Voyages (Ibn Battuta, Sanguinetti)/Conclusion

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Traduction par Defrémery et Sanguinetti.
Imprimerie nationale (Tome quatrièmep. 449-451).

Ibn Djozay dit : « Voilà la un de ce que j’ai rédigé, d’après l’écrit du cheikh Aboû’Abd Allah, Mohammed, fils de Bathoûthah (que Dieu l’honore !). Aucun homme intelligent ne méconnaîtra que ce cheikh ne soit le voyageur de l’époque. Celui qui dirait : « C’est le voyageur de cette religion ou de « cette nation musulmane », n’exagérerait pas. Notre cheikh, qui a pris le monde entier pour but de ses voyages, n’a choisi la capitale Fez pour demeure et pour patrie, après l’immense longueur de ses pérégrinations, que parce qu’il s’est bien assuré que notre maître (que Dieu l’assiste !) est le plus grand des rois de l’univers, celui qui possède le plus de mérites, qui multiplie le plus les bienfaits, qui a le plus de sollicitude pour ceux qui viennent le visiter, et qui donne le plus de protection aux personnages qui se consacrent à l’étude de la science.

« Il convient qu’un homme comme moi loue le Dieu très-haut, pour la grâce qu’il lui a faite dans sa jeunesse et dès le commencement de son émigraiion, de venir demeurer dans cette même capitale, que notre cheïkh n’a choisie qu’à la suite d’un voyage de vingt-cinq années. C’est là, en effet, une faveur inestimable, et que l’on ne saurait suffisamment payer de reconnaissance. Que le Dieu très-haut nous accorde son aide dans le service de notre maître le commandant des fidèles, qu’il fasse durer sur nous l’ombre de la protection, de la miséricorde de ce souverain, et qu’il le rétribue pour nous, qui ne sommes qu’une réunion d’étrangers dévoués à notre maître, de la plus illustre récompense que les bienfaiteurs puissent désirer !

« Ô Dieu ! puisque tu as élevé notre maître au-dessus des autres rois, au moyen de deux mérites, la science et la piété ; puisque tu l’as distingué par une grande douceur et par une intelligence solide, répands aussi sur son royaume les causes de la vigueur et de la puissance (littéral, allonge, pour son royaume, les cordes, etc.) ; fais-lui connaître les bienfaits du secours sublime et de la victoire éclatante ! Ô Dieu ! ô le plus miséricordieux des miséricordieux ! conserve l’empire dans la postérité de notre souverain, jusqu’au jour du dernier jugement ; réjouis-le dans sa personne, dans ses enfants, dans son royaume et dans ses sujets !

« Que la bénédiction de Dieu et le salut soient sur notre seigneur, notre maître, notre prophète Mahomet, qui est le sceau, ou le plus excellent des prophètes, et le chef des envoyés ! Louange à Dieu, maître des créatures !

« La transcription de cet ouvrage a été achevée dans le mois de safar de l’année 757 de l’hégire (février 1356 de J. C.). Que Dieu rétribue celui qui le copiera ! »


FIN DU TOME QUATRIÈME ET DERNIER.