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Wikisource:Extraits/2021/15

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Sonnet de M. Sully Prudhomme dans Le Monument de Marceline Desbordes-Valmore

1896



Sonnet de M. Sully Prudhomme


Au pied du vert laurier, la Muse, un jour, pleurait.
« Ah ! que ma gloire est loin de sa candide aurore,
» Quand sur le luth nouveau, le cœur novice encore
» Cherchait l’écho naïf de son tourment secret !

» Qui donc les lui rendra les accords sans apprêt,
» Les cris jumeaux des siens dans la fibre sonore ? »
— Comme un appel sacré, Marceline Valmore,
Tu la sentis dans l’ombre exhaler ce regret…

Tel un saule épuisé, relique d’un autre âge,
Que remue et soudain ranime un vent d’orage,
Le grand luth soupira, tout entier palpitant !

Ce long soupir, mouillé d’une larme qui tremble,
Ma sœur, c’était ton âme où l’âme humaine entend
Vers l’Infini gémir tous les amours ensemble !

Sully Prudhomme.