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Wikisource:Extraits/2020/23

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Jacques Normand, La Cascade dans À tire-d’aile

1878

LA CASCADE


Du haut du roc qui surplombe
La prairie au gazon vert
La cascade glisse et tombe
Comme un fil d’argent dans l’air.

D’abord nerveuse, rapide,
Elle trace sans effort
Sa route au milieu du vide
Grâce à son jet ferme et fort.


Mais bientôt la lourde masse
De son flot précipité
Se divise dans l’espace,
Le vent la prend de côté,

Sa puissance s’éparpille ;
Dans le jet d’eau moins serré
Ondule, folâtre, et brille
Un arc-en-ciel diapré ;

Bref, en touchant la prairie
Si fort en partant d’en haut,
Le torrent, devenu pluie,
Ne tordrait pas un roseau.

Ainsi par la moindre peine
Est trop souvent arrêté
Cet effort de l’âme humaine
Qu’on nomme la Volonté.


Elle qui, bien dirigée,
Vise si haut et peut tant,
Est parfois désagrégée
Au moindre souffle du vent.

Indomptable à l’origine,
Bientôt elle n’est plus rien,
Si quelque force voisine
Ne lui prête son soutien…

Ce renfort, cette puissance,
Doit marcher à son côté,
Et c’est la Persévérance,
La sœur de la Volonté !