’adieu que nous donnait le royal buveur d’arack. Un quart d’heure plus tard, je parvenais avec l’équipage au sommet d’une colline qui dominait une vaste plaine située derrière le village de Mazangaïe, et nous prenions place sous des tentes immenses fermées à la hâte avec des pagnes de toutes les couleurs. Notre regard s’étendait d’un côté sur la lagune qui dormait à nos pieds et sur la plaine ; de l’autre sur la rade et l’océan sans fin !

D’abord les joutes pour le jet de la zagaie, qui consistent à percer à trente ou quarante pas un bouclier suspendu à un arbre, attirèrent notre attention et durèrent près d’une heure.

À la suite de ces joutes qui nous divertirent, le premier moment de la curiosité passé, fort médiocrement, vinrent des combats de taureaux ; mais des combats comme l’on n’en a vu ni à Cadix, ni à Madrid, ni à Séville ! Quelque chose de grandiose et de barbare, de sauvage et de sublime tout à la fois !

À Mazangaïe, il n’y avait ni retraites pour soustraire le toréador trop vivement poursuivi, à la fureur de son ennemi, ni muletas rouges, ni banderillas enflammées pour exciter le taureau.

Le premier Malgache venu, armé d’une zagaie et d’une hache, sortait de la foule et s’avançait en courant vers un troupeau de taureaux sauvages, aux cornes menaçantes, aux narines gonflées par la colère, aux jarrets nerveux ; puis, après un moment de rapide examen, le Malgache choisissant sa victime, c’est-à-dire l’animal qui lui semblait le plus robuste et le plus méchant, commençait le combat en lui lançant sa zagaie.

Alors il fallait voir la lutte s’engager ! Le taureau blessé s’élançait avec une sauvage impétuosité sur son agresseur à moitié désarmé, car le Malgache lui laissait pendue au flanc sa zagaie, et le poursuivait, en hurlant de douleur, avec une ténacité pleine de rage. Le Malgache, l’œil brillant de joie et le sourire sur ses lèvres, adroit comme un singe, leste comme un écureuil, tantôt glissant à côté de l’animal, stupéfait de ne rencontrer que l’air avec ses cornes, tantôt posant son pied sur son large front au moment où il baissait la tête, faisait un saut de quinze pieds par-dessus lui et retombait sur les pieds avec une souplesse de tigre.

Peu à peu cependant l’enfant de Madagascar, s’animant à ces jeux sanglants, cessait de sourire : son regard prenait une expression de férocité inouïe, et il commençait sérieusement le combat. Tournoyant en agitant sa hache, qui semblait, en reflétant les rayons du soleil, lancer des éclairs, il finissait, le moment favorable venu, par se jeter, en poussant un cri rauque et guttural, sur son formidable ennemi, qui tout à coup chancelait et tombait, comme s’il eût été foudroyé : le Malgache lui avait coupé les deux jarrets de derrière.

C’était alors un triste spectacle que de voir ce pauvre taureau, si beau naguère dans sa fureur, se traîner alors péniblement, en laissant après lui une longue trace de sang, et faire retentir de ses beuglements plaintifs les échos d’alentour ; mais le Malgache implacable se jetait à la poursuite, et lui fendait bientôt le crâne d’un nouveau coup de hache.

Plus de trente taureaux avaient été immolés, et nous espérions, car ce carnage, que nous contemplions à froid et sans participer à l’animation et aux dangers de la lutte, avait fini par nous causer un profond dégoût ; nous espérions, dis-je, que les courses étaient terminées, lorsque nous vîmes tout à coup une jeune et fort jolie Malgache, âgée à peine de vingt ans, s’avancer à son tour pour combattre. Un Malgache, son amant ou son mari sans doute, l’accompagnait.

Je ne puis dire l’émotion que ce spectacle, auquel j’étais si loin de m’attendre, me causa.

La jeune fille, après avoir choisi son ennemi, lui lança, en accompagnant cette action d’un joyeux rire, sa zagaie en plein corps. L’animal, touché au milieu de la poitrine, poussa un long beuglement plein de rage, et se précipita sur la fière et jolie imprudente, qui, sans se laisser intimider par cet élan, auquel, du reste, elle devait s’attendre, se mit à bondir avec une grâce et une légèreté de biche autour du monstre rugissant. Le Malgache suivait avec attention la jeune fille dans tous ses mouvements.

Cette joute, qui nous serrait le cœur, se prolongea assez longtemps ; la jolie enfant, excitée par quelques paroles d’encouragement ou de reproche que lui adressa son amant, s’élança enfin intrépidement sur le taureau en faisant tournoyer sa hache ! Soit qu’à ce moment suprême le courage lui fit faute, soit qu’elle manquât d’expérience ou qu’elle eût mal pris ses mesures : toujours est-il qu’elle effleura à peine de sa hache le col nerveux du monstre qui, la saisissant avec ses cornes affilées, l’envoya voler dans les airs à plus de vingt pieds de hauteur ! Deux fois la pauvre enfant, sur le point de retomber à terre, fut rattrapée au vol et lancée de nouveau dans l’espace par le taureau en fureur !… Je ne puis dire l’horreur et l’émotion que me causa cet affreux événement, que les indigènes accueillirent par des applaudissements frénétiques.

Quant au Malgache qui avait tout le temps accompagné et excité la jeune fille, il ne tarda pas à la venger en tuant le taureau.

Toutefois, après sa victoire, au lieu d’essayer, ce qui eût été, hélas ! superflu, de secourir la pauvre enfant, il se contenta, en passant auprès de son cadavre, de lever les épaules d’un air de pitié et de dédain, comme pour lui reprocher sa maladresse ; puis il continua tranquillement son chemin, sans retourner une seule fois la tête, sans adresser un dernier regard et un dernier adieu à celle qu’il avait peut-être aimée, et dont, à coup sûr, il venait de causer la mort !