Wikisource:Extraits/2012/51

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Michel Abadie, L’Angelus des sentes 1901


Invocation

Rocs des abîmes bleus de buis ! et toi, lumière
Entre les bras de qui tressaillent les chaumières
Qu’habitent sur les monts d’éblouissants bergers ;
Églises de verdure et de roses, vergers
Gonflés de fraises d’or, de menthes et de pommes
Qui mûrissez la force et la douceur des hommes
Et baignez d’azur frais leur mortelle beauté ;
Vignes fières des fruits que vos bras ont portés,
Par le soleil, ainsi que des mères ravies ;
Plaines qui me chantez le poème de vie ;
Côteaux d’où coule un flot de candides soûleurs
Qui nourrissez la brise avec le pain des fleurs
Et qui, voulant votre âme à quelque éden pareille,
La parfumez pour moi de pampres et d’abeilles
Et bercez un printemps de nids à vos rameaux ;
Mystérieux torrents qui connaissez les maux
Dont sur vos bords d’exil palpite l’âme humaine ;
Sources ensoleillées qu’au pied des fleurs promène
L’auguste main d’un dieu caché dans les roseaux ;
Forêts qui répandez les hymnes des oiseaux
Afin d’illuminer les maisons et les lyres ;
Lys dont la pureté monte