Voyez comme tout change (hé, qui l’eust esperé!)
Apparence
Voyez comme tout change (hé, qui l’eust esperé!)
XLVIII
Voyez comme tout change (hé, qui l’eust esperé !)
Vous me souliez donner, maintenant je vous donne
Des bouquets et des fleurs : amour vous abandonne,
Qui seul dedans mon cœur est ferme demeuré.
Des Dames le vouloir n’est jamais mesuré,
Qui d’une extrême ardeur tantost se passionne,
Tantost une froideur extrême l’environne,
Sans avoir un milieu longuement asseuré.
Voilà comme Fortune en se jouant m’abaisse.
Vostre plus grande gloire un temps fut de m’aimer :
Maintenant je vous aime, et languis de tristesse,
Et me voy sans raison de douleur consumer.
Dieu pour punir l’orgueil commet une Déesse :
Vous la cognoissez bien, je n’ose la nommer.