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Vénus physique/page 1

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PREMIERE PARTIE, Chapitres I - IV
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VENUS
PHYSIQUE


PREMIERE PARTIE
Sur l’origine des animaux.



CHAPITRE PREMIER

Exposition de cet Ouvrage


Nous n’avons reçu que depuis peu de temps une vie que nous allons perdre. Placés entre deux instans, dont l’un nous a vus naître, l’autre nous va voir mourir, nous tâchons en vain d’étendre notre être au-delà de ces deux termes : nous serions plus sages, si nous ne nous appliquions qu’à en bien remplir l’intervalle.

Ne pouvant rendre plus long le temps de notre vie, l’amour propre et la curiosité veulent y suppléer, en nous appropriant les temps qui viendront lorsque nous ne serons plus, et ceux qui s’écouloient lorsque nous n’étions pas encore. Vain espoir ! auquel se joint une nouvelle illusion : nous nous imaginons que l’un de ces temps nous appartient plus que l’autre. Peu curieux sur le passé, nous interrogeons avec avidité ceux qui nous promettent de nous apprendre quelque chose de l’avenir.

Les hommes se sont plus facilement persuadés qu’après leur mort ils dévoient comparoître au tribunal d’un Rhadamante, qu’ils ne croiroient qu’avant leur naissance ils auroient combattu contre Ménélas au siege de Troye.[1]

Cependant l’obscurité est la même sur l’avenir et sur le passé : et si l’on regarde les choses avec une tranquillité philosophique, l’intérêt devroit être le même aussi : il est aussi peu raisonnable d’être fâché de mourir trop tôt, qu’il seroit ridicule de se plaindre d’être né trop tard.

Sans les lumieres de la Religion, par rapport à notre être, ce temps où nous n’avons pas vécu, et celui où nous ne vivrons plus, sont deux abymes impénétrables, et dont les plus grands Philosophes n’ont pas plus percé les ténebres que le peuple le plus grossier.

Ce n’est donc point en Métaphysicien que je veux toucher à ces questions, ce n’est qu’en Naturaliste. Je laisse à des esprits plus sublimes à vous dire, s’ils peuvent, ce que c’est que votre ame, quand et comment elle est venue vous éclairer. Je tâcherai seulement de vous faire connoître l’origine de votre corps, et les différens états par lesquels vous avez passé avant que d’être dans l’état où vous êtes. Ne vous fâchez pas si je vous dis que vous avez été un ver ou un œuf, ou une espece de boue : mais ne croyez pas non plus tout perdu, lorsque vous perdrez cette forme que vous avez maintenant ; et que ce corps, qui charme tout le monde, sera réduit en poussiere.

Neuf mois après qu’une femme s’est livrée au plaisir qui perpétue le genre humain, elle met au jour une petite créature qui ne differe de l’homme que par la différente proportion et la foiblesse de ses parties. Dans les femmes mortes avant ce terme, on trouve l’enfant enveloppé d’une double membrane, attaché par un cordon au ventre de la mere.

Plus le temps auquel l’enfant devoit naître est éloigné, plus sa grandeur et sa figure s’écartent de celle de l’homme. Sept ou huit mois avant on découvre dans l’embryon la figure humaine : et les meres attentives sentent qu’il a déjà quelque mouvement.

Auparavant ce n’est qu’une matiere informe. La jeune épouse y fait trouver à un vieux mari des marques de sa tendresse, et découvrir un héritier dont un accident fatal l’a privé : les parens d’une fille n’y voient qu’un amas de sang et de lymphe qui causoit l’état de langueur où elle étoit depuis quelque temps.

Est-ce là le premier terme de notre origine ? Comment cet enfant qui se trouve dans le sein de sa mere s’y est-il formé ? D’où est-il venu ? Est-ce là un mystere impénétrable, ou les observations des Physiciens y peuvent-elles répandre quelque lumiere ?

Je vais vous expliquer les différens systêmes qui ont partagé les Philosophes sur la maniere dont se fait la génération. Je ne dirai rien qui doive alarmer votre pudeur : mais il ne faut pas que des préjugés ridicules répandent un air d’indécence sur un sujet qui n’en comporte aucune par lui-même. La séduction, le parjure, la jalousie, ou la superstition, ne doivent pas déshonorer l’action la plus importante de l’humanité, si quelquefois elles la précedent ou la suivent.

L’homme est dans une mélancolie qui lui rend tout insipide jusqu’au moment où il trouve la personne qui doit faire son bonheur. Il la voit : tout s’embellit à ses yeux : il respire un air plus doux et plus pur ; la solitude l’entretient dans l’idée de l’objet aimé ; il trouve dans la multitude de quoi s’applaudir continuellement de son choix ; toute la Nature sert ce qu’il aime : il sent une nouvelle ardeur pour tout ce qu’il entreprend ; tout lui promet d’heureux succès. Celle qui l’a charmé s’enflamme du même feu dont il brûle : elle se rend, elle se livre à ses transports ; et l’amant heureux parcourt avec rapidité toutes les beautés qui l’ont ébloui : il est déjà parvenu à l’endroit le plus délicieux… Ah malheureux, qu’un couteau mortel a privé de la connoissance de cet état ! le ciseau qui eût tranché le fil de vos jours vous eût été moins funeste. En vain vous habitez de vastes palais, vous vous promenez dans des jardins délicieux, vous possédez tous les trésors de l’Asie ; le dernier de vos esclaves qui peut goûter ces plaisirs est plus heureux que vous. Mais vous que la cruelle avarice de vos parens a sacrifiés au luxe des Rois, tristes ombres qui n’êtes plus que des voix, gémissez, pleurez vos malheurs, mais ne chantez jamais l’amour.

C’est cet instant marqué par tant de délices qui donne l’être à une nouvelle créature, qui pourra comprendre les choses les plus sublimes, et, ce qui est bien au-dessus, qui pourra goûter les mêmes plaisirs.

Mais comment expliquerai-je cette formation ? Comment décrirai-je ces lieux qui font la premiere demeure de l’homme ? Comment ce séjour enchanté va-t-il être changé en une obscure prison habitée par un embryon informe et insensible ? Comment la cause de tant de plaisir, comment l’origine d’un être si parfait n’est-elle que de la chair et du sang[2] ?

Ne ternissons pas ces objets par des images dégoûtantes : qu’ils demeurent couverts du voile qui les cache. Qu’il ne soit permis d’en déchirer que la membrane de l’hymen. Que la biche vienne ici à la place d’Iphigénie. Que les femelles des animaux soient désormais les objets de nos recherches sur la génération : cherchons dans leurs entrailles ce que nous pourrons découvrir de ce mystere ; et s’il est nécessaire, parcourons jusqu’aux oiseaux, aux poissons et aux insectes.


CHAPITRE II

Systême des anciens sur la génération.


Au fond d’un canal que les Anatomistes appellent vagin, du mot latin qui signifie gaine, on trouve la matrice : c’est une espece de bourse fermée au fond, mais qui présente au vagin un petit orifice qui peut s’ouvrir et se fermer, et qui ressemble assez au bec d’une tanche, dont quelques Anatomistes lui ont donné le nom. Le fond de la bourse est tapisse d’une membrane qui forme plusieurs rides qui lui permettent de s’étendre à mesure que le fœtus s’accroît, et qui est parsemée de petits trous, par lesquels vraisemblablement sort cette liqueur que la femelle répand dans l’accouplement.

Les Anciens croyoient que le fœtus étoit formé du mélange des liqueurs que chacun des sexes répand. La liqueur séminale du mâle, dardée jusques dans la matrice, s’y mêloit avec la liqueur séminale de la femelle : et après ce mélange, les Anciens ne trouvoient plus de difficulté à comprendre comment il en résultoit un animal. Tout étoit opéré par une faculté génératrice.

Aristote, comme on le peut croire, ne fut pas plus embarrassé que les autres sur la génération : il différa d’eux seulement en ce qu’il crut que le principe de la génération ne résidoit que dans la liqueur que le mâle répand, et que celle que répand la femelle ne servoit qu’à la nutrition et à l’accroîssement du fœtus. La derniere de ces liqueurs, pour s’expliquer en ses termes, fournissoit la matiere, et l’autre la forme.[3]


CHAPITRE III

Systême des œufs contenant le fœtus.


Pendant une longue suite de siecles ce systême satisfit les Philosophes ; car, malgré quelque diversité sur ce que les uns prétendoient qu’une seule des deux liqueurs étoit la véritable matiere prolifique, et que l’autre ne servoit que pour la nourriture du fœtus, tous s’arrêtoient à ces deux liqueurs, et attribuoient à leur mélange le grand ouvrage de la génération.

De nouvelles recherches dans l’Anatomie firent découvrir autour de la matrice deux corps blanchâtres formés de plusieurs vésicules rondes, remplies d’une liqueur semblable à du blanc d’œuf. L’analogie aussi-tôt s’en empara : on regarda ces corps comme faisant ici le même office que les ovaires dans les oiseaux ; et les vésicules qu’ils contenoient, comme de véritables œufs. Mais les ovaires étant placés au dehors de la matrice, comment les œufs, quand même ils en seroient détachés, pouvoient-ils être portés dans sa cavité ; dans laquelle, si l’on ne veut pas que le fœtus se forme, il est du moins certain qu’il prend son accroissement ? Fallope apperçut deux tuyaux, dont les extrémités, flottantes dans le ventre, se terminent par des especes de franges qui peuvent s’approcher de l’ovaire, l’embrasser, recevoir l’œuf, et le conduire dans la matrice où ces tuyaux ou ces trompes ont leur embouchure.

Dans ce temps la Physique renaissoit, ou plutôt prenoit un nouveau tour. On vouloit tout comprendre, et l’on croyoit le pouvoir. La formation du fœtus par le mélange de deux liqueurs ne satisfaisoit plus les Physiciens. Des exemples de développemens, que la Nature offre par-tout à nos yeux, firent penser que les fœtus étoient peut-être contenus, et déjà tout formés dans chacun des œufs ; et que ce qu’on prenoit’pour une nouvelle production n’étoit que le développement de leurs parties, rendues sensibles par l’accroissement. Toute la fécondité retomboit sur les femelles. Les œufs destinés à produire des mâles ne contenoient chacun qu’un seul mâle. L’œuf d’où devoit sortir une femelle contenoit non seulement cette femelle, mais la contenoit avec ses ovaires, dans lesquels d’autres femelles contenues, et déjà toutes formées, étoient la source des générations à l’infini. Car toutes les femelles contenues ainsi les unes dans les autres, et de grandeurs toujours diminuantes dans le rapport de la premiere à son œuf, n’alarment que l’imagination. La matiere, divisible à l’infini, forme aussi distinctement dans son œuf le fœtus qui doit naître dans mille ans, que celui qui doit naître dans neuf mois. Sa petitesse, qui le cache à nos yeux, ne le dérobe point aux loix suivant lesquelles le chêne, qu’on voit dans le gland, se développe, et couvre la terre de ses branches.

Cependant quoique tous les hommes soient déjà formés dans les œufs de mere en mere, ils y sont sans vie : ce ne sont que de petites statues renfermées les unes dans les autres, comme ces ouvrages du tour, où l’ouvrier s’est plu à faire admirer l’adresse de son ciseau, en formant cent boîtes qui se contenant les unes les autres, sont toutes contenues dans la derniere. Il faut, pour faire de ces petites statues des hommes, quelque matiere nouvelle, quelqu’esprit subtil, qui s’insinuant dans leurs membres, leur donne le mouvement, la végétation et la vie. Cet esprit séminal est fourni par le mâle, et est contenu dans cette liqueur qu’il répand avec tant de plaisir. N’est-ce pas ce feu que les Poëtes ont feint que Promethée avoit volé du Ciel pour donner l’ame à des hommes, qui n’étoient auparavant que des automates ? Et les Dieux ne dévoient-ils pas être jaloux de ce larcin ?

Pour expliquer maintenant comment cette liqueur dardée dans le vagin va féconder l’œuf, l’idée la plus commune, et celle qui se présente d’abord, est qu’elle entre jusques dans la matrice, dont la bouche alors s’ouvre pour la recevoir ; que de la matrice, une partie, du moins ce qu’il y a de plus spiritueux, s’élevant dans les tuyaux des trompes, est portée jusqu’aux ovaires, que chaque trompe embrasse alors, et pénetre l’œuf qu’elle doit féconder.

Cette opinion, quoiqu’assez vraisemblable, est cependant sujette à plusieurs difficultés.

La liqueur versée dans le vagin, loin de paroître destinée à pénétrer plus avant, en retombe aussi-tôt, comme tout le monde sait.

On raconte plusieurs histoires de filles devenues enceintes sans l’introduction même de ce qui doit verser la semence du mâle dans le vagin, pour avoir seulement laissé répandre cette liqueur sur ses bords. On peut révoquer en doute ces faits, que la vue du Physicien ne peut guere constater, et sur lesquels il faudroit en croire les femmes, toujours peu sinceres sur cet article.

Mais il semble qu’il y ait des preuves plus fortes qu’il n’est pas nécessaire que la semence du mâle entre dans la matrice pour rendre la femme féconde. Dans les matrices de femelles de plusieurs animaux disséquées après l’accouplement, on n’a point trouvé de cette liqueur.

On ne sauroit cependant nier qu’elle n’y entre quelquefois. Un fameux Anatomiste[4] en a trouvé en abondance dans la matrice d’une genisse qui venoit de recevoir le taureau. Et quoiqu’il y ait peu de ces exemples, un seul cas où l’on a trouvé la semence dans la matrice prouve mieux qu’elle y entre, que la multitude des cas où l’on n’y en a point trouvé ne prouve qu’elle n’y entre pas.

Ceux qui prétendent que la semence n’entre pas dans la matrice, croient que versée dans le vagin, ou seulement répadue sur ses bords, elle s’insinue dans les vaisseaux, dont les petites bouches la reçoivent et la répandent dans les veines de la femelle. Elle est bientôt mêlée dans toute la masse du sang ; elle y excite tous les ravages qui tourmentent les femmes nouvellement enceintes : mais enfin la circulation du sang la porte jusqu’à l’ovaire, et l’œuf n’est rendu fécond qu’après que tout le sang de la femelle à été, pour ainsi dire, fécondé.

De quelque maniere que l’œuf soit fécondé ; soit que la semence du mâle, portée immédiatement jusqu’à lui, le pénetre ; soit que, délayée dans la masse du sang, elle n’y parvienne que par les routes de la circulation : cette semence, ou cet esprit séminal mettant en mouvement les parties du petit fœtus qui sont déjà toutes formées dans l’œuf, les dispose à se développer. L’œuf jusques-là fixement attaché à l’ovaire, s’en détache ; il tombe dans la cavité de la trompe, dont l’extrémité, appellée le pavillon, embrasse alors l’ovaire pour le recevoir. L’œuf parcourt, soit par sa seule pesanteur, soit plus vraisemblablement par quelque mouvement peristaltique de la trompe, toute la longueur du canal qui le conduit enfin dans la matrice. Semblable aux graines des plantes ou des arbres, lorsqu’elles sont reçues dans une terre propre à les faire végéter, l’œuf pousse des racines, qui pénétrant jusques dans la substance de la matrice, forment une masse qui lui est intimement attachée, appellée le placenta. Au-dessus elles ne forment plus qu’un long cordon, qui allant aboutir au nombril du fœtus, lui portent les sucs destinés à son accroissement. Il vit ainsi du sang de sa mere, jusqu’à ce que n’ayant plus besoin de cette communication, les vaisseaux qui attachent le placenta à la matrice se dessechent, et s’en séparent.

L’enfant alors plus fort, et prêt à paroître au jour, déchire la double membrane dans laquelle il étoit enveloppé, comme on voit le poulet parvenu au terme de sa naissance briser la coquille de l’œuf qui le tenoit renfermé. Qu’une espece de dureté qui est dans la coquille des œufs des oiseaux n’empêche pas de comparer à leurs œufs l’enfant renfermé dans son enveloppe : les œufs de plusieurs animaux, des serpens, des lézards, et des poissons, n’ont point cette dureté, et ne sont recouverts que d’une enveloppe mollasse et flexible.

Quelques animaux confirment cette analogie, et rapprochent encore la génération des animaux qu’on appelle vivipares de celle des ovipares. On trouve dans le corps de leurs femelles, en même temps, des œufs incontestables, et des petits déjà débarrassés de leur enveloppe.[5] Les œufs de plusieurs animaux n’éclosent que longtemps après qu’ils sont sortis du corps de la femelle : les œufs de plusieurs autres éclosent auparavant. La Nature ne semble-t-elle pas annoncer par-là qu’il y a des especes où l’œuf n’éclôt qu’en sortant de la mere ; mais que toutes ces générations reviennent au même ?


CHAPITRE IV

Systême des animaux spermatiques.


Les Physiciens et les Anatomistes, qui en fait de systême sont toujours faciles à contenter, étoient contens de celui-ci : ils croyoient, comme s’ils l’avoient vu, le petit fœtus formé dans l’œuf de la femelle avant aucune opération du mâle. Mais ce que l’imagination voyoit ainsi dans l’œuf, les yeux l’apperçurent ailleurs. Un jeune Physicien[6] s’avisa d’examiner au microscope cette liqueur, qui n’est pas d’ordinaire l’objet des yeux attentifs et tranquilles. Mais quel spectacle merveilleux, lorsqu’il y découvrit des animaux vivans ! Une goutte étoit un océan où nageoit une multitude innombrable de petits poissons dans mille directions différentes.

Il mit au même microscope des liqueurs semblables sorties de différens animaux, et toujours même merveille : foule d’animaux vivans, de figures seulement différentes. On chercha dans le sang, et dans toutes les autres liqueurs du corps, quelque chose de semblable : mais on n’y découvrit rien, quelle que fût la force du microscope ; toujours des mers désertes, dans lesquelles on n’appercevoit pas le moindre signe de vie.


  1. Pythagore se ressouvenoit des différens états par lesquels il avoit passé avant que d’être Pythagore. Il avoit été d’abord Ætalide, puis Euphorbe blessé par Ménélas au siege de Troye, Hermotime, le Pêcheur Pyrrhus, et enfin Pythagore.
  2. Miseret atque etiam pudet æstimantem quam sit frivola animalium superbissimi origo ! C. Plin. Nat. hist. l. VII. c. 7.
  3. Aristot. de generat. animal. lib.II. cap. IV.
  4. Verheyen.
  5. Mém. de l’Acad. des Scienc. an. 1727. p. 32.
  6. Hartsoeker.


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