Wikisource:Extraits/2017/18

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Eutrope, Abrégé de l’histoire romaine ca 370

Traduction Nicolas-Auguste Dubois 1865

1

L’empire romain, le plus faible peut-être à son début, puis, par ses conquêtes, le plus grand qui, de mémoire d’homme, ait existé dans l’univers, tire son origine de Romulus, fils d’une prêtresse de Vesta et de Mars, autant qu’on a pu le soupçonner :

Romulus vint au monde avec Rémus, son frère jumeau. Après avoir vécu, toujours les armes à la main, au milieu des pâtres, à l’âge de dix-huit ans, il fonda une petite ville sur le mont Palatin, le onze des calendes de mai, la troisième année de la sixième olympiade, trois cent quatre-vingt quatorze ans environ après la ruine de Troie, suivant les traditions plus ou moins exactes des historiens.

2

Quand il eut fondé la ville qu’il appela Rome, de son nom, voici à peu près ce qu’il fit. Il y reçut la foule de ses voisins ; il choisit cent personnages des plus âgés, pour s’éclairer de leurs conseils dans toutes ses actions : il leur donna, à cause de leur vieillesse, le nom de sénateurs. Comme il manquait de femmes, ainsi que son peuple, il invita au spectacle de ses jeux les nations voisines de Rome, et fit enlever les jeunes filles. Cet outrage ayant excité des guerres, il défit les Céniniens, les Antemnates, les Crustumériens, les Sabins, les Fidénates et les Véiens, dont les villes entourent celle de Rome. Dans la suite, au milieu d’un orage qui s’éleva tout à coup, Romulus disparut, après un règne de trente-sept ans : on crut qu’il avait été reçu dans le ciel, et on lui décerna les honneurs de l’apothéose. Après lui, Rome reçut, pendant cinq jours, les lois de chaque sénateur, et leur règne embrassa l’espace d’une année.

3

Le second roi fut Numa Pompilius, qui, sans faire aucune guerre, ne fut pas moins utile à l’État que Romulus. En effet, il donna des lois et des mœurs à ce peuple que l’habitude des combats faisait regarder comme une troupe de brigands, à demi barbares. Il partagea en douze mois l’année, où le défaut de calcul avait jusqu’alors laissé la confusion ; puis, il établit à Rome un grand nombre de cérémonies religieuses et de temples. Il mourut de maladie, la quarante-troisième année de son règne.

4

Son successeur fut Tullus Hostilius, qui recommença les guerres, et vainquit les Albains, placés à douze milles de Rome : il soumit aussi les Véiens et les Fidénates, les uns à six milles, les autres à dix-huit milles de Rome. Il agrandit la ville, en y ajoutant le mont Caelius. Après un règne de trente-deux ans, il fut frappé de la foudre, et consumé avec son palais.

5

Après lui, Ancus Marcius, petit-fils de Numa par une fille de ce prince, prit les rênes de l’empire. Il combattit les Latins, ajouta à la ville le mont Aventin et le mont Janicule, et bâtit, près de la mer, la ville d’Ostie, à seize milles de Rome. La vingt-quatrième année de son règne, il