Vues Scripturaires sur la Question des Anciens/I
I.
On a de la peine à croire que les plus précieuses vérités, des vérités qui, reçues de Dieu, sont une source de joie et de bénédiction pour nos âmes, produisent de la controverse et des combats pénibles.
Il faut en prendre son parti.
Ce sont précisément ces vérités-là dont la dissémination rencontre toute l’inimitié de la chair, et toutes les préventions des âmes habituées aux choses qui ne peuvent subsister en présence de ces vérités.
Je vais occuper mon lecteur d’une nouvelle phase de la controverse à laquelle le témoignage de Dieu, dans ces derniers jours, a donné lieu.
Il est vrai que les points fondamentaux ont été assez discutés ; mais, la vérité ayant fait un progrès immense, ceux qui s’y opposent changent complétement le terrain sur lequel le combat est engagé[1]. Il faut donc répondre à ces nouvelles attaques dirigées contre la vérité, et à de nouveaux raisonnements destinés à la défense de l’erreur.
Dans le cas qui nous occupe maintenant, la défense de l’ancien ordre de choses a été entièrement abandonnée. On a abandonné, comme n’étant pas selon la Parole de Dieu, la plupart des choses qui, depuis longtemps, étaient en butte à diverses attaques ; et non seulement on les abandonne, mais on les signale avec force comme mauvaises. Ceux qui, depuis plusieurs années, ont rendu témoignage contre ces choses, en parlent avec plus de calme.
Selon nos adversaires actuels, le clergé est du Diable[2].
Selon eux, encore, l’unité visible de l’Église est perdue.
Voilà, du moins, bien du terrain gagné. On aurait pu croire la controverse terminée.
Non. On ne reçoit pas toujours la vérité, même lorsque l’on est réduit à confesser que l’on est dans l’erreur. Il n’y a de changé que le terrain du combat. Et, en se transportant sur un terrain nouveau, on cherche par là à rendre inutile une partie de ce qui a été écrit sur ces matières. Comme on ne justifie plus l’ordre de choses actuel, les attaques dirigées contre lui sont maintenant, disent-ils, un hors-d’œuvre. Mais constatons bien le fait. Si on ne le justifie plus, c’est parce que l’on a accepté les conclusions de ceux qui ont rendu ce témoignage.
Les a-t-on acceptées au fond de la conscience devant Dieu, pour se placer humblement dans la position qui découle de l’admission de ces principes ? Hélas ! nullement. On se borne à dire que, depuis les premiers siècles, il est vrai, tout a été corrompu ; que l’ordre établi de Dieu a été abandonné, et que l’ordre de choses qui en est résulté est du Diable. Il est vrai, dit-on encore, que l’unité visible de l’Église a été détruite ; mais on ajoute : Je peux la rétablir tout aussi bien que les Apôtres ; et ceux qui ne se soumettent pas à ce que j’ai établi, sont les ennemis de l’unité de l’Église.
Les faits sont admis par l’intelligence, pour donner lieu à l’action prétentieuse de la volonté de l’homme. La vérité n’a pas pénétré dans la conscience, pour la placer dans l’humiliation devant Dieu.
- ↑ Le fond de la question n’est pas nouveau. Il s’agit du principe de M. Rochat quant à l’établissement des Anciens. Ce qu’il y a de nouveau, c’est qu’à côté de cela on veut une église plus ou moins de multitude. La conséquence en est que l’on met indirectement la discipline de côté, et que, tout en cherchant à se conserver une position cléricale, il y a de l’irritation contre la véritable église de multitude et contre le vrai clergé, qui d’avance a franchement occupé le terrain.
- ↑ C’est ce que l’auteur de la brochure : Faut-il établir des Anciens ? a hautement déclaré et professé devant un grand nombre de témoins, pour se servir de ce point de départ dans les raisonnements par lesquels il a attaqué moins les principes scripturaires des frères qui assistaient à la conférence, que les écrits publiés pour les expliquer et les soutenir.