Wikisource:Extraits/2018/37

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Arsène Houssaye, Les Cent Vers dorés de la science dans Le Parnasse contemporain 1866




LES CENT VERS DORÉS DE LA SCIENCE




J’ai tout vu : la luxuriance
M’a couronné dans mes vingt ans ;
Mais je cherche encor la Science
Sous l’arbre aux rameaux irritants.

Des visions du vieil Homère
J’ai peuplé tous les Alhambras.
— Païenne ou biblique chimère,
Vous m’avez brisé dans vos bras !

Pour m’enivrer, je l’ai saisie,
La coupe d’or, aux mains d’Hébé !
Mais, de mes yeux, dans l’ambroisie,
Ah ! que de larmes ont tombé !

Souvent envolé sur un rêve,
Rouvrant le Paradis perdu,
Sous l’arbre j’ai surpris mon Ève,
Rêveuse après avoir mordu.

J’ai, dans ma jeunesse irisée,
Vécu comme un aérien,
Poursuivant ma blanche épousée
Au contour euphranorien ;

Fuyant la vision brûlante
Que je recherche tant depuis,
J’ai saisi toute ruisselante
La vérité sortant du puits.

J’ai vu Rachel à la fontaine,
Judith, Suzanne et Dalilah ;
J’ai surpris la Samaritaine
A l’heure où Dieu la consola.

Madeleine la pécheresse,
Avec passion je l’aimai !
Et Diane la chasseresse
D’un vert amour du mois de mai.

Diane, je me suis fait pâtre
Pour voir tes pieds nus sur le thym !
D’Aspasie et de Cléopâtre
J’ai rallumé le cœur éteint.

J’ai lu les pages savoureuses
Du beau roman vénitien
Dans le regard des amoureuses
De Giorgione et Titien.

J’ai trouvé