Émile Faguet, Simplification simple de l’orthographe 1905
Simplification simple
de l’Orthographe
Je commence par dire, comme je l’ai dit ailleurs, que j’attache très peu d’importance à cette question. Quelque simplification que l’on apporte dans l’orthographe, l’orthographe sera toujours très longue à apprendre. J’estime qu’il faut cinq ou six ans pour apprendre à un enfant à mettre l’orthographe. J’estime que le projet de simplification le plus hardi et le plus logique, qui du reste est encore à trouver, sauverait à l’écolier trois semaines ou un mois d’études. — C’est déjà quelque chose. Parfaitement ; et c’est pour cela que j’ai consenti à m’occuper de cette question ; mais encore, on comprend assez pourquoi je ne la tiens pas pour considérable.
Tant y a que j’ai une opinion personnelle sur cette affaire, qu’on me la demande et que la voici.
I
Depuis Ronsard et Joachim du Bellay les meilleurs esprits trouvent l’orthographe française trop surchargée, sentent le besoin de la simplifier. Voici pourquoi. C’est qu’elle était très simple au xve siècle, et que les grammairiens du xvie siècle, par affectation scientifique, par pédantisme, l’avaient grièvement compliquée.
Quand je dis que l’orthographe était simple au xve siècle et au commencement du xvie, la vérité est qu’elle n’existait pas. Seulement, les premiers imprimeurs furent bien à peu près forcés d’avoir un usage commun (ou à peu près). De cet usage commun est née l’orthographe, la première orthographe, ou ce que l’on peut appeler ainsi, l’orthographe du commencement du xvie siècle, l’orthographe de Marot et de Commines.
Cette orthographe n’a aucun caractère scientifique, mais